Trajectoire historique, actualité et perspectives du
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Trajectoire historique, actualité et perspectives du
Trajectoire historique, actualité et perspectives du panafricanisme Seydou OUEDRAOGO Economiste et militant panafricaniste. BP Abomey-Calavi République du Bénin. Tél : (00229) 28 73 45 Email : [email protected] Cette analyse vise à retrouver les origines et les points saillants de la marche séculaire de l’Afrique vers son unité, à mesurer l’état actuel du mouvement puis à donner des pistes d’évolution futures du panafricanisme vers le développement de l’Afrique. Résumé L’une des caractéristiques fondamentales de l’époque contemporaine est la constitution de grands ensembles économiques et politiques. Les Etats - Nations hérités des siècles passés semblent être des entités politico-économiques de plus en plus inadaptées à l’évolution des relations internationales. Ces dynamiques intégratrices observables sur tous les continents sont le plus souvent les continuations contemporaines de trajectoires historiques assez lointaines. Le panafricanisme ; ce vieux rêve africain d’unité du continent noir origine depuis la fin du XIXème siècle. Il a traversé tout le XXème siècle en dessinant une courbe évolutive qu’on peut saisir schématiquement en cinq périodes. 1-L’unité par tous les moyens y compris la violence (19ème siècle) 2-Gestation théorique du panafricanisme (1885-1957) 3-Le panafricanisme : « cristallisation politique » et anti-colonialisme (1957-1963) 4-La léthargie (1963 à la conférence Syrthe 1999) 5-Le faux départ depuis Syrte ? Cette schématisation de la l’évolution historique du panafricanisme est conforme à celle faite par KI-ZERBO (1978) à l’exception de la première et de la dernière étape qui ne figure pas dans le découpage de l’historien Burkinabé. La première étape est celle des tentatives d’intégration du continent au XIXème avec des conquérants comme SAMORY, DAN FODIO, CHAKA etc. Cette étape est celle d’une unité recherchée par une « violence intégratrice » dans un environnement de lutte exacerbée et violente contre la pénétration coloniale. La gestation théorique du panafricanisme est caractérisée par le rôle éminent joué par les descendants d’esclaves noirs principalement l’intellectuel et théoricien DUBOIS, l’idéologue PADMORE et l’homme d’action et fin organisateur GARVEY. Pour KI-ZERBO durant cette étape « de raciale l’idée “pan-nègre” deviendra petit à petit une revendication politique assez précise ». La troisième étape part de l’indépendance du premier Etat souverain d’Afrique subsaharienne ; le Ghana à la création de l’OUA. Elle est marquée par l’émergence de leaders panafricanistes sur le continent comme N’KRUMAH, CABRAL, LUMUMBA engagés résolument dans la lutte pour l’indépendance. Cette période est celle de la division de l’Afrique entre une « Afrique modérée » et une « Afrique révolutionnaire ». Suivra cette étape, une autre que l’on peut grossièrement qualifier que léthargique. C’est cette longue période de la création de l’OUA jusqu’à la conférence de Syrte. La conférence de Syrte est-elle l’annonce d’un faux départ ou au contraire s’agit il du point d’appui d’un projet porteur d’intégration véritable du continent ? Cette question permet d’analyser la dynamique actuelle de l’évolution du projet panafricaniste. L’Union Africaine gagnerait davantage à clarifier les bases objectives et concrètes de la convergence des économies et des politiques à l’échelle continentale. Il faut définir des critères de critères de convergence objectifs, rationnels, réalistes mais ambitieux et contraignants vers l’unité économique et politique. La réponse panafricaniste à la mondialisation est à construire en tout état de cause. L’Afrique doit se repositionner dans le commerce mondiale par le commerce inter africain de sorte à solder au mieux les besoins africains par des offres africaines avant de se porter sur le commerce international avec les besoins et offres résiduelles. Les cours des matières premières peuvent être défendus par la création de cartel des principaux produits d’exportation comme le cacao et le coton. La renaissance de l’Afrique par la dynamique panafricaniste ne peut faire l’économie de la conquête de la conscience historique africaine seule capable de constituer le socle du développement du continent. L’Afrique intégrera la marche du monde en rang serré ou serra toujours à la marge. L’Afrique se développera par la voie de l’intégration ; mais pas une intégration totalisante, atomisante ou uniformisante à l’extrême. Le panafricanisme doit être la rencontre des différences pour la fortification de l’ensemble.