Le textile générateur d`énergie
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Le textile générateur d`énergie
Techno & médias Lundi 10 novembre 2008 Page 12 presse Mouvements de concentration en vue dans la presse gratuite L Malgré un succès d’audience, les journaux gratuits peinent à trouver l’équilibre alors que le marché publicitaire marque le pas. Pour résister à la crise, le secteur pourrait se concentrer. PPar Cécile Barbière a crise impacte sérieusement le modèle économique des quotidiens gratuits d’information. De fait, Metro International sera en perte en 2008 et le norvégien Schibsted, éditeur du quotidien gratuit « 20 Minutes », vient d’annoncer des résultats décevants au troisième trimestre. Touché de plein fouet par le recul des investissements publicitaires, sa seule source de revenus, le secteur pourrait choisir de se concentrer pour résister. Pourtant, avec 4,2 millions de lecteurs chaque jour en France, les journaux gratuits rencontrent un véritable succès en termes d’audience. Mais la fin de l’année s’annonce particulièrement dure. Les dernières prévisions de France Pub (groupe Hersant Média) tablent sur un recul de 3 % des recettes publicitaires de la presse gratuite. « Le marché publicitaire est pire que ce que nous avions prévu. La crise actuelle nous touche de plein fouet », reconnaît le président du conseil d’administration de Metro France, Jean-Michel Arnaud. « un titre de trop » Le manque à gagner sera difficile à combler. « Aujourd’hui, la presse gratuite d’information n’est pas une activité rentable, analyse Jean-Christophe Thiéry, directeur général de Bolloré Média. Un seul groupe est à l’équilibre, et les autres perdent de l’argent. » Arrivés sur le marché des gratuits en 2006 et 2007, les quotidiens du groupe (« Direct Soir » et « Direct Matin Plus ») devraient afficher des pertes d’environ 25 millions d’euros pour l’exercice 2008, et parvenir à l’équilibre d’ici à 2013. « Si l’arrivée de Direct Matin en 2007 n’a pas eu d’impact sur notre audience, elle a entamé le gâteau des recettes publicitaires », reconnaît Jean-Michel Arnaud. Pour beaucoup, la concentration du secteur semble inévitable. « En presse gratuite, il y a un titre de trop », affirme Pierre-Jean Bozo, président de « 20 Minutes ». Selon nos informations, TF1, actionnaire minoritaire de « Metro », aurait d’ailleurs approché le groupe Schibsted en vue d’une fusion avec « 20 Minutes », mais sans suite. Si chez « Metro », on affirme qu’une opération de La presse quotidienne gratuite La diffusion à fin septembre 2008 845.554 20 minutes 749.686 Metro 700.000 Réseau Villes Plus 516.943 Direct Soir L'audience cumulée 2007-2008 4.188.000 Total 2.617.000 20 minutes 2.419.000 Metro 1.330.000 Réseau Villes Plus 846.000 Direct Soir Sources : OJD, Étude Epiq /Photo : Réa rapprochement « n’est absolument pas à l’ordre du jour », le président de « 20 Minutes » ne s’interdit rien : « Avec notre positionnement de leader, nous regardons toutes les opportunités de croissance externe et de concentration. » De son côté, le groupe Bolloré ne compte pas céder sa place sur le marché : « Nous sommes un groupe persévérant », explique Jean- Christophe Thiéry. Selon JeanClément Texier, expert médias et président de Ringier France, « les journaux gratuits en France sont adossés à des actionnaires solides. Schibsted ("20 Minutes"), Metro International et le groupe Bolloré ont tous les trois les moyens de tenir. Ce qui fera la différence, c’est leur volonté de maintenir leur marque sur le marché ». La Tribune - 10 novembre 2008 - p. 12 Innovation Le textile générateur d’énergie Cinq industriels se frottent aux nanosciences à Grenoble. En quatre ans, l’association Metis a déposé 14 brevets prometteurs. PPar Rosalie Hurtado Q uand les fibres textiles convertissent la chaleur humaine en électricité… Ce tissu utilisant les principes de la thermogénération existe bien ! Il est développé par Sofileta, membre de l’association Metis. Ce réseau de cinq entreprises innovantes – en liaison avec le CEA – présentait récemment ses premiers résultats après quatre ans d’activité à Grenoble. Ces sociétés iséroises ont déposé 14 brevets dans les domaines des nanosciences appliquées au textile, l’électronique flexible sur substrats souples ou encore les vêtements thermogénérants. Le tissu créé par Sofileta est composé de Nylon dans lequel sont tissés des fils de deux alliages différents. La différence publicité de température entre certaines fibres du textile provoque l’apparition d’un très faible courant électrique qui peut alimenter des dispositifs électroniques à très basse consommation. « La thermoélectricité permet une réelle autonomie pour les systèmes électroniques embarqués à faible consommation, en particulier quand la source d’énergie est liée au métabolisme du corps humain », explique Charles Salvi, chercheur au CEA. Des exemples ? Un casque baladeur fonctionnant avec la chaleur de la tête, la manipulation d’une télécommande de télévision économisant ainsi les piles polluantes, ou, beaucoup plus sophistiquée, la veste du pom- Avec ses fibres de Nylon entrelacées de fils de deux alliages différents, ce textile conçu par Sofileta est capable de convertir la chaleur en électricité. pier bardée de capteurs et qui intègre un GPS. La thermogénération est également utilisée pour la lutte contre la contrefaçon : des nanocodes, détectables uniquement à l’aide d’un décodeur, prouvent l’authenticité d’un produit. du papier peint anti-wi-fi Autre piste de recherche : un papier de revêtement mural faisant écran aux ondes wi-fi, GSM, Bluetooth et bientôt Wimax. Une innovation qui pourrait séduire des personnes inquiètes, femmes enceintes ou parents souhaitant protéger leurs jeunes enfants en vertu du principe de précaution. « Notre objectif est de développer des produits dont l’aspect est inchangé pour l’utilisateur final ou l’installateur, mais dont la fonctionnalité sera différente, avec la possibilité de doser les ondes électromagnétiques selon le besoin », explique Henri Magnin, directeur du centre de recherche du papetier Arjowiggins, qui travaille dans ce sens avec le CEA et la société Rexor. Chez Thuasnes, leader européen du textile médical, le projet en cours vise l’intégration de capteurs de mouvement et d’orientation dans une orthèse de genou ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la rééducation (maintien à domicile de personnes à mobilité réduite…). Pour sa part, HTH (Holding Textile Hermes) multiplie les expériences : l’insertion et la connexion de circuits électroniques et de leds sur des fibres vestimentaires rendent les tissus lumineux. Ce textile fournirait une meilleure visibilité aux cyclistes la nuit ou permettrait une meilleure sécurisation des équipements dans les zones sombres. L’intérêt peut être aussi simplement esthétique : reproduire l’effet iridescent observé sur les ailes de papillon par les techniques de dépôt d’une fine couche d’argent ou d’oxydes métalliques. santé La télémédecine n’est plus de la science-fiction la technologie est fiable, les médecins motivés… Exemples en Midi-Pyrénées et en Bretagne. Les navigateurs du Vendée Globe explique le professeur Lareng, qui viennent de s’élancer dans président du RTR. Le CHU de un tour du monde en solitaire Toulouse offre ainsi des services ne craignent plus les bobos. La de téléconsultation de médecins médecine à distance a boule- référents pour des diagnostics et versé leur quotidien : un blessé des prescriptions. Ils permettent peut prendre contact par visio- par exemple le suivi partagé de conférence avec le médecin qui grossesses à risque avec les madiagnostique en direct. Loin ternités ou la consultation de d’être anecdotique, cet exploit neurochirurgiens par les servidémontre que la télémédecine ces d’urgence des hôpitaux de la est entrée dans l’âge de raison. région. Les freins réglementaires et politiques pèsent encore mais les économie significative solutions technologiques exis- En Bretagne, une autorisation tent. Elles sont même extrême- dérogatoire de l’Agence régioment fiables grâce à des liaisons nale d’hospitalisation a permis haut débit sécurisées qui four- l’installation d’un dispositif de télésurveillance de nissent de l’image et du patients en dialyse. son en haute définition. Depuis dix « Le médecin basé Le spécialiste de la viau CHU de Saintsioconférence Polycom ans, en midiBrieuc surveille la l’a bien compris. En plus pyrénées, séance de dialyse qui de ses activités classiques liées au monde des affai- plus de 13.000 se déroule à l’hôpital de Lannion, distant res, il s’est développé sur dossiers de de 70 kilomètres. Il les créneaux de l’éducation à distance et de la patients ont peut guider l’infirmier sur un geste télémédecine. Nombre été traités. médical précis grâce de ses stations équipent ainsi le Réseau Télémédecine à l’utilisation d’une caméra Régional (RTR) de Midi-Pyré- haute définition », explique le nées qui connecte 47 établisse- docteur Françoise Leonetti. ments de soins et 5 cabinets de Le déplacement hebdomamédecine générale. Depuis dix daire des patients de Lannion ans, plus de 13.000 dossiers de à Saint-Brieuc est ainsi évité. patients ont été traités ! « Dans Une économie significative… cette région très étendue avec Les professionnels de la santé des zones géographiques d’accès attendent désormais un geste parfois difficile, ce réseau consti- politique fort pour généraliser tue un atout pour le rapproche- la télémédecine. ment des acteurs de santé », LAURENT PERICONE en bref Le cœur artificiel bat déjà C’est une jeune société prometteuse que vient de lancer le professeur Alain Carpentier avec le soutien d’EADS, d’Oséo et de Truffle Capital. Carmat concrétise vingt ans de travaux sur la conception d’un cœur artificiel qui serait une alternative à la transplantation cardiaque. Ce prototype de 900 grammes imite parfaitement le fonctionnement de l’organe humain grâce à l’utilisation de matériaux biocompatibles et d’une motorisation de pointe. Les premiers essais cliniques sur l’homme sont prévus pour 2011. DR nanosciences