La transparence ou l`«effet
Transcription
La transparence ou l`«effet
LE POINT SUR... La transparence ou l’«effet-miroir» Le travail (et, c’est symptomatique, encore plus le mérite) des conseils d’administration, des directions ainsi que des experts-comptables et des conseillers est aujourd’hui au centre de l’intérêt public. Une large discussion sur la Corporate Governance a été déclenchée, à laquelle l’organisation faîtière de l’économie suisse, (Economiesuisse), a contribué en élaborant un «Swiss Code of Best Practice» alors que la Bourse suisse SWX publiait une «Directive concernant les informations relatives à la Corporate Governance». Le «Swiss Code», ligne directrice et recommandation, s’adresse d’abord à des sociétés cotées en leur laissant toutefois une grande marge de manœuvre. La Directive concernant les informations relatives au Corporate Governance» obligera les sociétés cotées à la SWX, à partir de l’exercice courant, à «publier les rémunérations, nombre d’actions et d’options détenues par les membres du conseil d’administration et de la direction». Selon le principe «comply or explain», les autres informations concernant la Corporate Governance sont à rendre publiques, à défaut, une explication doit figurer dans le rapport annuel pour justifier les divergences particulières. Il est indiscutable qu’avec pour arrière-plan la forte demande du marché pour une transparence totale, la pression exercée pour contraindre les entreprises à une réelle publication de tous les faits liés à cette problématique est suffisamment grande. Lors du congrès de l’Industrie-Holding sur la Corporate Governance, le professeur Manfred Timmermann, Président du conseil d’administration de Saurer, s’est servi de l’exemple de Saurer pour montrer comment les directives et les recommandations sont appliquées concrètement. Il a exposé avec éloquence ses expériences de manager alors qu’il était Secrétaire d’Etat au ministère allemand de la défense sous le ministre de l’époque, Manfred Woerner. Sa profession de foi en faveur de la transparence était fondée sur «l’effet miroir». Les décisions du ministère étaient contrôlées selon les «réactions au miroir», c’est-à-dire qu’il s’agissait de savoir, si, après la décision prise, il L’Expert-comptable suisse 4/02 était toujours possible de se regarder dans le miroir avec bonne conscience et si la décision allait survivre sans grand dommage à la prochaine parution du magazine «Spiegel». La transparence est en effet la notion clé, même si elle ne recouvre pas le contenu total de la Corporate Governance. Celle-ci représente «l’ensemble des principes visant à assurer les intérêts des actionnaires», tout en assurant «la capacité de décision et l’efficience de l’entreprise à l’échelon le plus élevé et l’équilibre entre la direction et le contrôle». Les rémunérations des managers sont visées Au cours de sa session de printemps, le Conseil national s’est penché lui aussi sur des questions relatives à la Corporate Governance. Son attention s’est surtout portée sur les indemnités des grands managers. L’actualité fournissait l’exemple: les indemnités de départ excessives de Barnevik et de Lindahl chez ABB et d’autres faits semblables dans le passé. Il a approuvé des règles légales relatives à la transparence. Les moulins de la justice broient mais ils sont lents. La Bourse devancera le législateur avec ses règlement souples. Pour ce qui concerne la question délicate des indemnités, la Directive ne prescrira que la publication du total des indemnités, touchées, d’une part, par les membres exécutifs du conseil d’administration et de la direction et, d’autre part, par le groupe des membres non exécutifs du conseil d’administration. Cette règle ne satisfait personne, les exigences du Parlement allaient clairement dans le sens d’une publication individuelle. ceux-ci devaient être payés au moyen du bénéfice net déclaré. De plus, faisant partie de l’emploi du bénéfice, ils étaient transparents et devaient de plus être approuvés par l’assemblée générale. A la fin des années 60, «Finanz und Wirtschaft» a rendu ces indemnités du conseil d’administration transparentes et les a attribuées séparément, par estimation, aux divers bénéficiaires de mandats. La clé de répartition variant de société à société, un tel calcul était bien sût approximatif. En outre, le Président de l’UBS pouvait à l’époque déclarer que, contrairement à ses collègues à la tête du CS, il verserait à sa banque ses indemnités d’administrateur non bancaires ...L’économie a aussitôt réagi et, malgré l’inconvénient pour le fisc qui à l’époque intervenait moins, elle a progressivement supprimé les tantièmes. Ce petit retour en arrière montre clairement que la publication globale des indemnités (justement dans le cas d’une double fonction problématique au sein du conseil d’administration et de la direction) n’est pas une solution à long terme. Elle crée un simulacre de transparence, demande à être expliquée et crée des malentendus. Cette recommandation de la bourse devrait être repensée, mais il est certain qu’elle ne survivra pas longtemps. Elle serait balayée de la scène, au plus tard au moment de la promulgation d’une nouvelle loi. Pourquoi provoquer le législateur, alors que la question pourrait être réglée au niveau plus souple d’une Directive de la SWX? Il s’agit avant tout de rappeler un point: la discussion autour de la transparence des indemnités des managers détourne l’attention du véritable défi qui est de développer et de vivre, dans le cadre de la Corporate Governance, une culture d’entreprise, qui ait pour objectif une gestion optimale et un contrôle des entreprises sur la base de principe éthiques! La renaissance des tantièmes? La réglementation de la SWX rappelle les temps anciens où il était courant d’attribuer les honoraires du conseil d’administration sous la forme de tantièmes. Malgré le désavantage fiscal, Kurt Schüle, lic. oec. 269