Quand James Noël rencontre les élèves de Van Der Meersch…
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Quand James Noël rencontre les élèves de Van Der Meersch…
Anne Morange Première L et Seconde C Lycée Van der Meersch de Roubaix Année 2011-2012 Dans mon enfance, on m’a montré beaucoup d’étoiles, je les ai admirées, j’en ai rêvé, mais des étoiles noires, personne ne m’en a jamais parlé. Seul l’esclavage était mentionné. Pouvez-vous me citer un scientifique noir ? Un explorateur noir ? Un philosophe noir ? Un pharaon noir ? Ces étoiles m’ont permis d’éviter la victimisation, d’être capable de croire en l’homme, et surtout d’avoir confiance en moi. Lilian Thuram, Mes Étoiles noires. De Lucy à Barack Obama (2010) À la rencontre du poète haïtien James Noël… James Noël au lycée Maxence Van Der Meersch Photo : Anne Morange Le poète haïtien James Noël est venu à la rencontre des élèves de Seconde C et de Première L ce vendredi 18 novembre de l’année 2011. À la question « Quel poème préférez-vous ? », James Noël répond : « Le poème que j’aime le plus est le roman que je suis en train d’écrire. » Paroles de poète… Comment James Noël est devenu poète : c’est un hasard, c’est son frère qui écrivait ; lui aimait le basketball. Quand on lui demande s’il connaît des moments de joie, James Noël répond qu’il en connaît dans l’acte de la création, surtout quand il termine un livre : il ressent, alors, une joie inouïe : « Je libère mon angoisse grâce à mes textes ». Pour lui, la création est un grand moment de joie ! Mais méfions-nous, comme il le dit lui-même : « Tout ce que j’écris n’est pas tout ce que je ressens. » À la rencontre du poète haïtien James Noël p. 1/6 Sur les pouvoirs de l’écriture, le poète continue : « Il y a beaucoup de choses que j’aimerais exprimer, mais pas moyen de les dire ! ». L’homme est en lutte, lui aussi, pour dire l’émotion… Un élève l’amène à parler du monde comme il va : « L’écriture peut-elle arrêter le sang, le massacre ? Je n’en sais rien… » James Noël évoque, alors, les lectures qui le nourrissent : « J’écris avec mon histoire de lecteur ». Et de raconter ses admirations, ses goûts aussi : Éluard, Aragon… Cependant : « Mes goûts changent par rapport au temps ; c’est comme la cuisine, avec des ingrédients, je mets tout ça dans ma marmite, et ça a un goût unique. Il faut être à l’écoute de ce qu’on écrit », dit-il. Aux élèves qui ont lu ses poèmes et qui ont écrit à partir de son œuvre, James Noël se fait rassurant : « L’écriture s’apprend. Tout le monde peut écrire ! Je n’ai jamais de mal à écrire, car j’écris quand cela me prend. » Aussi « on peut écrire sans avoir quelque chose à dire ». Questionné sur les pouvoirs de la poésie, il répond : « On peut ouvrir un livre et y être transporté dans un tout autre monde ». Surtout, avec les mots, la poésie, pour James Noël, « On peut écrire pour provoquer un événement ». Sur les rimes, sur ceux qui se contentent d’être poètes, il se fait vif : « un poète qui se contente d’être poète c’est un poète qui fait chier », et un poète qui « fait chier », c’est « un poète qui bombe le torse, qui se regarde dans le miroir, qui se revendique poète. » A James Noël : le monde, l’histoire, l’autre monde comme le monde tout court ! « Je trouve que le monde tourne à l’envers. Grâce à mon stylo, j’essaie d’éteindre les feux. » Oui, avec James Noël, l’écriture est une arme : « Je ne suis pas un poète de tous les jours ». Pour la tradition, les règles, les contraintes et la liberté, le poète assure et rassure : « Je ne mets pas de ponctuation ; quand on parle, on ne les voit pas, les signes de ponctuation, donc pourquoi en mettre dans mes poèmes ? Je laisse les rimes aux nostalgiques. » James Noël est un généreux : de ses ateliers poétiques, en prison, il dira son amour de l’homme et son humanité. Merci à Jade Saelens et à Coraline Hérault (Première littéraire) Souvenirs de James Noël… James Noël est un poète de notre temps, et qui connaît les malheurs de notre monde. Il est jeune, il est une voix majeure de la poésie haïtienne. Il est le témoin de choses que l’on ne connaît pas, parce qu’il vit dans un coin du monde que l’on ignore. Son regard est ouvert ; l’humain a une grande importance pour lui ; il parle beaucoup des hommes. Cet homme se considère comme un paresseux qui aime la rencontre et le partage. James Noël est contre les guerres et la violence de ce monde. Il a écrit plusieurs poèmes pour en dénoncer les horreurs. Il écrit à partir de ce qu’il voit. Pour lui, la poésie est une arme miraculeuse et fondamentale. Marine, Seconde C Le témoignage de James Noël m’a émue. Sensible, l’auteur s’inspire des événements de la vie pour écrire ses poèmes. Il aborde des sujets tragiques, douloureux ; toutes ses émotions sont dans ses poèmes. Margaux, Seconde C À la rencontre du poète haïtien James Noël p. 2/6 Quand James Noël est arrivé, on ne pouvait pas dire qu’il était poète. Je l’ai trouvé plutôt banal. C’était la première fois qu’on voyait un poète. Il s’est installé, a commencé à nous parler ; il nous a expliqué qui il était vraiment, et ce qu’il faisait dans son métier de poète. James Noël aime raconter sa vie, surtout ce qui se passe dans son entourage… des choses vraies… ce qu’il a vécu, à un moment de sa vie… C’est un homme qui aime faire partager ses émotions au lecteur. Je trouve James Noël original. Morgane, Seconde C Pour ce qui est de la rencontre avec James Noël, je me souviens de sa façon de dire qu’il était libre. Il se sent libre. C’est un homme simple, et qui a tant de facilité à écrire ! C’est rassurant de se dire qu’écrire un poème, c’est aussi dur pour lui que pour nous. Il a besoin de temps, d’inspiration, il est proche de nous. Chloé, Seconde C Auparavant, je n’avais jamais entendu parler de James Noël. Mais j’ai tout de suite aimé ses poèmes, qui sont à la fois originaux, beaux, différents les uns des autres. À chaque fois que je lis un poème de James Noël, j’ai l’impression que c’est du vécu, qu’il écrit ce qu’il a vu quelque part. Le fait de l’avoir rencontré pour de vrai est extraordinaire, exceptionnel. Beaucoup d’élèves n’ont pas eu notre chance. Nawel, Seconde C Fragments de lecteurs… Pour ne rien vous cacher, quand j’ai tenu pour la première fois le livre de James Noël, sans même savoir pourquoi, je l’ai ouvert au hasard, et je suis tombée sur le poème « Pile ou Face ». Je l’ai lu, et j’y ai tout de suite trouvé une petite partie de moi. Je me pose souvent cette question : « qui suis-je ? Suis-je moi-même ? Qu’y a-t-il en dessous de ces habits à la mode ? » Je n’ai jamais trouvé la réponse, je cherche toujours, mais ce poème m’a ouvert les yeux. Nawel, Seconde C À la rencontre du poète haïtien James Noël p. 3/6 J’aime « Dernière phase », car tendre les poings est un signe de rébellion, et je pense que ce poème montre la rage, celle qu’il faut pour se rebeller face aux autres pour la fraternité. Écrire ce poème est une preuve du courage de James Noël. C’est aussi la profondeur de ses mots : il choisit vraiment les bons mots pour toucher. Chloé, Seconde C J’aime « Pour une explosion planétaire de l’amour », parce que le poète y dit combien l’amour est une arme puissante. Jordan, Seconde C Je n’oublierai jamais « Le sang versé en liquide et le corps en pièces, monnaie courante des dictatures ». James Noël sait dénoncer la dictature qui tue chaque jour des milliers d’innocents. Sa poésie est d’une extrême sensibilité et on ressent très bien l’émotion que l’auteur a voulu transmettre. Léa, Seconde C Je voudrais vous parler d’ « Alerte rouge ». C’est un poème très court, original. Il résume parfaitement le monde d’aujourd’hui et sa société. De plus, dans ces vers, James Noël parle de fenêtres qui couvrent toute la terre. Ces fenêtres symbolisent les maisons qui peuplent cette terre : toutes les fenêtres des maisons qui recouvrent cette terre simple. Mohammed, Seconde C J’aime relire « Déclic ». C’est un poème différent des autres. C’est un poème si court ! James Noël casse l’image du poème long qui raconte une histoire. Il nous montre ici qu’en neuf mots seulement, il peut créer un poème, une atmosphère, faire de l’art, faire passer une réflexion. C’est aussi amusant dans le sens où le poète, une fois ces deux vers écrits, a les mains libres. Yanice, Seconde C À la rencontre du poète haïtien James Noël p. 4/6 J’adore lire « Les fruits qui démangent ». Le titre m’a intriguée : comment des fruits peuvent-ils démanger ? J’aime aussi « Texte à ma terre (Textamentaire) », ce poème est mon préféré, à dire vrai. J’ai bien aimé le jeu de mots. Je trouve que ce texte est celui qui correspond le mieux à James Noël, car il parle beaucoup du monde, de la population, de la planète, des plantes. C’est un homme très ouvert au monde, et à tout ce qui l’entoure, à tout ce qui le compose. Céline, Seconde C Comment ne pas parler de ce poème : « Le Crime aveugle ». Nous l’avions lu et travaillé en classe. Il m’avait tout de suite plu : je le trouve réaliste, je le trouve touchant. J’aime beaucoup quand les poèmes de James Noël sont inspirés de faits réels. Je trouve que ce poète a du courage, quand il parle de sujets si délicats. J’aime ses mots, ses textes faits de métaphores. Je voudrais juste ajouter que j’aime aussi son poème « Chute de pierres ». L’auteur mélange un peu tout : le feu, la pluie, les anges, les fleurs, les pierres. Je pense qu’il n’y a pas réellement de signification exacte dans ce poème, ou que nous devons trouver encore ce qu’il signifie. Élisa, Seconde C Connaissez-vous le poème « Fond de verre » ? C’est un poème qui me touche, je le trouve « super bien écrit ». C’est un texte vraiment très beau. J’aime profondément la façon dont James Noël compare le sourire de la personne à différentes belles choses, comme à « un sourire venu d’ailleurs » : « Ton sourire au fond du verre de bonne source chante l’avenir » : je trouve ces mots vraiment très beaux. D’ailleurs, ce poème correspond parfaitement au souvenir que j’ai de James Noël. Cette façon qu’il a d’être romantique, attentionné… je dirais qu’on le reconnaît dans ce poème. Je ne peux pas expliquer pourquoi j’ai un faible pour « Une lampe au fond des mers » : c’est un coup de cœur. J’aime vraiment les poèmes d’amour de James Noël. Tamani, Seconde C Lorsque j’ai lu le poème « Hanna », cela m’a fait penser au cyclone qui a causé de nombreux dégâts et dévasté les Caraïbes. C’est un poème émouvant. J’ai eu l’impression que James Noël était présent au moment de cette horrible catastrophe naturelle… À côté de cela, il y a « Rétroviseur de l’enfance ». C’est un texte que j’ai apprécié, et qui m’a transportée dans mon enfance, où je me suis reconnue avec des images de construction d’avions et de bateaux en papier… Mais une différence, cependant : je n’utilisais pas mes cahiers d’écolière ! Margaux, Seconde C Il y a un poème incroyable de James Noël : « Incantation sur l’union libre des îles ». Je le trouve intéressant. Il fait référence à ce qui est à la source de catastrophes naturelles : les plaques tectoniques, qui provoquent des tsunamis, plus ou moins importants. Le thème des îles m’a plu, car je rêve d’aller en voyage sur une île qui est un lieu paradisiaque à mon goût. Constance, Seconde C À la rencontre du poète haïtien James Noël p. 5/6 « Déclic »… « Pile ou face »… « Sur le vif »… j’ai choisi ces poèmes car, avec eux, je retrouve des émotions déjà connues, jadis. De plus, dans ces vers, James Noël arrive à expliquer ce qu’il ressent. Alors, je vois un fond noir, car le noir peut représenter le néant, et pour moi, la poésie part de rien, et se crée, et s’invente à partir de ces ténèbres. La poésie ne peut se vivre qu’avec la muse du poète. Youcef, Seconde C J’ai choisi « Virage », car c’est un poème assez triste, qui parle de femmes qui ont été violées et tuées. Je trouve que c’est un poème assez important car il fait passer un message pour sensibiliser les habitants sur ces horreurs. J’aime aussi « Pour une explosion planétaire de l’amour » : c’est une œuvre sur la paix, c’est une œuvre sur l’amour, qui dit qu’il faut savoir passer à autre chose, tourner la page, faire la paix, donner de l’amour. C’est un poème qui redonne l’envie, un poème ouvert et coloré. Julie, Seconde C À la rencontre du poète haïtien James Noël p. 6/6