Rue du Théâtre - Cabaret Sauvage

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Rue du Théâtre - Cabaret Sauvage
Rue du Théâtre
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Critique - Théâtre - Bruxelles
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K barré
Bruxelles - Belgique
Complètement barrées
Du 19/03/2014 au 20/03/2014 à 20h30
Par Julie LEMAIRE
avenue Félix Marchal, 1
La Balsamine
Téléphone : 02 735 64 68.
Site du théâtre
Publié le 22 mars 2014
« Il y aura une moule. Des plumes. Des gorilles ». Un cabaret de
cas barrés. De femmes qui ont choisi de parler des femmes.
Peut-on être femme aujourd’hui ? Etriquées dans les images
d'elles-mêmes, leur rapport à l’homme, l’expression renfermée de
leurs corps qui voudraient danser nus au clair de lune mais ne
peuvent montrer une épaule dénudée ? Grand coup de pied textuel
et esthétique dans la fourmilière de notre système, K-barré est à
voir, pour réapprendre à danser !
K barré
de Collectif
Performance / danse / concert
Théâtre
Mise en scène : Barbara Mavro
Thalassitis
Avec : Maria Clara Villa-Lobos, Jessica
Batut, Barbara Mavro Thalassitis, Lydia
Qu’est-ce qu’être une femme dans nos sociétés ? Une diablesse,
une prostituée, une bonne cuisinière, un corps toujours perfectible,
un cul nu sous une bourka, une grosse moule béante ? La nature
même du cabaret permet d’exprimer tous ces clichés, de les
grossir, les montrer à la loupe. Le choix de parler de la féminité
avec ce genre satirique et burlesque par excellence montre un
joyeux bordel fluo et à plumes où texte et danse se mêlent sans
s’illustrer, et où chaque numéro devient un monde dans lequel le
sensuel et le sexuel interrogent nos limites.
Lunch
Création sonore : Luc Vertige
Durée : 1h
Production : Roberta DC
Coproduction: la Balsamine
Lorsque la chorégraphe Barbara Mavro Thalassitis choisit ce sujet,
ses lectures de « Paradoxia » lui reviennent. Elle contacte Lydia
Lunch, icône new-yorkaise du rock and roll, plus connue pour sa
musique et le mouvement punk qu’elle incarne, mais aussi auteure
de textes décapants dont Barbara a plein la bouche.
Lydia Lunch a inventé le « spoken words », texte déclamé,
puissante harangue au rythme saccadé, dans lequel les mots
tranchent et coupent le souffle. Des textes durs, sans espoir et
sans concession avec la vie, un puits dans lequel le spectateur
plonge pour explorer toute la noirceur de notre monde, et lui mettre
un grand coup de pied humoristique.
Nous suivons la traduction sur le mur du fond de la Balsamine,
étonnés de voir s’incarner cette force de vie et de destruction « so
american » devant nous. Lydia Lunch en personne… Ceux qui ne
la connaissaient pas s’en souviendront. Ethnologie, big bang,
violence de la nature, absurdité de la religion, tout y passe, elle
nous convainc avec un dégoût mêlé d’humour qu’on a voulu nous
faire croire qu’il fallait s’émerveiller d’être des torcheuses de culs et
de joyeuses poules pondeuses aux corps déformés par la
maternité.
Jessica Battut, performeuse, Maria Clara Villa-Lobos, danseuse, et
Barbara, chorégraphe de ce spectacle, s’accommodent bien de
cette énorme présence scénique. Elles prennent le contrepoint de
son texte puissant par des numéros plus légers, et construisent un
ensemble à la fois magique, merveilleux et poétique, mais aussi
fatidique pour les consciences endormies.
La danse sort du concept et de l’abstraction pour dire, clamer la
libération des corps et de nos têtes embaumées de
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maquillent, se déguisent en homme buveur de bière assoiffé de
blagues salaces, se dénudent, se font marionnettes « made in
China » passant dans les mains d’appétits orgiaques…La violence
des corps permet d’éclater les carcans, de révéler une nature
enfouie, un besoin de se défaire des images pornographiques et de
la séduction publicitaire pour entrer dans la vraie féminité,
exponentielle et furieuse.
Délire en liberté
Le spectacle a été monté en quinze jours mais réfléchi depuis trois
ans. Un grand recyclage scénographique a transformé le plateau
en un énorme terrain de jeu. Les costumes ont été créés en même
temps que la danse, car ils font partie du mouvement.
Les chorégraphies sont nées à partir des objets fabriqués et
amenés sur le plateau, comme cette grosse moule nous rappelant
que Vénus de Botticelli n’est pas si loin (enfin presque), ou les
énormes têtes de gorilles rachetés au casino de Paris qui nous
accueillent et annoncent un grand moment de délire artistique.
« A l’origine, il n’y avait pas de Dieu… Il y avait simplement la
femme ». Ces mots ne font pas de K-barré une pièce féministe. La
liberté qui danse et envoie tout valser, c’est de la beauté pure, et le
public la reçoit en pleine face. Grand choc de la nature. Grande
réussite que de savoir exprimer la beauté. On attend avec
impatience d'autres dates pour s’en imprégner encore.
Source : www.ruedutheatre.eu
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