Le Burkina Faso vote aux législatives et municipales, un test pour

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Le Burkina Faso vote aux législatives et municipales, un test pour
Le Burkina Faso vote aux législatives et municipales, un test pour Compaoré
Écrit par AFP
Dimanche, 02 Décembre 2012 18:48 - Mis à jour Dimanche, 02 Décembre 2012 18:53
Les Burkinabè votaient dimanche dans le calme pour des législatives et des municipales, des
élections à valeur de test pour le régime de Blaise Compaoré, secoué l'an dernier par des
troubles et suspendu à la question de la succession du président en 2015. Depuis l'ouverture à
06H00 (locales et GMT), les électeurs se rendaient tranquillement aux bureaux de vote, a
constaté à Ouagadougou un journaliste de l'AFP. Ces scrutins sont "importants pour la
promotion de la démocratie", a déclaré devant des journalistes le président Compaoré, au
pouvoir depuis le coup d'Etat militaire de 1987.
Selon lui, grâce aux "règles équitables" du vote, "il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait pas un
scrutin calme et paisible".
Seul incident rapporté jusque-là: une urne a été volée et six autres ont été saccagées dans un
village de la municipalité de Banfora (sud-ouest) par de jeunes manifestants, a indiqué la radio
nationale. Ils étaient furieux que le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès
(CDP), n'ait pas de candidat dans cette bataille municipale, après l'invalidation de sa liste par la
justice il y a plusieurs semaines.
Quelque 4,3 millions de personnes sont attendues aux urnes pour ces élections couplées, qui
s'achèveront à 18H00. Les résultats sont attendus d'ici jeudi.
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Si le puissant CDP part grand favori, ces scrutins ont valeur de test, car ce sont les premiers
depuis la crise du premier semestre 2011 dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest. Une vague
de mutineries, en même temps que de violentes manifestations populaires, avait alors failli
emporter le régime.
Ces troubles, "je ne souhaite même pas que ça arrive à un ennemi. Ca a peut-être mis le pays
en retard d'un ou deux ans", a confié à l'AFP Amina Dermé, mère de famille de 53 ans.
C'est aussi le dernier grand rendez-vous électoral avant 2015, terme normal du dernier mandat
du président.
Sa succession hante le "pays des hommes intègres" (Burkina Faso, en langues locales).
Certains de ses partisans poussent M. Compaoré à une révision de la Constitution pour lui
permettre de se représenter. Mais il est souvent soupçonné de vouloir passer le relais à son
frère cadet et conseiller François Compaoré.
Candidat aux législatives dans la capitale, "François" est depuis quelques mois le nouvel
homme fort du CDP. Au nom du "renouvellement" au profit des jeunes et des femmes, de
nombreux caciques ont été brutalement congédiés des instances du parti, avant d'être privés
d'investitures pour ce dimanche.
Trop d'injustices
Ce que beaucoup considèrent comme une "purge" a suscité de fortes tensions au sein du camp
au pouvoir, même si elles se sont peu exprimées publiquement: la politique va de pair avec le
secret à Ouagadougou.
Le CDP détenait 73 sièges - sans compter les 26 de ses alliés - sur les 111 de l'Assemblée
nationale précédente (16 sièges de plus sont à pourvoir cette année). Il dirige aussi l'écrasante
majorité des 351 communes.
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L'opposition part encore une fois en rangs dispersés. Il lui sera donc toujours aussi difficile de
troubler le jeu.
Mais Mohamed Zongo, chauffeur de 27 ans, a "voté pour le changement": "ça fait des années
que ce sont toujours les mêmes (...). Il y a trop d'injustices dans ce pays".
Après avoir crié constamment à la fraude lors des élections, comme à la présidentielle de 2010,
l'opposition peut se féliciter que, suivant ses voeux, l'enregistrement des électeurs ait été
réalisé selon un système biométrique, considéré comme une garantie de transparence.
Depuis la fin des troubles de l'an dernier, le pouvoir a su reprendre les choses en main, mais le
front social s'est réchauffé récemment dans ce pays où près de la moitié des quelque 16
millions d'habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Tourné dimanche vers ses enjeux intérieurs, le Burkina est aussi très impliqué dans une crise
régionale sans précédent. Blaise Compaoré est le médiateur de l'Afrique de l'Ouest au Mali
voisin, dont le Nord est contrôlé par des islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi).
Par Romaric Ollo HIEN
AFP
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