Échanges dansés - Trois C-L

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Échanges dansés - Trois C-L
30 CULTURE
mardi 30 août 2011
Échanges dansés
DANSE Le Centre de création chorégraphique luxembourgeois (3C-L) reçoit en résidence la chorégraphe
italo-roumaine Valentina de Piante Niculae. Le résultat de ce travail sera présenté au public samedi.
De notre journaliste
Pablo Chimienti
U
Photos : faizio pizzolante
n endroit terrible à vivre est
un endroit terrible pour
créer», lance le directeur artistique
du Trois C-L, Bernard Baumgarten.
«Une résidence d'artiste, ce n'est
pas juste un changement de studio de répétition, c'est bien plus
que ça, ajoute-t-il, on change tout
l'environnement de travail et de
vie pendant un temps, on change
donc les sources d'inspiration. Il
ne faut pas s'enfermer dans une
salle de répétition, il faut sortir,
visiter, rencontrer des gens,
échanger... voir comment ils travaillent...» C'est pour toutes ces raisons que le centre chorégraphique
grand-ducal tient absolument à faire
partie d'un important réseau international de programmes d'échange
avec le centre culturel GeorgeApostu de Bacau mais aussi avec le
Point éphémère à Paris, avec le Centre de développement chorégraphique Le Pacifique de Grenoble, avec
l'association Mosaico Danza de Turin, etc.
Grâce à ces accords, le danseur et
chorégraphe luxembourgeois Gianfranco Celestino a pu voyager pour
développer son Carnet de voyages.
Les années précédentes : ce même
Celestino, Tania Soubry, Anne-Mareike Hess et Bernard Baumgarten
La danseuse Timea Kovacs et la chorégraphe Valentina de Piante Niculae
répètent leur spectacle dans les tout nouveaux locaux du Trois C-L.
sont allés créer à Bacau, en Roumanie, tandis que le Trois C-L accueillait autant de professionnels roumains.
Cette année c'est Julie Barthélémy
qui s'est rendue à Bacau du 5 mai au
5 juin. Juste retour d'ascenseur, Valentina de Piante Niculae travaille à
Luxembourg depuis le 14 août dernier. «C'est un bon endroit pour
créer, assure la chorégraphe, un bel
endroit pour travailler et pour se
balader aussi. En plus, nous avons
un grand support de la part du
Trois C-L, ce qui aide beaucoup.
C'est très confortable pour nous;
nous devons juste nous concentrer sur notre travail.»
>
Viscéral
et cérébral
La Roumaine d'origine italienne
a fait le déplacement avec la dramaturge italienne Serenella Fonzar et la
danseuse roumaine Timea Kovacs –
Valentina de Piante Niculae étant
blessée à la hanche. Ensemble, les
trois femmes travaillent sur un projet pour le moins complexe au titre
obscur de Yin, Jung and Yang. Un travail intime et intimiste sur le souvenir, l'évolution, le triple niveau de la
mémoire – «celle individuelle, celle
de nos ancêtres, celle de toute l'espèce humaine» – sur l'inconscient
collectif et sur le point de convergence de tout ce qui se passe à l'intérieur du corps et ce qui arrive à l'extérieur.
Sur scène, cela se traduit par un
travail silencieux – interrompu par
quelques instants en musique ou
chantés par Valentina de Piante Niculae elle-même – par des mouvements nets et précis de Timea Kovacs, d'abord engluée dans un
énorme coussin avant d'arriver à
prendre son envol tel un bébé sortant du ventre maternel et découvrant le monde, à ses dépens. «Un
concept sur l'être humain et sur la
manière dont il se développe en
tant qu'individu», selon sa créatrice. Et elle ajoute : «Un spectacle
vivant, autant viscéral que cérébral.»
Un spectacle également «très influencé» par Luxembourg : «Je suis
toujours très affectée par l'espace
et l'architecture. Un lieu, ce n'est
pas juste de l'air, ce sont des souvenirs, des émotions. Luxembourg est une ville à plusieurs niveaux, verticale; un peu comme
notre spectacle. Et puis, il y a ce
mélange de langues...»
Le travail de recherche et de mise
en place n'est pas encore terminé. Il
sera tout de même présenté, ce samedi à 19 h, au public du Trois C-L
en même temps que le spectacle Get
Dressed de Julie Barthélémy, créé à
Bacau (lire ci-dessous).
www.danse.lu
■ Aznavour, éternel
Mon fils, ma bataille
PRIX LITTÉRAIRE Le chanteur Charles Aznavour, 87 ans, s'est vu remettre le prix de l'Éternelle jeunesse dimanche à la «Forêt des Livres» en Touraine, en France, pour
son dernier ouvrage D'une porte
l'autre (Éd. Don Quichotte) qui sort
jeudi, après un nouveau disque,
Toujours, sorti hier.
CINÉMA La Guerre est déclarée,
le film de Valérie Donzelli qui sort
demain en France, a remporté un
nouveau prix dimanche avec le
Valois du meilleur film attribué
par le jury du 4e Film francophone
d'Angoulême, ont annoncé les organisateurs.
La Guerre est déclarée, réalisé par
Valérie Donzelli et qu'elle a coécrit et interprété avec Jérémie Elkaïm, a déjà triomphé aux festivals de Paris et Cabourg, après
avoir été longuement ovationné à
Cannes en ouverture de la Semaine de la critique.
Le film raconte le combat d'un
jeune couple pour sauver son en-
Photo : afp
jeune homme!
Aznavour sera au Galaxie
d'Amnéville le 15 octobre.
fant malade, aventure vécue par
les auteurs.
Le Valois du meilleur acteur a récompensé Philippe Torreton pour
son rôle dans Présumé coupable
(sortie française le 7 septembre),
qui retrace le calvaire d'Alain Marécaux, huissier pris dans l'engrenage d'Outreau. Le film obtient
d'ailleurs le Valois du public.
Celui de la meilleure actrice est
allé à Nadine Labaki dans Balle
perdue de Georges Hachem, ex
æquo avec Madeleine Peloquin
dans Pour l'amour de Dieu.
Le jury était présidé par l'acteur
Vincent Perez et composé notamment du chanteur Julien Clerc,
Tel un papillon, difficile pour Timea Kovacs de quitter son cocon.
«Ici, la pièce aurait été différente»
C
'est important de pouvoir
aller dans d'autres pays et
comprendre leur façon de faire
de la danse contemporaine, rencontrer d'autres professionnels.
Malheureusement, ma résidence,
surtout au début, ne s'est pas
très bien passée», lance la danseuse et chorégraphe Julie Barthélémy, qui a travaillé un mois à
Bacau au printemps. «Je me suis
trouvée assez seule. C'est une petite ville et pas un centre chorégraphique, mais un centre culturel généraliste. Je n'étais pas très
entourée et il n'y avait pas d'autre danseur avec qui discuter et
échanger. J'ai vraiment dû me
faire violence pour avancer», regrette-t-elle.
Heureusement, les choses se sont
améliorées par la suite. «J'ai pu
voyager, j'ai fait des interviews
auprès de personnes âgées là-
bas, qui sont intégrées au spectacle.
C'était
donc finalement
une bonne expérience. Et tout ce
que j'ai vécu m'a
poussée à créer
ce que j'ai ima- Julie
giné. J'ai pu vrai- Barthélémy.
ment aller au
bout des choses.»
Et d'ajouter : «Ici, la pièce aurait
été différente puisqu'elle parle
des gens. J'ai créé à partir des interviews que j'ai faites sur place,
de ce que j'ai entendu et de ce
que j'ai vu. Il y a des codes dans
les bals, des manières de danser...
qui peuvent être différents d'ici.
En plus, je me suis servie de cette
grande solitude des débuts.
C'était donc quand même une
très bonne expérience.»
«
VER BATIM
On est dans une pièce vierge, jamais rien
n'a encore été créé ici. On le sent. Samedi,
ce sera la toute première présentation
dans ce lieu qui ne sera ouvert que le
11 septembre, à 11 h.
«
Voilà cinq ans, en fait depuis 2007
quand Luxembourg et Sibiu étaient
toutes deux «capitale européenne de
la culture», que le Grand-Duché et la
Roumanie entretiennent culturellement parlant des rapports privilégiés.
Au niveau de la danse contemporaine,
ce sont le Trois C-L et le centre culturel
George-Apostu de Bacau qui travaillent main dans la main. Tous les ans,
un chorégraphe de la Grande Région
part travailler en Roumanie tandis
qu'un confrère roumain vient créer au
Grand-Duché. Cette année, c'est Valentina de Piante Niculae qui a fait le
déplacement.
(Bernard Baumgarten, directeur artistique du Trois C-L, dont les locaux ont
récemment déménagé de Hollerich vers la future Banannefabrik, l'ancien
Centre de production et de création artistique, situé au 12 rue du Puits
à Bonnevoie. Le local accueillera sous le même toit le Trois C-L, la Theater
Federatioun, l'association Maskénada, le théâtre des Casemates, le Théâtre
national de Luxembourg ainsi que le théâtre du Centaure).
DÉCÈS
des comédiennes Greta Scacchi et
Linh Dan Pham et de l'historien et
documentariste Patrick Rotman.
La Guerre est déclarée poursuit
sa moisson de récompenses.
Ia Savvina
L'actrice russe Ia Savvina, «La
Dame au petit chien» du film soviétique d'après Tchekhov, est décédée
samedi à l'âge de 75 ans. L'actrice a
brillé aussi bien au cinéma qu'au
théâtre. Sa Dame au petit chien a
connu un immense succès en URSS,
et l'actrice a gagné le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes en 1960. Tous les enfants de
l'URSS connaissaient aussi la voix de
l'actrice, qu'elle avait prêtée au porcelet dans la version russe du dessin
animé Winnie l'Ourson.
Le président russe, Dmitri Medvedev, a rendu hommage à une «belle
âme» et à une «personnalité brillante». Pour son Premier ministre,
Vladimir Poutine, ce décès est «une
perte énorme pour la culture russe».