Partenariats associations - entreprises : vers l

Partenariats associations - entreprises :
vers l’innovation sociétale !
RELATIONS ASSOCIATIONS-ENTREPRISES : UN MOUVEMENT EN MARCHE !
Comment qualifier l’évolution des relations entre associations et entreprises ? Rares sont les
sujets qui ont aussi radicalement changé en quelques années.
Lorsque l’ORSE a publié son guide ONG-entreprises en 2006, les projets de co-construction
concernaient essentiellement quelques grandes entreprises pionnières engagées notamment à
l’international. A l’époque, les relations associations-entreprises étaient principalement perçues
au travers du mécénat qui était en plein essor. Quant à l’expertise associative pour aider les
entreprises à progresser sur ses démarches de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), au
travers d’une réflexion sur les pratiques responsables, elle faisait à peine son apparition. Plus
encore, les tensions et les postures entre ces deux mondes étaient encore très marquées.
En 6 ans, même si la confrontation entre ONG* et entreprises n’a pas disparu, ces deux acteurs
sont aujourd’hui dans une logique de concertation, voire de co-construction pour faire émerger
ensemble des solutions innovantes tant pour réponde aux enjeux de Société qu’à leurs propres
défis. Les initiatives se sont multipliées, et ne sont plus limitées aux grandes structures. Tant en
France qu’à l’international, les actions conjointes deviennent de véritables leviers de performance.
C’est la raison pour laquelle l’ORSE et le RAMEAU ont décidé de publier une nouvelle version du
guide « partenariats stratégiques ONG-entreprises », illustré par des cas pratiques représentatifs
des nouvelles tendances. Il se compose de :
- Un guide pratique pour éclairer les entreprises et les ONG sur les évolutions et les enjeux de
ces relations ainsi que sur la typologie des partenariats,
- Des études de cas venant illustrer la diversité des modèles de coopération ainsi que des
périmètres d’actions et des acteurs impliqués.
*Organisation Non Gouvernementale : Le terme ONG est usuellement réservé aux associations intervenant sur un
périmètre international, reconnues par une Institution publique. En France, seules 1.000 organisations environ
relèvent de cette définition. Dans ce guide, par mesure de simplicité, le terme d’ONG sera étendu pour qualifier
toutes les structures d’intérêt général que leur périmètre d’intervention soit international, national ou local, quel
que soit leur domaine d’action en matière de bien commun.
© Association Le RAMEAU – 9 rue Raymond du Temple – 94300 Vincennes –Tél 01-53-66-99-70 - www.lerameau.fr
2012
Le RAMEAU : Lorsque humanisme et efficacité se rencontrent !
DES PARTENARIATS DE DIFFERENTES NATURES
Les entreprises et les ONG, qui mettent en place des partenariats, sont motivées par une palette
d’objectifs différents. Certaines entreprises vont prioritairement chercher à mobiliser leurs
collaborateurs autour d’un projet fédérateur et /ou à accroitre le dialogue avec leurs parties
prenantes ; alors que d’autres vont davantage viser à capter de nouvelles tendances ou faire
évoluer leurs pratiques. Les associations peuvent, quant à elles, souhaiter tisser des relations avec
les entreprises pour diversifier leurs ressources financières et humaines ; mais aussi renforcer
l’impact de leur projet associatif au travers d’alliances nouvelles, notamment sur leurs projets
d’innovation sociétale. En fonction des objectifs visés, 4 catégories de partenariat sont adaptés1.
-
Le mécénat : précurseur des relations associations – entreprises en France, il consiste
principalement en un soutien financier, humain, matériel ou logistique à une association
d’intérêt général. Les retours pour l’entreprise sont la capacité à mobiliser les salariés autour
d’une cause commune, ainsi qu’un impact à long terme sur sa réputation. Dans ce type de
relation, le mécène et l’association conservent une très grande souplesse, car elle implique
peu les deux acteurs.
-
Les pratiques responsables : l’association contribue à l’amélioration des pratiques de
l’entreprise et l’aide à conduire le changement nécessaire dans le cadre d’une démarche de
responsabilité sociétale. L’entreprise bénéficie ainsi du domaine de compétences de
l’association (environnement, handicap, insertion…).
-
La coopération économique : l’objectif est la contribution de chacun des partenaires à une
offre commune. Historiquement développée par les ONG internationales et les grandes
entreprises dans les pays en voie de développement au cours des années 1990, la coopération
économique émerge aujourd’hui en France, par exemple au travers des réponses communes
aux appels d’offres des collectivités territoriales.
-
L’innovation sociétale : cette catégorie met l’accent sur la capacité des associations à inventer
de nouvelles solutions pour répondre à des besoins non encore pourvus sur les territoires,
notamment en faveur des publics fragiles. Les entreprises peuvent mettre leur capacité
d’industrialisation au service de l’association pour l’aider à déployer à grande échelle une
innovation sociétale. Ils inventent alors ensemble les modalités d’essaimage adaptées.
LES QUATRE CATEGORIES DE PARTENARIAT 1
1
Ces quatre catégories de partenariats sont issues des travaux de recherche appliquée du RAMEAU basés sur une étude de plus de 300
cas pratiques de partenariats.
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Le RAMEAU : Lorsque humanisme et efficacité se rencontrent !
Afin d’illustrer concrètement la diversité des partenariats, 12 études de cas sont détaillées
dans le guide. Elles décrivent l’enjeu de bien commun qui mobilise les partenaires, les
objectifs de chacun, la description des actions ainsi que des moyens déployés, et enfin les
résultats concrets de ces partenariats. Le tableau ci-dessous en donne les caractéristiques.
Association
Entreprise
Enjeu d’Intérêt
général
Catégorie
Type
Taille
Territoire
Care
Société Générale
Droits des enfants
Mécénat
Mécénat
traditionnel
GA / GE
International
Apprentis
d’Auteuil
Fondation Paul
Bocuse
Formation des
jeunes en difficulté
Mécénat
Engagement
actif
GA / Mut de
PME
Régional
Emmaüs France
GDFSuez
Précarité
énergétique
Mécénat
Partage
d’expertise
GA / GE
National
Lions First Sight
Madagascar
Essilor
Accès aux soins
optiques
Innovation sociétale
Partage
d’expertise
GA / GE
International
CRESUS
Banque Postale
Financement
Surendettement
Innovation sociétale
Partage
d’expertise
GA / GE
National
Emmaüs Défi
SFR
Fracture
numérique/téléphonie
Innovation sociétale
R&D sociétale
PMA / GE
National
FIDH
Carrefour
Droits de l’homme
Pratiques
responsables
Audit des
pratiques
GA / GE
International
Jaccede.com
La Poste
Handicap
Pratiques
responsables
Audit des
pratiques
PMA / GE
National
Jardins de la
montagne verte
Sati
Environnement
Pratiques
responsables
Alternative
d’intérêt général
PMA / PME
Régional
Emi Inter
Wolf
IAE
Coopération
économique
Alternative
d’intérêt général
PMA / PME
Régional
DNDI
Sanofi
Accès aux
médicaments
Coopération
économique
Coopération
économique
GA / GE
International
ARES
Norbert
Dentressangle
Insertion
Coopération
économique
Modèle hybride
PMA / GE
Régional
*GA : grande association – GE : grande entreprise – PME : petites et moyennes entreprises – PMA : petites et moyennes associations
DES RESULTATS SIGNIFICATIFS
L’analyse de 30 études de cas2 représentative de la diversité des relations entre les associations et
les entreprises a permis de mettre en lumière les principaux enseignements de leurs partenariats.
 Trois bénéficiaires des partenariats associations-entreprises
Les partenariats stratégiques mis en place sont source de valeur ajoutée à la fois pour la
structure bénéficiaire et son partenaire ; mais aussi pour le bien commun. Le souci de
répondre à des enjeux de société est aujourd’hui de plus en plus présent dans les objectifs
des partenariats. Chacun des partenaires y puise de nouveaux leviers de performance
(innovation, mobilisation de compétences, diversification des ressources, partage de
pratiques…), et renforce ainsi sa capacité à répondre à ses propres défis. De plus, c’est aussi
une dynamique importante pour le territoire où agissent les partenaires. C’est en effet un
moyen de mieux faire face aux défis sociétaux auxquels tous les acteurs sont confrontés.
2
L’Observatoire national des partenariats associations – entreprises a identifié 300 partenariats significatifs en France. Il en a ensuite
sélectionné 30 qui ont fait l’objet d’une analyse approfondie, puis formalisé 12. Il publiera régulièrement de nouvelles études de cas.
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Le RAMEAU : Lorsque humanisme et efficacité se rencontrent !
 Des démarches essentiellement empiriques
La mise en place d’un partenariat entre association et entreprise est souvent le fruit d’une
démarche longue entre les deux acteurs. Pour être durable, il doit répondre aux enjeux
stratégiques des deux parties. Cette temporalité permet de bâtir une confiance solide entre
les partenaires, indispensable à la bonne réalisation du partenariat et à l’appréhension de
leurs différences culturelles.
Deux faits déclencheurs apparaissent être le plus souvent à l’initiative d’un partenariat.
Dans certains cas, la gestion d’une difficulté pousse l’un des acteurs à sortir de sa zone de
confort et à s’ouvrir. Mais la plupart du temps, le rapprochement entre les deux structures
est le fruit d’une rencontre entre deux personnes qui, au-delà des différences, ont perçu la
richesse que pouvait apporter cette collaboration.
Les difficultés de mise en œuvre et l’inertie inhérente au choc des cultures nécessitent,
pour être dépassées, d’être motivés par une véritable volonté d’engagement
réciproque…ou par la découverte progressive de la valeur ajoutée partagée d’une
démarche partenariale. C’est donc la « stratégie des petits pas » et l’empirisme de la
démarche qui permettent progressivement à chacun des partenaires de trouver des
solutions pour avancer ensemble.
 Un besoin grandissant de structuration
Une faiblesse réside dans l’évaluation des résultats pour les acteurs impliqués et plus
encore des impacts sur l’intérêt général. Même si tous les acteurs interrogés dans le cadre
de cette étude s’accordent sur leur nécessité impérieuse, les démarches d’évaluation
restent balbutiantes.
Plus encore, les partenariats les plus matures soulignent l’importance de dépasser la seule
approche empirique pour s’engager dans une démarche plus structurée. Dans ce cadre,
l’accompagnement par un tiers de confiance est souligné comme un gage d’équilibre et un
accélérateur de la relation. La mission de « médiateur », ou de « catalyseur », reste
pourtant largement à définir car tous reconnaissent que la complexité de la relation
nécessite un véritable professionnalisme.
Ainsi, la co-construction reste encore l’apanage des pionniers qui ont franchi avec succès
les différentes étapes de la rencontre à la réussite conjointe. Ils témoignent de la valeur
ajoutée de la démarche lorsqu’elle est bien conduite. Gageons que le guide de l’ORSE et
les études de cas du RAMEAU contribueront à faciliter le passage à l’acte de ceux qui
hésitent encore à franchir le pas !
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