En toute franchise RHÔNE-ALPES - CGT Comité Régional Rhône

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En toute franchise RHÔNE-ALPES - CGT Comité Régional Rhône
9/04/08
14:21
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LA POSTE
En toute franchise
Arroseur
arrosé
Bol d’air la semaine dernière.
Toujours ça de pris dans la
déferlante libérale qui semble
vouloir nous submerger. Le
Comœdia est un cinéma de
quartier lyonnais, qui rayonne
sur deux grands
arrondissements populaires,
les 7e et 8e. Créé par un forain
en 1914, puis repris par un
fromager, il est resté, jusque
dans les années 1980,
indépendant et propriété de
fous de cinoche. Las, même les
dingues de pelliculeÈ ne sont
pas éternels. Et voilà le
Comœdia vendu en 1993 à
UGC, qui ferme boutique sans
crier gare en 2003. Le fric
devait l’appeler ailleurs ! C’est
encore deux passionnés qui
reprennent la salle historique.
Le Centre national du cinéma
(CNC) les soutient,
financièrement, dans leurs
visées de confirmer le lieu
dans ses valeurs initiales :
« ciné de quartier à la fois
exigeant et familial ». Pari
réussi. Sauf que ça énerve
UGC, qui multiplie les assauts
juridiques pour essayer
d’inscrire le mot « fin » sur
notre beau ciné.
Officiellement en lui
contestant le droit de porter le
nom de Comœdia. Label
pourtant dûment déposé.
« Procédure abusive », a estimé
le tribunal des référés, relevant
que la véritable raison des
menées d’UGC est « la volonté
de nuire ». Et, vlan, 3 000 euros
de dommages et intérêts.
Pathé, qui est aussi dans le
coup, reste au coin du bois et,
au nom de la « concurrence libre
et non faussée », bien sûr, juge
inacceptable l’aide du CNC. À
suivre. ■ LA RÉDACTION
16 La Nouvelle Vie Ouvrière | 11 avril 2008
Rébellion dans le tri
Les agents de la plateforme industrielle courrier de Saint-Priest ont
observé, la semaine dernière,
cinq jours de grève. Après des mois
passés sous l’éteignoir, ils sont
rentrés la tête haute.
Site hautement sécurisé, machines high-tech, la plateforme
industrielle courrier (PIC) de
Saint-Priest a ouvert ses portes
en décembre 2007. Elle prenait
le relais des centres de tri classiques de Bourg-en-Bresse et de
Lyon. Sa mission : aller à une
massification du tri du courrier.
Déstabilisé par cette nouvelle
organisation du travail, des
mutations plus ou moins autoritaires, le personnel a, dans un
premier temps, céder plus ou
moins à la pression de la hiérarchie. Trois agents par machine,
présence plus fréquente le weekend, cinq vendredis de nuit sur
six, un dimanche sur trois… Le
montage fut estampillé par un
accord d’entreprise, que la CGT,
FO et Sud refusèrent de cautionner, d’autant qu’il ne tenait pas
compte des métiers périphériques. « En effet, analysent JeanLuc Autef, secrétaire de la CGT
des centres de tri du Rhône et
Sylvain Le Roux, secrétaire de la
CGT des postaux du Rhône, toute
la chaîne est concernée et pas seulement la plateforme. Les heures des
levées de courrier sont plus précoces,
les usagers peuvent le constater. Ce
qui modifie le travail des facteurs,
par exemple ». « La Poste se flatte
d’améliorer le “J+1” en matière de
distribution, mais bientôt il va falloir se lever à l’aube pour poster ses
lettres », ironisent les deux syndicalistes. Le but ultime étant de
favoriser le courrier des entreprises, hautement plus rentable.
Début mars, les organisations
majoritaires avaient consulté le
personnel de la PIC à bulletin
secret sur la possibilité d’une
grève reconductible de 24 heu-
DR
A0872P-16_RA_Syndicats
À la plateforme courrier de Saint-Priest, une majorité de salariés a voté pour la grève.
res. À la surprise de certains, ce
fut le « oui à la grève » qui l’emporta, et massivement. Le temps
de prévenir la hiérarchie, qui
resta muette à l’avertissement, le
mouvement se déclarait le
31 mars, suivi par 70 % des 1 200
agents. Au quatrième jour du
conflit, ne voyant rien venir de
concret, une centaine d’entre
eux allait se faire entendre à la
Recette principale de Lyon, du
côté de la place Bellecour. Où, la
direction ne trouva rien de
mieux que de bloquer le portail
et donc l’activité de l’établissement, avant d’envoyer
l’un de ses membres lire une
« proposition de calendrier de négociations ». Il s’engageait notamment à revoir tous les horaires
au terme de la montée en charge
définitive de la plateforme, en
juin.
Le syndicat CGT de la PIC, qui a
joué un grand rôle dans l’information quotidienne des grévistes reprend des couleurs. « Si
l’entreprise ne tient pas ses promesses, nous recommencerons à la rentrée. Elles sont de toute façon sous
le contrôle des salariés », avertit
Jean-Luc, en notant pour s’en
féliciter « que les gars sont rentrés
la tête haute ».
RHÔNE-ALPES
Reste à trouver, avant l’été, une
solution de reclassement pour
les soixante ex-employés des
centres de tri qui sont restés sur
la touche. Les fonctionnaires
risquent la mutation d’office,
les contractuels de droit privé,
le licenciement, s’ils refusent
trois propositions de postes. La
PIC n’emploie-t-elle pas cinquante intérimaires ?
Il faudra aussi discuter salaires.
La prime de pénibilité a été supprimée, la CGT souhaite qu’elle
se transforme en « prime de professionnalisation », eu égard à la
technicité nouvelle du tri. « Mais
ça ne se fera pas sans lutte », estiment Jean-Luc et Sylvain en prenant l’exemple du centre postal
de l’aéroport Saint-Exupéry où
les acquis ont été maintenus.
L’endroit, en effet, est un noyau
dur de la participation aux mouvements syndicaux, locaux ou
nationaux. Lien de cause à effet ?
Autre question qui devrait arriver très vite sur la table, la levée
des obstacles à l’exercice syndical. Ainsi, il a déjà fallu imposer
le délégué CHSCT qui ne pouvait
aller visiter les postes de travail en
dehors de ses propres horaires.
Un flicage dont tous les salariés
sont victimes. ■ CATHERINE LÉNACK