Etude d`une nouvelle de Bradbury : le dragon I. Une situation

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Etude d`une nouvelle de Bradbury : le dragon I. Une situation
© Edouard, collège Aumeunier-Michot
Etude d’une nouvelle de Bradbury : le dragon
I.
Une situation mystérieuse
1. Un lieu inquiétant : la lande (1-9 ; 76-93)
-
Le lieu de l’action est imprécis. Il ne peut être situé sur une carte.
C’est un espace silencieux, sans vie (1-4).
Il fait nuit (6-7). Les deux personnages ont du mal à distinguer le décor qui les
entoure. (8-9)
Les conditions climatiques sont déplorables. Il fait froid (93). Un tempête se
lève : vent violent (78-79), brouillard, pluie (85-91). Les personnages sont
désorientés, n’ont plus de repères.
2. Un univers médiéval
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L’action a lieu vers l’an 900. (54)
Les deux personnages sont des chevaliers. Ils viennent de quitter leur château
(19). Ce sont des combattants à cheval (53-54), prêts à livrer bataille avec leur
épée (15). Ils endossent leur armure (72).
Malgré leur peur, les chevaliers ne renoncent pas à leur mission bien que
beaucoup aient échoué avant eux (47-49). Le courage est une vertu
chevaleresque : ils sont prêts à mourir (72-73)
Le dragon est un animal fabuleux. Le merveilleux est souvent présent dans les
romans de chevalerie ( ex : le lion apprivoisé ou la fontaine magique dans
Yvain ; Merlin l’enchanteur dans les romans arthuriens…)
II. Le récit d’un combat.
1. Le point de vue est interne : le lecteur n’en sait pas plus que les deux
personnages.
-
Les deux personnages ne sont pas présentés dans la situation initiale. On ne
sait pas pourquoi ils allument un feu (8), pourquoi ils sont effrayés (12).
Leur mission n’est révélée que progressivement (21-22).
2. Le portrait du dragon est terrifiant.
C’est un monstre qui dévore ses victimes. L’accent est mis sur sa violence
(44-46), sa rapidité de mouvement (40) avec des déplacements imprévisibles (7072) comme ceux d’un serpent (105-107).
- Le champ lexical du feu (« braises ardentes / traits de feu / étincelles /
enflammant »)… évoque l’enfer.
- L’aspect physique de l’animal est évoqué à travers son unique œil rond de
couleur jaune (102, 116-118, 119-120…) qui fait implicitement référence à un
cyclope.
3. L’action est racontée en temps réel (94-130).
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Le dialogue renforce le suspense (94-95 ; 114-115 : phrases exclamatives).
Un compte à rebours est déclenché jusqu’à l’apparition du dragon.
4. L’écriture est cinématographique (champ / contre-champ) : les chevaliers
(94-99) / le dragon (100-107) / les chevaliers (108-115) / le dragon (116-119)
jusqu’au choc (120-130).
5. Les verbes d’action sont nombreux (121-124) et apparaissent dans le
champ lexical du combat de chevalerie (charger, désarçonner…).
III. La situation finale est surprenante.
1. La nouvelle est construite pour aboutir à une « chute ».
-
1-93 Situation initiale : deux chevaliers angoissés attendent l’arrivée d’un
dragon qu’ils ont décidé de combattre.
94-130 Point culminant du récit : le monstre surgit et écrase les deux hommes.
131-148 Situation finale : il s’agit en fait d’un train ; le conducteur, surpris par
l’apparition des deux hommes, n’a pu éviter le choc.
2. La révélation finale est retardée le plus longtemps possible.
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-
Dans la description du dragon, le vocabulaire et les procédés de style utilisés
(personnification, images) peuvent s’appliquer aussi bien à l’animal fabuleux
qu’à un train (œil, souffle…)
Le vocabulaire applicable uniquement au train apparaît très tardivement :
sifflet (138), vapeur (140), train (143).
3. Il s’agit d’un récit de science-fiction.
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Comment est-il possible de juxtaposer deux époques différentes (le moyen
âge et le XXème siècle) dans le même récit ?
Le dérèglement temporel est une hypothèse qui permet de faire coexister
deux univers parallèles dans un lieu particulier.
4. Ce thème est discrètement annoncé tout au long du récit, dans la description
de la lande.
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C’est un lieu indéfini, un espace « vide » (88), proche du « néant » (77).
C’est un lieu éternel, (56-57), hors du temps (2-6), qui semble venir « du fond
des âges » (79) où l’homme n’a pas sa place (85-87).
C’est un lieu maléfique où de nombreux êtres vivants ont perdu la vie depuis
l’origine du monde (83-85)

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