Je ne veux pas être un père trop ambitieux

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Je ne veux pas être un père trop ambitieux...
Une interview avec Jens Lehman
Alina, Anastasia et David ont rencontré à
Londres Jens Lehmann, gardien de but de
l'équipe nationale allemande et d'Arsenal. Ils
ont évoqué de nombreux sujets : son premier
ballon, la vie et les matchs à l'étranger et bien
sûr, la coupe du Monde.
c'était Toni Schuhmacher mon idole. Mais
il ne jouait pas un rôle important dans ma
vie. Plus tard, j'ai eu quelques bons entraîneurs, dans ma jeunesse déjà, et aussi à
Schalke 04, partout où j'ai été en fait. Mais
les modèles les plus marquants, ce sont
toujours les parents, mon frère, les proches.
Vous parlez combien de langues ?
Je parle anglais, allemand, un peu italien, et
un tout petit peu français.
Est-ce que vous trouvez ça bien que les
joueurs d'une équipe viennent de plein de
pays différents ?
Oui, je trouve ça très bien. C'est une
expérience formidable. Je crois que nous
avons 14 ou 15 nationalités différentes, et
Jens Lehmann à l'Ambassade d'Allemagne à Londres
Est-ce que vous étiez très foot dans votre
famille ?
Non. Ni mon père, ni mon frère, ni mon
oncle n'ont particulièrement joué au foot.
Vous avez eu votre premier ballon à quel
âge ?
Je ne sais plus exactement. J'ai une photo
où pour ma fête – j'avais quatre ans – j'ai
reçu un ballon et un équipement de gardien
de but, un maillot, des gants et un pantalon.
Quand avez-vous décidé de devenir gardien
de but ?
Probablement à cette époque-là. Entre
temps, j'ai été joueur de terrain. A dix ans,
je suis retourné dans les buts. A l'école,
j'étais assez bon à la balle aux prisonniers.
Quelque part, ça me plaisait d'arrêter le
ballon.
Est-ce que vous avez un modèle, une idole,
quelqu'un que vous admirez ou qui a joué
un rôle important dans votre vie?
En tant que footballeur, quand j'étais petit,
Quelque part, ça me plaisait d'arrêter le ballon
on apprend à connaître d'autres nationalités
et d'autres mentalités. Quand on vit à
l'étranger - cela fait maintenant trois ans et
demi que je vis à Londres - on a d'autres
impressions. On fait souvent des erreurs en
s'imaginant comment les choses sont.
Quand elles ne correspondent pas à nos
attentes, alors on est un peu déçu. Il faut
avoir de la patience, laisser les choses venir
à soi. Jouer à l'étranger, c'est une des
meilleures expériences qu'on puisse faire.
Est-ce qu'il y a d'autres joueurs qui parlent
allemand à l'Arsenal ?
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Oui, il y en a quelques uns, et l'entraîneur,
Arsène Wenger, parle aussi allemand. Mais
en fait nous ne parlons jamais allemand.
d'un autre côté, je peux très bien
m'imaginer vivre dans beaucoup d'autres
endroits en Europe.
Est-ce que l'Europe représente quelque
chose pour vous ?
Je trouve la ville de Londres très belle, surtout sa
diversité
Qu'est-ce que vous aimez en Angleterre ?
Ce que j'aime bien, c'est que les gens sont
très courtois et très gentils, qu'ils possèdent
un humour proche de celui des Allemands.
D'une façon générale, je trouve qu'ils ont
pas mal de ressemblances. Je trouve la ville
de Londres très belle, surtout sa diversité.
Qu'est-ce que vous aimez moins ?
Il vaut mieux le dire une fois parti. Les
Anglais lancent facilement des injures. Et
tout est étroit ici. En Allemagne, on a plus
d'espace. Ici, les rues et les immeubles sont
vieux. D'un côté, c'est beau, mais de l'autre
côté, tout est très, très étroit. Quand on
circule en voiture, c'est tellement étroit
qu'on se cogne toujours quelque part. Mais
ce n'est pas vraiment une critique, au fond
ça me plaît...
Dans quel pays aimeriez-vous vivre ?
C'est une bonne question mais je ne peux
pas y répondre en ce moment. J'aime bien
vivre ici, en Angleterre. J'aime bien vivre
en Allemagne, mais je peux aussi m'imaginer vivre en Autriche ou en Suisse, ou
même en Espagne. J'ai une femme et trois
enfants, et nous n'avons pas encore trouvé
de réponse définitive à cette question.
Vous vous sentez Allemand ou Européen ?
Je me sens plutôt encore Allemand. Mais
Oui,
bien
sûr.
L'Europe,
c'est
particulièrement important pour moi parce
que j'en vis un peu, de l'Europe. Les gens
en Europe s'intéressent au foot, et nous
jouons dans la Ligue des Champions. Sans
l'Europe, jouer au foot serait plus
ennuyeux. La Première Division, c'est aussi
intéressant, mais les temps forts, c'est
quand on joue en Europe.
Existe-t-il un foot européen ?
Il existe un foot
anglais, et il existe
un peu un foot
européen. La Ligue
anglaise se différencie des autres
par le fait qu'elle est
très très dure, physique et très rapide.
Et tout simplement
meilleure du point
de vue technique.
En Allemagne par Un fan de foot européen
exemple, ce n'est
pas aussi dur, c'est assez bien au niveau de
la technique, mais pas du tout aussi rapide.
Et là, il existe bien des différences. L'Italie
ressemble au fond à l'Allemagne, et
l'Espagne est par exemple très très bonne
au niveau technique, mais aussi très lente.
En demi-finale, il n'y avait que des équipes
européennes. C'était un hasard ?
Bien sûr, on aurait aussi pu perdre contre
l'Argentine. C'est au tir au but que ça s’est
décidé, et là c'est toujours un peu une question de chance. Je pense que le Brésil ou
l'Argentine auraient pu arriver en demifinale.
On se sent comment quand on sait que des
millions de spectateurs vous regardent ?
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Je ne m'en rends pas vraiment compte.
Dimanche dernier, on a disputé un match,
c'était un match intéressant, Manchester
United contre Arsenal, et avant, à un
moment donné, je me suis dit, là, il y a
plein de gens du monde entier qui
regardent le match. Mais je pense à ça
quelques heures avant le match, et après ça
ne me préoccupe plus vraiment.
La Ligue anglaise est celle qui est la plus
observée dans le monde entier. Et les gens
sont particulièrement fascinés en Asie, et
apparemment en Israël. Nous avons des
matchs à Noël et pour le Jour de l'An, et
maintenant aussi en janvier. Et c'est la
seule ligue au monde qui fasse ça. C'est
probablement pour ça que c'est si attrayant
pour ces pays.
Comment vous sentiez-vous quand vous
avez été sélectionné pour la Coupe du
Monde ?
Bien! J'étais très content. Mais je l'ai appris
à deux heures de l'après-midi, alors que je
rentrais chez moi. En Allemagne, c'était
apparemment un scoop et on en a fait tout
un plat, mais moi, j'étais ici, en Angleterre
et je n'ai pas vraiment remarqué ce qui se
passait.
Ça va commencer !
Recevez-vous plutôt du courrier d'enfants
ou d'adultes ?
Disons 60% d'enfants et 40% d'adultes.
Est-ce que votre vie a changé depuis que
vous gagnez beaucoup d'argent ?
Le fait que j'ai arrêté deux ballons au tir au but,
c'était super
Comment se sent-on pendant les tirs au but?
Est-ce qu'on a peur, est-ce qu'on tremble ou
bien est-ce qu'on est détendu ?
Ben, je ne tremble pas, je n'ai pas peur non
plus, mais bien sûr, je suis extrêmement
concentré et tendu. Pas détendu, ni relax!
Beaucoup d'argent, c'est toujours relatif.
Pour toi, j'ai beaucoup d'argent. Mais je n'ai
pas l'impression maintenant d'avoir
beaucoup d'argent. Je me sens comme
quelqu'un qui sait qu'il a peu de soucis. Je
connais mes parents, ils gagnaient leur vie
normalement autrefois, et je ne crois pas
que mon style de vie soit radicalement
différent de celui de mes parents autrefois.
De quels pays recevez-vous le plus de lettres
de fans ?
Je reçois souvent du courrier d'Asie,
d'Israel, parfois aussi d'Allemagne. En
Allemagne j'en recevais beaucoup plus,
mais quand je reçois du courrier ici, c'est le
plus souvent de ces pays-là.
Et pourquoi de ces pays-là ?
Attention, fragile
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Oh, je ne sais pas du tout.
Oui, mais ça, je le refoule. Ça ne se
produira pas, j'espère.
Vous l'avez perdue ?
Vous voulez nous poser une question?
Non, je ne l'ai pas perdue. Il faudrait que je
regarde où elle est. C'est bien que tu m'y
fasses penser.
Est-ce que vous aimez parler français?
Où gardez-vous votre médaille de bronze ?
Et les autres médailles ?
J'ai tout une caisse avec des médailles
dedans. On reçoit toujours une médaille ou
une coupe pour les matchs nationaux. Et je
crois qu'elles sont toutes dans une caisse.
Enfin, il faudrait que je vérifie si elles sont
toutes dedans.
Que faites-vous pendant votre temps libre ?
Je m'occupe pas mal de mes enfants. Nous
avons un petit bébé, je viens justement de
faire une promenade avec lui, et nous
avons encore deux fils, l'aîné a 10 ans et le
deuxième a 6 ans.
Et celui qui a 10 ans, il aime bien jouer au
foot aussi ?
Oui, mais pas comme gardien de but.
C'est comment d'être célèbre ?
Oui, nos mères sont Françaises et nous
parlons français avec elles. De toute façon,
nous avons grandi avec les deux langues,
alors nous sommes habitués.
Moi par exemple, je ne veux pas forcer mes
enfants à faire quelque chose qu'ils n'ont
pas envie de faire, à apprendre maintenant
encore deux, trois ou quatre langues. Mais
chez vous, ce n'est pas le cas, n'est-ce pas ?
Quand on est petit, on ne se rend pas compte qu'on apprend une langue. Enfin, si on
devait apprendre une dizaine de langues
bébé... mais deux, ça va encore. Et vos
enfants ?
Ils parlent anglais, bien sûr, huit à dix
heures par jour. Et je ne crois pas qu'ils
l'oublieront un jour. Mais je ne souhaite
pas les forcer. Nous vivons ici, c'est
pourquoi ils doivent parler anglais. Je ne
veux pas être un père trop ambitieux qui
dit, tu dois faire ça et ça et ça.
Je n'ai pas le sentiment d'être célébre. C'est
comme avec l'argent. Je ne me lève pas le
matin en pensant: "Je suis célèbre". Mais je
sais qu'il y a bien heureusement plein de
gens qui s'intéressent au foot. Ça a
quelques avantages d'être connu par
beaucoup de monde, mais il y a aussi des
inconvénients : Quand on se promène en
ville ou qu'on fait des courses et qu'on a
l'impression de ne pouvoir se promener
nulle part incognito.
Est-ce que la vie normale vous manque
parfois ?
Oui, la vie normale, que personne ne me
reconnaisse, ça pourrait me manquer.
De quoi avez-vous peur ?
De maladies dans ma famille.
Et, est-ce que vous avez aussi peur d'avoir
des accidents en jouant au foot ?
Après la partie de foot