UN MODELE D`AJUSTEMENT DE LA CAPACITE A LA CHARGE
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UN MODELE D`AJUSTEMENT DE LA CAPACITE A LA CHARGE
3e Conférence Francophone de Modélisation et SIMulation “Conception, Analyse et Gestion des Systèmes Industriels” MOSIM’01 – du 25 Avril au 27 avril 2001 – Troyes (France) UN MODELE D’AJUSTEMENT DE LA CAPACITE A LA CHARGE BASE SUR LES RESSOURCES HUMAINES Hamdjatou KANE, Pierre BAPTISTE Laboratoire de productique et d’informatique des systèmes manufacturiers, INSA de Lyon Bâtiment 502, 20, avenue Albert Einstein, 69621 Villeurbanne CEDEX Tél. : 00 33 4 72 43 84 87, [email protected] RÉSUMÉ : Les liens entre les donneurs d’ordres et les fournisseurs ont été considérablement modifiés par l’évolution des nouvelles règles commerciales. Ces liens sont aujourd’hui caractérisés par un contrat de partenariat. Des contrats annuels donnent une fréquence de livraison précise et régulière alors que les quantités exactes à livrer sont transmises dans des délais très brefs (souvent une semaine). Les fournisseurs sont donc contractuellement en capacité « infinie ». Il leur faut alors ajuster non plus la charge à la capacité mais bien la capacité à la charge. L’approche classique de gestion de la production ne répond pas à ce type de problème. Les ressources humaines (volume optimal de personnel, heures supplémentaires et intérimaires) deviennent donc les seuls leviers d’action. Une étude de ces leviers à travers un modèle mathématique (dans le contexte des nouvelles lois sur les 35 heures) permet d’ajuster la capacité à la charge et de trouver une politique optimale de gestion du volume de personnel. MOTS-CLÉS : Commande-contrat, Heures supplémentaires, Intérim, Optimisation, Ressources humaines 1. INTRODUCTION L'évolution des nouvelles règles commerciales a apporté une modification contractuelle des liens entre les donneurs d'ordres et les fournisseurs. Le contrat de type "commande" s'est transformé en un contrat de partenariat souvent annuel. Si la commande se caractérisait par une quantité connue avec un délai incertain, le contrat se caractérise par une quantité incertaine avec un délai parfaitement connu (y compris sur le long terme). Le contrat de partenariat impose des exigences fortes en matière de respect des engagements et conduit impérativement à prévoir les moyens d’un ajustement à court terme de la capacité par rapport à la charge. Les méthodes classiques de gestion de production ne répondent pas du tout à ce type de problème. Les donneurs d'ordres s'engagent sur la durée, les fournisseurs sur la flexibilité : les quantités réelles à livrer sont comprises entre un minimum et un maximum, et sont contractuellement transmises dans des délais très brefs (souvent une semaine). Les entreprises s'engagent donc sur une flexibilité de leur capacité (pour répondre à la flexibilité acceptée de la charge) qui se traduit par des proportions d'intérimaires pouvant atteindre ponctuellement 40% et plus dans certaines entreprises. - 723 - Les leviers de décision sont aujourd’hui les heures supplémentaires, l’intérim et plus récemment encore l’annualisation. Ces leviers introduisent une grosse difficulté dans la gestion de la capacité globale de l’entreprise et de son coût. En effet, le nombre d’heures supplémentaires possibles durant une période et leur coût dépendent aussi des heures effectuées dans le passé. Aussi, la productivité des intérimaires est non linéaire car elle décroît lorsque leur proportion augmente [Kane, 2000a]. La recherche des coûts minimums a poussé de nombreuses entreprises à réduire leur main-d'œuvre en propre au minimum. Elles ont donc tendance à positionner leur charge en personnel propre sur la somme des valeurs minimales des commandes et utilisent des heures supplémentaires et des intérimaires pour combler les manques entre les deux bornes. Ces leviers de flexibilité ont été introduits et modifiés par la nouvelle législation sur le temps de travail (annualisation). L’utilisation optimale de ces leviers intégrant les contraintes liées à la nouvelle réglementation sur les 35 heures n’a pas été le champ d’investigations scientifiques très importantes. Plusieurs de ces investigations ont porté sur les besoins cycliques en main d’œuvres. Les premières études qui ont été faites dans ce cadre sont celles de Beker R. Dans une première approche (Baker, 1974), il propose un algorithme qui permet de déterminer le nombre optimal MOSIM’01 – du 25 Avril au 27 avril 2001 – Troyes (France) intérims) et d’autre part le coût associé à une telle politique. de personne pouvant satisfaire les besoins en main d’œuvres sur un horizon d’une semaine. Dans une deuxième approche (Baker et Magazine, 19977), il étend cet algorithme en considérant un horizon de plusieurs semaines et détermine l’ordonnancement des opérateurs. Ce modèle peut être utilisé dans un contexte d’aide à la décision pour éventuellement tester différents scénarios tant au niveau des règles de fonctionnement qu’au niveau des seuils d’emplois permanents, etc. De la même façon, ce modèle permet de tester le comportement des coûts par rapport à des profils de charge autres que ceux étudiés ici. Partant de ces études, Emmons M dans (Emmons, 1985), étudie l’ordonnancement cyclique des opérateurs en considérant d’une part, un nombre de journées de travail consécutives dans une plage donnée et d ‘autre part, en permettant aux employés qui travaillent des week-ends successifs d’avoir des journées de congé au cours de la semaine. 2.1 Indices et paramètres N : nombre de périodes p : productivité des intérimaires Di : demande par période i S : nombre maximum d'heures supplémentaires par semaine et par employé M : nombre maximum d'heures supplémentaires par mois et par employé V : nombre d'heures régulières par semaine et par employé ri : coût de l'heure intérim C : coût de l'heure régulière standard CS1 : coût des heures supplémentaires pour la première tranche CS 2 : coût des heures supplémentaires pour la deuxième tranche CR : coût des heures intérims α : taux de bonification des heures supplémentaires pour les 4 premières heures λ : taux de majoration des heures supplémentaires pour les heures au-delà. Hung R a proposé un scénario pratique d’annualisation [HUN 99]. Il montre comment l’on peut ordonner le personnel sur une année en tenant compte des besoins requis. L’algorithme proposé commence par déterminer le nombre optimal d’opérateurs requis pour l’année. Il propose ensuite un ordonnancement de ces opérateurs de manière à ce que chaque employé ne travaille pas plus de H heures contractuelles par année. D’autres études ont porté d’une part sur le placement ponctuel d’heures supplémentaires au sein d’un problème classique d’ordonnancement pour diminuer la durée opératoire de certaines tâches afin de mieux respecter les contraintes de dates [Yura, 1994], et d’autre part sur les besoins cycliques en main d’œuvre (Akkan, 1996) et (Morris et Showalter, 1983). Le travail présenté dans cet article est une contribution à la gestion du personnel et s’inscrit dans une démarche d’aide à la décision. Il a pour objectif de tester différents scénarios, tant au niveau des règles de fonctionnement qu’au niveau des seuils d’emplois permanents, etc. 2.2 Variables de décision Yi: nombre total d'heures supplémentaires par période i yi 1 : nombre d'heures supplémentaires par période i pour les 4 premières heures ( y i 1 ≤ 4 ) yi 2 : nombre d'heures supplémentaires par période i pour les heures au-delà . Ri : nombre d'heures intérims par période i W : nombre optimal du personnel de base De la même façon, nous présentons une politique optimale d’utilisation des heures supplémentaires et de l’intérim qui constituent des leviers d’actions en vue de satisfaire les besoins en main d’œuvres. 2. MODELE D’AJUSTEMENT DE LA CAPACITE A LA CHARGE 2.3 Fonction objective Dans cette partie nous exposons la formulation mathématique de notre problème. La demande (ou charge) suit des lois différentes. Nous traitons en particulier le cas où nous avons une demande stationnaire (varie autour d’un niveau moyen) et le cas où la demande est à tendance. Minimisez (CT) = ∑ [CS1i + CS 2 i + CR i ] + W * V * C (1) i∈I sujet aux contraintes : Le modèle est décrit à l’entrée par les contraintes liées à la réglementation (lois sur les 35 heures) et par la demande connue par valeur et par période. Nous obtenons à la sortie du modèle d’une part la politique optimale d’utilisation des leviers d’action (volume optimal de personnel, heures supplémentaires et Yi = y i 1 + y i 2 ∀ i = 1,2, ..., N, y i 1 ≤ 4, y i 2 > 4 , Yi ≥ 0 , ∀ i = 1,2, ..., N - 724 - (2) MOSIM’01 – du 25 Avril au 27 avril 2001 – Troyes (France) Yi ≤ S * W , ∀ i = 1,2, ..., N (3) ∑ Yt + i ≤ M * W (4) Quant au coût relatif aux heures intérims il est donné par la formule (7). Les contraintes (8) assurent que la demande est satisfaite sur chaque période de planification et font intervenir le taux de productivité (p) des intérimaires. t Ce taux décroît lorsque leur nombre augmente. Les employés de base (main d’œuvre en propre) disposent d'une grande compétence et ont une productivité de 100%. ∀ i = 1,2, ..., N, t = 0, 1, 2, 3 CS1i = α * C * y i 1 (5) ∀ i = 1,2, ..., N, y i 1 > 4, α = 0.25 CS 2 i = λ * C * y i 2 3. Dans cette section, nous présentons un exemple numérique pour illustrer l’utilisation du modèle mathématique. Pour l’implémentation et l’optimisation du modèle, nous avons utilisé le logiciel Lingo. (6) ∀ i = 1,2, ..., N, λ = 1.5 CR i = R i * ri (7) Nous considérons deux profils de charge : demande stationnaire et demande à tendance. Considérons aussi les données numériques suivantes : ∀ i = 1,2, ..., N Ri ≥ 0 ∀ i = 1,2, ..., N Yi + p * R i + W * V ≥ D i APPLICATION NUMERIQUE. N = 12 (i = 0, 1,, 12), S = 10 heures, M = 30 heures, V = 35 heures, C = 45, r = 70. (8) 3.1 ∀ i = 1,2, ..., N Demande stationnaire Cette demande est comprise entre un minimum et un maximum (respectivement Dmax et Dmin). Nous testons plusieurs cas de la demande. Pour chaque cas donné, nous déterminons les charges maximales et minimales sur une période. Les valeurs des charges sont données par période. Nous minimisons les coûts variables engendrés par les heures supplémentaires, les intérims et les coûts fixes de la main d'œuvre en propre (1). Les formules (2) définissent les variables heures supplémentaires. Les séries (3) et (4) traduisent les contraintes décrivant le cadre contractuel [Kane, 2000b]. Ces contraintes sont liées à la réglementation. Elles représentent moins de S (respectivement M) heures supplémentaires par semaine (respectivement par mois). Dans cet exemple 10 cas de la charge ont été testés. Les tableaux 1 et 2 donnent les résultats obtenus avec ces tests. Ils fournissent d’une part les charges maximales et minimales, et d’autre part les valeurs du volume du personnel de base (W), en fonction de la productivité (p) des intérimaires. Le coût des heures supplémentaires est défini par les lois sur les 35 heures. Ces lois donnent une bonification de 25% sur chacune des 4 premières heures effectuées au-delà de la durée légale du temps de travail (5) et 50% pour toutes les autres heures(6). Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 4 Cas 5 143 172 200 229 257 29 72 86 86 58 p = 1 68 90 114 142 128 p=0.9 78 90 115 143 129 W p =0.8 80 95 128 148 143 p =0.7 85 111 129 149 157 p =0.6 86 114 134 153 167 p =0.5 89 116 137 156 178 Tableau 1 : Volume du personnel en fonction de la productivité des intérimaires avec une charge stationnaire Dmax Dmin Pour cette étude, nous avons globalisé les coûts. C’est à dire que nous allons nous intéresser à un volume global d’heures supplémentaires (pourcentage des heures de base) en faisant l’hypothèse que ce pourcentage se projette intégralement et exactement sur chaque opérateur. Ainsi le coût de x heures supplémentaires sur l’entreprise sera calculé comme la somme des coûts induits par x heures supplémentaires sur chaque opérateur. - 725 - MOSIM’01 – du 25 Avril au 27 avril 2001 – Troyes (France) Cas 6 Cas 7 Cas 8 Cas 9 Cas10 287 314 343 372 400 129 172 143 115 92 p = 1 182 211 200 183 228 p=0.9 183 212 200 188 229 W p =0.8 200 222 206 200 251 p =0.7 200 228 220 222 252 p =0.6 200 229 223 229 257 p =0.5 202 233 229 245 267 Tableau 2 : Volume du personnel en fonction de la productivité des intérimaires avec une charge stationnaire Cas Cas 2 Cas 3 Cas 4 Cas 5 Cas 1 6 a 1.31 6.71 1.34 1.44 2.67 6.56 b 130 188.26 230.89 103.82 137.11 205 Dmax 146 269 245 122 170 285 Dmin 131 195 230 105 140 212 W 136 215 235 112 153 232 Tableau 5 : Volume du personnel en fonction de la productivité des intérimaires avec une charge à tendance Dmax Dmin 3.3 Analyse des résultats Les tableaux 3 et 4 donnent, outre les charges maximales et minimales en main d’œuvres, les valeurs du rapport de dispersion k = (W- Dmin)/( Dmax - Dmin ) en fonction de la productivité des intérimaires. Ces résultats fournissent le volume de personnel de base (avec l’utilisation des heures supplémentaires et des intérims) dont on devrait disposer pour chaque cas et pour chaque période afin de satisfaire les besoins en main d’œuvres. Cas 1 Cas2 Cas3 Cas4 Cas5 143 172 200 229 257 29 72 86 86 58 p = 1 0.342 0.18 0.245 0.391 0.351 p=0.9 0.429 0.18 0.254 0.398 0.356 k p=0.8 0.447 0.23 0.368 0.433 0.427 p=0.7 0.491 0.39 0.377 0.440 0.497 p=0.6 0.5 0.42 0.421 0.468 0.547 p=0.5 0.526 0.44 0.447 0.489 0.603 Tableau 3 : Coefficient de dispersion en fonction de la productivité des intérimaires Dmax Dmin Ils montrent d’une part, qu’on a toujours intérêt à avoir du personnel sous occupé pendant certaines périodes et d’autre part, qu’il est plus intéressant d’avoir un volume optimal de personnel plutôt que d’avoir un volume minimum de personnel positionner sur les quantités de charges minimales. Évidemment, le personnel de base augmente lorsque la productivité des intérimaires diminue. En effet, les intérimaires n’ont pas la même qualification que le personnel de base et, par conséquent, produisent moins. Cas 6 Cas 7 Cas 8 Cas 9 Cas10 287 314 343 372 400 129 172 143 115 92 p = 1 0.337 0.274 0.285 0.264 0.441 p=0.9 0.343 0.281 0.285 0.284 0.444 k p =0.8 0.452 0.352 0.315 0.33 0.516 p =0.7 0.452 0.394 0.385 0.416 0.519 p =0.6 0.452 0.401 0.4 0.443 0.535 P=0.5 0.464 0.429 0.43 0.505 0.568 Tableau 4 : Coefficient de dispersion en fonction de la productivité des intérimaires Dmax Dmin La capacité en personnel de base est inférieure à la moyenne. Ce personnel se situe entre le besoin minimal et la moyenne, ce qui nous paraît être un résultat très intéressant. On se rapproche de cette moyenne lorsque la dispersion (k) augmente. 4. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Nous avons présenté dans ce papier une nouvelle approche pour l’étude de l’ajustement de la capacité à la charge en prenant en compte de nouveaux leviers d’actions. 3.2 Demande à tendance Cette demande oscille autour d’une valeur croissante ou décroissante, on définit alors une droite de tendance. Cette droite est fonction de la période et des paramètres a et b calculés à partir de la méthode des moindres carrés. Cette méthode minimise la somme des carrés des écarts des points observés à la droite Cette approche basée sur un modèle de programmation dynamique a permis de mettre en évidence l’importance des ressources humaines dans le nouveau contexte des relations entre les donneurs d’ordres et les fournisseurs. En considérant les mêmes données numériques que précédemment, nous donnons dans le tableau 5 les résultats obtenus avec la demande à tendance. En outre, l’approche utilisée a permis de modéliser les paramètres de gestion des ressources humaines (volume optimal de personnel de base, heures supplémentaires et intérim) en tenant compte de la nature de la charge (besoins en main d’œuvres). Seules les valeurs des demandes (maximales et minimales) pour les périodes i = 1 et i = 12 sont fournies. Nous testons alors 6 cas pour ces valeurs des charges. Les résultats montrent qu’il est plus intéressant de disposer d’un volume de personnel optimal avec un - 726 - MOSIM’01 – du 25 Avril au 27 avril 2001 – Troyes (France) Emmons H., 1985. workforce scheduling with cyclic requirements and constraints on days off, and work stretch. IIE Transactions, vol. 17, p. 8-16. Hung R., 1999. Scheduling a workforce under annualised hours. International Journal of Production research, vol. 37, n°11, p. 2419-2427. Kane H., Baptiste P., Barakat O., 2000a. A New Approach for the Cost Optimization in Resources Human Management. 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Ces résultats peuvent servir d’outil d’aide à la décision pour le choix de stratégies de gestion des ressources humaines en général, et des règles de fonctionnement tirées à partir des paramètres optimaux en particulier (heures supplémentaires, intérims). Cependant, certains aspects relatifs aux ressources humaines n’ont pas été abordés, en particulier les besoins d’encadrement que nécessitent les intérimaires. En effet la productivité de ces derniers est non linéaire, elle décroît lorsque leur proportion augmente. Ce qui induit aussi un coût non linéaire. Des travaux en cours étudient ces aspects. REFERENCES Akkan C., 1996. Overtime scheduling : An application in finite-capacity real-time scheduling ». Journal of the operational research society, vol. 47, p. 1137 – 11. Baker R., 1974. Scheduling a full-time workforce to meet cyclic staffing requirements. Management Science, vol. 20, n° 12, p. 1561-1568. Baker R., Magazine M., 1977. Workforce scheduling with cyclic demands and days-off constraints ». Management Science, vol. 24, p. 161-167. - 727 -