julien derouault, danseur et chorégraphe s

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julien derouault, danseur et chorégraphe s
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HOMMAGES. Pour les dix ans de la mort de Françoise Giroud, Alix
de Saint-André sort une biographie de la journaliste et écrivain, Garde
tes larmes pour plus tard. Le même éditeur, Gallimard, publie un récit
autobiographique inédit, Histoire d’une femme libre, et réédite une suite
de portraits parue en 1952, Françoise Giroud vous présente le Tout-Paris.
La Gruyère / Jeudi 24 janvier 2013 / www.lagruyere.ch
Culture
Quand la technologie 3D
se met au service du rêve
DANSE. Marie-Claude Pietragalla
et Julien Derouault ont récemment
levé le voile sur leur nouvelle création.
Fondée sur l’univers d’Ionesco, elle mêle
chorégraphie et technologie de pointe.
ÉRIC BULLIARD
S
Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault explorent l’univers d’Ionesco avec leur «théâtre du corps».
danseurs et chorégraphes parlent
volontiers d’«irréalité virtuelle».
Une révolution
Concrètement, quelque 200 m2
d’images seront projetés, pour former des décors mouvants. «Il ne
s’agit pas d’images en relief, poursuit Julien Derouault,
mais de 3D en immersion. Les spectateurs
n’ont pas besoin de lunettes. Nous sommes
immergés dans les
images, qui réagissent
JULIEN DEROUAULT, DANSEUR ET CHORÉGRAPHE
avec nous, avec nos
mouvements.» Et le danseur de
grâce à la rencontre avec Dassault
comparer cette nouveauté à «une
System, entreprise spécialisée dans
forme de révolution, un peu
l’imagerie 3D. «Quand nous avons
comme quand la lumière est arridécouvert cette technologie, envée au théâtre».
chaîne Julien Derouault, nous ne
Grâce à cinq vidéoprojecteurs et
pensions pas qu’elle était aussi
une technologie présentée comme
avancée.» Pour décrire le résultat
inédite, il devient possible de dande cette rencontre entre un art de
ser avec 3000 rhinocéros ou sur des
la scène et les images 3D, les deux
DISQUES
Nous avons en quelque sorte
“
fabriqué un Alice au pays des merveilles
façon Ionesco.
”
Gianna Nannini
INNO
Sony Music
NOTRE AVIS: ✔ ✔ ✔ ✔
astéroïdes en vol dans l’espace. Des
sols s’écroulent, des personnages
se transforment. «Ionesco disait volontiers “tout ce que nous rêvons
est réalisable”. C’est ce que nous
faisons», sourit Julien Derouault.
Ionesco, notre Lewis Carroll
Selon les deux danseurs et chorégraphes, cette technologie s’applique parfaitement à Ionesco et à
son imaginaire, à sa manière de
faire exploser les codes du théâtre
«pour être dans la sensation. Sa fille
nous a d’ailleurs affirmé qu’il aurait
adoré travailler avec des danseurs.» C’est aussi une autre manière de faire découvrir un auteur
célèbre (tout le monde ou presque
a au moins entendu parler de La
cantatrice chauve), mais mal connu.
«Il est un peu notre Lewis Carroll,
explique Julien Derouault, intarissable sur l’auteur des Chaises. Nous
avons en quelque sorte fabriqué un
Everything everything
ARC
Sony Music
NOTRE AVIS: ✔ ✔ ✔ ✔
Alice au pays des merveilles façon
Ionesco.»
M. et Mme Rêve aura ainsi plusieurs niveaux de lecture: «Il y a des
liens avec l’œuvre d’Ionesco, mais
le spectacle s’adresse aussi à ceux
qui ne la connaissent pas», estime
Marie-Claude Pietragalla. En ajoutant qu’il est tout public: «La danse
doit s’adresser au plus grand nombre.» Même envie d’abattre les frontières du côté de la musique, qui ira
de Laurent Garnier à Wagner, en
passant par Alain Bashung.
«Théâtre du corps»
Figure majeure de la danse
contemporaine, Marie-Claude Pietragalla est déjà venue à Bulle, il y
a deux ans, avec son solo La tentation d’Eve. Cette fois-ci, elle sera en
scène avec Julien Derouault, son
compagnon. Ils ont fondé la compagnie Pietragalla-Derouault en 2004
et n’ont cessé d’explorer ce qu’ils
LIVRES
uite présidentielle d’un grand
hôtel genevois, avec vue sur la
rade et le jet d’eau. La compagnie Pietragalla - Derouault a invité
quelques journalistes et professionnels du spectacle pour présenter M.
et Mme Rêve. Une création qui s’annonce hors du commun où se côtoient la danse, l’univers d’Ionesco
et la technologie 3D. Elle passera
par la salle CO2 de La Tour-deTrême le 16 mars.
Tout de noir vêtus, Marie-Claude
Pietragalla et Julien Derouault rivalisent d’enthousiasme pour évoquer cette nouvelle chorégraphie,
encore en travail au moment de la
conférence de presse. «Elle est le
fruit de deux aventures, explique la
danseuse étoile. D’un côté, l’univers
d’Ionesco, que nous avons approfondi, notamment en rencontrant sa
fille. Nous avons créé notre propre
histoire, poétique, fantasmagorique, à partir de son état d’esprit et
de son théâtre, qu’il qualifiait d’insolite et non pas d’absurde.»
Deuxième volet de cette aventure: sur cette histoire où «il est
question de couple, de vie, de mort,
de solitude, d’enfance», s’est greffée une dimension technologique,
appellent «le théâtre du corps» en
mêlant leurs deux univers.
Avant M. et Mme Rêve, la compagnie a déjà régulièrement abattu des
frontières et fait appel à d’autres
types d’écriture, que ce soit du côté
du cirque, du film d’animation, des
marionnettes… Mais jamais encore
ils n’avaient travaillé avec un
concept aussi original et exigeant.
«Mais ce n’est pas un laboratoire, insiste Marie-Claude Pietragalla. Nous
respectons les codes du spectacle
vivant: cette technologie de pointe
est toujours au service du propos
artistique, du voyage poétique que
nous proposons au spectateur.» ■
www.pietragallacompagnie.com.
La Tour-de-Trême, salle CO2,
samedi 16 mars. www.labilletterie.ch
Retrouver les articles de la page
Culture, avec des bonus, à l’adresse
www.bloglagruyere.ch
Benjamin Black
LA DISPARITION
D’APRIL LATIMER
Nil / 372 pages
NOTRE AVIS: ✔ ✔ ✔ ✔
La Nannini
telle qu’en elle-même
Pop complexe
Un roman noir plutôt gris
Deux ans tout juste après Io e te, porté par l’impeccable
single Perfetto, Gianna Nannini est de retour. La rebelle
à la voix éraillée apparaît souriante sur la pochette,
comme apaisée par la maternité qu’elle a découverte
à 54 ans et qu’elle évoque dans Ninna Nein. Chanson
un rien mielleuse, mais on peut le pardonner à une jeune
maman, non?
Comme l’indique son titre, Inno ressemble à un
hymne à la vie, même quand le ton se fait nostalgique
(Tornerai). Peu de surprises pour ce 18e album, partiellement écrit avec Tiziano Ferro: la Nannini rugit toujours
à merveille, distille rage et ironie (Sex, drugs and beneficenza) alors que le fidèle arrangeur Will Malone alterne
couches de violons et rock vintage (Sceglie me) ou rugueux (Dimmelo chi sei). Avec, toujours, ce sens mélodique qui fait le charme du rock italien, mais qui, de ce
côté des Alpes le fait souvent passer pour sirupeux. EB
Question mauvais goût, difficile de faire pire… Au moment de
baptiser leur combo, Ies quatre Mancuniens d’Everything everything ont forcément dû subir une vilaine panne d’inspiration.
Mais le chapitre des décisions douteuses s’arrête là. Arc, leur
second opus, était annoncé comme la sortie à ne pas manquer
en ce début d’année. A juste titre.
Pop et complexe: deux termes a priori antinomiques qui
définissent parfaitement ce magnifique album. Chaque titre
est construit avec subtilité, laissant une place importante à
d’adroits bidouillages sonores.
Les poses de voix de Jonathan Higgs – souvent
agrémentées d’harmonies vocales – sont étincelantes,
les rythmiques fouillées et réfléchies, alors que
chaque arrangement est posé avec délicatesse et efficacité.
L’ensemble en ressort très léché, poliché, scintillant. La perfection? Non. Pas sûr que la voix de tête de Higgs, parfois plus
entêtée qu’entêtante, convienne à tous… LtR
Dublin, années 1950. La liberté affichée par la jeune April
Latimer dérange. Est-ce pour cela qu’elle a disparu?
Phoebe Griffin le pense, alors que s’accumulent les révélations sur sa meilleure amie. Elle demande à son père,
Quirke, médecin légiste excentrique et alcoolique, de mener une enquête qui le conduira dans la haute société, sur
fond de secrets familiaux, de racisme et de rigueur catholique.
John Banville, alias Benjamin Black pour les polars,
signe la troisième aventure de Quirke. Las! Un héros insuffisamment défini, une intrigue assez poussive et un manque
de tension nuisent au suspense. L’humour très discret et
l’érotisme plus policé que polisson sont insuffisants pour
maintenir l’appétit du lecteur. Ce polar de petite tenue satisfera peut-être les inconditionnels de Quirke, mais les autres risquent de se sentir frustrés à la lecture d’un roman
qui se veut noir, mais s’avère plutôt gris. ML