chelakh lekha

Transcription

chelakh lekha
CHELA’H LEKHA
Allumage de Chabbat : entre 20h06 et 21h26 selon l’heure
de Kabala de sa communauté. (Paris)
Sortie de Chabbat : 22h50 .Renseignement 06 82 66 05 70
‫נפש יהודי‬
La feuille de l’étudiant
CHELA’H LEKHA:
UNE BONNE DECLARATION POUR UN MINIMUM D’IMPOTS
Notre paracha débute ainsi : « Hachem parla à Moché en disant : Envoie-toi (chéla’h lékha) des hommes et ils exploreront
le pays de Kenaan, que je donne aux Bné Israël, vous enverrez un homme, un, un homme, un pour la tribu de ses pères, tout
prince parmi eux. Moché les envoya du désert de Paran, sur ordre d’Hachem, tous (étaient) des hommes, ils étaient des chefs
des fils d’Israël. » (Bamidbar 13 ; 1, 2, 3). Rachi explique l’expression envoie-toi ainsi : selon ton gré. Quant à Moi, je ne te
l’ordonne pas. Si tu veux, envoie-les ! (Sota 34b) Israël est venu lui dire : Envoyons des hommes devant nous (Devarim
1.22) ... Moché est alors allé prendre conseil auprès de la Chekhina. Hachem lui a répondu : « Je leur ai affirmé quant à
Moi que le pays est bon... (Midrach Tanh’ouma). D’après l’explication de Rachi, il est très étonnant que Moché Rabbenou ait
pu hésiter puis accepter d’envoyer des explorateurs ; Hachem lui a pourtant expliqué clairement qu’il n’y avait aucune mitsva dans cette exploration et que la chose était purement facultative. Moché aurait dû se douter qu’il n’y aurait pas de véritable
profit dans une entreprise qu’Hachem n’a pas vraiment cautionnée..
Q1°) Comment donc Moché Rabénou a-t-il pu réfléchir à la question puis décider d’envoyer des explorateurs malgré tout ?
De plus, puisqu’il ne s’agissait pas d’une mitsva, Moché Rabbenou savait qu’il ne bénéficierait pas alors de la Siyata dichmaya (aide du Ciel) qui accompagne chaque mitsva. Comme le dit Chlomo Hamélekh « Chomère mitsva lo yeda davar ra celui qui garde une mitsva ne connaîtra rien de mal (à cause d’elle) ». Comment donc Moché Rabénou a-t-il pu s’aventurer
dans une entreprise qui ne soit pas une mitsva et où il n’y aura pas l’aide divine et peut-être des conséquences fâcheuses ?
Nous trouvons un peu plus loin dans notre paracha les versets suivants : Et les hommes qui montèrent (visiter) dirent : Nous
ne pourrons pas monter vers le peuple (de Kénaane), car il est (plus) fort que nous. Ils émirent des (propos) calomnieux sur
le pays qu’ils avaient exploré auprès des fils d’Israël en disant : Le pays dans lequel nous sommes passés pour l’explorer est
un pays dévorant ses habitants et tout le peuple que nous avons vu en son milieu est constitué d’hommes de mesure
[gigantesque]. Et là, nous avons vu les nefilim, fils de’Anaq, provenant de nefilim : nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et ainsi étions-nous à leurs yeux (Bamidbar 14 ; 31,32,33). Q2°) Le Ramban au début de la paracha prouve que la faute des explorateurs ne réside pas essentiellement dans le fait qu’ils aient critiqué la terre d’Erets Israël. Notamment il cite
qu’il y avait des disputes entre Yéhochoua, Kalev et les autres explorateurs depuis dé jà le début de la mission. De plus, les
explorateurs n’ont pas menti véritablement sur la terre d’Erets Israël . Il y avait réellement des géants qui y habitaient et au
sujet de l’expression « c’est une terre qui mange ses habitants », le midrach explique qu’Hakadoch Baroukh Hou avait fait un
miracle afin qu’il y ait beaucoup d’enterrements pendant le passage des explorateurs afin que ces derniers ne soient pas
remarqués ou attaqués. Il en ressort qu’en dehors de la faute du lachone ara (qui s’applique même lorsque l’on raconte la
vérité), les explorateurs ont commis une autre erreur et d’après le Ramban, c’est cette seconde faute qui en est la faute essentielle. Reste à découvrir et à expliquer de quoi il s’agit.
Nous voyons dans le verset 16 qu’après avoir cité le nom des hommes que Moché envoya pour explorer le pays, Moché appela Hoché’a fils de Noun : Yeochoua. Rachi explique : Moché a prié pour lui : -Veuille Hachem te sauver (ka yochi’akha) du
complot des explorateurs ! (Sota 34b) Q3°) On peut bien sûr s’interroger ici : Comment Moché Rabénou lui-même, organisateur de cette mission, peut-il avant même qu’elle ne commence, prier pour son élève Yeochoua afin qu’il soit sauvé de cette
entreprise ? Ceci nous montre apparemment que Moché lui-même avait vu que des conséquences fâcheuses allaient surgir de
cette mission d’où la prière et le changement de nom qu’il fit en faveur de Yeochoua. Nous pouvons donc formuler notre
question sous forme de Mimanafchakh (de part et d’autre) : ►Si pour l’instant les explorateurs n’avaient pas fauté et la
mission était encore neutre , quel intérêt pour Moché de prier pour son élève Yeochoua afin qu’Hachem le sauve ? ◄ Et si
Moché savait déjà qu’il allait s’ensuivre des conséquences fâcheuses et qu’un sauvetage serait nécessaire pour Yeochoua,
comment comprendre alors que Moché ait entrepris cette mission ?
Rachi, au début de la paracha, remarque que la Torah a juxtaposé le lachone ara de Myriam (fin de béaalotékha) avec l’entreprise des explorateurs qui aboutit également sur du lachone ara afin de nous faire remarquer que ces derniers n’ont pas tiré
une leçon de l’expérience de Myriam. Dans la paracha de la semaine prochaine, Rachi expliquera que la Torah a juxtaposé la
paracha des tsitsit qui est la conclusion de notre paracha avec la parachat Kora’h afin de nous décrire comment Kora’h a
procédé dans sa rébellion contre Moché Rabbenou et Aharon. Q4°) Nous pouvons, quant à nous, nous poser une question
subsidiaire : Pourquoi la Torah a-t-elle juxtaposé la paracha des explorateurs avec celle des Tsitsit ?
LA HICHTADLOUT (EFFORT) ET BITAH’ON (CONFIANCE EN HACHEM)
Rav Dessler dans son maamar : Bitah’one véIchtadloute (confiance en Hahem ou investissement de l’homme) entre en profondeur
dans ce sujet qu’il définit comme très complexe et très fin. En effet, Quand l’homme doit-il agir lui-même et quand l’homme doit-il
compter sur Hachem ? De plus, si l’homme agit n’est-ce pas la une preuve de manque de confiance ? D’un autre coté, on ne pourrait pas non plus rester inactifs ! Quelle est donc la bonne dose d’action de l’homme et la bonne dose de confiance qu’il faut adopter ?
L’origine de la nécessité de faire Hichtadlout (des efforts sur terre) est issue de la malédiction qu’Hachem fit à Adam Harichone :
« Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ». En effet, avant la faute il n’était pas nécessaire de fournir des efforts pour arriver
à satisfaire ses besoins matériels, Hakadoch Baroukh Hou envoyait lui-même des anges pour s’occuper de l’homme dans tous les
domaines à tel point que le midrach demande (Yalkoute Chemouni chap 22) : que signifie qu’Adam a été mis dans le jardin « pour
le travailler et le garder ? » Le travailler c’est l’étude de la Torah, le garder c’est garder les mitsvot. Après la faute, Hachem a
donné un impôt à l’homme : il doit maintenant fournir des efforts et ce sera là une condition pour recevoir ce qu’Hachem décrètera
pour lui à Roch Hachana. Cela étant, c’est toujours Hakadoch Baroukh Hou qui enverra ses malakhim et qui avec une hachgah’a
pratite (providence particulière) se chargera de rassasier l’homme dans tous les domaines, mais sous la condition que l’homme luimême fournisse des efforts. En aucun cas, ces efforts ne seront la véritable cause ou le moyen pour que l’homme reçoive sa subsistance, mais puisque l’homme a fauté lorsqu’il était ‘oisif’ Hachem a maintenant décrété qu’il travaille ; ce sera une condition
pour recevoir la brakha déjà fixée et prévue (chacun selon son mérite ou son mazal !). La conduite du monde n’a donc pas changé
c’est toujours Hakadoch Baroukh Hou qui envoie à l’homme sa subsistance.
LE BITA’HON
Le bitah’one (confiance en Hachem) consiste justement à voir, à tenir compte, même à ressentir, que c’est Hachem qui donne à
l’homme sa subsistance et que tout ce dont nous profitons dans la vie ne dépend pas de cet impôt que nous appelons ichtadloute
(fournir des efforts). C’est simplement une malédiction et une condition pour recevoir la brakha qu’Hachem nous envoie toujours
Lui-même et qu’Il a décidé depuis longtemps, bien avant que nous pensions même à la Hichtadlout que nous allons faire. Ce principe-là est écrit assez explicitement dans le Messilat Yecharim (chap. 21) : « la confiance en Hachem consiste à se placer entre les
mains d’Hachem dans tous les domaines en sachant dans son cœur qu’il ne manquera rien à l’homme de ce qu’Hachem a décrété
pour lui à Roch Hachana et que personne d’autre ne pourra nuire à la décision d’Hachem même pas comme l’épaisseur d’un cheveu... La différence par rapport à l’époque d’Adam est qu’Hachem a demandé à l’homme de fournir des efforts et de travailler.
Une fois que l’homme a fourni cette ichtadloute, il est quitte que cette ichtadloute ait réussi ou non et c’est Hachem qui lui apportera sa parnassa... L’homme ne doit donc pas perdre tout son temps à faire des efforts et à développer au maximum cet impôt... Le
véritable chemin consiste à faire de sa Torah et de ses mitsvot l’essentiel et de cet impôt, et de son travail une occupation accessoire. Une fois que l’homme a accompli son devoir de travailler, il ne lui reste plus qu’à placer toute sa confiance en Hakadoch Baroukh Hou afin que son esprit soit tranquille et libre et que son cœur puisse s’occuper de Torah et de la avodat Hachem. »
Rav Zundel de Salant (zatsal) ajoutait qu’il en ressort que l’effort qu’un homme doit fournir sert aussi à faire en sorte que les choses n’arrivent plus miraculeusement comme à l’époque d’Adam Harichone. Dès que la ichtadloute est suffisante pour voiler le miracle, l’homme est quitte des efforts qu’il doit fournir. En ce qui concerne Rav Zundel de Salant lui-même, il disait : « -il me suffit
d’acheter chaque année un billet de loterie pour être quitte de ma ichtadloute car le miracle est ainsi voilé. Si je gagne à la loterie,
on ne verra pas que c’est Hachem qui m’a tout donné miraculeusement. » Evidemment, la majorité d’entre nous n’a pas atteint ce
niveau-là et si nous -mêmes nous nous suffisions d’un billet de loto une fois l’an, sans fournir aucun travail, nous dirions : je reçois
des miracles extraordinaires d’Hakadoch Baroukh Hou ce qui prouve que nous devons opérer autrement. Mais au niveau de Rav
Zundel de Salant, cet effort-là suffisait à masquer le miracle mais aussi à payer son impôt de Ichtadlout.
LA HICHTADLOUT ET BITAH’ON : UN COUPLE DIFFICILE À UNIR
Rav Dessler explique que des problèmes surviennent lorsqu’on veut faire trop de ichtadloute mais aussi lorsque d’un autre côté,
nous n’en faisons pas assez. → Celui qui agit beaucoup et qui dit qu’ « il ne laisse rien au hasard » montre bien qu’il attend ses
résultats de son propre effort ce qui est, selon les mots de Rav Dessler « de l’orgueil et de l’hérésie », dans la mesure où la subsistance vient d’Hachem et que l’effort fourni n’est qu’un impôt à payer, qui n’a pas de lien avec la réussite de l’homme déjà fixée à
Roch Hachana. ← Inversement, celui qui fait trop peu de ichtadloute et compte trop sur des événements miraculeux comme ils se
sont produits pour Rabbi Zundel de Salant, peut arriver à regretter son chemin (h’as véchalom) car il se peut qu’Hachem le mette à
l’épreuve et ne donne pas suite à son choix de vie. Rav Dessler explique que prendre un chemin de Torah et de mitsvot pour le regretter ensuite est également très négatif ; il aurait mieux valu que la personne grandisse à son rythme plutôt que de sauter les
étapes et tomber de haut.
L’homme doit donc choisir un chemin équilibré, une ichtadloute cachère dans laquelle il peut respecter toutes les mitsvot et qu’il
lui reste du temps pour étudier la Torah. Il ressort de cette analyse que l’homme doit réfléchir et bien peser quel devra être l’effort
suffisant afin que la chose ne lui apparaisse comme un miracle mais également ne pas chercher à en faire trop car en aucun cas cela
n’augmentera sa parnassa ou ses chances de réussite mais serait plutôt un manque de Emouna (foi).
LE DEVOIR DES CŒURS (H’OVOT HALÉVAVOT)
Le H’ovot Halevavot au début de son chapitre sur la confiance en Hachem écrit : L’un des plus grands intérêts du bitah’one pour
ceux qui servent Hachem et étudient la Torah est la sérénité de l’âme que procure le fait d’avoir une pleine confiance en Hachem
Itbara’kh à l’image d’un serviteur qui a confiance en son maître. Et celui qui ne place pas sa confiance en Hachem placera,
forcément, cette confiance en quelqu’un d’autre ou en quelque chose d’autre. Lorsque nous ôtons notre bitah’on d’Hachem, Hachem enlève alors son intervention et nous livre entre les mains de celui sur lequel nous nous sommes appuyés et s’appliquera
alors à nous le verset d’Irmiya (2.13) : De mauvaises choses a accompli mon peuple, ils m’ont abandonné, Moi, leur source d’eau
vivante afin de se creuser des puits, des puits, cassés.

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