10. La mondialisation de l`économie

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La mondialisation de l’économie
Manuel pages 296 à 335
Objectifs
Montrer tout d’abord dans ce chapitre, comment la mondialisation a transformé l’économie mondiale
et quel a été le rôle des stratégies des FTN. Présenter ensuite, à partir des analyses théoriques du commerce international, les avantages et inconvénients du libre-échange et du protectionnisme. Enfin, les
limites des différentes institutions internationales montreront la nécessité d’une régulation mondiale
plus développée pour lutter contre la pauvreté, les inégalités et la dégradation de l’environnement.
Sensibilisation
La mondialisation est globalement un facteur de développement des nations, même si toutes ne sont pas
gagnantes comme les PMA. Le développement économique de la Chine en est un exemple probant.
Réponses aux questions
I. L’état des lieux de la mondialisation
1.
internationale : notamment la DIT ;
- des années 1950 aux années 1980 : un processus
de multinationalisation des firmes ;
- depuis les années 1980 : un processus d’intégration des économies nationales.
Il existe depuis très longtemps des activités commerciales internationales (cf. Marco Polo) et des
activités financières internationales (les banques
du Moyen Âge, les vastes opérations financières
du XIXe siècle comme le canal de Suez). La nouveauté au second XXe siècle, c’est l’essor de l’internationalisation des processus productifs euxmêmes. C’est donc la « logique de la production »
qui domine la multinationalisation des firmes.
Taux d’ouverture : exprime le rapport entre la
moyenne des exportations et des importations en
volume [(X + M)/2] et le PIB en volume sur une
même année. Cet indicateur mesure le degré
d’insertion d’une économie nationale dans les
échanges internationaux.
Taux de couverture : exprime le rapport entre le
volume des exportations et le volume des importations (X/M) x 100.
Taux d’exportation : exprime le rapport entre le
volume des exportations et le volume du PIB sur
une année donnée (X/PIB x 100).
2.
Les trois logiques qui sont à l’œuvre dans le
processus de mondialisation sont :
- la logique financière (recherche de rentabilité) ;
- la logique industrielle (recherche d’avantages
comparatifs) ;
- la logique commerciale (recherche de compétitivité).
3.
4.
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L’internationalisation désigne un processus d’ouverture croissante des économies nationales qui
conservent leur cohérence interne et leur spécificité.
La mondialisation (ou globalisation) désigne le
processus d’intégration des économies, c’est-à-dire
le dépassement du cadre national et la formation
d’un marché mondial unique, des biens, des services
et des capitaux. On parle de « produit global » pour
désigner une marchandise conçue directement pour
le marché mondial, et d’« entreprise globale » pour
désigner une entreprise qui n’est pas attachée à un
espace national particulier, mais vise directement le
marché mondial (STN). L’ouverture désigne le
processus qui permet de faire circuler librement les
marchandises entre des espaces nationaux. Par
exemple, les accords du GATT ont conduit à une
ouverture accrue des économies. La signature du
traité de Rome a conduit à un processus d’intégration qui a culminé avec le marché unique et la
monnaie unique.
La mondialisation n’est pas un phénomène récent.
En effet, D. Clerc montre que la mondialisation du
capitalisme a connu au moins trois périodes :
- de 1860 à 1913 : un processus de spécialisation
5.
Biens : pétrole ; services : tourisme ; capitaux :
euros contre dollars ; produits financiers : investissement de portefeuille.
6.
7.
Il s’agit des consommations intermédiaires.
8.
Il s’agit d’un graphique à échelle semi-logarithmique. L’avantage est de réduire l’échelle pour des
valeurs qui augmentent rapidement et faire tenir
sur un même graphique des grandes et des petites
valeurs pour une même variable.
9.
Comme il s’agit d’évolutions en indices, pour calculer le taux de variation, il suffit de retrancher
100 à la valeur finale de la variable. On a donc
pour les produits manufacturés : 5 454 – 100 =
5 354 % ; on peut aussi calculer un coefficient multiplicateur : 5 454/100 = 54,54. Pour les combus-
Les échanges de produits portent à la fois sur les
marchandises (biens matériels), les services (biens
immatériels), les capitaux et les produits financiers.
Les échanges internationaux de biens et de services
sont principalement destinés à la consommation
finale ou bien aux consommations intermédiaires
et aussi à l’investissement (FBCF). Les capitaux
connaissent des échanges internationaux liés aux
investissements directs (achat d’entreprise
étrangère), mais aussi aux investissements de portefeuille (placements financiers), etc.
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tibles et produits des industries extractives, on a :
952 – 100 = 852 %, soit un coefficient multiplicateur
de : 952/100 = 9,52. Pour les produits agricoles, on
a : 685 – 100 = 585 %, soit un coefficient multiplicateur de : 685/100 = 6,85.
10. En se servant des calculs effectués à la question 9,
on peut faire les réponses suivantes : de 1950 à
2005 le commerce mondial des produits manufacturés a augmenté de 5 354 %, ou il a été multiplié
par 54,54. De 1950 à 2005, le commerce mondial
des combustibles et produits des industries extractives a augmenté de 852 % ou il a été multiplié par
9,52. De 1950 à 2005, le commerce mondial des
produits agricoles a augmenté de 585 % ou il a été
multiplié par 6,85.
Produits manufacturés
Produits des industries
extractives
Produits agricoles
5 454
952
685
Valeur initiale (indice)
100
100
100
Coefficient multiplicateur
54,5
9,5
6,9
Taux de variation (en %)
5 454 %
852 %
585 %
En volume
Valeur finale (indice)
11. Les informations que l’on peut tirer de ce document sont que le commerce mondial des produits
manufacturés augmente environ 6 fois plus vite
(54,54/9,52 ~ 5,73) que le commerce mondial des
combustibles et produits des industries extractives, ou 8 fois plus vite (54,54/6,85 ~ 7,96) que le
commerce mondial des produits agricoles. Les
échanges de marchandises sont essentiellement
des échanges de produits manufacturés.
12. En 2005, le montant des exportations de marchandises du monde (le reste du monde) vers
l’Amérique du Nord (échanges interrégionaux)
était de 2 093 milliards de dollars. En 2005,
le montant des échanges de marchandises à l’intérieur (échanges intrarégionaux) du continent
asiatique était de 1 424 milliards de dollars. En
2005, le montant des exportations de marchandises de l’Europe vers le monde (échanges interrégionaux) était de 4 372 milliards de dollars. Enfin,
en 2005, les échanges de marchandises dans le
monde ont porté sur 10 159 milliards de dollars.
13. Les chiffres de la diagonale représentent les
échanges de marchandises intrarégionaux ou
intrazones ; par exemple les échanges de marchandises à l’intérieur de l’Europe représentent
près de 73 % (3 201 / 4 372 ~ 0,73) de l’ensemble de leur commerce de marchandises.
14. D’une part, en Amérique du Nord les échanges
entre les États américains ne sont pas comptabilisés et, d’autre part, le sous-continent Nord-américain n’est composé que de trois pays. En Asie, les
échanges entre États sont comptabilisés et il y a
de nombreux pays qui échangent entre eux.
15. Les calculs donnent les résultats suivants :
- le poids de l’Afrique dans les importations de
marchandises de l’Europe : 128 / 4 398, soit 2,91 % ;
- le poids de l’Afrique dans les exportations de
marchandises de l’Europe : 112 / 4 372 soit 2,56 % ;
- le poids de l’Europe dans les importations de
marchandises de l’Afrique : 112 / 240, soit 46,67 % ;
- le poids de l’Europe dans les exportations de marchandises de l’Afrique : 128 / 298, soit 42,95 %.
- Le poids de l’Asie dans les importations de marchandises de l’Europe : 498 / 4 398, soit 11,32 % ;
- le poids de l’Asie dans les exportations de marchandises de l’Europe : 332 / 4 372, soit 7,59 % ;
- le poids de l’Europe dans les importations de
marchandises de l’Asie : 332 / 2 443, soit 13,59 % ;
- le poids de l’Europe dans les exportations de
marchandises de l’Asie : 498 / 2 779, soit 17,92 %.
On peut donc en conclure que le commerce de
marchandises avec l’Europe est vital pour
l’Afrique mais, en revanche, le commerce de marchandises avec l’Afrique est négligeable pour
l’Europe. Le commerce de marchandises avec
l’Europe est relativement important pour l’Asie
mais, en revanche, le commerce de marchandises
avec l’Asie est faible pour l’Europe.
16. Le traité du GATT (General agreement on tariffs and
trade, « accord général sur les tarifs et le commerce »)
proposé par les États-Unis, est signé en 1947 par
23 pays ; il s’agit d’un dispositif transitoire dans
l’attente de l’application de la Charte de la Havane
(1948) qui prévoyait la création d’une
Organisation Internationale du Commerce (OIC).
Celle ci n’ayant jamais été ratifiée, le GATT a été
maintenu sous la forme d’un secrétariat permanent, dont le siège est à Genève. Il comptait
92 membres (80 % du commerce mondial)
jusqu’au bouleversement à l’est qui amène de
nouvelles adhésions. Il est chargé de promouvoir
la libéralisation du commerce par le respect d’un
certain nombre de règles libre échangistes :
- la non-discrimination : Chaque pays doit accorder à tous les mêmes droits d’accès à son marché
en application de la « clause de la nation la plus
favorisée » (tout avantage accordé à un pays est
étendu aux autres). Les produits importés ne peuvent être défavorisés : ni fiscalité spécifique, ni
subvention ou crédits bonifiés ;
- la consolidation : chacun s’engage à ne pas revenir sur des concessions accordées, de façon à ce
que l’évolution aille toujours dans un sens plus
libre échangiste ;
- l’interdiction des protections non tarifaires ;
- la transparence : toutes les normes doivent être
clairement notifiées ;
- l’interdiction du dumping ;
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- des négociations commerciales multilatérales :
discriminations et protections non tarifaires étant
prohibées, le progrès du libre échange doit se faire
par négociation générale ;
- des dérogations : excédents agricoles, déséquilibre momentané de la balance des paiements, préjudice grave résultant d’une augmentation brutale
des importations, commerce avec les pays
d’économie planifiée.
Les Négociations commerciales multilatérales :
- Les premières négociations se déroulent entre
1949 et 1960 : 1949 à Annecy, en 1950 à Torquay,
en 1954 à Genève. Elles portent principalement
sur les réductions de droits de douane (ceux-ci
sont particulièrement élevés dans les années
1950) produit par produit. Au cours des négociations commerciales multilatérales, deux ou plusieurs parties contractantes s’accordent mutuellement des concessions d’ordre tarifaire qui, grâce à
la clause de la nation la plus favorisée, seront
étendues à toutes les autres parties.
- 1960-1962 : Dillon Round (Dillon : secrétaire du
Trésor des États-Unis de 1960). La CEE créée en
1958 entre dans le GATT et s’engage à réduire son
barème douanier de 20 % et demande aux autres
parties contractantes de consentir la même baisse
(processus de réduction linéaire de l’ensemble des
droits de douane).
- 1964-1967 : Kennedy Round. Diminution des
droits de douane de 35 %. Toutefois, certains produits restent fortement taxés (pics tarifaires), ce
qui revient à pratiquer un protectionnisme sélectif.
+ Accords sur les pratiques anti-dumping.
- 1973-1979 : Tokyo Round. Nouvelle réduction
des droits de douane de 33 %. Le début des années
1970 avec la crise entraîne la prolifération des
barrières non tarifaires
début de réglementation de ces barrières.
NB : les trois premiers rounds ont eu surtout un
succès dans le domaine tarifaire : la moyenne des
droits de douane sur les principaux marchés
industriels est passée de 40 % lors de la création
du GATT à 6 % à la signature du Tokyo Round.
- 1986-1994 : Uruguay Round. Il se présente comme
la négociation la plus vaste depuis la création du
GATT : comprend les problèmes traditionnels tarifaires et non tarifaires mais aussi la réforme des
règles de l’accord général. Les négociations
devaient se terminer en décembre 1990 mais se
sont en fait poursuivis jusqu’au 15 décembre 1993 à
Genève pour aboutir à la signature le 15 avril 1994
aux accords de Marrakech instituant l’OMC (111
pays signataires, en février 2007 on en compte 150).
La compétitivité : voir lexique p. 464.
17. Les limites du GATT sont :
- Le GATT est resté longtemps cantonné aux seuls
produits manufacturés : les services, l’agriculture et
le textile échappaient aux accords multilatéraux.
- Les accords du GATT ont surtout porté sur les
tarifs douaniers et très peu sur les barrières non
tarifaires.
- Le GATT était surtout un traité qui concernait les
pays développés et très peu les PED qui pouvaient
faire entendre leur voix au sein de la CNUCED.
108
- Il n’y avait aucun mode de gestion des différents
commerciaux entre les nations contrairement à
l’OMC. Le GATT était un simple accord, les décisions se prenaient à l’unanimité des participants.
L’OMC, en tant qu’institution internationale, a des
prérogatives d’actions et de sanctions plus importantes. Elle dispose d’une prérogative essentielle :
les décisions arbitrales de l’Organisme de règlement des différends (ORD) : tout membre de
l’OMC peut aller à l’ORD pour soumettre un différend qu’il a avec un ou plusieurs de ses partenaires commerciaux. L’ORD rend un jugement qui ne
peut être renversé qu’avec l’accord de tous les
membres de l’OMC. Comme un tel consensus est
peu probable (au moins un pays, celui auquel le
panel a donné raison, risque de ne pas joindre le
consensus), l’ORD est devenu une source de droit.
18. L’extension des règles de l’OMC portent aussi sur
des nouveaux domaines d’application tels que la
propriété intellectuelle, les normes techniques et
sanitaires, les mesures d’investissement (IDE et
investissements de portefeuille), la concurrence,
la facilitation du commerce, la transparence des
marchés publics, les questions de développement… De fait, l’OMC est donc bien une institution internationale de régulation qui édicte des
lois et règlements que les pays signataires doivent
respecter sous peine de sanctions, en ce sens il
s’agit bien d’une organisation normative.
19. En 1990, seulement 23 % des exportations (armes
non comprises) des PED en direction des ÉtatsUnis n’étaient pas soumises à des droits de douane. En 2000, 53 % des exportations (armes non
comprises) des PED en direction des États-Unis
n’étaient pas soumises à des droits de douane. Ce
qui suppose que les exportations (armes non comprises) des PED libres de droits (sans droits de
douanes) vers les États-Unis ont augmenté d’environ 130 % (53 / 23 ~ 2,30).
20-21. Les apports et les limites de l’OMC sont :
- L’OMC a favorisé la stabilité des échanges mais
n’a pas réussi à développer davantage la libéralisation des échanges : les accords régionaux et
bilatéraux se généralisent au détriment du multilatéralisme (cf. question 24).
- L’OMC a favorisé le développement des échanges commerciaux ; pour autant, elle n’est pas parvenue à intégrer davantage les PED dans le commerce mondial.
- L’OMC a favorisé les flux commerciaux mais pas
la mobilité des facteurs de production, comme par
exemple celle du facteur travail (flux migratoires).
- L’ORD a montré sa capacité à réguler le commerce mondial : les règlements des différends
sont appliqués par les pays contrevenants.
22. La réponse doit être nuancée. Certains éléments
comme la baisse des tarifs douaniers vont dans le
sens d’une atteinte des objectifs fixés par l’OMC
(voir ci-dessous). D’un autre côté, les barrières tarifaires et les droits de douanes pratiqués à l’encontre des pays en développement, comme c’est le
cas de l’agriculture, vont dans le sens d’objectifs
non atteints.
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Réduction des droits de douane sur les produits industriels,
à l’exception du pétrole, effectuée par les pays industrialisés.
Période de mise en œuvre
Cycle
Réduction moyenne pondérée
des droits de douane
1948-1963
Cinq premiers cycles du GATT (1947-1962)a
– 36 %
1968-1972
Kennedy Round (1964-1967)b
– 37 %
1980-1987
Tokyo Round (1973-1979)c
– 33 %
1995-1999
Cycle d’Uruguay (1986-1994)d
– 38 %
Note : les réductions tarifaires résultant des cinq premiers cycles de négociations commerciales ne concernent que les
États-Unis.
a.
Source : US Tariff Commission, Operations of the Trade Agreements Program, Rapports n° 1 à 13 portant sur la
période allant de juin 1934 à juin 1960.
b.
Concerne quatre marchés : États-Unis, Japon, CE (6) et Royaume-Uni. Source : Ernest H Preeg, Traders and
Diplomats, tableaux 13-1 à 13-4 et calculs de l’OMC fondés sur la valeur des importations de 1964.
c.
Concerne huit marchés : États-Unis, UE (9), Japon, Autriche, Finlande, Norvège, Suède, Suisse. Source : GATT,
COM.TD/W/315, 4 juillet 1980, pages 20 et 21 et calculs de l’OMC.
d.
Concerne huit marchés : États-Unis, UE (12), Japon, Autriche, Finlande, Norvège, Suède, Suisse. Source : GATT,
Résultats des négociations commerciales multilatérales du Cycle d’Uruguay, novembre 1994, tableau 5 de
l’Appendice et calculs de l’OMC.
Source : site de l’OMC.
23. Le multilatéralisme suppose que toute concession
27. Le terme « Triade » (ou tripolarisation) désigne
commerciale accordée à un pays soit accordée à
tous les autres pays (clause de la nation la plus
favorisée). Le multilatéralisme a pour objectif la
création d’un espace mondial obéissant aux règles
du libre-échange. Le régionalisme, au contraire,
consiste à accorder des concessions commerciales
à certains pays (membres de la zone de libreéchange ou de l’union douanière) et pas à d’autres
pays (extérieurs à la zone). Le régionalisme est
donc susceptible de provoquer des distorsions de
concurrence entre pays membres et non membres
de la zone. Quant au bilatéralisme, il consiste en
des accords passés entre deux pays qui ne s’appliquent pas aux autres pays non signataires.
Il limite donc le multilatéralisme.
l’ensemble des trois pôles qui dominent le commerce international et la politique internationale :
l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, et le
Japon-Asie. Ils réalisent entre eux environ 80 % du
commerce mondial (70 % de la production mondiale, 90 % des opérations financières et 80 % des
nouvelles connaissances scientifiques).
24. Les principes de l’OMC tolèrent l’existence du
régionalisme et du bilatéralisme. C’est une autre
vision du libre-échange. Si le régionalisme est a
priori contradictoire avec le multilatéralisme,
cependant les accords du GATT (charte du multilatéralisme), puis de l’OMC, acceptent la création de
zones de libre-échange et d’union douanière
(régionalisme et bilatéralisme) dans la mesure où
elles contribuent à la réalisation future du libreéchange multilatéral.
25. Les accords bilatéraux se développent du fait des
contraintes induites par la mondialisation. Il apparaît plus facile aux nations de trouver des terrains
d’ententes avec un partenaire commercial qu’avec
tous leurs partenaires en même temps, ce qui leur
permet pendant un temps au moins « de contourner
les conséquences indésirées de la mondialisation ».
26. Pour renforcer le rôle de l’OMC, l’auteur prône la
disparition du consensus et l’établissement de
règles par le vote à la majorité qualifiée (c’est une
procédure déjà adoptée par le Conseil de l’Union
européenne pour la majorité de ses décisions ; le
vote de chaque pays est pondéré selon une valeur
fixe, relative à la taille de sa population).
28. La part de l’Europe occidentale dans le total
des échanges représente près de 44 % :
[4301/(1324 + 266 + 2388 + 390 + 232+ 276 + 4301) =
4301/9177 ~ 0,4393].
29. La moitié des échanges internationaux du Japon est
constituée des échanges intra-firmes (échanges
des produits en cours de fabrication entre les
filiales de la même multinationale). Ce qui indique
que la décomposition internationale des processus productifs (DIPP) des firmes japonaises est
plus poussée que celles des entreprises américaines et européennes (cf. la carte en page 304 de
La galaxie Toyota). 42 % des échanges internationaux de l’Union européenne sont constitués
des échanges intra-firmes européennes et 40 %
des échanges internationaux des États-Unis sont
constitués des échanges intra-firmes américaines.
30. Ce document confirme bien l’idée d’une tripolarisation des échanges commerciaux dans le monde.
Mais aussi la pace prépondérante des échanges
intrazones dans la mondialisation.
31. De 2000 à 2005, le PIB mondial a augmenté en
moyenne et par an de 2,5 % et le commerce mondial
de 4,5 %.
32. Il s’agit ici de montrer qu’il existe une corrélation
positive entre la croissance du commerce mondial
et la croissance économique mondiale, mesurée
ici par le PIB mondial. Ce qui suppose que le développement du commerce mondial est un puissant
facteur de la croissance économique (les exportations sont par ailleurs l’une des composantes de la
demande avec la consommation et l’investissement). D’autre part, on remarque que l’augmenta-
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Chapitre 10
tion du commerce mondial est toujours supérieure à celle du PIB mondial et ce quelle que soit la
période considérée.
2) le processus de production (économies d’échelle via la main d’œuvre, le transport, etc.).
Délocalisation : l’entreprise transfère à l’étranger
une ou plusieurs activités (fabrication d’un produit, d’un composant ; activité de recherche, de
gestion…). Les stratégies de rationalisation
conduisent à des délocalisations.
33. On utilise le terme de division ou décomposition
internationale des processus productifs (DIPP)
sitôt qu’au moins un stade du processus de production se déroule dans un autre pays que celui où
est assemblé le produit fini. Les firmes concernées
contrôlent la majorité du commerce mondial, soit
par leurs exportations depuis les bases nationales
d’origine, soit par les achats intrafirmes. Par ce
biais, les FMN tendent à unifier au niveau mondial :
1) le marché (Coca-Cola, McDonald’s…) ce qui les
conduit vers des situations monopolistes ;
Stratégies des FMN
pétrolier) illustre bien la stratégie de contrôle des
approvisionnements (forte intégration verticale :
de la prospection à la vente du produit fini) des
STN. Renault en Amérique du Sud ou encore,
Eurodisney illustrent bien la stratégie de marché
des STN. Nike ou l’industrie du textile illustrent
bien la stratégie de rationalisation des STN.
35.
Les conséquences pour les salariés
du pays d’origine de la STN
Les conséquences pour les salariés du pays d’accueil de la STN
Stratégie d’approvisionnement
Pas de destruction ni de création d’emplois
Création nette d’emplois
Stratégie de marché
Délocalisations qui se traduisent généralement par des suppressions d’emplois, mais possibilité de maintien de l’emploi
Généralement création
d’emplois
Stratégie de
rationalisation
Destruction d’emplois et délocalisations liées à la réduction des
coûts de production, mais possibilité de maintien de l’emploi et
même de création
Possibilité de création et de destruction d’emplois
relocalisation
36. Les stratégies des firmes globales réduisent les
possibilités d’intervention des États, dans la
mesure où, pour attirer ces firmes, les États se font
de plus en plus concurrence et développent « le
moins disant » social et fiscal. D’autre part, les
États et leur budget sont de plus en plus petits face
aux chiffres d’affaires et aux profits des FMN, ce
qui limite encore plus leur pouvoir de régulation
face aux FMN. Toutefois, la mondialisation ne
place en position de faiblesse que les États attirant
artificiellement (par des primes et aides de circonstance) les investissements étrangers ; les
régions ou États construisant, par une action
volontaire à long terme, les conditions de leur
compétitivité (capital humain, infrastructures,
etc.) ne sont pas en position de faiblesse.
37. L’implantation de Toyota en France qui s’inscrit
dans une stratégie de marché (produire là où se
trouve la demande solvable), ne répond pas en
principe à une stratégie de rationalisation des
coûts salariaux, mais à une stratégie de rationalisation de l’ensemble des coûts de production. En
effet, il faut noter que la France permet des effets
externes positifs, notamment par sa disposition
géographique au cœur de l’Europe, avec un
système logistique très développé (des réseaux
autoroutier, ferroviaire et maritime), un système de
santé performant, des actifs bien formés et enfin
des aides fiscales de la part de la région Nord… qui
peuvent inciter une entreprise étrangère à s’implanter en France. Il parait évident que les FMN
n’ont pas qu’une seule stratégie lorsqu’elles s’implantent dans un pays étranger, mais combinent
plusieurs facteurs : coûts d’approvisionnement,
coût salarial, fiscalité, réseau logistique, demande
solvable, qualité de la main-d’œuvre… La carte de
l’implantation des unités de production de Toyota
110
34. Total (comme toutes les entreprises du secteur
montre bien que celle-ci a adopté une stratégie
globale : elle fabrique des produits mondiaux globaux et non pas japonais, même si elle adapte
chaque produit à chaque type de marché.
38. On distingue les IDE des investissements de portefeuille par l’objectif que cherchent à réaliser les
firmes. Dans le premier cas, elles poursuivent une
logique industrielle (rentabilité de long terme), et
dans le second, un objectif de rentabilité financière
de court terme.
39. Les flux d’IDE entrants mesurent le montant des
investissements productifs des entreprises d’un
pays vers d’autres pays. Ils mesurent donc les
implantations croisées des FMN dans les pays. Les
flux d’IDE entrants nets mesurent le montant des
investissements productifs des entreprises d’un
pays (vers d’autres pays) moins les flux d’IDE sortants des entreprises de ce pays.
40. De 1970 à 2002, les flux d’IDE entrants nets ont
augmenté d’environ 600 % (700 – 100 = 600) soit
une multiplication par environ 7. De 1970 à 2002,
le PIB mondial a augmenté d’environ 60 % (160 –
100 = 60) ou a été multiplié par 1,6. De 1970 à
2002, les exportations mondiales ont augmenté
d’environ 100 % (200 – 100) ou ont été multipliées
par 2. On peut donc en conclure que les flux des
IDE entrants nets ont augmenté 3,5 fois plus vite
que les exportations mondiales et 4,4 fois plus vite
que le PIB mondial. Ce qui signifie qu’en période
de crise, les entreprises et notamment les FMN
choisissent la croissance externe plutôt que la
croissance interne.
Pour augmenter leur taille, les entreprises internationales peuvent choisir la croissance interne ou
encore la croissance externe :
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Chapitre 10
- Croissance interne : s’effectue par des investissements productifs (dans la structure existante de
l’entreprise), par autofinancement, apports de
capitaux des propriétaires ou emprunts. La firme
garde son unité juridique, financière et son pouvoir de décision.
prises de participation dans des entreprises à l’étranger (IDE ou Investissements de portefeuille
sortants) ou cède des participations à des entreprises étrangères (IDE ou Investissements de portefeuille entrants).
- Croissance externe : s’effectue par l’acquisition
d’actifs financiers (acquisition partielle ou totale
dans d’autres entreprises) ; au niveau international : l’entreprise peut étendre son activité par la
création de filiales à l’étranger et/ou prendre des
41. En 1990, les flux d’IDE entrants vers le monde s’établissaient à 207 878 millions de dollars. En 2000,
les pays développés ont reçu 1 134 293 millions de
dollars d’IDE.
42.
Flux entrants d’IDE en % du monde
1980
1990
2000
2004
Economies développées
84,61
82,77
81,22
58,63
dont États-Unis
30,70
23,29
22,48
14,79
dont UE à 15
38,76
46,52
48,30
30,26
0,50
0,84
0,60
1,21
15,34
17,19
18,13
35,98
dont Chine + Hong Kong
1,39
1,68
2,92
14,61
dont Inde
0,14
0,11
0,17
0,82
Europe du Sud-Est et CEI
0,05
0,04
0,65
5,39
dont Japon
Economies en développement
Monde
100
100
On constate que ce sont surtout les économies des
pays développés qui reçoivent la part la plus importante des flux d’IDE jusqu’en 2000. Depuis cette
date, on constate que la Chine attire de plus en plus
d’investissements directs. L’explication tient aux
différentes stratégies d’implantation des firmes.
Elles choisissent majoritairement leur implantation
en suivant une stratégie de marché : s’implanter où
se trouve la demande solvable et/ou s’implanter où
se trouve une main-d’œuvre bon marché.
100
100
43. L’Union européenne attire toujours plus d’investisseurs que les États-Unis. Ceci s’explique par au
moins deux raisons. C’est sur le « vieux continent »
que les entreprises américaines cherchent des
débouchés ; d’autre part, les investissements croisés entre les FMN européennes expliquent aussi le
développement des flux d’IDE entrants. Ces données confirment bien le développement de la
croissance externe des entreprises comme par
exemple les fusions-acquisitions.
44.
Flux entrants d’IDE (100 = 1980)
2000
2004
Monde
100
377,22
2 534,19
1 176,14
Économies développées
100
369,01
2 432,59
814,99
dont États-Unis
100
286,22
1 856,05
566,61
dont UE à 15
100
452,72
3 157,41
917,98
dont Japon
100
630,58
2 993,88
2 811,51
Economies en développement
100
422,66
2 994,43
2 758,45
dont Chine + Hong Kong
100
454,63
5 308,34
12 342,24
dont Inde
100
300,00
2 935,44
6 753,16
Europe du Sud-Est et CEI
100
312,50
37 779,17
145 404,17
Coefficients multiplicateurs
1980
1990
1980-1990
1980-2000
1980-2004
Monde
3,8
25,3
11,8
Économies développées
3,7
24,3
8,1
dont États-Unis
2,9
18,6
5,7
dont UE à 15
4,5
31,6
9,2
dont Japon
6,3
29,9
28,1
Economies en développement
4,2
29,9
27,6
dont Chine + Hong Kong
4,5
53,1
123,4
dont Inde
3,0
29,4
67,5
Europe du Sud-Est et CEI
3,1
377,8
1 454,0
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Chapitre 10
résultat de cette mesure est une variation (augmentation, diminution) : c’est un flux. Le flux
exprime un mouvement entre deux dates.
On constate que depuis les années 1980 les flux
d’IDE ont fortement progressé dans le monde
(X 12). Depuis les années 2000, il y a une nouvelle
répartition dans les flux d’IDE : le Japon, la Chine
et l’Inde attirent de plus en plus d’IDE, l’Union
européenne continue d’attirer les investisseurs,
mais les autres économies sont à la traîne.
45. On peut mesurer les IDE de deux manières :
- la mesure des IDE peut se faire à un moment
donné ; c’est une photographie, un stock. Le stock
exprime donc un niveau constaté à une date donnée ;
Stock et flux sont liés : le stock se modifie en fonction du flux ; ainsi, si les flux d’investissements
directs étrangers en France augmentent, le stock
d’investissements directs étrangers en France
augmentera. (Source : educnet.education.fr)
46. On constate une fois de plus que ce sont les pays
développés et notamment l’ensemble des pays de
l’OCDE, qui disposent des stocks d’IDE les plus
importants au monde ce qui suppose que les pays
industriels ont reçu précédemment les flux d’IDE
les plus importants du monde eux aussi, ce que
confirme bien le tableau.
- la mesure des IDE peut se faire pendant une certaine période de temps donné (mois, année) ; le
Exercice
Crédit (entrées de devises)
1,00
2,30
Services
7,90
6,80
Revenus
16,00
12,15
Transferts courants
17,00
13,14
Transferts en capital
4,00
Acquisitions d’actifs non financiers
5,00
IDE
10,00
Investissements de portefeuille
11,00
Exercice
1. Le solde de la balance courante représente la différence entre les exportations et les importations de marchandises : si le solde est > 0, alors le pays exporte plus
de marchandises qu’il n’en importe ; si le solde est < 0
alors le pays importe plus de marchandises qu’il n’en
exporte.
2. Le taux de couverture désigne le rapport entre le
volume des exportations et le volume des importations :
(X/M) x 100.
3. La signification économique du déficit de la balance
courante de la France peut traduire le fait que celle-ci
importe globalement plus qu’elle n’exporte de produits,
de services etc., ce qui signifie qu’elle est moins compétitive que ses partenaires commerciaux. Toutefois, ce
déficit peut indiquer que la France est en période de
reprise économique et a besoin de plus d’importations
pour relancer son économie.
4. C’est surtout le solde de la balance commerciale qui
nuit au résultat de la balance courante, ce qui signifie que
la France est moins compétitive que l’ensemble de ses
partenaires commerciaux, notamment l’Allemagne. Il faut
toutefois savoir que le poste « Énergie » de la balance
commerciale plombe le solde commercial, même si la
facture énergétique est payée avec un euro plus favorable
que le dollar et, d’autre part, la spécialisation française
n’est pas assez compétitive (si elle vend deux Airbus de
moins, son solde commercial s’en ressent !). Enfin, l’excédent de la balance des services étant moins élevé, il ne
suffit pas à compenser le déficit commercial.
5. Pour conclure, on peut donc dire que le solde de la
balance courante (notamment biens et services) permet
de savoir relativement bien (ou globalement) si un pays
est compétitif ou pas sur la scène internationale.
112
Débit (sorties de devises)
Biens
47. La différence essentielle entre les régimes de taux
de changes fixes et flexibles réside dans l’obligation
faite à la Banque centrale d’intervenir pour maintenir la parité dans le régime de changes fixes.
D’autre part, dans le régime de changes flexibles, le
cours de change est plus fortement déterminé par
les forces du marché (offre et demande de devises).
48. En régime de changes flexibles, les autorités
monétaires ont toutefois intérêt à intervenir sur le
marché pour montrer leur détermination à maintenir un cours de change. La Banque centrale utilise pour ce faire soit une intervention directe sur
le marché, pour acheter sa monnaie ou au
contraire pour la vendre, soit un effet d’annonce ;
dans ce cas il faut que les autorités monétaires
disposent d’une forte crédibilité auprès des agents
du marché des changes.
49. Dans le régime de changes fixes, l’avantage principal est que les agents économiques connaissent à
l’avance le cours du change, car les fluctuations
sont en principe peu importantes. En revanche, les
forces du marché des changes sont telles que les
spéculateurs peuvent néanmoins attaquer une
monnaie et remettre en cause l’ensemble du système, comme ce fut le cas en 1992 pour le SME. Dans
un régime de changes flexibles, les États ne sont
plus obligés de soutenir leur monnaie si celle-ci fait
l’objet d’une spéculation. Toutefois, si les autorités
monétaires veulent limiter les effets d’une attaque
de leur monnaie, elles ne trouveront pas le soutien
des autres Banques centrales, comme c’est le cas
dans un système de changes fixes.
50. Finance directe : relation entre les agents économiques en capacité de financement et les agents
économiques en besoin de financement. Finance
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Chapitre 10
indirecte (intermédiation bancaire) : appel au crédit bancaire, de trésorerie ou encore au crédit-bail
et donc à la création de monnaie. Dans le premier
cas, le financement s’effectue à partir d’une
richesse préalable ; dans le second, à partir d’une
richesse future (monétisation de créance). En
matière de finance directe, les taux d’intérêt sont
en grande partie déterminés par le mécanisme de
marché. Dans le cas de l’intermédiation bancaire,
les taux sont en partie administrés (taux de réescompte) et en partie déterminés par le mécanisme
de marché (taux sur le marché interbancaire).
51. Tout d’abord, le développement des innovations
financières qui permettent à tout agent et à tout
instant de trouver le produit financier dont il a
besoin et de faire jouer la concurrence. Enfin, les
nouvelles technologies de l’information et de la
communication ont joué un rôle majeur dans le
développement de la finance internationale de marché, en favorisant l’accès en continu sur l’ensemble
de la planète et en facilitant et en régulant les flux.
52. L’avantage principal de la montée en puissance de
la finance internationale réside dans le fait que les
PED disposent de fonds nécessaires pour favoriser
leur développement. D’autre part, ces financements
sont en principe moins chers que le financement
traditionnel par les banques. Enfin, les PED ont
moins besoin des financements des organisations
internationales et sont donc moins soumis aux politiques d’ajustements structurels du FMI. Ils ont donc
des marges de manœuvre plus grandes pour décider librement de leurs politiques économiques.
Mais ce faisant, le danger d’insolvabilité n’est pour
autant pas levé, un endettement trop lourd est toujours générateur de risque d’insolvabilité auprès des
organismes prêteurs.
53. En 2004, l’ensemble des IDE, des investissements
de portefeuille et des prêts effectués et reçus représentaient près de 330 % du PIB des pays industrialisés, ce qui signifie que les montants de la finance
internationale utilisés par les pays industrialisés
représentaient plus de trois fois leur propre richesse. Ces mêmes montants représentaient près de
160 % du PIB des pays en développement, donc
deux fois moins que ceux des pays développés.
54. La majorité des montants de la finance internationale ne servent pas à financer une production
réelle et ne rentrent donc pas dans le calcul du
PIB, ce qui explique que ces sommes soient largement supérieures à celles du PIB. C’est donc le
signe de la déconnexion de plus en plus visible de
la sphère de la finance internationale et de la
sphère de la production réelle.
55. De 1970 à 2004, les actifs et les passifs internationaux des pays industrialisés en pourcentage du PIB
ont augmenté d’environ 560 % (330/50 = 6,6). Ce
qui représente une augmentation de 5,71 % en
moyenne et par an. Ce qui signifie que les pays
industrialisés ont eut recours de façon massive
depuis le milieu des années 1990 à la finance internationale, et traduit donc bien l’explosion de la
finance internationale : développement des IDE et
des investissements de portefeuille, dont les
fusions-acquisitions sont l’exemple le plus frappant.
56-57. Il existe deux conceptions de la monnaie qui
expliquent la séparation entre sphère réelle et
monétaire : la première repose sur la théorie quantitative de la monnaie (notamment le monétarisme). Cette approche repose sur deux hypothèses
importantes en matière de monnaie :
- L’économie est décomposée fictivement en deux
mondes distincts : 1) celui où s’effectue la production et les échanges (sphère réelle) ; 2) celui propre aux phénomènes monétaires qui est d’une
importance secondaire (sphère monétaire). Dans
cette optique, la monnaie n’est qu’un voile qui
recouvre l’économie réelle et qui a pour simple
fonction de faciliter les échanges. En fait, l’économie réelle n’est jamais perturbée par les évolutions monétaires (comme si la monnaie n’existait
pas) : c’est l’idée de la neutralité de la monnaie.
- La monnaie n’est jamais demandée pour ellemême mais pour les échanges qu’elle permet de
satisfaire. Les agents économiques n’ont donc
jamais intérêt à conserver leurs avoirs sous forme
monétaire (la thésaurisation est considérée
comme non rationnelle).
D’autres économistes, notamment J.-M. Keynes,
refusent cette dichotomie entre sphère réelle et
monétaire. Ils s’accordent à penser que l’on ne
peut pas considérer qu’il existe deux sphères distinctes de l’économie. Ici, la monnaie n’est pas
simplement un voile mais intervient durablement
sur les variables réelles. Exemple : la création
monétaire ex nihilo, en monétisant une créance,
permet au système économique de gager sur une
richesse qui n’existe pas encore mais qui va exister. Il s’agit là d’une conception keynésienne, où la
monnaie permet de réaliser la croissance économique en effectuant un bouclage ex post du circuit
(c’est elle qui permet de financer l’investissement). La monnaie n’est donc pas séparée de
l’économie réelle, elle est inhérente à celle-ci
puisqu’elle répond à ses besoins : c’est l’intégration réel / monétaire. À cela, il faut ajouter une
vive critique de l’idée selon laquelle la monnaie ne
serait jamais demandée pour elle-même. Selon
Keynes, il est de nombreux cas où les agents
économiques ont intérêt à conserver leurs avoirs
sous forme liquide (équivalent de la thésaurisation) : c’est la préférence pour la liquidité. Ce comportement n’a rien d’irrationnel puisque seule la
monnaie au sens strict présente un pouvoir libératoire illimité. Lorsqu’ils choisissent une épargne
rémunérée, les agents renoncent à la liquidité et
donc à ce pouvoir libératoire ; en cela, le taux
d’intérêt est bien le prix de la renonciation à la
liquidité. Dans cette conception, la déconnexion
de la sphère réelle par rapport à la sphère monétaire ou financière ne peut avoir que des répercussions négatives sur la production réelle. En effet,
toute déconnexion va se traduire à un moment ou
à un autre par des ajustements rapides et dévastateurs de la sphère financière, comme l’éclatement
des bulles spéculatives.
58. Pour empêcher toute autonomisation de la sphère
financière par rapport à la sphère réelle, François
Maurin propose que la sécurité financière devienne
un bien public mondial. Ce qui suppose que les
organisations internationales puissent contrôler
les dérives des systèmes financiers internationaux
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Chapitre 10
en fixant des règles internationales contraignantes afin d’éviter que la finance ne prenne le pas sur
les fondamentaux (sphère réelle) de l’ensemble
des agents économiques participant aux échanges
financiers internationaux.
Faites le point
1. Vrai / faux
A. Faux ; B. Faux ; C. Vrai ; D. plutôt Faux ; E. plutôt Vrai.
2. Évaluez vos connaissances
1. et 2.
Solde
Conséquences sur la demande d’euros
Excédentaire
X>M
Déficitaire
X<M
Conséquences sur le taux de change de l’euro
D d’euros augmente
Le cours de l’euro s’apprécie
D d’euros baisse
Le cours de l’euro se déprécie
3.
Sur le mouvement international
des capitaux
Sur les revenus des capitaux français
placés aux États-Unis
Sur le cours de l’euro
par rapport au dollar.
Les capitaux étrangers quittent la zone euro
Les revenus des capitaux français placés en
dollars augmentent du fait de la déprécia- Le cours de l’euro se déprécie
tion de l’euro.
Conséquences sur l’économie française :
Conséquences sur l’économie française :
Le prix des exportations diminue
les produits On assiste à un reflux des placements
français sont plus compétitifs mais le prix des (anciennement libellés en euros) en dollars
importations augmente
balance commerciaune détente sur les taux d’intérêt qui
le tend à moins se dégrader
favorise la croissance économique.
4.
Variation du taux de change sur
le marché des changes
Conséquence sur le taux
de change ?
Que fait la BCE ?
Le cours de l’euro augmente trop
Elle vend de l’euro contre des devises
sur le marché des changes.
Le cours de l’euro se déprécie.
Le cours de l’euro baisse trop
Elle achète de l’euro contre devises
sur le marché des changes.
Le cours de l’euro s’apprécie.
5.
Sur les mouvements
des marchandises
Le prix des produits exportés
aux
États-Unis
augmente
(moindre compétitivité) de la
zone euro.
Le prix des produits importés
diminue.
Sur les mouvements
des capitaux
114
Les placements français aux
États-Unis sont moins intéressants
Reflux vers zone
euro.
Les placements étrangers en
France sont plus attractifs car
libellés en euro
Afflux de
placements étrangers.
Conséquences sur l’économie française :
La balance commerciale tend à se dégrader car
moindre compétitivité des produits français
et les produits importés sont moins chers.
Conséquences sur l’économie française :
L’offre de capitaux augmente ce qui tend à faire
diminuer le taux d’intérêt de la zone euro ce qui
favorise alors l’investissement et la consommation
Favorise la croissance.
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Chapitre 10
II. La mondialisation en question
59. En 2004, les exportations des 30 pays de l’OCDE
représentaient près de 70 % de l’ensemble des
exportations mondiales. Leur PIB par habitant
était l’un des plus élevés avec 27 571 dollars par
tête et ils avaient aussi un des IDH les plus élevés
avec 0,923 (pays à IDH élevé > 0,8).
60. La première colonne montre l’importance du
commerce extérieur dans le développement.
61. Ce document montre aussi les liens entre l’insertion ou le poids des économies dans le commerce
mondial (part dans les exportations mondiales), la
croissance économique (le PIB/hab.) et le développement (IDH). Généralement, plus un pays est
inséré dans les échanges mondiaux, plus sa croissance et son développement sont élevés. Ce sont
donc les pays qui sont le mieux insérés dans le
commerce mondial qui ont la plus forte croissance
économique, ce qui profite à leur développement.
C’est le cas des pays industrialisés mais aussi de
plus en plus de l’Asie en développement, alors que
l’Afrique peine sur l’ensemble des critères.
62-63. Les analyses développées par Adam Smith
forment le point de départ de la théorie classique
des échanges internationaux. Son argumentation
repose sur un commerce international libéré de ses
obstacles : « si un pays étranger peut nous approvisionner en une marchandise à meilleur marché que
nous ne pouvons le faire nous même, mieux vaut le
lui acheter avec une partie du produit de notre activité, employée dans des productions pour lesquelles
nous avons quelques avantages ». Rejetant les
certitudes mercantilistes, Smith considère que
l’élimination des obstacles aux échanges répand
« l’opulence générale » (richesse des nations) parce
qu’elle ouvre la voie à une division du travail
rationnelle fondée sur des coûts de production
différents selon les pays. Pour faire face à la
concurrence, chaque pays devra se spécialiser dans
la production et l’exportation des biens pour
lesquels il dispose d’une productivité du travail plus
élevée que les autres. Cette spécialisation est donc
fondée sur la comparaison des avantages absolus.
Si un pays A met moins de temps pour fabriquer un
bien X qu’un pays B, alors il aura intérêt à produire
le bien X et à l’échanger contre un bien Y pour
lequel le pays B dispose d’une meilleure productivité. Les gains issus de cet échange seront partagés
entre les deux pays : la division internationale du
travail permet ainsi aux deux pays concurrents
d’accroître leurs richesses (la métaphore de la main
invisible et l’affectation optimale des ressources est
transposée au niveau international), d’élargir leur
marché (extension des marchés), d’accentuer leur
division du travail et de baisser les prix (ce mécanisme permet, par-là même, d’accroître le volume
de l’épargne nationale). Il faut donc, selon
A. Smith, pour participer à l’échange international,
disposer d’un avantage absolu, ce qui n’est pas le
cas de tous les pays.
Prenant acte des limites de l’analyse d’A. Smith,
David Ricardo montre que la spécialisation internationale de chaque pays s’établit sur la base de
leurs coûts relatifs (différentiel de productivité du
travail). Même si l’un des deux pays est meilleur
que son concurrent dans les deux types de production, il a quand même intérêt à se spécialiser
dans la production pour laquelle sa productivité
du travail est la meilleure (ou son différentiel de
compétitivité est le plus grand par rapport à son
concurrent), tandis que l’autre pays à intérêt à se
spécialiser dans la production où il est le moins
mauvais. On arrive alors à la même conclusion
que Smith : le libre échange et la DIT accroissent
la production mondiale, plus que si chaque pays
ne s’était pas spécialisé. L’exemple de Samuelson
(toute proportion gardée) est frappant : un chef
d’entreprise, qui est également très productif en
dactylographie, a quand même intérêt à se
spécialiser dans son activité commerciale et donc
à déléguer les travaux de dactylographie à une
secrétaire et ce, même si elle est moins productive
que lui (différentiel de productivité).
64. Eli Heckscher et Bertil Ohlin ont proposé une analyse factorielle des avantages comparatifs. Ils font
l’hypothèse de l’homogénéité des facteurs de
production au niveau international. Les disparités
de coûts de production proviennent uniquement
des différences en termes de dotation des facteurs
de production (plus ou moins rares). Le pays va
exporter des biens pour lesquels il dispose du
facteur le plus abondant. Inversement, il importera
des biens incorporant des facteurs lui faisant
relativement défaut. L’échange international se
révèle être un échange de facteurs abondants
contre des facteurs rares. Le théorème de StolperSamuelson : L’échange international égalise les
prix des facteurs de nations à nations. Explication
du mécanisme : avec l’ouverture des frontières,
chaque pays se spécialise dans la production du
bien intensif dans le facteur disponible en relative
abondance (intensité capitalistique : K/L). Le pays
qui se spécialise dans le textile parce qu’il est relativement abondant en travail (pays d’Asie du SudEst) va donc libérer une partie de ses capitaux
auparavant consacrés à la sidérurgie (dans la
logique néo-classique, le prix est un indicateur de
rareté. Dans les pays d’Asie du Sud-Est, le prix du
capital est donc originellement plus fort que dans
les pays industrialisés). La contrainte de rareté sur
le capital se relâche donc et son prix diminue. En
revanche, le prix du travail aura tendance à
s’accroître puisque celui-ci est plus demandé par
le biais de la spécialisation. Le mécanisme inverse
de déroule aux États-Unis : accroissement du prix
du capital alors qu’il était originellement faible et
baisse du prix du travail qui était originellement
élevé. Au total, le libre échange a tendance à égaliser le prix des facteurs pour l’ensemble des
nations. Si tel n’est pas le cas, c’est parce que les
produits ne circulent pas librement (protectionnisme en vigueur). Face aux bas salaires en vigueur
dans les pays du tiers-monde, les entreprises des
pays industriels sont placées devant les choix suivants : 1) protectionnisme ; 2) fermeture des établissements les moins rentables ; 3) délocalisation ; 4) se tourner vers des types de production à
plus forte intensité capitalistique. Pour les libéraux, le libre jeu de la concurrence internationale
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incite à l’efficacité et à l’affectation optimale des
ressources du marché mondial.
65. En exportant un produit incorporant une forte
quantité d’un facteur de production abondant
chez lui, un pays permet à un autre, moins richement doté de ce facteur, d’accéder à ce produit
pour un prix moins élevé que s’il l’avait produit
lui-même, comme s’il avait bénéficié de la même
abondance de ce facteur.
66. Les économies d’échelle désignent une situation
de baisse des coûts unitaires résultant d’une augmentation du volume de la production (rendements d’échelle croissants). L’extension des marchés correspond à l’augmentation des débouchés
et des échanges intérieurs et extérieurs.
67.
Effets du libre-échange sur la croissance économique
• Augmentation des exportations
Grâce à la baisse des droits de douanes et des barrières non tarifaires, les pays peuvent exporter plus
• Extension des marchés
Des volumes de production supérieurs sont donc nécessaires qui stimulent les investissements et la croissance
• Économies d’échelle
Permet de diminuer les coûts de production et d’affecter cette baisse
soit aux profits, soit aux salariés soit aux consommateurs
• Baisse des prix
Favorise l’achat de biens et de services de consommation et de production
• Hausse du pouvoir d’achat
Cette hausse favorise la demande de consommation et donc tire la
croissance
• Augmentation des importations
Permet de trouver des produits inexistants et d’autres moins chers,
ce qui réduit les coûts de production, favorise donc les investissements et la croissance
• Hausse de la concurrence
Favorise la baisse des prix (téléphonie) et donc stimule la consommation.
• Augmentation de la compétitivité prix et hors prix
Cette augmentation permet d’accroître ou de maintenir des parts de
marché et stimule donc la croissance
• Hausse de la productivité
Elle a un impact direct sur les coûts de production qui peuvent alors
se répartir entre les profits, les salaires et les prix, facteurs de croissance.
• Hausse de l’innovation et de l’investissement
Ont un impact direct sur la croissance économique
• Augmentation des revenus
Stimule la consommation, l’épargne et l’investissement, facteurs de
croissance
• Augmentation de la demande globale
L’ensemble de ces facteurs contribuent à la hausse de la demande
globale et donc à la croissance économique
68. L’ensemble de ces facteurs montrent que le libre-
70. Les spécialisations internationales gagnantes sont
échange, s’il est réellement pratiqué par les
nations, permet une augmentation de la demande
de biens et de services de consommation et de production favorables à la croissance économique.
celles qui sont portées par la demande internationale, c’est-à-dire les biens à forte valeur ajoutée.
Les spécialisations perdantes sont celles dont la
demande mondiale augmente faiblement, voire
diminue, comme c’est le cas des biens à faible
valeur ajoutée.
69. La spécialisation correspond aussi à la division
internationale du travail. Ce qui signifie que les
pays vont se spécialiser dans la ou les productions
pour laquelle ou lesquelles ils disposent d’un
avantage comparatif et/ou compétitif, dont le
résultat est la DIT.
La théorie des avantages comparatifs de D. Ricardo
suggère que chaque pays a intérêt à se spécialiser
dans la production d’un bien pour lequel il dispose
d’une meilleure productivité (avantage absolu) et
d’abandonner les autres productions. Les pays qui
ne disposent pas d’avantage absolu ont intérêt à se
spécialiser dans la production du bien pour lequel
ils disposent de la moins mauvaise productivité
(où ils sont le moins désavantagé), et à abandonner
les autres productions.
116
Illustration
71. Les pays qui ont réussi à se spécialiser dans les
productions gagnantes, comme la Chine et l’Inde,
connaissent la croissance économique et le développement. Pour ceux qui n’ont pas pu ou pas su
intégrer les spécialisations gagnantes, les conséquences sont désastreuses car la demande de ces
biens (comme les biens primaires) ne croît pas
aussi vite que celle des biens portées par le
demande internationale, on parle à ce propos de
spécialisation impasse.
72. Dans la mesure où les pays développés ne sont
plus compétitifs sur les biens à faible ou moyenne
valeur ajoutée, ils se spécialisent dans les productions à haute teneur en innovations et forte valeur
ajoutée, avec le risque qu’à terme la Chine et l’Inde
soient capables de venir les concurrencer sur ce
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type de produits, ce qui semble être de plus en plus
le cas (l’Inde avec les services informatiques et la
Chine avec les produits à forte valeur ajoutée).
73. Les termes de l’échange représentent le pouvoir
d’achat des exportations d’un pays en termes d’importations. L’indice des termes de l’échange le plus
courant mesure le rapport entre les prix des exportations et les prix des importations. Une augmentation de cet indice correspond à une amélioration des
termes de l’échange : par exemple, un pays vend
plus cher ses exportations pour un prix à l’importation constant. Inversement, une diminution de l’indice correspond à une dégradation des termes de
l’échange.
74. La dégradation des termes de l’échange signifie
que le résultat du rapport entre l’indice des prix
des exportations et l’indice des prix des importations diminue. Cette dégradation peut provenir de
quatre situations distinctes :
1. l’indice des prix des exportations augmente
moins vite que l’indice des prix des importations
(c’est le cas pour une partie non négligeable des
biens primaires tels que les produits agricoles : le
cacao, le café…) ;
2. l’indice des prix des importations diminue
moins vite que l’indice des prix des exportations ;
3. l’indice des prix des exportations stagne alors
que l’indice des prix des importations augmente ;
4. l’indice des prix des exportations diminue, mais
l’indice des prix des importations stagne.
75. La différence entre exportations en valeur et en
volume réside dans la comptabilisation ou pas de
l’inflation. Les exportations en volume sont dites
déflatées, c’est-à-dire que l’on a enlevé l’impact
de l’inflation ou encore qu’il s’agit de l’évolution
de la variable sans inflation donc son évolution
réelle, en volume.
76. La variable des termes de l’échange est passée de
l’indice 100 en 1980 à l’indice 85 pour 2004. Ce qui
fait une baisse de 15 %.
77. Les exportations en valeur des PED sont passées de
l’indice 100 en 1980 à l’indice 700 en 2004, elles ont
donc augmenté de 600 % (700 – 100 = 600) ou elles
ont été multipliées par 7. Les exportations en volume ont, quant à elles, augmenté d’environ 500 %
(600 – 100), soit une multiplication par 6.
78. Ces différents résultats nous permettent de nuancer
la dégradation des termes de l’échange. Ce document confirme bien que les PED sont composés
d’une part, de pays qui ont su développer les spécialisations gagnantes, comme l’Asie en développement
(la construction d’avantage comparatifs) et tirent
donc les exportations de l’ensemble des PED vers le
haut, et d’autre part, des pays qui sont cantonnés
dans des spécialisations perdantes et qui tirent les
exportations des PED vers le bas. Ce constat est corroboré par le fort ralentissement de la dégradation
des termes de l’échange à partir des années 1990.
(« pays jeunes ») ; il préconise un protectionnisme
pour les « industries dans l’enfance ». La compétitivité est une mesure des performances d’une
entité économique par rapport à ses concurrents
nationaux comme étrangers. On établit généralement une distinction en termes de compétitivitéprix et compétitivité hors prix qui, lorsqu’on les
cumule, donnent la compétitivité globale. On
parle de compétitivité pour une entreprise, une
branche ou un pays. Pour un pays, on distingue :
1) la compétitivité intérieure, c’est-à-dire la capacité de résistance à la pénétration étrangère (prix
des importations/prix de la production nationale) ;
2) la compétitivité extérieure, c’est-à-dire la
performance sur les marchés étrangers (prix des
exportations du reste du monde/prix des exportations nationales).
80. D’après F. List, le libre-échange ne permet pas
dans toutes les situations de favoriser les pays qui
y participent. Dans la mesure où les nations ne
connaissent pas le même degré de développement, le libre-échange favorise donc les nations
« en avance » au détriment des nations « retardataires ». En effet, les nations les plus développées
ont les avantages comparatifs les plus à même de
les favoriser dans leurs échanges commerciaux et
donc peuvent proposer des produits plus compétitifs. Avec une réflexion comparable à celle de
Raymond Vernon sur le cycle de vie du produit, il
montre que le développement économique d’un
pays suit quatre étapes : enfance, jeunesse, maturité, vieillesse. Il préconise alors un « protectionnisme éducateur » pour permettre aux « industries
dans l’enfance » (ou naissantes) de se renforcer,
car leurs productions ne peuvent pas être compétitives immédiatement. Pour qu’il ait véritablement libre-échange, il faut d’après F. List, que les
nations soient de développement comparable.
81. S’en remettre aux vertus du marché et donc au
libre-échange suppose que les États acceptent
d’abandonner les productions de biens pour lesquels ils ne disposent pas d’avantages comparatifs.
Ce qui se traduit par le fait que les nations moins
compétitives comme les plus compétitives doivent
accepter de renoncer à leur Indépendance pour la
production de certains biens et services. Ce qui laisse supposer que certaines formes de protectionnisme ont encore de beaux jours devant elles.
82. List n’était pas opposé au raisonnement classique :
le libre-échange permet en effet une affectation
optimale des ressources, mais il faut pour cela que
les pays en concurrence aient des degrés de développement comparables. Le protectionnisme doit
donc être provisoire, car il impose un surcoût au
consommateur (List a été l’un des premiers à préconiser le Zollverein (union douanière entre les États
allemands) qui est considéré comme la première
ébauche économique de l’unité allemande). La
position de List est donc axée sur l’idée d’un échange inégal.
83-84. La politique commerciale stratégique proposée
79. Dans la lignée de l’école institutionnaliste allemande, l’économiste Friedrich List (1789-1846)
soutient l’idée que le libre-échange peut être dangereux pour les pays en plein essor industriel
par P. Krugman, consiste, sans avoir recours aux
barrières douanières, à prôner une intervention
des États pour soutenir les producteurs nationaux,
afin de les rendre plus performants sur le marché
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mondial (soutien apporté par les États européens
au consortium Airbus). Dès lors, la politique commerciale stratégique apparaît comme une reformulation de la théorie de F. List : par un ensemble
de mesures d’aides, les États permettent à leurs
producteurs nationaux d’affronter au mieux la
concurrence internationale.
85. En situation de concurrence pure et parfaite, les
économistes libéraux défendent l’idée selon laquelle le marché suffit à assurer la régulation de l’économie mondiale et maximise l’avantage mutuel des
nations. En revanche, dès lors qu’au sein de chaque
nation la concurrence est imparfaite (entreprises en
situation oligopolistique par exemple), l’ouverture
du marché peut se faire au détriment de tel ou tel
pays, il devient alors légitime que les États interviennent pour renforcer la compétitivité de leurs
entreprises. Il s’agit donc d’une analyse qui se rapproche d’une conception mercantiliste des relations
commerciales internationales : ce que gagne une
nation se fait aux dépens des autres.
86. Les États peuvent construire leurs avantages compétitifs par une politique de subventions aux entreprises les plus performantes, ou en passe de le devenir, et qui sont positionnées sur un produit qui peut
tirer les exportations et la production nationales.
L’État peut aussi instaurer des barrières tarifaires et
non tarifaires pour rendre certaines entreprises plus
compétitives. Il peut encore donner des avantages
fiscaux et sociaux, il peut prendre en charge les
efforts de R&D ou encore subventionner la recherche privée des entreprises, établir des technopoles… Les États disposent donc d’un ensemble de
moyens pour rendre compétitifs certains secteurs
industriels considérés comme stratégiques pour le
développement du pays.
87. L’OMC est une organisation internationale dont
l’objectif est de favoriser le multilatéralisme.
88. Si effectivement, les inégalités mondiales (au sein
de la population mondiale) et les inégalités internationales (entre les pays) se sont réduites, les
inégalités internes aux pays, elles, ont augmenté.
D’autre part, les inégalités internationales se sont
réduites pour certains pays et pas pour d’autres
(voir document 41). On ne peut donc pas conclure
que les inégalités dans le monde se sont réduites,
il s’agit une fois de plus de nuancer le propos.
L’ouverture internationale n’est pas en elle-même
la panacée aux problèmes du manque de développement de certaines nations des PED.
t 82
89. Les analyses sur les effets de l’ouverture internationale sur la croissance économique des pays ne
permettent pas de confirmer ou d’infirmer son rôle
sur le rapprochement des économies des PED avec
celles des pays développés ; elles ne permettent pas
non plus de confirmer ou d’infirmer que l’ouverture
internationale a accentué les écarts de développement entre les PED et les pays développés.
90. L’ouverture internationale est l’un des facteurs de la
croissance, si les pays se spécialisent dans les productions porteuses au niveau de la demande mondiale ; un pays disposant d’une spécialisation impasse ne pourra pas retirer les fruits de son ouverture,
mais perdra, au contraire, les droits de douanes auxquels il a renoncé du fait même de son ouverture.
118
91. La division internationale du travail correspond à
une répartition de la production des biens et services entre les pays et les zones économiques qui
se spécialisent dans une ou plusieurs productions.
92. Dans la division internationale du travail (DIT) traditionnelle, les échanges s’effectuaient entre pays
complémentaires : ceux du Nord (produits manufacturés) et ceux du Sud (produits bruts). L’ancienne
DIT correspondrait alors à une spécialisation interbranche, et donc à un commerce mondial fondé sur
l’échange de produits complémentaires.
93. Dans la nouvelle DIT, les échanges s’effectuent de
plus en plus entre pays de même niveau de développement (commerce intra-branche) ; l’essentiel
des échanges s’effectue entre les membres de la
triade (intrarégional), c’est-à-dire entre pays
industrialisés. Mais aussi par le dynamisme de certains pays en développement qui exportent de plus
en plus de produits industriels ou manufacturés.
94. On remarque que, depuis les années 1990, les pays
du Sud s’industrialisent, fournissant aujourd’hui
40 % de la production manufacturée mondiale ; mais
il s’agit pour l’essentiel des NPI ; les NPI
commencent à se hiérarchiser, les plus anciens
d’entre eux prenant pied dans les industries de
haute technologie. La structure des échanges
évolue : déclin relatif des produits bruts, et essor des
échanges de produits manufacturés (ne pas oublier
les services). D’autre part, il faut noter le développement du commerce intrabranche et intrarégional.
95. En 1980, les combustibles représentaient plus de
3/5e (61,3 %) des exportations de produits des
pays du tiers-monde. En 1990, les produits bruts
ou primaires représentaient près de la moitié
(49,6 %) des exportations du tiers-monde, ce qui
signifie aussi que les produits manufacturés représentaient plus de la moitié (50,4 %) des exportations du tiers-monde.
96. On peut noter que de 1970 à 1990, la part des produits bruts dans les exportations des pays du tiersmonde diminuent fortement (49,6/83,6 = 59,33 %).
D’autre part, les produits manufacturés prennent
une place croissante dans les exportations du
tiers-monde (50,4/16,4 = 307,32 %).
97. En 1960, la part des exportations des produits
manufacturés dans l’ensemble des exportations
du tiers-monde représentaient seulement 7 %. En
2002, cette même part représentait 70 %.
98. La part des exportations des produits manufacturés
dans l’ensemble des exportations du tiers-monde a
augmenté de 900 %, soit une multiplication par
10 (70/7 = 10). On peut en conclure que le processus de diversification des produits des PED n’est
pas général : une dizaine de NPI assurent 85 % du
total des exportations des PED. Si l’on raisonne sur
les données globales, on constate l’émergence
d’un Sud industrialisé (40 % de la production mondiale aujourd’hui contre 33 % il y a 10 ans) ; mais
l’extrême concentration de ce phénomène doit
conduire à nuancer cette affirmation.
99. En 1948, la part de l’Amérique du Nord représentait plus du quart (27,1 %) de l’ensemble des
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exportations mondiales et plus des 1/6e (17,4 %)
de l’ensemble des importations mondiales. En
2005, la part de l’Europe représentait plus des
2/5e de l’ensemble des exportations mondiales
(43 %) et de l’ensemble des importations mondiales (43,4 %)
100. De 1948 à 2005, la part des exportations de
l’Amérique du Nord est passée du quart (27,1 %) au
1/7e (14,6 %) de l’ensemble des exportations mondiales ; leur part a donc diminué de plus de 46 %
(14,6/27,1 ~ 0,54). En revanche, sur cette même
période, la part de leurs importations dans l’ensemble des importations mondiales est passée des 1/6e
(17,4 %) à plus des 2/5e (21,4 %) ; elle augmente
donc de près de 23 % (21,4/17,4 ~ 1,23). On peut
donc en conclure que l’Amérique du Nord perd des
parts de marchés à l’export mais, en revanche,
importe de plus en plus, d’ou un déficit structurel de
sa balance des transactions courantes.
101. De 1948 à 2005, la part des exportations de
l’Europe est passée de moins du tiers (31,4 %)
à plus des 2/5e (43 %) de l’ensemble des exportations mondiales ; sa part a donc augmenté de près
de 37 % (43/31,4 ~ 1,37). En revanche, sur cette
même période, la part de ses importations dans
l’ensemble des importations mondiales est restée
relativement stable : elle est passée de 42,5 % à
43,2 %, soit une hausse légère de 1,6 % (43,2/42,5
~ 1,016). On peut donc en conclure que l’Europe
a gagné des parts de marchés à l’export mais voit
ses importations rester relativement stables, d’ou
un déficit structurel de sa balance des transactions
courantes au milieu du XXe siècle et depuis un faible déficit.
102. On note que c’est surtout la région Asie qui prend
une part de plus en plus grande dans le commerce
mondial (son poids dans le commerce mondial a
presque doublé). L’Europe voit elle aussi son poids
se renforcer dans le commerce mondial au détriment de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud
et centrale, de la Communauté des États indépendants et de l’Afrique.
103. Les FMN qui s’implantent dans les pays développés (stratégie de marché) recherchent en priorité
la demande solvable (ex. Toyota à Valenciennes).
Certaines FMN cherchent aussi à assurer le
contrôle de leurs approvisionnements en matières
premières et/ou produits bruts (ex. Total en
Russie). Enfin, les FMN cherchent à réduire leurs
coûts de production, ce qui explique une partie
des délocalisations vers les pays à bas salaires (ex.
PSA en Tchéquie).
104. Les auteurs pensent que la mondialisation est un
processus irréversible et qu’il faut donc s’y adapter plutôt que de lutter contre. Dans cette optique,
ils prônent alors de laisser les FMN s’implanter à
l’étranger, quitte à y délocaliser une partie de leur
production (logique de la DIPP) selon le principe
des avantages comparatifs et/ou compétitifs de
chaque nation.
105. D’après les auteurs, les pays européens n’ont pas
intérêt à diminuer leurs coûts de production et
notamment baisser les salaires car les pays à bas
salaires vont encore gagner des parts de marché
du fait des transferts de technologie des FMN.
Dans ces conditions, les pays européens ont tout
intérêt à se spécialiser dans les productions à forte
valeur ajoutée (comme c’est déjà le cas) nécessitant du travail qualifié et donc des salaires élevés.
Mais aussi à développer les infrastructures et les
services publics (voies de circulation, santé et
niveau de formation des actifs) de qualité pour
attirer les investisseurs internationaux et les IDE.
On sait aussi que les FMN se localisent où la
demande solvable est élevée et donc où le pouvoir
d’achat des salariés est lui aussi élevé.
106. Les contraintes générées par l’adhésion à l’OMC
sont estimées à 150 millions de dollars : elles
concernent la baisse des droits de douane, la mise
aux normes sanitaires, etc.
107. Le coût pour les PED de l’ouverture de leur économie suppose que ces dépenses ne seront pas
affectées au bien-être de leur population, et seront
même détournées des priorités en terme de développement.
108. Les dépenses occasionnées par l’ouverture des
économies des PED vont être préjudiciables au
développement des PED dans la mesure où, même
si l’ouverture peut générer des recettes, elles ne
couvriront pas les dépenses et seront donc in fine
un frein au développement des économies des PED.
109. Voir question 33, document 10.
110. Les théories classiques de la DIT avancent que, si
le libre-échange est respecté, on assiste à une
spécialisation des pays suivant le modèle de l’ancienne DIT. Or, on peut faire le constat inverse : les
pays qui se sont spécialisés sont en fait en concurrence avec de nombreux autres pays qui ont suivi
la même spécialisation. Il s’agit du développement
du commerce intrabranche.
111. Pour l’auteur du document, les raisons des délocalisations des FMN résultent de leur stratégie de
rationalisation et donc de réduction des coûts de
production. Les conséquences sont que les pays
doivent se faire concurrence pour attirer les
firmes, au détriment de leur développement et de
du bien-être de leur population.
112. Voir mots-clés.
113. La libéralisation des échanges n’est pas selon
l’auteur responsable du chômage et de la réduction des salaires dans les PDEM, dans la mesure
où elle ne présente pas de dangers en soi. En effet,
le libre-échange favorise la spécialisation des pays
et donc leur croissance. Il s’agit pour lui de freins
internes aux pays, la mondialisation ne saurait
être responsable des choix engagés par les entreprises et/ou les États. Elle agit comme le progrès
technique en restructurant l’appareil productif et
en le rendant plus compétitif.
114. La libéralisation des échanges produit selon l’auteur plusieurs effets bénéfiques :
- elle favorise les échanges de biens et services
complémentaires ;
- elle favorise les implantations des IDE et donc
des investissements nécessaires à la croissance
économique ;
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- elle favorise la croissance des pays qui la mettent en œuvre ;
- elle réduit la pauvreté via la croissance économique ;
- elle réduit aussi les inégalités via la croissance
économique.
115. Les trois avantages majeurs des IDE pour les PED
sont :
- ils représentent un financement stable dans la
mesure où les firmes qui s’implantent ont une
politique de long terme ;
- ils favorisent les transferts de technologie ;
- ils favorisent les exportations des PED vers les
pays développés.
116. Il s’agit ici de relativiser le propos. Les flux
entrants d’IDE n’ont pas que des avantages pour
les PED. On peut prendre l’exemple de certaines
FMN qui abusent de leur position dominante dans
un pays pour ne pas respecter le droit du travail
(aussi bien le droit local que le droit du travail de
leur pays d’origine), ou se délocalisent pour éviter
les contraintes environnementales, exploiter les
ressources naturelles voire les épuiser…
117. Voir question 33, document 10 et question 69,
122. Les IDE ont, comme les investissements productifs, un impact positif sur les économies d’accueil.
Il s’agit alors de la création d’un cercle vertueux.
Note sur le « consensus de Washington »
En 1989, à Washington, l’économiste John
Williamson a proposé une liste de dix prescriptions
économiques recommandées aux économies en
difficulté (notamment celles d’Amérique latine) afin
de promouvoir leur croissance, qu’il a regroupées
sous le nom de consensus de Washington. Cette
liste tentait de résumer la position de la plupart des
experts des institutions financières internationales
(Banque mondiale, FMI) et du Trésor américain :
1) discipline budgétaire ;
2) orientation des dépenses publiques aussi bien
vers la croissance économique que la répartition
équitable des revenus ;
3) réformes fiscales pour obtenir une large assiette
fiscale et des taux maximaux d’imposition faibles ;
4) libéralisation des marchés financiers ;
5) création d’un taux de change stable et compétitif ;
6) libéralisation du commerce ;
7) abolition des barrières à l’entrée sur le marché et
libéralisation des investissements internationaux ;
8) privatisations ;
9) déréglementation ;
10) protection de la propriété privée.
123. La globalisation financière correspond au dévelop-
document 22.
118. Les délocalisations ne sont pas aussi destructrices
d’emplois qu’il n’y parait. En effet, le phénomène
reste encore limité : 1 à 2 % des emplois industriels
aux États-Unis. On sait aussi que les délocalisations des firmes leur permettent de maintenir une
partie des emplois nationaux (ce qui n’aurait peutêtre pas été le cas si elles n’avaient pas délocalisé
une partie de leur production pour rester compétitives). On peut aussi constater que les entreprises
qui délocalisent une partie de leur production
n’ont pas de destruction nette d’emplois sur leur
territoire d’origine. Enfin, les délocalisations sont
créatrices de nouveaux emplois dans leur pays.
pement des échanges internationaux de produits
financiers, à l’émergence d’un marché financier
intégré au niveau mondial et à une interdépendance des économies nationales.
124. Les caractéristiques de la globalisation financière
sont liées à la baisse des coûts de transaction qui
découlent du développement des NTIC ; à la libéralisation des mouvements de capitaux et au
développement des innovations financières.
125. Les conséquences de la globalisation financière ne
de dangers qu’auparavant car elles vont s’effectuer aussi bien sur les secteurs industriels que sur
les services qui étaient jusqu’à présent en partie
épargnés. Les délocalisations vont continuer à
détruire des emplois peu qualifiés mais aussi, et
c’est nouveau, des emplois qualifiés, par exemple
les salariés de la R&D.
sont pas que positives. Si elle a permis aux PED de
trouver des ressources financières pour favoriser
leur croissance et leur développement, elle a aussi
entraîné des effets pervers tels que la récurrence des
crises financières. On note aussi que l’accès aux
ressources financières s’est fait sous contrainte du
consensus de Washington, c’est-à-dire par une libéralisation et une déréglementation croissante des
services publics au détriment des populations les
plus démunies (ce qui n’est pas forcément facteur
de croissance).
120. Ce sont les pays qui ont connu la plus forte crois-
126. Le risque systémique ou de système est le risque
sance économique. Car la croissance génère les
revenus qui vont soutenir la demande biens et de
services de consommation et de production (rôle
de la demande anticipée) et donc stimuler les
investissements.
d’instabilité globale qui résulte de la propagation
des mouvements spéculatifs sur les marchés
financiers, liés aux interactions qui aggravent les
déséquilibres. Il s’agit donc bien d’un risque
macroéconomique qui correspond à l’agrégation
des comportements individuels.
119. Les délocalisations futures sont porteuses de plus
121. Les facteurs qui expliquent les flux d’IDE entrants
sont l’intensification de la concurrence ; l’amélioration de la compétitivité ; la rationalisation des
activités de production ; la recherche d’économies
d’échelle via la baisse des coûts de production ; le
contrôle des approvisionnements en ressources
naturelles ; la croissance externe via les fusionsacquisitions.
120
127. Sur les marchés financiers, il existe deux types d’agents : 1) fondamentalistes ; 2) noise traders (réactifs
aux rumeurs et cherchant à réaliser des profits spéculatifs en jouant sur la volatilité des marchés). Ces
seconds spéculateurs font un marché où « tout le
monde pense la même chose en même temps ». Les
opérateurs fondent des anticipations sur ce que
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sera l’opinion moyenne du marché et non sur des
informations économiques exogènes (profits des
entreprises ou croissance économique). Keynes
montrait déjà à son époque que le futur était incertain et, par définition, non probabilisable (Chapitre
XII de la Théorie générale). Le mimétisme est alors
rationnel car les agents usent de l’information présente sur le marché. Dans ce cadre, le prix du marché ne reflète que la psychologie du marché et ne
donne aucune autre information. Les anticipations
sont autoréalisatrices et le prix n’a plus rien à voir
avec le niveau d’équilibre fondamental. Dès que l’opinion moyenne se modifie, le prix fait de même : on
parle dans ce cas d’équilibres conjecturaux ou d’équilibres multiples (Obstfeld, 1994). En outre, les
interactions entre les fondamentalistes et les noise
traders engendrent une dynamique de marché
instable. La croissance des investissements de portefeuille est aussi un facteur d’instabilité du système
financier international parce que les capitaux sont
très mobiles. Ils peuvent être déplacés d’une place
boursière à l’autre au gré des arbitrages de portefeuille. Les placements sur les marchés émergents
constituent un facteur de risque pour l’économie
mondiale car, en alimentant la bulle spéculative sur
de nouvelles places boursières, ils exposent l’ensemble des pays à subir le contrecoup d’un éventuel
krach (voir document 40).
128. Le coût de la crise financière au Mexique a été de
l’ordre de 50 milliards de dollars au début de l’année 1995 ; en Corée du Sud de l’ordre de
70 milliards de dollars à la fin de l’année 1997.
129. L’information principale donnée par ce document
est la récurrence et l’ampleur des crises financières subies par les PED et notamment les pays
émergeants qui ont été les « bons élèves » du FMI.
130. Le fait que certains pays en développement
connaissent de façon répétitive des crises financières est un handicap majeur pour leur développement. En effet, la globalisation financière et les
marchés financiers internationaux poussent les
PED à s’endetter pour financer leur développement sans pour autant être trop regardant sur leur
capacité à rembourser les dettes. À la moindre difficulté de remboursement, les marchés se tendent
et n’offrent plus les possibilités à ces pays de trouver les ressources nécessaires pour combler leur
déficit passager. En revanche, les marchés sont
toujours disposés, lorsque leurs ressources sont
abondantes, à les prêter aux PED quitte à ce que
ceux-ci ne puissent pas les rembourser. Le FMI
jouera alors son rôle de prêteur en dernier ressort
et assurera la liquidité des pays pour éviter le
défaut de paiement, mais sous contrainte de privatiser une fois de plus les services publics.
Faites le point
1. Vrai / faux
1. Faux ; 2. Vrai ; 3. Vrai ; 4. Faux ; 5. Faux car incomplet.
2. Complétez un texte
La libéralisation des échanges permet d’accroître les
richesses du monde, elle est donc un facteur essentiel
de la croissance économique. Mais, cette libéralisation n’est pas bénéfique pour tous et peut donc entraîner des comportements protectionnistes.
Depuis la fin des années 1970, on constate une remise
en cause de l’ancienne DIT par la montée en puissance
de l’Asie dans le commerce mondial, le développement
de l’échange intra-branche et la progression des PED
dans les exportations de produits manufacturés.
C’est la nouvelle DIT. La mondialisation est favorable
aux pays qui ont su profiter des spécialisations
gagnantes, c’est-à-dire celles à forte demande mondiale. On constate que les délocalisations induites par
la mondialisation et notamment par les flux d’IDE ne
sont pas aussi destructrices d’emplois pour les PDEM et
génératrices d’emplois pour les PED. Enfin, si la globalisation financière permet aux PED de mieux financer
leur développement, elle peut devenir aussi un obstacle
du fait de la récurrence des crises financières.
III. Mondialisation et régulation
131. Environ 55 % de la population de l’Asie de l’Est et
de l’Océanie vivaient en 1981 avec moins de 1 dollar par jour, alors qu’en 2001 cette même population ne représentait plus qu’environ 5 %. En revanche, la population vivant avec un revenu compris
entre 1 et 2 dollars par jour reste constante de
1981 à 2001 environ 35 %. Ce qui signifie que la
pauvreté absolue (moins 1 ou de 2 dollars par
jour : en 2004, la Banque mondiale estime la population en pauvreté absolue à environ 4 milliards
d’habitants dans le monde) a diminué en Asie de
l’Est et Océanie pour passer d’environ 90 % en
1981 à 50 % en 2001 (baisse de 44,4 %).
132. Les régions qui voient la pauvreté absolue diminuer sont l’Asie de l’Est et l’Océanie, l’Asie du Sud,
l’Amérique latine et le monde arabe. En revanche,
l’Afrique subsaharienne et l’Europe de l’Est et l’ex-
URSS voient leur population pauvre augmenter.
Ces différentes évolutions s’expliquent principalement par le dynamisme ou non des régions
concernées, comme pour l’Asie ou pour l’Afrique
subsaharienne.
133. Les indicateurs qui permettent de mesurer les
inégalités sont le coefficient de Gini, la courbe de
Lorenz, le rapport interdécile, etc. Voir fiche outil 4.
134. Toutes les inégalités n’ont pas forcement augmenté.
En effet, les inégalités mondiales se sont aggravées
(comme l’indique d’ailleurs le titre du document),
mais de façon différenciée : l’Asie en développement
a connu une forte croissance qui a permis de
réduire la pauvreté (voir document 41), ce qui n’est
pas le cas de l’Afrique. En revanche, les inégalités au
sein des pays ont fortement augmenté.
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135. Le protectionnisme est plus la règle que le libreéchange. Sous des discours libre-échangistes, les
nations développées pratiquent des formes de
protectionnisme pour permettre à leurs entreprises de maintenir leurs parts de marché, ou de
devenir compétitives en pratiquant des politiques
économiques sélectives (subventions à l’export,
facilités de financement, avances sur recettes,
contingentement, normes anti-pollution…). Mais
en même temps les pays développés demandent
aux PED d’ouvrir leurs marchés à leurs propres
entreprises.
exportée. Elles attirent les investisseurs pour leur
main d’œuvre bon marché (la quasi totalité des
employés sont des femmes sous-payées), le peu
de régulation du travail (les employées perdent
leur emploi si elles tombent enceintes), les
normes environnementales peu exigeantes et bien
sûr la faible taxation dont elles bénéficient.
143. Il fait référence est la DIPP (décomposition ou
division internationale des processus productifs) :
la production de la poupée Barbie est décomposée
entre de nombreux pays et assemblée dans le pays
d’origine de la FTN.
144. La différence essentielle tient au fait que la société
136. De 1980 à 2005, le PIB de la Chine a augmenté de
1 000 % (1 100 – 100). Sur la même période le PIB
de l’Union européenne a augmenté de 60 %
(160 – 100), le PIB de l’Afrique a doublé
(200 – 100 = 100 %), le PIB des États-Unis a augmenté d’environ 110 % (210 – 100) et le PIB mondial a quant à lui connu une hausse d’environ
120 % (220 – 100).
137. C’est un piège récurrent : il s’agit de la plus forte
hausse du PIB des pays présentés dans le graphique et donc de la mesure d’une évolution
(variation relative) mais pour autant il ne s’agit
pas du niveau absolu : donc, la Chine a connu la
plus forte progression de son PIB mais elle n’est
pas le pays le plus riche du monde.
138. Une fois encore il s’agit ici de mobiliser les évolutions de la croissance économique sur le moyen
terme. Les pays de l’Asie en développement ont
connu la plus forte croissance de ces vingt dernières années du qui résulte en partie de leur insertion dans le commerce mondial.
139. Les pays à haut revenu avaient un PIB par habitant
4,065 fois plus élevé que le PIB/hab. mondial en
1980. Le PIB/hab. des pays d’Afrique subsaharienne représentait 22 % du PIB/hab. mondial en 2004.
140. L’information principale que donne ce tableau
réside dans le fait que les écarts en terme de
développement économique s’accroissent entre
les pays dits « riches », ceux du Nord industrialisé,
et les pays dits « pauvres », ceux du Sud en
développement, même si on peut constater que
l’Asie en développement connaît une forte
augmentation.
141. Le rapport du PIB/hab. des pays à haut revenu par
rapport au PIB/hab. mondial a augmenté jusqu’en
2000, et a baissé de 2000 à 2004. Le rapport du
PIB/hab. des pays d’Afrique subsaharienne par
rapport au PIB/hab. mondial a diminué de 1980 à
2000, puis a augmenté de 2000 à 2004. On peut
toutefois conclure que l’écart s’est creusé entre les
pays riches et les autres pays.
142. Les maquiladoras désignent des usines, dans les
zones frontalières avec les États-Unis, qui
bénéficient d’une exonération des droits de douane pour pouvoir produire à un moindre coût des
marchandises assemblées, transformées, réparées
ou élaborées à partir de composants importés ; la
majeure partie de ces marchandises est ensuite
122
post-industrielle est productrice de biens immatériels : le design, le concept, contrairement à la
société industrielle qui produisait essentiellement
des biens matériels.
145. La division internationale du travail ne fait qu’utiliser
les ressources des différents pays mais ne peut pas
se substituer aux politiques économiques nationales. Des pays qui ne disposent pas d’externalités
positives, telles que de réelles infrastructures, des
systèmes de santé et d’éducation performants, ne
peuvent tout attendre de la mondialisation.
146. Le travail des enfants dans les PED est parfaitement rationnel, car, d’une part, ils apportent des
revenus à leur famille, et d’autre part, ils pourront
subvenir aux besoins de leurs parents âgés, du fait
de l’inexistence de système de retraite.
147. La mondialisation n’a pas induit un rapprochement
des conditions sociales entre le Nord et le Sud. Le
jeu des rapports de force tend à maintenir dans les
pays du Sud les conditions sociales les plus favorables aux FTN. Selon une analyse libérale, la
mondialisation pourrait induire un rapprochement
des conditions sociales entre le Nord et le Sud.
Du fait du libre-échange, la concurrence tendrait à
uniformiser les conditions d’emploi et de rémunération. Au Nord, cela contribuerait à éliminer les
rigidités du travail, et au Sud cela permettrait de se
rapprocher progressivement des conditions
sociales, du Nord grâce au développement.
148. Cette phrase met en avant les limites du rôle des
institutions internationales qui n’arrivent pas à
imposer des nomes sociales minimales dans l’ensemble des pays participants à l’échange international. Que ce soit l’OIT ou l’OMC, ces organisations
internationales ne sont pas dotées d’une prérogative juridique leur permettant d’imposer des normes
tant sociales, sanitaires, qu’environnementales.
149. Compétitivité et salaire (voir lexique), le coût du
travail comprend outre le salaire net, les cotisations salariales et patronales.
On peut en conclure que la France n’a pas connu
une augmentation de son coût du travail plus élevée que la moyenne des pays de l’UE ou que ses
principaux partenaires commerciaux. D’autre
part, le coût du travail n’est pas le seul argument
de localisation des FTN.
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150. Le tableau est donné pour faciliter la lecture du graphique :
Régions/pays
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2004
États-Unis = 100
100
100
100
100
100
100
100
Mexique
24
23
12
11
9
11
11
Japon
48
57
49
84
137
112
95
France
73
92
59
104
112
78
103
Allemagne
102
126
74
146
175
115
140
Espagne
41
61
36
76
74
54
74
Royaume-Uni
54
78
49
85
80
85
107
Union européenne à 15
80
100
61
113
124
92
117
NPI d’Asie
8
12
13
25
38
36
36
151. Il existe trois raisons à la faiblesse des salaires
majeur au développement des PED.
dans les PED :
- une offre de travail structurellement (effet démographique) supérieure à la demande de travail ;
- la faiblesse des organisations syndicales qui
n’arrivent pas à faire évoluer le partage de la
valeur ajoutée en faveur des salariés ;
- le capitalisme n’aurait pas entièrement pénétré
l’économie des PED : une économie informelle
développée, économie familiale solidaire.
Les stratégies des FTN ne s’appuient pas uniquement sur le faible coût du travail, sinon toutes les
FTN se délocaliseraient au Sri Lanka ou au
Bengladesh où le coût du travail est parmi les plus
faibles du monde. La stratégie de rationalisation
(réduire les coûts de production) est une parmi
d’autres.
152. Le « cycle de Doha » (Qatar), qui s’est conclu sur un
échec, est un round de négociations, d’une durée
de trois ans, sous l’égide de l’OMC, dont les objectifs étaient le « développement » du tiers-monde,
relancer les négociations multilatérales, notamment sur l’agriculture (meilleur accès aux marchés
des pays riches pour les produits agricoles des
PED), les services et la propriété intellectuelle
(aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce).
En 1963, 75 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique
latine appellent au lancement de la CNUCED :
Conférence des Nations unies pour le Commerce
et le développement. Créée par l’ONU en 1964, la
CNUCED cherche à affirmer la cohésion des pays
du Sud autour d’une revendication majeure : des
échanges rééquilibrés, ce qui suppose l’accès des
pays du Sud aux marchés du Nord et l’amélioration des termes de change. En effet, les pays du
tiers-monde considéraient que les principes libéraux fixés par le GATT ne répondaient pas à leurs
problèmes spécifiques.
153. Il s’agit du principe énoncé déjà par F. List à la fin
du XIXe siècle : le protectionnisme éducateur.
154. Cet expert de la CNUCED fait le constat que les
politiques d’ajustement structurel, fortement
inspirées des recommandations des économistes
libéraux (vertus du marché), menées par le FMI et
la Banque mondiale et qui se sont traduites par la
privatisation des services publics et le resserrement du périmètre de l’État, ont été un frein
155. Cette phrase fait écho aux effets des politiques
d’ajustement structurel menées par le FMI et qui
ont engendré un accroissement des inégalités,
une récession économique et une instabilité politique des pays d’Amérique du Sud.
156. Les institutions internationales ont joué un rôle
majeur dans néfaste pour le développement des
PED. Notamment parce qu’elles étaient persuadées que les privatisations, le retour aux forces du
marché, pouvaient favoriser le développement de
ces pays.
157. Le développement, comme les facteurs de la croissance, ne peuvent se passer du rôle de l’État, car
celui-ci crée les conditions favorables (santé, éducation, services publics…), les externalités positives
qui soutiennent et stimulent la croissance et le
développement.
158-159. Les organisations de la société civile (ONG)
font le constat, comme d’autres, que les institutions de gouvernance mondiale n’ont pas rempli
leur rôle. C’est-à-dire qu’elles n’ont pas permis l’amélioration des conditions de vie des populations
du Sud comme du Nord : les règles du commerce
mondial sont défavorables aux pays pauvres ; certains biens (l’eau, l’air, les semences, le vivant)
sont des biens publics mondiaux et ne devraient
pas faire l’objet d’une régulation marchande ; il
n’existe pas de normes sociales, fiscales et environnementales internationales. De fait, ces organisations proposent une réforme en profondeur
des institutions internationales, vers une régulation moins marchande qui respecte plus les droits
de chacun ; si elles ne remettent pas en cause la
mondialisation, elles s’opposent cependant à la
mondialisation libérale qui voudrait que toutes les
activités humaines soient soumises aux règles de
fonctionnement du marché.
160. Les arguments avancés par l’auteur sont : les programmes
d’ajustements
structurels
« trop
brutaux » dans les PED ; le manque d’action
collective sur les problèmes qui concernent la planète : les différentes pandémies (sida, grippe
aviaire, paludisme, ESB…), la lutte contre les
trafics en tout genre…
161. Dans un contexte de crise économique ou du
moins d’exacerbation de la concurrence interna-
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tionale, il parait difficile de mettre en œuvre un
gouvernement mondial. Les impératifs économiques et sociaux de court terme : chômage,
exclusion, pauvreté, criminalité… rendent difficile
la conciliation et l’entente de l’ensemble des pays
vers plus de générosité.
162. Les objectifs de court terme des altermondialistes,
notamment français, sont contradictoires dans la
mesure où ils prônent un commerce équitable
avec les PED et en même temps, veulent protéger
les agriculteurs français par des mesures protectionnistes.
163. Le dumping est une forme de concurrence déloyale qui peut prendre deux formes : un prix de marché inférieur aux coûts de production, ou vendre
un produit exporté à un prix inférieur à celui pratiqué sur le marché national. Le dumping social
renvoie alors au fait que les entreprises utilisent la
faiblesse de leur coût du travail et/ou de leur
condition de travail pour pouvoir être plus concurrentielles sur les marchés.
164. Un des paradoxes de la libéralisation des échanges
c’est qu’aujourd’hui ce sont les PDEM qui veulent
obtenir des protections pour leur économie.
L’argument central est de stigmatiser les pays à bas
salaires comme des partenaires commerciaux
déloyaux : c’est-à-dire utilisant la faiblesse de la
protection de leurs salariés comme un argument de
concurrence. Pire encore, de maintenir volontairement des conditions et des rémunérations du travail
les moins élevées possibles pour attirer les investisseurs et/ou doper leur compétitivité externe.
165. Les normes sociales et environnementales peuvent
constituer des mesures protectionnistes dans la
mesure où les pays du Nord imposent aux PED des
règles très contraignantes en matière de droits
social et environnemental. L’argument central est
de dire que les PED exportent des produits qui ne
sont pas aux normes sociales et environnementales
des PDEM, sans pour autant diffuser les technologies moins polluantes et aider les PED à faire
évoluer leurs conditions de travail. Si la préoccupation des PDEM étaient bien la protection de l’environnement ou l’amélioration des conditions de
travail dans le monde, alors, ils devraient être
disposés à favoriser les transferts de technologies
et aider les PED dans leur développement social.
Or, tel n’est pas le cas, on peut donc dire que d’une
certaine façon les normes sociales et environnementales peuvent être des armes protectionnistes.
166. Les FMN peuvent par leur puissance de négociation imposer des mesures allant dans le sens de la
restriction du moins disant social, en appliquant
les règles de la nation la plus contraignante en
matière sociale et environnementale. Mais tel
n’est pas toujours le cas.
167. Il existe au moins trois stratégies d’implantation
des FTN : le contrôle des approvisionnements ; la
rationalisation des coûts de production et la stratégie de marché.
La compétitivité : voir lexique p. 464.
124
168. D’après l’auteur, les FTN ne recherchent pas forcement un territoire où les coûts sociaux et fiscaux sont les moins élevés possible (comme au
Bengladesh et au Sri Lanka) ; mais elles cherchent
des territoires où la pression fiscale et sociale correspond à une contrepartie réelle par la mise à
disposition de services publics efficaces et gratuits, tels que des systèmes de santé et d’éducation, des infrastructures et des réseaux logistiques
performants : c’est-à-dire payer le juste prix de
cette pression fiscale et sociale.
169. La définition de normes sociales et fiscales internationales devient nécessaire dans la mesure où,
chaque pays pourrait être tenté de pratiquer une
concurrence fiscale et sociale accrue dans l’espoir
d’attirer toujours plus les FTN. Or, à terme, un tel
comportement pourrait être dévastateur tant sur le
plan social que politique pour les pays usant d’une
telle pratique du moins disant fiscal et social, et
finalement contreproductif pour leurs économies.
Les derniers travaux des institutions internationales
mettent en avant que le développement passe par
un État fort qui ne peut pas seulement se contenter
de ses fonctions régaliennes. Pour se développer,
les nations ont aussi besoin d’un vrai système de
protection sociale, des infrastructures dignes de ce
nom et de services publics performants.
170. Développement durable : le « développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre
la capacité des générations futures à répondre aux
leurs ». L’équité correspond au respect des droits de
chacun. Ce concept est donc relatif à l’idée que chacun se fait de la justice sociale. Pour certains, elle
exige que chacun soit traité de façon spécifique
selon la situation dans laquelle il se trouve (discriminations positives). Pour d’autres, elle suppose que
tous les individus doivent être traités de façon identique (égalité des traitements).
171. Selon le paradigme libéral, la libéralisation des
échanges va permettre le développement des économies : grâce à ces nouveaux revenus, elles vont
pouvoir dégager les ressources nécessaires à la
protection de l’environnement et donc favoriser le
développement durable. Une fois de plus, cette
logique donne une priorité aux vertus supposées
de la régulation marchande pour régler les problèmes économiques, sociaux et écologiques.
172. Pour les tenants du paradigme écologique, le
développement durable est nécessairement
contradictoire avec la poursuite d’une croissance
économique la plus forte possible, dans la mesure
où celle-ci entraîne forcement des effets externes
négatifs sur l’environnement : plus de pollution,
épuisement des ressources non renouvelables,
dégradation des conditions sociales et de vie des
populations…
173. La Conférence des Nations-unies sur l’environnement et le développement s’est tenue à Rio du 3 au
14 juin 1992, réunissant 110 chefs d’États et de
gouvernements et 178 pays. Environ 2 400 représentants d’organisations non gouvernementales
(ONG) étant présents. Cette conférence, dans le
prolongement de la conférence internationale sur
l’environnement humain (le premier Sommet de la
terre s’étant déroulé en 1972 à Stockholm), a été
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marquée par l’adoption d’un texte fondateur de
27 principes, intitulé « Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement » qui précise la
notion de développement durable : « Les êtres
humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une
vie saine et productive en harmonie avec la
nature. » (Principe 1), « Pour parvenir à un développement durable, la protection de l’environnement doit faire partie intégrante du processus de
développement et ne peut être considéré isolément. » (Principe 4). La conférence a notamment
été l’occasion d’adopter un programme d’actions
sur les problématiques liées à la santé, au logement, à la pollution de l’air, à la gestion des mers,
des forêts et des montagnes, à la désertification, à
la gestion des ressources en eau et de l’assainissement, à la gestion de l’agriculture, à la gestion
des déchets. La conférence de Rio a également vu
l’adoption de la convention sur le climat, qui affirme la nécessité de réduire les émissions de gaz à
effet de serre et qui a abouti à la signature en 1997
du protocole de Kyôto. La déclaration sur les
forêts, et la Convention sur la biodiversité qui soumet l’utilisation du patrimoine génétique mondial
à une série de conditions et présente une tentative normative en cette matière, ont également été
ratifiées à l’occasion du Sommet. Le protocole de
Kyôto, a été ouvert à ratification le 16 mars 1998,
et est entré en vigueur en février 2005. Il a été ratifié à ce jour par 156 pays à l’exception notable des
États-Unis et de l’Australie. Tous les pays
membres de la convention climat ont pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de
serre dans l’atmosphère. Concrètement, tous les
pays ont l’obligation de publier des inventaires de
leurs émissions de gaz à effet de serre, d’établir,
de mettre en œuvre et de publier des programmes
nationaux contenant des mesures visant à atténuer les changements climatiques. Le protocole
Les avancées de la régulation de la mondialisation
de Kyôto va plus loin car il propose un calendrier
de réduction des émissions des 6 gaz à effet de
serre qui sont considérés comme la cause principale du réchauffement climatique des cinquante
dernières années. Il comporte des engagements
absolus de réduction des émissions pour 38 pays
industrialisés, avec une réduction globale de 5,2 %
des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2012
par rapport aux émissions de 1990.
174. Les
préoccupations environnementales, qui
inquiètent surtout une majorité des décideurs et
des populations des pays riches, ont fini par prendre le pas sur les dimensions économique et
sociale du développement durable. On peut donc
dire comme le suggère Sylvie Brunel que les problèmes écologiques, « le devenir de la planète »,
ont masqué les problèmes économiques et
sociaux des êtres humains, le « devenir de l’humanité », notamment le chômage, la pauvreté, la mal
nutrition, l’exclusion, la faim dans le monde, les
guerres, les grandes pandémies…
175. Il y a une « certaine » hypocrisie, selon Sylvie
Brunel, lorsque les pays riches dénoncent les activités polluantes des PED. Si les préoccupations
d’ordre écologiques sont du ressort de l’humanité
et sont urgentes, alors il suffit que les pays riches
réalisent les transferts de technologies appropriées et non polluantes vers les PED, ce qui n’est
toujours pas le cas et reste de l’ordre du discours
politique (vœux pieux) plus que de l’action.
Faites le point
1. Vrai / faux
1. Vrai ; 2. Vrai ; 3. Faux ; 4. plutôt Vrai ; 5. Faux.
2. Synthétisez vos connaissances
La régulation mondiale n’a pas atteint des objectifs
- Les préoccupations d’ordre écologique et de développement - La mondialisation est de plus en plus une mondialisation libésont de plus en plus prises en compte par les institutions inter- rale, néfaste au développement des nations.
nationales.
- Les dangers de l’alignement sur le moins disant social et fiscal.
- L’ORD sanctionne aussi bien les pays riches que les pays pau- - La pauvreté a augmenté dans certaines zones du monde.
vres.
- Les inégalités ont augmenté dans certaines régions.
- La pauvreté a reculé dans certaines zones du monde.
- Le protectionnisme n’a pas réellement disparu et certains
- Les inégalités ont reculé dans certaines zones du monde.
types de produits sont encore protégés (agriculture, services..).
- Les droits de douanes ont diminué pour une majorité de pro- - Le travail des enfants n’a pas disparu.
duits.
- Les OGM tendent à se généraliser.
- Le travail des enfants est de plus en plus réglementé.
- Le non transfert des technologies les moins polluantes.
- La croissance du commerce équitable.
- La trop grande puissance des FTN qui pèse sur les décideurs
- Le rôle de plus en plus important et reconnu des ONG.
politiques mondiaux.
- Le développement des aides au développement des PED.
- Le manque de moyens pour lutter contre les grandes pandé- Le changement d’orientation des politiques économiques et mies et les guerres.
sociales de la Banque mondiale et du FMI.
- Le vivant peut être soumis à la régulation marchande et faire
l’objet d’un brevet.
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sans effort de R&D des apports technologiques des FMN,
ce qui va être facteur de croissance dans la mesurer où
l’innovation est source de croissance.
Sujet d’oral 1
Questions préalables
1. Entre 1990 et 2004, le PIB par habitant des pays de
l’Asie de l’Est et Pacifique a augmenté en moyenne et par
an de 5,8 %. En 2004, les exportations de biens et de services de l’Asie de l’Est et Pacifique représentaient 56 % de
leur PIB. En 2004, près de trois quart (74 %) des exportations de marchandises des PED étaient des produits
manufacturés.
2. L’ouverture internationale ne doit pas être confondue
avec la mondialisation. Elle correspond à la croissance des
échanges extérieurs des économies nationales que l’on
peut mesurer avec divers indicateurs comme le taux d’ouverture : ([(x+M):2]/PIB)✕100, ou encore le taux d’exportations X / PIB. L’ouverture internationale suppose que soit
mis en place des accords de libre-échange (multilatéralisme) ou des accords bilatéraux.
3. L’insertion des PED dans le commerce international
n’est pas sans risque dans la mesure où ils peuvent devenir dépendants des productions des PDEM. Le risque pour
ces pays est de voir une partie de leur production domestique disparaître car elle n’est pas compétitive, c’est la
thèse développée par F. List : les biens échangés ne sont
pas neutres et les « industries dans l’enfance » des PED ne
sont pas encore suffisamment compétitives pour lutter à
armes égales avec les pays développés (échange inégal).
Il faut donc les protéger (protectionnisme éducateur).
Sujet
I. L’insertion des PED dans la DIT : facteur de développement
A. La spécialisation internationale comme vecteur
de la croissance économique
B. Les échanges internationaux comme facteur de
développement socio-culturel et géo-politique
II. Les limites de l’insertion des PED dans la DIT : le
développement économique et social en question
A. Les conséquences négatives pour la croissance
des PED
B. Les limites du processus de développement des
PED : entre uniformisation culturelle, dégradation
de l’environnement et pauvreté
Sujet d’oral 2
Questions préalables
1. Entre 1990 et 2004, le PIB par habitant des PED a augmenté en moyenne et par an de 3 %. En 2004, les flux
entrants d’investissements productifs des entreprises
(IDE) vers les pays développés se montaient à
396,1 milliards de dollars. En 2004, le solde de la différence entre les flux entrants et sortants d’IDE représentaient près de 3 % (2,7 %) du PIB des PED.
2. Cf. question 33 document 10 et question 73 document 23.
3. L’un des avantages importants de l’implantation des
FMN dans les PED est la réalisation des transferts de
technologie. En effet, les FMN qui s’implantent à
l’étranger et qui installent des usines ou des centres de
recherches le font en transférant leur savoir-faire industriel et technologique. Ce qui va créer pour les entreprises
des PED des effets externes ou des externalités positives.
Les sous-traitants des FMN vont-elles aussi bénéficier
126
Sujet
I. L’implantation des FTN dans les PED est favorable à
leur développement
A. Une implantation qui stimule la croissance économique
B. Une implantation qui favorise le développement
II. L’implantation des FTN dans les PED présente des
limites pour leur développement
A. Un obstacle à la croissance
B. Un frein au développement
Dissertation
I. Le libre-échange, facteur de croissance économique
A. Le développement du commerce mondial favorisé par les progrès du libre-échange
B. L’insertion dans le commerce mondial favorise
la croissance économique
II. Ralentissement de la croissance, hausse du chômage
et des inégalités : les dangers de la mondialisation
A. Les dangers de la mondialisation...
B. … nécessitent le recours au protectionnisme
pour favoriser la croissance économique
Question de synthèse
avec travail préparatoire 1
Travail préparatoire
1. Les spécialisations internationales gagnantes sont celles qui sont portées par la demande internationale, c’està-dire les biens à forte valeur ajoutée. Les spécialisations
perdantes sont celles dont la demande mondiale augmente faiblement voire diminue comme c’est le cas des
biens à faible valeur ajoutée. Les pays qui ont réussi à se
spécialiser dans les productions gagnantes, comme la
Chine et l’Inde, ont connu une forte croissance économique et le développement. Pour les pays qui n’ont pas
pu ou pas su intégrer les spécialisations gagnantes, les
conséquences sont désastreuses, car la demande de ce
type de biens comme les biens primaires ne croît pas
aussi vite que celle des biens portées par le demande
internationale, on parle à ce propos de spécialisation
impasse. (Voir questions 70 et 71 document 22).
2. La libéralisation des échanges agit comme le progrès
technique en restructurant l’appareil productif et en le rendant plus compétitif, mais en même temps elle détruit les
éléments de l’appareil productif qui sont obsolètes ou qui le
deviennent en raison de l’exacerbation de la concurrence
internationale (processus de destruction créatrice). De fait,
la libéralisation permet une redistribution des zones de
production à l’échelle mondiale en accroissant les inégalités de développement entre les pays qui ont su ou pu
développer les spécialisations internationales gagnantes
tels que l’Asie en développement et le reste des PED qui
n’ont pas su ou pu développer ce genre de spécialisation.
3. Voir question 69, document 22.
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4. Pour certains PED, notamment les pays de l’Asie de
l’Est, la participation aux échanges internationaux leur
a permis de développer leur croissance économique,
condition nécessaire au développement. D’autre part,
on remarque que ce sont surtout les économies des PED
qui ont su s’intégrer au processus de la mondialisation
qui ont connu les plus fortes performances et ont réduit
notablement leur retard de développement. Toutefois,
ces résultats sont pour une grande partie liés aux politiques économiques volontaristes mises en œuvre par
les États. Une fois de plus le marché, ici la libéralisation
des échanges, ne peut être collectivement efficace qu’à
la condition que l’État intervienne pour une meilleure
allocation des ressources, en redistribuant les revenus.
2. L’instauration de normes sociales au niveau interna-
5. Il existe une corrélation positive, voire une causalité,
national reste difficile à envisager en raison des conflits
d’intérêts importants entre les PED et les PDEM. En effet,
en raison de la faiblesse de leurs réglementations sociales
et environnementales les PED ont une meilleure compétitivité. Pour se protéger des risques de dumping social et
écologique les pays développés cherchent à imposer des
normes ou des clauses sociales qui sont vécues comme
autant de mesures protectionnistes par les PED.
entre la croissance des échanges extérieurs et la croissance économique et le développement. En effet, ce
sont surtout les pays les mieux insérés dans le commerce mondial, qui ont passé des accords de libre-échange,
qui connaissent les meilleures performances en terme
de croissance économique et finalement de développement. Pour assurer les bases du développement des
nations, les échanges extérieurs fournissent les éléments de la croissance économique. L’augmentation
des richesses produites va permettre à l’État de les
redistribuer vers l’amélioration des conditions de vie
des populations (santé et éducation) et donc favoriser le
développement. C’est le cas notamment des pays à
développement humain élevés et des pays de l’OCDE,
mais aussi de certains pays de l’Asie de l’Est et donc des
pays à développement humain moyen.
Question de synthèse
I. La mondialisation facteur de réduction des inégalités
de développement
A. La mondialisation favorise la croissance économique…
B. … facteur de développement
II. La mondialisation peut aussi être un facteur d’aggravation des inégalités de développement
A. La mondialisation un frein à la croissance économique…
B. … et un obstacle au développement
Question de synthèse
avec travail préparatoire 2
Travail préparatoire
1. Dans la mesure où la mondialisation accroît l’interdépendance des économies, elle implique aussi que les
échanges internationaux représentent une part toujours
plus importante de la production de chaque pays. Ainsi
lorsqu’un pays connaît une récession, celle-ci limite les
possibilités d’exportations de ses partenaires commerciaux et tend à se propager d’un pays à l’autre ou d’une
région à l’autre. Il paraît alors évident que ces phénomènes d’interdépendance économique, imposent que les
nations se dotent de moyens internationaux d’intervention et de régulation (« l’action collective mondiale ») pour
éviter le risque de propagation des crises économiques.
Toutefois, cette interdépendance ne se limite pas au seul
champ économique elle comporte aussi des aspects écologiques et environnementaux qui rendent nécessaires la
mise en œuvre de nouvelles formes de régulation à l’échelle mondiale pour favoriser le développement durable.
tional permettrait aux PDEM d’une part, de lutter contre
les formes de dumping social et environnemental de la
part des PED, et d’autre part, de favoriser la réduction des
inégalités de développement des PED. Cette mise en
place d’une protection sociale et environnementale minimale au niveau international permettrait aux PDEM à la
fois de limiter la concurrence des PED et de maintenir ou
de développer leur système de protection sociale. Cette
législation sociale minimale favoriserait non seulement
la croissance économique des PED mais aussi celle des
PDEM par les débouchés qu’elle produirait.
3. La mise en place des normes sociales au niveau inter-
4. Les émissions de dioxyde de carbone par habitant
croissent en général avec le niveau de vie, mesuré par
le PIB par habitant. Ainsi, pour les pays de l’OCDE, le PIB
par habitant est en 2004 de 27 571 $ et les émissions de
dioxyde de carbone s’élèvent, en 2003, à 11,2 tonnes
par habitant. Il en va de même pour les pays à développement humain élevé, respectivement de 26 568 $ et
54,7 tonnes. Pour les pays à faible développement
humain ces données sont respectivement de 1 113 $ et
0,2 tonne. Toutefois, il faut relativiser et montrer que
certains pays développés polluent moins que d’autres
comme il en va des PED qui polluent plus que d’autres.
5. L’objectif du protocole de Kyoto (voir document 55,
question 173) était de réduire les émissions de gaz à effet
de serre de 5 % entre 2008 et 2012 par rapport à la situation de 1990. Or la non-ratification par les États-Unis et
de l’Australie qui hypothèque sérieusement sa réalisation. On peut noter aussi que cette non-ratification par
des pays développés montre le manque de volonté politique, mais aussi que l’absence d’une institution internationale font obstacle à toute mesure de sanction et de
contrôle à l’égard des pollueurs. Dès lors, on ne voit pas
comment, sans une réelle volonté politique notamment
de certains pays développés – qui sont plus préoccupés
de stimuler leur croissance économique au risque de
polluer davantage –, une régulation mondiale des
aspects environnementaux pourrait voir le jour.
Question de synthèse
I. La mondialisation rend nécessaire la mise en œuvre
de nouvelles régulations à l’échelle internationale
A. La mondialisation contribue à l’interdépendance des économies…
B. … et nécessite l’instauration de nouvelles régulations internationales
II. La difficile mise en place de nouvelles régulations
internationales
A. L’absence de consensus sur l’édification de normes sociales et environnementales…
B. … mettent en lumière les insuffisances de la
volonté politiques internationales
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Aspects culturels de la mondialisation
Manuel pages 336 à 361
Objectifs
Montrer que les enjeux de la mondialisation dépassent le champ économique. La mondialisation culturelle a des effets contrastés : d’un coté, elle produit de l’uniformisation culturelle et de l’autre de la
diversité. L’uniformisation n’est pas seulement une occidentalisation qui broie les différences ; elle
comprend un phénomène inverse de « désoccidentalisation » du à l’influence croissante des cultures
« périphériques » (africanisation et « asiatisation » des pays du Nord). Il faut préciser que ces deux mouvements ne sont pas d’intensité semblable. Il en résulte une culture métissée que certains appellent
« culture monde ». L’occidentalisation peut comporter des effets positifs, à savoir la diffusion d’un idéal
démocratique et la préoccupation de la préservation de l’environnement portées toutes deux par des
contre-pouvoirs.
La mondialisation culturelle produit également de la diversité culturelle au sens ou elle suscite des
oppositions parfois brutales sous formes de repli identitaire mais également un multiculturalisme qui
se caractérise par une « coexistence pacifique » entre cultures différentes au sein d’une même société.
Sensibilisation
Le processus de mondialisation culturelle ne représente
ni une simple occidentalisation, ni un rejet brutal de la
culture des pays dominants, mais plutôt un métissage
culturel ici symbolisé par le téléphone portable permet-
tant de faire référence à la troisième révolution industrielle, et plus précisément aux nouveaux moyens de
communication qui favorisent les échanges culturels.
Réponses aux questions
I. Vers une culture mondiale ?
1.
2.
Il prend actuellement une ampleur inégalée du fait
de la production de masse et de la diffusion rapide de ces biens culturels.
3.
Industries culturelles : production, reproduction et
diffusion de biens culturels.
4.
La mondialisation économique et culturelle entendue comme intégration mondiale commence,
selon l’auteur, au milieu du XIXe siècle.
5.
Les États, les administrations, les entreprises et les
ménages.
6.
Une « mission civilisatrice » défendue par les pays
colonisateurs ; un idéal démocratique représenté
en particulier par la France et les États-Unis ; la
recherche de la paix et les stratégies des entreprises et l’adhésion à une politique de libre échange
fondée sur la division internationale du travail.
7.
La standardisation de la production des pommes
s’explique par la recherche de productivité, par la
facilité de conservation et par une stratégie commerciale.
8.
9.
128
Comme le précise l’auteur, il s’agit de la circulation planétaire de produits culturels comme des
films, des DVD, des cédéroms, d’informations, de
livres…. Les contacts entre cultures différentes
datent de la période nomade et n’ont pas été interrompus par la sédentarisation.
Modes de vie uniformisés.
Essor des moyens de communication et baisse du
coût des transports.
10. Augmentation considérable (multiplication par 17
en un demi siècle) et diversification de l’origine
géographique en faveur de l’Asie.
11. La formation d’une grande partie des scientifiques,
des experts et futurs dirigeants par les États-Unis
contribue à l’uniformisation des cultures.
12. Les élites vont diffuser la culture occidentale au
sein de leur pays ; ils seront les acteurs, volontaires
ou non, d’une acculturation à grande échelle ; par
exemple, la gestion économique de ces pays, l’exportation du productivisme.
13. Selon Z. Brzezinski, la société globale est à l’image
de la société américaine ; elle représenterait une
« fin de l’histoire » culturelle de l’humanité.
14. L’attractivité culturelle des États-Unis s’explique
par leur surreprésentation dans les médias de
nombreux pays (informations, films, publicité…)
et le rôle moteur des catégories dominantes occidentalisées évoquées ci-dessus. Les McDonald’s
ou le Coca-Cola, les jeans, les baskets, les mots
d’origine anglaise (OK, stop…) illustrent respectivement l’occidentalisation des pratiques alimentaires, vestimentaires et linguistiques.
15. En façonnant notre mode de pensée (représentations du monde par la musique, le cinéma ou les
médias….) et nos comportements (achats de produits de marque…), les FMN américaines (CNN,
Hollywood, McDonald’s….) permettent une domination plus efficace et moins coûteuse que l’occupation militaire.
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Chapitre 11
16. L’expression renvoie au métissage culturel.
17. L’information n’est pas neutre, elle véhicule une
conception du monde qui n’est pas étrangère aux
comportements politiques des citoyens d’États indépendants (manifestations, vote…). La chaîne mondiale d’information El Jazirah financée par des pays
arabes est une réponse à la domination de CNN.
18. La domination culturelle permet la domination économique ; débouchés pour les firmes américaines
mais aussi mode de gestion plutôt orienté vers le
libéralisme (privatisation, déréglementation, diminution des droits douane…).
19. Passage d’un régime démographique traditionnel
(taux de natalité et de fécondité élevés) à un
régime démographique moderne (taux de natalité
et de fécondité faibles).
20. La transition démographique s’explique par des
transformations économiques et socioculturelles.
Ainsi, la scolarisation obligatoire des enfants
transformant les producteurs en consommateurs,
réduit mécaniquement la fécondité ; la sécularisation a eu le même impact en permettant la diffusion des moyens de contraception ; l’amélioration
de l’alimentation, le progrès médical et le progrès
de l’hygiène ont largement contribué à réduire le
taux de mortalité.
21. Selon l’auteur, la transition démographique
actuelle ne s’expliquerait pas par les causes citées
précédemment, mais par une simple imitation des
femmes occidentales dont l’image est largement
diffusée dans les pays des tiers-monde.
22. Les industries culturelles, le tourisme, les migrations et les institutions internationales.
23. Les industries culturelles véhiculent un mode de
vie sécularisé. Les touristes, par leurs comportements vestimentaires et alimentaires (ex. boissons
alcoolisées) incarnent l’affranchissement des
tutelles sociales, religieuses ou familiales. Les
migrants, de retour provisoire ou définitif dans
leur pays d’origine, jouent souvent un rôle leader
et diffusent des valeurs d’autonomie individuelle,
de justice sociale et des pratiques matérialistes.
24. Les aspects positifs de l’occidentalisation : la diffu-
28. Le jazz et le rai sont des musiques syncrétiques, faites d’emprunts et de recompositions de la culture
dominante et dominée.
29. La culture est le produit d’échanges qui débouchent sur des processus de recompositions des
pratiques et des modes de pensée.
30. L’acculturation est le produit d’un échange non
symétrique des cultures : la culture dominée va
s’adapter à la culture dominante, souvent perçue
comme un modèle, et qui de surcroît dispose du
pouvoir économique.
31. Les contacts entre les cultures sont très anciens.
32. Les apports scientifiques des civilisations arabes,
chinoises et indiennes à l’Europe ont été importants aux alentours de l’An mille. Régis Debray
affirme que les pays arabo-musulmans ont connu
« leur Renaissance avant le Moyen Âge » dans
lequel ils se débattraient actuellement.
33. Avec la mondialisation, les échanges culturels et
scientifiques ont enrichi les populations du monde
et ont été un facteur de progrès de l’humanité pour
Amartya Sen.
34. Les échanges matériels étaient limités jusqu’alors
par la lenteur des moyens de transport, alors que
les échanges symboliques étaient plus développés.
35. Nous assistons actuellement à une augmentation
rapide des échanges de biens et de services du fait
des progrès dans le domaine des transports et, surtout, dans les moyens de communication.
36. L’ampleur et la rapidité des transformations due à
la troisième révolution industrielle dans des pays
qui ont à peine connu la seconde ; ce raccourci
technologique n’est pas sans poser des problèmes
culturels (acculturation) et sociaux (manque de
formation) majeurs.
37. Normes : contrôle de soi (arts martiaux, tai-chi…),
pratiques alimentaires, médecines douces.
Valeurs : développement du spiritualisme.
38. Le bouddhisme n’est pas une religion au sens où il
n’est pas fondé sur l’existence de Dieu ; il incite
davantage à une autodiscipline qu’à la soumission
à des règles strictes figées dans les textes sacrés
des trois monothéismes.
sion de l’idéal démocratique qui se caractérise par
l’égalisation des conditions, en particulier entre les
hommes et les femmes, le suffrage universel, le
respect des minorités, la séparation des pouvoirs,
le développement des contre-pouvoirs et, plus
récemment, le respect de l’environnement…
39. La forme et la couleur du voile se sont diversifiées
25. Les industries culturelles ne sont qu’un des élé-
40. Non, cette pratique résulte de l’acculturation dans
ments de la culture.
26. En général, l’acculturation génère le syncrétisme ;
pour s’adapter aux désirs de nombreuses femmes
de valoriser leur apparence en imitant les femmes
occidentales, tout en respectant les contraintes
fixées par la religion.
la mesure ou elle représente une recomposition et
illustre le syncrétisme culturel.
elle peut conduire exceptionnellement à l’ethnocide.
27. Évoquer la mondialisation de la culture est un abus
41. Théâtre de mélange de cultures différentes, le mel-
de langage dans la mesure où, selon l’auteur, une
grande partie des populations des pays du tiersmonde (ex. les populations rurales chinoises, pakistanaises ou somaliennes…) n’a pas accès ou n’est
pas influencée par les grands médias occidentaux.
42. Les NTIC permettent de développer des relations
ting-pot devait conduire à l’adoption de la culture
dominante.
avec les groupes culturels proches malgré l’éloignement géographique (ex. les chaînes de télévi-
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Chapitre 11
sion chinoises sont regardées par les immigrants
de cette origine) et de réactiver sa culture d’origine.
ethniques et les langues pratiquées révèlent
l’influence croissante des minorités culturelles.
Cependant, le modèle culturel américain reste
fondé sur le communautarisme et le modèle dominant demeure celui des WASP (anglo-saxons,
blancs, protestants).
43. Droits respectant les pratiques des communautés,
par exemple les choix alimentaires dans les cantines, ou les choix vestimentaires comme le port du
voile dans les pays anglo-saxons. Les conséquences
peuvent être le développement du communautarisme, la remise en cause de l’assimilation culturelle et,
parfois, des rivalités voire des conflits ethniques.
47. Par les deux forces souvent opposées qui façonnent les États Unis : métissage et communautarisme culturel.
44. Éclectique signifie « diversifiée » ; ici, pratiques culturelles d’origines différentes.
Faites le point
45. L’importance croissante des minorités ethniques a
transformé l’Amérique « blanche » en mosaïque
culturelle.
46. La juxtaposition de nombreuses cultures aux
États-Unis y composerait une « culture monde ».
Les modes alimentaires, les chaînes télévisées
Les facteurs
de l’uniformisation culturelle
Diffusion de produits culturels
1. Vrai / Faux
1. Vrai ; 2. Faux ; 3. Vrai ; 4. Faux ; 5. Vrai ; 6. Vrai ;
7. Vrai ; 8. Faux ; 9. Vrai ; 10. Faux.
2. Complétez le tableau
Les formes
de l’uniformisation culturelle
Occidentalisation du monde
Les exemples de l’uniformisation culturelle
- Élites du tiers-monde formées dans les universités
européennes ou américaines.
- Restauration rapide.
Migrations
Métissage culturel
Tourisme*
Occidentalisation du monde
- Diffusion de coiffure africaine en Europe.
- Festival de cinéma indien à Paris
Sport de glisse sur les mers et les montagnes d’Amérique
du Sud.
II. Le maintien des spécificités culturelles
48. L’accès à la culture occidentale ne concerne que les
catégories occidentalisées.
49. Le niveau élevé du degré d’instruction, le désir
culturelles seraient le produit de la « mondialisation
culturelle ».
d’ouverture culturelle et le souci de distinction
sociale expliquent également l’occidentalisation
des catégories supérieures indiennes.
57. Le multiculturalisme fondé sur la reconnaissance
50. Hétérogénéité culturelle : diversité des normes et
58. Révision des programmes incluant les références
valeurs des groupes sociaux au sein d’une société.
51. La diversité linguistique est dominante. On assiste
à un renouveau des langues régionales dans les
pays développés.
52. Le multiculturalisme ne conduit que rarement à des
conflits ethniques violents.
53. Les pratiques vestimentaires telles que le port du
voile ou du turban, les restaurants cascher ou hallal…
54. Sentiment de vivre dans un même lieu, le monde,
et dans un même temps, le présent.
55. L’Irak, la Turquie ou la Palestine, pays de tradition
laïque où les partis islamistes progressent et où les
pratiques intégristes se développent. De nombreux
chercheurs précisent que cette réislamisation
résulte des trois dernières guerres en terres d’islam
(Régis Debray) et que la réislamisation concerne
également les populations occidentalisées résidant
dans les pays du Nord (Olivier Roy).
130
56. Le maintien, voire la revendication, des spécificités
des différentes cultures favorise l’intégration individuelle et la cohésion sociale.
historiques, culturelles et religieuses propres aux
minorités culturelles ; respect des interdits alimentaires et des prescriptions vestimentaires, comme
le port du voile.
59. Qui provoque l’anxiété. La mondialisation serait
perçue comme anxiogène dans la mesure où les
gagnants (les pays riches) redoutent un déclassement, et les perdants (pays pauvres) une accentuation de la domination.
60. Dans leur pays d’origine mais aussi en Occident
61. L’immigration représenterait, selon l’auteur, un
apport de main-d’œuvre qui fera défaut à l’Europe
dans quelques années, du fait de la faiblesse de la
fécondité.
62. Les pays riches redoutent la concurrence économique qui ne se limite plus aux activités peu qualifiées du fait de la rapide remontée des filières de
pays émergents comme la Chine ou l’Inde. Certains
groupes sociaux craignent également que l’immigration ne remette en cause l’identité nationale.
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63. Pour certains PED, et plus précisément pour certains groupes sociaux, la mondialisation est perçue
comme une nouvelle colonisation. J. Stiglitz rappelle que les perdants et des gagnants de la mondialisation sont aussi bien des pays que des groupes
sociaux, et qu’il est nécessaire que les premiers
bénéficient de l’aide des seconds.
de travail, sécularisation…) ; l’individualisme a
affaibli les solidarités traditionnelles.
76. Non, il s’agit d’un phénomène mondial ; les revendications identitaires proviennent également d’Asie
(Inde, Sri Lanka), d’Afrique (Somalie, Tchad…) et
de pays du Nord (États-Unis, Union européenne,
pays de l’Est).
77. Dans de nombreux pays du Sud, le développement
64. Caractère négatif attribué à une personne ou à un
groupe social. Il peut concerner l’apparence physique (un bossu), l’appartenance à une religion
(un juif ou un musulman), à un groupe d’âge (une
personne âgée….)
65. C’est une réponse à la dévalorisation ; cette attitude permet d’échapper à la disqualification.
n’a pas permis de réduire le chômage, la pauvreté
et les inégalités ; de plus, il est jugé responsable de
l’affaiblissement
d’institutions
intégratrices
(famille, États…).
78. La rivalité de modèles culturels compromet parfois
la socialisation et engendre l’anomie.
66. En affirmant positivement son identité : la campagne de publicité « black is beautifull » a ainsi utilisé
l’africanité. La fierté d’être noir s’est nourrie des
performances médiatisées de sportifs d’origine africaine. On peut évoquer un renversement du stigmate : le caractère distinctif est revendiqué pour ne
plus être perçu négativement (ex. la gay pride).
67. Les médias permettent de recevoir et de diffuser les
informations à l’échelle mondiale ; celles qui proviennent de zones lointaines concernent désormais les individus qui se perçoivent comme les
habitants d’un même espace social.
68. Pour certains, la mondialisation conduira à l’universalisme et à la paix ; pour d’autres, elle suscitera particularisme et conflits.
69. Une grande partie de la population mondiale,
essentiellement rurale, ne dispose ni des moyens
culturels (analphabétisme), ni des moyens matériels pour accéder aux biens et services généralement associés à la mondialisation.
70. Les catégories pauvres des pays pauvres sont soumis à la publicité des grandes firmes mondiales et
côtoient la richesse, sans en bénéficier .On assiste
à une « généralisation des besoins mais pas des
satisfactions » (J. Baudrillard).
71. Ici, la mondialisation culturelle favorise la mondialisation économique : l’uniformisation de la
consommation conduirait à une homogénéisation
de la production.
72. Augmentation des inégalités en Chine mais aussi
aux États-Unis et dans l’Union européenne.
Développement du nationalisme en Russie, mais
également en Corée du Nord et en Europe de l’Est…
73. Tensions et conflits entre l’Occident et de nombreux pays musulmans réactivés par l’intervention
américaine en Irak.
79. Cet élément non pris en compte dans le bilan de la
mondialisation concerne également les pays du
Nord ; l’exploitation politique de tensions internationales (lutte contre le terrorisme) et de l’affaiblissement des identités, peut parfois menacer les
libertés individuelles et, à terme, la démocratie.
80. À E. Durkheim, mais aussi F. Tonnies.
81. La division du travail, présentée comme le moyen
d’augmenter la productivité donc à rationaliser
leurs efforts, a conduit les individus à se spécialiser,
donc à se différencier.
82. Le communautarisme juif ou musulman, en grande
partie alimenté en France par l’exacerbation des
conflits du Moyen-Orient ; l’hindouisme et le bouddhisme s’affirment parfois de façon très violente
(kamikazes, incendies de lieux de cultes, actes de
barbarie...) en Asie. Voir aussi questions 72 et 76.
83. Événements mondiaux (attentats du 11septembre
2001, guerre en Irak en 2003, tsunami en 2005)
souvent dramatiques. Ces événements sont l’occasion, pour une large partie de l’humanité, de
ressentir des émotions semblables et une même
compassion pour les victimes.
84. Non, puisqu’ils favorisent l’expression du chauvinisme et du nationalisme.
85. La coupe du monde de football a des effets contrastés ; elle favorise le rapprochement des peuples
mais la compétition peut également nourrir les
oppositions parfois violentes. Contrairement à ce
qui se passe dans les clubs, en particulier dans les
pays riches où les services des joueurs sont achetés, les joueurs participent à la coupe du monde
dans l’équipe de leur pays d’origine.
86. Les fondamentalistes religieux considèrent que les
valeurs de liberté et de tolérance, en affaiblissant le
contrôle social, génèrent licence, corruption, avidité
et hérésie.
74. Les valeurs universelles de l’époque des Lumières
87. Les islamistes rejettent ce monde nouveau parce
(État de droit, égalisation des conditions, sécularisation, développement des droits individuels…)
sont l’expression d’une culture occidentale parfois
difficilement transposable.
qu’il menace de faire disparaître leur culture. C’est
la menace de la liberté sur la croyance religieuse et
les traditions qui explique cette hostilité.
75. L’industrialisation et son corollaire, l’urbanisation,
ont affecté le mode de vie rural (problèmes de logement, de transport, transformation des conditions
88. Pour l’auteur, le comportement de Mohamed Atta
résulte de la confrontation avec le monde moderne
alors qu’il avait été socialisé dans la tradition ; cela
renvoie à l’analyse d’Hanna Arendt, dans son étude
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du système totalitaire : l’individu anomique, ne parvenant plus à donner un sens à sa vie, va le trouver
dans la quête d’un ordre absolu.
89. Les « nouveaux fronts planétaires du désordre »
représentent les forces qui s’opposent au monde
dominant (les fondamentalismes, les nationalismes
belliqueux…) et celles qui se développent dans
l’ombre (économie souterraine, licite ou illicite).
96. Les guerres de religion opposent des communautés
et donc noient l’individu dans son appartenance
confessionnelle ; de plus, quel que soit le vainqueur, c’est la forme la plus intolérante de la religion qui triomphe.
97. La pauvreté nourrit des frustrations qui s’apaisent
plus facilement au détriment d’un bouc émissaire. Le
faible degré d’instruction explique aussi, en partie, la
moindre sécularisation.
90. La brutalité de la mondialisation néo-libérale nourrit les mouvements d’opposition organisée et multiplie les migrants économiques et politiques.
91. Les gagnants de la mondialisation, à défaut d’aider
les perdants, sont contraints de s’en protéger en
augmentant les dépenses de sécurité individuelle
(protection des biens et des personnes) ou collective (dépenses militaires, policières) et en faisant
voter des lois liberticides.
92. Les conflits du XXIe siècle ne s’expliqueront plus
par des oppositions idéologiques, par le nationalisme ou par le partage des richesses, mais par des
oppositions culturelles plus difficiles à négocier.
93. Selon lui, l’Occident est menacé par les civilisations
confucéenne et islamique ; il doit s’unir, intégrer les
pays qui lui sont culturellement proches, freiner le
développement militaire des pays menaçants et
conserver son avance technologique.
94. Selon l’auteur, cette thèse pêche par sa simplicité.
Les civilisations ne sont pas homogènes : la culture
occidentale est très diversifiée (culture américaine,
française, ibérique…) ; les civilisations ne sont pas
« étanches » : la culture en Occident est actuellement
le produit de métissage de nombreuses cultures.
98. Principe selon lequel il faut préserver les œuvres de
l’esprit des lois du marché pour en garantir la diversité et l’originalité créatrice.
99. Pour défendre les spécificités culturelles, la logique
marchande pousse à la concentration des industries culturelles et donc à la standardisation.
100. Non : ces politiques entravent la concurrence et
limitent le pouvoir des marchés.
101. Le vote de cette convention est une des premières
tentatives de maîtrise de la mondialisation.
102. La diversité culturelle est considérée comme un
élément du patrimoine de l’humanité.
103. Par l’application de ses articles, comme l’article 6
qui autorise le pays menacé à prendre des mesures
de protection et de promotion.
104. Ce qu’une majorité a voté, une autre peut le défaire.
Les industries culturelles sont puissantes et gardent
les moyens de peser sur les choix politiques des
gouvernants ; elles représentent donc une menace
constante pour la diversité culturelle.
Faites le point
95. Non : les guerres de religion ont affecté l’Occident
durant des siècles et plus récemment au Kosovo,
en Bosnie et en Irlande du Nord.
1. Vrai / Faux
1. Faux ; 2. Vrai ; 3. Vrai ; 4. Vrai ; 5. Faux.
2. Complétez un tableau
Les formes du maintien des spécificités culturelles
Multiculturalisme
Enseignements des langues régionales, autorisation du port du
voile, droit au respect des prescriptions alimentaires dans les
cantines.
Intégrisme religieux
Le régime des talibans en Afghanistan, le développement des
mouvements intégristes en Turquie ou en Iran.
Nationalisme
Les réactions nationalistes en Corée du Nord, aux États-Unis, en
Europe de l’Est.
Sujet d’oral 1
Questions préalables
1. Les taux d’équipement des ménages est très faible
dans les pays du Sud ; l’accès à Internet est donc fortement limité sur le plan mondial. Il faut cependant préciser que ce taux augmente très vite et que les cybercafés
se multiplient dans les pays du Sud.
132
Les exemples du maintien des spécificités culturelles
2. La fracture numérique ne se limite pas à l’équipement ;
elle comprend la formation et la participation qui sont
fortement corrélées au degré d’instruction et au taux
d’analphabétisme. La lutte contre cette fracture s’intègre
dans des politiques de développement (politiques d’éducation et de formation étatiques et associatives…).
3. Les NTIC sont essentiellement produites par les pays
développés. En contrôlant largement Internet, en particulier avec le moteur de recherche Google, les États-Unis
orientent le contenu culturel des informations, mais aussi
des connaissances qui y sont diffusées.
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Chapitre 11
Sujet
I. Les NTIC : un instrument de l’uniformisation culturelle
A. Une sur représentation de la culture occidentale
B. Une influence croissante
II. Une uniformisation culturelle limitée
A. Un accès et une utilisation encore limités
B. Les NTIC, un instrument au service du communautarisme
Sujet d’oral 2
Questions préalables
1. Une activité économique en pleine croissance.
Augmentation du nombre de touristes : 800 millions et
doublement prévu dans une quinzaine d’années.
Planétarisation du tourisme avec l’ouverture de nombreux pays pour des raisons économiques et politiques
(ex. Vietnam, Cuba, Chine…).
2. Apport de devises, de revenus pour les ménages et de
recettes fiscales. Activité économique importante en
termes d’emplois (activité faiblement mécanisable), de
valeur ajoutée et de dépenses des ménages.
3. Dégradation des cultures locales en folklore et en
marchandises. Déstructuration des sociétés : affaiblissement des solidarités traditionnelles familiales et villageoises. Développement des emplois serviles et du tourisme sexuel
Sujet
I. Le tourisme facteur de développement des pays d’accueil
A. Apport de revenus et création d’emploi dans les
pays du Nord et du Sud
B. Enrichissement culturel par la diffusion de
l’image d’une femme émancipée dans les pays
traditionnels (Égypte)
C. Ouverture politique des régimes autoritaires :
support de diffusion de l’idéal démocratique
(Chine, Vietnam)
II. Le tourisme obstacle au développement des pays du Sud
A. L’apport économique limité dans les pays du Sud
B. L’activité touristique, fortement dépendante de
l’extérieur, peut difficilement jouer un rôle moteur
comme l’agriculture et l’industrie
C. Un élément de déstructurations socioculturelles
3. Apport économique (voir question n° 3, sujet 2).
Aspect socio culturel : respect des cultures locales et de
l’environnement.
Sujet
I. Les effets négatifs du tourisme sur les pays d’accueil
Voir sujet 2, 2e partie
II. Le tourisme solidaire facteur de développement
A. Au niveau économique
B. Au niveau socio culturel
Question de synthèse
avec travail préparatoire
Travail préparatoire
1. Acculturation : ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact direct et prolongé entre des groupes
sociaux porteurs de cultures différentes. L’acculturation
peut mener à l’assimilation (ou adoption totale de la
nouvelle culture), au syncrétisme (ou métissage culturel), ou à la contre-acculturation (ou refus collectif de la
nouvelle culture et retour à la culture d’origine).
Développement : ensemble des transformations des
structures démographiques, sociales, culturelles et politiques qui accompagnent et souvent facilitent la croissance. Le développement est un phénomène de long
terme, à caractère qualitatif qui déborde largement la
dimension économique.
2. Les zones les plus polluées sont les plus extraverties
et donc les plus industrialisées : l’activité économique
est en grande partie le fait d’entreprises multinationales.
3. Idéal démocratique : l’État de droit, le respect des
minorités et des contre pouvoirs, l’égalisation des
conditions, l’émancipation féminine.
4. Acculturation anxiogène : inquiétude due à la disparition des cadres socioculturels traditionnels, perte
d’identité… Déstructuration sociale : affaiblissement des
institutions intégratrices, individualisme, anomie.
Augmentation de la pauvreté due à la disparition des
solidarités traditionnelles.
5. Rejet de l’Occident jugé responsable de ces déséquilibres : hostilité alimentant les nationalismes et l’intégrisme religieux.
Question de Synthèse
Sujet d’oral 3
Questions préalables
1. Effets contrastés. Effets positifs : idéal démocratique
(voir sujet n° 1). Effets négatifs (voir question n° 3, sujet 2).
2. Tourisme solidaire, partenariat avec les communautés locales, rémunération équitablement partagée entre
les différents acteurs.
I. L’occidentalisation a parfois favorisé le développement
A. Transformations des structures économiques
B. Transformations des structures socioculturelles
II. L’occidentalisation peut menacer le développement
A. Déstructuration sociale
B. Dégradation de l’environnement
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L’Union européenne et la dynamique
de l’intégration régionale
Manuel pages 362 à 385
Objectifs
Familiariser nos élèves avec un thème souvent mal compris, ressenti comme aride et passablement
technique. Si la construction européenne ne jouit pas d’une image très positive aujourd’hui, la faute
en est probablement aux échecs de sa mise en œuvre et aux difficultés qu’elle éprouve à proposer aux
citoyens de l’Europe, et particulièrement aux jeunes, un projet exaltant, mobilisateur d’énergies.
Le personnel politique et les journalistes ont aussi leur part de responsabilité, en prenant souvent
l’Europe comme bouc émissaire de tous les échecs des politiques. Quoiqu’il en soit, il n’est pas inutile
de replacer cette construction dans son contexte historique, afin de comprendre le projet qui, dès
l’origine, a sous-tendu cette construction.
Il s’agit aussi de discerner les grandes évolutions de cette intégration européenne qui, à ce jour,
demeure unique au monde : aucune autre entité régionale n’a réussi à dépasser le stade de la zone de
libre-échange, et d’ailleurs ne s’y est le plus souvent même pas risquée. L’Union européenne, elle, va
beaucoup plus loin ; ses échecs, réels ou apparents, doivent être appréciés au regard de l’immense
ambition qui fut et qui reste largement la sienne, depuis plus de cinquante ans. C’est pourquoi la
deuxième partie s’efforcera de montrer comment l’Union fonctionne (car elle fonctionne !), mais aussi
d’exposer ses défis et ses questions pour aujourd’hui et demain. Car l’Union continue à grandir, à
évoluer et à accueillir de nouveaux membres toujours aussi empressés, ce qui montre bien qu’en dépit
de ses reculs (le rejet du projet de traité en 2005 par la France et les Pays-Bas) l’Union européenne
demeure attractive.
Sensibilisation
Le choix des documents iconographiques traduit le souci
de ne pas trop se prendre au sérieux sur un sujet souvent
ressenti comme peu attrayant. Cela ne veut pas dire
qu’ils ne traitent pas, à leur manière, de sujets sérieux.
Mais la solennité ou le formalisme académique sont trop
souvent de mise pour aborder un sujet tel que celui-ci,
qui nous touche tous dans notre vie quotidienne et dans
notre avenir. Le recul est ici plus qu’ailleurs nécessaire, et
la dérision n’est pas la moins bonne manière de prendre
du recul.
Réponses aux questions
I. L’intégration européenne : un projet historique
134
1.
L’Europe s’est effectivement pacifiée après 1945,
et plus encore après la chute du mur de Berlin, en
1989. Mais il n’y a pas encore de véritable « sénat
européen souverain ». Quant à la vision géopolitique d’un double pôle de développement (européen et américain), elle s’est en effet réalisée
jusque dans les années 1970. D’autres pôles ont
émergé depuis lors.
2.
La vision de Victor Hugo est datée : c’est celle où
l’Europe et les États-Unis ont une mission civilisatrice universelle - qui par ailleurs justifie la colonisation. Elle oublie les autres cultures, ainsi que les
aspects éventuellement négatifs de la croissance.
Elle témoigne aussi d’une foi sans limite - et
quelque peu naïve- en la science.
3.
Du fait d’une histoire ancienne, complexe et
conflictuelle, les fondateurs de l’Europe ne
croyaient guère aux idéologies, mais plutôt à la
vertu des petites réalisations communes - économiques, culturelles - créant des liens concrets.
4.
L’objectif prioritaire assigné à la construction
européenne est de rendre désormais les guerres
impossibles entre nations européennes.
5.
Il s’agit de créer une « solidarité de production », en
d’autres termes une complémentarité des firmes et
des économies européennes, en commençant par
le charbon et l’acier. On peut penser que Robert
Schuman avait aussi en tête le « doux commerce »
cher à Adam Smith, ainsi que les propos de Ricardo
sur le même sujet : le commerce adoucit les mœurs
des nations et freine les velléités guerrières.
6.
Le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade,
1947) était un simple accord servant de cadre à
des négociations périodiques (rounds) entre ses
membres. L’OMC, qui lui a succédé en 1995, est
une véritable organisation permanente, aux
pouvoirs accrus.
À l’intérieur d’une zone de libre-échange, les marchandises, voire les services circulent sans droit
de douane. Une union douanière ajoute un tarif
extérieur commun vis-à-vis des importations
venant de l’extérieur de la zone, ce qui implique
un début de concertation pour établir une politique commerciale commune.
7.
Dans le cadre de l’union douanière, on se limite à
assurer la libre circulation des marchandises par
la suppression des barrières douanières au sein de
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Chapitre 12
l’Union et la mise en place d’un tarif extérieur
commun. Dans le cadre d’un marché commun, on
cherche à assurer la libre circulation des facteurs
de production (travail et capital) et pas seulement
des marchandises, ce qui montre bien que la création d’un marché commun procède des mêmes
avantages que le libre-échange.
8.
9.
Pour certains auteurs néo-classiques, l’intégration
économique favorise la croissance et le bien-être,
bien mieux que le protectionnisme. Elle se traduit
en principe par une allocation optimale des
ressources productives notamment par la création
de trafic. On parle de création de trafic pour
traduire le fait qu’on remplace les anciens producteurs nationaux par de nouveaux producteurs
appartenant à la zone et qui ont des coûts de production moins élevés. Mais, pour certains auteurs,
l’intégration économique peut aussi générer des
détournements de trafic. En effet, l’intégration
économique et le TEC peuvent conduire certains
pays membres à s’approvisionner à l’intérieur de
la zone alors qu’il serait possible de le faire à
l’extérieur de la zone à un coût plus bas, d’où une
perte d’efficience. C’est le cas en matière agricole
pour les résidents de l’Union européenne.
Traditionnellement, l’intégration économique
entraîne un accroissement des flux d’échanges
commerciaux à l’intérieur de l’Union et réduit ceux
entre l’Union et l’extérieur (création de
trafic : préférence communautaire). Cet accroissement des échanges commerciaux entre les nations
participant à cette union se traduit alors par une plus
grande convergence des situations économiques.
plus grande encore des échanges mexicains. Pour le
Mexique, au contraire, la tendance à n’être qu’un
lieu de production pour le marché américain et un
lieu d’accueil pour les investissements des firmes
américaines s’accentue ; mais le pays perd une part
supplémentaire de son autonomie.
14. Le Mexique - voire le Canada - doit renoncer à un
certain nombre d’échanges avec le reste du
monde (importations comme exportations) qui
auraient été économiquement plus efficients.
C’est la conséquence de la préférence donnée aux
échanges avec les États-Unis.
15. Il n’y avait pas un tel déséquilibre entre les nations
européennes fondatrices : l’Italie, la France et la
RFA pesaient alors d’un poids approximativement
équivalent. Et les trois autres pays constituaient
déjà un ensemble économique de poids, unifiés
dans le Benelux.
16. - Zone de libre-échange : commence avec la CECA
(1951), achevée au début des années 1960.
- Union douanière : commence avec le traité de
Rome, achevée au milieu des années 1960.
- Marché commun : mis en chantier avec les
débuts de la PAC (1962), mais achevé seulement et encore incomplètement - avec le Marché
unique, au début des années 1990.
- UEM : mise en place en 1999, complètement
réalisée en 2002 par la circulation de l’euro fiduciaire, mais évidemment seulement pour les seuls
pays membres de la zone euro.
- Union politique : elle est encore loin d’être réalisée.
Même le projet de Constitution européenne rejeté
par les français et les néerlandais en 2005 n’était
encore qu’une étape vers cette union politique.
10. Un tarif extérieur commun (TEC) nécessite une
définition commune, donc un accord périodiquement révisable entre les membres de l’union
douanière. C’est encore plus vrai pour un Marché
commun, pour lequel des institutions permanentes sont cette fois nécessaires. Une union économique et monétaire justifie la mise en place d’une
Banque centrale (aujourd’hui la BCE, à Francfort),
au moins pour établir des taux directeurs.
17. La question n’a toujours pas été tranchée à ce
11. Le TEC qui caractérise une union douanière cons-
jour ; plus grave, elle n’a pas non plus été véritablement posée aux citoyens européens. Faut-il
aller vers une Europe des États (on parle aussi
d’Europe des nations, des patries, bien que tous
ces termes ne recouvrent pas des réalités identiques) ou vers une véritable fédération européenne des États-Unis d’Europe, comme le suggère la
dernière phrase du texte ?
titue bien une protection douanière, d’essence
protectionniste.
18. L’UEM, avec ses politiques économiques commu-
12. Le passé compliqué et conflictuel entre les pays
européens (voir question 3) justifie que l’on ait
commencé par des réalisations communes commerciales plutôt que politiques. Même en
Allemagne au milieu du XIXe siècle, on a commencé par édifier un marché commun (le
Zollverein), quoiqu’il y eût pourtant unité linguistique, ce qui n’est pas le cas de l’Europe. Quant
aux États-Unis, c’était au XVIIIe siècle un pays
neuf où les fondateurs ont pu à loisir édifier des
institutions politiques nouvelles.
13. L’exemple de l’ALENA (NAFTA en anglais) montre
qu’une telle union profite principalement au pays
ayant au départ une position hégémonique. La situation déséquilibrée au départ a permis aux États-Unis
de conforter leur position dominante en délocalisant
certaines de leurs productions et en captant une part
nes, ses transferts de souveraineté et, surtout, sa
monnaie unique, va beaucoup plus loin que le
projet initial.
19. - Les marchés publics ont longtemps été et restent
encore largement réservés aux entreprises locales
(c’est-à-dire nationales), ne serait-ce que pour des
raisons d’emploi.
- Plusieurs pays (dont la France) ont longtemps
répugné à renoncer à l’arme du contrôle des
changes et à la politique des taux de changes, qui
constituait pour eux un outil commode pour corriger
les effets d’une inflation plus forte ou d’une économie moins compétitive qu’ailleurs.
- Chaque pays répugnait à renoncer à ses propres
normes (de fabrication, sanitaires, d’étiquetage,
etc.) qu’il justifiait par des raisons spécifiques ou
par le respect de traditions anciennes.
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Chapitre 12
20. La culture anglo-saxonne est imprégnée par le
concept de concurrence et de compétition ; il y a
une méfiance ancestrale envers l’État, suspecté
d’entraver les libertés et de compromettre le fonctionnement optimal du marché. La culture latine
et surtout française, s’appuyant sur une histoire
différente, voit au contraire dans l’État le garant
contre les excès du marché et le représentant de
l’intérêt général. On le constate à propos des services publics ou à propos de la libéralisation des
échanges de services (les polémiques à propos de
la « circulaire Bolkestein »). Il en va de même à
propos des subventions communautaires.
21. Les frontières physiques sont matérialisées par
des postes de douane où sont effectués des
contrôles sur les marchandises détenues par les
passagers et les transporteurs. Ces contrôles
douaniers peuvent être fixes ou volants et ils
remontent à l’Antiquité, depuis du moins qu’existent des États. Les barrières non tarifaires peuvent
consister en quotas, contingentements, et surtout
en normes techniques de tous ordres. Ces dernières peuvent éventuellement être justifiées par des
considérations de sécurité ou de loyauté de la
concurrence, mais elles servent facilement de prétexte au pur et simple protectionnisme.
22. Ces trois « frontières » entraînent en réalité des distorsions de concurrence et des détournements de
trafic, au détriment des consommateurs. Elles peuvent entraîner aussi des rancoeurs nationalistes.
cas, ou presque, aux États-Unis, mais ce pays s’autorise, au besoin, des déficits budgétaires bien
supérieurs (plus de 6 % du PIB) à la limite prévue
dans la zone euro. Il est vrai que les États-Unis
n’ont pas une dette publique comparable à celle de
nombreux pays européens, où le service de la dette
représente une contrainte budgétaire majeure.
25. D’une part, la convergence des politiques économiques et plus particulièrement des politiques
budgétaires ; d’autre part dégager des marges de
manœuvre pour des interventions publiques, dans
le but d’amortir les « à-coups » de la conjoncture.
26. Les commissaires européens sont des fonctionnaires, ils restent longtemps en poste, ils sont
relativement indépendants puisque n’étant pas
élus, ils n’ont pas à se préoccuper de plaire à tel
ou tel groupe de pression ou telle catégorie d’électeurs. Ils sont donc très au fait des dossiers.
Mais ils n’ont pas de légitimité démocratique,
n’étant pas élus. Les ministres sont, eux, issus du
suffrage universel, directement ou non ; mais leur
fonction est précaire, ils n’y demeurent pas toujours longtemps, ils sont accaparés par leurs différentes activités politiques (surtout en France, avec
le cumul des mandats d’élus). Ils n’ont donc pas
toujours le temps d’acquérir la compétence technique nécessaire sur leurs dossiers.
27. Voir le schéma-bilan dans le manuel, page 382.
23. Le déficit budgétaire, au sens strict, est le solde
(négatif) des recettes et dépenses totales (fonctionnement, transferts et investissement) de l’État
(central). Le déficit public envisage l’ensemble des
dépenses et recettes de toutes les administrations
publiques : administrations centrales, collectivités
locales, organismes de protection sociale obligatoire. Cela permet de comparer des soldes de pays
dont les administrations publiques ont une composition différente privilégiant l’une ou l’autre des
trois composantes énumérées ci-dessus. Par
exemple, la France donne un poids élevé à l’État
central ainsi qu’aux organismes de protection
sociale obligatoire, type sécurité sociale.
L’Allemagne, comme tous les États fédéraux,
donne un poids élevé au budget des collectivités
locales (Länder, etc.). Selon la définition européenne, l’endettement public est donc la somme
de l’endettement de toutes les administrations
publiques. On rappelle que les APU sont les agents
économiques dont le financement est assuré
essentiellement par des prélèvements obligatoires
(impôts et cotisations sociales obligatoires).
24. Le déficit budgétaire qui apparaît normalement en
période de récession (par la diminution des recettes
fiscales) joue un rôle de relance par la demande
publique. Inversement, l’excédent qui résulte d’une
augmentation des recettes fiscales en période
d’accélération de la croissance joue un rôle
contracyclique de frein et ralentit automatiquement la croissance - ainsi que les risques d’inflation qui s’y attachent. Encore faut-il qu’il existe des
marges de manœuvre, et donc que le solde budgétaire soit, en moyenne, proche de zéro. C’est le
136
Faites le point
1. Vrai / faux
1. Faux ; 2. Faux ; 3. Vrai ; 4. Vrai ; 5. Faux ; 6. Vrai.
2. Complétez un texte
L’acte fondateur de l’Union européenne se situe en 1957,
lors du traité de Rome. Les six pays fondateurs avaient
en tête un projet politique, mais ils jugèrent plus opportun de commencer par une intégration économique et
plus spécialement commerciale. De toute façon, l’intégration économique et plus spécialement les politiques
communes (en particulier la PAC) supposaient une
concertation toujours plus poussée afin de coordonner
les politiques des différents membres. D’ailleurs, la
meilleure preuve qu’une dimension politique figurait
dans le projet communautaire, c’est que trois pays du sud
de l’Europe ne purent être admis que lorsque ils furent
sortis de la dictature : l’Espagne, la Grèce et le Portugal.
L’unification monétaire fut explicitement programmée
en 1991, lors du traité de Maastricht. Mais il fallut encore de nombreuses années pour que la convergence produise ses effets ; onze États purent alors adopter l’euro
comme monnaie unique, leur banque centrale siégeant
à Francfort et étant indépendante. L’adhésion la plus
massive à l’Union européenne se produisit toutefois au
début du 21e siècle, lorsque dix pays majoritairement
d’Europe de l’Est furent admis d’un seul coup. Mais les
institutions actuelles, qui n’ont pas été révisées depuis le
traité de Nice, montrent aujourd’hui leurs limites.
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Chapitre 12
II. Les défis pour l’Europe de demain
28. L’auteur déplore la reconnaissance du gaélique et,
plus généralement, la multiplication des langues officielles dans l’Union. Le coût des traductions devient
toujours plus important pour les traductions simultanées lors des conférences, pour les travaux et documents communautaires de toutes sortes. Il devient
très difficile, voire impossible, de trouver des traducteurs entre deux langues « rares ». On peut craindre
les revendications pour la reconnaissance d’autres
langues dites régionales telles que le basque, le corse
ou le lapon… Toutefois l’auteur fait implicitement
une distinction entre langues majeures (le français,
l’anglais, l’allemand…) et mineures. Il s’agit là d’un
jugement de valeur qui ne s’appuie pas sur un critère objectif. Par ailleurs, le gaélique est officiellement
reconnu comme une des deux langues nationales de
l’Eire, ce qui n’est pas le cas de l’occitan ou du galicien qui n’ont statut que de langues régionales. Il y a
là une distinction juridique majeure qui exclut le
risque d’extension. Enfin, l’auteur semble ignorer la
dimension identitaire d’une langue : en la niant ou en
la reléguant à un rang mineur, ce sont toute une culture, un peuple et son histoire, qui peuvent ainsi légitimement se sentir méprisés.
on pourrait objecter qu’il faut laisser chaque pays,
selon sa culture et ses traditions propres, libre de
traiter ces questions comme il l’entend. Cependant,
dans ce dernier cas, il y a le risque de « dumping
social » : un pays qui dépense plus en matière de
couverture sociale risque de perdre des emplois et
des investissements par manque de compétitivité. Il
y aurait alors une prime aux pays moins protecteurs, tandis que les plus les plus avancés dans ce
domaine seraient submergés par l’immigration.
Faut-il, comme les Britanniques, considérer que la
protection sociale est un élément de concurrence
parmi d’autres et qu’il convient de laisser dans ce
domaine chaque pays libre de ses choix ?
34. L’idée de « dumping juridique et social » signifie un
nivellement par le bas de tous les systèmes de
protection sociale et du droit du travail dans les
différents membres de l’Union, puisque la protection sociale a un coût qui obère nécessairement la
compétitivité des entreprises. À l’extrême, ce
serait le triomphe du « capitalisme sauvage », une
sorte de retour très loin en arrière.
35. En ce qui concerne la « qualité » des services pro29. Le « non » a recueilli 55 % des suffrages exprimés
(37 % contre 31 % des inscrits). Mais on peut dire
aussi que seulement un gros tiers des français se
sont exprimés contre le projet proposé.
30. Le vote « oui » est plutôt celui des électeurs âgés,
d’un niveau d’études élevé, cadres ou enseignants,
plutôt de droite ou modérés. Le vote « non » caractérise plutôt les électeurs jeunes, de classes populaire, peu instruits et politiquement situés aux extrêmes (de gauche ou de droite). Le sexe joue peu ; les
faibles différences constatées selon ce critère
s’expliquent par la différence de niveau d’études
(les femmes des générations de plus de 40 ans sont
en moyenne moins diplômées que les hommes).
31. Les résultats sont parfaitement cohérents : le
« non » est un vote corrélé à un faible niveau
d’études et à une position sociale plutôt en dessous
de la moyenne. Le vote ouvrier, autrefois favorable
à la gauche parlementaire (partis communiste et
socialiste) est fréquemment aujourd’hui tourné
vers l’extrême gauche et surtout le Front national.
32.
Lois européennes
Lois nationales
- Politique monétaire
- Éducation
- Règles de concurrence
- Culture
- Commerce extérieur
- Protection sociale
- Environnement
- Fiscalité
- Agriculture
- Emploi
- Immigration
33.
- Politique étrangère
Les problèmes à traiter en matière de protection
sociale - énumérés dans la question - sont ou
seront à peu près les mêmes dans tous les pays
d’Europe ; à ce titre ils pourraient être traités de
manière commune, ou plutôt communautaire. Mais
posés, et en particulier leur conformité avec certains principes éthiques ou avec certains acquis
sociaux qui sont le fruit de longues luttes historiques, il apparaît légitime que les États puissent
conserver au moins un droit de regard.
36. Jusqu’à la Renaissance, les « élites » n’étaient pas
spécialisées par domaine, et tel maître était reconnu à la fois comme philosophe, artiste, savant, écrivain, architecte ou théologien. La Renaissance hérite de l’Europe des monastères et des universités ;
elle y ajoute des mécènes dans l’Italie du
Quattrocento. La formation et l’établissement de
ces élites se faisaient indifféremment dans les différents pôles artistiques et intellectuels d’Europe,
selon la bienveillance de tel ou tel mécène, ou le
degré de liberté pour la création. Les maîtres, très
demandés, étaient amenés à circuler dans toute
l’Europe, s’influençant mutuellement, et les étudiants les suivaient. C’était d’autant plus naturel
que l’enseignement académique se faisait dans
une langue commune (le latin).
37. Il est manifeste que la foi en l’Europe, l’enthousiasme pour la construction européenne, n’ont pas
beaucoup progressé - sinon pas du tout- depuis les
années 1950. Bien au contraire, beaucoup de gens
rendent l’Europe responsable de leurs maux :
l’Europe, de l’avis de beaucoup n’a pas tenu toutes
ses promesses (voir questions. 38 et 39). De plus, la
connaissance mutuelle des peuples européens et
de leurs cultures respectives n’a pas progressé, si
ce n’est par le développement du tourisme. En particulier, la connaissance d’autres langues étrangères n’a guère fait de progrès, du moins dans les
« poids lourds » de l’Europe (France, Italie,
Allemagne, Royaume-Uni). C’est pourquoi les
séjours d’étudiants à l’étranger peuvent être un bon
moyen de relancer cette mutuelle connaissance
des peuples. Le film L’Auberge espagnole illustre
cet espoir. Ces échanges impulsés par Erasmus
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Chapitre 12
concerneront seulement la partie de la jeunesse qui
fait des études d’un certain niveau comportant des
stages et années d’études à l’étranger. L’autre partie restera confinée dans ses références nationales
et même le plus souvent locales.
ces, éloignées des réalités de la vie des gens. C’est
l’effet d’une communication insuffisante non pas
quantitativement (la Commission et le Parlement
européen communiquent beaucoup d’informations), mais qualitative : la Commissaire chargée de
la communication le reconnaît elle-même.
38. Ce sont les catégories populaires et plus particuliè-
45. Les électeurs européens sont peu motivés pour
rement les ouvriers, petits commerçants et artisans,
employés et agriculteurs, qui sont les plus eurosceptiques. Plus généralement aussi, les catégories
les moins instruites (voir questions 29 à 31). Cela
concerne bien sûr en priorité les questions économiques et sociales qui touchent de près à la vie des
gens. En d’autres termes, les catégories les plus touchées par le chômage et le manque de pouvoir d’achat - phénomènes communs à l’ensemble des
pays de l’Union, à des degrés divers - ont tendance
à en rendre l’Europe responsable, parfois au mépris
de toute rigueur, comme dans le cas de l’euro que
beaucoup de Français rendent responsable d’une
montée des prix (non détectée par l’INSEE).
aller voter et désigner des représentants à des
institutions dont ils mettent en doute aussi bien
l’utilité que l’efficacité ou la compétence.
39. Cette désaffection s’explique par le dépit : on
attendait beaucoup de l’Europe et en particulier la
prospérité économique. Non seulement cet objectif est loin d’être atteint, mais l’Union, et particulièrement la zone euro, souffrent de la comparaison avec des pays similaires : les États-Unis ou le
Canada ont un chômage bien plus faible et une
croissance plus forte que les pays de l’Union ; la
Chine ou l’Inde ont une forte croissance, et même
les membres « hors zone euro » comme le
Royaume-Uni ont, sur l’ensemble des ces dernières années, des résultats meilleurs, en particulier
en matière de résorption du chômage. Certains
responsables politiques eux-mêmes se servent de
l’Europe comme bouc émissaire à des fins électorales… Cela n’améliore donc pas l’image de
l’Europe dans l’esprit des citoyens de l’Union.
40. Dans la confédération, chaque État demeure souverain : la confédération n’est qu’une union
d’États qui ont décidé de mettre certaines fonctions
en commun, par exemple la diplomatie et la défense. La fédération suppose un transfert de souveraineté beaucoup plus important vers l’État fédéral.
41. L’Europe est bien plus proche du modèle confédéral, mais elle l’est « par défaut » ; cela ne résulte
pas d’une décision délibérée mais d’un refus de
considérer la question, du moins jusqu’à ce jour.
46. Les citoyens des pays d’Europe se sentent-ils aussi
citoyens européens ? Ils savent appartenir à
l’Europe territorialement et juridiquement, mais
ne ressentent pas pour autant un sentiment de
citoyenneté que l’Union n’a pas vraiment réussi à
susciter jusqu’à présent, du moins chez la majorité des ses ressortissants. Un Poitevin ou un
Auvergnat au XVe siècle savait qu’il était français
en ce sens qu’il dépendait du roi de France (dont il
ne parlait le plus souvent pas la langue), mais cela
restait pour lui abstrait, et beaucoup moins réel
que la référence à son seigneur local…
47. Non, parce qu’ils s’agit de problèmes de fond : les
remettre éternellement à plus tard ne fait que permettre l’émergence d’idées et de représentations
fausses, voire fantasmatiques. De plus il n’y a
aucune chance qu’un consensus émerge spontanément sur ces questions. Enfin, il y a aussi, de la
part des dirigeants européens, le sentiment que
ces questions étaient trop ardues pour le citoyen
lambda… en somme, une certaine suffisance
envers les citoyens « de base ». Comme si la base
de la démocratie n’était pas, justement, d’expliquer aussi simplement que possible les enjeux
sous-jacents aux questions difficiles afin d’associer les citoyens à la préparation des décisions.
48. Un ensemble européen politiquement unifié
représente un défit plus difficile que ne le fut la
constitution des États-Unis d’Amérique, pays neuf
dont les citoyens, immigrants ou descendants
d’immigrants, voulaient s’affranchir des cadres
politiques qu’ils avaient laissés derrière eux. En
Europe, il faudra composer avec une longue histoire faite de guerres, de cultures, de langues et de
traditions différentes… Aucun des États des ÉtatsUnis d’Amérique n’a prétendu être une nation.
Seules le pourraient les nations indiennes dont le
cas a été réglé au XIXe siècle par la guerre, la
répression et la déportation.
42. Sauf les cas particuliers de la Belgique et de
l’Italie, la participation est beaucoup plus faible
pour les élections européennes. Les citoyens se
sentent moins concernés par des élections pour
un pouvoir perçu comme lointain et dont on
connaît mal les limites et les domaines de compétence. Il y a de plus un véritable déficit de communication et le citoyen ne perçoit pas les véritables enjeux de ces élections.
43. Les exemples de nouveaux membres figurant
dans le tableau (Estonie, Lettonie, République
tchèque, Pologne) ne marquent aucune différence
significative avec les membres plus anciens.
44. Les institutions européennes ont bien une image
négative : bureaucratiques, dispendieuses, ineffica-
138
49. L’élargissement est nécessaire politiquement afin
de donner à l’Europe la taille nécessaire pour soutenir la comparaison des grandes puissances
d’aujourd’hui (États-Unis, Russie) et de demain
(Chine, Inde). Cela se traduit aussi en termes
diplomatiques et militaires.
50. Les nouveaux entrants constituent un vaste marché, permettant des économies d’échelle. Ils peuvent aussi, selon les cas, constituer une ressource
de main-d’œuvre pour une Europe occidentale
touchée par le déclin démographique.
51. Comment gérer une aussi forte disparité de
niveaux de vie dans un même espace ouvert ? N’y
a-t-il pas un risque d’excès de migrations intraeuropéennes ? Il est vrai que certains anciens
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membres de l’UE connaissent déjà de telles disparités sur leur territoire (le nord et le sud de l’Italie).
Le risque de délocalisations massives dans certains secteurs ; mais, celles-ci ont été de fait déjà
largement engagées, bien avant l’adhésion des
pays d’Europe centrale.
Le problème du partage des subventions et aides
européennes, en particulier à l’agriculture, au tourisme, aux régions pauvres… Les sommes disponibles n’étant pas indéfiniment extensibles, les
anciens membres jusque-là bénéficiaires, risquent
de l’être beaucoup moins désormais.
Enfin, le problème de la prise de décision reste
entier après que le projet de Constitution qui prétendait apporter certaines solutions partielles a été
rejeté par la France et les Pays-bas. À ce jour, c’est
le traité de Nice qui prévaut, avec ses procédures
inefficaces et contestées. Faute d’une modernisation radicale des procédures de décisions, l’Europe
est progressivement condamnée à l’impuissance.
52. Pour un « vieux pays », le déclin démographique
compromet l’équilibre des régimes sociaux. Du
côté des recettes, puisque le nombre d’actifs, donc
de cotisants, stagne ou même diminue, et plus
encore leur part dans la population totale ; du côté
des dépenses, puisque le vieillissement accroît
inexorablement le nombre de personnes âgées et,
corrélativement, les dépenses de santé. C’est donc
l’ensemble des régimes sociaux, à l’exception des
prestations familiales, qui sont mis en péril : couverture maladie-invalidité, régimes de retraites,
couverture chômage. Et ce, quel que soit techniquement le régime de couverture sociale, qu’il se
rapproche des régimes beveridgien ou bismarckien. L’apport des immigrés apporte un surcroît de
recettes car il s’agit d’une population majoritairement jeunes, peu « consommatrice » de prestations
de santé et moins encore de pensions de retraite.
53. Les catégories populaires (ouvriers, employés,
personnel de services aux particuliers) entrent évidemment en concurrence avec la population
immigrée. La remontée des partis nationalistes et
d’extrême droite dans une partie de l’Europe, s’explique largement ainsi. En Grande-Bretagne, il y a
dix ans, l’immigration n’était pas encore un thème
de politique intérieure.
54. Voir question 51. Quelle pondération des votes faudra-t-il adopter pour qu’aucun petit pays ne se sente
exclu des décisions sans pour autant bloquer ou de
ralentir les processus de décision communautaires ?
Peut-être un système hybride, avec une double
représentation, comme au Congrès américain ?
55. Les nouveaux membres, dont les systèmes de protection sociale et plus généralement les réglementations - par exemple en matière de plafonnement
de la durée du travail - sont beaucoup moins
anciens et beaucoup moins stricts, ont tout à
gagner d’une libéralisation : du point de vue des
coûts, ils sont plus compétitifs, surtout dans les
activités à forte intensité de main-d’œuvre comme
le sont de nombreux services.
56. Chaque pays campe sur ses positions et ne cherche
que son intérêt propre et à court terme, sans un
véritable projet commun, condition pourtant
indispensable pour accepter les compromis néces-
saires. Dans ces conditions, l’avenir politique de
l’Union est sombre.
57. L’entrée dans l’Union suppose un certain nombre de
nouvelles dépenses publiques (équipements collectifs, éducation…) ; en même temps, la vétusté des
entreprises industrielles les rend non compétitives,
ce qui entraîne du chômage (accentué par l’exode
rural) : d’où une baisse des revenus et donc des
recettes fiscales. Ce déséquilibre entraîne dans un
premier temps un déficit budgétaire. Ce déficit oblige l’État à emprunter ; à cette demande de crédits
s’ajoute celle des ménages, du moins pour les classes moyenne et moyenne supérieure touchées par
la « société de consommation ». Mécaniquement le
loyer de l’argent a donc tendance à monter. Enfin,
la hausse rapide de la consommation combinée
avec une trop forte création monétaire résultant de
la poussée du volume des crédits accordés, se traduit par une double poussée inflationniste : par la
demande et monétaire.
58. L’entrée dans l’Union représente pour ces pays
l’accès à un vaste marché en même temps que des
possibilités accrues d’investissements étrangers
sur leur territoire national. La concurrence,
comme toujours, joue aussi un effet stimulant sur
l’économie. Par ailleurs, l’inflation favorise les
consommateurs (à crédit) et les investisseurs, et le
déficit budgétaire joue un rôle de relance keynésienne. En revanche, évidemment, le chômage
favorise dans les couches populaires le repli identitaire et nationaliste, ainsi que le retour en grâce
des nostalgiques de l’époque communiste.
Faites le point
1. Vrai / Faux
1. Vrai ; 2. Faux ; 3. Vrai ; 4. Faux ; 5. Faux ; 6. Vrai ;
7. Faux ; 8. Vrai.
2. Synthétisez
• Point 1 : Faut-il harmoniser toutes les réglementations ?
Arguments « pour » :
- Il faut éviter à tout prix le « dumping social », qui
conduit au nivellement par le bas.
- Jouer sur la protection sociale et le droit du travail,
c’est faire de la concurrence déloyale…
- …ce qui conduirait à des attitudes xénophobes et antieuropéennes dans une partie de la population (en fait, la
plus défavorisée).
- Il faut au contraire « niveler par le haut » : les acquis
sociaux des pays socialement les plus avancés doivent
être étendus à tous les citoyens de l’Union.
Arguments « contre » :
- La réglementation du travail et la protection sociale ne
constituent qu’un élément de concurrence parmi
d’autres, il n’y a pas lieu d’en faire un élément intangible.
- C’est le marché et lui seul qui désignera les pays dont
les règles sont les plus efficaces.
- Chaque pays a su dégager, au cours de son histoire, les
cadres juridiques qui lui convenaient le mieux, compte
tenu de ses particularités. Vouloir tout uniformiser, c’est
être à coup sûr inefficace.
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• Point 2 : Jusqu’où faut-il pousser l’intégration politique ?
Arguments pour une simple zone de libre-échange,
éventuellement renforcée :
- Les différences culturelles sont trop importantes au
sein de l’Union pour espérer réaliser une véritable intégration politique.
- Les peuples - et plus encore les gouvernements - se
refuseront à certains abandons de souveraineté.
- Il n’y a pas de projet politique commun qui puisse permettre de dépasser les égoïsmes nationaux.
- Ce qui fait la force et l’originalité de l’Europe, c’est sa
diversité. Des États-Unis d’Europe constitueraient un
ensemble affadi et affaibli économiquement et politiquement.
- Le simple problème du choix des gouvernants est
insoluble : les français ne veulent pas être dirigés par un
suédois, ni les italiens par un anglais.
Arguments pour une intégration politique poussée :
- Les menaces de guerre ne peuvent être considérées
comme appartenant définitivement au passé.
- Diplomatiquement et militairement, aucun pays
d’Europe ne peut plus prétendre jouer un rôle majeur
dans le monde, face aux différents « géants » ; l’Europe
unie, si.
- L’Europe s’est jusqu’à présent constituée dans une
dynamique de construction ; si elle renonce à avancer
davantage, elle reculera. Il faut un nouveau projet mobilisateur.
- Dans un passé lointain (voir réponse à la question 36),
les peuples d’Europe acceptaient parfaitement d’être
dirigés par un souverain étranger, et les élites s’interpénétraient, conscientes d’appartenir à une culture commune. Les nationalismes des deux siècles précédents
doivent maintenant être dépassés.
Sujet d’oral 1
Questions préalables
1. L’UEM cumule les caractéristiques d’un marché commun (libre-échange interne, tarif extérieur commun,
politiques communes sur certains sujets), une harmonisation des politiques économiques, et une monnaie
unique. La convergence des économies est un des
objectifs de Maastricht, en particulier en matière de déficit budgétaire, d’inflation, de dette publique et de taux
d’intérêts.
2. L’euro a effectivement favorisé une convergence des
économies en empêchant les pays membres d’utiliser
l’arme monétaire pour couvrir leurs errements ou leurs
échecs. Les différentes économies ont convergé, mais
en partageant une croissance molle.
3. Le traité d’Amsterdam consacre des principes fondamentaux, des valeurs communes issues de la culture
européenne et des règles protégeant les droits des individus.
II. L’Europe, une construction sociale
A. Des principes démocratiques communs…
B. …pour une Europe sociale, conformément au
vœu des « pères fondateurs »
Sujet d’oral 2
Questions préalables
1. La, citoyenneté européenne suppose chez les individus la conscience d’une identité européenne et non pas
seulement nationale. Elle implique, comme toute
citoyenneté, une communauté de références historiques
et culturelles, ainsi que des droits et des devoirs. Un
modèle social est un terme général désignant un
ensemble cohérent de droits sociaux individuels et collectifs, ainsi que les institutions permettant de mettre
ces droits en application.
2. Le citoyen européen a un certain nombre de droits fondamentaux (souvent résumés dans le concept d’État-providence : couverture maladie et invalidité, protection de
la mère et de l’enfant, couverture chômage, retraite…).
Il dispose aussi de libertés fondamentales, telles
qu’énumérées dans le document 2.
3. Les différents modèles nationaux sont très différents
dans leur principe (beaucoup plus libéral dans certains
pays comme le Royaume-Uni et l’Autriche), mais aussi
dans leur mode de financement (en particulier la distinction classique entre les modèles beveridgien et
bismarckien).
Sujet
I. L’Europe sociale, un projet démocratique
A. La protection sociale moderne est née en
Europe
B. La protection sociale constitue un projet cohérent avec les principes fondateurs de l’Union
II. Une construction qui reste inachevée
A. L’hétérogénéité des systèmes sociaux résulte de
cultures et d’histoires différentes
B. Les fortes différences dans les législations du
travail reflètent aussi des valeurs différentes
Question de synthèse
avec travail préparatoire 1
Travail préparatoire
1. On attendait de l’intégration européenne des avantages en terme d’offre (économies d’échelle grâce à un
marché plus étendu, progrès de productivité), ainsi que
sur le plan commercial, avec des créations de trafic et
une concurrence stimulante. Au total une croissance
plus soutenue.
I. L’Europe, un processus d’intégration économique
A. Des principes communs d’équilibre économique et de « saine gestion », formalisés dans les
critères de convergence
2. Faute de projets communs et de synergies décisives,
faute aussi d’objectifs clairs, les pays et les firmes se
font concurrence plutôt qu’ils ne joignent leurs forces
face à la concurrence extérieure. De plus, l’Europe se
protège moins que ses principaux rivaux de la concurrence internationale, et les entreprises européennes
sont plus souvent price takers que price makers.
B. Objectifs : créer un espace de libre concurrence
entre des économies à niveau de vie et de productivité voisins
Le Royaume-Uni se caractérise par une forte productivité horaire, un taux d’emploi élevé et des salaires très
élevés (conséquence d’un niveau élevé de qualification
Sujet
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de la main-d’œuvre, du moins celle qui travaille à temps
plein !). La Pologne garde des spécificités post-soviétiques : faible taux d’emploi (qui résulte aussi d’un chômage élevé), faible productivité, faibles salaires.
3. Cette harmonisation sera longue, les différences sont
énormes en termes de productivité et de salaires (même
en PPA). Rapports entre pays extrêmes : de 1 à 2,4 en
matière de productivité horaire ; de 1 à 2,8 en matière de
salaires annuels.
4. Même si l’euro voit sa part augmenter dans les
échanges internationaux, cette évolution est lente. À
l’intérieur de la zone euro, la monnaie unique a certes
permis de réduire les risques de changes et les coûts
afférents au change, ce qui favorise les échanges commerciaux, mais les effets dynamiques que l’on en attendait sur la croissance ont été largement étouffés par les
contraintes restrictives liées aux critères de Maastricht.
Ceux-ci sont propices au maintien des grands équilibres
économiques, mais beaucoup moins à la relance économique en période de croissance ralentie, comme c’est
le cas depuis plusieurs années.
5. La position grecque est proche de celle des syndicats
européens pour qui le modèle social européen représente un but en soi, l’économie étant au service de ce
modèle. La position autrichienne est proche de la position des Britanniques, fortement teintée de libéralisme :
c’est l’inverse, les normes sociales sont une variable
d’ajustement, un instrument parmi d’autres au service
de la concurrence.
Question de synthèse
Le projet européen se voulait à la fois économique et
social, et ultérieurement politique. La construction d’un
marché commun n’était qu’une étape sur le chemin
d’une véritable union économique et monétaire dont on
espérait beaucoup en termes de croissance et d’emploi.
En même temps, un modèle social fondé sur des principes communs - quoique conservant ses spécificités
nationales - deviendrait la règle. Le tout apporterait aux
citoyens européens à la fois la prospérité et une meilleure sécurité de vie.
I. Les avantages de l’intégration européenne
A. Des avantages économiques
B. Des avantages sociaux : protection sociale et
extension de la protection des travailleurs et de
diverses « conquêtes sociales »
II. Les limites de l’intégration européenne
A. Des modèles sociaux différents, voire concurrents ou même antagonistes, à cause des valeurs
et de la culture différentes des pays membres
B. Au bout du compte, une croissance ralentie et
pas assez créatrice d’emplois
Question de synthèse
avec travail préparatoire 2
Travail préparatoire
1. L’intégration régionale suppose non seulement une
union douanière, mais de véritables synergies et complémentarités entre firmes et États de la région. La mondialisation est ici l’élargissement des marchés et de la
concurrence au niveau mondial, dans un cadre plus ou
moins régulé (OMC).
2. Le « plombier polonais » est la personnalisation des
craintes des citoyens des anciens membres de l’Union
face à la concurrence éventuelle de travailleurs et d’entreprises des nouveaux membres. Ces travailleurs et ces
entreprises sont perçus comme une menace pour les
positions acquises parce qu’ils sont supposés plus dociles et plus travailleurs (pour les premiers), et plus agressives et compétitives (pour les secondes). Le plombier
polonais joue ici le rôle du bouc émissaire et de l’épouvantail. L’humoriste Fernand Reynaud avait déjà ridiculisé la xénophobie avec le boulanger étranger, accusé
d’être venu « manger le pain des Français ».
3. Pour l’auteur, le rejet du projet de traité par la France
traduit un excès de frilosité et de conservatisme face à
un cadre nouveau perçu comme destructeur d’institutions protégeant les travailleurs et, à terme, comme une
menace pour l’emploi.
4. Deux tiers des personnes interrogées jugent que le
fonctionnement actuel de l’Europe porte en lui des
menaces de délocalisations. Cela confirme l’image
d’une Europe « crispée sur elle-même » (document 4),
qui voit dans la concurrence davantage une menace que
des opportunités à saisir.
5. Voir question 6, QSTP 1, pour comparer les deux points
de vue, largement opposés.
Question de synthèse
Concurrence et protection ne sont qu’en apparence des
concepts opposés, et les États-Unis, par exemple, sont
l’illustration de leur association possible. En réalité,
dans l’histoire (travaux de Paul Bairoch) aucun pays n’a
été durablement totalement ouvert ni totalement protectionniste.
Il est vrai que certains pays européens - dont la France ont plus une tradition et une culture de protection que de
concurrence. Mais la longue fréquentation à laquelle les
différents membres de l’Union européenne ont dû
mutuellement se plier, en même temps que l’internationalisation des grandes firmes nationales, ont amené une
certaine convergence des cultures et des pratiques dans
ces domaines. En réalité, la concurrence dans un cadre
régional - avec tout de même un minimum de protection
vis-à-vis de l’extérieur - constitue sans doute la meilleure
protection possible face aux risques de la mondialisation.
I. L’intégration européenne peut mettre en concurrence
des États membres de l’Union
A. Le libre-échange au niveau régional favorise les
échanges commerciaux et la compétitivité
B. La liberté d’installation et la libre circulation des
capitaux rendent les délocalisations possibles
C. Même les échanges de services sont concernés,
ce qui alimente les craintes en matière d’emploi
(« plombier polonais »)
II. L’intégration européenne protège aussi les États de la
mondialisation
A. Si la concurrence intra-régionale rend les pays
plus compétitifs, ils seront alors mieux armés face
à la concurrence extérieure
B. Il ne tient qu’aux États membres de l’Union de
définir des projets communs, des normes communes ou des protections (préférence communautaire)
face à la concurrence extérieure
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Les nouveaux cadres de l’action publique
Manuel pages 386 à 413
Objectifs
Montrer que dans l’Union économique et monétaire (UEM), les politiques économiques tant conjoncturelles que structurelles s’inspirent aujourd’hui très largement des thèses libérales.
Sensibilisation
La BCE est aujourd’hui maîtresse de la politique monétaire européenne pour les pays de la zone euro.
Réponses aux questions
I. Politiques conjoncturelles et intégration européenne
1.
Ensemble des interventions des pouvoirs publics
visant, à l’aide de divers instruments, à atteindre
des objectifs, à court ou à long terme, relatifs à la
situation économique du pays.
2.
La politique structurelle cherche à atteindre des
objectifs à long terme. En revanche, la politique
conjoncturelle se donne des objectifs à court terme.
3.
Une forte croissance économique, le plein-emploi
de la population active, la stabilité des prix, l’équilibre des échanges extérieurs ou encore mieux
l’excédent extérieur.
4.
La croissance économique est mesurée par le taux
de variation du PIB en volume (on pourra rappeler
la distinction valeur/volume). Le plein-emploi est
évalué à partir du taux de chômage (on signalera
que le plein-emploi ne correspond pas à un taux
de chômage nul). La stabilité des prix s’appréhende au regard du taux d’inflation. Enfin, l’équilibre
extérieur s’observe, en général, grâce au solde de
la balance des transactions courantes (que l’on
divise par le PIB pour obtenir un carré magique
avec uniquement des données en pourcentage).
5.
Ce carré est qualifié de « magique » car l’expérience
montre qu’il est très difficile de parvenir à réaliser
simultanément ces quatre objectifs, du moins à
court terme. En effet, certains de ces objectifs
apparaissent liés négativement : l’amélioration
d’un objectif détériore un autre objectif. C’est le
cas du plein-emploi et de la stabilité des prix ou de
la croissance économique et de l’équilibre extérieur (voir document 3). Il existe donc un dilemme
pour la politique économique : quels sont les
objectifs qu’elle doit privilégier ?
6.
La courbe de Phillips met en évidence une relation
inverse entre le chômage et l’inflation :
Taux d’inflation
Par conséquent, la politique économique serait
confrontée à un dilemme : plus d’inflation et moins
de chômage ou inversement moins d’inflation et
plus de chômage. Cette courbe coupe l’axe des
abscisses en un point appelé NAIRU (Non
Accelererating Inflation Rate of Unemployement) :
c’est le taux de chômage garantissant la stabilité
des prix. Pour les monétaristes, il correspond au
taux de chômage naturel, c’est-à-dire le taux qui
découlerait du système walrassien d’équilibre général si les caractéristiques structurelles effectives des
marchés des biens et du travail y étaient intégrées,
notamment les imperfections des marchés. On
estime, en général, ce taux autour de 5 %.
7.
Par exemple : hausse du chômage => baisse des
salaires sur le marché du travail => Baisse des
coûts de production et / ou baisse de la demande
de biens => baisse des prix sur le marché des biens
=> baisse de l’inflation.
8.
L’élasticité des importations par rapport au PIB
s’obtient en divisant le taux de variation des
importations (généralement en volume) par le
taux de variation du PIB.
9.
La forte croissance économique d’un pays risque de
conduire à un déficit des échanges extérieurs. En
effet, si l’élasticité des importations est supérieure à
1, toute accélération de la croissance entraîne une
hausse plus que proportionnelle du volume des
importations du pays. Bien entendu, plus la spécialisation internationale d’un pays est forte, plus sa
dépendance par rapport à l’extérieur est importante.
De plus, si l’activité est restreinte chez les principaux
partenaires commerciaux du pays, la croissance de
la production nationale aura toutes les difficultés à
trouver des débouchés extérieurs. Enfin, ces pays,
en freinant leur demande interne, dégagent une production excédentaire qu’ils pourront consacrer à
l’exportation vers le pays où l’activité est soutenue.
10. En France, entre 1975 et 1976, le produit intérieur
Taux de chômage
142
brut réel a augmenté de 2 %. En France, entre 1975
et 1976, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 9,9 %. En France, en 1976, sur 100 personnes actives, 4,5 étaient au chômage. En France, en
1976, sur 100 euros de richesses produites, le déficit des transactions courantes représentait 2 euros.
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Chapitre 13
11.
Taux de croissance du PIB (en %)
10
8
6
4
2
Taux de chômage (en %)
Taux d’inflation (en %)
3
6
9
12
20 15 10 5
-1
0
0
1
1974
2
2002
3
Solde extérieur (en % du PIB)
12. Plus la surface du quadrilatère correspondant aux
statistiques d’un pays à une période donnée s’éloigne de la surface théorique du carré magique, plus
la situation se détériore. La modification du quadrilatère dans une direction particulière fournit de
plus une indication sur la priorité des objectifs de la
politique économique. Ainsi, en 1974, la politique
économique apparaît efficace en terme de pleinemploi et de croissance économique mais cette
efficacité se paie par une forte inflation et un
déséquilibre extérieur. En revanche, en 2002, la priorité est donnée à la lutte contre l’inflation et à l’excédent des échanges extérieurs, mais c’est au détriment de la croissance économique et de l’emploi.
13. Les trois instruments de la politique budgétaire
sont : les recettes publiques (les prélèvements
obligatoires), les dépenses publiques et le solde
public (recettes moins dépenses) qui peut être en
excédent, en déficit, ou équilibré.
14. Les dépenses publiques correspondent aux
dépenses de l’État (dépenses budgétaires assurant
par exemple les fonctions régaliennes), mais aussi
celles des collectivités locales et des administrations de Sécurité sociale (indemnités chômage,
pension retraite…). On pourra ici rappeler les trois
fonctions de Musgrave : allocation, redistribution
et régulation. On constate, qu’en France, depuis
1978, les dépenses publiques sont toujours supérieures aux prélèvements obligatoires et que
l’écart va en grandissant. Cela signifie donc que le
déficit public ne cesse de croître sur la période.
15. Le déficit public représente la situation où les
dépenses sont supérieures aux recettes des administrations publiques. C’est une notion plus large
que celle de déficit budgétaire (solde négatif du
budget de l’État), puisqu’elle englobe également le
solde des recettes et des dépenses des collectivités locales et celui de la Sécurité sociale.
16. Dans le paradigme keynésien, une hausse des
dépenses publiques doit entraîner une hausse plus
que proportionnelle du revenu national et donc
stimuler la croissance économique. En effet, hausse des dépenses publiques => hausse des revenus
des ménages => hausse de la consommation des
ménages => hausse de la demande effective =>
hausse de la production des entreprises => hausse
de l’emploi => hausse des revenus des ménages
=> hausse de la consommation des ménages =>
hausse de la demande effective => etc.
17. Plus la propension marginale à consommer des
ménages est élevée, plus l’effet multiplicateur de
la dépense publique est important, c’est-à-dire
qu’un même montant de dépenses publiques
engendrera une croissance économique plus élevée. En effet, en économie fermée, si l’on appelle
ΔG la variation des dépenses publiques, ΔY la
variation de la production (croissance économique), k le multiplicateur keynésien, c la propension marginale à consommer et s la propension
marginale à épargner, on a :
ΔY = k ΔI
avec k = 1/(l - c) ou encore k = 1/s
18. En économie ouverte, k = 1/(s + m), où m désigne
la propension marginale à importer. Or, une hausse du taux d’ouverture correspond à une hausse
de m, ce qui doit affaiblir la valeur de k et donc
diminuer l’effet multiplicateur. Comme l’épargne,
les importations sont une fuite dans le circuit des
revenus qui alimente la demande globale.
19. Pour les keynésiens, il vaut mieux financer la
dépense publique initiale par emprunt (ce qui
conduit à un déficit public), plutôt que par la hausse
de l’impôt car cette dernière peut affaiblir la valeur
du multiplicateur. En effet, une hausse de l’impôt
doit peser sur le revenu disponible des ménages, ce
qui risque de réduire leur consommation. La propension marginale à consommer des ménages
diminue et l’effet multiplicateur de la dépense
publique baisse donc, réduisant ainsi l’efficacité de
la politique de relance budgétaire. On pourra également rappeler le théorème d’Haavelmö.
20. Dans une perspective keynésienne, le déficit budgétaire ou public peut également être financé par la
création monétaire. L’augmentation de l’offre de
monnaie a l’avantage de réduire le taux d’intérêt et
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Chapitre 13
donc de stimuler la reprise de l’investissement, ce
qui accroît l’effet de relance de la demande globale.
est supérieure à l’offre, le prix doit augmenter
pour retrouver l’équilibre offre demande.
27. Pour réduire l’inflation, la Banque centrale doit
21. Dans le paradigme libéral, l’effet d’éviction est un
phénomène provoqué par l’accroissement de la
demande de capitaux par l’État, notamment pour
financer un déficit budgétaire, qui, en drainant
l’épargne disponible, évince les entreprises du
marché des capitaux. Il y a à la fois un effet-quantité par l’ampleur de la ponction opérée par l’État
mais aussi un effet-prix par la hausse des taux
d’intérêt qui en résulte.
22. Pour les libéraux, le financement monétaire du
déficit public est synonyme d’un accroissement de
l’offre de monnaie qui doit conduire à une augmentation de l’inflation.
En effet, conformément à la théorie de la neutralité
de la monnaie à laquelle adhèrent la plupart des
libéraux, tout accroissement de la masse monétaire
doit conduire à une hausse proportionnelle du
niveau général des prix. On pourra développer ici
la théorie quantitative de la monnaie pour justifier
la réponse.
23. Les keynésiens sont favorables à une politique budgétaire discrétionnaire de relance qui passe par une
hausse des dépenses publiques voire un déficit
public pour stimuler la croissance économique et
réduire le chômage. À l’inverse, les libéraux préconise un strict équilibre entre recettes et dépenses
publiques, cet équilibre devant avoir lieu pour un
niveau de prélèvements obligatoires le plus faible
possible. On pourra indiquer que les keynésiens
comme les libéraux peuvent défendre une baisse
des impôts. Cependant, pour les premiers cette
baisse doit se faire à niveau de dépenses publiques
constant, ce qui génère un déficit. En revanche,
pour les seconds, cette baisse doit s’accompagner
d’une réduction des dépenses publiques et donc du
poids de l’État dans l’économie.
24. Le solde public, en période de ralentissement économique, a tendance à devenir déficitaire car les
recettes publiques ont tendance à diminuer alors
que dans le même temps, certaines dépenses
publiques, notamment les dépenses sociales
(indemnisation chômage par exemple), augmentent. C’est exactement l’inverse en période de
reprise de la croissance économique, le solde
public tend alors à s’améliorer, voire à devenir
excédentaire, puisque les recettes progressent
plus vite que les dépenses.
25. Les mécanismes par lesquels la conjoncture économique se stabilise automatiquement grâce à la
modification spontanée du solde public. En phase
de ralentissement conjoncturel, le solde public
devient déficitaire, ce qui atténue la récession. En
phase de surchauffe conjoncturelle, le solde public
devient excédentaire, ce qui limite les tensions
inflationnistes en freinant la demande globale.
26. En concurrence pure et parfaite, le prix d’un marché est déterminé par la loi de l’offre et de la
demande. Si l’offre est supérieure à la demande, le
prix doit alors diminuer pour que l’équilibre du
marché soit rétabli. Inversement, si la demande
144
mener une politique monétaire restrictive, c’est-àdire diminuer son offre de monnaie sur le marché
monétaire. On pourra justifier cette réponse soit
par la théorie quantitative de la monnaie (vision
monétariste de l’inflation), soit par les effets de la
hausse des taux d’intérêt sur la baisse de la demande globale (vision keynésienne de l’inflation).
28. Pour relancer la croissance économique, la Banque
centrale doit accroître son offre de monnaie sur le
marché monétaire, ce qui entraîne une baisse des
taux d’intérêts. Or, le taux d’intérêt influence négativement l’investissement des entreprises et la
consommation des ménages. Une baisse des taux
d’intérêt favorise donc à la fois l’investissement et
la consommation qui sont deux sources de la croissance économique à court terme.
29. La politique monétaire vient uniquement en complément de la politique budgétaire expansive. On
parle ainsi de policy mix : combinaisons des politiques budgétaire et monétaire. En effet, pour les
keynésiens, la politique budgétaire est plus
efficace que la politique monétaire pour relancer
l’activité économique et réduire le chômage, du
fait de l’existence de l’effet multiplicateur. On
pourra également montrer la moindre efficacité de
la politique monétaire de relance par la faible
élasticité de l’investissement au taux d’intérêt,
notamment en période de récession, et par l’existence de la trappe à la liquidité.
30. La stagflation remet en cause la politique monétaire keynésienne car la politique monétaire de
relance est accusée, notamment par les monétaristes, d’être à l’origine de la forte inflation des
années 1970 du fait d’une création excessive de
monnaie. On pourra développer la thèse de Milton
Friedman sur la « verticalisation » de la courbe de
Phillips à long terme du fait des anticipations
adaptatives.
31. L’analyse libérale repose sur la neutralité de la
monnaie, qui considère que les sphères réelle et
monétaire sont indépendantes l’une de l’autre.
Les variables monétaires n’ont aucun effet sur les
variables réelles (voir la théorie quantitative de la
monnaie). À l’inverse, pour l’analyse keynésienne,
la monnaie joue un rôle actif dans l’économie. La
dichotomie entre la sphère réelle et la sphère
monétaire n’existe pas. La politique monétaire
peut permettre de relancer la demande globale et
donc la croissance économique. En effet,
l’accroissement de l’offre de monnaie provoque
une baisse du taux d’intérêt qui stimule l’investissement et la consommation. L’analyse libérale
condamne de son côté toute politique monétaire
discrétionnaire, une variation irrégulière de l’offre
de monnaie ne pouvant avoir que des effets
déstabilisants sur l’économie. Ainsi, pour les
monétaristes, les autorités doivent mener une
politique de lutte contre l’inflation, en procédant à
une augmentation régulière de la masse monétaire
à taux constant, en relation avec le taux de croissance réel à long terme de l’économie.
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32. Le traité de Maastricht (ville située aux Pays-Bas)
signé en 1992 organise la transition à la monnaie
unique (on pourra rappeler les critères de convergences) et fait de la zone euro une union économique et monétaire.
33. Dès le 1er janvier 1999, l’euro devient la monnaie
officielle des pays appartenant à la zone euro, mais
elle est uniquement utilisée sous sa forme scripturale pour libeller les opérations bancaires et financières. Ce n’est qu’au début 2002, que les pièces et
les billets en euro se substituent aux monnaies
nationales. Le 2 mai 1998, la liste des États membres qualifiés pour le passage à la monnaie unique
est adoptée. Parmi les quinze, seuls douze pays
ont fait acte de candidature. Onze pays
(l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, la
Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Portugal,
l’Irlande, la Finlande et l’Autriche) ont rempli les
critères de convergence, seule la Grèce a échoué.
Finalement elle a adopté l’euro en 2001, rejointe
par la Slovénie le 1er janvier 2007. Portant ainsi à
13 le nombre de participants à la zone euro.
34. Seule la BCE (plus précisément le Conseil des gouverneurs) décide, en toute indépendance, de la
politique monétaire dans la zone euro au regard
des objectifs que lui assigne le traité de Maastricht.
35. Non, le traité interdit, par son article 104, tout
financement par la BCE des déficits publics des
États membres.
36. La BCE a choisi d’ignorer l’hétérogénéité de la
conjoncture des différents États membres
puisqu’elle décide de la politique monétaire en
fonction de l’appréciation qu’elle porte sur la
situation moyenne de l’ensemble de la zone euro
et non en fonction de la situation économique
particulière d’un des pays membres de la zone. La
politique monétaire unique risque dès lors de
s’avérer trop expansive par rapport à la situation de
haute conjoncture de certains pays. Dans le même
temps, elle est trop restrictive pour les pays qui rencontrent un ralentissement conjoncturel. La
politique monétaire européenne est donc inefficace
pour pallier un ralentissement conjoncturel ou une
hausse de l’inflation dans un pays particulier.
37. La Réserve fédérale (FED pour Federal Reserve
System) désigne l’ensemble des douze banques
régionales de réserve assurant aux États-Unis le
rôle de Banque centrale fédérale.
38. Parmi les quatre objectifs de la politique conjoncturelle, l’objectif principal assigné par l’article 105
du traité de Maastricht à la BCE, est clairement de
maintenir la stabilité des prix. La politique monétaire européenne a donc comme objectif prioritaire la lutte contre l’inflation.
39. Depuis juin 2003, la BCE cherche à maintenir le
taux d’inflation dans la zone euro à un niveau
proche de 2 % à moyen terme. Ce nouvel objectif
peut donner un peu de latitude d’action à la
politique monétaire au regard du précédent objectif (inférieur à 2 %), s’il est interprété en termes de
fourchettes d’inflation, soit des taux compris entre
1,5 et 2,5 %.
40. La priorité accordée par la BCE à l’objectif de
stabilité des prix au détriment des autres objectifs
de la politique conjoncturelle, notamment le pleinemploi, montre clairement que la politique monétaire européenne est d’inspiration libérale (monétariste) et non keynésienne. On pourra également
montrer que l’indépendance de la BCE découle des
thèses de la nouvelle macroéconomie classique.
41. La politique monétaire américaine se différencie
de la politique monétaire européenne car elle ne
se donne pas comme unique objectif la stabilité
des prix. Elle donne aussi une grande importance
à l’objectif de croissance économique et à celui de
plein-emploi.
42. Le texte fait référence au traité de Maastricht.
43. Puisque le taux d’inflation de la zone euro (5 %) est
largement supérieur à l’objectif fixé de 2 %, la BCE
doit alors mener une politique monétaire restrictive
en réduisant son offre de monnaie sur le marché
monétaire.
44. Non, car désormais, avec la monnaie unique, les
taux d’intérêt à court terme fixés par la BCE sont
les mêmes dans toute la zone euro.
45. Le taux directeur est un taux d’intérêt fixé par la BCE
et appliqué à certaines opérations de refinancement
des banques commerciales auprès de la BCE.
46. Une politique monétaire restrictive vise à diminuer la masse monétaire et consiste donc, pour la
Banque centrale, à réduire son offre de monnaie
sur le marché monétaire et à augmenter son taux
directeur. La hausse des taux d’intérêt qui en
résulte, diminue la création monétaire des
banques commerciales. En effet, le coût de
refinancement s’accroissant, ces dernières sont
incitées à accorder moins de crédits à leur clientèle.
Or le crédit est la principale source de la création
monétaire.
47. La politique monétaire européenne est restrictive
pour deux raisons. Premièrement, l’objectif
d’inflation de 2 % apparaît trop faible, il est très
vite atteint et oblige donc la BCE à mener une politique monétaire plutôt restrictive. Deuxièmement,
la composition du Conseil des gouverneurs
conduit à donner une place prépondérante aux
banquiers centraux des pays les plus inflationnistes. Or, c’est le Conseil des gouverneurs qui décide de la politique monétaire. On comprend, dès
lors, que la politique monétaire de la BCE soit
orientée dans un sens plutôt restrictif.
48. Une comparaison entre les politiques monétaires
européenne et américaine fait apparaître une
évolution plus ample des taux directeurs aux ÉtatsUnis et une plus forte réactivité avec des variations
de taux plus fréquentes (voir le graphique). Ainsi, en
période de ralentissement conjoncturel, comme
c’est le cas à partir de 2001, où la croissance économique diminue de 2,9 points aux États-Unis et de
1,9 point dans la zone euro par rapport à 2000, la
FED ne va pas hésiter à baisser fortement son taux
directeur qui passe de 6,5 % en janvier 2001 à 1,8 %
en janvier 2002 alors que, sur la même période, le
taux directeur de la BCE passe de 4,8 % à 3,2 %.
À l’inverse, en période de forte reprise, comme
c’est le cas à partir de 2004, la FED accroît rapidement et fortement son taux directeur, ce qui n’est
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pas le cas de la BCE qui n’augmente son taux d’intérêt qu’à partir de janvier 2006.
zone euro, fait que le déficit extérieur n’est plus une
contrainte pour la politique budgétaire d’un pays
qui, dès lors, peut être plus expansive.
49. Le principe de subsidiarité a pour but de préciser le
56. Si l’euro a fortement affaibli la contrainte exté-
partage des compétences entre la Communauté et
les États membres dans l’UEM. Ainsi, la
Communauté n’intervient « que si et dans la mesure où les objectifs de l’action envisagée ne peuvent
pas être réalisés de manière suffisante par les États
membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, être
mieux réalisés au niveau communautaire » (article
5 du traité de Maastricht).
50. La politique budgétaire reste, dans l’UEM, une compétence nationale pour trois raisons principales.
Premièrement, le principe de subsidiarité implique
que, puisque les décisions budgétaires relèvent du
choix politique de chaque nation, la politique budgétaire doit rester nationale. Deuxièmement, la faiblesse du budget européen empêche ce dernier de
jouer toute fonction de stabilisation de la conjoncture. Troisièmement, la politique budgétaire nationale reste la seule politique capable de soutenir
l’activité économique dans un pays pris isolément,
puisque la politique monétaire est déterminée pour
l’ensemble de la zone euro par la BCE.
56. Si, sans se coordonner, tous les pays de la zone
euro mènent, en même temps, des politiques de
relance budgétaire, la demande globale de la zone
va alors fortement augmenter. Cette hausse de la
demande risque d’entraîner une hausse des prix
dans la zone euro qui entre alors en contradiction
avec l’objectif de stabilité des prix de la BCE. Il existe donc la nécessité d’une coordination des politiques budgétaires des différents États membres.
58. La première règle stipule que les budgets publics
peuvent être qualifiées de libérales car, conformément aux préceptes de cette théorie, le budget
européen doit nécessairement respecter la règle
de l’équilibre budgétaire entre recettes et dépenses. De plus, la faiblesse du budget européen,
notamment en comparaison d’autres fédérations,
peut être rapprochée de l’idée d’un État minimal
cher aux libéraux.
nationaux doivent tendre à l’équilibre voire à
l’excédent à moyen terme. La seconde règle
concerne les déficits excessifs : les déficits publics
nationaux ne doivent pas dépasser 3 % du PIB,
sauf circonstances exceptionnelles (taux de croissance négatif, période prolongée de croissance
très faible par rapport au potentiel de croissance…). La troisième règle concerne la dette
publique de chaque nation qui ne doit pas excéder
60 % du PIB.
52. Non, car d’une part le traité de Maastricht interdit
59. La Commission a la charge de mettre en œuvre la
51. Les contraintes imposées au budget européen
tout déficit du budget communautaire. D’autre
part, la faiblesse du budget communautaire, mais
aussi la structure de ses dépenses (la politique
agricole commune absorbant plus de 40 % des
dépenses), empêchent également toute politique
de relance keynésienne du type Haavelmö, c’està-dire grâce à un budget équilibré.
53. Exemple de choc symétrique : augmentation brutale du prix du pétrole ou pandémie telle que la
grippe aviaire. Exemple de choc asymétrique :
mouvements sociaux locaux ou catastrophe naturelle localisée dans un pays.
54. La politique monétaire commune est inopérante
face aux chocs asymétriques puisqu’elle doit
prendre en compte les intérêts de l’ensemble de la
zone. Seule une politique budgétaire nationale
demeure appropriée pour amortir un choc
spécifique à un pays de la zone.
55. Avant la création de l’euro, la politique budgétaire
de relance d’un pays pouvait conduire à une dégradation de ses paiements extérieurs et à une crise de
change, quand ses importations croissaient plus
vite que ses exportations, ce qui limitait l’impact
positif de la relance (cas de la France, après la relance budgétaire de 1981). On parlait alors de contrainte extérieure. L’euro, en supprimant le problème du
paiement d’un déficit extérieur avec les pays de la
146
rieure, il existe pourtant une contrainte liée à une
politique de relance budgétaire nationale, c’est la
contrainte d’endettement. En effet, une politique
de relance budgétaire s’appuie en général sur un
déficit public. Or, un pays qui accumule les déficits
publics, finit par subir une dette publique insupportable qui menace, à long terme, la solvabilité
des administrations publiques. Ainsi, depuis que
la France est entrée dans l’euro, au début de 1999,
le rapport de la dette publique au PIB a augmenté
de huit points.
procédure de déficit excessif en cas de dépassement du seuil des 3 %. Elle rédige un rapport au
Conseil qui décide à la majorité qualifiée s’il y a
déficit excessif ou non. Quand le déficit excessif est
établi, le Conseil adresse des recommandations à
l’État membre concerné, afin qu’il corrige sa politique par l’adoption de mesures appropriées pour
un retour à une situation saine. Si ce n’est pas le
cas, les sanctions consistent en dépôt sans intérêt
qui comporte un élément fixe égal à 0,2 % du PIB et
un élément variable égal à un dixième de dépassement de la valeur de référence de 3 %. Si le déficit
reste excessif, ce dépôt est converti en amende.
60. La procédure de déficit excessif, s’inscrit dans un
mouvement plus général de défiance à l’égard des
politiques budgétaires discrétionnaires, initié par
les libéraux, notamment le courant de la nouvelle
macroéconomie classique. La politique budgétaire
de relance est alors mise sous contrôle d’une règle
fixe de plafonnement du déficit et de procédures
de sanctions. En outre, l’exigence d’équilibre voire
d’excédent à moyen terme des budgets publics
nationaux doit permettre de réaliser l’objectif de
stabilisation au moyen du seul mécanisme des
stabilisateurs automatiques, et donc de diminuer
le recours aux politiques discrétionnaires, notamment à la politique de relance budgétaire. En effet,
en période haute du cycle, le gouvernement doit
accepter de réduire son déficit pour arriver à un
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surplus à peu près équivalent au montant du
déficit atteint dans la phase basse du cycle. Ces
variations du solde budgétaire permettent une stabilisation automatique du niveau d’activité.
61. L’aggravation du déficit budgétaire et de la dette
publique dans un pays de l’UEM a des effets
contrastés. Cela stimule l’activité chez ses partenaires commerciaux grâce à la progression de
leurs exportations. Cet effet positif n’a pas été pris
en compte par le PSC. Ce dernier met l’accent sur
les effets nuisibles : relèvement du taux d’intérêt
commun et dégradation du solde extérieur de
l’UEM, qui jouent pourtant sur des montants faibles, voire négligeables, dans le cas des petits
pays. Le PSC vise donc avant tout à discipliner les
politiques budgétaires nationales et à éviter tout
laxisme budgétaire.
62. En 1992, si le PIB réel par habitant des États-Unis
valait 100, alors celui de la France valait 77 ; autrement dit, le PIB réel par habitant de la France en
1992 était 23 % plus faible que celui des États-Unis.
63. On constate que la courbe de la zone euro demeure largement inférieure à 100 sur la période étudiée, ce qui signifie que le PIB réel par habitant de
la zone euro reste toujours inférieur à celui des
États-Unis entre 1980 et 2003. De plus, à partir de
1992, date de la signature du traité de Maastricht,
la courbe devient nettement décroissante, ce qui
traduit un écart grandissant entre le PIB par tête
des États-Unis et celui de la zone euro.
64. La faible performance des économies de la zone
euro en matière de croissance s’explique en grande partie par les carences des politiques conjoncturelles. L’association entre une politique monétaire centralisée d’orientation restrictive et des
politiques budgétaires nationales contraintes par
le PSC ne permet pas une régulation efficace de la
conjoncture comme aux États-Unis.
65. Car la politique économique conjoncturelle de la
zone euro, tant dans le domaine monétaire que
budgétaire, repose très largement sur les prescriptions de la nouvelle macroéconomie classique.
Faites le point
1. QCM
1. La lutte contre le chômage.
2. Un déficit budgétaire.
3. La lutte contre l’inflation.
4. Une baisse de l’offre de monnaie.
5. La théorie keynésienne.
2. Complétez un tableau
Chocs de demande (agissent sur une des
composantes de la demande globale)
- politique monétaire commune
Chocs symétriques (communs à
- coordination des politiques budgétaires
l’ensemble de la zone)
nationales
Chocs d’offre (affectent à la hausse les
coûts de production des entreprises)
- politique monétaire commune
- politique budgétaires nationales
Chocs asymétriques (spécifiques
- coordination des politiques budgétaires
à un pays de la zone)
nationales
Remarque : conformément à la théorie d’une zone monétaire optimale de Mundell, les chocs d’offre asymétriques nécessitent des
ajustements par des mécanismes de marché qui imposent des réformes structurelles (flexibilité des prix et des salaires, mobilité du
travail…).
II. Politiques structurelles et intégration européenne
66. Les industries de réseau ont la caractéristique
technique de produire avec des rendements
d’échelles croisants. Les réseaux nécessitent des
investissements en infrastructures considérables
par rapport aux coûts de fonctionnement qui
seront engagés par la suite. Dès lors, le coût unitaire de production décroît avec l’augmentation
des quantités produites puisque les coûts fixes
unitaires diminuent fortement alors que la hausse
des coûts variables est négligeable.
67. Le processus concurrentiel pousse dans ce cas à la
constitution d’un monopole qualifié de naturel,
dans la mesure où il serait absurde de dupliquer les
infrastructures. Une seule grande entreprise est
plus efficace que plusieurs petites en concurrence,
car son coût unitaire de production est plus faible.
68. Pour que la baisse du coût unitaire de production,
générée par les économies d’échelle, soit rétrocédée
aux consommateurs sous la forme de baisse des
prix et n’alimente pas la rente inhérente à la situation de monopole.
69. Distribution du gaz et de l’électricité, transport par
chemin de fer…
70. Bien privatif : une voiture ; bien collectif : éclairage
public ; bien de club : chaîne TV codée ; bien en
commun : ressources halieutiques.
71. Les biens collectifs purs n’ont, par définition, pas
de prix et ne font pas l’objet d’une négociation sur
un marché. Les décisions concernant leur production et leur affectation sont prises par les pouvoirs
publics. Ils doivent donc être financés par l’impôt.
72. Car les industries de réseau produisent, en général,
des biens privatifs purs.
73. Dans les biens collectifs purs car ils sont nonrivaux et gratuits (pas d’exclusion par les prix).
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74. La continuité du service, l’égalité d’accès et de
88. La recherche du profit à court terme d’entreprises
traitement des usagers, et enfin l’adaptation du
service aux mutations technologiques.
privatisées, notamment sous la pression des
actionnaires et des marchés financiers, a conduit
à sacrifier les investissements de long terme correspondant à l’entretien et au développement de
l’infrastructure. D’où les nombreux problèmes
(accidents, retards…) mis en avant notamment
par le film de Ken Loach.
75. Non, elles relèvent également d’une volonté
politique de définir un certain nombre de services
comme étant d’intérêt général car ils assurent une
fonction de solidarité et d’interdépendances
sociales.
76. En général, par l’État lui-même grâce à des
entreprises publiques.
89. Dans une industrie de réseau, seule l’infrastructu-
77. Le secteur public regroupe toutes les entreprises
appartenant à l’État. En revanche, le service public
est une notion juridique (voir mots clés p. 407).
78. Car en France, les services publics étaient traditionnellement
publiques.
produits
par
des
entreprises
79. Renault, les grandes banques commerciales
nationalisées en 1981…
80. Dans le domaine de la santé : hôpital public et
clinique privée…
81. Sur une logique d’ouverture croissante des économies nationales et de développement de la
concurrence devant aboutir à la réalisation d’un
grand marché intérieur européen.
82. En France, les services publics, notamment les
industries de réseau, étaient produits par des
entreprises publiques en situation de monopole,
situation qui entrait en contradiction avec l’objectif d’accroître la concurrence en Europe.
83. Le régime de la concurrence est un des principes
constitutifs de l’intégration européenne. Dès lors,
les services publics en situation de monopole
posaient un problème qui a été résolu par la libéralisation de ces services publics, c’est-à-dire l’ouverture à la concurrence.
84. Utilisation des bénéfices mis en réserve pour
financer l’investissement. L’autofinancement
maintient l’autonomie des dirigeants et permet
d’échapper aux coûts de l’intermédiation bancaire.
85. Non, l’UE se proclame neutre vis-à-vis des formes
de propriété d’une entreprise. Qu’elle soit privée
ou publique, ce qui compte, c’est que les règles de
la concurrence s’appliquent.
86. La libéralisation nécessite pour être compétitif
d’atteindre une taille suffisante sur le marché
européen, ce qui passe par le rachat des concurrents. Or, une entreprise publique dispose uniquement de son autofinancement pour effectuer de
tels rachats puisque toute autre solution serait
taxée de pratique faussant la concurrence. On
comprend dès lors que pour grandir suffisamment
et atteindre une taille critique, seule l’augmentation de capital auprès d’investisseurs privés reste
possible, ce qui, de fait, conduit à une privatisation
de l’entreprise.
87. Pour supprimer la situation de monopole public de
British Railways jugée inefficace conformément à
la doctrine européenne.
148
re a les caractéristiques d’un monopole naturel et
non les services offerts à partir de celle-ci. Il y a
donc pour la Commission un intérêt économique,
en terme de baisse des prix et de diversification
des services proposés, à ouvrir les services à la
concurrence et à autoriser plusieurs exploitants à
accéder à un même réseau. Dès lors, la gestion du
réseau ne peut plus relever d’une entreprise qui
serait également présente sur les prestations de
services sous peine de fausser la concurrence.
90. L’État français.
91. L’UE ne recommande rien de tel mais la libéralisation du transport ferroviaire, en Europe, risque de
pousser dans ce sens (voir réponse 86).
92. Voir réponse 49.
93. L’objectif est de concilier l’accès de tous les utilisateurs à certains services jugées essentiels et l’ouverture de ces secteurs à la concurrence européenne.
94. À l’heure actuelle, un service universel est défini
pour les secteurs des télécommunications, de
l’électricité et des services postaux.
95. La qualité, la sécurité, l’accessibilité tarifaire, la
continuité.
96. Le service public « à la française » est produit en
situation de monopole par des entreprises
publiques. À la différence du service universel
européen qui est produit, dans un contexte de
concurrence, par un ou plusieurs opérateurs,
publics ou privés.
97. La conception européenne du service public qui
émerge du service universel est une conception
fonctionnelle axée sur le service rendu aux usagers
qui se confond alors avec la reconnaissance d’un
standard minimum de vie sociale. Or, la conception
française du service public ne se résume pas à une
prestation de service mais participe d’objectifs
collectifs plus larges. La France raisonne à partir de
la puissance publique, garante des solidarités et
de la cohésion sociale.
98. Le rôle des instances de régulation est de garantir
une concurrence équitable dans des secteurs où
elle n’existait pas et de s’assurer du bon fonctionnement du service universel.
99. L’autorité de régulation des télécommunications
(1997) et la Commission de régulation de l’énergie
(2000).
100. La régulation consiste à organiser l’ouverture à la
concurrence de service en réseau. Afin d’assurer
cette tâche, des instances de régulation ont été
créées dans la plupart des pays européens.
Néanmoins, le pouvoir réglementaire reste du res-
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sort de l’État, ce qui marque la différence fondamentale entre régulation et réglementation, cette
dernière consistant à veiller à faire appliquer les
règles fixées par l’État.
101. Contrairement à une idée reçue, libéraliser les services publics ne signifie pas déréglementer. Il n’y
a pas un recul de la réglementation dans ces secteurs d’activité mais une transformation profonde
du cadre réglementaire. L’action réglementaire de
l’État est encore plus nécessaire pour veiller au
bon fonctionnement du secteur libéralisé, notamment en terme de service universel.
102. Essentiellement aux gros consommateurs qui ont pu
faire jouer la concurrence, à savoir les entreprises.
103. Avant la libéralisation, l’égalité de traitement des
usagers conduisait à une péréquation tarifaire
entre gros et petits consommateurs, entre
secteurs rentables et non rentables. L’ouverture à
la concurrence, a conduit à faire payer le véritable
coût du service. Le prix du service a donc
augmenté pour les petits consommateurs et les
secteurs non rentables.
104. En France, en 2006, sur 100 euros servant au
financement de la protection sociale, 45 euros
proviennent des cotisations à la charge de l’employeur, 20 euros des cotisations à la charge des
salariés, 30 euros des impôts, et 5 euros d’autres
recettes.
105. L’impôt et les cotisations sociales.
106. Non, certains pays privilégient l’impôt par rapport
aux cotisations sociales. Ainsi, l’Irlande finance à
60 % sa protection sociale par l’impôt. En revanche,
d’autres pays préfèrent les cotisations sociales à
l’impôt. C’est le cas, de la Belgique qui finance à
plus de 70 % sa protection sociale grâce aux
cotisations.
107. Les dépenses les plus faibles sont dans les pays
Baltes et l’Irlande. Les pays qui dépensent le plus
sont : la Suède, la France, le Danemark,
l’Allemagne. Entre les deux groupes le rapport est
de 1 à 2,5. Cet écart reflète les différences de niveau
de vie, mais aussi les structures démographiques et
l’histoire des systèmes de protection sociale.
108. Elle permet de prendre en compte la taille de la
population et le pouvoir d’achat des prestations
sociales dans le pays concerné.
109. Car il existe des risques sociaux autres que la
maladie ou la vieillesse couverts par la protection
sociale.
110. Non, les chiffres plus élevés des deux dernières
colonnes pour la République tchèque, signifient seulement qu’elle consacre, en comparaison de la
France, une plus grande part de ses prestations pour
les dépenses maladie et les dépenses vieillesse.
113. Le coût de la main-d’œuvre correspond aux
dépenses totales engagées par les employeurs
pour les salariés. Il est égal à la somme du salaire
brut et des cotisations sociales à la charge de
l’employeur.
114. On constate que ce sont les pays qui ont la part des
dépenses de protection sociale la plus forte qui
connaissent un coût horaire de la main-d’œuvre le
plus élevé.
115. Que les entreprises se délocalisent dans les pays à
faible coût de main-d’œuvre.
116. L’harmonisation est un ensemble de décisions
élaborées en commun par plusieurs États et qui
visent à rapprocher les diverses politiques nationales pour atteindre une politique commune. À la
différence de la coordination qui n’impose pas de
politique identique.
117. Car les élargissements successifs de l’UE ont accru
l’hétérogénéité des États membres en matière de
protection sociale.
118. Pour éviter le danger des délocalisations vers les
pays à faible protection sociale.
119. S’aligner sur les pays à faible niveau de protection
sociale en laissant jouer les mécanismes de marché
ou s’aligner sur les pays à niveau élevé de protection sociale, ce qui nécessitera d’aider fortement
les pays les moins protecteurs.
120. La logique libérale actuelle de l’intégration européenne pousse à des réformes structurelles dont le
seul but est d’accroître la concurrence dans un marché unique. Les législations sociales et la protection
sociale apparaissent comme des obstacles à cette
libre concurrence. Il est donc à craindre que
l’harmonisation se fasse par le bas, c’est-à-dire à un
faible niveau de protection sociale.
121. Peut-être peut-on lire dans le rejet du peuple français, le refus de cette dérive libérale de la construction européenne qui met en danger la protection
sociale, à laquelle les français sont très attachés.
122. Car ils craignent une harmonisation vers le haut
de la protection sociale européenne qui pénaliserait leur compétitivité, notamment en alourdissant
le coût du travail.
123. Ils redoutent une harmonisation vers le bas de la
protection sociale européenne, notamment avec
l’élargissement aux PECO.
124. Une harmonisation vers le haut, constituant une
véritable Europe sociale, nécessiterait des aides
très importantes en direction des pays les moins
protecteurs socialement qui sont aussi les plus
pauvres. Or, la faiblesse actuelle du budget européen empêche de telles aides de voir le jour.
111. (PIB Roumanie + PIB Bulgarie) / population
Roumanie et Bulgarie) / Revenu moyen de l’UE.
112. Car ces deux pays accroissent l’écart de protection
sociale entre membres de l’UE puisqu’ils ont la
plus faible part des dépenses de protection
sociale dans le PIB.
Faites le point
1. Vrai / Faux
1. Faux ; 2. Faux ; 3. Faux ; 4. Vrai ; 5. Faux ; 6. Vrai.
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Chapitre 13
2. Complétez le tableau
Niveau des
prestations sociales
(fort ou faible)
Diversité
des prestations
(forte ou faible)
Principal mode de financement
de la protection sociale
(impôts ou cotisations sociales)
Faible
Forte
Impôts
Modèle nordique
(Danemark, Finlande, Suède, PaysBas)
Fort
Forte
Impôts
Modèle continental
(Allemagne, Autriche, Belgique,
France, Luxembourg)
Fort
Forte
Cotisations sociales
Modèle méditerranéen
(Grèce, Italie, Portugal, Malte,
Espagne)
Fort
Faible
Cotisations sociales
Faible
Faible
Cotisations sociales
Modèles
de protection sociale
Modèle anglo-saxon
(Irlande, Royaume-Uni, Chypre)
Modèle est-européen
(Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie,
Pologne, Rép. tchèque, Slovaquie,
Slovénie)
Sujet d’oral 1
Sujet d’oral 2
Questions préalables
Questions préalables
1. En 2004, en France, le niveau général des prix a aug-
1. Le principe de subsidiarité a pour but de préciser le
menté de 2,3 %. En 2005, aux États-Unis, sur 100 dollars
de richesses produites, le déficit du solde des administrations publiques représentait 3,7 dollars. Le 1er janvier
1999, dans la zone euro, pour emprunter à court terme
100 euros, il fallait payer 3 euros d’intérêt.
2. Car depuis 1999, date de la création de l’euro, c’est la
BCE qui fixe le taux d’intérêt à court terme, ce taux étant
unique pour tous les pays participant à la zone euro.
3. L’objectif initial d’un taux d’inflation inférieur à 2 %
était très faible et condamnait la politique monétaire à
une orientation un peu trop restrictive, surtout en période de hausse des prix de l’énergie. En revanche, si le
nouvel objectif (une inflation autour de 2 %) est interprété en terme de fourchette d’inflation, il peut permettre à la BCE de mener une politique monétaire un peu
plus expansive, favorable à une relance de la croissance, sans craindre de dépasser son objectif d’inflation.
partage des compétences entre la Communauté et les
États membres dans l’UEM. Ainsi, la Communauté
n’intervient « que si et dans la mesure où les objectifs de
l’action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en
raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire »
(article 5 du traité de Maastricht).
2. Le PSC fixe une limite permanente de 3 % aux déficits
publics nationaux. De plus, il recommande aux États
membres d’avoir un solde public en équilibre ou excédentaire à moyen terme. Le PSC encadre donc très fortement les politiques budgétaires nationales et limite
ainsi les politiques budgétaires de relance favorables à
la croissance.
3. Entre 2003 et 2004, le PIB réel a augmenté de 2 % en
France. En 2005, en France, sur 100 euros de richesses
produites, le déficit du solde des administrations
publiques représentait 2,9 euros. En 2003, aux ÉtatsUnis, pour emprunter à long terme 100 dollars, il fallait
payer 4 dollars d’intérêt.
Sujet
I. Une politique monétaire européenne de relance permettrait de dynamiser la croissance économique
A. La politique keynésienne de relance monétaire…
B.…facilitée par la création de la monnaie unique
II. La mise en œuvre de la politique monétaire en
Europe limite la relance monétaire
A. Une politique monétaire européenne définie
par le traité de Maastricht…
B. …qui limite fortement la politique de relance
monétaire
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Sujet
I. La politique budgétaire pourrait permettre de dynamiser la croissance économique en Europe
A. Une politique de relance au niveau du budget
communautaire pourrait accélérer la croissance
économique
B. La création de l’euro aurait pu faciliter la politique de relance budgétaire au niveau de chaque
État membre
II. La politique de relance budgétaire est fortement limitée par le fonctionnement actuel de l’UEM
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Chapitre 13
A. L’encadrement auquel est soumis le budget
communautaire lui interdit toute fonction stabilisatrice sur le cycle d’activité
B. Les politiques de relance budgétaire nationales
sont contraintes par le PSC
Dissertation
I. L’Union européenne conduit à la disparition des services publics « à la française »
A. La spécificité des services publics « à la française »
B. La remise en cause des services publics « à la
française » par l’Union européenne
5. La politique monétaire européenne a pour objectif
prioritaire d’assurer la stabilité des prix dans la zone
euro. De plus, la BCE, en charge de cette dernière, a
quantifié cet objectif : le taux d’inflation dans la zone
euro doit être maintenu autour de 2 %. Le niveau du taux
d’inflation permet alors d’observer l’efficacité de la politique monétaire européenne, mais aussi de savoir si elle
conserve une certaine marge de man?uvre pour mener
une politique monétaire plus active.
6. Entre 1999 et 2003, dans la zone euro, le PIB a augmenté, en moyenne, de 1,92 % chaque année.
Question de synthèse
II. L’Union européenne conduit au développement du
service universel
A. La conception européenne des services publics
B. Les limites de la conception européenne des
services publics
I. Les politiques monétaire et budgétaire peuvent permettre une relance de l’activité économique en Europe
A. La politique de relance monétaire
B. La politique de relance budgétaire, seul levier
de politique économique
Question de synthèse
avec travail préparatoire 1
II. Les difficultés de mise en œuvre des politiques de
relance monétaire et budgétaire dans la zone euro
A. Les limites de la politique de relance monétaire
B. Les limites de la politique de relance budgétaire
Travail préparatoire
1. Dans une perspective keynésienne, le niveau de la
croissance économique, donc l’emploi, dépend du
niveau de la demande effective qui elle même dépend
en grande partie du niveau de la demande globale. Or,
la baisse du taux d’intérêt doit stimuler l’investissement
des entreprises qui est un élément déterminant de la
demande globale. De plus, cette hausse de l’investissement va conduire à une hausse plus que proportionnelle
du revenu national grâce au processus du multiplicateur. Enfin, de façon plus factuelle, la baisse du taux
d’intérêt rend moins coûteux le crédit à la consommation, ce qui favorise la hausse de l’autre composante de
la demande globale, à savoir la consommation des
ménages.
2. La politique de relance budgétaire est une politique
économique d’inspiration keynésienne qui a pour principal objectif de lutter contre le chômage, en favorisant
la croissance, grâce à un accroissement de la demande
effective. Elle peut se fonder soit sur une augmentation
des dépenses publiques, soit sur une diminution des
recettes fiscales. Dans les deux cas, elle se traduit à
court terme par un déficit budgétaire qui enclenche le
processus du multiplicateur keynésien.
3. Le PSC impose, à chaque État membre de la zone
euro, une limite de 3 % du PIB pour le déficit public et de
60 % pour la dette publique. Or, une politique de relance
budgétaire nécessite, à court terme, une hausse du déficit public qui peut engendrer un creusement de la dette
publique, si ce déficit est financé par l’emprunt. Dès lors,
si un pays est proche de ces deux limites, il ne pourra
mettre en œuvre une politique de relance même si sa
croissance économique est faible. C’est la situation que
connaissent, en 2006, l’Allemagne, la France et l’Italie
(document 2). De plus, le PSC recommande de viser, à
moyen terme, l’équilibre des finances publiques de
chaque Etat membre, ce qui limite encore la politique de
relance budgétaire.
4. En 2006, en France, sur 100 euros de richesses produites, le déficit du solde des administrations publiques
représentait 2,7 euros.
Question de synthèse
avec travail préparatoire 2
Travail préparatoire
1. C’est un taux de croissance annuel moyen. On calcule
d’abord le coefficient multiplicateur (PIB zone euro en
2003 / PIB zone euro en 1999). On calcule, ensuite, la
racine quatrième de ce résultat. Enfin, on soustrait 1 à
cette valeur. On obtient alors 1,92 %.
2. Traditionnellement, les économistes distinguent
quatre grands objectifs de la politique économique
conjoncturelle qui constituent le carré magique de
Kaldor. Le tableau fait référence à deux objectifs de la
politique économique conjoncturelle : la croissance économique mesurée par le taux de croissance annuel
moyen du PIB et la stabilité des prix mesurée par le taux
d’inflation. Il manque donc deux autres objectifs qui
sont : le plein-emploi, mesuré par le taux de chômage et
l’équilibre, voire l’excédent extérieur, évalué en général
par le solde du compte des transactions courantes de la
balance des paiements, en pourcentage du PIB.
3. La création de la monnaie unique en 1999 (et la disparition des taux de change qui en découle) permet aux
politiques nationales de relance budgétaire d’obtenir de
meilleurs résultats qu’au cours des trente années précédentes. En effet, une politique budgétaire expansive ne
bute plus sur un déséquilibre du compte des transactions
courantes. Elle entraîne simplement un flux de monnaie
vers les autres pays membres et une augmentation de la
dette publique. Les échanges internes à la zone euro sont
assimilables aux échanges à l’intérieur d’un seul et
même pays avec une balance des paiements commune à
l’ensemble de l’union monétaire. Il n’existe plus de
contrainte extérieure mais une contrainte de solvabilité à
long terme des administrations publiques.
4. Le PSC limite fortement la politique de relance budgétaire. En effet, il oblige, sous peine de sanctions, un État
membre à ne pas avoir un déficit public supérieur à 3 %
du PIB. Or, une politique de relance budgétaire doit
conduire, à court terme, à une hausse du déficit public. De
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Chapitre 13
plus, le PSC recommande aux Etats membres de rechercher à moyen terme l’équilibre voire l’excédent budgétaire, ce qui va à l’encontre de toute politique budgétaire
active.
5. Dans l’UEM, la politique monétaire a pour objectif prioritaire la stabilité des prix et non la croissance économique, ce qui contraint fortement la politique de relance
monétaire. De plus, la BCE décide, en toute indépendance,
de la cible d’inflation qui permet d’atteindre cet objectif.
Or, cette cible (autour de 2 %) apparaît très faible et
contraint la BCE à mener une politique monétaire restrictive en permanence. Enfin, la politique monétaire étant de
la compétence de l’UEM, la BCE met en œuvre la politique
monétaire pour l’ensemble de la zone euro. La politique
monétaire européenne apparaît donc inefficace en cas de
choc asymétrique et contrainte de ne pouvoir traiter que
des chocs symétriques.
6. Le budget européen ne peut exercer aucune fonction
stabilisatrice sur le cycle d’activité pour au moins trois
raisons. D’une part, la faiblesse du budget européen au
regard du PNB de l’UE (1,27 % du PNB européen) interdit
toute politique de relance budgétaire au niveau européen. De même, la faible taille de ce budget empêche le
152
mécanisme des stabilisateurs automatiques de jouer.
D’autre part, la concentration des dépenses publiques
européennes sur les dépenses structurelles, notamment
les dépenses agricoles qui absorbent plus de 40 % des
dépenses, laisse peu de moyens pour une politique budgétaire européenne active. Enfin, le budget européen est
décidé pour une période de cinq ans et doit toujours être
équilibré, ce qui empêche toute politique budgétaire discrétionnaire de relance en Europe.
Question de synthèse
I. Les principaux objectifs des politiques conjoncturelles
A. Les objectifs liés positivement (croissance économique, plein-emploi, stabilité des prix et l’équilibre extérieur)
B. Les objectifs liés négativement
II. Les contraintes nouvelles pesant sur la politique budgétaire et monétaire dans le cadre de l’UEM
A. Les contraintes avant la création de la monnaie
unique
B. Les contraintes après la création de la monnaie
unique
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