BFM BUSINESS 12H, L`HEURE H – Le 29/02/2016 – 12:17:11 Invité
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SCRIPT INTEGRAL 29/02/16 - 15:02 Page 1/3 Ref. Doc. : 2501-9784199-1 A : Service de presse / CONSEIL SUPERIEUR DU NOTARIAT Mot-Clé : NOTAIRE BFM BUSINESS 12H, L'HEURE H – Le 29/02/2016 – 12:17:11 Invité : Pierre-Luc VOGEL, Président du Conseil supérieur du notariat HEDWIGE CHEVRILLON C'est un des premiers effets de la loi Macron : la baisse des tarifs des notaires et des huissiers. Le coup de fil du jour, c’est à Pierre-Luc VOGEL, le président du Conseil supérieur du notariat. Pierre-Luc VOGEL, bonjour. PIERRE-LUC VOGEL Bonjour madame CHEVRILLON. HEDWIGE CHEVRILLON Merci d’être là. Donc pour la première fois, baisse des tarifs jusqu’à 10 % voire 70 % quand c’est des petites transactions. PierreLuc VOGEL, pour vous c’est une catastrophe ou, de toute manière, vous pensez que ça ne va pas changer grand-chose ? PIERRE-LUC VOGEL D’abord, je crois qu’il faudra rétablir un certain nombre de vérités sur les propos que vous venez de tenir. Il faut faire la distinction entre ce qui relève de l’affect… HEDWIGE CHEVRILLON C'est le communiqué d’Emmanuel MACRON, je l’ai devant moi en l’occurrence. PIERRE-LUC VOGEL Oui, bien sûr. Mais il n’empêche qu’il y a des inexactitudes, il faut être très clair. Il y a d’un côté la baisse des tarifs de 2,5 % et, de l’autre côté, une faculté de remise de 10 % sur les ventes dont le prix est supérieur à cent cinquante mille euros. Moi mon état d’esprit aujourd'hui, il est clair : c’est l’état d’esprit d’une personne qui a la responsabilité de quatre mille six cents entreprises, de dix mille professionnels, dix mille chefs d’entreprise et cinquante mille emplois. Mon objectif, c'est quoi ? C'est d’abord le maintien de l’équilibre économique des offices, la préservation de l’emploi et également l’accès au droit pour nos clients. HEDWIGE CHEVRILLON Tous droits réservés SCRIPT INTEGRAL 29/02/16 - 15:02 Page 2/3 Pierre-Luc VOGEL, on ne va pas refaire les discussions autour de la loi Macron. On sait qu’évidemment vous vous êtes élevé largement pour. Là maintenant a priori, c’est aujourd'hui que débute cette baisse des tarifs. Est-ce que vous êtes en train de nous dire que finalement, il faut préserver l’équilibre économique des notaires et que, bref !, on ne va pas baisser à nos frais. PIERRE-LUC VOGEL Non. Ce que je suis en train de vous dire très clairement, c’est quels sont mes objectifs. Maintenant, la baisse est là et elle se réalise de deux manières. D’abord, il y a une baisse homogène de 1,4 % des honoraires sur l’ensemble des actes. Ce qui pose problème, c’est la baisse qui est concentrée sur les petits actes, et vous relatiez tout à l'heure, avec ce plafonnement des émoluments à 10 % des capitaux traités avec un minimum de quatre-vingt-dix euros. Ça va conduire à quoi ? Ça va conduire à ce que les offices qui sont dans les secteurs économiques difficiles, dans les zones rurales, qui traitent le plus souvent ce type de dossier soient en difficulté. Ils vont être obligés de percevoir un émolument qui est sept fois inférieur au prix de revient d’un acte. J’allais dire pour une loi qui était censée respecter les coûts pertinents, le moins qu’on puisse dire c’est que l’objectif n’est pas atteint. GUILLAUME PAUL Est-ce que, du coup, vous êtes en train de nous annoncer une hémorragie d’emplois dans la profession ? Vous nous disiez : “J’ai comme priorité de maintenir les emplois dans cette professionˮ. Estce que vous dites : “Ça y est, on va arriver à l’heure de véritéˮ finalement de ce point de vue-là ? PIERRE-LUC VOGEL Je pense que les difficultés économiques peuvent survenir sur les offices qui sont en secteur rural et qui reçoivent les actes qui portent sur des petits capitaux, sur des prix inférieurs à neuf mille euros. C’est en ça que j’aurais préféré que la baisse soit homogène de 2,5 % sur l’ensemble des tarifs plutôt que de cibler en partie sur les petits actes. Et permettez-moi de relever également que l’Etat a quand même le talent pour imposer aux autres ce qu’il ne s’impose pas à lui-même. HEDWIGE CHEVRILLON Ça, on est bien d’accord. PIERRE-LUC VOGEL Je constate que les taxes qui constituent la majeure partie des frais qui sont acquittés par les acquéreurs, ces taxes qui aujourd'hui s’élèvent à environ 6 %, ont augmenté de 0,7 % au cours de la dernière année. L’Etat se comporte avec nous comme il se comporte Tous droits réservés SCRIPT INTEGRAL 29/02/16 - 15:02 Page 3/3 avec les collectivités locales, c'est-à-dire qu’il impose aux autres ce qu’il ne s’impose pas à lui-même. GUILLAUME PAUL Je vous repose la question : disparition d’emplois à prévoir à court ou moyen terme pour vous. Six, douze, dix-huit mois dans ces études rurales notamment, situées en zone rurale ? PIERRE-LUC VOGEL Ecoutez, il y aura des difficultés économiques pour ces offices. Nous verrons ce que nous pouvons faire au titre de la solidarité professionnelle pour leur permettre d’absorber ce choc. Mon objectif est donc de faire en sorte que l’équilibre économique de ces offices et l’emploi soient préservés. HEDWIGE CHEVRILLON Toujours dans ce fameux communiqué de Jean-Jacques URVOAS aussi, le garde des Sceaux, et Emmanuel MACRON : “Les tarifs ainsi seront plus justes, plus clairs et plus lisibles, et participent d’une meilleure accessibilité au droitˮ. Ça, ça devrait vous convenir. PIERRE-LUC VOGEL Oui, bien sûr. J’allais dire entre les déclarations d’intention et la réalité du terrain, il y a souvent un décalage. D’abord ce que je note, c'est que le communiqué émane du ministère de l’Economie et est signé par le ministre de l’Economie. HEDWIGE CHEVRILLON Les deux, les deux. Jean-Jacques URVOAS, ministère de la Justice, et Emmanuel MACRON. PIERRE-LUC VOGEL Toujours est-il que très clairement depuis le début, nous nous battons pour l’accès au droit. Cet accès au droit va s’y trouver malmené parce que force est de constater aujourd'hui que ce sont les petits offices qui vont être visés. Je me pose la question : pourquoi s’en prendre à ces offices qui assurent l’accès au droit ? Peut-être que le ministère de l’Economie n’a pas d’appétence particulière pour cette France parce qu’il la connaît mal et qu’il est trop axé sur Paris. GUILLAUME PAUL Merci, merci beaucoup Pierre-Luc VOGEL, président du Conseil supérieur du notariat, d’avoir été avec nous sur BFM Business. 12:22:40 FIN) Tous droits réservés