étude comparée 1994 – 2009
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étude comparée 1994 – 2009
Accessibilité routière et ferroviaire au Luxembourg : étude comparée 1994 – 2009 Le soussigné déclare avoir réalisé le présent travail de candidature par ses propres moyens. John Braun 2 Braun John Candidat professeur Spécialité : Géographie Accessibilité routière et ferroviaire au Luxembourg : étude comparée 1994 – 2009 Lycée Technique Joseph Bech Grevenmacher Année : 2009 / 2010 3 RÉSUMÉ Depuis plusieurs décennies, le Grand-Duché de Luxembourg connaît une augmentation continue de sa population en conséquence d’un essor économique formidable. Une forte concentration de l’emploi dans les villes d’une part et une diffusion de la fonction résidentielle de plus en plus loin des pôles d’emplois d’autre part, génère de forts mouvements de navetteurs vers les centres et donc une problématique de mobilité croissante. Ainsi on observe des migrations pendulaires de plus en plus importantes au niveau de la population active résidentielle, auxquelles s’ajoutent les migrations pendulaires transfrontalières engendrées par les très nombreux travailleurs provenant des trois pays limitrophes. Cette mobilité constitue aujourd’hui un défi majeur pour le développement des infrastructures de transport. Les deux modes de transports les plus utilisés, à savoir le transport individuel et le transport collectif, ont certes chacun leurs avantages et leurs inconvénients, mais c’est de loin le transport en voiture particulière qui domine. Dans une perspective de préservement du milieu naturel et de développement durable, le recours aux transports publics devient de plus en plus indispensable. Pourtant, quelle est l’efficacité du réseau des transports publics, comparée à celle du réseau des transports privés et ceci en matière d’accessibilité interurbaine ? En 1994 les différences, en termes de temps d’accès, étaient énormes et le transport individuel concurrençait fortement le transport collectif. Qu’en est-il 15 ans plus tard ? Cette étude d’accessibilité comparée essaie de répondre à cette question. La démarche utiliséé se base sur une méthodologie existante, aux techniques constamment améliorées et ayant fait ses preuves dans de nombreuses études d’accessibilité nationales et internationales. Elle commence par le choix d’un certain nombre (ici 33) de localités à l’intérieur de la zone d’étude (ici le Grand-Duché de Luxembourg). Par la suite seront calculés les temps d’accès pour relier toutes les villes entre elles et ceci par les deux réseaux de transports et pour les deux dates retenus. Sur ces données, différentes méthodes vont être appliquées afin de sortir des résultats, en grande partie sous forme cartographique, susceptibles de vérifier les hypothèses. Parmi les nombreux résultats obtenus, retenons le constat principal, à savoir que l’accessibilité des villes par le réseau des transports privés n’a pas changé notablement, alors que l’accessibilité des villes par le réseau des transports publics s’est fortement améliorée entre 1994 et 2009. Mais, malgré ces récentes améliorations du réseau des transports publics, il n’y a pas encore vraiment eu de report modal de la voiture vers les transports en commun. Mots-clés : Accessibilité – transport – Luxembourg– réseau de transport public – réseau de transport privé – anamorphose – mobilité. 4 REMERCIEMENTS Je tiens à remercier Monsieur Patrick BOUSCH, d’avoir accepté le patronage du présent travail, pour sa gentillesse, ses conseils et l’aide qu’il m’a apporté lors de la rédaction de ce mémoire. Je remercie également Madame le Professeur Colette CAUVIN, pour son assistance précieuse, sa disponibilité et ses conseils professionnels inestimables en la matière. Merci aussi à toute l’équipe du CEPS/INSTEAD, à Monsieur Philippe GERBER, Monsieur Olivier KLEIN et Monsieur Sylvain KLEIN pour leur conseils et leur soutien. Je tiens également à remercier Monsieur Jeff BADEN pour son travail de relecture et de correction. Enfin, merci à Christiane KUGENER pour sa patience, son encouragement et son soutien tout au long de mon parcours professionnel. 5 TABLE DES MATIÈRES Liste des figures.................................................................................................................. 8 Liste des annexes............................................................................................................. 10 INTRODUCTION .............................................................................................................. 11 1. PRÉSENTATION DE L’OBJET D’ÉTUDE.................................................................... 13 1.1. Principales caractéristiques de l’espace luxembourgeois ..................................... 13 1.1.1. Conditions naturelles et aménagement du territoire .................................... 13 1.1.2. Économie et pôles d’emploi ......................................................................... 17 1.1.3. Population et mobilité................................................................................... 19 1.1.4. Frontaliers et aire métropolitaine ................................................................. 24 1.2. Description et évolution des deux réseaux de transports...................................... 26 1.2.1. Réseau routier ............................................................................................. 26 1.2.2. Réseau des transports publics..................................................................... 36 1.2.3. Politique gouvernementale et documents stratégiques ............................... 46 2. PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE................................................................... 53 2.1. Problématique ....................................................................................................... 53 2.1.1. Approche théorique...................................................................................... 53 2.2.2. Énoncé des hypothèses............................................................................... 55 2.2. Démarche méthodologique ................................................................................... 58 2.2.1. Choix des villes ............................................................................................ 58 2.2.2. Relevé des temps d’accès ........................................................................... 61 2.2.2.1. Réseau routier................................................................................ 61 2.2.2.2. Réseau des transports publics....................................................... 65 2.2.3. Vérification des données.............................................................................. 69 6 3. ANALYSE COMPARÉE DES RÉSEAUX ..................................................................... 71 3.1. Accessibilité globale des réseaux.......................................................................... 72 3.1.1. Comparaison des deux réseaux entre eux .................................................. 73 3.1.2. Comparaison de l’accessibilité entre 1994 et 2009 ..................................... 76 3.2. De l’espace géographique à l’espace fonctionnel ................................................. 82 3.2.1. La recherche des positions relatives en temps d’accès............................... 83 3.2.2. Une méthode de comparaison spatiale: la régression bidimensionnelle .......................................................................................... 88 3.3. Efficacité des réseaux et hiérarchie urbaine........................................................ 102 3.3.1. Caractéristiques comparées et typologie des villes ................................... 103 3.3.2. Accessibilités et centralités urbaines comparées....................................... 108 3.3.3. Accessibilités unipolaires comparées ........................................................ 120 CONCLUSION ................................................................................................................ 126 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 128 ANNEXES....................................................................................................................... 133 7 LISTE DES FIGURES Figure 1.1. Figure 1.2. Figure 1.3. Figure 1.4. Figure 1.5. Figure 1.6. Figure 1.7. Figure 1.8. Figure 1.9. Figure 1.10. Figure 1.11. Figure 1.12. Figure 1.13. Figure 1.14. Figure 1.15. Figure 1.16. Figure 1.17. Figure 1.18. Figure 1.19. Figure 1.20. Figure 1.21. Figure 1.22. Figure 1.23. Figure 1.24. Figure 1.25. Figure 1.26. Figure 1.27. Figure 1.28. Figure 1.29. Figure 2.1. Figure 2.2. Figure 2.3. Figure 2.4. Figure 3.1. Figure 3.2. Figure 3.3. 8 Centres de développement et d’attraction .................................................. 16 Zones d’Activités Économiques (ZAE)........................................................ 18 Dynamique démographique en Grande Région.......................................... 19 État de la population au Luxembourg (x1000) ............................................ 20 Classement des vingt premières unités urbaines et leur évolution entre 2001 et 2009 ...................................................................................... 21 La dorsale urbaine Sud-Nord ...................................................................... 21 Densité de population par commune (habitants/km2) en 2007................... 22 Répartition de la croissance de la population par commune entre 2002 et 2007 ............................................................................................... 22 Taux d’accroissement annuel moyen de la population entre 2002 et 2007 ........................................................................................................ 23 Salariés frontaliers occupés au Luxembourg selon leur pays de provenance ................................................................................................. 24 Travailleurs pendulaires vers l’agglomération de Luxembourg, 2005......... 25 Évolution de la longueur du réseau routier ................................................. 27 Évolution des autoroutes depuis 1992 ........................................................ 28 Réseau routier du Luxembourg en 2009..................................................... 31 Luxembourg - carte Michelin de 1992......................................................... 32 Luxembourg - carte Michelin de 2009......................................................... 33 Le réseau TERN dans le context international à l’horizon 2010 ................. 34 Le réseau TERN au Grand-Duché de Luxembourg.................................... 34 Réseau ferroviaire luxembourgeois ............................................................ 38 Le réseau ferré : comparaison 1991 – 2007 ............................................... 39 Trafic voyageurs CFL.................................................................................. 39 Réseau des transports publics.................................................................... 40 Réseau T.I.C.E. – plan schématique 2009 ................................................. 41 Réseau T.I.C.E. et fréquences en 1992...................................................... 42 Réseau T.I.C.E. et fréquences en 2006...................................................... 42 Lieux de résidence des frontaliers français – 2006..................................... 43 TGV Est Européen ...................................................................................... 44 Eurocap – Rail............................................................................................. 44 Évolution des dépenses du Fonds du Rail et du Fonds des Routes........... 46 Accessibilité au Grand-Duché de Luxembourg – Carte de référence des villes ..................................................................................................... 60 Schéma : la matrice des temps d’accès...................................................... 61 Catégorie routières et temps de parcours................................................... 63 Exemple de relevé du point de départ pour Boulaide ................................. 69 Schéma d’une matrice des temps d’accès.................................................. 71 Mesures usuelles de système..................................................................... 72 Accessibilité globale – découpage en classes de 12,5 minutes en moyenne par ville ........................................................................................ 73 Figure 3.4. Figure 3.5. Figure 3.6. Figure 3.7. Figure 3.8. Figure 3.9. Figure 3.10. Figure 3.11. Figure 3.12. Figure 3.13. Figure 3.14. Figure 3.15. Figure 3.16. Figure 3.17. Figure 3.18. Figure 3.19. Figure 3.20. Figure 3.21. Figure 3.22. Figure 3.23. Figure 3.24. Figure 3.25. Figure 3.26. Figure 3.27. Figure 3.28. Figure 3.29. Figure 3.30. Figure 3.31. Figure 3.32. Figure 3.33. Figure 3.34. Accessibilité globale au Luxembourg .......................................................... 74 Accessibilité globale au Luxembourg – réseau des transports privés ........ 77 Accessibilité globale – découpage en classes de 5 minutes en moyenne par ville ........................................................................................ 77 Accessibilité globale au Luxembourg – réseau des transports publics ....... 79 Nuage de points d’ajustement linéaire du réseau des transports privés..... 84 Configuration de l’espace temps du réseau des transports privés ............. 85 Nuage de points d’ajustement linéaire du réseau des transports privés..... 86 Configuration de l’espace temps du réseau des transports publics ............ 87 Principe de la régression bidimensionnelle ................................................. 88 Réseau des transports privés. De l’espace géographique à l’espace fonctionnel. Cartes des vecteurs de déplacements .................................... 91 Réseau des transports privés. Espaces fonctionnels. Anamorphoses ....... 93 Réseau des transports privés. Cartes des forces de déformations ............ 94 Réseau des transports privés. Changements entre 1994 et 2009 .............. 96 Réseau des transports publics. De l’espace géographique à l’espace fonctionnel. Cartes des vecteurs de déplacements .................................... 98 Réseau des transports publics. Espaces fonctionnels. Anamorphoses...... 99 Des temps d’accès aux profils de fréquence............................................. 102 Réseau des transports privés. Typologie des villes .................................. 104 Réseau des transports publics. Typologie des villes................................. 105 Changements transports publics 1994/2009. Exemples de villes dont la bonne accessibilité s’est encore améliorée ................................... 106 Changements transports publics 1994/2009. Exemples de villes dont la mauvaise accessibilité s’est améliorée.......................................... 107 Réseau des transports privés – Luxembourg. Accessibilités comparées 1994 / 2009 ...................................................... 113 Réseau des transports privés – Luxembourg. Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009. Graphique .......................... 114 Réseau des transports privés – Luxembourg. Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009. Carte .................................. 115 Réseau des transports publics. Accessibilités comparées 1994 / 2009 ... 117 Réseau des transports publics – Luxembourg. Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009. Graphique .......................... 118 Réseau des transports publics – Luxembourg. Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009. Carte .................................. 119 Accessibilité de système et de sous-système ........................................... 120 Réseau des transports privés – Luxembourg. Accessibilité unipolaire comparée. L’exemple de Sandweiler ....................................... 122 Réseau des transports privés – Luxembourg. Accessibilité unipolaire comparée. L’exemple de Redange........................................... 123 Réseau des transports publics – Luxembourg. Accessibilité unipolaire comparée. L’exemple de Rambrouch....................................... 124 Réseau des transports publics – Luxembourg. Accessibilité unipolaire comparée. L’exemple de Differdange....................................... 125 9 LISTE DES ANNEXES Annexe 1.1. Découpage régional et régions d’aménagement ...................................... 133 Annexe 1.2. Vue d'ensemble des projets d'infrastructures routières ............................ 134 Annexe 1.3. Liste des projets d'infrastructures routières............................................... 135 Annexe 1.4. Vue d'ensemble des projets d'infrastructures ferroviaires......................... 136 Annexe 1.5. Liste des projets d'infrastructures routières............................................... 137 Annexe 2.1. Exemple d’une fiche de relevé pour le calcul des temps d’accès route de 1994 : la liaison Boulaide-Luxembourg....................................... 138 Annexe 2.2. Matrice des temps d’accès des transports privés – 1994 ......................... 139 Annexe 2.3. Matrice des temps d’accès des transports privés – 2009 ......................... 139 Annexe 2.4. Exemple d’une fiche de relevé pour le calcul des temps d’accès du réseau des transports publics en 1994 : Boulaide ............................... 140 Annexe 2.5. Matrice des temps d’accès des transports publics – 1994........................ 141 Annexe 2.6. Matrice des temps d’accès des transports publics – 2009........................ 141 Annexe 3.1. Accessibilité de système et espace fonctionnel – démarche générale ..... 142 Annexe 3.2. Tableau récapitulatif des résultats statistiques et graphiques obtenus avec le logiciel Darcy ................................................................................ 143 Annexe 3.3. Tableau des fréquences établis à partir des matrices (en pourcents) ...... 144 Annexe 3.4. Indices dérivés de la matrice des temps d’accès des transports privés......................................................................................................... 145 Annexe 3.5. Indices dérivés de la matrice des temps d’accès des transports publics ....................................................................................................... 146 10 INTRODUCTION La présente recherche s’appuie sur une étude d’accessibilité interurbaine, effectuée en 1994 avec le titre suivant : « L’accessibilité au Luxembourg, transport individuel et transport collectif , complémentarité et /ou concurrence ? »1. Dans cette étude de 1994 il s’agissait de comparer la performance du transport en commun avec celle du transport individuel, en considérant les temps de parcours entre différentes villes. Le but était de répondre aux questions suivantes : • Est-ce que la structure d’organisation des transports collectifs est suffisamment efficace pour permettre des déplacements rapides et couvrir d’une manière satisfaisante l’espace luxembourgeois ? • Est-ce qu’il y a plutôt une complémentarité ou une concurrence entre les transports collectifs et le transport individuel ? Les nombreux résultats cartographiques de 1994 montrent tous la supériorité du transport individuel par rapport aux transports publics en matière d’accessibilité. En d’autres termes, le transport individuel rivalisait fortement avec le transport collectif. Est-ce qu’aujourd’hui, 15 ans plus tard, cette forte concurrence persiste toujours ? Ou est-ce que les deux modes de transport ont réussi à se rapprocher un peu plus, en termes d’accessibilité ? Telles étaient les questions qui nous ont préoccupées et nous ont conduit à choisir le sujet pour ce travail de candidature. Le Grand-Duché de Luxembourg est apprécié pour sa qualité de vie. Jusqu’à présent, les habitants ont pu satisfaire leurs aspirations légitimes à résider dans un cadre de vie de qualité, bénéficier d’un climat social stable et de conditions de mobilité excellentes. Ce confort et bien-être de la population, du à une croissance économique exemplaire, représentent bien entendu un attrait considérable et le Luxembourg a vu sa population augmenter de 384 400 habitants en 1991 à 493 500 habitants en 2009. Ce dynamisme démographique est très largement le résultat d’une immigration active et constante depuis plusieurs décennies. Parallèlement, ce dynamisme économique soutenu dans une Grande Région globalement moins favorisée et une offre d’emploi intérieur en progression constante, attire une main d’œuvre frontalière toujours croissante, qui dépasse aujourd’hui les 130 000 travailleurs, alors qu’ils n’étaient que 40 000 en 1992. Cette forte augmentation du nombre de frontaliers contribue elle aussi à un accroissement permanent des besoins de mobilité intérieure et qui s’ajoutent ainsi aux déplacements de la population luxembourgeoise résidente. 1 BRAUN J. – L’accessibilité au Luxembourg, transport individuel et transport collectif, complémentarité et/ou concurrence ? Mémoire de stage pédagogique, Luxembourg, 1994. 11 De part son ampleur, cette mobilité constitue aujourd’hui un défi majeur pour le développement des infrastructures de transport luxembourgeoises et transfrontalières. Depuis des années, le gouvernement a fait ainsi des transports publics l’une des ses priorités absolues, ce qui se manifeste par l’élaboration de papiers stratégiques comme par exemple le plan sectoriel transports, l’IVL2 ou le concept de « mobilité 2020 ». Le grand challenge est d’atteindre d’ici 2020 un modal split de 25/75 3 en faveur des transports en commun. Est-ce que tous ces efforts entrepris en faveur des transports collectifs, ont-ils réussi à rapprocher un peu plus les deux modes de transports en termes de temps d’accès ? Cette étude d’accessibilité essaye de répondre à cette question en comparant l’efficacité des deux réseaux de transports de 1994 avec celle de 2009. Une première partie de ce travail présentera l’objet d’étude, en développant les principales caractéristiques de l’espace luxembourgeois, suivi d’une description structurelle des deux réseaux de transports et de leurs évolutions depuis 1994. Une deuxième étape exposera la problématique propre au sujet, avant de formuler les hypothèses de travail. Par la suite la démarche méthodologique suivie pour collecter et traiter les données sera expliquée, afin d’obtenir des résultats susceptibles de confirmer ou d’infirmer les hypothèses énoncées. Dans un troisième temps nous allons analyser les résultats obtenus, en grande partie sous forme de cartes, grâce aux traitements informatiques propres aux études d’accessibilité. Dans ce contexte, plusieurs méthodes et techniques ont été utilisées pour finalement ne retenir, dans cette étude, que les résultats les plus intéressants et les plus parlants. Pour bien suivre la logique de ce travail, soulignons un point important : les nombreuses cartes produites dans cette étude ne s’approchent pas comme simples illustrations ; elles doivent se comprendre comme de véritables démonstrations graphiques des hypothèses énoncées4. Finalement il faut encore relever un dernier aspect : toutes les données collectées et toutes les cartes réalisées, restent modifiables en fonction des changements dans les réseaux de transports ou encore pour des simulations. 2 IVL: Integratives Verkehrs- und Landesentwicklungskonzept (voir page 49). Modal Split 25/75 : partage modal où 25 % des transports sont assurés par les transports en commun et 75% par le transport individuel (voir page 50). 4 Ainsi dans la dichotomie « texte – illustrations » habituelle de ce type d’écrits, inversement, ici, les cartes sont le texte et le texte sert à bien les illustrer (C. Cauvin, 1989). 3 12 1. PRÉSENTATION DE L’OBJET D’ÉTUDE Dans un souci de cohérence et de bonne compréhension de ce travail, il importe de donner un bref aperçu de la toile de fond physique et naturelle de la zone d’étude. Cependant, il ne s’agit pas de donner une description complète de toutes les caractéristiques du Grand-Duché de Luxembourg, mais plutôt de relever les particularités en relation avec les contraintes induites pour les deux réseaux de transport, ainsi que les changements dans la structure de ces réseaux entre 1993 et 2009. De même, les facteurs économiques, sociaux et démographiques sont à relever afin de comprendre les principaux traits d’organistion spatiale qui vont avoir une influence sur le choix des villes et qui peuvent constituer des facteurs explicatifs à prendre en compte lors de l’analyse des résultats. 1.1. Principales caractéristiques de l’espace luxembourgeois 1.1.1. Conditions naturelles et aménagement du territoire Le Luxembourg est un pays de très faible étendue spatiale5, avec une superficie totale de 2586 km². C’est un pays de l'Europe de l'Ouest, enclavé entre la Belgique, l'Allemagne et la France. Les longueurs des frontières communes sont de 73 km avec la France au sud, de 135 km avec l’Allemagne à l’est et de 148 km avec la Belgique à l’ouest. Le Luxembourg s’étend sur 82 km dans sa plus grande longueur du nord au sud et de 57 km dans sa plus grande largeur d’ouest en est. Sur le plan des conditions naturelles et géomorphologiques, le Luxembourg se divise naturellement en deux parties : "l’Ardenne" ou "Oesling" au nord, le "Bon Pays" ou "Gutland" au sud. Ces deux régions sont très diversifiées et font partie d'ensembles naturels, qui dépassent largement les frontières du pays. L'Oesling, avec une surface de 828 km² et d'une altitude moyenne de 450 mètres (point culminant à 560 mètres au lieu-dit Kneiff près de Huldange), couvre environ le tiers du territoire luxembourgeois. Il est formé par une pénéplaine fortement érodée avec des pentes prononcées. 5 À titre de comparaison : la France est plus de 211 fois plus grande ! 13 De profondes vallées en V coupent la bordure méridionale de l'Oesling entre Vianden et la frontière belgo-luxembourgeoise en longs interfluves. Une conséquence de ce relief sur le réseau routier est la présence de routes à caractères montagneux dans cette partie septentrionale du pays. L'Oesling compte une faible densité de population, avec quelques villes: Clervaux, Vianden et Wiltz. La région tire l’essentiel de ses revenus de l’agriculture et du tourisme. Au sud, l'Oesling rejoint le Bon Pays ou Gutland sur une ligne géologique et morphologique allant de Perlé à l'ouest vers Vianden à l'est. Le Gutland ("Bon Pays"), prolongement du plateau lorrain, est la région la plus peuplée et la plus industrialisée. Le Gutland est aussi une région agricole et fertile, d'où il tient son nom. Avec une surface de 1758 km2, il occupe environ 68% de la surface du pays6. Comparé à l'Oesling, le Gutland apparaît comme un pays relativement favorisé, d'une altitude moins élevée, de relief moins accidenté et de pénétrabilité plus facile. Ces particularités présentent un avantage au niveau des communications. En effet, les obstacles rencontrés lors de la mise en place des réseaux de transports routiers ou ferroviaires sont moins nombreux. Le Gutland est lui-même divisé en 4 sous-régions naturelles (différentes de celles proposées par l’Aménagement du Territoire): • La Petite Suisse Luxembourgeoise • Le plateau du Grès de Luxembourg • La vallée de la Moselle • Les Terres Rouges La Petite Suisse Luxembourgeoise (également nommée Mullerthal) est le nom donné à une région vallonnée à l'est du Grand-Duché de Luxembourg à proximité de la frontière allemande. En raison de son petit territoire, qui ne couvre que 7% du pays, il n'y a qu'une seule ville principale, Echternach (qui est en fait la plus ancienne ville du Luxembourg). Les petites villes de Beaufort, Berdorf et Consdorf sont également situées dans la région. Le plateau du Grès de Luxembourg avec un paysage de cuestas portants, comme les plateaux, des forêts de hêtres. En étendant la superficie de la terre cultivée, l’homme a repoussé les forêts vers les flancs des plateaux. Le paysage de la vallée de la Moselle au sud-est du pays contraste avec le reste du Gutland. Les villages de vignerons, en bordure de la Moselle, sont entièrement entourés de vignes qui couvrent l’ensemble des versants de la vallée. Le relief est 6 Le Gutland occupe donc plus de 2/3 de la superficie totale du pays. Néanmoins cette région est plus petite qu'un bon nombre d'agglomérations européennes. Ainsi l'agglomération parisienne s'étend-t-elle par exemple sur plus de 2700 km2 ! 14 relativement élevé et varié, créant ainsi des conditions spécifiques pour l'utilisation de l'espace. Les Terres Rouges (luxembourgeois: Minett , allemand: Rote Erde) constituent une région naturelle, située dans le sud et le sud-ouest du Grand-Duché de Luxembourg. Les Terres Rouges correspondent approximativement à la partie sud du canton d'Esch-sur-Alzette, le long de la frontière avec la France. Considérée comme l'une des régions les plus prodigieuses en matière de production de fer en Europe de l'Ouest, les Terres Rouges ont développé une industrie sidérurgique locale florissante, qui porte actuellement le nom de Arcelor-Mittal7. Tout au long du déclin industriel de ces dernières années, les Terres Rouges se sont diversifiées dans les matériaux de construction, d'ingénierie ou de produits chimiques. La reconversion industrielle permet actuellement d’initier une nouvelle attractivité régionale, comme celle d’Esch-Belval. La région est la plus densément peuplée du Luxembourg, avec plusieurs grandes villes, dont Bettembourg, Differdange, Dudelange, Esch-sur-Alzette et Schifflange, qui ont toutes une population de plus de 7000 personnes. Les faits de géographie physique permettent donc de reconnaître deux régions naturelles principales, l'Oesling et le Gutland, avec des comportements différents par rapport aux réseaux de transports. Cependant, l'introduction des facteurs économiques et sociaux conduit à une toute autre subdivision du pays. La mise en place d’une vision commune de l’organisation territoriale, qui prend appui sur une structure urbaine polycentrique et une meilleure complémentarité entre ville et campagne, implique un renforcement de la coopération intercommunale, notamment à l’échelle régionale. Le programme directeur d’aménagement du territoire a ainsi défini six régions d’aménagement qui tiennent compte des principales identités et coopérations locales et régionales existantes ainsi que des exigences d’une planification territoriale intégrée à l’échelle nationale. Ces six régions d’aménagement sont les régions Sud, Centre-Sud, Centre-Nord, Est, Ouest et Nord (annexe 1.1). Le modèle d’organisation de l’espace définit, en outre, plusieurs pôles de développement hiérarchiquement organisés, appelés « centres de développement et d’attraction » (CDA) (figure 1.1). L’ensemble des CDA forme un système cohérent, dont le but est d’éviter les extensions urbaines désordonnées et de favoriser une offre en services plus équitables, ainsi qu’une organisation efficace du système de transport. En outre, la taille et la position du Luxembourg invitent à développer des projets de coopération transfrontalière dans les espaces de coopération potentiels que peuvent être les agglomérations transfrontalières ainsi que les parcs naturels. 7 Arcelor-Mittal = groupe sidérurgique mondial, avec 310 000 employés dans plus de 60 pays. Le groupe a été fondé en 2006 suite à la fusion d’Arcelor et de Mittal Steel. Le siège social d’Arcelor-Mittal est établi dans la ville de Luxembourg, ancien siège d’Arcelor. 15 Figure 1.1. Centres de développement et d’attraction, occupation du sol au Luxembourg (2006) Source : Atlas du Luxembourg – Emons – 2009 (voir bibliographie). Le Grand-Duché de Luxembourg, malgré sa faible étendue du territoire national, constitue donc un espace diversifié et varié, aussi bien au niveau des conditions naturelles qu’au niveau des activités économiques. C’est d’ailleurs la combinaison de ces deux spécificités : l’exiguïté du territoire national, d’une part, et l’importance des dynamiques de développement économique et démographique, d’autre part, qui représente le défi principal en matière d’aménagement du territoire. 16 1.1.2. Économie et pôles d’emploi Pays le plus riche au monde en PIB par habitant (74300 € en 2008 en parité de pouvoir d’achat), le Luxembourg a connu, jusqu’en 2000, une croissance économique exceptionnelle. S’il n’a pas échappé au contrecoup du ralentissement économique mondial au début des années 2000 (1,5 % de croissance en 2001, 2,5 % en 2002), à l’instar de la plupart des pays de la zone euro, l’économie luxembourgeoise est rentrée depuis 2006 dans une phase de reprise plus dynamique (croissance solide : 6,4 % en 2006, 6,5 % en 2007). La place financière luxembourgeoise, touchée comme ses homologues par la chute des valeurs boursières en 2002 et 2003, a gardé néanmoins une position privilégiée en Europe et dans le monde, notamment comme deuxième centre bancaire mondial après les Etats-Unis pour l’industrie des fonds d’investissement. Mais, comme les autres pays européens, le Luxembourg a été touché par la récession à partir de 2008 avec une croissance de son PIB de 0 %. La population luxembourgeoise et les frontaliers, qui étaient jusqu'ici épargnés par la crise, devront déchanter. En effet, selon les dernières estimations du STATEC (novembre 2009), la croissance sera négative (-4%) pour 2009 mais augmentera de nouveau à 2,1 % en 2010. Au niveau emploi, le Luxembourg recourt abondamment à la main-d’œuvre étrangère, principalement transfrontalière : environ 130 000 « navetteurs » quotidiens, dont 52% de Français, essentiellement en provenance de Lorraine (voir aussi figure 1.10., page 24). Le chômage, qui était jusqu’ici relativement bas par rapport au reste de la zone euro (4,4 % en 2007 et 2008), augmentera pour atteindre 6,7 % en 2010 et 7,1 % en 2011, selon les prévisions récentes (novembre 2009) du Statec. Ces dernières années, le Luxembourg a aussi considérablement développé les secteurs des assurances, notamment avec la Libre Prestation de Services (LPS) vers les autres États membres de l’UE à partir du Grand-Duché. Il s’est attaché à diversifier son économie et renforce ses atouts pour : * se positionner comme un centre audiovisuel et des NTIC (présence ancienne de RTL, développement international de SES Global, 1er opérateur mondial de satellites), * attirer les sociétés de services électroniques, notamment pour le e-commerce car le Grand Duché offre un taux de TVA de 15% très attractif pour les implantations de sociétés de pays tiers en Europe (comme Amazon, Microsoft, AOL ou E-Bay), * développer et enrichir son activité de logistique déjà importante (Cargolux, la compagnie aérienne tout fret luxembourgeoise, est l’un des leaders de sa catégorie en Europe) et * investir dans la recherche et le développement, notamment dans le secteur des biotechnologies, de l’écologie et du développement durable. 17 En ce qui concerne la localisation géographique des principaux pôles d’emploi, la carte des Zones d’Activités Économiques (ZAE) est très parlante (figure 1.2). Selon la proportion de la participation de l’État, on différencie entre les ZAE communales, régionales ou nationales. Ces dernières visent surtout à attirer les grands investisseurs internationaux. Leur nombre élevé dans la partie sud-ouest du pays fait preuve des efforts de restructuration entrepris dans cette région à tradition industrielle prédominante. Figure 1.2. Zones d’Activités Économiques (ZAE) Source : Suivi du développement territorial du Luxembourg à la lumière des objectifs de l’IVL – CEPS/INSTEAD – Département Géode – 2008. Dans l’ensemble, les zones d’activités sont concentrées dans l’agglomération luxembourgeoise ainsi que dans le bassin minier au sud-ouest du pays, avec une forte polarisation de l’emploi autour des villes. Plus au nord, on remarque la taille relativement faible des zones d’activités de la Nordstad, à l’exception du pôle industriel de ColmarBerg et Bissen. 18 Alors que la création des ZAE profite surtout aux activités industrielles et artisanales, il ne faut pas perdre de vue que l’économie luxembourgeoise est dominée par le secteur tertiaire, qui s’établit souvent hors des zones d’activités. Ainsi, on a une très forte concentration, de l’activité tertiaire, au niveau de la capitale et plus particulièrement le quartier du Kirchberg. 1.1.3. Population et mobilité Il semble important de compléter les descriptions par un bref regard sur la population du Luxembourg, aussi bien en ce qui concerne la répartition géographique, que son évolution et sa dynamique. Le Luxembourg compte près de 494 000 habitants en 2009. En 30 ans, la population de résidence s'est accrue de quelques 120 000 personnes. En comparaison avec des pays voisins ou proches, cette croissance démographique est plutôt exceptionnelle. Le diagramme ci-dessous montre bien l’importance de la dynamique de la population du Luxembourg, comparé aux autres régions de la Grande Régions Figure 1.3. Dynamique démographique en Grande Région Source : CEPS/INSTEAD – Gerber P. – 2008 Le point saillant de la croissance démographique est la place prépondérante prise par l'immigration. Les seuls nationaux voient leurs effectifs stagner et sans les naturalisations ils auraient même diminué. En moyenne annuelle, le solde migratoire au Luxembourg était de plus de 10‰ au cours de la décennie 1990-2000, alors que dans l'Europe des 15 le chiffre correspondant était d'environ 2.3‰. 19 Figure 1.4. État de la population au Luxembourg (x1000) Source : STATEC – 2009 Depuis 1983, l’emploi intérieur n’a fait qu’augmenter, surtout en raison d’un apport considérable de travailleurs frontaliers, qui occupent plus de 40% des postes au Luxembourg. Le chômage, resté longtemps marginal avec des taux en dessous de 3%, a connu une forte progression depuis le début de la crise économique et a dépassé les 8% pendant le premier semestre en 2009. Du fait de sa situation géographique et économique, le Luxembourg a reçu les apports successifs de plusieurs vagues d’immigration. Les étrangers, en majorité portugais, italiens, français et belges, représentent aujourd’hui près de 44% de la population et presque 50% de la population active avec les travailleurs frontaliers (plus de 100.000 personnes dont 50% de Français) qui vivent en France, en Belgique ou en Allemagne. En ce qui concerne l'armature urbaine, il faut relever que le Luxembourg ne possède aucune grande ville. Il n'y a en effet aucun corps urbain de plus de 100 000 habitants. De ce fait, le choix des villes pour cette étude (voir plus loin) devra suivre une logique différente de celle d'une étude d'accessibilité sur un pays comme la France par exemple. Le tableau de la figure 1.6 reprend le classement des vingt premières unités urbaines et leur évolution entre 2001 et 2009. Une unité urbaine8 peut être représentée soit par une ville isolée dans le cas d’une seule commune, soit par une agglomération dans le cas de plusieurs communes. 8 Selon : Villes et agglomérations au Grand-Duché de Luxembourg. Proposition d’une nomenclature des unités urbaines. – Christophe Sohn – CEPS/INSTEAD – 2006. 20 Figure 1.5. Classement des vingt premières unités urbaines et leur évolution entre 2001 et 2009 Rang 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Unité urbaine Luxembourg-Ville Esch-Alzette Differdange Dudelange Pétange Sanem Hesperange Bettembourg Schifflange Kayl Ettelbruck Mersch Mamer Bascharage Walferdange Strassen Bertrange Diekirch Mondercange Junglinster 2001 2009 76 688 27 146 18 172 17 320 13 749 13 041 10 400 9 063 7 849 7 050 7 344 7 012 6 753 6 590 6 437 5 901 5 514 6 068 6 089 5 753 88 586 29 853 20 979 18 278 15 398 14 255 12 786 9 722 8 433 7 794 7 714 7 513 7 263 7 244 7 117 6 989 6 383 6 318 6 153 6 143 Total 263 939 294 921 Grand-Duché 439 500 493 500 Source : STATEC En 2009, sept unités urbaines ont une population supérieure à 10 000 habitants. Ensemble, elles regroupent 41% de la population totale du pays. La répartition géographique des unités urbaines les plus peuplées est marquée par une forte concentration dans la région Sud et dans la région Centre. Dans le Nord, l’ensemble Ettelbruck-Diekirch forme une agglomération bipolaire de plus de 14 000 habitants, désignée communément de « Nordstad », (en français "Ville du Nord"). Figure 1.6. La dorsale urbaine Sud-Nord Selon la structuration spatiale du Plan Sectoriel Transport (PST), cet axe SudNord qui va de l’agglomération polycentrique du bassin minier jusqu’à la Nordstad, en passant par l’agglomération de la capitale, constitue la dorsale urbaine du pays. Celle-ci est subdivisée en trois pôles de développement urbain : la Région Sud, l’Agglolux et la Nordstad (figure1.6), qui constituent les centres d’attraction majeurs du Grand-Duché. Source : Plan Sectoriel Transports - 2008 21 La carte de la densité de population par commune (figure 1.7) laisse apparaître une répartition inégale, avec des ensembles régionaux bien marqués : une forte concentration de la population dans les principaux centres de développement et d’attraction (Luxembourg-Ville, région Sud et Nordstad) contrastent avec une faible densité en milieu rural (Oesling en particulier). Entre ces deux extrêmes, des dénsités relativement élevées de certaines communes autour des grands centres font ressortir une tendance accrue à la périurbanisation. Figure 1.7. Densité de population par 2 commune (habitants/km ) en 2007 Figure 1.8. Répartition de la croissance de la population par commune entre 2002 et 2007 Source : Suivi du développement territorial du Luxembourg à la lumière des objectifs de l’IVL – CEPS/INSTEAD – Département Géode – 2008. La carte de la figure 1.8 montre les communes ayant le plus participé à l’augmentation de la population entre 2002 et 2007. Ce sont les pôles urbains des trois villes les plus peuplées qui ont accueilli le plus grand nombre de nouveaux habitants, à savoir Luxembourg-Ville, Esch-sur-Alzette et Differdange. En revanche, la Nordstad n’a contribué que très faiblement à l’accroissement de la population du pays. Ces deux cartes font bien ressortir le renforcement en valeurs absolues de la structure spatiale héritée, avec des ensembles régionaux bien marqués et une concentration de la population autour des principaux points centraux que sont les centres de développement et d’attraction, mais elles ne montrent pas les dynamiques communales. 22 Il convient donc de compléter l’analyse par une carte sur le taux d’accroissement annuel moyen de la population par commune. Figure 1.9. Taux d’accroissement annuel moyen de la population entre 2002 et 2007. Source : Suivi du développement territorial du Luxembourg à la lumière des objectifs de l’IVL – CEPS/INSTEAD – Département Géode – 2008. Cette carte montre bien que la croissance relative des villes et des centres de développement et d’attraction est beaucoup moins importante. Bien que LuxembourgVille et ses communes périphériques continuent à connaître une croissance démographique non négligeable, on constate des taux de croissance plus élevés dans des zones rurales, éloignées de tout centre urbain, comme dans l’Oesling. Certaines communes situées le long de la Moselle ont également bénéficié d’une forte croissance relative de leur population. L’évolution démographique des dernières décennies, profitant aux aires urbaines sous la forme d’une périurbanisation, semble donc connaître un renversement de tendance. En effet, la dynamique spatiale actuelle montre un phénomène de rurbanisation, c’est-à-dire de reconquête des campagnes par des populations travaillant en ville. Ce phénomène traduit l’intérêt des résidents pour l’habitat individuel avec terrain, qui est plus abordable dans les zones rurales peu peuplées qu’à la périphérie des grands centres urbains. 23 Cette dualité entre une forte concentration de l’emploi dans les villes (surtout la capitale) d’une part, et une diffusion de la fonction résidentielle de plus en plus loin des pôles d’emplois d’autre part, génère de forts mouvements de navetteurs vers les centres et donc une problématique de mobilité croissante9. Ainsi on observe des migrations pendulaires de plus en plus importantes au niveau de la population active résidentielle. À ce besoin accrue de la mobilité domicile-travail à l’intérieur des frontières nationales, s’ajoute encore toute la problématique des migrations pendulaires transfrontalières. 1.1.4. Frontaliers et aire métropolitaine Actuellement , au Grand-Duché, deux nouveaux emplois sur trois sont occupés par des frontaliers. En 2008, le nombre des travailleurs frontaliers en provenance de la France, de la Belgique et d’Allemagne était de 146 000. Ce nombre a pratiquement quadruplé entre 1991 et 2008. Les travailleurs en provenance de la France représentent près 50%. Figure 1.10. Salariés frontaliers occupés au Luxembourg selon leur pays de provenance Source : Atlas du Luxembourg – Emons – 2009 (voir bibliographie). Le travail frontalier au Luxembourg est un phénomène de grande ampleur, qui touche aujourd’hui des espaces situés bien au-delà des frontières. Le Luxembourg constitue donc un système largement ouvert sur les pays voisins et sur la Grande Région et son aire métropolitaine dépasse très largement l’ensemble des limites du pays (figure 1.11). Par conséquent, l’aménagement du territoire et la planification des transports en particulier, doivent se concevoir de manière intégrée et à une échelle supranationale. L’institution de projets comme par exemple METROLUX10 témoigne des efforts entrepris dans ce sens. Le projet METROLUX 2007-2009 financé par le Fonds National de 9 Dans ce contexte, le projet MOBILLUX (http://mobilluxweb.ceps.lu/) se concentre sur la connaissance et la compréhension des interactions entre la mobilité résidentielle et la mobilité quotidienne des résidents et des frontaliers du Luxembourg, interactions situées dans leur contexte local, régional et transfrontalier. 10 http://metrolux.ceps.lu/ 24 Recherche du Luxembourg étudie le processus d’intégration fonctionnelle et institutionnelle des métropoles transfrontalières. Figure 1.11. Travailleurs pendulaires vers l’agglomération de Luxembourg, 2005 Source : Suivi du développement territorial du Luxembourg à la lumière des objectifs de l’IVL – CEPS/INSTEAD – Département Géode – 2008. En relation avec ces principales caractéristiques de la zone d’étude, il convient d’analyser les deux réseaux de transport retenus, ainsi que la politique gouvernementale mise en œuvre ces dernières années en matière de transport. 25 1.2. Description et évolution des deux réseaux de transport Les deux modes de transport retenus pour cette étude sont d'une part les transports collectifs, assurés par le chemin de fer et l'autobus, et d'autre part le transport individuel, assuré par voiture privée sur le réseau routier luxembourgeois actuel. Le réseau routier sert donc d’infrastructure au trafic individuel aussi bien qu’aux transports publics routiers. Après un bref aperçu historique, il s'agit dans ce paragraphe de donner une description de la structure de ces deux réseaux de transport, ainsi que de leur évolution au cours de la période choisie pour l’étude. Finalement nous allons évoquer les projets futurs. 1.2.1. Le réseau routier Le réseau routier du Grand-Duché de Luxembourg, constitué des autoroutes et des routes nationales et régionales, est géré par l'Administration des Ponts et Chaussées. Complémentairement, à un niveau plus local, les chemins communaux se trouvent sous la tutelle des administrations communales. Aperçu historique et situation actuelle : En 183911 le réseau des routes de l’État se limitait à neuf routes d’une longueur totale de 210 km. Sous l’impulsion de la nouvelle Administration des Travaux Publics (crée en 1843), le réseau des routes de l’État fut agrandi et amélioré sans cesse. Entre 1872 et 1897, des centaines de kilomètres de chemins vicinaux ont été repris par l’État pour être entretenus à ses frais (d’où la notion de « chemin repris par l’état »). À la fin du 19ème siècle, le réseau de la voirie de l’État se présentait de la façon suivante : Routes de l’État : Chemins repris : Total : 707 km 1535 km 2242 km Ce réseau n’a pratiquement pas subi de modification jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. L’expansion de l’économie nationale après la guerre, exigeait la réalisation d’un réseau routier cohérent et performant allant jusque dans les coins les plus reculés de notre pays. La loi du 5 mai 1958 avait, entre autre, pour but d’assurer à chaque localité une communication directe avec le réseau de la voirie de l’État. Le réseau de voirie, de plus en plus moderne, se présentait de la façon suivante : Routes nationales : Chemins repris : Total : 11 840 km 1952 km 2792 km Année du troisième démembrement du pays donnant l’indépendance au Grand-Duché de Luxembourg. 26 L’essor continu de l’économie du Luxembourg, dans les années 60 et 70, a suscité des besoins toujours croissants en mobilité, que ce soit à des fins professionnelles, familiales ou de récréation et a conduit à une augmentation sensible et permanente du nombres d’automobiles. Le défi en découlant pour les Travaux Publics était de mettre à la disposition de la population une infrastructure performante capable d’évacuer dans de bonnes conditions de sécurité et de confort des flux d’une intensité en permanente progression. Une conséquence logique fut la construction des premiers tronçons d’autoroutes à partir de 1969. Depuis lors, la longueur du réseau autoroutier n’a cessée de croître. À part, l’évolution de ce réseau autoroutier, le réseau des chemins repris et des routes nationales n’a pas évolué significativement endéans les 30 dernières années. Figure 1.12. Évolution de la longueur du réseau routier : Année 1954 1970 1980 1990 2000 2008 Réseau national 2129 2831 2871 2775 2863 2894 0 7 44 78 115 147 dont : Autoroutes Source : STATEC Les trois piliers du réseau étatique, autoroutes, routes nationales et chemins repris, constituent une toile assez dense qui couvre tout le territoire luxembourgeois, relie entre elles toutes les localités et communes du pays et vise une mobilité routière durable. La figure 1.13 reprend les étapes de mise en service des différents tronçons d’autoroutes, à partir de 1992, ainsi que les tronçons planifiés pour 2012. On constate que le réseau autoroutier a beaucoup évolué depuis 1992. La figure 1.14 montre une carte du réseau routier du Luxembourg avec les différentes catégories de routes. À titre de comparaison, nous avons ajouté, face à face : • une carte du réseau routier en 1992, date de relevé des données pour notre première étude (figure 1.15). • une carte du réseau routier en 2009, date de relevé des données récentes (figure 1.16). 27 Figure 1.13. Évolution des autoroutes depuis 1992 (en bleu : réseau existant, en rouge : nouveaux tronçons) A1 - autoroute vers Trier : • tronçon MünsbachPotaschbierg A4 - autoroute d’Esch-Alzette : • jonction de Belval, • tronçon Lankelz – rond-point Raemerich A13 – collectrice du Sud : • rond-point Biff – moulin de Bascharage • tronçon Kayl – Burange A7 / B7 – route du Nord : • contournement de Schieren A1 – autoroute vers Trier : • contournement Sud-Est, tronçon : croix de Gasperich – Irrgarten A13 – collectrice du Sud : • tronçon : Sanem – Lankelz • tronçon : Esch – Schifflange • tronçon : Schifflange – Kayl Source : Ponts et Chaussées 28 Figure 1.13. Évolution des autoroutes depuis 1992 (suite) (en bleu : réseau existant, en rouge : nouveaux tronçons) A3 – autoroute de Dudelange : • pénétrante Sud tronçon : Bonnevoie – croix de Gasperich A13 – collectrice du Sud : • contournement de Pétange tronçon : Rodange – rond-point Biff A1 – autoroute vers Trier : • contournement Sud-Est, tronçon : Irrgarten – échangeur Kirchberg A7 / B7 – route du Nord : • tronçon : Erpeldange – Friedhaff A7 / B7 – route du Nord : • contournement de Mersch : tronçon : Schoenfels – Mierscherbierg • contournement de ColmarBerg : tronçon : Mierscherbierg – Schieren Source : Ponts et Chaussées 29 Figure 1.13. Évolution des autoroutes depuis 1992 (suite) (en bleu : réseau existant, en rouge : nouveaux tronçons) A13 – collectrice du Sud / liaison avec la Sarre : • liaison avec la Sarre : tronçon Hellange – frontière Schengen A7 / B7 – route du Nord • tronçon : jonction Grünewald - échangeur Waldhaff A7 / B7 – route du Nord : • tronçon : Lorentzweiler – Schoenfels A7 / B7 – route du Nord : • tronçon : Waldhof – Lorentzweiler Source : Ponts et Chaussées 30 Figure 1.14. Réseau routier du Luxembourg en 2009 Source : CEPS, S. Klein, 2009 31 Figure 1.15. Luxembourg - carte Michelin de 1992 (date de relevé des données pour notre première étude) Source : carte Michelin N° 409 – 1992 (échelle originale 1 :350 000) 32 Figure 1.16. Luxembourg - carte Michelin de 2009 Source : carte Michelin N° 716 – 2009 (échelle originale 1 :350 000) 33 Figure 1.17. Le réseau TERN dans le contexte international à l’horizon 2010 Au-delà des frontières, le Luxembourg est bien relié aux réseaux autoroutiers des pays voisins. Sa localisation géographique et la disposition des infrastructures routières transeuropéennes fait du Luxembourg une plate-forme pour le trafic routier reliant le Nord de l’Europe au Sud et inversement (figure 1.17 du réseau TERN à l’horizon 2010). Source : Administration des Ponts et Chaussées - 2007 Sur le territoire luxembourgeois les autoroutes faisant partie du réseau TERN (Trans European Road Network) comprennent les axes suivants : la A6 Luxembourg – Arlon, la A1 Luxembourg – Trèves, la A3 Luxembourg – Thionville, et la A13 entre Croix de Bettembourg et la frontière allemande (liaison avec la Sarre). Figure 1.18. Le réseau TERN au Grand-Duché de Luxembourg Dans l’idée des réseaux transeuropéens, ces quatre axes offrent des connexions performantes au-delà des trois pays avoisinants et visent ainsi l’amélioration de la compétitivité de l’économie européenne par la mise à disposition, du marché unique, d’un système de transport intégré. La carte de la figure 1.18 met en évidence la partie du réseau TERN se trouvant sur le territoire luxembourgeois. Source : Administration des Ponts et Chaussées – 2007 34 Projets futurs : Selon le plan directeur sectoriel « transport », les projets d’infrastructures routières sont regroupés suivant leur hiérarchie en trois groupes : * Les projets d’autoroutes et les liaisons d’ordre supérieur. On entend par « liaisons d’ordre supérieur », les routes nationales et les autoroutes qui constituent l’armature du réseau routier luxembourgeois. Les projets dont l’échéance de démarrage ou de réalisation est prévue jusqu’en 2015, sont qualifiés de prioritaires. Ces projets de phase 1 sont les suivants (voir carte en annexe 1.2) : 5.1. 5.2. 5.3. 5.5. 5.I. 5.II. 5.III. Route du Nord (A7/E421) Mise à 2x3 voies de la A6/A3 Liaison Micheville (A4) Transversale de Clervaux (N7–N18) Optimisation de la Collectrice du Sud (A13–A4–A13) Accès Z.A. Fridhaff et mise à 2x2 voies de la B7 (Convention Nordstad) Contournement de Olm-Kehlen (N6-A6-N12) * Les routes européennes. Les routes européennes (E-roads) sont définies dans l’accord AGR12 conclu à Genève en 1975. Cet accord recommande la construction de voies de contournement chaque fois que la coexistence entre le trafic supporté par une route de cette catégorie et les fonctions d’habitation des résidents n’est plus garantie. Ainsi, beaucoup de contournements projetés se trouvent sur des itinéraires de routes européennes dont le dédoublement par autoroute n’est pas prévu, comme par exemple, les contournements de Bascharage et de Dippach sur la E44. Une fois réalisés, ces contournements seront inscrits comme voirie européenne. Les projets qualifiés de prioritaires sont les suivants : 6.1. 6.2. 6.5. Contournement de Bascharage/Dippach (E44/N5) Contournement de Junglinster (N10-E29/N11) Voie de délestage à Echternach (N10-E29/N11) * Les réseaux routiers régionaux. Les projets qualifiés de prioritaires sont les suivants : 7.3. 7.7. 12 Voies de délestage de Strassen Pénétrante de Differdange (N32) AGR = Accord européen sur les Grandes Routes de trafic international 35 1.2.2. Le réseau des transports publics L’organisation des transports publics de personnes est partagée selon les fonctions différentes : L’autorité organisatrice est assumée par l’État à travers le Ministère des Transports. Ses ressorts sont la planification de l’offre, les tarifs, la gestion financière ainsi que la rémunération des opérateurs. Un organisme de coopération, la Communauté des Transports. Elle regroupe des représentants de l’État, des communes, des opérateurs et des usagers. Son rôle est de promouvoir les transports publics par l’information et la communication avec l’usager, de réaliser des enquêtes et d’établir des statistiques, mais aussi de développer des formes alternatives de mobilité. L’exploitation du réseau des transports publics est assumée par différents opérateurs, à savoir : • la Société Nationale des Chemins de Fer Luxembourgeois (C.F.L.) comprenant le réseau ferroviaire et le réseau routier de substitution des lignes de chemin de fer supprimées; • le syndicat des Tramways Intercommunaux du Canton d'Esch (T.I.C.E.). Ce syndicat intercommunal, créé en 1927 en vue de l'exploitation d'un réseau de tramways dans le bassin minier, s'est reconverti entre 1948 et 1956 en une entreprise intercommunale d'autobus; • le Régime Général de Transport Routier de personnes (R.G.T.R.) regroupant une vingtaine d'entreprises privées. Les lignes d’autobus régionales sont exploitées dans le cadre du RGTR. Le service routier de la société nationale des C.F.L. assure également un certain nombre de services dans ce même cadre; • le service des autobus urbains de la Ville de Luxembourg (AVL) qui dessert exclusivement le territoire communal et n'intervient donc pas dans une étude d'accessibilité interurbaine. 36 Aperçu historique et situation actuelle : Le chemin de fer vient de fêter ses 150 ans en 2009. Les deux premières lignes, Luxembourg – Arlon et Luxembourg – Thionville, ont été inaugurées le 4 octobre 1859. Même si la route a précédé le chemin de fer, le rail a devancé le trafic routier durant le 19e siècle, contribuant largement à l’industrialisation du pays. Ce monopole, il l’a cependant perdu après la Seconde Guerre Mondiale, le transport individuel se développant rapidement. Dans les années 1970, on songeait même à arrêter le transport voyageur par rail. Mais, au fur et à mesure que les routes s’emplissaient et que même la construction de nouvelles autoroutes n’arrivait plus à drainer les flux croissants d’automobiles, le chemin de fer est redevenu de plus en plus intéressant. Ainsi, la relance du rail, des dix dernières années, a été tellement importante que les CFL ont réagie par un changement de leur politique de rénovation en une politique d’extension. Nous allons revenir sur les projets d’extension, après une description du réseau ferroviaire actuel. Le réseau de chemin de fer luxembourgeois (figure 1.19) se compose principalement de six lignes radiales qui convergent toutes vers la ville de Luxembourg desservant ainsi les zones les plus urbanisées et les secteurs vitaux de l'économie luxembourgeoise. Ces six lignes sont : Ligne 10 : Luxembourg - Ettelbruck - Troisvierges (avec continuation vers Gouvy et Liège et des antennes vers Diekirch et Wiltz), Ligne 30 : Luxembourg - Wasserbillig (avec continuation vers Trier et Koblenz), Ligne 50 : Luxembourg - Kleinbettingen (avec continuation vers Arlon, Namur et Bruxelles), Ligne 60 : Ligne 60/1 : Luxembourg – Bettembourg – Dudelange – Volmerange Ligne 60/2 : Luxembourg – Bettembourg – Esch/Alzette – Audin-le-Tiche Ligne 60/3 : Luxembourg – Esch/Alzette – Pétange – Athus Ligne 60/4 : Luxembourg – Kayl – Rumelange Ligne 70-80 : Luxembourg – Pétange – Rodange – Longwy – Longuyon – Athus – Arlon – Virton, Ligne 90 : Sillon lorrain Luxembourg - Nancy Source : Centrale de Mobilité - 2009 37 Figure 1.19. Réseau ferroviaire luxembourgeois Source : CFL - 2009 38 En 1991, la longueur totale des lignes exploitées s’élevait à 271 km, dont 197 km de lignes électrifiées, l’objectif ayant été l’électrification complète du réseau. En 2007, la longueur totale des lignes exploitées a été de 275 km, dont 262 km de lignes électrifiées. L’objectif de 1991 a donc pratiquement été atteint. Figure 1.20. Le réseau ferré : comparaison 1991 – 2007 1991 2007 Longueur totale de lignes dont à double voie dont à voie unique 271 km 139 km 132 km 275 km 140 km 135 km Lignes électrifiées 197 km 262 km Gares 64 65 5 5 24 26 162 147 Grands viaducs Tunnels Passages à niveau rail-route Source : CFL Avec une densité des voies ferrées de 10,6 km pour 100 km2, le Luxembourg se positionne en troisième place, après la Belgique (11,7) et l’Allemagne (11,6), la moyenne pour l’ensemble de l’Union Européenne étant de 4,9 km pour 100 km2 (Eurostat, 2007). En ce qui concerne le trafic, le nombre de voyageurs est en croissance permanente depuis 1990. Il a atteint près de 14,8 millions de passagers en 2006. Figure 1.21. Trafic voyageur CFL Voyageurs transportés (x 1000) 1990 2000 2003 2004 2005 2006 12 692 12 985 13 479 13 685 14 054 14 793 Source : STATEC - 2008 Les dessertes routières assurées par autobus constituent un complément indispensable au chemin de fer et la société des C.F.L. assure à la fois le transport par rail et le transport par route. Le réseau routier des transports publics est donné par la figure 1.22. Il se compose principalement du réseau R.G.T.R. (incluant les bus des C.F.L.) et des services T.I.C.E. du canton d’Esch, ainsi que des services A.V.L. et Citybus au niveau du trafic intraurbain. 39 Figure 1.22. Réseau des transports publics Source : CEPS, S. Klein, 2009 40 La figure 1.23 montre un plan schématique du réseau T.I.C.E. actuel. Figure 1.23. Réseau T.I.C.E. - 2009 Source : T.I.C.E. - 2009 Le réseau bus existant au Grand-Duché de Luxembourg est, dans sa structure actuelle et en comparaison internationale, d’une qualité relativement bonne, voire même très bonne. La majorité des lignes sont déjà directes, cadencées et d’une fréquence élevée. Ceci est valable en particulier pour le trafic des bus à destination de Luxembourg-Ville ainsi que pour le trafic des bus dans la région d’Ettelbruck, Diekirch et vers les centres régionaux de Wiltz, Clervaux, Redange, Echternach, Mersch, Grevenmacher, Junglinster et Remich. Les lignes en place dans la région sud du pays ont été réorganisées en 2006. Elles relient toutes les localités du canton d’Esch/Alzette à une cadence de 15 minutes, ce qui se justifie du fait qu’elles circulent dans une région très peuplée, respectivement urbaine. Actuellement, plus de 140 000 voyageurs profitent quotidiennement de l’offre de bus, grâce à des tracés de lignes faciles à retenir, aux dessertes fréquentes, au système de tarification facile et avantageux et aux services d’information considérablement améliorés. 41 L’exemple du réseau TICE montre très bien les grands efforts qui ont été entrepris en vue d’une l’amélioration de la performance des transports en commun, depuis 1992. Les figures 1.24 et 1.25 montrent les fréquences quotidiennes des bus du réseau TICE pour 1992 respectivement 2006. Alors qu’en 1992 pratiquement aucune ligne n’affichait une fréquence supérieure à 100 bus par jour, on constate qu’en 2006 il ne reste plus beaucoup de lignes où la fréquence est inférieure à 100 bus par jour. En revanche, l’ensemble des fréquences a fortement augmenté allant par endroit jusqu’à plus de 500 bus par jour. Ainsi l’évolution du réseau TICE, entre 1992 et 2006, constitue un bon exemple d’adaptation des transports en commun aux nouveaux besoins de mobilité d’une population en croissance permanente. Figure 1.24. Réseau TICE en 1992 Figure 1.25. Réseau TICE en 2006 Source : Arendt S., Kies A. – TICE: Das Busnetz im Süden – in: Atlas du Luxembourg, Emons, 2009 (voir bibliographie). 42 Les efforts entrepris ne s’arrêtent pas à la frontière et les projets transfrontaliers, prenant en compte les besoins de mobilité de l’ensemble de la Grand-Région, se multiplient. Par exemple le projet SMOT (depuis janvier 2009) – Il s’agit d’un nouveau schéma stratégique de mobilité transfrontalière qui vise à faciliter la mobilité des frontaliers entre la Lorraine et le Luxembourg. Figure 1.26. Lieux de résidence des frontaliers français – 2006 Source : www.belval.lu En 2008, le nombre de Lorrains qui franchissent chaque jour les frontières pour aller travailler au Luxembourg s’est élevé à 70.000. Selon les dernières prévisions, ce chiffre devrait passer à 135.000 Lorrains d’ici 2030. Cette hausse des flux frontaliers et la multiplication des pôles à desservir ont poussé la Région Lorraine, la préfecture et le ministère des Transports luxembourgeois à lancer un programme d’actions concrètes pour faciliter et promouvoir la mobilité transfrontalière. Parallèlement, il s’agit de prendre en compte la dimension environnementale de lutte contre la pollution. Parmi les objectifs du SMOT, il s’agit par exemple de suivre le développement du site de Belval et les besoins de mobilités qui en résultent. Ainsi a été lancé, en décembre 2009, une nouvelle desserte ferroviaire TER-METROLOR entre Thionville, Belval et Longwy, en partenariat avec la SNCF et la Société Nationale des Chemins de Fer Luxembourgeois. La nouvelle gare Belval-Université sera quant à elle terminée en septembre 2010. Elle offrira davantage de confort aux usagers des trains et répondra à leur affluence grandissante. Un Parc&Ride d’une capacité de 1600 emplacements complètera le dispositif. À terme, une gare de bus s’ajoutera également au dispositif mis en place afin de favoriser les déplacements en transport en commun. Ces services permettront aux frontaliers de gagner du temps, d’éviter des embouteillages quasi quotidiens, de réaliser des économies et de réduire leurs émissions de CO2. 43 Au niveau international, le Luxembourg profite de sa position-clé sur le tronçon international Bruxelles-Strasbourg-Bâle-Milan. L’amélioration de l’intégration du réseau ferroviaire national au réseau international et la qualité des relations ferroviaires avec l’étranger sont au centre des préoccupations de la SNCFL et du gouvernement. En juin 2007, grâce au raccordement du Luxembourg au TGV Est-européen, le temps de parcours entre Luxembourg et Paris a ainsi été ramené de 3h30 à 2h05, au rythme de cinq aller-retour quotidiens. Dans une deuxième phase, le temps de parcours Luxembourg-Strasbourg devrait être réduit en passant de 2h05 à 1h25. Figure 1.27. TGV Est Européen Source : Ministère des transports - 2007 Le projet EUROCAP RAIL vise l’interconnexion ferroviaire des trois villes sièges européennes, c.à-d. Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg. L’intérêt du côté luxembourgeois consiste avant tout dans l’amélioration de la ligne vers Bruxelles en vue d’une offre de qualité performante. Cette réalisation se fera, dans la mesure du possible sous forme d’une prolongation de la branche Strasbourg Luxembourg du TGV Est-Européen vers Bruxelles et visera une réduction des temps de parcours entre Bruxelles et Luxembourg à 2 heures. Figure 1.28. Eurocap - Rail Source : Ministère des transports - 2007 44 Projets futurs : Selon le plan sectoriel transport, les projets d’infrastructure ferroviaire, au niveau national, sont regroupés en trois groupes de projets de train classique, suivant l’envergure des travaux à réaliser, et un groupe de projets de tram léger. Les projets dont l’échéance de démarrage ou de réalisation est prévue jusqu’en 2015, sont qualifiés de prioritaires. Ces projets de phase 1 sont les suivants (carte en annexe 1.4) : * Les infrastructures ferroviaires d’envergure 1.1. 1.2. 1.3. 1.4. 1.5. Nouvelle ligne ferroviaire entre Luxembourg et Esch/Alzette Nouvelle ligne ferroviaire à deux voies entre Luxembourg et Bettembourg Ligne ferroviaire Hamm-Aérogare-Kirchberg Construction d’une antenne ferroviaire entre Belval-Usines et Belvaux-Mairie Tunnel de raccordement de Belvaux-Mairie en direction d’Oberkorn * Le doublement et le réaménagement de lignes ferroviaires existantes 2.1. 2.2. 2.3. 2.I. 2.II. 2.III. 2.IV. Mise à double voie intégrale de la ligne Luxembourg-Pétange Nouveau viaduc parallèle au viaduc existant de Pulvermühle Mise à double voie du tronçon Hamm-Irrgarten Aménagement d’une voie d’évitement à Michelau Optimisation de la ligne de Kleinbettingen Mise à double voie du tronçon de ligne Rodange - frontière française Réaménagement de la Gare de Luxembourg avec les têtes Nord, Sud et Ouest * Adaptation technique d’une infrastructure ferroviaire existante 3.I. Optimisation de block sur la ligne Nord entre Dommeldange et Ettelbruck Tous les projets ci-dessus s'insèrent dans la planification du futur réseau projeté par l'IVL et dans la stratégie «mobil2020» du Ministère des Transports. * Les projets de transports en commun dans l’espace urbain 4.I. Tram léger entre la gare périphérique Kirchberg et la Gare centrale 4.II. Tram léger entre la Gare centrale et la gare périphérique Cessange Ces deux projets s'insèrent dans le concept des gares périphériques de Howald, Cessange et Kirchberg. En outre, ils font partie d’une approche d’ensemble englobant la création des nouvelles lignes ferrées classiques Luxembourg-Esch et Luxembourg-Bettembourg ainsi que de l’adaptation du réseau de transport par autobus cohérent sur les plans locaux, régionaux, nationaux et transfrontaliers. 45 1.2.3. Politique gouvernementale et documents stratégiques La politique nationale en matière de transports a fondamentalement changée depuis les années 1990. En effet, à partir des années 2000, la priorité absolue est données aux transports en commun. Cette priorité se réflète aussi dans la politique budgétaire, comme le montre l’évolution des dépenses du Fonds du Rail (figure 1.29). Ainsi ces dépenses ont largement augmenté pour passer de 130 millions en 2000 à quelques 250 millions en 2005, ce qui représente quasi un dédoublement en 5 ans. Avec plus de 300 millions en 2007 et des dépenses projetée de plus de 600 millions en 2011, on pourra parler d’un deuxième dédoublement en 4 ans. En revanche, les dépenses du Fonds des Routes augmentent moins vite et surtout à un niveau budgétaire largement inférieur. Ainsi pour 2010, par exemple, ces dépenses ne représentent, avec 250 millions d’euros, que la moitié de ceux du Fonds du Rail (plus de 500 millions d’euros). Cette politique d’investissement en faveur des transports publics souligne bien l’ambition du Gouvernement de s’engager sans compromis dans cette voie avec comme épine dorsale le développement du réseau ferré. Figure 1.29. Évolution des dépenses du Fonds du Rail et du Fonds des Routes Source : Ministère des Transports - 2007 La volonté politique de favoriser les transports en commun se reflète aussi dans les multiples documents stratégiques de référence en matière de transport, dont voici un bref aperçu des plus importants13 : 13 Selon le Projet de rapport technique du Plan Directeur Sectoriel « Transports » - 2008 46 Le Programme Directeur de l’Aménagement du Territoire (1999/2003) et le Plan Sectoriel Transports (2008) Le Programme Directeur est le cadre d’orientation et de référence du développement du territoire. Il est rendu opérationnel par des plans directeurs sectoriels et par des plans directeurs régionaux. Le Plan Sectoriel Transports (PST) est un des principaux plans directeurs sectoriels prévus par le programme directeur. Il constitue un document stratégique, destiné à orienter la politique nationale des transports à moyen et long terme. Le PST fait aussi référence à l’étude IVL, qui en précise le cadre d’intervention dans un concept intégré de développement des transports et de développement spatial. Comme la dorsale urbaine Sud-Nord (voir figure 1.6 page 21) concentre le gros des flux de transports, le PST donne, par exemple, priorité absolue au réseau ferré qui constituera à l’avenir le pilier structurant des transports de cet espace urbanisé. Le « Concept Global sur la Mobilité » (2002) Le « Concept Global sur la Mobilité » est le résultat des travaux du groupe de travail interministériel «mobilité». Le rapport de ce groupe de travail contient des suggestions pour garantir une amélioration à long terme des conditions de mobilité au Luxembourg dans le cadre d’une approche intégrée Transports, Travaux Publics, Environnement et Aménagement du Territoire. Il propose des mesures d’urgence indispensables pour éviter une dégradation supplémentaire de la situation actuelle. Le concept tient compte des projets et planifications alors en cours en 2002, ainsi que des mesures qui en découlent selon les différents modes de transport (route, rail, voies navigables, pistes cyclables et relations aériennes), pour le transport des personnes comme des marchandises. Le Concept Global sur la Mobilité 2002 a retenu de poursuivre trois objectifs principaux: - diminuer les nuisances par une réduction du trafic - transférer le trafic sur des modes de transports respectueux de l’environnement humain et naturel - assurer et améliorer l’accessibilité en tout point du territoire Ces réflexions ont servi de fondement à l’étude IVL et ont inspiré la stratégie « mobilitéit.lu ». La stratégie « mobilitéit.lu » (2002) Le document stratégique « mobilitéit.lu » a été élaboré par le Ministère des Transports en collaboration avec les CFL. La priorité absolue est de mettre à la disposition, des habitants du pays et de la grande région, un service ferroviaire attractif, 47 rapide, fréquent, confortable et fiable, et d’atteindre ainsi un partage modal de 25/75, entre transport en commun et transport individuel. La stratégie est développée à partir des estimations fournies par le STATEC pour l’horizon 2020, et qui dressent comme toile de fond une population résidente qui aura dépassé le cap de 500 000 habitants et une population active répondant à une offre de quelques 400 000 emplois (dont un pourcentage élevé de frontaliers). Elle établit que cette évolution rendra nécessaire de multiplier par trois la capacité des transports publics, par rapport aux besoins estimés pour l’année 1997, alors que le trafic individuel continuera à croître parallèlement de quelques 30 % pendant cette même période. La stratégie « mobilitéit.lu » repose sur cinq piliers principaux : - Densification de l’offre Train Classique – Train-Tram sur un réseau ferré sensiblement élargi - Concept de gares périphériques aux abords de la Ville de Luxembourg - Coordination intramodale optimale des modes de transport bus et train - Concept P+R (points d’échange intermodal) - Mesures organisatrices (p.ex. : centrale de mobilité, etc…). Le papier stratégique « Route2020.lu » (2003) Ce papier stratégique a été élaboré par l’administration des Ponts et Chaussées en parallèle à l’étude IVL et les travaux de ces deux démarches ont abouti pratiquement en même temps. Son but est de mettre sur pied une stratégie pour le développement des infrastructures routières destinée à être intégrée dans un concept global. Le papier stratégique «route2020.lu» respecte l’intention déclarée des pouvoirs politiques de vouloir atteindre d’ici l’an 2020 un Modal split de 25/75 (transport en commun / trafic individuel motorisé). Il fait des propositions de développement, d’amélioration fonctionnelle, sur quatre plans différents : c’est-à-dire d’extension ou - Dans le contexte européen, il fait référence aux routes européennes (E-roads) et au réseau TERN (Trans European Road Network) initié par l’Union Européenne (figure 1.17, page 34). - Sur les plans transfrontalier et national, le papier stratégique définit les projets routiers tendant à améliorer et à renforcer l’insertion du Grand-Duché dans le réseau primaire de la région Saar-Lor-Lux. - Au niveau régional, le papier stratégique définit les infrastructures routières nécessaires à réaliser en vue du développement des trois principaux pôles d’attraction repris au programme directeur à l’aménagement du territoire, à savoir la ville de Luxembourg, comme Centre de Développement et d’Attraction (CDA) d’ordre supérieur 48 et la ville d’Esch/Alzette avec sa périphérie directe, tout comme le Nordstad comme CDA d’ordre moyen. - Sur le plan local, le papier stratégique se réfère à la construction de voies de contournement chaque fois que le trafic de transit perturbe la qualité résidentielle des agglomérations et que la cohabitation entre plusieurs fonctions n’y est plus supportable. En additionnant toutes les nouvelles infrastructures routières proposées dans le papier stratégique « route2020.lu », la longueur du réseau routier actuel se trouve augmentée de 3,5 %, pour un accroissement du volume du trafic motorisé individuel de 30 %. En conclusion, il importe de relever qu’à quelques exceptions près, l’IVL reprend la grande majorité des projets issus du papier stratégique de l’administration des Ponts et Chaussées « route2020.lu ». L’étude IVL (Integratives Verkehrs- und Landesentwicklungskonzept) (2004) Le concept intégré des transports et du développement spatial « IVL » est un instrument stratégique dont le rôle est d’assurer la coordination et l’intégration des divers champs du développement spatial, à savoir l’aménagement du territoire, les transports et l’environnement. Il est basé sur le constat que les infrastructures de transport doivent être considérées comme l’élément structurant du développement urbain et rural et non comme une conséquence inéluctable. La question fondamentale à laquelle l’IVL doit répondre se résume de la manière suivante: comment peut-on judicieusement combiner et intégrer jusqu’en 2020 le développement spatial, la gestion de l’accroissement continu du nombre de frontaliers ainsi que l’infrastructure des transports, de manière à : - réduire le volume global du trafic en assurant le doublement de la quote-part assurée par les transports en commun - mettre en place une structure spatiale qui soutienne la réduction et le transfert du trafic - organiser des infrastructures de transport conformes à l’aménagement du territoire - limiter la consommation des espaces naturels. L’étude « Extension du réseau ferré dans la Ville de Luxembourg » (2006) Le groupe de travail « Extension du réseau ferré dans la Ville de Luxembourg », institué sur initiative du Ministère des Transports et de la Ville de Luxembourg avait comme mission d’analyser différents concepts et tracés pour une éventuelle extension du réseau ferré dans la Ville de Luxembourg. La synthèse du travail de ce groupe a arrêté son choix sur le scénario dénommé «Système combiné Train Classique + Tram Léger» Le projet ainsi retenu, vise, par la mise en place d’un tram léger dans la Ville de Luxembourg, à relier les gares périphériques de Cessange et de Howald à la Gare 49 centrale, au Centre-Ville ainsi qu'au plateau de Kirchberg et à sa gare périphérique. Le projet permet, d’une part, de renforcer l’attrait et les capacités du transport en commun dans la Ville de Luxembourg et, d’autre part, de réduire sensiblement les nuisances liées aux émissions des véhicules motorisés. Le concept de mobilité «Mobil 2020 – Mobilitéit déi beweegt» (2007) L’objectif principal du concept «mobil 2020 – Mobilitéit déi beweegt» est de sensibiliser tous les acteurs concernés aux efforts à engager pour une mobilité durable, capable de surmonter l’ensemble des défis à venir. Ce concept fait d’abord appel à une promotion attractive des transports en commun, de même que de tout autre mode de déplacement, alternatif à la voiture individuelle, vantant une qualité de vie meilleure et un environnement mieux préservé. La mise en oeuvre de cette promotion a été confiée à la Centrale de Mobilité (Mobilitéitszentral). Ce service du Verkéiersbond (CdT – Communauté des Transports), propose des offres concrètes destinées à améliorer la qualité du service et le confort des voyageurs. Un des outils clés est certainement le système de recherche sur le site Internet de la Mobilitéitszentral qui permet, grâce à un horaire intégré, de choisir le trajet le mieux adapté à ses besoins, par le bus et par le train, d’une destination vers une autre. Le Gouvernement a souligné son ambition de s’engager sans compromis en faveur des transports en commun dont la colonne vertébrale correspond au réseau ferré actuel étendu et complété. Afin de faire face aux besoins accrus de mobilité, « Mobil 2020 » retient le concept des gares périphériques se présentant à la fois comme « porte d’entrée » et plate-forme d’échange intermodale. Complémentairement, et afin de promouvoir le transfert de la voiture particulière aux transports en commun, «Mobil 2020» prévoit un ensemble de parkings d’accueil (P+R) à proximité des gares ferroviaires et routières. Le plan d’action « Mobilité douce » (2008) Le plan d’action « Mobilité douce » est à considérer comme outil indispensable pour obtenir un Modal Split de 25/75 à l’horizon 2020. Il est à la base des efforts du Gouvernement pour changer la mentalité des usagers de la voiture et les inciter à se déplacer à pied ou à vélo notamment pour parcourir de courtes ou de moyennes distances à l’intérieur des agglomérations. Son objectif est de promouvoir l’intégration de la mobilité douce dans le quotidien, comme mode de déplacement à part entière. Les divers documents stratégiques, présentés ci-dessus, laissent clairement apparaître la prise de conscience progressive du rôle à faire jouer aux transports en commun (objectif du Modal Split 25/75). Mais la part de ces derniers pour les déplacements intérieurs reste encore trop faible par endroits. En toute logique, elle est plus élevée dans les régions urbaines, densément peuplées, que dans les régions 50 rurales, où la densité démographique est moins propice à leur rentabilisation, les déplacements y étant à la fois moins nombreux et plus dispersés. Néanmoins, il importe de redonner vocation aux chemins de fer de devenir la colonne vertébrale d’un système de transports en commun compétitif et concurrentiel, face à la voiture particulière. Parallèlement, la politique gouvernementale vise à améliorer les transports par bus en matière de rapidité, de ponctualité et de fiabilité. Ceci par la création conséquente de couloirs privilégiés pour bus et la mise en service de feux de circulation donnant priorité aux transports en commun. En plus, la Communauté des Transports (CdT) est en train de développer un projet pilote «Rufbus» qui permettra d’offrir une alternative plus innovatrice par rapport à l’offre des transports publics cadencés dans le but de répondre au mieux aux exigences de la population. À ces propositions relatives à l’amélioration des réseaux de transports en commun s’ajoute l’idée de la création d’un ensemble de parkings d’accueil P&R au niveau national. L’idée maîtresse en est le transbordement des flux de voyageurs de la voiture particulière vers les transports en commun avant que les usagers de la route n’atteignent les centres de nos villes. Le concept prévoit la création de parkings d’accueil à proximité des gares ferroviaires et des gares routières. Tous ces efforts doivent contribuer à fortifier la position des transports publics et constituent un complément indispensable au chemin de fer, mais n’empêchent pas qu'il subsiste des déséquilibres au niveau de la desserte de l'espace luxembourgeois par les transports en commun. 51 52 2. PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE Le but initial de cette partie est de bien délimiter le sujet de ce travail en précisant sa problématique, les buts poursuivis, ainsi que les hypothèses retenues. On expliquera ensuite la méthodologie employée pour obtenir des résultats vérifiables et comparables concernant l'accessibilité interurbaine au Grand-Duché de Luxembourg en fonction des deux réseaux de transports et des deux dates retenus. 2.1. Problématique La problématique vise à mieux cerner, dans un premier temps, la notion d’accessibilité interurbaine en présentant brièvement les principales approches en ce domaine ; dans un second temps, à préciser les buts poursuivis et à établir les hypothèses de travail à vérifier. 2.1.1. Approche théorique La présente étude s'appuie sur des travaux d'accessibilité interurbaine anciens et récents et principalement sur ceux de chercheurs de l'Université de Lund en Suède. Afin de situer la notion d'accessibilité dans le cadre de la géographie des transports et de comprendre l'intérêt de telles études, nous allons brièvement rappeler le modèle originel, modèle suédois, ainsi que les adaptations effectuées dans des études ultérieures. Les premières études d'accessibilité interurbaine ont été menées dans les années soixante-dix par A. Pred et G. Tornqvist (Lund, 1973), qui se sont interrogés sur le rapport entre croissance urbaine et architecture des réseaux de transport. Leurs recherches ont montré l'importance de la rapidité des flux d'information et d'un réseau de voies de communication bien structuré pour expliquer la croissance des principales régions urbaines de Suède. La société suédoise offre l'exemple d'une société post-industrielle dont le bon fonctionnement dépend de la circulation constante et rapide des biens, des hommes et de l'information. Les flux d'informations, particulièrement nécessaires aux innovations technologiques, lient les activités entre elles et peuvent modifier la structure de l'emploi régional. Deux types d'informations peuvent être différenciés : 53 • les informations courantes, transmises par des moyens habituels comme le téléphone, le fax ou le courrier. Ces communications n'influent pas sur la localisation des firmes car la distance physique n'est pas un obstacle à la transmission de ces flux. • les information-innovations qui, du fait de leur importance, nécessitent des contacts directs entre les représentants des firmes. Chacun possède une partie de l'information nécessaire à tous et le contact face-à-face permet à chaque représentant d'estimer la sincérité de son interlocuteur. La plupart des grandes firmes disposent ainsi d'un certain nombre d'employés spécialisés dans ce genre d'activités. Ces personnes consacrent entre trente et cinquante heures par semaine aux contacts personnels (temps de voyage inclus). La mobilité est donc une caractéristique essentielle de ces groupes de spécialistes qui sont amenés à se déplacer souvent en utilisant le réseau de transport existant dans le cadre du système spatial suédois. Ces déplacements représentent 80 % des voyages aériens et 80 % des voyages en train en première classe (G. Tornqvist, 1973). Les contacts les plus fréquents sont ceux qui permettent à une personne d'effectuer l'aller-retour dans une seule journée. Il est donc primordial de choisir le mode de transport le plus rapide pour joindre la ville de réunion ; ceci afin de réduire au maximum le temps de trajet et par là d'augmenter le temps de séjour possible dans le centre de décision. Ainsi, l'équipe de l'Université de Lund a essayé de déterminer l'accessibilité générale des 70 principales régions urbaines suédoises. Un temps de trajet a été établi entre chaque couple de centres urbains et cela pour chacun des modes de transports suivants : l'avion, le train, l'automobile et leur combinaison. La comparaison de ces résultats, qui se présentent sous forme de quatre matrices, permet de dégager le plus faible temps de trajet entre chaque couple de villes, ainsi que le mode de transport correspondant. Elle aboutit à la mise en évidence d’une hiérarchie urbaine en fonction de l'accessibilité des différentes villes, qui révèle de manière attendue que les centres urbains dotés de la meilleure accessibilité sont favorisés lors du choix des lieux de rencontre pour les contacts personnalisés. Les déplacements et les rencontres dépendent donc de l'efficacité des réseaux de transports. Le réseau optimal serait celui qui permettrait des liaisons directes entre chaque couple de villes. Un tel réseau serait évidemment trop coûteux, car beaucoup de liaisons se révéleraient non rentables. Par conséquent, un grand nombre de liaisons doivent passer par un pôle urbain qui joue le rôle d'un central de redistribution. En Suède, ce rôle est assuré par Stockholm et secondairement par Malmö et Göteborg. En conclusion, G. Tornqvist explique que les personnes spécialisées dans les contacts face-à-face ont tendance à s'installer dans les zones de meilleure accessibilité. Or, de par leur niveau de vie, ces catégories de population génèrent la croissance urbaine. Ainsi, les déséquilibres entre centres urbains majeurs (les plus accessibles) et 54 centres urbains secondaires (défavorisés par les réseaux de transport) sont maintenus, voire accentués. Finalement, il a montré que des modifications dans l'accessibilité d'une région dans le système spatial suédois provoquent de nouvelles distributions de l'emploi. Ce modèle suédois a été utilisé, complété et modifié dans le cadre du laboratoire de géographie urbaine de Strasbourg où un certain nombre d'études ont été menées sous la direction de C. Cauvin et H. Reymond (1978 - 2002) et plus récemment par C. Enaux. De nouvelles méthodes ont été développées et les applications ont porté sur différents modes de locomotion, différentes échelles et différents pays. Ainsi ont été analysées, par exemple, les accessibilités routières, ferroviaires et aériennes en France et en Europe ainsi que l'accessibilité par modes combinés en France seule. Tout ceci montre que le travail entrepris ici s'inscrit dans une recherche en cours. En effet, au fur et à mesure de l'avancement de ces différentes études, la méthodologie en matière d'accessibilité s'est affinée. Les concepts liés aux transports, plus particulièrement aux réseaux et à l'accessibilité permise par ces derniers, ont sans cesse été approfondis. Grâce aux progrès techniques actuels, les méthodes existantes ont été améliorées. Ainsi, l'outil cartographique s’est étoffé, présentant aujourd'hui un intérêt de plus en plus grand pour l'analyse et la simulation des structures et des processus en géographie des transports. En joignant ces conclusions des travaux des auteurs suédois et les caractéristiques des réseaux du Luxembourg présentés dans la première partie, il devient possible d’établir les hypothèses à vérifier en ce qui concerne la comparaison et l’évolution de l’accessibilité dans le Grand Duché. 2.1.2. Énoncé des hypothèses Les hypothèses de travail doivent permettre d’atteindre le but global de ce travail qui est l’étude comparée de l’accessibilité routière et ferroviaire au Grand-Duché de Luxembourg entre 1994 et 2009. Pour la formulation des hypothèses, nous allons appréhender d’une part, la comparaison des deux réseaux entre eux, et d’autre part l’évolution de l’accessibilité des réseaux entre 1994 et 2009. 55 ● Hypothèses en relation avec la comparaison des deux réseaux entre eux : Ces hypothèses14 ont pour but de dégager les comportements différents des deux réseaux de transport en matière d’accessibilité. La première hypothèse vise à mettre en évidence les performances et les déficiences de chacun des deux réseaux étudiés. Elle suppose l'existence de régions mieux reliées que d'autres en fonction du temps d’accès et peut s'énoncer de la façon suivante : Hypothèse R1 L'accessibilité interurbaine, au Grand-Duché de Luxembourg, varie en fonction du mode de transport choisi (voiture privée ou transport en commun). En outre, pour chaque mode de locomotion, considéré séparément, il existe des disparités au niveau des facilités d'accès à l'intérieur du pays. Une deuxième hypothèse concerne l’éventuelle supériorité d’un mode de transport sur l’autre en matière d’accessibilité, et dans le cas du Luxembourg, celle du transport individuel sur le transport collectif. Hypothèse R2 L'accessibilité des villes par le réseau des transports privés est meilleure que celle par le réseau des transports publics. En d'autres termes, le transport individuel concurrence fortement le transport collectif. Une troisième hypothèse cherche à montrer les déformations de l’espace géographique de référence sous l’influence des caractéristiques du réseau et de l’accessibilité qui en découle. Ces déformations sont visualisées par la cartographie des espaces fonctionnels15. Hypothèse R3 A chacun des deux réseaux, est associé un espace fonctionnel, différent de l'espace géographique. L'espace fonctionnel des transports publics diffère de l'espace fonctionnel des transports privés. 14 Pour des raisons de clarté, nous allons désigner les hypothèses concernants la comparaison des deux réseaux par R1, R2 et R3, et les hypothèses en relations avec l’évolution des réseaux entre 1994 et 2009, par E1, E2 et E3. 15 La notion d’« espace fonctionnel » sera expliquée à la page 82. 56 ● Hypothèses en relation avec l’évolution des réseaux entre 1994 et 2009 : Ces hypothèses auront pour but de montrer l’évolution très différente des deux réseaux en matière d’accessibilité sur cette période de 15 ans. Une première hypothèse devra affirmer ce constat. Hypothèse E1 : L’évolution de l’accessibilité du réseau de transports publics entre 1994 et 2009 diffère fondamentalement de celle de l’accessibilité du réseau privé durant la même période. Cette différence d’évolution doit être évaluée tant quantitativement que qualitativement. Aussi, les deux hypothèses suivantes visent à mettre en évidence l’ampleur des changements de chacun des deux réseaux. Hypothèse E2 : L’accessibilité des villes par le réseau des transports privées n’a pas changé notablement entre 1994 et 2009. Hypothèse E3 : L’accessibilité des villes par le réseau des transports publics s’est fortement améliorée entre 1994 et 2009. Cependant, ces constats issus d’une approche globale, ne font pas apparaître les différenciations existant à l’intérieur des deux ensembles. Aussi, une quatrième hypothèse s’attache plus particulièrement à souligner, pour chaque réseau, les évolutions différentes des villes en matières d’accessibilité et de centralité entre 1994 et 2009. Hypothèse E4 : À l’intérieur de chaque réseau, il existe une hiérarchie des villes propre à leur évolution inégale en matière d’accessibilité entre 1994 et 2009. Afin de pouvoir obtenir des résultats susceptibles de vérifier ces hypothèses, il est important de suivre une démarche méthodologique rigoureuse et appropriée. 57 2.2. Démarche méthodologique Pour tester chacune des hypothèses énoncées dans la partie précédente, une démarche méthodologique précise est nécessaire. Cette démarche a été mise au point au cours des études d’accessibilités existantes et fait l’objet de modifications régulières selon les connaissances nouvelles. Elle a déjà été adaptée au cas précis du Luxembourg et aux deux réseaux de transport considérés, dans une étude précédente16. Elle sera complèté dans la présente étude par des méthodes qui permettent une comparaison dans le temps. La démarche méthodologique correspond à la mise en ordre des méthodes et des techniques retenues afin de répondre à une problématique précise. Elle inclut donc aussi la collecte des données qui correspond à l'étape de quantification de la démarche scientifique expérimentale et qui doit être effectuée en tenant compte en amont des hypothèses et en aval des traitements possibles. Précisons, qu'en aval, au niveau des méthodes retenues, nous avons utilisé au maximum l'outil cartographique comme outil de compréhension de l'espace et non pas comme simple technique d'illustration. Dans un premier temps, nous allons exposer les caractéristiques de la collecte des données d’accessibilité et les traitements effectués pour obtenir les temps d'accès et construire les tableaux associés. Ensuite il s’agit de vérifier ces données. Toute collecte des données comprend deux parties : la collecte des informations, c'est-à-dire des données brutes : horaires, types de routes..., et la transformation de ces informations en données afin qu'elles soient exploitables en liaison avec nos hypothèses, sans oublier la nécessité de la vérification de ces données, afin de pouvoir les utiliser par la suite sans risque d'erreurs. Les informations à collecter vont permettre de construire les matrices "temps". Elles comprennent donc le choix des villes, d'une part, et les temps d'accès entre ces villes, suivant les deux modes de locomotion et les deux dates d'autre part. 2.2.1. Choix des villes Pour être en mesure de comparer la situation actuelle, en matière d’accessibilité, avec les résultats obtenus lors d’une étude antérieure, il est évidemment nécessaire de reprendre le même choix des villes. Rappelons brièvement en fonction de quels critères ce choix à été fait en 1994. 16 J.Braun – 1994 – L’accessibilité au Luxembourg : transport individuel et transport collectif. Complémentarité et/ou concurrence. 58 Dans les grandes lignes, nous nous sommes basés sur les mêmes principes que ceux qui ont été retenus dans l'étude d'accessibilité routière en France, bien que l'ordre de grandeur des villes soit très différent. Ainsi, pour des raisons de commodité, le terme de VILLE sera retenu dans notre étude, même s'il s'avère incorrect au sens strict pour certains lieux qui devraient plutôt porter la désignation de bourgs ou de lieux. Pour le choix des villes, plusieurs critères sont à considérer: taille c'est-à-dire la population, la présence d'industries ou d'activités tertiaires, la possibilité de raccordement par les deux modes de locomotion retenus ou encore la fréquence de desserte. Des critères techniques sont également à prendre en compte, comme par exemple la nécessité d'une couverture "correcte" de la zone d'étude, c'est-à-dire des points répartis un peu sur tout l'espace à étudier, sinon certaines méthodes ne pourront pas donner des résultats acceptables. Ce dernier critère est très important, vu que l’espace luxembourgeois, comme d’ailleurs beaucoup d’autres espaces nationaux, est très hétérogène. Or on ne peut pas prendre en compte l’ensemble de l’espace national en se limitant uniquement aux quelques villes et centres d’attraction importants. Pour couvrir l’ensemble du territoire, il faut, par exemple, aussi retenir un certain nombre de localités plus petites. Ainsi le seul critère du nombre d'habitants, ne paraît guère approprié au niveau du Grand-Duché de Luxembourg. En effet, les deux régions Centre et Sud regroupent à elles seules les trois quarts de la population. Les régions nord et est du pays sont donc défavorisées quant à ce critère. D'autres critères ont donc été appliqués. Ainsi, nous avons retenu, dans un premier temps, les chefs-lieux des douze cantons, à savoir : Capellen, Clervaux, Diekirch, Echternach, Esch-sur-Alzette, Grevenmacher, Luxembourg, Mersch, Redange, Remich, Vianden et Wiltz. Esch-sur-Sûre a été retenu en tant que lieu d'attraction touristique avec son lac de barrage. Pour le choix des autres villes, nous nous étions basé, en 1994, sur le programme directeur de l’aménagement du territoire alors actuel. Ainsi, les villes de Differdange, Dudelange, Ettelbruck, Steinfort et Troisvierges ont été ajoutées en tant que pôles industriels de développement. Les localités de Wincrange, Hosingen, Boulaide, Rambrouch, Mertzig, Larochette, Consdorf, Junglinster, Walferdange, Wormeldange, Mondorf-les-Bains, Pétange, Wasserbillig, Sandweiler et Rumelange avaient été retenues en tant que centres de développement et d'attraction (C.D.A) d'ordre élémentaire. Le choix de ces localités se justifie surtout par le souci d’une couverture homogène de l'espace. Dans le sud-ouest du pays, il a fallu faire un choix afin d’éviter une trop forte concentration. Par exemple, les villes de Schifflange à proximité d'Esch-sur-Alzette ou de Bettembourg à proximité de Dudelange, n'ont pas été sélectionnées. 59 Finalement nous arrivons à un total de 33 villes qui ont été retenues ; leur nom ainsi que leur localisation sont donnés sur la carte de référence17 de la figure 2.1. Figure 2.1. Accessibilité au Grand-Duché de Luxembourg – Carte de référence des villes Source : L’accessibilité au Luxembourg, transport individuel et transport collectif, complémentarité et/ou concurrence ? – Braun J. – 1994. Après la sélection des villes, il convient maintenant d'aborder les deux réseaux qui les relient et de calculer pour chaque réseau et pour chaque date les temps d'accès entre chacune d'elles. 17 60 Pour des raisons pratiques, une carte de référence est reprise en dernière page. 2.2.2. Relevé des temps d’accès Le temps d’accès est le temps nécessaire pour relier une ville origine A à une ville destination B selon un mode de locomotion défini. Il s’agit donc de trouver l’itinéraire optimal, c'est-à-dire l'itinéraire le plus court en termes de temps. Ces temps doivent être déterminés pour chaque mode de locomotion, à savoir le mode individuel en voiture privée d'une part, et, le mode collectif en train, respectivement en autobus, d'autre part. Pour chaque date, on obtient finalement deux matrices de taille 33 x 33 donnant pour les deux modes de locomotion les meilleurs temps d'accès de chaque ville à toutes les autres villes du réseau. Figure 2.2. La matrice des temps d’accès Source : CAUVIN C. et al. – 1992 Ces matrices auront des caractéristiques différentes selon le mode de transport. Ainsi les matrices temps pour le transport en voiture privée seront symétriques. À l'échelle considérée, pour relier une ville A à une ville B, le temps d'accès sera identique à celui pour relier la ville B à la ville A. En revanche, les matrices temps pour le transport collectif seront asymétriques car les temps d'accès sont fonction des horaires et des trajets qui peuvent varier selon le sens de la liaison. 2.2.2.1. Réseau routier Par réseau routier on entend, dans cette étude, le réseau utilisé par les particuliers en voiture privée. Ce mode de locomotion routier18 est caractérisé par le fait que le voyageur est libre, d’une part, d'emprunter n'importe quel itinéraire entre deux villes, et, d'autre part, de choisir librement son moment de départ. En d'autres termes, le mode de locomotion individuel par voiture privée offre théoriquement une infinité 18 Notons que le terme de "route" sera utilisé chaque fois qu'on désignera le transport par voiture privée, c'est-à-dire le transport individuel. De même, le terme de "réseau routier" sera utilisé pour désigner le réseau du transport individuel. Cette convention paraît nécessaire pour ne pas alourdir les explications. 61 d'itinéraires entre deux villes, le voyageur conserve ainsi une autonomie de décision quant au choix de ses trajets, de ses horaires de déplacement et de ses points d'arrêt. Dans le but de cette étude, quelques restrictions sont cependant nécessaires et vont limiter cette liberté du transport individuel. Ainsi, pour chaque liaison sera retenu le temps d'accès minimum, caractérisé à la fois par l'itinéraire le plus court en termes de temps et par une situation de trafic moyenne donc en dehors des heures de pointes. Comme nous allons bien sur utiliser la matrice temps élaborée en 1994, rappelons brièvement les critères de sa construction. Il faut savoir qu’en 1994, l’utilisation d’un système de navigation (GPS) ou d’un logiciel du type Route 66 ou ViaMichelin n’a pas été possible. Le calcul des temps d’accès entre les villes a donc été réalisé d’une manière manuelle. Élaboration de la matrice temps de 1994 : Pour calculer les temps d’accès, chaque liaison entre deux villes a été partagée en plusieurs tronçons de route qui présentent des caractéristiques différentes quant à la vitesse de déplacement. Ensuite, il a fallu additionner les temps de parcours de tous les tronçons pour obtenir le temps d'accès pour une liaison. Un tronçon de route correspond à un chemin dont les extrémités sont délimitées par une localité ou un carrefour. Il fallait donc établir une typologie des voies routières qui distinguait différents types de routes et ensuite calculer les vitesses moyennes de leurs parcours respectifs. Sur chaque type de route, la vitesse moyenne de parcours de la voiture est différente ; elle varie en fonction de la vitesse autorisée et des facteurs géographiques succeptibles de diminuer la vitesse, comme par exemple des zones urbaines, des villages ou le relief. Finalement les catégories routières suivantes ont été retenues : A1 B1 B2 C1 D1 D2 D3 autoroute de liaison et de dégagement route hors agglomération principale (rouge sur carte) route hors agglomération régionale (jaune et blanc sur carte) route de montagne voie urbaine pour les villes de moins de 5 000 habitants voie urbaine pour les villes de plus de 5 000 habitants voie urbaine en Luxembourg-Ville La carte qui a été utilisée pour toutes les mesures est la carte Michelin N° 215 du Grand-Duché de Luxembourg à l'échelle de 1/150 000 de 1992. À chacune de ces catégories routières, il fallait ensuite associer une vitesse moyenne de parcours. 62 À cette fin on s’est appuyé sur deux études d'accessibilité routière, à savoir celles sur l'Europe de B. Reitel et celle sur la France de P. Blot. Dans le cadre de ces études, des vitesses moyennes de parcours ont en effet été calculées pour différents types de routes. Pour vérifier si ces vitesses moyennes de parcours convenaient pour le Luxembourg, des multiples tests sur le terrain avaient été effectués. Précisons que pour le calcul des distances-temps entre les villes, nous n'avons pas utilisé directement les vitesses moyennes de parcours, mais des coefficients de pondération qui correspondent au temps nécessaire, exprimé en minutes, pour parcourir un kilomètre sur chaque type de route retenu. Le tableau suivant résume les catégories routières retenues, avec les vitesses moyennes de parcours correspondantes, ainsi que les temps de parcours pour 1 kilomètre exprimés en minutes. Figure 2.3. Catégorie routières et temps de parcours CATÉGORIE VITESSE LIMITE en km/h A1 120 B1 90 B2 90 C1 D1 90 50 D2 50 D3 50 TYPE DE VOIE ROUTIÈRE autoroute de liaison et de dégagement route hors agglomération (principale) route hors agglomération (régionale) route de montagne voie urbaine (villes <5 000 hab.) voie urbaine (villes >5 000 hab.) voie urbaine en Luxembourgville VITESSE MOYENNE DE PARCOURS en km/h 100 TEMPS DE PARCOURS pour 1 km en minutes 0,6 73 0,82 67 0,9 60,2 44 0,997 1,36 37 1,62 28,3 2,12 Source : L’accessibilité au Luxembourg, transport individuel et transport collectif, complémentarité et/ou concurrence ? – Braun J. – 1994. Après que les catégories routières et les vitesses moyennes de parcours avaient été définies, on a pu procéder au calcul des temps d’accès des villes entre elles. Chaque liaison entre deux villes a été décomposée en tronçons de routes, chaque tronçon correspondant à une catégorie routière avec une vitesse moyenne de parcours déterminée. Afin d'éviter un trop grand nombre d'erreurs, des fiches de relevés ont été établies, ce qui permet également un contrôle ultérieur. Chaque fiche correspond à une liaison entre deux villes. (Un exemple d’une telle fiche est donné en annexe 2.1.) 63 La mesure des distances kilométriques s’est fait sur la carte Michelin 215. Celle-ci présente plusieurs avantages, notamment l'indication précise des distances kilomètriques entre un grand nombre de villes, villages et croisements, ainsi que la différenciation entre route principale (rouge) et route régionale (jaune et blanc), et l'indication des surfaces bâties, c'est-à-dire les limites des villages et des villes. Pour quelques rares tronçons de route utilisés, les distances kilométriques ne sont pas indiquées. Dans de tels cas, nous avons complété les données en utilisant une autre carte du Grand-Duché de Luxembourg à l'échelle de 1/100 000 (Geocart – 1992). Pour mesurer les distances urbaines parcourus, nous nous sommes servi d'un compas. Nous avons ainsi rempli 528 fiches pour l'ensemble des 1 089 liaisons, à l'exception, bien sûr, des liaisons de la ville avec elle-même et des liaisons dans le sens du retour. La prochaine étape consistait à regrouper, pour chaque fiche, le nombre de kilomètres pour chaque catégorie routière et de multiplier cette valeur par le temps pour 1 km en minutes (cf. tableau des catégories routières de la page précédente). Le résultat final de tout ce travail est donc une matrice de 33 x 33 qui donne le meilleur temps de parcours, en 1994, pour relier par la route chaque ville à toutes les autres villes du réseau. Cette matrice est reprise en annexe 2.2. Élaboration de la matrice temps 2009 : La méthode, pour calculer les temps de trajet entre les villes, utilisée en 1994 était alors la seule possible. Or aujourd’hui on dispose de moyens supplémentaires qui n’existaient pas il y a 15 ans. En effet, aujourd’hui des logiciels permettent d’obtenir rapidement le trajet le plus rapide entre deux villes. Ce sont des logiciels du type « Route 66 », « Map24 » ou « ViaMichelin ». Une autre méthode semblable est l’utilisation d’un système de navigation (GPS) qui permet aussi de trouver l’itinéraire le plus rapide entre le lieu ou on se trouve et une ville donnée. Avec ces nouveaux moyens techniques qui existent aujourd’hui, il nous semblait inopportun de réutiliser la vielle méthode manuelle de 1994. Le seul, mais très important critère en faveur de l’ancienne méthode est la comparabilité à cent pourcent des résultats. Cependant, le plus important reste la fiabilité de la méthode. Celle-ci nous semblait la plus assurée avec les logiciels existants aujourd’hui. De toute façon, ceux-ci utilisent le même principe de catégories de routes et de vitesses moyennes que l’ancienne méthode manuelle. Pour nous assurer de la fiabilité de la nouvelle méthode, nous avons procédé à plusieurs tests sur différents types de liaisons. Par la même occasion, nous avons 64 utilisés et comparés plusieurs logiciels existants. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec ViaMichelin. La durée des trajets effectués en voiture privée, correspondait à très peu de choses près, à celle calculée par ViaMichelin. Les autres logiciels ont donnés des résultats « plus lents » par rapport aux trajets effectués. Nous avons donc retenu le logiciel ViaMichelin (www.viamichelin.fr) pour construire la matrice temps du transport individuel de 2009 (voir annexe 2.3). Pour chaque liaison entre deux villes, a été retenu le temps de trajet le plus rapide. Pour la construction de la matrice temps du réseau des transports publics, il a fallu procéder autrement comme nous allons l’expliquer par la suite. 2.2.2.2. Réseau des transports publics La méthodologie utilisée pour construire la matrice temps du réseau des transports publics, a aussi été adaptée au moyens techniques disponibles. Le principe de base utilisé en 1994 reste cependant le même en 2009. Élaboration de la matrice temps de 1994 : La tâche consistait à trouver, pour chaque liaison entre deux villes, les correspondances optimales suivant les moyens de transport disponibles (train ou bus), et, le cas échéant, à les combiner afin de trouver les liaisons satisfaisantes. Quelques considérations générales ont pour ailleurs guidé l'établissement de ces correspondances: ● Contrairement à l'étude d'accessibilité par le transport privé, les liaisons entre deux villes ont dû être établies dans les deux sens en ce qui concerne le transport public. En effet, les particularités de ce moyen de transport sont telles qu'elles ne permettent pas d'appliquer les mêmes temps d'accès et les correspondances considérées pour l'aller que pour le retour. ● Les correspondances furent choisies de préférence entre 6 heures et 9 heures du matin des jours ouvrables, moment de la journée qui comprend en général le plus grand nombre de déplacements. Ainsi, par exemple, des bus ne circulant que les dimanches entre deux localités données ne sont pas pris en considération, même s'ils conduisent à un temps d'accès plus court que les correspondances finalement 65 retenues. Dans le cas où l'horaire ne permet pas de telles correspondances, les possibilités les plus proches de cette situation idéale ont été retenues. ● La plupart des liaisons qui ont été retenues sont assurées par plusieurs lignes, appartenant à un même ou au deux moyens de transport. Dans ces cas, il faut bien sûr tenir compte des correspondances existantes et du temps nécessaire pour changer de ligne ou de moyen de transport, ce qui a souvent compliqué les investigations. ● Bus scolaires et bus ouvriers n'étant pas à la portée de toute la population, ils n'ont pas été pris en considération. De toutes ces remarques il s'ensuit que les correspondances "théoriques" peuvent s'avérer meilleures qu'elles ne le sont en pratique pour quelqu'un qui doit joindre une ville à un moment bien défini. En effet, particulièrement là, où différentes lignes doivent être utilisées, le temps d'accès d'une localité à une autre est fonction des correspondances présentes. Celles-ci peuvent être très propices à un certain moment de la journée et absentes aux autres moments. Le temps s'écoulant entre arrivée d'une ligne et le départ de l'autre peut fortement varier, il est parfois considérable, ce qui doit être pris en compte dans les temps d'accès. Pour établir les liaisons, on a eu recours aux horaires des C.F.L. (Chemin de Fer Luxembourgeois) concernant le train (27 septembre 92 - 22 mai 93), concernant le bus (27 septembre 92 -22 mai 93) et à l'horaire de 1993 du Syndicat des Tramways Intercommunaux dans le Canton d'Esch (T.I.C.E.). Une version informatisée des ces horaires n’existait pas encore en 1993. Pour chaque ville, une fiche de relevé a été établie. Chaque fiche correspond à 33 liaisons (de la ville en question à toutes les autres villes du réseau). Chaque liaison est partagée en un ou plusieurs tronçons, selon les correspondances nécessaires. Pour un certain nombre de cas, il a fallu calculer les temps d'accès sur plusieurs itinéraires, afin de trouver le temps d'accès minimal. L'exemple d'une telle fiche est donné en annexe 2.4). De même que pour le réseau routier, ces temps d'accès vont former une matrice 33 x 33 pour le réseau des transports publics qui donne pour chaque liaison entre deux villes le temps d'accès le plus court (annexe 2.5). Cette matrice est cependant asymétrique. 66 Élaboration de la matrice temps de 2009 : Pour construire la matrice des temps d’accès 2009, les principes retenus sont les mêmes que pour 1994. Cependant, on n’a plus besoin de rechercher manuellement toutes les liaisons dans les horaires imprimés, mais on peut avoir recours à une version informatisée de l’horaire intégré disponible sur le site de la « Mobilitéitszentral » (www.mobiliteit.lu). Ce site, disponible depuis février 2006, est le résultat d’un soucis permanent de promouvoir les transports en communs. Le système de recherche permet de choisir le trajet le mieux adapté aux besoins personnels, par le bus et par le train, d’une destination vers une autre. L’écran de départ est un masque qui permet d’introduire les détails de la liaison cherchée. Mobilitéitszentral - recherche de liaisons Dans cette fenêtre on peut aussi préciser l’heure de départ, pour laquelle nous avions retenu entre 6 et 9 heures. La requête donne ensuite un certain nombre de possibilités, parmi lesquelles nous avons sélectionné la plus rapide (mais pas avant 6 heures). 67 Exemple d’une requête – la liaison Boulaide-Luxembourg Dans cet exemple, la deuxième liaisons a été retenue avec 1 :13 h (la première étant trop tôt). Ensuite, on a encore la possibilité de voir le détail de la liaison. Détail de la liaison Boulaide-Luxembourg Chacune des 1024 liaisons a été recherchée de la même façon pour finalement construire la matrice temps des transports collectifs pour 2009. Les temps dans la matrice en annexe 2.6 sont en minutes. 68 Remarque concernant les points de départs pour le calcul des trajets : Comme nous ne disposons plus des coordonnées géographiques exactes des points de relevés de 1994, nous avons essayé de fixer les points de relevés de 2009 en fonction des critères utilisés il y a 15 ans, à savoir la position la plus centrale à l’intérieur de la localité situé sur un nœud de tronçons de route bien identifiable sur la carte Michelin à l’échelle de 1 :150000 de 1992. Par la suite, nous avons identifié l’arrêt bus le plus près de ce nœud pour le retenir comme point de départ pour le calcul des trajets de 2009. Pour garantir d’avoir les mêmes points de départ par la route que par les transports collectifs, nous avons introduit à chaque fois l’adresse précise, du point en question, dans ViaMichelin lors de la recherche des temps d’accès par la route. Ci-dessous un exemple. Figure 2.4. exemple de relevé du point de départ pour Boulaide Transports collectifs Transport privé Source : www.mobiliteit.lu Source : www.viamichelin.fr La collecte des informations n'est achevée qu'après avoir contrôlé les résultats obtenus, d'où la nécessité de procéder à une vérification des données. 2.2.3. Vérification des données Comme les matrices obtenues dans l'étape précédente constituent la base de travail pour tous les traitements ultérieurs, il est important d'être en présence de données fiables. Il s'agit donc de voir si les temps d'accès calculés pour chaque liaison sont exacts et ne présentent pas de valeurs aberrantes. Les données de 1994 avaient déjà été contrôlées, il reste à contrôler ceux de 2009. Pour une première vérification il faut confronter les temps d'accès aux distances à vol d'oiseau ; cela par l'analyse des indices de déviation corrigés, qui permettent de 69 comparer les données des différentes matrices entre elles. Des indices ont en effet été établis entre la matrice des temps d'accès par le réseau du transport privé (= matrice route) et la matrice des distances à vol d'oiseau, et entre la matrice des temps d'accès du réseau des transports publics (= matrice fer) et celle des distances à vol d’oiseau. Il convient d’abord d’établir des équivalences entre les diverses matrices, les indices ne pouvant être obtenus directement. Pour ce faire, on effectue la double somme de la matrice des distances à vol d'oiseau et la double somme de la matrice des temps d'accès route. Le rapport des deux doubles sommes donne une vitesse moyenne de parcours au kilomètre (nombre de kilomètre/unité de temps) considérée comme indice de correction. En multipliant la matrice route par cet indice de correction on obtient la matrice des temps d'accès route pondérés par les distances à vol d'oiseau. Ces opérations ont pour but d'exprimer les matrices dans des unités équivalentes, pour pouvoir les comparer. Ensuite on calcule l’indice de déviation en divisant la matrice des temps d'accès route pondérés par celle des distances à vol d'oiseau. Il en résulte une matrice renfermant les indices de déviation corrigés exprimant la déviation relative de toutes les "distances temps" route par rapport à toutes les distances à vol d'oiseau, la valeur 1 traduisant une absence de déviation. Les indices de déviation ont été analysés et toutes les liaisons qui présentaient des valeurs trop élevées ou trop faibles ont été vérifiées. Ainsi, lorsque la valeur extrême d'un indice n'a pas pu être expliquée par les caractéristiques réelles de la liaison en question, le temps d'accès a été recalculé. On a ainsi pu corriger des fautes survenues lors des relevés des temps d'accès. La démarche est exactement la même pour obtenir les indices issus de la division de la matrice à vol d'oiseau par la matrice des temps d'accès du réseau des transports publics pondérés par les distances à vol d'oiseau. Pour une deuxième vérification il faut comparer la matrice fer avec la matrice route, en divisant la première par la deuxième. Partant de l'hypothèse qu'en général, les temps d'accès par le transport privé sont inférieurs à ceux du transport public, les quotients fortements inférieurs à 1 sont contrôlés et si nécessaire rectifiés. Les données, des deux matrices pour chaque date, étant vérifiées, nous pouvons à présent effectuer un certain nombre de traitements. L'analyse des résultats ainsi obtenus devra nous permettre de vérifier successivement les hypothèses énoncées. Une première approche consiste dans une analyse globale des deux réseaux. 70 3. ANALYSE COMPARÉE DES RÉSEAUX L’analyse comparée des réseaux va suivre une démarche précise. Ainsi, Dans un premier temps, nous allons appréhender l’accessibilité globale des deux réseaux pour les deux dates à l’aide de cartes isoplèthes de l’accessibilité globale. Ces cartes vont permettre, d’une part, de comparer les réseaux entre eux, et d’autre part, d’étudier l’évolution entre 1994 et 2009. La deuxième étape montrera les déformations de l'espace géographique de référence induites par les caractéristiques des deux réseaux en question grâce à la construction des espaces fonctionnels associés pour les deux dates. Des cartes par anamorphoses permettront ainsi de représenter et de comparer ces espaces fonctionnels. Enfin, la troisième partie sera consacrée à l'étude de l'efficacité des réseaux en vue de déterminer la hiérarchie urbaine propre à chacun des deux réseaux et pour chaque date. Des cartes d’accessibilités unipolaires serviront d’exemple pour les types de villes identifiés. Ces analyses seront effectuées sur les matrices temps (figure 3.1), établies dans la partie précédente, qui permettront de révéler les particularités des deux réseaux de transport en question ainsi que les changements d’accessibilité entre 1994 et 2009. Tous les traitements vont donc être effectués sur les matrices temps issues de la collecte des données de 1994 (annexe 2.2 et 2.5) d’une part et de 2009 (annexe 2.3 et 2.6) d’autre part. Figure 3.1. Schéma d’une matrice des temps d’accès Source : Cauvin C. et al. - 1992 71 3.1. Accessibilité globale des réseaux Comme il s’agit d’appréhender l’accessibilité globale des réseaux, les méthodes mises en œuvre dans cette partie, traitent l’ensemble de la matrice des temps et non une ligne ou une colonne particulière de la matrice qui mettrait en évidence le rôle d’une ville particulière. Dans une première approche nous allons faire appel à la notion d’accessibilité globale ou accessibilité potentielle, qui s'obtient en calculant la somme en ligne des temps d'accès pour chaque ville de la matrice. Elle traduit le temps nécessaire pour relier une ville à toutes les villes du réseau, donc l’accessibilité d’une localité à l’ensemble du réseau. Plus sa valeur est faible, meilleure est l'accessibilité. Figure 3.2. Mesures usuelles de système Source : CAUVIN C. et al. - 1992 Ces résultats peuvent être exprimés par une carte en isoligne, où chaque ligne réunit les points de même accessibilité potentielle. Remarquons que ces lignes d'isoaccessibilité ne sont pas des isochrones, mais qu'elles traduisent l'accessibilité de l'ensemble du réseau. Pour chaque date et chacun des deux réseaux, nous avons donc construit une carte de l'accessibilité globale (figure 3.4), soit 4 cartes. Les différentes classes indiquées dans la carte représentent l'accessibilité globale des villes du réseau en heures. Pour faciliter les comparaisons elles sont identiques pour les deux dates et les deux modes de transport : 72 Figure 3.3. Accessibilité globale – découpage en classes de 12,5 minutes en moyenne par ville. Classe 1 2 3 4 5 6 7 8 Temps d’accès global en minutes 960 – 1360 1360 – 1760 1760 – 2160 2160 – 2560 2560 – 2960 2960 – 3360 3360 – 3760 plus de 3760 Temps d’accès global en heures Temps d’accès moyen par ville (en minutes) de 16h à 22h 40’ de 22h 40' à 29h 20’ de 29h 20’ à 36h de 36h à 42h 40’ de 42h 40’ à 49h 20’ de 49h 20’ à 56h de 56h à 62h 40’ plus de 62h 40’ de 30’ à 42,5’ de 42,5' à 55’ de 55’ à 67,5’ de 67,5' à 80' de 80' à 92,5’ de 92,5’ à 105’ de 105’ à 117,5’ plus de 117,5’ En conséquence, si une localité i fait partie sur la carte de la classe d'accessibilité globale située entre 16 heures et 22 heures et 40 minutes par exemple, cela signifie qu'il faut entre 16 heures et 22 heures et 40 minutes en tout pour atteindre les 32 autres localités à partir de i, ou pour atteindre i à partir des 32 autres localités. Si on divise le temps global par 32 (soit (n-1) villes), on obtient le temps moyen par ville (exemple : 960 / 32 = 30 minutes). La première classe, représentée en vert foncé, correspond donc aux localités qui ont la meilleure accessibilité ; elles sont reliées à l’ensemble du réseau dans 30 à 42,5 minutes en moyenne. Les autres classes représentent des tranches de 12,5 minutes, en moyenne (soit 6 heures et 40 minutes en temps global). Dans un premier point, nous allons comparer les deux réseaux entre eux, afin de mettre en évidence les particularités en matière d’accessibilité potentielle aussi bien du réseau des transports individuels que de celui des transports collectifs. Un deuxième point sera réservé aux changements dans l’accessibilité globale des réseaux entre 1994 et 2009 3.1.1. Comparaison des deux réseaux entre eux Les cartes du réseau routier (figure 3.4 : réseau des transports privés) soulignent, pour les deux dates, le rôle de la "géographie" : une large zone autour de l'axe Luxembourg(16)19 – Ettelbruck(11) est marquée par une très bonne accessibilité, qui s'explique par une excellente centralité par rapport au reste du pays. Cette centralité décroît vers le sud et l'est, mais surtout vers le nord du pays (Oesling) ce qui s'explique par la position périphérique des localités de cette zone et donc des temps élevés pour relier l'ensemble du réseau. L'accessibilité diminue encore pour les localités de Troisvierges(27), Wincrange(32) et Clervaux(3) située à l'extrême nord du pays. 19 Pour faciliter la lecture de cartes nous avons ajouté, dans les commentaires, le numéro de la ville à chaque fois derrière le nom de la ville. 73 ACCESSIBILITÉ GLOBALE AU LUXEMBOURG Figure 3.4 Réseau des transports privés 1994 2009 accessibilité globale des villes du réseau en minutes 5 Numéro d’identification • et localisation des villes Réseau des transports publics 1994 2009 accessibilité globale des villes du réseau en minutes Logiciel: Golden Software - Surfer 74 Auteur : J. Braun, Luxembourg, 2009 L'analyse des cartes d'accessibilité globale du réseau routier montre que les différentes auréoles correspondent plus ou moins aux distances kilométriques entre les différentes localités. Ceci permet de conclure qu'on n'est pas en présence de zones de mauvaise accessibilité qui seraient dues à un réseau routier insuffisant. En revanche, les cartes de l'accessibilité globale du réseau des transports publics reflètent une toute autre situation. Les meilleures accessibilités sont données par un axe central beaucoup plus étroit, comprenant Luxembourg(16), Walferdange(29), Mersch(17) et Ettelbruck(11). Sa position centrale n'est pas la seule explication de sa bonne accessibilité. En effet, cet axe marque une des meilleures liaisons ferroviaires, celle de Luxembourg-Ettelbruck qui se prolonge vers le nord jusqu'à Troisvierges(27). L’accessibilité diminue en s’éloignant de cet axe vers l’ouest ou vers l’est. Une première analyse de ces cartes permet donc déjà de mettre en évidence la différence de couverture assurée par les deux réseaux : • Pour le réseau des transports individuels, les trois premières classes de meilleures accessibilités suffisent pour représenter toutes les villes du réseau. Toutes les localités peuvent être atteintes en moins de 36 heures. Cela veut dire qu’en moyenne aucun trajet n’est supérieur à 67,5 minutes. • À l’inverse, pour le réseau des transports collectifs, sept classes sont éventuellement nécessaires pour pouvoir représenter l’accessibilité globale de toutes les villes. La première classe (de 16h à 22h 40’) très prononcée pour la route, n’est plus représentée du tout. Aucune ville n’est accessible en moins de 22 heures et 40 minutes. Pour certaines localités, il faut plus de 62 heures et 40 minutes pour être reliés aux autres villes du réseau. En moyenne cela correspond à plus de 117,5 minutes (près de 2 heures !) par ville. L’analyse des cartes d’accessibilité globale fait donc ressortir une forte différence entre les transports privés et les transports en commun et permet de vérifier, ainsi, l’hypothèse 1, à savoir que l'accessibilité interurbaine, au Grand-Duché de Luxembourg, varie en fonction du mode de transport choisi (voiture privée ou transport en commun). En outre, pour chaque mode de locomotion, considéré séparément, il existe des disparités au niveau des facilités d'accès à l'intérieur du pays. La comparaison des deux réseaux entre eux a en même temps fait apparaître la supériorité globale du transport individuel sur le transport collectif en matière d’accessibilité et permet ainsi de vérifier la deuxième hypothèse, à savoir que l'accessibilité des villes par le réseau des transports privés est meilleure que celle par le réseau des transports publics. En d'autres termes, le transport individuel concurrence fortement le transport collectif. 75 Cette différence peut aussi être soulignée en calculant les moyennes des temps de trajets pour les deux réseaux : Moyennes des sommes en lignes (en heures) : Transport individuel Transports collectifs 1994 1 369 2 758 2009 1 373 2 302 En 1994, la moyenne des temps de trajet par les transports collectifs, correspondait au double des temps de trajet par le transport individuel (2 758 heures contre 1 369 !). Ceci montre bien la supériorité de la route par rapport au rail. En 2009, cette différence persiste, mais la moyenne pour les transports communs s’est rapprochée de celle du transport individuel (2 302 heures contre 1 373). Il semble donc que les différences entre les deux réseaux soient beaucoup moins prononcées en 2009 qu’en 1994. En effet, une analyse plus approfondie et des traitements supplémentaires vont mettre en évidence les changements d’accessibilité entre 1994 et 2009, pour les deux réseaux. 3.1.2. Comparaison de l’accessibilité entre 1994 et 2009 Après avoir insisté sur les caractéristiques différentes des deux réseaux en matière d’accessibilité, nous allons étudier de plus près les changements qu’il y a eu entre 1994 et 2009. L’analyse des cartes d’accessibilité globale (figure 3.4 : cartes précédentes) pour le transport individuel, ne permet pas de constater de fortes différences entre 1994 et 2009. En effet, les cartes en questions ont été établies avec un découpage en classes (de 12,5 minutes en moyenne par ville), identique à celui des cartes des transports collectifs, afin de permettre une comparaison des deux réseaux entre eux. Comme trois classes suffisent pour représenter l’accessibilité potentielle pour la route, il est évident que d’éventuelles nuances ne sont pas visibles. Pour une analyse séparée de l’évolution du transport individuel, il est nécessaire de prendre un découpage, en classes d’accessibilité, plus fin. Ainsi les cartes de la figure 3.5 ci-dessous ont été construites avec un intervalle de classes de 5 minutes en moyenne par ville. 76 Accessibilité globale au Luxembourg Figure 3.5 Réseau des transports privés 1994 2009 accessibilité globale des villes du réseau en minutes Logiciel: Golden Software - Surfer Auteur : J. Braun, Luxembourg, 2009 Figure 3.6. Accessibilité globale – découpage en classes de 5 minutes en moyenne par ville. Classe 1 2 3 4 5 6 7 Temps d’accès global en minutes 960 – 1120 1120 – 1280 1280 – 1440 1440 – 1600 1600 – 1760 1760 – 1920 plus de 1920 Temps d’accès global en heures Temps d’accès moyen par ville (en minutes) de 16h à 18h 40’ de 18h 40' à 21h 20’ de 21h 20’ à 24h de 24h à 26h 40’ de 26h 40’ à 29h 20’ de 29h 20’ à 32h plus de 32h de 30’ à 35’ de 35' à 40’ de 40’ à 45’ de 45' à 50' de 50' à 55’ de 55’ à 60’ plus de 60’ Bien qu’à première vue, ces deux cartes (figure 3.5) se ressemblent, une analyse plus approfondie laisse, cependant, apparaître des petits changements. Ainsi, on peut constater une légère dégradation vers le nord. Ettelbruck(11), par exemple, est passée de la meilleure classe d’accessibilité potentielle à la deuxième, Redange(22) de la deuxième à la troisième classe ; Esch-sur-Sûre(10), Rambrouch(21), Hosingen(13) et Vianden(28) ont glissé de la troisième classe à la quatrième, Boulaide(1) et Wiltz(31) de la quatrième à la cinquième place. Par contre, Wincrange(32) est restée dans la même classe et Troisvierges(27) n’a pas non plus changée de classe. 77 La légère dégradation vers le nord du pays peut éventuellement s’expliquer par des mesures de ralentissements du trafic sur certains tronçons de routes ou à l’intérieur des localités. Les efforts en matière de sécurité routière se sont, en effet, multipliés ces dernières années. Vers le sud du pays, ces mesures ont probablement moins d’influence sur les temps de trajet, en raison de l’utilisation massive du réseau autoroutier, dans cette partie du pays. Grâce à l’achèvement d’un grand nombre de tronçons autoroutiers nouveaux, depuis 1994 (voir figure 1.13, page 28), certaines localités, ont même vu leur accessibilité globale augmenter. On constate surtout une nette amélioration de la pointe sud-est du pays, qui est certainement liée à l’achèvement de la collectrice du Sud et à la mise en service de l’autoroute de la Sarre. Remich(23) et Mondorf-les-Bains(19) se sont ainsi améliorées d’une classe d’accessibilité. Sandweiler(25) passe même de la troisième classe à la première, ceci en raison de la mise en service du contournement Sud-est sur l’autoroute A1 vers Trier. L’accessibilité globale de Pétange(20) est bonifiée par l’achèvement de la collectrice du Sud dans la partie sud-ouest du pays. Les différences, entre la carte de 1994 et celle de 2009, restent cependant mineures. Dans l’ensemble il n’y a donc pas eu de grands changements au niveau de l’accessibilité globale du transport individuel entre 1994 et 2009. 78 À l’inverse, les changements entre 1994 et 2009 sont beaucoup plus évidents pour le réseau des transports collectifs (figure 3.7)20. Accessibilité globale au Luxembourg Figure 3.7 Réseau des transports publics 1994 2009 accessibilité globale des villes du réseau en minutes Logiciel: Golden Software - Surfer Auteur : J. Braun, Luxembourg, 2009 En 1994, la classe de meilleure accessibilité globale ne comptait que deux localités, à savoir Luxembourg(16) et Mersch(17). En 2009, avec Diekirch(5), Ettelbruck(11) et Walferdange(29), elle s’est élargie, regroupant cinq villes. Mais c’est surtout la forte extension de la troisième classe qui est représentative des améliorations conséquentes entre 1994 et 2009. En 1994, l’ouest et l’est du pays étaient très mal reliés par les transports publics. Or, en 2009, l’espace occupée par les trois premières classes s’est nettement élargie, atteignant les frontières belge à l’ouest et allemande à l’est. Les plus mauvaises accessibilités dans le nord-ouest du pays, des localités de Boulaide(1), de Wincrange(32) et d’Esch-sur-Sûre(10) en 1994, se sont notablement améliorées en 2009. Ainsi, les deux dernières classes d’accessibilité ont-elles complètement disparu sur la carte actuelle. 20 Les cartes d’accessibilité potentielle du réseau des transports collectifs sont établies avec un découpage en classes de 12,5 minutes en moyenne par ville. Comme les temps de trajets sont dans l’ensemble plus élevés que pour le transport individuel, un découpage plus fin n’est pas nécessaire. 79 Les importantes améliorations de l’accessibilité globale des transports collectifs, entre 1994 et 2009, sont certainement le résultat du changement fondamental de la politique gouvernementale en faveur des transports publics (voir page 46 : politique gouvernementale et documents stratégiques). Ainsi, par exemple, des mesures comme l’augmentation des liaisons par bus et des horaires plus efficaces, ont nettement réduit les temps d’accessibilité en 2009, par rapport à 1994. L’analyse des cartes d’accessibilité globale met en évidence les changements entre 1994 et 2009 et ainsi conduit à confirmer l’hypothèse E1, à savoir que l’évolution de l’accessibilité du réseau de transports publics entre 1994 et 2009 diffère fondamentalement de celle de l’accessibilité du réseau privé durant la même période. Cette évolution inégale peut aussi être soulignée par les données numériques des matrices, comme par exemple les sommes totales de toutes les liaisons (voir figure 3.2) : Somme totale de toutes les liaisons (en heures) : Transport individuel Transports collectifs 1994 45 174 91 012 2009 45 295 75 981 Pour le transport individuel, nous remarquons que globalement les temps d’accès ne se sont pas améliorés depuis 1994, ce qu’on a aussi constaté, à première vue, sur les cartes. On note même une légère dégradation de l’accessibilité globale. Ces différences ne sont cependant pas significatives. La situation n’est pas du tout la même pour les transports collectifs, où on peut constater une amélioration de près de 17% entre 1994 et 2009. Sur les cartes, ce changement est illustré par l’absence en 2009 des deux dernières classes de plus mauvaise accessibilité. Un dernier calcul, celui de l’étendue21 permet de compléter l’analyse statistique et de bien illustrer les différences d’évolution entre les deux réseaux. Étendue des sommes en lignes (en heures) : 1994 21 2009 Transport individuel maximum minimum étendue 2076 966 1110 2077 1006 1071 Transports collectifs maximum minimum étendue 4073 1537 2536 3110 1439 1671 L'étendue d'une série statistique est la différence entre sa valeur la plus haute et sa valeur la plus basse. 80 En ce qui concerne l’étendue des sommes en lignes pour le transport individuel, elle est légèrement plus faible en 2009 (1071 heures) qu’en 1994 (1110 heures). On constate donc une moins grande variation pour 2009, mais le minimum est plus faible en 1994 qu’en 2009 et le maximum est pratiquement le même. Les différences entre 1994 et 2009, ne sont donc que très faibles. À l’inverse, elles sont beaucoup plus importantes pour les transports collectifs. La très forte étendue de 1994 (2536 heures), s’est nettement réduite en 2009 (1671 heures), ce qui représente un gain de la variation de 34% entre 1994 et 2009. C’est surtout la valeur maximale qui a fortement diminué, ce qui laisse supposer qu’il existe moins de « très mauvaises » liaisons en 2009. Cette première analyse concernant l’accessibilité globale des deux réseaux et leur évolution entre 1994 et 2009, permet déjà de vérifier en partie les hypothèses E1 et E2, à savoir que l’accessibilité des villes par le réseau des transports privées n’a pas changée notablement entre 1994 et 2009, mais que l’accessibilité des villes par le réseau des transports publics s’est fortement amélioré dans ce même espace de temps. Pour approfondir l’étude et afin de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse R3, il est nécessaire de procéder à des transformations permettant de construire, pour chaque réseau et pour chaque date, l’espace fonctionnel associé. 81 3.2. De l’espace géographique à l’espace fonctionnel La carte géographique de référence ne rend pas compte des spécificités des espaces fonctionnels, espaces que nous allons définir. L'espace géographique connu est défini par les coordonnées géographiques des lieux. Ainsi, la position d'une ville est déterminée par sa latitude et sa longitude et son éloignement par rapport à une autre est caractérisée par la distance orthodromique qui les sépare, c’est-à-dire la distance la plus courte à la surface de la terre en tenant compte de la courbure de la terre. Cet espace, bien que réel, n'est pas nécessairement fonctionnel. La distance orthodromique est une valeur exacte, mais peu utile en pratique. Ce qui importe, c'est le temps qu'il faut pour se déplacer d'un endroit vers un autre, et cela en fonction des moyens de locomotion dont on dispose. Multiples sont les exemples de la vie pratique qui font appel explicitement ou implicitement à cet espace fonctionnel : en Afrique, les distances à parcourir entre deux lieux sont souvent exprimées en nombre de repas ; aux États-Unis, on calculait en journées de cheval ; même de nos jours il arrive que, lorsqu'on demande une distance à un américain, il répondra : 2 heures et non 180 kilomètres par exemple. En effet, il ne connaît même pas la distance kilométrique, peu significative dans la vie pratique ! Il en est de même pour nous. Ainsi, l’espace que l’on voit sur les cartes est un espace directement lié à la terre et non l’espace ou les espaces que l’on utilise quotidiennement. Or, il existe un ou des espace(s) différent(s) de l'espace géographique de référence. qui est (sont) sousjacent(s) et qui commandent nos déplacements. La structure générale qui explique ce(s) nouvel/eaux espace(s) temps, qu’il convient de faire apparaître, est fonction des positions relatives des localités en temps d'accès, et est, par conséquent en général, différente de la structure purement géographique. D'après C. Cauvin et H. Reymond (1989), l'espace fonctionnel se définit de la façon suivante : « Un espace fonctionnel correspond à l'espace de référence (espace géographique) modifié par les caractéristiques d'un réseau donné ». Comment alors passer de cet espace "support", de cet espace de référence auquel sont attachés des temps, à cet espace fonctionnel que l'on utilise chaque jour ? Sur une carte de référence, on dispose des positions des lieux et on peut calculer une distance entre chaque paire de points, comme la distance euclidienne, en appliquant une simple formule. Le problème, qu'il s'agit de résoudre ici, est inverse : trouver les positions de lieux connaissant les distances-temps entre chaque paire de lieux. 82 Pour trouver ces positions relatives et par suite construire les espaces fonctionnels, on va utiliser successivement deux méthodes : la première appartenant à la famille des analyses multidimensionnelles des proximités permet de trouver les positions relatives des lieux ; la deuxième, la régression bidimensionnelle, autorise la comparaison entre ces positions relatives et les positions géographiques des mêmes lieux. 3.2.1. La recherche des positions relatives en temps d’accès (analyse multidimensionnelle des proximités) Grâce aux analyses multidimensionnelles des proximités (ici la méthode Alscal), on peut prendre en compte simultanément toutes les distances temps entre les villes et construire une configuration spécifique pour chacun des deux modes de locomotion. Les résultats comprennent : • un graphique montrant le nuage de points formé par des distances temps (en abscisses) et des distances calculées (en ordonnées) (figure 3.8) et la droite de l’ajustement linéaire entre ces deux variables. A ce graphique est associé un indice de la qualité de l’ajustement : le stress dont la valeur traduit la plus ou moins grande cohérence des distances par rapport au référentiel. Plus le Stress tend vers zéro, meilleur est l’ajustement. • une image, dénommée configuration, présentant les positions relatives des lieux en fonction des temps d'accès, image qui ne respecte pas nécessairement la position géographique (et même topologique) des lieux. (La démarche générale est expliquée en annexe 3.1). Cette configuration (figure 3.9) est difficile à analyser par rapport à l'espace géographique que l'on connaît. Elle permet cependant de dégager des niveaux hiérarchiques d'accessibilité en allant du centre à la périphérie de la configuration. Ainsi, plus une ville est proche de la croisée des axes, plus les distances temps aux autres villes sont faibles et meilleure est sa centralité dans le réseau. 83 L’analyse de l’espace temps du réseau des transports privés, s’appuie sur une configuration ayant un Stress de 0,09392 pour 1994, soit 9,4% d’erreur, ce qui est tout à fait acceptable. Indice de la qualité de l’ajustement (Stress) : transports privés transports publics 1994 0,09392 0,27418 2009 0,09137 0,23093 L’ajustement est donc plus que convenable, ce qui se traduit par un nuage de points linéaire peu épais. Figure 3.8. Nuage de points d’ajustement linéaire du réseau des transports privés Méthode : analyse multidimensionnelle des proximités J. Braun, 2009 La configuration associée (figure 3.9), permet de dégager une première auréole au centre qui regroupe les villes avec la meilleure accessibilité, en l’occurrence Mersch(17) et Walferdange(29). Ces villes représentent la partie centrale, le cœur du réseau, correspondant approximativement au cœur géographique du Luxembourg. Tout près, on trouve Larochette(15) et Ettelbruck(11) dans la deuxième auréole qui regroupe les villes d’accessibilité encore assez bonne. Ensuite, la centralité se dégrade vers la périphérie du graphique. Les plus mauvaises accessibilités correspondent à Troisvierges(27), Wincrange(32) et Remich(23). Toutes ces villes ont aussi une position périphérique dans l'espace géographique. De plus les localités de Troisvierges et de Remich, par exemple, sont très opposées par rapport au centre. Pour 2009, on constate que le stress s’est légèrement amélioré (0,09137 soit 9,14 %) exprimant ainsi une légère amélioration globale de la cohérence. La configuration (figure 3.9) montre que certaines villes ont gagné en centralité dans le réseau. Ainsi Remich(23) et Sandweiler(25) se sont déplacées d’une auréole vers le centre. L’inverse s’est produit pour Clervaux(3), Hosingen(13) et Vianden(28), qui se sont éloignées du cœur du réseau. Dans l’ensemble, l'analyse de la configuration de l'espace temps du réseau des transports privés de 2009, ne montre cependant pas de grands changements. 84 Figure 3.9. Configuration de l’espace temps du réseau des transports privés Méthode : analyse multidimensionnelle des proximités J. Braun, 2009 85 Pour le réseau des transports publics, la situation est différente (figure 3.10). Les valeurs du Stress sont plus élevées pour les deux dates. L’ajustement est donc beaucoup moins bon que pour la route et les nuages de points tracent des bandes moins linéaires, à épaisseur irrégulière. Figure 3.10. Nuage de points d’ajustement linéaire du réseau des transports privés Méthode : analyse multidimensionnelle des proximités J. Braun, 2009 En comparant la valeur de 1994 (0,27418 ou 27,4%) à celle de 2009 (0,23093 ou 23,1%), on constate cependant une amélioration dans l’ajustement donc une plus grande cohérence dans les distances en 2009, ce que traduit également l’allure du nuage de points. On peut donc dire que globalement les villes sont mieux reliées par le réseau des transports publics en 2009 qu’en 1994. L’analyse de la configuration en auréoles (figure 3.11) permet de dégager quatre villes dotées d’une très bonne centralité dans le réseau des transports publics, en l’occurrence Walferdange(29), Luxembourg(16), Mersch(17) et Ettelbruck(11) et ceci pour les deux dates. La très bonne accessibilité de ces villes s’explique, d’une part, par une position géographique centrale et, d’autre part, par leur localisation sur un axe ferroviaire important. Pour certaines villes à mauvaises accessibilité, on constate un changement de centralité entre 1994 et 2009. En 1994, les localités les moins bien placées étaient Boulaide(1), Wincrange(32), Rambrouch(21) et Hosingen(13). Les deux premières le restent en 2009, alors que Rambrouch et Hosingen ont gagné en centralité. À l’inverse, Clervaux(3) et Wiltz(31) sont devenues beaucoup plus périphériques en 2009. Différdange(6), Esch-surAlzette(9), Sandweiler(25) et Troisvierges(27) ont aussi perdu en centralité. Pour un bon nombre de villes, la centralité s’est cependant améliorée, il s’agit de Redange(22), Mertzig(18), Esch-sur-Sûre(10), Hosingen(13), Larochette(15) et Echternach(8). 86 Figure 3.11. Configuration de l’espace temps du réseau des transports publics Méthode : analyse multidimensionnelle des proximités J. Braun, 2009 87 L’analyse multidimensionnelle des proximités permet ainsi d’analyser les changements au niveau de la centralité. Cependant, elle repose sur des positions relatives qu’on ne peut pas comparer directement à la carte géographique. Pour cela il faut faire appel à une méthode de comparaison spatiale. 3.2.2. Une méthode de comparaison spatiale : la régression bidimensionnelle La régression bidimensionnelle (logiciel Darcy)22 est une méthode qui permet de comparer deux espaces homologues constitués ici, d’une part, par l’espace de référence (l’espace géographique) et d’autre part par l’espace créé, qui est la configuration fonctionnelle reconstruite à partir des temps d’accès (voir annexe 3.1. Accessibilité de système et espace fonctionnel : démarche générale). « Cette méthode produit des images qui montrent les écarts et, éventuellement, les distorsions entre la surface de référence et la surface thématique à comparer. » (C. Cauvin, 2009). Figure 3.12. Principe de la régression bidimensionnelle : Source : Mode d’emploi Darcy 2.0, C. Cauvin, 2009 La régression bidimensionnelle fournit des résultats statistiques et cartographiques abondants et une utilisation judicieuse des paramètres du logiciel permet de choisir les solutions graphiques pertinentes. 22 Le logiciel Darcy, associé à la régression bidimensionnelle, est un programme conçu et développé initialement par W. Tobler entre 1965 et 1977. Il a été transformé successivement au CNRS de Strasbourg et son utilisation, dans les années 80, nécessitait un matériel informatique assez lourd. Depuis juin 2009, il existe une version pour micro-ordinateur (PC ou MAC) dont l’utilisation est libre de droit et que l’on peut télécharger à l’adresse suivante: http://spatial-modelling.info/-Spatial-analysis-tools-. Son utilisation est accompagnée par un mode d’emploi dont les exemples portent sur l’accessibilité du Luxembourg de 1993. 88 Nous avons retenu, dans cette étude, trois types de résultats cartographiques : • La carte des vecteurs de déplacements issue de l’ajustement qui constitue une étape intermédiaire entre l'espace géographique et l'espace fonctionnel. Cette carte, construite sur le fond de référence, donne simultanément les positions géographiques des lieux et les positions en temps d'accès. Les vecteurs ont comme origine la position géographique des localités sur la carte et, comme extrémité, la position relative ajustée selon les "distances temps". La norme du vecteur reflète l'importance du déplacement, et son angle indique son orientation. • La carte par anamorphose qui, par généralisation des résultats, donne une image de l’espace fonctionnel lié à la matrice des temps d’accès. Les distorsions de l’espace de référence expriment soit le rapprochement des lieux (carrés rétrécis), donc une concentration de ces lieux dans un secteur de l’espace étudié, soit une dilatation si les liens sont mauvais (carrés agrandis). • La carte des forces de déformation qui exprime, sous forme d’isolignes soulignées par des couleurs dégradées, les gradients des forces induisant les déformations ou distorsions de l’espace (stress tensor). Par la suite, nous allons successivement analyser et commenter ces trois types de résultats, d’abord pour le réseau des transports privés, puis pour celui des transports publics. 89 ● Analyse des résultats du réseau des transports privés Dans un premier temps, nous avons construit à chaque fois les trois types de cartes pour chaque date séparément. Par après, nous avons élaboré des cartes regroupant les données de 1994 et de 2009, soulignant ainsi les changements sur un seul document. La carte de l’ajustement (carte des vecteurs) du transport privé en 1994 (figure 3.13) est caractérisée par des vecteurs de faible importance. Certaines villes, comme par exemple Esch-sur-Sûre(10) et Vianden(28) ne présentent pratiquement aucun déplacement. Leur position dans le réseau, en fonction des distances-temps, est donc pratiquement identique à celle dans l’espace géographique. Le fait que la majorité des localités présentent des vecteurs de faible norme illustre la très bonne accessibilité de la plupart des villes par la route. Le fonctionnement du réseau routier est en quelque sorte calqué sur le réseau géographique. L'orientation des vecteurs est cependant variable et indique, soit un rapprochement vers le centre du pays, soit un éloignement. Ainsi certaines villes, comme par exemple Walferdange(29) ou Rumelange(24) ont une position favorable à l'intérieur du réseau : leurs vecteurs sont orientés en direction centre du pays. Inversement, l'orientation contraire des vecteurs indique une mauvaise accessibilité de ces lieux et un éloignement de leur position fonctionnelle par rapport à leur position géographique. Ceci est par exemple le cas pour Sandweiler(25) ou Mondorf-les-Bains(19). Certains vecteurs ont une norme supérieure à la moyenne (RMSE1 de 18,13)23 tel par exemple celui de la ville de Wasserbillig(30) qui est près de trois fois supérieur à la moyenne. Sa direction montre cependant que cette ville est bien reliée au centre du pays. Pour 2009, la longueur des vecteurs est, dans l’ensemble, plus importante. La norme moyenne des vecteurs pour 2009 est de 25,38 alors qu’elle était de 18,13 en 1994. Ceci n’est pas forcément un signe de détérioration de l’accessibilité. En effet, l’orientation du vecteur joue ici un rôle primordial. Ainsi, dans le sud du pays, l’orientation des vecteurs vers le centre, est un signe d’amélioration de l’accessibilité de ces localités. À l’inverse, l’orientation ouest des vecteurs des villes de Boulaide(1), Rambrouch(21) et Redange(22) est un signe de détérioration de l’accessibilité dans cette partie nord-ouest du pays. Cependant, des vecteurs plus longs en 2009, vont engendrer un espace fonctionnel plus éloigné de l’espace géographique de référence, comme le montrent les images anamorphosées. 23 Les valeurs de RMSE1 (voir annexe 3.2. Tableau récapitulatif des résultats statistiques et graphiques obtenus avec le logiciel Darcy) donnent le déplacement moyen après ajustement. Pour obtenir les distances approximatives en km, il faut diviser les normes obtenues par un facteur d’échelle (ici approximativement 6). Par exemple : 18 : 6 = 3, donc 3 km de déplacement moyen. 90 Figure 3.13 Réseau des transports privés De l’espace géographique à l’espace fonctionnel Cartes des vecteurs de déplacements 1994 2009 Méthode : régression bidimensionnelle (W. Tobler, 1965 – 1975) Logiciel : Darcy 2.0 (conçu par W. Tobler) adapté par G. Vuidel (2009) J. Braun, Luxembourg, 2009 91 Un deuxième type de document, l’image anamorphosée, traduit les caractéristiques essentielles des déformations par rapport à l’espace géographique. Les localisations des villes sont les localisations relatives calculées antérieurement, ajustées sur le fond de référence pour permettre les comparaisons. Ces positions ajustées sont généralisées ensuite à l’ensemble de l’espace étudié grâce à une interpolation. Le contour général du Luxembourg est déformé simultanément ; la présence de la grille d’interpolation rend la lecture de l'image plus aisée. Pour le réseau du transport privé de 1994 (figure 3.14), les images en anamorphoses sont essentielles pour comprendre les changements. On constate que l’image anamorphosée est très proche de la carte géographique du Luxembourg. Cette carte initiale est peu déformée et on peut facilement reconnaître la forme typique du pays. On constate une légère compression de l'espace dans les parties sud-ouest et est du pays ainsi qu'un étirement des parties nord et nord-ouest. L'espace est resserré au niveau des secteurs à bonne accessibilité et étiré au niveau des secteurs à mauvaise accessibilité. L'anamorphose pour la route laisse donc conclure à une bonne accessibilité globale avec une partie nord légèrement défavorisée, ce qui s'explique aisément par le caractère "montagneux" de cette partie septentrionale du pays. L'espace fonctionnel de l'accessibilité routière de 1994 est donc très semblable à l'espace de référence géographique. Une première comparaison avec l’anamorphose de 2009, montre que la situation n’est plus tout à fait la même. Bien que les formes du pays restent reconnaissables, un certain nombre de changements sont manifestes. Ainsi, on constate un resserrement important de toute la partie sud du pays, ce qui se concrétise, sur la carte des vecteurs, par des flèches qui convergent vers Luxembourg et Mersch. L’amélioration de l’accessibilité routière de toute cette partie sud du pays est certainement le résultat de l’achèvement complet de la collectrice du sud et de la mise en service de l’autoroute de la Sarre. Un deuxième changement, qui ressort de la comparaison des deux anamorphoses, est le gonflement de toute la partie nord du pays et particulièrement du nord-ouest. Sur la carte de l’ajustement, ceci se manifeste par tous ces vecteurs qui partent vers l’ouest. Les localités concernées sont Boulaide(1), Rambrouch(21) et Redange(22), avec une norme assez élevée des vecteurs, et Esch-sur-Sûre(10), Wiltz(31) et Wincrange(32) dans une moindre mesure. À l’inverse, on ne note pas de grands changements dans la partie centrale du pays. Dans l’ensemble l’espace fonctionnel, du réseau des transports privés, s’est un peu plus éloigné de l’espace géographique en 2009. En d’autres termes, l’image anamorphosée de 2009, permet de reconnaître un peu moins bien la forme du Luxembourg. 92 Figure 3.14 Réseau des transports privés Espaces fonctionnels Anamorphoses 1994 2009 Méthode : régression bidimensionnelle (W. Tobler, 1965 – 1975) Logiciel : Darcy 2.0 (conçu par W. Tobler) adapté par G. Vuidel (2009) J. Braun, Luxembourg, 2009 93 L’analyse, des cartes des forces de déformations (figure 3.15), souligne bien les constatations évoquées plus haut. Dans le sud du pays, on remarque un renforcement des parties vertes. Ces zones marquent tout ce qui est resserré sur l’anamorphose, la où les forces se rejoignent. En revanche la couleur rouge marque les zones qui poussent en sens contraire, là où il y a des problèmes d’accessibilité. Dans la moitié nord du pays, on constate un changement d’axes des poussées entre 1994 et 2009. Ainsi, l’axe vert orienté sud-ouest – nord-est en 1994, a perdu en intensité et s’est orienté nord-sud. Même changement d’orientation pour l’axe rouge, qui lui s’est renforcé. La zone rouge autour de Luxembourg même montre que l’accessibilité de la capitale n’était pas excellente en 1994 ; mais elle s’est améliorée en 2009. Les deux cartes des forces de déformation soulignent, d’une manière impressionnante, l’opposition qui s’est créée en 2009, entre une détérioration de la partie nord avec une amélioration du sud du pays. Figure 3.15 Réseau des transports privés Cartes des forces de déformations 1994 2009 Forces de déformations Stress Tensor Méthode : régression bidimensionnelle (W. Tobler, 1965 – 1975) Logiciel : Darcy 2.0 (conçu par W. Tobler) adapté par G. Vuidel (2009) J. Braun, Luxembourg, 2009 94 Jusqu’ici, nous avons comparé les cartes de 1994 avec celles de 2009. Mais, avec la régression bidimensionnelle, nous avons aussi la possibilité de cartographier directement les changements entre 1994 et 2009. La carte des vecteurs (figure 3.16), prend en compte la position ajustée de 1994, comme point de départ du vecteur et la position ajustée de 2009, comme point d’arrivée du vecteur. Un changement important entre ces deux dates se traduit donc par un vecteur allongé, c'est-à-dire avec une norme importante. L’orientation du vecteur vers le centre du pays, est signe d’une amélioration de l’accessibilité d’une ville. Un très bon exemple est donné par Sandweiler(25) avec le plus long vecteur, orienté vers le centre. Cette localité a donc beaucoup gagnée en accessibilité entre 1994 et 2009. Cette amélioration est certainement due à deux changements dans cette zone du réseau routier : l’achèvement du contournement est de la capitale et une route de contournement de Sandweiler. Inversement, pour les localités de Boulaide(1), Rambrouch(21) et Redange(22), par exemple, les vecteurs se détournent du centre du pays et se dirigent vers le sudouest, ce qui confirme donc la détérioration de l’accessibilité de ces localités que nous avions constatée déjà plus haut. Elles sont « comme rejetées » hors du réseau. Sur l’image anamorphosée (figure 3.16), cette situation se traduit par un gonflement dans cette partie ouest du pays. Il en est de même pour Vianden(28), qui part vers l’est. Au resserrement du sud en direction de Luxembourg(16), s’ajoute une « espèce » de resserrement central vers le nord, marqué par les localités de Walferdange(29), Mersch(17), Ettelbruck(11), Mertzig(18), Esch-sur-Sûre(10), Wiltz(31) et Wincrange(32), alors qu’il y a un rejet sur les côtés. Sur la carte des forces de déformations (figure 3.16), cet axe se manifeste par un couloir de couleur verte partant du sud en direction, d’abord, nord-est et qui se prolonge ensuite vers le nord. L’amélioration de l’accessibilité, dans cette partie centrale du pays, peut s’expliquer par la mise en service du nouveau tronçon d’autoroute entre Mersch(17) et Ettelbruck(17). 95 Figure 3.16 Réseau des transports privés Changements entre 1994 et 2009 Carte des vecteurs de déplacements Anamorphose Carte des forces de déformations Méthode : régression bidimensionnelle (W. Tobler, 1965 – 1975) Logiciel : Darcy 2.0 (conçu par W. Tobler) adapté par G. Vuidel (2009) J. Braun, Luxembourg, 2009 96 ● Analyse des résultats du réseau des transports publics Les résultats obtenus par l’application de la méthode de la régression bidimensionnelle au réseau des transports publics, ne sont pas tous aussi parlants que ceux des transports privés. Ainsi par exemple l’image anamorphosée de 2009 est très difficile à interpréter et à commenter. Aussi, les cartes montrant directement les changements entre 1994 et 2009 sur un document, sont tellement illisibles que nous ne les avons pas retenues pour cette étude. L’analyse se concentre, par conséquent, sur les cartes de l’ajustement (cartes des vecteurs). Pour être complet, nous avons quand même retenu les images anamorphosées pour les deux dates. Nous allons d’abord analyser la situation de 1994 et la comparer par la suite à celle de 2009. La carte des vecteurs des transports publics de 1994 (figure 3.17), montre beaucoup plus de "mouvements" que celle du transport privé. La norme de l'ensemble des vecteurs est beaucoup plus importante. Ainsi le vecteur de Boulaide(1) est par exemple plus de 8 fois plus long que son homologue du transport privé. Son orientation sud-ouest met cette ville dans une position très périphérique, loin au-delà de la frontière luxembourgeoise. D'autres villes, dans cette même partie du pays, ont un comportement semblable, mais moins accentué, comme par exemple Rambrouch(21) et Redange(22). Le train faisant défaut, il faut recourir au bus dont les liaisons sont particulièrement mauvaises pour cette partie nord-ouest du pays. Une situation semblable se présente dans la partie est du pays où les vecteurs des localités de Larochette(15) et Junglinster(14), par exemple, sont orientés en direction de la frontière allemande. Les positions relatives de ces localités dans l'espace fonctionnel de l'accessibilité sont donc beaucoup plus périphériques que leurs positions "réelles" en termes de kilomètres, c'est-à-dire dans l'espace de référence géographique. Pour un bon nombre de localités, situées sur un axe central nord-sud et dans la partie sud-ouest du pays, les vecteurs convergent fortement vers un centre géométrique correspondant approximativement à la localisation "en temps" de Mersch. Cet ensemble, centralisé, représente une zone de bonne accessibilité qui, en l'occurrence, favorise les transports publics. En effet, elle se calque sur les parties du pays desservies par le chemin de fer dont les liaisons sont fréquentes et assez rapides. Pour certaines villes, une position périphérique dans l'espace géographique est ainsi améliorée dans l'espace fonctionnel de l'accessibilité ferroviaire. Ceci est particulièrement le cas de Troisvierges et de Clervaux. 97 Figure 3.17 Réseau des transports publics De l’espace géographique à l’espace fonctionnel Cartes des vecteurs de déplacements 1994 2009 Méthode : régression bidimensionnelle (W. Tobler, 1965 – 1975) Logiciel : Darcy 2.0 (conçu par W. Tobler) adapté par G. Vuidel (2009) J. Braun, Luxembourg, 2009 98 Figure 3.18 Réseau des transports publics Espaces fonctionnels Anamorphoses 1994 2009 Méthode : régression bidimensionnelle (W. Tobler, 1965 – 1975) Logiciel : Darcy 2.0 (conçu par W. Tobler) adapté par G. Vuidel (2009) J. Braun, Luxembourg, 2009 99 La conséquence des longs vecteurs dans l’ajustement est bien sur une image anamorphosée (figure 3.18), sur laquelle, l’espace géographique de référence est difficilement reconnaissable. La forme typique du Grand-Duché de Luxembourg a totalement changé : l'étirement originel nord-sud de l'espace géographique est remplacé par un étirement ouest-est dans l'espace fonctionnel. Ceci montre la mauvaise accessibilité générale des secteurs ouest et est du pays. La contraction du nord et du sud vers le centre confirme les particularités déjà constatées sur la carte des vecteurs. La présence d'une liaison par le train semble ainsi favorablement influencer l'espace fonctionnel. Pour 1994, nous avions montré que l’espace fonctionnel des transports publics différait fortement de l’espace fonctionnel des transports privés. Pour ce dernier, on a constaté un léger changement en 2009, avec en résumé, une amélioration de la partie sud du pays et une légère détérioration de la moitié nord. La situation des transports publics pour 2009, est toute à fait différente. L’espace fonctionnel reste très « différent » par rapport à l’espace géographique de référence, comme on peut le constater sur l’image anamorphosée. D’ailleurs cette dernière présente tellement de recouvrements, d’inversion et de chevauchement, qu’elle devient très difficile à interpréter ; aussi, va-t-on se limiter à l’analyse de la carte de l’ajustement. La différence principale, avec 1994, est certainement la forte diminution de la longueur des vecteurs. Si la norme moyenne des vecteurs était de 49,5 en 1994, elle n’est plus que de 36,7 en 2009. En d’autres termes, l’accessibilité par les transports publics, s’est fortement améliorée. La position très périphérique de Boulaide(1), Rambrouch(21) et Redange(22) de 1994, s’est nettement améliorée et ces localités sont dorénavant mieux intégrées dans le réseau. Sur l’ensemble des 33 villes, la norme des vecteurs s’est améliorée pour 27 d’entre elles. 100 L’analyse de tous les résultats obtenus grâce à la méthode de la régression bidimensionnelle a permis de mieux mettre en évidence les changements entre 1994 et 2009 pour le réseau des transports privés. C’est en fait la seule méthode qui montre vraiment bien ces changements. À l’inverse, pour le réseau des transports publics, les résultats n’ont pas été si éloquent et ce sont plutôt les cartes de l’accessibilité globale de la partie précédente, qui sont plus parlantes. L’étude des espaces fonctionnels, pour le deux réseaux, a permis de vérifier l’hypothèse R3, à savoir qu’à, chacun des deux réseaux, est associé un espace fonctionnel, différent de l'espace géographique. L'espace fonctionnel des transports publics diffère de l'espace fonctionnel des transports privés. Cette étude donne également une idée des liens qui existent entre l’accessibilité d’une ville et l’organisation des réseaux de transport. Dans la dernière partie, nous aborderons l’étude de la typologie des villes, selon les profils de fréquence, afin d’acquérir des connaissances encore plus détaillées sur l’accessibilité interurbaine au Luxembourg et ses changements entre 1994 et 2009. 101 3.3. Efficacité des réseaux et hiérarchie urbaine Afin de montrer le rôle des différentes villes en fonction de leur accessibilité, il convient d'établir des typologies caractéristiques et comparables. Pour ce faire des données dérivées des temps d'accès ont été construites en définissant des tranches horaires et en comptant le nombre de villes atteintes à partir d'une ville origine dans chacune de ces tranches horaires. À partir de ce nouveau tableau, on peut élaborer, pour chaque ville, un profil de fréquences caractéristique de ses liaisons, qui traduit l'efficacité de la ville dans le réseau. Figure 3.19. Des temps d’accès aux profils de fréquence Source : CAUVIN C. et al. - 1998 Les tableaux de fréquences se présentent de la manière suivante: en lignes, on place les villes (de 1 à 33), en colonnes les différentes classes d'accessibilité, et dans les cellules le nombre de villes atteintes à partir de la ville de la ligne correspondante pour la classe en question. Sur les tableaux ainsi composés, la méthode du graphique triangulaire a été appliquée. Nous présenterons, dans un premier temps, les caractéristiques comparées des deux modes de transport pour les deux dates, grâce aux graphiques triangulaires. Dans un deuxième temps, nous allons comparer les centralités urbaines grâce à la méthode des quadrants et au calcul d’indices effectué à partir des matrices des temps d’accès. Une troisième partie sera réservée à l’accessibilité unipolaire qui illustrera la classification obtenue à l’aide d’exemples de quelques villes types ainsi que l’évolution de leur accessibilité entre 1994 et 2009. 102 3.3.1. Caractéristiques comparées et typologie des villes Pour chacun des 2 modes de locomotion, un premier graphique triangulaire a été construit pour 1994 et un deuxième pour 2009. Ces graphiques ont été établis à partir de tableaux de fréquences pour trois tranches horaires : 0-60 minutes, 60-90 minutes, et plus de 90 minutes (voir annexe 3.3). Pour chaque tranche horaire, le nombre de villes atteintes à partir de chaque ville de départ est exprimé en pourcentage de l'ensemble des villes du réseau. L'emplacement de chaque ville dans le graphique triangulaire est donc défini par les pourcentages selon ces trois tranches horaires. Ainsi, par exemple le point de la localité 27 (Troisvierges), sur le graphique du réseau des transports privés de 1994, correspond aux pourcentages (arrondis) suivants : Exemple de lecture : localité 27 (Troisvierges) Tranche horaire 0 – 60 minutes 60 minutes – 90 minutes 90 minutes et plus Pourcentage 44 34 22 Une première comparaison des graphiques triangulaires des transports privés, avec ceux des transports publics, permet de dégager clairement les comportements différents des deux modes de transports. Sur le graphique des transports privés (figure 3.20), on note, pour les deux dates, un regroupement des points dans la partie inférieure droite. Un grand nombre de liaisons sont donc réalisées en moins d’une heure. En revanche, sur le graphique des transports publics (figure 3.21), les points sont beaucoup plus éparpillés. Leur position plus à gauche du graphique, indique que très peu de liaisons s’effectuent en moins d'une heure, la plupart nécessitant même des temps supérieurs à 90 minutes. Pour le réseau des transports privées (figure 3.20), on ne remarque pas de grands changements entre 1994 et 2009. Les villes les mieux placées en 1994, à savoir Larochette(15) et Mersch(17), le restent en 2009. À ces villes, accessibles pour 100% en moins d’une heure, s’ajoute Ettelbruck(11), en 2009. Mise à part Echternach(8) et Vianden(28), le groupe des villes pour lesquelles plus de 80% des liaisons se font en moins d’une heure n’a lui non plus pas changé. Sur la carte du Luxembourg, ce groupe représente une auréole centrale, ce qui traduit bien le facteur principal d’explication de l’accessibilité au niveau des transports privés. En effet, pour la route, la position géographique est déterminante pour l’accessibilité. Les villes les moins bien placées en 1994, à savoir Troisvierges(27), Wincrange(32) et Clervaux(3), le restent aussi en 2009, même si Troisvierges et Wincrange se sont légèrement améliorées. La mauvaise accessibilité routière de ces villes s’explique par une position géographique très périphérique au nord de notre pays. 103 Réseau des transports privés Figure 3.20 Typologie des villes 1994 Exemple de lecture (voir commentaire) 2009 Graphiques triangulaires des tranches horaires 104 J. Braun, Luxembourg, 2009 Réseau des transports publics Figure 3.21 Typologie des villes 1994 2009 Graphiques triangulaires des tranches horaires J. Braun, Luxembourg 2009 105 Pour le réseau des transports publics (figure 3.21), les graphiques triangulaires montrent beaucoup plus de modifications entre 1994 et 2009. La forte concentration des points en bas à gauche, en 1994, reflète le fait que très peu de liaisons se faisaient en moins d’une heure et la plupart nécessitaient même des temps supérieurs à 90 minutes, comme nous l’avons déjà indiqué. Sur le graphique de 2009, on constate un net décalage des points vers le haut et vers la droite. Le pourcentage des liaisons nécessitant plus de 90 minutes, a donc sensiblement diminué et ceci en faveur de la tranche horaire de 60 à 90 minutes. Les six villes les mieux placées en 1994, à savoir Diekirch(5), Ettelbruck(11), Luxembourg(16), Mersch(17), Sandweiler(25) et Walferdange(29), avec plus de 50% des liaisons en moins d’une heure, le restent en 2009. Certaines, comme par exemple, Ettelbruck(11), Luxembourg(16) et Walferdange(29) (indiquées par un cercle rouge sur le graphique) se sont encore améliorées pour atteindre des pourcentages de près de 75% en moins d’une heure. Figure 3.22. Changements transports publics 1994/2009 Exemples de villes dont la bonne accessibilité s’est encore améliorée en moins de 60 minutes (%) entre 60 - 90 minutes (%) Ettelbruck(11) 1994 2009 65,5 75 37,5 25 0 0 Walferdange(29) 1994 2009 62,5 71,88 31,25 28,12 6,25 0 Villes / dates en plus de 90 minutes (%) Les villes les moins accessibles en 1994, sont représentées par la forte concentration des points en bas à gauche sur le graphique. Pour 17 villes, plus de 50% des liaisons nécessitent plus de 90 minutes. En 2009, ce groupe ne compte plus que 5 localités, à savoir Boulaide(1), Clervaux(3), Troisvierges(27), Wiltz(31) et Wincrange(32). On peut donc constater une nette diminution du nombre de villes caractérisées par une très mauvaise accessibilité. Pour certaines villes, à mauvaise accessibilité en 1994, la situation s’est nettement bonifiée en 2009. Dans le graphique, il s’agit des villes qui se sont déplacées vers le haut et vers la droite. Esch-sur-Sûre(10), Larochette(15), Mertzig(18) et Vianden(28) en sont de bon exemples (ces villes sont encerclées en bleu sur le graphique). 106 Figure 3.23. Changements transports publics 1994/2009 Exemples de villes dont la mauvaise accessibilité s’est améliorée en moins de 60 minutes (%) entre 60 - 90 minutes (%) en plus de 90 minutes (%) Esch-sur-Sûre(10) 1994 2009 9,38 34,38 12,5 46,88 78,12 18,74 Larochette(15) 1994 2009 18,75 46,88 21,88 50 59,37 3,12 Villes / dates L’analyse des graphiques triangulaires a donc bien montré l’évolution très différente des deux réseaux de transports sur ces quinze dernières années. Elle a ainsi permis de confirmer les hypothèses E2 et E3, à savoir que l’accessibilité des villes par le réseau des transports privés n’a pas changé notablement entre 1994 et 2009, tandis que l’accessibilité des villes par le réseau des transports publics s’est fortement améliorée. Ceci est certainement le résultat des efforts permanents entrepris au niveau de l’efficacité des liaisons dans le réseau des transports publics comme nous l’avons souligné lors de la description et de l’évolution des deux réseaux de transports. Dans une prochaine étape nous allons essayer de montrer les évolutions différentes en matière d’accessibilité, selon les villes, grâce au calcul et à la cartographie d’un certain nombre d’indices dérivés des matrices initiales. 107 3.3.2. Accessibilités et centralités urbaines comparées À partir des matrices des temps d’accès, nous calculons des indices dérivés qui vont permettre de montrer le comportement différentiel des villes à l’intérieur de chaque réseau. La cartographie de ces indices révélera, pour chaque réseau, les villes dont l’accessibilité s’est améliorée et celles dont l’accessibilité s’est détériorée entre 1994 et 2009. ● Indice d’amélioration Cet indice de changement permet d’étudier les variations d’accessibilité dans le temps et de montrer s’il y a une amélioration ou une détérioration dans les accessibilités routière et ferroviaire depuis 1994. Il s’obtient en calculant, pour chaque mode de transport et pour chaque ville, la différence entre le temps d’accès potentiel de 1994 et celui de 2009 pondérée par le temps de référence, soit le temps d’accès potentiel de 1994. Il se construit donc de la manière suivante : temps d’accès potentiel 1994 – temps d’accès potentiel 2009 ─────────────────────────────────────── x 100 temps d’accès potentiel 1994 ou encore : ∑ jTij 1994 - ∑ jTij 2009 ─────────────── x 100 ∑ jTij 1994 avec Tij = temps d’accès pour aller de la ville i à la ville j et donc ∑ jTij = temps d’accès potentiel d’une ville j Une valeur positive traduit donc une amélioration de l’accessibilité puisqu’une bonne accessibilité potentielle est caractérisée par une valeur faible de la somme et vice-versa. Plus les valeurs de l’indice sont élevées, plus le réseau est transformé positivement. En revanche, une valeur négative traduit une détérioration de l’accessibilité. Exemple pour Boulaide (réseau des transports privés): 1537 – 1601 ──────── x 100 = - 4,16 1537 (résultat en %) Ceci veut dire que l’accessibilité potentielle de Boulaide en 2009, s’est détériorée de 4,16 % par rapport à 1994. (Les résultats complets sont donnés en annexes 3.4 et 3.5) 108 ● Indice de Janelle ou indice de convergence Cet indice permet de montrer à quelle vitesse s’effectuent les changements entre deux dates. Il se construit de la manière suivante : temps d’accès potentiel 1994 – temps d’accès potentiel 2009 ─────────────────────────────────────── 2009 – 1994 ou encore : ∑ jTij 1994 - ∑ jTij 2009 ─────────────── 2009 – 1994 Comme dans l’indice précédent, une valeur positive traduit une amélioration de l’accessibilité, potentielle, une valeur négative une détérioration de l’accessibilité. Une valeur plus élevée reflète un changement important. Exemple pour Boulaide route : 1537 – 1601 ──────── = - 4,26 (résultat en minutes par année) 15 Ceci veut dire que Boulaide a perdu, en moyenne, 4 minutes d’accessibilité potentielle tous les ans. (Les résultats complets sont donnés en annexes 3.4 et 3.5) ● Indice de gain (de concentration) L’indice de concentration est obtenu en établissant le rapport des indices de centralité pour les deux dates différentes. L’indice de centralité est calculé en faisant le rapport de la somme en lignes de la matrice pour chacune des villes (accessibilité globale ou potentielle d’une ville) avec la double somme de cette matrice, soit : Indice de centralité = [ ∑ jTij / ∑ i ∑ j Tij] avec Tij = temps de trajet pour aller de la ville i à la ville j ∑ j Tij 2009 / ∑ i ∑ j Tij 2009 Indice de concentration = ────────────────── ∑ j Tij 1994 / ∑ i ∑ j Tij 1994 Cet indice de concentration traduit donc le gain (ou la perte) d’accessibilité en 2009 par rapport à 1994. Il est établi séparément pour le réseau du transport individuel et pour celui des transports collectifs. 109 Si la position de la ville est la même pour les deux dates, l’indice de concentration est égal à 1 ; s’il est inférieur à 1, cela signifie que la ville a une position plus centrale dans le réseau en 2009 qu’en 1994. Si l’indice est supérieur à 1, la centralité s’est détériorée. Les figures 3.24 et 3.27 donnent les représentations cartographiques de ces trois indices pour le réseau des transports privés et pour celui des transports publics. ● Méthode des quadrants Cette méthode permet de comparer les centralités urbaines entre 1994 et 2009 et de dégager des groupes de villes à comportement similaire, et ceci à l’aide d’un graphique. En ordonnée, on place l’indice de concentration calculé précédemment avec la valeur 1 comme axe de séparation. L’abscisse porte les temps d’accès pour 1994, avec la moyenne comme axe de séparation. Ainsi on peut distinguer quatre types de villes : • Le quadrant 1 rassemble les villes à mauvaise accessibilité en 1994 se détériorant encore en 2009. • Le quadrant 2 comporte les villes dont la bonne accessibilité de 1994 s’est détériorée en 2009. • Le quadrant 3 regroupe les villes qui avaient une mauvaise accessibilité en 1994, mais qui s’est améliorée en 2009. • Le quadrant 4 correspond à des villes qui avaient déjà une très bonne accessibilité en 1994 qui s’est encore améliorée en 2009. Les figures 3.25 et 3.28 donnent les graphiques avec les quadrants et les figures 3.26 et 3.29 fournissent les représentations cartographiques des résultats, à chaque fois pour le réseau des transports privés et pour celui des transports publics. 110 Réseau des transports privés: commentaire des résultats Comme déjà évoqué précédemment, les changements en matière d’accessibilité dans le réseau des transports privés ne sont, dans l’ensemble, pas énormes sur ces dernières 15 années. Les cartes des accessibilités comparées entre 1994 et 2009 (figure 3.24) montrent cependant des disparités à l’intérieur du réseau. Qu’il s’agisse de l’indice d’amélioration, de l’indice de Janelle ou de l’indice de concentration, les résultats sont équivalents. Ainsi on note une légère détérioration pour toute la moitié nord du pays. Légère détérioration aussi pour Luxembourg. Au contraire, toute la partie sud et sud-est est marquée par une amélioration des temps d’accès. Cette amélioration est la plus importante pour Mondorf, Remich, Walferdange et surtout Sandweiler dont les temps d’accès se sont nettement réduits. La légère dégradation dans le nord du pays peut s’expliquer, d’une part, par des mesures de ralentissements du trafic sur certains tronçons de routes ou à l’intérieur des localités. En effet les efforts en matière de sécurité routière se sont multipliés ces dernières années. D’autre part, elle peut s’expliquer également par l’impact des différences de procédés pour le relevé des données concernant le réseau des transports privés. Le fait d’avoir opté pour une autre méthode, plus efficace à première vue, lors du relevé des temps d’accès en 2009, semble par la suite empêcher une réelle comparabilité à 100 % entre les résultats des deux dates. L’absence de grands changements d’accessibilité dans la moitié nord du pays relève certainement du fait que, mise à part la route du Nord (tronçon Mersch – Ettelbruck), il n’y a pas eu de changements notables dans la structure du réseau routier entre 1994 et 2009 dans cette partie du pays. Notons que même si l’impact positif des nouveaux tronçons de la route du Nord s’observe sur les cartes en anamorphose (figure 3.14, page 93) par un rapprochement de l’espace fonctionnel entre Mersch(17) et Ettelbruck(11), cette route ne semble pas avoir eu d’effet positif sur leur centralité urbaine. En revanche, dans la moitié sud du pays, on remarque une amélioration générale de la centralité pour l’ensemble des villes (sauf Luxembourg) en 2009. La légère dégradation de Luxembourg(16) peut s’expliquer par le fait que, même si les temps de trajets n’ont pas été calculés dans des heures de pointes, ils augmentent en même temps que la population d’une agglomération. 111 L’amélioration générale de l’accessibilité des villes dans la moitié sud du pays, entre 1994 et 2009, est certainement due à l’extension continu du réseau autoroutier (voir page 28). Ainsi l’achèvement progressif de la collectrice du Sud et de la liaison avec la Sarre, ou la connexion du contournement de la Ville de Luxembourg à l’autoroute de Trèves (entre 1994 et 1996) ont tous été des changements majeurs dans la structure du réseau routier, avec des conséquences positives, en matière d’accessibilité, pour toute cette partie du pays24. La progression de l’accessibilité de Walferdange(29) s’explique par la sortie de l’autoroute de Trèves vers Waldhaff, qui devra à partir de 2012 être reliée à la route du Nord. Le plus fort accroissement, aussi bien au niveau de l’accessibilité qu’au niveau de la centralité, est noté pour Sandweiler(25). Les deux facteurs explicatifs sont certainement l’achèvement du contournement de la Ville de Luxembourg à ce niveau et la construction d’un nouveau rond-point à la sortie de Sandweiler. La carte de la typologie des villes par la méthode des quadrants (figure 3.26), révèle l’efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009. Quatre catégories de villes ont ainsi été identifiées : Les petits cercles bleus représentent les villes à mauvaise accessibilité en 1994, qui se sont encore détériorées en 2009. Il s’agit principalement des villes de l’Oesling qui, de par leur position éloignée, nécessitent des trajets longs pour être reliées à l’ensemble du pays. Leur situation ne s’est effectivement pas améliorée. Plus au sud, un deuxième groupe de villes, représentées par des cercles jaunes, regroupe les localités, dont la position plus centrale leur conférait une bonne accessibilité en 1994, mais qui s’est détériorée en 2009. Ce groupe est suivi par un ensemble de cinq villes, représentées par des grands cercles rouges, qui ont vu leur très bonne accessibilité de 1994 encore s’améliorer en 2009. Dans le sud du pays, finalement, sont rassemblées les villes (cercles oranges) qui ont su profiter au maximum des changements du réseau routier entre 1994 et 2009, pour améliorer leur mauvaise accessibilité de 1994. Rappelons qu’en termes d’accessibilité globale (partie 3.1) et d’espaces fonctionnels (partie 3.2), les changements dans le réseau des transports privées entre 1994 et 2009, sont de petite envergure. L’analyse des indices d’amélioration, de Janelle et de concentration, ainsi que des centralités urbaines nous laisse cependant conclure que ces changements présentent des inégalités à l’intérieur du pays et permet de vérifier en partie l’hypothèse E4, à savoir que : à l’intérieur du réseau des transports privés, il existe une hiérarchie des villes propre à leur évolution inégale en matière d’accessibilité entre 1994 et 2009. 24 Remarquons que cette recherche se limite à l’étude de l’accessibilité interurbaine en heures creuses et qu’elle ne prend donc pas compte les innombrables problèmes d’engorgements pendant les heures de pointes. 112 Figure 3.24 Réseau des transports privés – Luxembourg Accessibilités comparées 1994 / 2009 Indice d’amélioration Indice de Janelle Indice de concentration 5 Numéro d’identification · et localisation des villes Logiciel: Golden Software, Mapviewer J. Braun, Luxembourg 2009 113 Figure 3.25 Réseau des transports privés – Luxembourg Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009 Typologie des villes par la méthode des quadrants J. Braun, Luxembourg, 2009 114 Figure 3.26 Réseau des transports privés – Luxembourg Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009 5 Numéro d’identification · et localisation des villes Typologie des villes par la méthode des quadrants J. Braun, Luxembourg, 2009 115 Réseau des transports publics: commentaire des résultats Pour le réseau des transports collectifs, la situation est tout à fait différente. Mise à part quatre villes avec une très légère détérioration, l’ensemble du réseau s’est transformé positivement. Les quatre villes dont l’accessibilité ne s’est pas améliorée, sont Differdange(6), Sandweiler(25), Mersch(17) et Wiltz(31). Pour toutes les autres villes, les indices d’amélioration et de Janelle (figure 3.27), montrent une bonification, par endroit, considérable. Les changements sont les plus importants pour la partie nord et est du pays, avec par exemple Rambrouch(21), Eschsur-Sûre(10) ou Hosingen(13) dans le Nord et le nord-ouest, et Grevenmacher(12) ou Junglinster(14) dans l’est. Bonne amélioration aussi pour le sud, sauf Differdange. Pour la partie centre-ouest les changements sont minimes. La carte de l’indice de concentration donne une image légèrement différente de celle des deux cartes précédentes. En effet, bien que la moitié des villes connaissent une amélioration sensible de leur centralité en 2009, l’autre moitié a vu sa centralité légèrement se dégrader. Ces villes sont représentées par des cercles verts sur la carte. Leur disposition fait ressortir un axe central nord-sud, avec des branches partant de Luxembourg en direction est et ouest, se calquant parfaitement sur le schéma du réseau ferroviaire (figure 1.19, page 38). La plupart des villes situées sur cet axe étaient déjà favorisées par une bonne centralité en 1994, qu’elles en eu du mal à améliorer encore en 2009 et ceci surtout par rapport à la forte amélioration de la centralité en 2009 du reste du pays. Ces constatations se confirment par l’analyse de la carte présentant l’efficacité comparée des centralités urbaines (figure 3.29), qui montre la typologie des villes par la méthode des quadrants. En effet, la position des cercles verts de la première carte coïncide avec celle des cercles jaunes (et bleus pour trois villes) de la deuxième carte, qui représentent les villes avec une bonne accessibilité en 1994, qui s’est détériorée en 2009. Il est difficile d’améliorer une centralité déjà très bonne. À l’inverse, un grand nombre de villes, représentées sur la carte par des cercles orange, étaient dans une situation périphérique en matière d’accessibilité en 1994. Ces villes du nord-ouest et de l’est ont vu leur mauvaise centralité de 1994 s’améliorer en 2009. L’analyse des indices d’amélioration, de Janelle et de concentration, ainsi que des centralités urbaines nous amène à conclure que l’amélioration générale de l’accessibilité du réseau des transports publics (constatée dans les analyses d’accessibilité globale et des espaces fonctionnels des parties 3.1 et 3.2), présente cependant des inégalités à l’intérieur du pays et permet par conséquent de vérifier l’hypothèse E4, à savoir que : à l’intérieur de chaque réseau, il existe une hiérarchie des villes propre à leur évolution inégale en matière d’accessibilité entre 1994 et 2009. 116 Figure 3.27 Réseau des transports publics Accessibilités comparées 1994 / 2009 Indice d’amélioration Indice de Janelle Indice de concentration 5 Numéro d’identification · et localisation des villes Logiciel: Golden Software, Mapviewer J. Braun, Luxembourg 2009 117 Figure 3.28 Réseau des transports publics – Luxembourg Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009 Typologie des villes par la méthode des quadrants J. Braun, Luxembourg, 2009 118 Figure 3.29 Réseau des transports publics – Luxembourg Efficacité comparée des centralités urbaines entre 1994 et 2009 5 Numéro d’identification · et localisation des villes Typologie des villes par la méthode des quadrants J. Braun, Luxembourg, 2009 119 3.3.3. Accessibilités unipolaires comparées Dans cette dernière partie, afin d’illustrer la typologie qui vient d’être établie, nous allons considérer non plus les réseaux dans leur ensemble, mais le rôle d’une ville par rapport aux autres villes. Nous prendrons donc en compte une ligne de la matrice des temps d’accès, en faisant abstraction des autres lignes. Il s’agit donc d’un traitement par ville ou d’une analyse par sous-système. Figure 3.30. Accessibilité de système et de sous-système Source : C. Cauvin, Strasbourg, 1998 Il ne s’agit, cependant, pas de faire une analyse de l’accessibilité unipolaire pour les 33 villes de chacun des deux réseaux, mais uniquement de donner quelques exemples types devront traduire les comportements distincts de chacun des deux réseaux par rapport aux changements entre 1994 et 2009. Dans le réseau des transports privées, l’exemple de Sandweiler (figure 3.31) est caractéristique d’une ville ayant profité au maximum des changements entre 1994 et 2009. Le profil des fréquences cumulées indique une nette amélioration en 2009 par rapport à 1994. Ainsi, par exemple, le nombre de villes pouvant être atteintes en moins de 20 minutes a presque doublé, passant de 4 à 7. Dans chaque classe le nombre de villes atteintes a augmenté en moyenne de 3 unités, la dernière classe ayant complètement disparue en 2009. L’exemple de Redange (figure 3.32) est caractéristique d’une ville dont l’accessibilité s’est légèrement détériorée. Les différences entre 1994 et 2009 sont cependant très faibles et pas uniformes. Alors que l’accessibilité à partir de Redange s’est dégradée vers le nord, elle s’est légèrement améliorée en direction sud-est. La comparaison de l’accessibilité unipolaire de ces deux exemples types confirme les constatations évoquées plus haut, à savoir que les changements de l’accessibilité des villes par le réseau des transports privés ne sont pas considérables entre 1994 et 2009. Ceci surtout, si on les compare aux changements survenus dans l’accessibilité des villes du réseau des transports publics. 120 Dans le réseau des transports publics, l’exemple de Differdange (figure 3.33) illustre un type de ville dont l’accessibilité s’est légèrement détériorée. Le nombre de villes pouvant être atteintes en moins de 60 minutes est passé de 10 en 1994 à 6 en 2009. Dans les classes à temps plus élevés, les différences entre le nombre de villes atteintes en 1994 et celles atteintes en 2009 diminuent. En revanche ce ne sont plus les mêmes villes qui occupent les mêmes classes. Par exemple, Rambrouch(21) et Redange(22) ont perdu une classe, alors que Junglinster(14), Grevenmacher(12) et Wormeldange(33) ont gagné une classe. La détérioration s’est faite surtout en direction du nord du pays. Si les villes du type de Différdange sont peu nombreuses, il en est autrement pour les villes qui ont vu leur accessibilité s’améliorer considérablement entre 1994 et 2009. Dans cette catégorie, l’exemple de Rambrouch (figure 3.34) est très parlant. Alors qu’il fallait plus de 240 minutes (8 classes sur la carte) pour relier l’ensemble des villes à Rambrouch en 1994, il suffit de moins de 120 minutes (4 classes) pour les relier toutes en 2009 ! Ainsi les temps de trajets ont carrément été divisés par deux, ou en d’autres mots, les liaisons se font deux fois plus vite en 2009 qu’en 1994. Les villes qui ont connu une évolution similaire très positive sont très nombreuses, et couvrent toute la partie nord-ouest et est du pays, régions qui en 1994 étaient particulièrement défavorisées par les transports collectifs. Les deux cartes de Rambrouch illustrent d’une manière impressionnante les changements considérables de l’accessibilité que le réseau des transports publics a subi entre 1994 et 2009. S’il existait encore, en 1994, une forte concurrence entre les deux réseaux en défaveur des transports publics, il semble qu’actuellement il y ait plutôt une complémentarité qu’une concurrence et que les deux modes de transports s’enrichissent mutuellement. 121 Figure 3.31 Réseau des transports privés – Luxembourg Accessibilité unipolaire comparée L’exemple de Sandweiler Accessibilité d’une ville à chacune des autres villes du réseau (en minutes) 1994 2009 5 Numéro d’identification • et localisation des villes Logiciel: Golden Software - Surfer 122 J. Braun, Luxembourg, 2009 Figure 3.32 Réseau des transports privés – Luxembourg Accessibilité unipolaire comparée L’exemple de Redange Accessibilité d’une ville à chacune des autres villes du réseau (en minutes) 1994 2009 5 Numéro d’identification • et localisation des villes Logiciel: Golden Software - Surfer J. Braun, Luxembourg, 2009 123 Figure 3.33 Réseau des transports publics – Luxembourg Accessibilité unipolaire comparée L’exemple de Rambrouch Accessibilité d’une ville à chacune des autres villes du réseau (en minutes) 1994 2009 5 Numéro d’identification • et localisation des villes Logiciel: Golden Software - Surfer 124 J. Braun, Luxembourg, 2009 Figure 3.34 Réseau des transports publics – Luxembourg Accessibilité unipolaire comparée L’exemple de Differdange Accessibilité d’une ville à chacune des autres villes du réseau (en minutes) 1994 2009 5 Numéro d’identification • et localisation des villes Logiciel: Golden Software - Surfer J. Braun, Luxembourg, 2009 125 CONCLUSION Compte tenu de l’objectif de ce travail, la méthodologie existante en matière d’accessibilité interurbaine a pu être appliquée avec succès et les résultats obtenus ont permis de vérifier les hypothèses énoncées. La seule analyse des constructions cartographiques de ce mémoire suffit déjà à visualiser la problématique et la discordance qui existent entre les deux réseaux de transport retenus. Tout d’abord il ressort que l’accessibilité au Grand-Duché de Luxembourg, varie en fonction du mode de transport choisi. Pour chacun des deux réseaux, il existe des disparités au niveau des facilités d’accès à l’intérieur du pays et cela pour les deux dates. La comparaison dans le temps a ensuite dévoilé les évolutions très inégales en matière d’accessibilité des deux réseaux de transports entre 1994 et 2009. Le réseau des transports privés bénéficiait déjà en 1994 d’une couverture assez homogène de l’espace luxembourgeois et d’une bonne accessibilité globale. Si certaines liaisons ont pu être améliorées, grâce à la construction de nouveaux tronçons d’autoroutes, d’autres ont légèrement perdu en efficacité. Dans l’ensemble les changements en matière d’accessibilité ont cependant été insignifiants pour le réseau des transports individuels. À l’inverse, le réseau des transports publics de 1994 était caractérisé par une couverture de l’espace très hétérogène avec quelques liaisons convenables, notamment le long des principaux axes ferroviaires, mais une forte majorité de localités reliées insuffisamment entre eux. Le total des temps d’accès pour relier l’ensemble des 33 villes entre elles, par le réseau des transports collectifs était, en 1994, carrément le double de celui du réseau du transport individuel ! Sur quinze ans, ces temps se sont améliorés des près de 17 % pour les transports collectifs (voir page 80). Cette nette amélioration apparaît clairement sur les cartes aussi bien d’accessibilité globale qu’unipolaire. Elle est le résultat d’une politique gouvernementale qui a fait du développement durable une de ses priorités et par conséquent soutient toute une série de mesures visant à fortifier la position des transports publics, comme par exemple l’instauration de nouvelles lignes, l’intensification des dessertes, l’augmentation du nombre d’autobus ou le recours de plus en plus fréquent à des couloirs réservés. Toutes ces mesures ont contribué à améliorer la compétitivité des transports en commun et il apparaît clairement dans nos résultats que la supériorité des transports individuels de 1994 s’est affaiblie en 2009 et que les transports publics ont sensiblement gagné en efficacité. Malgré tous les efforts entrepris pour améliorer l’accessibilité par le réseau des transports publics et par là inciter les habitants à renoncer de plus en plus au recours à l’automobile, le partage modal reste avec 12% encore largement en dessous des objectifs visés (25%). L’utilisation des transports en commun est plus élevée dans les 126 régions urbaines, que dans les régions rurales, où la densité démographique est moins propice à une rentabilisation des transports collectifs. La très forte proportion des déplacements en voiture individuelle résulte aussi en partie du mode de vie le plus répandu, où l’on réside au vert, travaille en ville, s’approvisionne dans les zones commerciales des périphéries d’agglomération, recherche la détente dans des espaces naturels préservés et les distractions culturelles dans les centres urbains. Ainsi l’automobile continue à dominer, même si ses avantages de flexibilité et de confort sont de plus en plus réduits par les embouteillages, conséquence inévitable de la croissance permanente du trafic. À cet endroit il est lieu aussi de signaler les limites de notre étude : la supériorité du transport en voiture particulière que nous avons constatée à été évaluée dans une situation moyenne de trafic, donc un scénario optimal. La même étude réalisée pour une situation de trafic maximisé pénaliserait d’avantage le transport individuel qui verrait augmenter fortement ses temps d’accès ! À ce moment-là, les transports publics gagneraient encore du terrain quant à leur efficacité. Le fait que les transports collectifs sont moins touchés par les encombrements fait aussi leur force dans les déplacements intraurbains. Une autre limite de cette étude découle directement de son sujet. La comparabilité de la situation actuelle avec celle de 1994, n’est possible qu’en utilisant le même découpage territorial, c'est-à-dire l’espace purement national du Luxembourg. Or aujourd’hui, plus que jamais, un franchissement des frontières aurait été nécessaire. Élargir la zone d’étude et placer les deux réseaux de transports dans le contexte de la Grande Région, permettrait de mieux prendre en compte toute la problématique des frontaliers beaucoup plus préoccupante en 2009 qu’en 1994. Finalement, les deux réseaux de transports se sont rapprochés un peu plus en matière d’accessibilité sur l’espace de 15 ans et la forte concurrence en faveur du transport individuel a sensiblement baissée. Même si les différences persistent encore nettement, les transports collectifs deviennent de plus en plus compétitifs, surtout dans une optique écologique de préservement du milieu naturel et de développement durable. Qu’en sera-t-il dans 15 ans de plus ? 127 BIBLIOGRAPHIE BLOT P. 1988 Accessibilités routières de 45 villes françaises dans le cadre du tourisme de week-end. Mémoire de D.E.A., Strasbourg, 109 p. BOUSCH P. – CHILLA T. – GERBER P. – KLEIN O. – SCHULZ C. – SOHN C. et al. 2009 Der Luxemburger Atlas du Luxembourg. Emons, 224 p. BRAUN J. 1994 L’accessibilité au Luxembourg, transport individuel et transport collectif, complémentarité et/ou concurrence ? Mémoire de stage pédagogique, Luxembourg, 144 p. CARPENTIER S. – GERBER P. 2009 Les déplacements domicile-travail : en voiture, en train ou à pieds ? In : Vivre au Luxembourg, Chroniques de l’enquête PSELL-3/2007, CEPS/INSTEAD, N°53 Mars 2009, 2 p. CAUVIN C. - REYMOND H. et al. 1989 Étude sur les aspects européens du schéma T.G.V. Une étude réalisée à la demande de la D.A.T.A.R., Strasbourg, 209 p. CAUVIN C. - REYMOND H. et al. 1992 Pour une approche multiple de l'accessibilité, propositions méthodologiques. 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SPSS Version 14, module INDSCAL : logiciel pour l’analyse multidimensionnelle des proximités SURFER 8 : logiciel pour cartes en isolignes 2D et 3D, Golden Software, Inc., Colorado. http://www.goldensoftware.com. VIAMICHELIN : logiciel de recherche d’itinéraires routier. http://www.michelin.fr. WORD 2003 : logiciel de traitement de texte, Microsoft. http://www.microsoft.com. 132 ANNEXES Annexe 1.1. Découpage régional et régions d’aménagement Source : Programme Directeur d’Aménagement du Territoire – Ministère de l’Intérieur, 2003 133 Annexe 1.2. Vue d'ensemble des projets d'infrastructures routières Source : Plan directeur sectoriel « transport » (PST) – octobre 2008 134 Annexe 1.3. Liste des projets d'infrastructures routières * Afin d’assurer la cohérence générale des quatre plans sectoriels (Grands ensembles paysagers, Zones d’activités économiques, Logement et Transports), ces projets et les zonages correspondants du plan sectoriel « Grands ensembles paysagers » en conflit sont à reconsidérer. Source : Plan directeur sectoriel « transport » (PST) – octobre 2008 135 Annexe 1.4. Vue d'ensemble des projets d'infrastructures ferroviaires Source : Plan directeur sectoriel « transport » (PST) – octobre 2008 136 Annexe 1.5. Liste des projets d'infrastructures routières Source : Plan directeur sectoriel « transport » (PST) – octobre 2008 137 Annexe 2.1. Exemple d’une fiche de relevé pour le calcul des temps d’accès route de 1994 : la liaison Boulaide-Luxembourg Note : La distance de référence en km correspond à la distance à vol d'oiseau et constitue un moyen de contrôle (en effet, le nombre de kilomètres doit toujours être supérieur ou égale à la distance de référence). Source : L’accessibilité au Luxembourg, transport complémentarité et/ou concurrence ? – J. Braun, 1994. 138 individuel et transport collectif, Annexe 2.2. Matrice des temps d’accès des transports privés – 1994 J. Braun, Luxembourg, 1994 Annexe 2.3. Matrice des temps d’accès des transports privés – 2009 J. Braun, Luxembourg, 2009 139 Annexe 2.4. Exemple d’une fiche de relevé pour le calcul des temps d’accès du réseau des transports publics en 1994 : Boulaide Explications : 0116 code de la liaison BOURAM 1ère correspondance (Boulaide-Rambrouch) 0652 0716 heure de départ heure d'arrivé RAMETT 2ème correspondance (Rambrouch-Ettelbruck) 0719 0749 heure de départ heure d'arrivé Source : L’accessibilité au Luxembourg, transport individuel et transport collectif, complémentarité et/ou concurrence ? – J. Braun, 1994. 140 Annexe 2.5. Matrice des temps d’accès des transports publics – 1994 J. Braun, Luxembourg, 1994 Annexe 2.6. Matrice des temps d’accès des transports publics – 2009 J. Braun, Luxembourg, 2009 141 Annexe 3.1. Accessibilité de système et espace fonctionnel – démarche générale Source : C. Cauvin, Strasbourg, 1992 142 Annexe 3.2. Tableau récapitulatif des résultats statistiques et graphiques obtenus avec le logiciel Darcy Source : Mode d’emploi du logiciel de comparaison spatiale Darcy 2.0 – C.CAUVIN, Strasbourg, 2009 143 Annexe 3.3. Tableau des fréquences établis à partir des matrices (en pourcents) J. Braun, Luxembourg, 2009 144 Annexe 3.4. Indices dérivés de la matrice des temps d’accès des transports privés J. Braun, Luxembourg, 2009 145 Annexe 3.5. Indices dérivés de la matrice des temps d’accès des transports publics J. Braun, Luxembourg, 2009 146