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Nº 310 - 2016 NOUVELLE FORMULE Maurice MEDINE VEUT SÉDUIRE LES ÉTUDIANTS AFRICAINS Thierry Sauzier, Managing Director de Medine Property qui développe l’International Campus for Sustainable and Innovative Africa Placements financiers Que faire quand on a de l’argent ? Océan Indien Offensive du Japon Réunion En marche vers l’autosuffisance alimentaire Réunion - Mayotte 5 € / Madagascar 12 500 ariary / Maurice Rs 150 SOMMAIRE L’ÉDITO D’ALAIN FOULON 7 Je commence à aimer les Anglais DÉCRYPTAGES 8 Échos, confidences et analyses LEADER RÉUNION 16 Shenaz Zadvat-Ghanty vous propose des bureaux à vivre MAURICE 18 20 Le Réunionnais Youssouf Kassamaly propose un réseau social d’écrans Nicolas Merven va tirer sa révérence le 31 décembre Willem van der Berg va développer CIM Global Business en Afrique PERFORMANCE RÉUNION 24 26 30 32 La marche vers l’autosuffisance alimentaire Avec Réunimer, la sécurité alimentaire s’affiche en bleu Hydrô Réunion veut remettre à flot la filière aquacole Vivéa développe des productions et des savoir-faire qui s’ouvrent des marchés à l’export MAURICE 36 Virage stratégique pour le village éducatif de Medine OCÉAN INDIEN 38 41 Le Japon ne veut pas laisser le terrain de la coopération à la Chine La Réunion organise le forum international de la transformation numérique L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 3 SOMMAIRE ID 42 48 52 54 56 58 60 Foncier économique : un outil de développement et d’attractivité du territoire Dossier : Avoir de l’argent est devenu un vrai casse-tête L'or repart mais l'argent a le plus fort potentiel de hausse Quelles sont vraiment les conséquences économiques du Brexit ? La résidence-services seniors de Domitys à Maurice propose un revenu net de 3,7% La première résidence seniors de l’Outre-mer français à Sainte-Marie Toutes les clés pour préparer au mieux la transmission de son entreprise Bernard Lugan : « Toute l’Afrique du Nord est menacée d’embrasement » GREEN 64 66 68 Mieux-être : L’honnêteté est un booster du développement professionnel Mieux-être : Mettez vous au repos ! L’aromathérapie : une vraie médecine naturelle HAPPY FEW 70 78 80 82 Des entreprises sous le feu des projecteurs Vins : les bonnes bouteilles à découvrir Porsche Cayenne S e-hybrid : SUV branché Horlogerie : La Vulcain 50s Presidents’ Chronograph Heritage BULLETIN D’ABONNEMENT EN PAGE 15 ÉDITEUR : L'Eco austral SARL au capital de 61 000 euros RC 95 B 621 Technopole de La Réunion 2, rue Émile Hugot BP 10003 97801 Saint-Denis cedex 9 Tél. : +(0) 262 41 51 41 Fax : +(0) 262 41 32 14 PHOTO DE COUVERTURE Édition régionale : Guillaume Foulon Édition Maurice : Davidsen Arnachellum REPRÉSENTANT À MAURICE Éditions Australes Internationales Ltd 8, rue d'Artois, Port-Louis, Ile Maurice Tél. : (230) 211 7165 Fax : (230) 211 5605 [email protected] Directeur général : Alain Foulon Commission paritaire n°1216 K 86953 ISSN 1260-3007 RÉDACTION - Directeur : Alain Foulon Tél. : +(230) 211 7075 [email protected] RÉDACTION RÉUNION - Philippe Stéphant Tél. : 0692 28 11 66 [email protected] Nº 310 - Juillet 2016 RÉDACTION MAURICE - Jean-Michel Durand (responsable) Tél. : +(230) 211 7096 [email protected] - Davidsen Arnachellum Tél. : +(230) 5 255 4525 [email protected] - Youvraj Mangar Tél. : +(230) 211 7009 [email protected] RÉDACTION MADAGASCAR - Njaratiana Rakotoniaina Tél. : +(261) (0) 33 12 877 41 [email protected] www.ecoaustral.com PUBLICITÉ RÉUNION - Réunion Editions : 2 rue Léon Dierx - 97400 Saint-Denis Tél : 0262 41 30 08 Contact : Gilles Michel - Tél : 0692 95 00 39 [email protected] PUBLICITÉ POUR MAURICE - Sales Manager : Françoise Cotry Tél. +(230) 211 7167 [email protected] DIRECTRICE DU DÉVELOPPEMENT - Sharon Pudman - Tél. +(230) 5 422 8996 [email protected] PUBLICITÉ POUR MAYOTTE - Pierre-Yves Broca Tél. : +(0) 692 87 85 11 PUBLICITÉ POUR MADAGASCAR L’Éco austral Madagascar Immeuble ZEPHIR III, 16 Rue Lumumba Tsaralalana - BP 1722 101 Antananarivo Tél : 020 22 317 66 - Vololonirina Rambinintsoa Mobile : 034 01 289 96 [email protected] - Ravaka « secrétariat » Mobile : 032 03 317 66 [email protected] MISE EN PAGE/SUIVI DE PRODUCTION - Pierre-Alain Appadoo / Nathalie Denis [email protected] IMPRESSION Precigraph Ltd - Tél. : +(230) 212 1546 Dépôt légal : Juillet 2016 Directeur de la publication : Alain Foulon L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 5 COMMUNIQUÉ Leal Réunion : un service après-vente 2.0 www.lealservice.re, un site web pour vérifier la mise à jour de son véhicule en quelques cliques. lealservice.re, un nouveau service pour établir un lien avec les propriétaires de BMW et de MINI et leur permettre de vérifier si leur véhicule est concerné par une action de modernisation ou de rappel. Une initiative remarquable de Leal Réunion dans le cadre de son programme qualité. En octobre 2013, lorsque le groupe Leal s’est vu confier la distribution des marques BMW et MINI à La Réunion, il n’a pas pu récupérer les fichiers clients. D’où l’idée judicieuse d’utiliser Internet pour renouer le contact tout en apportant un service après-vente 2.0 qui demeure un atout important dans la promotion et la fidélisation d’une marque automobile. Quelle que soit leur date d’acquisition, les propriétaires de BMW et de MINI peuvent ainsi vérifier si leur véhicule est concerné par une action de modernisation ou de rappel. LA MARCHE À SUIVRE EST TRÈS SIMPLE Il suffit de se connecter sur le site www.lealservice.re, d’y rentrer ses coordonnées et le numéro de châssis du véhicule concerné. Une réponse est délivrée immédiatement. Dans le cas où le véhicule est concerné par une action de rappel ou de modernisation, le site invite à contacter la concession souhaitée (Saint-Denis ou Saint-Pierre) pour convenir d’un rendez-vous afin d’organiser l’intervention dans les meilleurs délais. L’intervention est ainsi entièrement prise en charge par le constructeur, aussi bien pour les pièces que pour la main-d’œuvre. 6 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 LA PLATEFORME LEALSERVICE.RE EN TROIS QUESTIONS 1 - Lorsque le véhicule est concerné par une campagne de rappel ou de modernisation, l’intervention est-elle payante si le véhicule n’est plus sous garantie ? Non, l’intervention est entièrement gratuite et prise en charge en totalité par le constructeur pour les pièces et la main-d’œuvre. En cas de demande complémentaire ou suite au contrôle du véhicule, un devis est systématiquement proposé si des réparations additionnelles s’avèrent nécessaires. 2 - Un véhicule de remplacement est-il mis à disposition lors de l’intervention ? Ces opérations sont généralement réalisées rapidement sur une demi-journée, voire une journée complète. Il n’est donc pas prévu de véhicule relai, sauf pour les clients titulaires d’un contrat inclusive Care Package. 3 - Doit-on se connecter régulièrement sur le site pour vérifier le statut du véhicule ? Non, il n’est pas nécessaire de le consulter régulièrement. Il suffit d’établir le premier contact et le concessionnaire assure le suivi nécessaire. JE COMMENCE À AIMER LES ANGLAIS n a beaucoup écrit sur le référendum britannique du 23 juin qui a ouvert la porte au « British Exit » (Brexit). Pour la plupart des médias grand public, le ton était dramatique. Des éditorialistes larmoyants en parlaient comme d’une catastrophe nucléaire. Certains commentateurs remettaient en cause la légitimité démocratique d’un référendum. D’autres se proposaient de conditionner le droit de vote des citoyens à l’obtention d’un diplôme. Ils n’osaient pas parler de « camp de rééducation » pour les 51,9% d’électeurs britanniques qui avaient « mal voté », mais ils semblaient le penser très fort. Les démocrates sont ainsi, ils aiment la démocratie quand elle va dans leur sens, mais la rejettent quand elle s’oppose à leur pensée unique. Ils ont d’ailleurs très bien accepté la fraude, aujourd’hui manifeste, en Autriche, parce qu’elle permettait de battre un affreux candidat étiqueté comme « néo-nazi ». O LES PEUPLES AVAIENT DÉJÀ DIVORCÉ Tout cela nous ramène au choix des Anglais et l’on pourrait citer Churchill au passage qui disait que « la démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ». En ce qui me concerne, je commence à les aimer, ces Anglais. En tant que français, ce n’était pas forcément dans ma nature. Lorsque j’en croisais, je prenais un malin plaisir à évoquer mes ancêtres les Normands qui avaient envahi leur pays. L’Histoire regorge de coups tordus entre les deux pays et De Gaulle ne voulait pas des Anglais dans l’Europe. Un France-Angleterre de rugby prend toujours des allures de bataille homérique. Mais là, vraiment, je commence à aimer les Anglais qui nous donnent une leçon de démocratie et crèvent un abcès qui commençait à nous pourrir la vie. Depuis 2005 et le rejet du projet de Constitution européenne par les Français et les Hollandais, le divorce était consommé entre les peuples et les élites bruxelloise qui ne s’en souciaient guère dans leur folie des grandeurs et poursuivaient l’élargissement de ce qui ressemblait de plus en plus à une espèce d’« URSS molle », selon l’expression de l’économiste Charles Gave. J’en profite pour recommander la vidéo de l’ancien dissident soviétique Vladimir Boukovski (https://www.youtube.com/watch?v= KHOuc12J4W4) dans laquelle il argumente cette comparaison entre l’Union européenne et l’URSS. EDIT O ON PAR ALAIN FOUL LA RÉDA - DIRECTEUR DE CTION IL N’EXISTE PAS D’EUROPE POLITIQUE Le drame de l’Europe est de n’avoir pas pu acquérir de réelle dimension politique. Première puissance économique mondiale sur le papier, elle ne pèse pas sur la scène politique internationale. Trop désunie et discordante, élargie trop vite, unie seulement, pour certains de ses membres, par une monnaie unique qui est un non-sens économique. Si de nombreux jeunes Européens sont encore prêts à mourir pour leur patrie, combien sont-ils prêts à mourir pour Bruxelles ? Très tatillonne sur le plan réglementaire, voulant régenter la vie quotidienne de ses citoyens et ses entreprises, l’Union européenne est impuissante politiquement, castrée volontairement. Inféodée aux Etats-Unis qui apprécient évidemment cette impuissance et ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour favoriser la rupture entre Bruxelles et Moscou. L’EUROPE DOIT S’ÉMANCIPER DES ÉTATS-UNIS L’Europe n’est pas capable d’assurer sa défense et c’est la France, dont les forces armées sont amoindries, qui combat seule ou presque les mouvements islamistes en plusieurs points de l’Afrique. L’OTAN est dominée par les Américains qui financent cette organisation à 75%. Comme l’explique le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre et professeur de stratégie à Sciences Po, « ce n’est pas la France qui doit quitter l’OTAN, mais les États-Unis. L’OTAN doit progressivement se transformer en pilier européen autonome et indépendant des États-Unis, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La prise de conscience doit être rapide : la défense de l’Europe devra être le fait exclusif des Européens. » (*) Nous en sommes très loin et l’on peut malheureusement craindre que la nomenklatura bruxelloise ne campe sur ses positions atlantistes tout en jetant un regard méprisant sur le peuple britannique qui vient de lui faire un bras d’honneur. Au final, la surdité et l’arrogance de cette nomenklatura la conduiront à sa perte. Et l’euro disparaîtra sans doute bien avant la livre sterling. (*) Entretien publié dans la revue « éléments » N°160, mai-juin 2016. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 7 DÉCRYPTAGES MAURICE Pour son exercice clôturé au 31 mars 2016, la compagnie nationale mauricienne annonce un résultat net de 16,5 millions euros alors qu’elle avait perdu 22,9 millions d’euros au cours de l’exercice précédent. Plusieurs éléments ont contribué à ce spectaculaire redressement. Avec un taux de remplissage en hausse de 5,1%, le chiffre d’affaires, qui s’élève à 488,3 millions d’euros, a connu une progression de 5,4%. La compagnie a réduit également ses coûts d’exploitation. Mais surtout, elle a profité d’un euro plus fort par rapport au dollar. Quand on sait qu’elle paie son carburant en dollars et réalise la plus grosse part de ses recettes en euros, on comprend l’incidence d’une telle évolution. De plus, il semble qu’elle commence à profiter de la baisse du prix des carburants en sortant d’une « couverture » qui lui avait fait perdre beaucoup d’argent au cours des années précédentes. Il faudra cependant attendre de disposer des comptes détaillés pour définir avec précision ce paramètre. Quoi qu’il en soit, la compagnie se montre plus agressive sur le terrain et a décidé de mettre fin au contrat qui la liait à Rogers pour sa représentation à Madagascar. Une représentation vieille de 22 ans. Air Mauritius est donc présente en direct dans la Grande île depuis juillet, une destination sur laquelle elle DR Avec 16,5 millions d’euros de résultat net, Air Mauritius reprend de l’altitude La compagnie a amélioré son résultat opérationnel, mais a profité également d’une parité dollar-euro plus favorable et d’une sortie partielle de sa couverture carburant. envisage de passer prochainement à un vol quotidien (elle propose pour le moment six vol hebdomadaires). Elle est également intéressée par une entrée dans le capital d’Air Madagascar, dans la mesure où cette compagnie a signifié récemment son intention de l’ouvrir. Enfin, le « Air Corridor » lancé avec l’aéroport de Singapour représente un grand défi dans le cadre de son expansion en Afrique. Le nouveau CEO de la compagnie mauricienne, Megh Pillay, arrivé aux commandes début mars, ne souhaite pas pour le moment s’exprimer sur sa stratégie, d’autant qu’il doit faire face à l’arrivée de compagnies lowcost asiatiques. RÉUNION Cette structure, dédiée à l’innovation et au développement numérique, suscite la création de start-up qui anticipent les nouveaux usages des consommateurs d’eau ou d’autre services. C’est le cas de Majikan et de Payboost dont des représentants sont venus présenter fin juin leur activité à La Réunion, premier département d’Outre-mer retenu pour leur implantation. Majikan propose une planification digitale des agents de terrain. « Il s’agit d’envoyer les bons techniciens au meilleur moment et au bon endroit », résume Xavier Le Gall, ingénieur commercial de la start-up, qui évoque la création d’un « Majikan réunionnais » qui pourra s’adapter aux besoins de chaque commune. En effet, si le premier client de Majikan reste Veolia, ses services s’adressent également à des clients extérieurs comme les services techniques des communes et les bailleurs sociaux. « La planification, c’est un nouveau métier et il existe un énorme potentiel de développement », souligne Geoffroy Mercier, directeur régional de Veolia. Même stratégie de développement pour Payboost dont le président, Frédéric Dittmart, est actionnaire au côté de Veolia avec qui il a créé la start-up en janvier 2016. Il est venu personnellement à La Réunion présenter ses services à des clients potentiels. Il s’agit cette fois de solutions digitales et sociales de facturation, paiement et recouvrement. Un source d’économie importante alors que 98% des factures sont encore envoyées par la poste. « Des envois qui coûtent plus cher chaque année », remarque Frédéric Dittmart. Payboost a l’avantage de s’adapter à la capacité de chaque client de payer, notamment à certaines périodes du mois. Et le paiement par smartphone sera proposé d’ici la fin de l’année. « On passe de la proximité au monde de l’accessibilité », résume Frédéric Dittmart. 8 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Guillaume Foulon La stratégie start-up de Veolia avec NovaVeolia De gauche à droite : Albert Lebon, responsable du développement de Veolia Réunion, Geoffroy Mercier, directeur régional, Frédéric Dittmart, président de Payboost et Xavier Le Gall, ingénieur commercial chez Majikan. MAURICE S E G A T P DÉCRY Peut-on croire en l’avenir de la MauBank ? R MADAGASCA DR Alors que cette banque publique vient de s’implanter à Rodrigues, on peut s’interroger sérieusement sur sa stratégie et même sur sa raison d’être. Première question : est-ce vraiment la vocation de l’État de développer une banque alors que le marché n’en compte pas moins de vingt ? Le gouvernement mauricien invoque le besoin de soutenir les PME, mais il existait pourtant une banque de développement qu’il suffisait de restructurer, sans parler de certains fonds de soutien aux PME qui n’ont même pas été utilisés, comme celui géré par BDO. Il aurait peut-être mieux valu créer un fonds de garantie pour faciliter l’accès des TPE et PME aux concours bancaires, plus simple et moins coûteux. Deuxième question : est-ce qu’en réunissant deux éclopés, on obtient une personne parfaitement valide ? En l’occurrence, les deux éclopés La MauBank vient d’ouvrir une succursale à Rodrigues, modeste marché de 42 000 sont la Mauritius Post Commercial Bank (MPCB) et la Bramer habitants. Un geste surtout politique… Bank qui était devenue la National Commercial Bank (NCB). Selon l’opposition, ces deux établissements étaient plombés par des prêts toxiques et des dettes à hauteur de 943 millions d’euros. Un gouffre financier dans lequel l’État mauricien a déjà englouti quelque 32,5 millions d’euros. Troisième question : la stratégie qui consiste à viser tous les segments du marché a t-elle une chance de s’imposer alors que ce marché reste étroit et que plus des deux tiers sont détenus par deux poids lourds, la MCB et la State Bank ? Sans compter que la MauBank affiche son ambition de figurer dans le peloton de tête. Une ambition qui va demander beaucoup d’argent sans garantie de résultat. Le japonais Nexi en appui au projet minier d’Ambatovy La délégation japonaise, conduite par Satoru Koyama, vice-président de Nexi, et Kakuda Takanari, chargé d’affaires à l’ambassade du Japon, a rencontré le chef de l’État malgache. Au cours de la mi-juin, la Nippon Export and Investment Insurance (Nexi) a effectué une mission de prospection dans la Grande île. Il s’agit d’une agence d’État japonaise qui accompagne les entreprises et les investisseurs, notamment nippons, en leur offrant des garanties sous la forme d’assurance-crédit à l’exportation et d’assurance-investissement. Elle a ainsi la possibilité d’anticiper l’évolution du marché de façon à répondre de manière appropriée aux besoins des opérateurs. Lors de sa visite, la délégation, conduite par Satoru Koyama, vice-président de Nexi, et Kakuda Takanari, chargé d’affaires à l’ambassade du Japon, a rencontré le chef de l’État malgache. Satoru Koyama a souligné sa volonté d’accompagner le développement économique et social dans la Grande Île. La discussion s’est ainsi portée sur l’engagement des investisseurs japonais dans le projet minier d’Ambatovy, détenu à 32,5% par la firme nipponne Sumitomo. La délégation s’est engagée à proposer une assurance-investissement sur une échéance de dix ans. L’exploitation de nickel et de cobalt d’Ambatovy pourra ainsi reprendre des couleurs à l’heure où le cours mondial des matières premières demeure faible. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 9 DÉCRYPTAGES RÉUNION Le caviste Nicolas, qui appartient au groupe Castel depuis 1988, est une véritable institution en France avec une histoire remonte à 1822. Leader dans l’Hexagone, avec 487 magasins et un chiffre d’affaires de 280 millions d’euros en 2015, il est encore peu présent à l’international avec seulement 8 magasins au Royaume-Unis, 5 au Maroc, 1 au Liban et 2 en Suisse. Il compte aujourd’hui sur la forte présence de Castel à La Réunion pour se développer dans la zone. Le groupe Castel, premier négociant français dans le vin et troisième mondial, est aussi le deuxième producteur de bières et boissons gazeuses sur le continent africain. À Madagascar, il est propriétaire depuis 2011 des Brasseries Star qui produisent, entre autres, la bière THB et Coca Cola. Mais le vin, c’est plutôt l’affaire de Covino, la filiale réunionnaise de Castel qui développe notamment une activité d’embouteillage en plus de ses représentations de marques de vins et spiritueux. Un premier magasin Nicolas a ouvert à La Réunion en 2000, suivi de cinq autres, dans les différentes régions de l’île. Leur nombre devrait être porté à 10 d’ici à fin 2018, que ce soit à travers des créations ou des reprises car ce développement se réalise à partir de la master franchise détenue par Covino. Même principe pour les autres îles de l’océan Indien où Covino choisit des partenaires de poids pour exploiter la franchise. À Maurice, il s’agit de PNL (filiale à 51% du groupe Leal) qui Guillaume Foulon Covino-Castel développe l’enseigne Nicolas à Maurice et à Madagascar De gauche à droite : David Cailleux, directeur des ventes de Nicolas Réunion et Jean-Philippe Vandercamer, directeur général de Castel Réunion. Tout le développement de l’activité vin de Castel et de l’enseigne Nicolas dans l’océan Indien est désormais assuré par Covino à partir de La Réunion. se diversifie dans ce secteur avec Castel pour les vins et Diageo pour les spiritueux. Une première cave Nicolas est annoncée pour ce mois de juillet dans le centre commercial de Bagatelle. D’autres caves pourraient ouvrir à l’horizon 2018 même si le marché mauricien est déjà bien occupé et se révèle nettement moins important que celui de La Réunion. Mais le développement touristique fournit un segment de consommateurs qui prend du poids d’année en année. À Madagascar, la première cave Nicolas est également annoncée pour ce mois de juillet 2016, dans la zone Zital, à Tananarive où se concentre une frange non négligeable de consommateurs à fort pouvoir d’achat. C’est le groupe Taloumis qui a été retenu comme franchisé. Un poids lourd présent dans de nombreux secteurs de l’économie et qui distribuait déjà les vins Castel via les Brasseries Star. Covino souhaite aussi implanter Nicolas à Mayotte et aux Seychelles à l’horizon 2020. R MADAGASCA Njaratiana Rakotoniaina Le salon de l’industrie veut profiter de l’impact du sommet de la Francophonie De gauche à droite, les organisateurs du salon : Michel D. Ramiaramanana, de l’Agence Première ligne, Fredy Rajaonera, président du Syndicat des industries de Madagascar (SIM) et Sendra Rakotovao, directrice exécutive du SIM. 10 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Événement organisé tous les deux ans par le Syndicat des industries de Madagascar (SIM), le troisième salon de l’industrie malgache se tiendra au parc des expositions Forello, à Tananarive, du 24 au 27 novembre. L’objectif est de mobiliser un maximum d’acteurs de l’industrie malgache, des plus petits aux plus grands, et aussi des entreprises dans des activités connexes. Les organisateurs visent une centaine de participants répartis sur 250 stands et 25 000 visiteurs en profitant de la tenue du sommet de la Francophonie à la même période. L’ambition du salon est d’être la vitrine du « Made in Madagascar », avec des ventes sur place, tout en montrant le poids de l’industrie dans l’économie. Fredy Rajaonera, président du SIM, souligne que le secteur contribue à hauteur de 25% au Produit intérieur brut (PIB) et que « les industriels sont prêts à relever le défi du développement ». À ce sujet, il est prévu lors du salon des débats entre les entrepreneurs et les représentants de l’Administration. DÉCRYPTAGES MAURICE La fusion s’est réalisée en douceur, le 1er juillet, sans opposition des actionnaires minoritaires, convaincus par la stratégie d’Arnaud Lagesse, président du conseil d’administration d’IBL et CEO du groupe GML. Il faut dire que GML Investissement, l’une des deux holdings du groupe GML, était actionnaire à hauteur de 48,70% d’IBL, contrôlait son « board » et intégrait donc son chiffre d’affaires dans ses comptes. Les actionnaires minoritaires auront bien sûr droit à des actions, selon les valorisations effectuées, dans la nouvelle entité IBL Ltd qui devait faire son entrée à la Bourse le 14 juillet. Judicieusement, l’enseigne IBL, qui jouit d’une forte notoriété à Maurice, a été conservée. Pour GML, il ne s’agit pas d’une opération de croissance externe puisque le chiffre d’affaires d’IBL (405 millions d’euros au 30 juin 2015) était pris en compte et représentait d’ailleurs 56,25% du chiffre d’affaires consolidé du groupe. Il s’agit plutôt d’une restructuration visant à réaliser de sérieuses économies d’échelle en évitant d’avoir deux secrétariats de compagnie, deux services de communication, deux directions des ressources humaines et même deux fondations… L’objectif est aussi et surtout de générer des synergies d’activités et de stratégies à travers une seule entité plus performante, se développant dans neuf secteurs d’activité : l’agrobusiness, le commerce, la construction, les services financiers, l’hôtellerie, l’innovation (considérée comme une activité à part entière), la logistique et l’immobilier. Le Français Yann Duchesne, qui avait été recruté en janvier 2016 comme CEO d’IBL, a été désigné comme directeur opérationnel de la nouvelle entité avec le titre de Group CEO-Operations. Ce polytechnicien et diplômé de l’école des Mines, fort d’une longue expérience dans le conseil et le capital-investissement, travaillera directement sous la responsabilité d’Arnaud Lagesse. IBL La fusion entre GML Investissement et IBL va permettre des économies et des synergies Arnaud Lagesse (à gauche), CEO Group de la nouvelle entité IBL Ltd, et le Français Yann Duchesne qui en devient le CEO Group-operations. N OCÉAN INDIE « C’est une grande avancée pour la connectivité numérique dans l’Indianocéanie ». Alors qu’il s’apprête à quitter, en ce mois de juillet 2016, son poste de secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), Jean-Claude de L’Estrac finit en beauté son mandat, lui qui rêve faire de l’océan Indien une nouvelle Estonie (*). Le premier forum Indian Ocean Network (ION 2016), organisé à Tananarive les 28 et 29 juin par l’UCCIOI en partenariat avec la COI, a permis de réunir sept opérateurs importants : Blueline, Canal+ Telecom, Emtel, SRR, Telco OI, Telma et Zeop. Si Orange était absent, cette réunion a permis néanmoins la signature d’un protocole d’accord de coopération en vue de l’installation d’un nouveau câble régional sous-marin à très haut débit. Ce câble, baptisé METISS pour MElting poT Indianoceanic Submarine System, reliera à l’horizon 2018 Maurice, La Réunion et Madagascar au continent africain pour se connecter aux autres câbles internationaux. Ce projet au coût de 75 millions d’euros bénéficiera du soutien de l’Union européenne et de l’Agence française de développement (AFD). Résolument régional et volontairement partagé, il reste ouvert à d’autres opérateurs et partenaires. Pour le moment, Orange ne semble guère convaincu. Mireille Hélou, directrice d’Orange Réunion-Mayotte, estime que les câbles sous-marins qui desservent actuellement La Réunion, Safe et Lion 1, sont suffisamment dimensionnés et ont une longue durée de vie. Elle réfléchit plutôt à un second câble pour Mayotte afin de sécuriser Lion 2 qui dessert cette île. Jean-Claude de L’Estrac n’est pas sur la même longueur d’onde puisqu’il a déclaré durant le forum que « la situation est préoccupante pour l’océan Indien car les câbles sous marins sont proches de leur fin de vie ». (*) Ce petit pays européen de 1,3 million d’habitants est une référence mondiale en matière de développement numérique. DR Un nouveau câble sous-marin sans Orange Le premier forum Indian Ocean Network (ION 2016), organisé les 28 et 29 juin à Tananarive par l’Union des chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI) en partenariat avec la COI, a permis de réunir les opérateurs Blueline, Canal+ Telecom, Emtel, SRR, Telco OI, Telma et Zeop. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 11 Le leader mondial du tourisme, également propriétaire de la compagnie Corsair, prend très au sérieux la destination mauricienne qui profite de son climat, de son hospitalité et d’une forte croissance de son industrie touristique. Autant d’atouts pour une clientèle européenne qui se fait moins nombreuse en Méditerranée. Les réservations ont d’ailleurs enregistré une hausse de 50%. Le voyagiste allemand prévoit l’introduction des vols additionnels entre Maurice et la Grande-Bretagne, les PaysBas, la Belgique et les pays scandinaves. Les vols de Thomson Airways, au départ de l’aéroport de Manchester depuis avril 2014 et de l’aéroport de Londres-Gatwick depuis novembre 2015, ont enregistré une croissance à deux chiffres. Le groupe TUI (Touristik Union International) envisage de lancer prochainement son premier hôtel de type « Sensimar ». Un concept développé pour les couples qui célèbrent leur mariage. L’hôtel BluMarine, qui est en rénovation, rouvrira ainsi ses portes en tant que Sensimar Lagoon Hotel. Les représentants du groupe ont combiné leur venue à Maurice, du 18 au 21 juin, avec un voyage de presse en invitant 90 journalistes et blogueurs allemands et autrichiens DR Le groupe TUI veut accélérer son développement Une délégation de TUI (Touristik Union International) s’est rendue à Maurice du 18 au 21 juin en compagnie de 90 blogueurs et journalistes allemands et autrichiens. Sur notre photo, de gauche à droite : Philippe Hitié, directeur général de SummerTimes, filiale de TUI et son représentant à Maurice, Mario Köpers, directeur de communication du groupe, Oliver Dörschuck, Chief Operating Officer (COO) et Bernd Hoffmann, chef du Newsdesk/International Markets. MAURICE MAYOTTE Le groupe Eden reprend le « Jardin Maoré » Le groupe Eden Les produits laitiers Mia distribués par le groupe Currimjee est actionnaire de l’Antsanitia Resort, à Majunga (côte ouest de Madagascar), un écolodge conçu selon un modèle de DR DÉCRYPTAGES MAURICE tourisme intégré. Selon « France Mayotte Matin » le rachat de l’hôtel de Pierre Stefanica, situé dans le sud de la Grande île, sur une belle plage de baobabs, devait être finalisé en ce mois de juillet 2016. Le groupe Eden a été créé à La Rochelle en 2008 par Edgard Valero. Spécialisé dans la conception et la production de logements à vocation sociale et environnementale, il s’est diversifié dans l’océan Indien avec Eden Austral qui a réalisé à Mayotte trois programmes immobiliers depuis 2007, pour un total de 100 logements. Eden Austral est aussi actionnaire de l’Antsanitia Resort, à Majunga (côte ouest de Madagascar), un écolodge de 33 bungalows qui s’est vu attribuer le label Green Globe. L’établissement a été conçu selon un modèle de tourisme intégré, en lien avec trois villages de pêcheurs situés à proximité. 12 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Avenport Investment, le « family office » d’Eric Series, créateur et propriétaire de la marque Mia, a confié la distribution exclusive de ses produits frais made in Mauritius au cluster Food & Beverages du groupe Currimjee. Aven- Mia est une marque locale lancée en avril 2014 et qui port a développé une dispose de sa propre production de lait. véritable filière en investissant quelque 10 millions d’euros dans Agreenculture, une ferme et laiterie qui comprend 600 vaches de race pure Jersey. Un véritable défi dans une île où l’on a pris l’habitude de consommer du lait en poudre. En 2013, la production locale de lait était en progression mais n’atteignait que 6,5 millions de litres pour une consommation s’élevant à 120 millions de litres. Dans un premier temps, Agreenculture a dû d’ailleurs écouler la plus grosse part de sa production auprès de l’industrie agroalimentaire. D’où l’intérêt vital de développer la marque Mia pour doper la production de lait et réaliser plus de valeur ajoutée. DÉCRYPTAGES MADAGASCA R Tout reste à faire dans les échanges commerciaux entre Madagascar et la Turquie, qui ne s’élèvent qu’à 46 millions d’euros alors qu’ils atteignent les 600 millions d’euros avec la Chine. Mais depuis la desserte de la capitale malgache par Turkish Airline, les relations sont passées à la vitesse supérieure. La Fédération des chambres de commerce et d’industrie de Madagascar (FCCIM) et le Conseil des relations économiques étrangères de Turquie (DEIK) ont décidé de créer un Conseil d’affaires entre les deux pays. Il s’agit d’un partenariat privé-privé visant à mettre en lien direct les entreprises malgaches et les investisseurs turcs. À travers l’identification des besoins des opérateurs, le Conseil assemblera et communiquera à ses membres les données statistiques et les informations dans le domaine du commerce, de l’investissement et des autres coopérations économiques. La promotion des activités commerciales demeure l’un des objectifs principaux de ce conseil économique bilatéral. On parle de ventes de produits de rentes malgaches et de produits alimentaires et mécaniques turcs, mais pas seulement. Le Conseil voudrait promouvoir les jointventure de PME dans la construction, l’industrie, l’énergie, la santé et la haute technologie. Pas moins de 66 entreprises turques, membres de la DEIK, étaient d’ailleurs représentées lors de la signature de la convention afin de sonder les opportunités dans ces secteurs. Enfin, le nouvel accord bilatéral vise à contribuer au développement de la collaboration technique et industrielle entre les sociétés et les institutions économiques des deux États. Dans ce cadre, le Conseil s’engage aux échanges d’expérience dans les domaines de la formation et de l’assistance aux entreprises. Pour la Turquie, Madagascar représente une nouvelle base de développement sur un continent où elle est de plus en plus présente. DR La desserte de Turkish Airlines donne des ailes à la coopération La compagnie turque propose, depuis le 8 février, 289 sièges, quatre fois par semaine, sur la ligne Istanbul-Plaisance-Ivato. RÉUNION Avec un nouveau président, Stéphane Fouassin, proposé par la Région Réunion et élu en avril dernier, et un nouveau directeur, Willy Ethève, l’organisme de promotion et de développement du tourisme réunionnais vient de présenter sa feuille de route pour l’année à venir. Une feuille de route qui se définit par rapport à la révision du SDATR (Schéma de développement et d’aménagement touristique de La Réunion) et vise à accroître les recettes. Il s’agit donc de conquérir de nouvelles clientèles, d’augmenter la fréquentation touristique et d’augmenter la durée des séjours. Pour cela l’IRT veut capitaliser sur un « tourisme expérientiel ». Dès le mois de septembre, et à l’occasion du salon Top Résa, sa nouvelle communication et son plan d’action seront présentés au grand public et à l’ensemble des acteurs du tourisme. Dès à présent, l’IRT a entrepris de nouvelles actions de valorisation de la destination. Parmi celles-ci, la nomination de Dimitri Payet comme ambassadeur d’honneur de l’île ou encore la venue des candidates à l’élection de Miss France 2017 pour faire rayonner de façon positive la destination sur ses marchés. En complément à ces quelques grands événements, dont la liste n’est pas exhaustive, l’IRT compte renforcer les actions de son réseau d’ambassadeurs d’ici le mois de septembre. L’organisme s’emploie, dans sa feuille de route 2016, à optimiser l’accompagnement des professionnels du tourisme local à travers une expertise en communication et en montage de projets, un soutien sur les produits innovants permettant de valoriser « l’expérience Réunion » et une montée en qualité et en gamme en confortant le label Qualité Tourisme Île de La Réunion (QTIR). Marco Iacobucci EPP/Shutterstock.com Île de La Réunion Tourisme met Dimitri Payet dans sa feuille de route Le Réunionnais Dimitri Payet, le joueur le plus populaire de l’équipe de France de football, va faire partie des ambassadeurs de La Réunion dont les actions seront renforcées. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 13 Implantée depuis moins d’un an à Madagascar, la China Harbour Engineering Company (CHEC) a déjà raflé deux marchés importants. Elle s’est vu confier en effet la construction de la nouvelle route de 11 kilomètres reliant la capitale à l’aéroport international d’Ivato pour 43 millions d’euros. Les travaux ont déjà commencé et devraient s’achever d’ici fin octobre car la route est prévue pour le sommet de la Francophonie. Pour réaliser cette infrastructure, CHEC a fait appel à 104 ingénieurs et techniciens chinois, ainsi qu’à 750 employés. Elle a également alloué 8,9 millions d’euros à l’achat de matériels et d’équipements neufs provenant directement de Chine. Selon les responsables de l’entreprise, cette importation était nécessaire en raison des contraintes d’agrément et de conformité spécifiées dans le projet. Celui-ci est sous contrôle de l’Office national de l’Environnement et de la société indépendante Louis Berger International. CHEC doit également réaliser un projet de 10 millions d’euros portant sur l’édification de la base aéronavale d’Ivato. Les travaux, qui dureront sept mois, concernent la construction de bureaux et de dortoirs. Avec ces deux projets, la CHEC assoit ainsi un peu plus la présence à l’international de sa maison mère, la China Communications Construction Company Ltd (CCCC). Classée parmi les 500 premières entreprises internationales, la CCCC entreprend, aux quatre coins du globe, des projets en cours de réalisation d’une valeur de plus de 14 milliards d’euros. Dans cette optique, elle a créé un réseau de 70 bureaux et succursales répartis dans plus de 80 pays et régions. CHEC Le Chinois CHEC à la rescousse du sommet de la Francophonie CHEC doit aussi réaliser la base aéronavale d’Ivato, un projet à 10 millions d’euros. RÉUNION RÉUNION Jean-Claude Pech organise la fête de l’Indépendance des Seychelles Corex Solar, Réuniwatt et Solar Trade au salon EES-Intersolar L’homme d’affaires bien connu, désormais consul honoraire des Seychelles, a organisé le 29 juin une belle réception dans sa résidence de La Montagne, à SaintDenis. Accueillant une centaine d’invités pour un cocktail dînatoire, il leur a offert un feu d’artifice de qualité. Parmi ces invités de marques, dont le général commandant les FAZSOI (Forces armées de la zone sud de l’océan Indien), Franck Reignier, l’hôte officiel était le diplomate seychellois Callixte d’Offay. Ancien secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, ce dernier est aujourd’hui ambassadeur dans la région et également conseiller du président seychellois James Michel. Ce 29 juin, les Seychelles fêtaient leurs 40 ans d’indépendance et Callixte d’Offay a souligné les relations étroites entre La Réunion et son pays. Une semaine plus tard, le Club Export Réunion accueillait une délégation d’acheteurs seychellois venus découvrir des fournisseurs réunionnais du 5 au 7 juillet. Les entreprises représentées étaient la Seychelles Trade Corporation (supermarchés), le Global Supply Centre (distributeur et grossiste de produits agroalimentaires), Skychef (avitaillement des avions) et le groupe hôtelier Constance. 14 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Davidsen Arnachellum DÉCRYPTAGES R MADAGASCA Callixte d’Offay, ancien secrétaire général de la COI, est aujourd’hui ambassadeur des Seychelles dans la région et conseiller du président James Michel. Ce salon de référence dans le solaire s’est tenu du 22 au 24 juin 2016 à Munich et Nexa, l’agence de développement de La Réunion, a assuré l’accompagnement de ces trois entreprises. Corex Solar, spécialisée dans les solutions photovoltaïque, a pu enrichir son portefeuille de contacts avec cinq fournisseurs potentiels, deux partenariats identifiés et trois projets prometteurs. En ce qui concerne Réuniwatt, connue pour son expertise dans les énergies renouvelables à travers l’intégration de manière sécurisée de l’énergie solaire dans les installations électriques, elle a pu renforcer ses liens existants et nouer de nouveaux contacts pertinents. Pour sa part, Solar Trade, spécialiste en matière de construction de centrale en autoconsommation à destination des industriels, a présenté son système Autogrid 3.0 et 10.0, suscitant la rencontre d’une trentaine de prospects. Solar Trade a notamment officialisé un partenariat de distribution à La Réunion de la marque LG Solar, lauréate de la meilleure innovation de modules photovoltaïques lors de l’Intersolar Award 2016. BULLETIN D’ABONNEM ENT BULLETIN À DÉCOUPER NOM : ................................................................................... PRENOM : ............................................................................. ENTREPRISE : ..................................................................... Nº 307 - avril 2016 FONCTION : .......................................................................... Nº 308 - mai 2016 Nº 308 - mai NOUVELLE Réunion E NOUVELLE FORMUL EXTERNALISERN LE BO PLAN Réunion Maurice Maurice QUEL L’AVENIR POUR LA BOURSE ? Maurice La Bourse doit s’ouvrir davantage Océan Indien Réunion des cartes Redistribution le ciment dans Comment profiter du retour de la croissa nce Réunion Forum en partenariat avec au Tecoma Business culturelle L’intelligence ess Forum Un dossier au Tecoma Busin avec en partenariat Réunion - Mayotte 5 12 500 ariary € / Madagascar 12 500 ariary / Maurice Rs 150 de 22 page Maurice Les TIC dan mondiale s la guerre des tale nts Didier Robert, président de la Région Réunion, bénéficie de nouvelles opportunités avec l’Union européenne. Réunion - Mayotte 5 € / Madagascar FORMULE UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE ires Les publicita rnational brillent à l’inte Réunion - Mayotte 2016 ADRESSE POSTALE : .......................................................... NOUVELLE FORMULE / Maurice Rs 150 5 € / Madaga scar 12 500 ariary / Maurice Rs 150 Réunion Un économ nouveau modèl ique ave c l’Europ e e l’habitatEn pointe dans bioclimatiq ue s EMAIL PERSO : ................................................................... TEL : .................................................................................... FAX : .................................................................................... Pour Maurice, merci de préciser votre BR Number et émettre le chèque à l’ordre d’Editions australes internationales Ltd. 1 an = 11 numéros + 1 hors-série Bulletin à remplir et à retourner avec votre règlement à : MAURICE Editions australes internationales Ltd 8, rue d’Artois, Port-Louis Tél : + (230) 211 71 65 Fax : + (230) 211 56 05 E-mail : [email protected] MAYOTTE/RÉUNION MÉTROPOLE/SEYCHELLES L’Eco Austral Technopole de La Réunion 2, rue Emile Hugot BP 10003 - 97801 Saint-Denis cedex 9 RIB : BFC 18719 00080 00802670500 62 Tél : 0262 41 51 41 Fax : 0262 41 32 14 E-mail : [email protected] MADAGASCAR Je souscris un abonnement au mensuel L’Eco Austral (11 parutions par an + 1 hors-série), au montant annuel de : ......................................... MADAGASCAR : 140 000 AR MAURICE : Rs 2 000 MAYOTTE : 80 € RÉUNION : 80 € SEYCHELLES : 100 € FRANCE MÉTROPOLITAINE : 100 € AUTRE : nous consulter. L’Eco Austral Immeuble ZEPHIR III 16 rue Lumumba-Tsaralalana BP 1722 101 Antananarivo Madagascar Tél (fixe) : (+261) 20 22 317 66 Fax : (+261) 20 22 317 88 E-mail : [email protected] Ê www.ecoaustral.com Shenaz Zadvat-Ghanty, gérante d’Offital. 16 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Philippe Stéphant LEADER Réunion SHENAZ ZADVAT-GHANTY VOUS PROPOSE DES BUREAUX À VIVRE Avec son entreprise Offital, elle orchestre la montée en gamme, esthétique et qualitative, des aménagements de bureaux et a su bâtir son leadership sur une offre innovante et diversifiée. Par Philippe Stéphant D irigée par Shenaz Zadvat-Ghanty, Offital développe à La Réunion une expertise, aujourd’hui unique, en aménagement de bureau. La jeune chef d’entreprise, qui s’est investie dans cette spécialité dès l’âge de 19 ans, a su créer l’ambiance qui faisait défaut dans un univers d’acheteurs masculins. « Mon coup de cœur pour ce métier a bénéficié de la confiance accordée par mon père au sein du groupe Zadvat. Cette liberté d’entreprendre m’apporte toujours la joie de commencer chaque journée, dédiée à la valeur travail qui a fait mon éducation ». Il y a trente ans, Mamode Zadvat, peu satisfait de l’offre locale au moment d’équiper ses bureaux, décidait de créer une offre en complément de l’importation de tissus et d’équipements d’intérieur. UNE VRAIE DÉMARCHE QUALITÉ « L’activité de mon grand-père, Ismaël Zadvat, devait être diversifiée. Parallèlement à l’importation de meubles, la vente de mobilier de bureau a débuté en centre-ville de Saint-Denis, plutôt positionnée sur le premier prix », se souvient Shenaz Zadvat-Ghanty. En 1998, Mamode Zadvat décidait de créer Offital, rue Jean Chatel. « J’ai pris la direction de l’entreprise qui est rapidement devenue leader en agencement de bureaux et réalise, aujourd’hui, plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. » Pour faire face à son développement, Offital a migré à Sainte-Marie et a ouvert, en 2014, un showroom de 800 mètres carrés lui permettant d’élargir sa gamme de produits. Offital propose aujourd’hui du mobilier de bureau en moyenne et haut de gamme avec une capacité de stockage de 2 500 mètres carrés, lui apportant une grande réactivité en tant que grossiste. La couleur mauve du site et le parfum diffusé à l’intérieur innovent dans ce secteur d’activité. « Un homme trouverait cela superflu, s’amuse Shenaz Zadvat-Ghanty. Nous avons lancé en 2014 une gamme B2C, en home design, et proposons les produits Home Fragrance en exclusivité. Nous savons équiper le bureau complet, avec les éclairages, le design et la décoration. Et désormais les habitations, en salle à manger, cuisine et luminaires « Nous savons équiper le bureau complet, avec les éclairages, le design et la décoration. Et désormais les habitations, en salle à manger, cuisine et luminaires d’intérieur et d’extérieur. » d’intérieur et d’extérieur. » Offital s’est rapprochée du concept d’enseignes européennes haut de gamme, souvent présentes dans les secteurs du bureau et de l’habitat. Seule à proposer une gamme aussi complète, l’entreprise est aussi la seule certifiée ISO 9001 dans son secteur d’activité. Cette démarche lui permet de maîtriser la performance dans tous ses volets opérationnels. LA GAMME PROVIENT À 40% D’ITALIE MAIS AUSSI D’ASIE ET DES ÉTATS-UNIS Sur 19 collaborateurs, 11 opèrent en logistique, selon des modes opératoires très précis, pour la livraison comme pour le montage des produits. « La part des marchés publics dans notre clientèle s’est réduite de 55% à 40% et nous vivons encore un contexte de crise, mais les employeurs recherchent aujourd’hui la qualité et la durabilité des équipements. L’ergonomie devient prépondérante pour l’achat de fauteuils et, plus largement, pour le bien-être au travail. » Mère de trois enfants, Shenaz Zadvat-Ghanty (le nom de son mari, Ghanty, n’ayant pas de lien avec celui du groupe éponyme) voyage également à la recherche de nouveautés présentant de bonnes certifications, en Europe, en Asie et aux États-Unis. En Europe, c’est surtout l’Italie qui est son pays de prédilection, d’où proviennent 40% de sa gamme. Il est vrai que les Italiens sont des rois du design. Une touche d’élégance et d’innovation à laquelle la dirigeante d’Offital associe toujours son souci de durabilité. ■ L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 17 LEADER Réunion LE RÉUNIONNAIS YOUSSOUF KASSAMALY PROPOSE UN RÉSEAU SOCIAL D’ÉCRANS Ce spécialiste de l’énergie et des objets connectés a fondé 2HandS, implantée à Saint-Denis et à Port-Louis, et développe Cityscreen, une plateforme de service informatique collaboratif qui permet de bénéficier d’une régie publicitaire dématérialisée. Par Philippe Stéphant P artant d’une expertise dans les domaines de l’énergie et de la technologie des LED, Youssouf Kassamaly, fondateur de 2HandS, a choisi l’île Maurice pour développer Cityscreen. Un web service de régie qui permet de piloter des écrans de communication et de vendre des espaces à des annonceurs. « Nous ne sommes pas issus de la communication, mais des objets connectés et de l’énergie, insiste Youssouf Kassamaly. Cityscreen est une plateforme de service informatique collaboratif qui permet de bénéficier d’une régie dématérialisée pour la création d’un média. Le premier « réseau social d’écrans », en interne dans l’entreprise ou sur des lieux de vente. » Près de 120 écrans sont déjà en service pour des clients tels que Beachcomber, Phoenix Beverages, Mauritius Post, Winners et le centre commercial La Croisette. Le savoir-faire développé par 2handS, implantée à Saint-Denis et à Port-Louis, permet à l’entreprise cliente de gérer l’affichage de son réseau d’écrans en intégrant, en temps réel, des données provenant d’Internet ou des réseaux sociaux et des messages générés en interne, sur tous types de supports, écrits ou audiovisuels. Philippe Stéphant LEADER Maurice UNE MODÉLISATION À MAURICE POUR L’INTERNATIONAL « Notre plateforme gère automatiquement les configurations, la coordination et les formats des flux générés par nos clients, en lien avec la performance énergétique de l’installation », précise Youssouf Kassamaly. À Saint-Denis, 2HandS emploie cinq salariés, partenaires associés de l’entreprise, dont plusieurs jeunes diplômés de l’École supérieure d’ingénieurs Réunion Océan Indien (ESIROI). Super Screens Mauritius, le partenaire distributeur de 2HandS, a lancé l’offre Cityscreen en juillet 2015 et gère la fourniture d’équipements et l’intégration du service. Une filiale mauricienne de 2HandS est aussi en création, en partenariat avec Gaz Carbonique Ltd. « Notre modèle économique repose sur une rémunération de Cityscreen par un abonnement sur les écrans, et pour chaque usage généré, dont l’usage publicitaire, explique Youssouf Kassamaly. L’administrateur du client peut inviter des partenaires à communiquer sur son réseau. Avec une offre à la carte et en libre-service pour des annonceurs. » Un commerçant, par exemple, peut inviter des marques partenaires ou des annonceurs locaux à communiquer ponctuellement sur son réseau 18 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Youssouf Kassamaly, fondateur de 2HandS : « Maurice est un véritable laboratoire pour une modélisation à l’international et pour convaincre des partenaires privés alors que La Réunion reste un environnement un peu artificiel. » Cityscreen. « Nous vendons de l’augmentation de chiffre d’affaires », confie Youssouf Kassamaly. À La Réunion, Cityscreen a trouvé son premier client, ainsi qu’à Mayotte et en Thaïlande, et se lance commercialement en Europe et en Afrique. « Notre développement à Maurice permet d’envisager une coopération régionale avec de la création à La Réunion et une production à Maurice. L’île sœur est un véritable laboratoire pour une modélisation à l’international et pour convaincre des partenaires privés car La Réunion reste un environnement un peu artificiel. » Âgé de 39 ans, l’entrepreneur avait créé, en 2002, un bureau d’études en énergies renouvelables avant de devenir fabricant de systèmes d’éclairage et d’affichage à LED, remportant des concours nationaux d’innovation. ■ NICOLAS MERVEN VA TIRER SA RÉVÉRENCE LE 31 DÉCEMBRE Davidsen Arnachellum F igure bien connue du monde économique mauricien, à qui l’on doit, au sein du groupe IBL, le développement de la chaîne de supermarchés de proximité Winners, le Chief Operating Officer (COO) a annoncé son départ à la retraite au 31 décembre prochain. Nicolas Merven est sans doute l’un des meilleurs connaisseurs du marché de la grande distribution à Maurice. Un marché qu’il scrute, analyse et conquiert depuis 1994, ayant réussi aujourd’hui l’implantation de vingt magasins dans toute l’île qui ont l’originalité de porter une marque créée localement et qui fonctionnent plutôt bien. « Ce n’est pas facile de rentabiliser une grande surface et de fidéliser les Mauriciens. Le marché est très difficile avec une grande diversité des habitudes de consommation. Dans telle région de l’île, on n’achète pas la même marque de margarine que dans telle autre. » Nicolas Merven s’est aussi distingué par ses actions en faveur du développement durable. Bien avant que ne soient interdits les sacs en plastique, les supermarchés Winners proposaient des sacs en papier recyclé, organisaient le tri sélectif et le recyclage du carton. Pionnier dans les énergies renouvelables, le COO avait également initié un projet pilote de centrale photovoltaïque qui « malheureusement ne s’est pas révélé rentable, mais nous y reviendrons dès que possible ». Autant d’actions qui ont valu à l’entreprise un Grand prix du développement durable lors du Tecoma Award 2011, l’élection de l’Entrepreneur de l’année organisée par L’Eco austral. Quand il prendra sa retraite, le 1er janvier 2017, Nicolas Merven ne compte pas passer tout son temps à se « prélasser sous les cocotiers » et il envisage une activité de consultant. Au sein d’IBL, c’est JeanMichel Rouillard qui a été désigné pour lui succéder. Ce dernier est actuellement General Manager au sein de BrandActiv. La chaîne de supermarchés Winners, développée par Nicolas Merven, avait remporté le Grand prix du développement durable lors du Tecoma Award 2011. WILLEM VAN DER BERG VA DÉVELOPPER CIM GLOBAL BUSINESS EN AFRIQUE L ’entreprise mauricienne de services aux investisseurs et de gestion d’actifs s’installe à Johannesburg et a choisi ce manager expérimenté pour assurer ce nouveau développement. Titulaire d’un Master of Laws (diplôme de troisième cycle) de l’université de Vienne et d’un Bachelor of Laws (diplôme de premier cycle) de l’université de Stellenbosch (Afrique du Sud), Willem van der Berg a occupé pendant plus de trois ans le poste de Senior Manager au Geneva Management Group, une entreprise spécialisée dans la fiscalité. Il a également travaillé comme International Tax Manager pour la branche sud-africaine de PricewaterhouseCoopers (PwC). « L’ouverture de notre nouveau bureau à Johannesburg est en ligne avec notre objectif qui vise à nous rapprocher de nos clients africains et à capter les flux d’investissements croissants en Afrique », précise Graham Sheward, directeur général de Cim Global Business. 20 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 DR LEADER Maurice Willem van der Berg a travaillé au sein de la branche sud-africaine de PricewaterhouseCoopers (PwC). Christine Ingrassia et Mamy Rabenjamina se sont reconverties dans la pâtisserie et ont ouvert leur entreprise en octobre 2012. Elles ont obtenu une aide du FEDER pour agrandir leur laboratoire de production et ouvrir une boutique salon de thé au cœur de Saint-Denis. Elles ont troqué la toque blanche pour la toque rose, revendiquant leur touche féminine qui s’exprime à tous les niveaux. « Ce côté féminin s’exprime dans nos gâteaux et on ne le trouve pas ailleurs, que ce soit pour le goût ou pour la présentation. Et nous n’embauchons que des femmes en reconversion, une sorte de pied de nez à ce milieu très masculin », explique le duo, aujourd’hui entouré de six collaboratrices, des femmes de caractère de 26 à 56 ans. L’histoire des Pâtissières est atypique et plaît. Elle a été racontée à maintes reprises dans la presse sans compter les coups de projecteur, comme le prix Julie-Mas en 2013 ou le Challenge des créateurs avec le prix création d’emploi en 2014. Mais si la médiatisation aide, elle ne fait pas rentrer d’argent dans les caisses. « La création d’entreprise reste un parcours semé d’embûches, avec des hauts et des bas », résume Mamy. « Au départ, nous ne travaillions que sur commandes. Nous n’étions pas connues et n’avions pas pignon sur rue. Alors, nous avons démarché les entreprises. Cela a commencé par une dégustation au pied du JIR. Nous n’avons pas eu beaucoup de commandes, mais nous avons gagné un article ce jour-là », se remémore Christine. DEUX ASSOCIÉES TRÈS COMPLÉMENTAIRES Les Pâtissières se sont connues lors de leur formation à l’AFPAR (Association pour la formation professionnelle des adultes) de SaintAndré. L’idée de s’associer a germé au fil des échanges pour ces deux mères de famille aussi différentes que complémentaires. « Nous nous démarquons déjà par notre physique : il y a la grande zoreille expansive et communicante et la petite malgache réservée et créative », sourit Christine. Il n’empêche, elles sont mues par la même envie d’être à leur compte, pour avoir la liberté d’entreprendre. Depuis l’ouverture du premier atelier en octobre 2012, la clientèle s’est agrandie, séduite par ces mousses, tartes et charlottes qui mettent à l’honneur les fruits « péi », sapotille, tamarin, tangor… En phase de développement, l’entreprise a fait appel au FEDER pour ouvrir une boutique de restauration salon de thé en centre-ville, dans la Cour Carrée, en mai 2015, et agrandir son laboratoire. « Nous n’aurions pas réalisé ce projet de la même façon sans l’aide du FEDER », reconnaît Mamy. Sur les 60 000 euros de budget total, 35 000 ont été éligibles au FEDER, dont 20% pour l’agroalimentaire, 20% pour la création d’emplois et 10% pour l’innovation à travers la créolisation de la pâtisserie fine française. 22 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Julien Kondoki/Région Réunion COMMUNIQUÉ Les Pâtissières : soutien du FEDER pour leur recette féminine et gourmande Christine Ingrassia (à gauche), anciennement commerciale, et Mamy Rabenjamina, auparavant responsable d’accueil et de billetterie dans un orchestre symphonique, ont uni leur destinée professionnelle. FEDER 2014-2020 : 1,130 MILLIARD D’EUROS POUR LA RÉUNION La Région est autorité de gestion du Fonds Européen de Développement Régional, qui dote La Réunion de 1,130 milliard d’euros jusqu’en 2020. Le soutien européen vise à améliorer la compétitivité de l’économie réunionnaise, notamment à travers des aides directes aux entreprises, et la gestion durable des ressources et des risques. Il contribue également au financement des infrastructures d’échanges (routes, ports et aéroports) et de services. COMMUNIQUÉ Nuwa lance un logiciel de gestion d’entreprise en mode Cloud Nuwa Solutions Informatiques, co-fondée par Micheline Mussard, JeanMarie Pernelle, Edgard Lorenzo, Denis Hoarau et Christophe Hoarau, planche depuis deux ans et demi sur le projet. « myKomela » (« Komela » signifiant « maintenant » en créole réunionnais) est commercialisé depuis janvier 2016. « Notre objectif était de mettre notre savoir-faire à disposition des petites structures. « myKomela » permet la gestion d’activités en ligne, que ce soit pour préparer des devis, des commandes, des factures et gérer des stocks etc. », expliquent les cofondateurs. Ce logiciel en Cloud fonctionne comme une boîte webmail et permet d’accéder à son environnement de travail et de partager des données où que l’on soit, avec une simple connexion à Internet. L’entreprise, née en 2010, qui compte à ce jour 7 collaborateurs dont 5 associés et fonctionne selon un esprit collaboratif, a bâti son savoirfaire sur l’intégration de solutions informatiques auprès de PME réunionnaises. CRÉATION D’UNE COMMUNAUTÉ D’UTILISATEURS « Nous développons des outils satellites, complétons et optimisons les solutions des logiciels en fonction des besoins des entreprises », indique Micheline Mussard. Le guichet FEDER Entreprises et développement touristique Ce guichet, qui a accompagné les Pâtissières et Nuwa Solutions Informatiques, s’adresse aux artisans, industriels, professionnels du tourisme, chambres consulaires, associations d’entreprises et établissements publics. Ses domaines d’intervention couvrent l’industrie, l’artisanat, l’agroalimentaire, le tourisme et les loisirs, l’ingénierie financière, les aides immatérielles, le fret, les aménagements touristiques, la promotion du tourisme... Pour pouvoir être financé, un projet doit, outre répondre aux objectifs de l’Union européenne et à la stratégie du programme opérationnel FEDER, contribuer à la création d’emplois, à l’innovation, au développement durable et à l’ouverture à l’international. Le projet porte sur la réalisation d’investissements à caractère productif et sur un montant d’investissement minimum de 10 000 euros HT. Montant du FEDER disponible : 244,15 millions d’euros. Responsable du guichet : Philippe Hoarau. Il existe trois autres guichets thématiques : Recherche, Développement technologique, Innovation ; Infrastructures de développement durable et Énergie ; Investissements d'éducation, de formation et d'inclusion sociale. Julien Kondoki/Région Réunion Avec le soutien du FEDER, l’entreprise portoise Nuwa Solutions Informatiques a mis au point « myKomela », un logiciel web de gestion d’activité à destination des TPE, artisans et travailleurs indépendants. Micheline Mussard, co-fondatrice et co-gérante de la SARL Nuwa Solutions Informatiques (Nuwa étant le nom de la déesse de la création dans la mythologie chinoise). Conçu, développé, hébergé et supporté à La Réunion, « myKomela » a été soutenu par le FEDER (avec un dossier R&D et un dossier investissement) qui a octroyé 147 000 euros sur un budget global de 400 000 euros. Outre la source de financement non négligeable, le fonds européen a donné de l’assise au projet et à ses initiateurs. « Aujourd’hui, ce logiciel de Cloud Computing correspond à 5% de notre chiffre d’affaires. D’ici fin 2016, nous visons 20% et 30% à 40% d’ici fin 2017. Dans les deux ans, nous espérons commercialiser notre offre auprès de 300 à 400 clients. Notre but est de nous positionner sur le marché réunionnais, puis en Métropole et dans les pays francophones », ambitionne Edgard Lorenzo. « myKomela », qui offre aux petites entreprises les mêmes solutions que les grandes, est aussi basé sur le principe de l’enrichissement mutuel par la création d’une communauté d’utilisateurs, un écosystème favorable à l’innovation permanente du logiciel. Guichet d’accueil FEDER Hôtel de région Pierre Lagourgue Avenue René Cassin, Moufia, Saint-Denis (bâtiment annexe de la Région situé derrière la pyramide). Tél. : 0262 487 087 - E-mail : [email protected] Site : www.regionreunion.com Horaires d’ouverture : du lundi au jeudi de 8h à 12h et de 13h à 17h. Le vendredi de 8h à 12h et de 13h à 16h. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 23 LA MARCHE VERS L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE Couvrant en moyenne 55% de ses besoins alimentaires, La Réunion s’efforce de structurer ses filières de production, elle développe son industrie de transformation et se permet même d’exporter. Par Philippe Stéphant L a production agricole réunionnaise a valeur d’exemple parmi les agricultures insulaires. Elle pèse, aujourd’hui, 400 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 37% générés par les fruits et légumes (et les produits de l’horticulture), 33% par la canne à sucre et 28% par l’élevage. « Le taux de couverture s’élève à 79% en produits frais et à 55% sur l’ensemble des produits alimentaires. L’objectif de La Réunion étant de tendre vers l’autosuffisance, nous définissons des orientations pour les filières qui peuvent s’en rapprocher », énonce Serge Hoareau, élu du Conseil départemental délégué à l’Agriculture. Grâce à un modèle historique d’organisation en interprofession, incluant les acteurs de la grande distribution, les productions de porc, de volailles, de lait et d’œufs couvrent près de 100% de la consommation en frais et 50% du total des produits. La filière bovine, qui couvre 44% des besoins en frais et 25% tous produits confondus, continue de progresser grâce au programme D.E.F.I. (Développement de l’élevage et des filières interprofessionnelles). Ce programme en faveur de l’emploi et du pouvoir d’achat accompagne une baisse des prix de détail qui doit être coordonnée entre tous les acteurs de la filière. « Les parts de marché sont stables, malgré une augmentation de la production interprofessionnelle de près de 7%, soutenue par le succès de la commercialisation des produits D.E.F.I. qui a augmenté de 30% depuis le lancement du programme », annonce Marina Feat, secrétaire générale des interprofessions bétail-viande ARIBEV et ARIV. La croissance démographique a permis aux importations de progresser parallèlement à la production locale, mais D.E.F.I. a déjà permis l’installation de 46 nouveaux éleveurs. RELANCER L’INDUSTRIE DE TRANSFORMATION Plus récente, l’organisation du marché des fruits et légumes en filière interprofessionnelle ne représente encore que 22% des 100 000 tonnes produites sur l’île. « L’agro-transformation a besoin d’une production organisée pour reconquérir de larges parts de marché », souligne Serge Hoareau. L’industrie agroalimentaire, premier secteur Le taux de couverture s’élève à 79% en produits frais et à 55% sur l’ensemble des produits alimentaires. Stocklib/Tatiana Badaeva PERFORMANCE Réunion dossier 24 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 E C N A M R PERFO industriel de l’île, génère une valeur ajoutée de 373 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros. Mais la transformation des fruits et légumes, qui traite 33 000 tonnes, ne couvre que 10% de la consommation. Créée en 2012, l’ARIFEL (Association réunionnaise interprofessionnelle des fruits et légumes) est porteuse d’une stratégie de développement de la filière. « Nous estimons à 40 000 tonnes les besoins supplémentaires en fruits et légumes à l’horizon 2020, précise Daniel Moreau, président de l’ARIFEL. 22 000 tonnes pour les besoins en produits frais locaux, 8 000 tonnes pour la relance des productions déficitaires de la carotte, de l’oignon, de l’ail et de la pomme de terre et 10 000 tonnes pour accroître les parts de marché de la transformation. » Ceci tenant compte de l’accroissement de la population, de la conquête de la restauration collective et d’un développement des marchés à l’export. « L’ARIFEL s’emploie à coordonner un accroissement quantitatif et qualitatif de la production locale avec une réponse aux consommateurs en matière de traçabilité, d’innocuité, de diversité et d’innovation », ajoute Daniel Moreau. RÉPARTITION DE LA PRODUCTION AGRICOLE RÉUNIONNAISE (en millions d’euros) – Source : DAAF Légumes 63 Canne à sucre 131 Fruits 63 Volaille 47 Horticulture 23 Lait 10 Bovins 11 Œufs 13 VERS UNE COMMANDE PUBLIQUE UNIFIÉE Par des actions fédératrices, l’ARIFEL encourage des synergies entre l’ensemble des acteurs, y compris la recherche et les collectivités publiques. Huit produits prioritaires ont été choisis pour l’émergence de projets intégrés dans une logique globale : le letchi, la mangue, les agrumes, l’ananas Victoria, ainsi que la tomate pour la transformation, l’oignon, la carotte et la pomme de terre. Le marché de la restauration collective publique doit ouvrir de nouveaux débouchés à la production du territoire. « La volonté conjointe du Conseil départemental et de la Région Réunion est de créer une plateforme commune, dès 2016, pour la commande des établissements publics, avec un marché plus adapté à la production locale en termes d’appels d’offres, affirme Serge Hoareau. Il s’agit de l’élargir à d’autres plateformes pour une commande unique aux professionnels, apportant une visibilité en volumes. » L’agriculture, à La Réunion, bénéficie d’une enveloppe de financements publics en hausse de 17%. « Le Conseil départemental est devenu, en 2014, l’autorité de gestion du FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) qui s’élève à 385 millions d’euros pour la période 2014-2020 », rappelle Serge Hoareau. Avec l’appui de fiches mesures pour libérer ces fonds, 88 millions d’euros sont ainsi fléchés vers l’accompagnement technique et 32 millions d’euros pour le soutien aux projets concernant l’écoulement de la production agroalimentaire. UN DÉBUT DE CONCURRENCE EUROPÉENNE Les orientations européennes privilégient les projets en faveur de la production locale, d’une offre alimentaire accessible, de bonnes pratiques environnementales et de circuits courts. Mais le programme 2014-2020 impose aussi certaines procédures par appels à projets de dimension européenne. « Des organismes agricoles et des techniciens de l’Union européenne peuvent apporter une concurrence en matière d’encadrement, informe Serge Hoareau. Nous devons lancer des appels à projets pour les besoins en transfert de connaissance et des appels d’offres pour les prestations de conseil. » La Réunion, en août 2015, a été la huitième région à voir valider son Programme de déve- Porc 25 TAUX DE COUVERTURE DES MARCHÉS DE LA VIANDE – Source : DAAF 100 80 60 40 20 0 Bovin Porc Frais Volailles Lait Œufs Total produits loppement rural régional (PDRR) pour la mise en œuvre des fonds FEADER. « Il faut désormais préparer l’après-2020 en se posant une question déterminante, appuie Serge Hoareau. Est-ce que le modèle actuel correspond aux besoins d’évolution du monde agricole ? » Un appel à la réflexion sur le poids du système coopératif à La Réunion au regard des attentes des agriculteurs indépendants. La période transitoire entre deux programmes européens a aussi révélé la frilosité des financements privés envers les activités agricoles. « En l’absence de fonds publics, tout doit-il s’arrêter ? », interroge Serge Hoareau. La dynamique d’action collective, portée par l’ARIFEL, pour la création de valeur, d’emplois et de relais de croissance, au sein d’une filière indépendante, constitue une promesse de réponse. ■ L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 25 PERFORMANCE Réunion dossier AVEC RÉUNIMER, LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE S’AFFICHE EN BLEU Principal acteur dans la transformation et leader dans l’exportation de poisson frais depuis La Réunion, Réunimer constitue un groupe intégré dans la chaîne de valeurs des produits de la mer jusqu'à l’assiette du consommateur. Par Philippe Stéphant 26 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Guillaume Foulon L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 27 PERFORMANCE Réunion Philippe Stéphant Avec un nouvel atelie r de 2 80 mèt re s carrés, Le Pêcheur Créole est la vitrine locale d’un groupe spécialiste des métiers et des produits de la mer qui représente 120 emplois locaux et réalise 23 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé. Guillaume Foulon Sébastien Camus (à gauche), président de la holding Réunimer, et Gérald Claudel, responsable d’exploitation de Pêcheur Créole. Le groupe a atteint le seuil critique lui permettant de nouveaux projets de développement. La structuration du groupe Réunimer en filière intégrée des métiers de la pêche apporte de nouveaux goûts aux Réunionnais. Au sein du groupe, Le Pêcheur Créole, au Port, est aujourd’hui la seule entreprise dédiée à la deuxième transformation de produits de la mer. Produisant une vingtaine de références, dont les rillettes, les terrines, les cuits du jour, les salades et les tartares… Elle doit son existence à la structuration d’une filière intégrée pour la pêche réunionnaise. « La filière pêche avait du mal à être rentable par le manque de valorisation des produits de la mer, vendus le plus souvent sans transformation et donc sans valeur ajoutée, analyse Sébastien Camus, président du groupe. Depuis 2009, nous nous sommes rapprochés d’entreprises concurrentes en œuvrant à la création d’une interprofession, l’Aripa. » En 2009, la fusion de deux acteurs de première transformation, Le Martin Pêcheur et Réunion Pélagique, a permis de rendre leurs activités complémentaires et d’atteindre une rentabilité grâce aux économies d’échelle réalisées. DEUX PÔLES D’ACTIVITÉ POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ Réunion Pélagique opère dans le sourcing de produits congelés de la Guillaume Foulon PERFORMANCE Réunion dossier Ludovic Boyer, responsable de production. La pêche fraîche provient des 12 navires de l’armement Enez, dont la débarque, de 1 500 tonnes de poissons entiers, est gérée par l’usine Réunipêche. 28 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Philippe Stéphant Guillaume Foulon En 2009, la fusion de deux acteurs de première transformation, Le Martin Pêcheur et Réunion Pélagique, a permis de rendre leurs activités complémentaires et d’atteindre une rentabilité grâce aux économies d’échelle réalisées. mer, en complément des poissons pêchées par Enez Pêche, et importe des appâts pour la flottille palangrière. De son côté, Le Martin Pêcheur se dédie à la distribution et à la commercialisation, pour la restauration et la grande distribution, de poissons frais et de produits surgelés. La pêche fraîche provient des 12 navires de l’armement Enez, dont la débarque, de 1 500 tonnes de poissons entiers, est gérée par l’usine Réunipêche. « La Holding Réunimer, créée en 2012, gère ainsi deux pôles d'activités, celui de la pêche et de la première transformation, commercialisée pour moitié sur le marché local et pour l'autre à l'export, et celui de l'importation et de la distribution à destination des collectivités, des industriels et de la grande distribution. Réunimer intègre ainsi tous les métiers liés aux produits de la mer pour proposer une large gamme à ses clients », souligne FrançoisXavier Crosnier Mangeat, associé. DE NOUVEAUX HORIZONS POUR LE GROUPE Avec un nouvel atelier de 280 mètres carrés, Le Pêcheur Créole est la vitrine locale d’un groupe spécialiste des métiers et des produits de la mer qui représente 120 emplois locaux et réalise 23 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé. Gérant près de 4 000 tonnes de poisson, tous flux confondus. « Traitant aujourd’hui 40 tonnes de produits frais, Le Pêcheur Créole se trouve sur un marché de niche mais progresse de 20% annuellement, confie François-Xavier Crosnier Mangeat. Notre stratégie est d’être partenaire des enseignes, en grande distribution, de proposer une gamme dédiée aux professionnels de la restauration et traiteurs, puis d’accéder au marché des collectivités où se servent 200 000 repas par jour. » Le Pêcheur Créole travaille surtout le marlin, issu de la pêche réunionnaise, pour sa qualité de chair et sa texture. « L’évolution de la gamme se prépare, vers de nouveaux produits, pour répondre aux attentes des Réunionnais. La consommation de produits de la mer progresse, depuis dix ans », commente Gérald Claudel, responsable d’exploitation de Pêcheur Créole. Alors qu’un potentiel très prometteur se profile pour l’enseigne, le groupe, luimême, s’ouvre de nouveaux horizons. « L’activité de sourcing et distribution, en parallèle du pôle pêche et transformation, nous apporte une assise pour passer des caps de carence. Nous atteignons une Guillaume Foulon François-Xavier Crosnier Mangeat (à gauche) et Philippe Guerin, associés en charge de la transformation et du secteur pêche. Le groupe prépare le lancement de nouveaux produits pour répondre aux attentes des Réunionnais. Au sein du groupe, Le Pêcheur Créole propose déjà une vingtaine de produits dont les rillettes, les terrines, les cuits du jour, les salades et les tartares… taille critique autorisant de nouveaux projets de développement », informe Sébastien Camus. Réunipêche internationalise ses ventes, de l’Europe au Japon, à Dubaï et bientôt aux Etats-Unis. DÉVELOPPEMENT DE PARTENARIATS RÉGIONAUX Le groupe Réunimer s’inscrit aussi dans une démarche de partenariat régional, en particulier auprès d’opérateurs économiques à Madagascar. Sa filiale de sourcing en produits congelés, Réunion Pélagique, s’inscrit aujourd’hui comme actionnaire, support et client potentiel dans un projet d’aquaculture de crabes de mangrove, à Tuléar et à Majunga. Il s’agit notamment d’un moyen pour le groupe d’explorer la piste de l’aquaculture. Sa filiale de commercialisation, Le Martin Pêcheur, est le premier acheteur des produits frais de la SPSM, société de pêche et de collecte basée à l’île de Sainte-Marie, sur la côte est de Madagascar. Dans un souci de rapport constructif et pérenne avec ses partenaires, cette approche est guidée par une volonté de diversification des approvisionnements et des métiers du groupe. ■ UN MODÈLE ORIGINAL DE DÉVELOPPEMENT Sébastien Camus, le président de Réunimer et les directeurs généraux Philippe Guerin et François-Xavier Crosnier Mangeat œuvrent à la structuration et au développement du groupe. Son activité de sourcing complète sa capacité de résilience aux fluctuations du marché. En pérennisant les activités de pêche locale et de transformation, le groupe contribue fortement à la sécurité alimentaire de l’île. Affichant une belle performance depuis sa création, le groupe Réunimer poursuit une stratégie équilibrée entre investissements de croissance et rationalisation des moyens et de la logistique. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 29 PERFORMANCE Réunion HYDRÔ RÉUNION VEUT REMETTRE À FLOT LA FILIÈRE AQUACOLE EN MULTIPLIANT LES ESPÈCES La relance de l’aquaculture réunionnaise passe par la diversification des productions et le développement de l’aquaponie. Les débouchés ne manquent pas pour les porteurs de projet. Par Philippe Stéphant e « tilapia », premier poisson d’élevage en eau douce dans le monde, surclasse la production de viande bovine aux Etats-Unis. Les perspectives mondiales de consommation le placent, à court terme, en première place devant le poulet. « Il y aura donc une pression des importations et il faut que nos éleveurs soient bien positionnés dans les années qui viennent », annonce Mickaël Rougemont, directeur général d’Hydrô Réunion. Renommée en septembre 2015, l’association est un centre de ressources technologiques, financé par la Région Réunion, pour l’étude, la valorisation et la gestion durable des ressources aquatiques tropicales. « Notre mission, en ce qui concerne l’aquaculture, est de développer de nouvelles filières de production en assurant la prise en charge du transfert de technologie au secteur privé qui doit rester indépendant et maître de son destin », appuie Mickaël Rougemont. Mise à mal, ces dernières années, la filière aquacole réunionnaise ne répondait plus à la demande du marché, produisant moins de 20 tonnes en 2014. « La filière compte sept producteurs et de nouveaux projets d’installation. Le premier objectif est d’atteindre un volume de 100 tonnes pour La Réunion. En 2016, nous atteindrons environ 60 tonnes, dont 20 tonnes de truite et plus de 40 tonnes de tilapia », précise Mickaël Rougemont. En appui aux éleveurs, Hydrô Réunion, qui emploie 32 collaborateurs, chercheurs inclus, dans ses différentes missions, produit des alevins de 1 gramme en travaillant à une diversification des espèces. Philippe Stéphant L Mickaël Rougemont, directeur de l’association Hydrô Réunion : « Nous recherchons continuellement de nouvelles espèces de poissons pour tous les microclimats de La Réunion. » DÉVELOPPER L’OMBRINE, L’ESTURGEON ET L’ANGUILLE En 2012, le pré-grossissement de juvéniles de 300 grammes, sur le site de l’ex-Arda (Association réunionnaise pour le développement de l’aquaculture), à Etang-Salé, avait été transféré aux éleveurs. Ce qui n’avait pas pleinement réussi, créant un déficit en volume. « Pour restructurer la filière, nous relançons la production de carpes, qui était à l’abandon, et nous multiplions le nombre et la diversité des poissons, informe Olivier Dutartre, responsable de la station aquacole d’EtangSalé. Nous devons pérenniser la filière « gueule rouge » et « tilapia » et diversifier la production avec l’ombrine, l’esturgeon et l’anguille, sur lesquels nous travaillons. Plus il y aura de variétés, plus les ventes évolueront. » Déployée sur un hectare, la station aquacole a longuement expérimenté l’élevage en aquaponie qui conviendrait à de nombreux porteurs de projets. « Une production maraîchère hors-sol se nourrit des rejets de l’aquaculture, transformés en nitrate par des bactéries. L’eau, étant filtrée par les plantes, est propre à reproduire le cycle », décrit Olivier Dutartre. Économe en surface, avec des rendements performants, la méthode est même exploitée par des restaurateurs 30 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Philippe Stéphant PERFORMANCE Réunion dossier Olivier Dutartre, responsable de la station aquacole d’Etang-Salé : « Nous devons pérenniser la filière « gueule rouge » et « tilapia » et diversifier la production. » dans certaines régions. Un élevage en aquaponie existe à Mafate et d’autres devraient suivre. « Nous recherchons continuellement de nouvelles espèces de poissons pour tous les microclimats de La Réunion, y compris les Hauts. Notre ambition est d’accompagner, par la formation, la professionnalisation et l’innovation, tous les porteurs de projets qui sont prêts à investir, disposant d’un peu de terrain », révèle Mickaël Rougemont. ■ L’ARIBEV (Association réunionnaise interprofessionnelle pour le bétail et les viandes) et l’ARIV (Association réunionnaise interprofessionnelle de la volaille et du lapin) font figure de pionniers en France dans leur approche de la production locale et la régulation de son marché. Les interprofessions réunionnaises regroupent producteurs, importateurs, distributeurs, transformateurs et provendiers qui mènent une réflexion d’ensemble sur le développement de l’île à travers une valorisation sans cesse grandissante des productions locales sur le marché insulaire. Elles ont été mises en place dès 1975 et ont constitué l’archétype d’un modèle de développement économique endogène des DOM pour l’agriculture et l’élevage. Depuis, d’autres DOM et d’autres secteurs se sont inspirés de leur modèle. Les mécanismes mis en œuvre reposaient dès l'origine sur un consensus interprofessionnel, incluant l’adhésion indispensable des importateurs et des distributeurs, pour favoriser l’émergence de la production dans le secteur de l’élevage. L’équilibre entre importation et production locale se situe au cœur de la préoccupation interprofessionnelle, ces deux composantes du marché étant considérées par l’interprofession comme complémentaires et non concurrentes. Cette vision permet de veiller aux équilibres économiques des acteurs interprofessionnels qui contribuent, depuis quarante ans, au développement des filières animales. Les passerelles entre production locale et importation sont nombreuses et garantissent une gestion équilibrée du marché. Ainsi, en cas de crise, de sur-production ou de sous-production, des mécanismes interprofessionnels permettent de réguler le marché en s’appuyant sur les partenariats existants. Cette organisation exemplaire permet aujourd’hui aux Réunionnais de s’alimenter, en frais, à près de 100% en porc, en volailles et lapin et à 40% en bœuf. LE PROGRAMME D.E.F.I. POUR DOPER LA PRODUCTION LOCALE ET DÉVELOPPER LE TERRITOIRE programme D.E.F.I. porte en effet l’ambition des filières de contribuer au développement économique et social de leur île en défendant un modèle de petits élevages familiaux, situés dans les Hauts de l’île, garantissant un revenu décent aux producteurs, dans le respect de l’environnement. Car c’est bien autour de ces valeurs que se réunissent des familles professionnelles qui, sur le papier, ou du point de vue de l’Europe continentale, n’ont rien pour s’entendre. Dans le cadre du programme D.E.F.I. (Développement de l'élevage et des filières interprofessionnelles) lancé en 2011, les filières ont affiché l’ambition d’augmenter substantiellement leur production afin d’accroître leurs parts de marché. L’instrument de cette croissance est la baisse de prix ciblée d’une centaine de produits interprofessionnels de la viande et du lait, estampillés D.E.F.I., l’objectif étant bien de permettre l’installation de nouveaux éleveurs dans les filières interprofessionnelles. Ainsi, en cinq années de mise en œuvre, les filières interprofessionnelles ont globalement gagné 2,3 points de parts de marché et installé 46 nouveaux éleveurs. Au-delà des résultats très satisfaisants pour les interprofessions ARIBEV et ARIV, les filières souhaitent partager avec les Réunionnais ce projet de territoire qui va bien au-delà de simples baisses de prix. Le L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 31 COMMUNIQUÉ ARIBEV et ARIV : un modèle original pour pérenniser et développer les élevages réunionnais VIVEA DÉVELOPPE DES PRODUCTIONS ET DES SAVOIR-FAIRE QUI S’OUVRENT DES MARCHÉS À L’EXPORT Organisation de producteurs en croissance, Vivéa a été sélectionnée pour accompagner la naissance d’une filière des fruits et légumes en Nouvelle-Calédonie et va exporter aux Seychelles. Par Philippe Stéphant L a première organisation de producteurs (OP) reconnue à La Réunion, en 2007, Vivéa poursuit son développement sur le marché des fruits et légumes. Un investissement de 4 millions d’euros a permis, en 2015, d’agrandir son site industriel de Saint-Pierre de 1 000 à 2 700 mètres carrés. « Ce nouveau bâtiment répond à nos besoins de développement pour cinq à dix ans, déclare Stéphane Avril, directeur de la coopérative. Pour continuer à accueillir de nouveaux adhérents, avec une gestion du froid optimisée et une maîtrise centralisée de la consommation d’énergie, nous disposons d’une aire d’accueil dédiée à nos clients et d’un système de traçabilité électronique des caisses qui fluidifie toutes les opérations. » Passée de 80 adhérents en 2014 à plus de 130 en 2016, Vivéa a aussi porté son effectif de 35 à 40 collaborateurs. La structure, qui appartient à tous les adhérents, sur le principe d’un homme une voix, assure la commercialisation et le soutien technique d’une équipe de cinq ingénieurs agronomes visitant les exploitations. « Vivéa entre dans le programme global de développement qui fixe l’ambition des filières agricoles pour 2014-2020. Nous représentons Stéphane Avril, directeur de la coopérative Vivéa : « Nous portons le projet Coccinelle avec deux autres coopératives. Un élevage d’insectes qui sont des prédateurs pour les ravageurs. » Philippe Stéphant PERFORMANCE Réunion dossier 32 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 PERFORMANCE Réunion 6 000 tonnes sur les 100 000 tonnes de production locale, avec un objectif de 10 000 tonnes en 2020 », précise Stéphane Avril. Il s’agit de diversifier l’offre pour répondre à la croissance démographique et aux besoins des industries de transformation. Une des missions que se donne Vivéa est aussi de conseiller et d’accompagner dans l’amélioration de la qualité des produits, en diminuant la pression phytosanitaire sur les cultures. Le recours aux produits phytosanitaires est beaucoup plus élevé sous les tropiques où les ravageurs prolifèrent toute l’année. « Nous étions sur le point d’abandonner la culture du poivron, déjà divisée par trois en deux ans, révèle Stéphane Avril, car les produits deviennent moins efficaces et leur emploi de plus en plus coûteux. Vivéa porte le projet Coccinelle avec deux autres coopératives, un élevage d’insectes qui sont des prédateurs pour les ravageurs, notamment les ‘thrips’. » La Coccinelle, à Saint-Pierre, développe quatre nouveaux prédateurs auxiliaires des cultures et deux sont déjà employés dans les serres. Avec le soutien des institutions et de l’Armeflhor (Association réunionnaise de modernisation de l’économie des fruits et légumes et de l’horticulture), un gros travail de recherche et d’accompagnement est réalisé à travers le RITA (Réseau d’innovation et de transfert agricole). « Nous menons des projets transversaux pour avancer plus vite sur des problématiques d’urgence, souligne Stéphane Avril. Ce n’est plus de la transmission verticale, mais du va-et-vient avec les producteurs pour la remontée d’expériences de terrain. Deux auxiliaires prédateurs ont été découverts par des agriculteurs. » Les exploitants travaillent à réduire aussi la pression phytosanitaire à l’extérieur des serres pour un environnement plus sain. Utilisant des symbioses entre plantes pour redonner de l’autonomie aux écosystèmes sur leurs exploitations. Philippe Stéphant UN ÉLEVAGE D’AUXILIAIRES DES CULTURES POUR RÉDUIRE LES PRODUITS PHYTOSANITAIRES Olivier Fontaine, chargé de mission développement de la biofabrique Coccinelle : « Des micro-guêpes, qu’on élève autour de plants de tabac, peuvent être achetées par tout agriculteur réunionnais. » LE SAVOIR-FAIRE PEUT S’EXPORTER La Réunion met en œuvre une stratégie de reconquête pour des productions menacées par les importations et pour développer le marché de la transformation qui est encore faible. Mais la production de l’île reste exemplaire en comparaison à d’autres territoires insulaires. « C’est quasiment unique au monde, s’exclame Stéphane Avril. En fruits et légumes frais, l’essentiel des produits importés le sont pour la diversification de l’offre. Vivéa vient de remporter un appel d’offres en Nouvelle-Calédonie pour la Province Sud qui souhaitait mettre en place un agrégateur de la filière des fruits et légumes. Nous nous sommes associés avec AD2R, association de développement rural des Hauts, pour la méthodologie d’animation, Vivéa apportant l’expertise de la filière pour mettre en place un groupement collectif en NouvelleCalédonie. » Ce savoir-faire réunionnais s’ouvre aussi davantage de portes à l’export grâce à l’abaissement des barrières phytosanitaires et douanières avec les Seychelles. « Nous avons évoqué des échanges gagnant-gagnant avec une délégation des Seychelles, lors de la foire agricole de Bras-Panon, confie Stéphane Avril. Ils ont ouvert des portes et nous allons pouvoir leur livrer de la tomate. » Une avancée déterminante pour d’autres productions, telles que l’ananas Victoria qui aujourd’hui transite par Rungis, en France métropolitaine, avant de reprendre l’avion pour les Seychelles. ■ UNE COOPÉRATION RÉGIONALE RENFORCÉE POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE Dans le cadre de la présidence française de la Commission de l’océan Indien (COI), en 2016, une nouvelle dynamique s’exprime à La Réunion par une volonté partagée de l’État et de la Région Réunion d’établir une stratégie globale pour la sécurité alimentaire dans l’océan Indien. « À la foire agricole de Bras-Panon, en mai, la sécurité alimentaire était le sujet d’une table ronde avec les délégations des pays membres de la COI, témoigne Olivier Degenmann, adjoint au directeur de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) de La Réunion. Les échanges sont encore trop faibles à l’intérieur de la zone océan Indien alors que la production agricole est presque inexistante aux Seychelles et aux Comores et relativement faible à Maurice. Les produits de La Réunion ont un niveau de prix élevé mais s’ouvrent des opportunités par des garanties de qualité et des labélisations haut de gamme. » Le 26 avril, à Madagascar, la COI et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) ont présenté le Programme régional de sécurité alimentaire et nutritionnelle (COI-Presan) 2017-2022 qui devrait permettre à Madagascar d’améliorer sa productivité, au profit des Malgaches, et de pouvoir exporter sur l’ensemble de la zone océan Indien. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 33 COMMUNIQUÉ Mr.Bricolage ouvre un quatrième magasin à Sainte-Suzanne L’enseigne Mr.Bricolage a ouvert le 25 mars dernier une surface de vente de 6 000 mètres carrés dans le centre commercial Grand Est. Cette nouvelle implantation permet à l’enseigne d’asseoir son leadership sur l’île. Mr.Bricolage est présent à La Réunion depuis plus de trente ans. L’ouverture de son nouveau magasin de Sainte-Suzanne lui permet ainsi de mieux mailler le territoire et d’être présent sur toute l’île pour garder sa position de leader en GSB (grande surface de bricolage). Dans sa conception, la nouvelle grande surface spécialisée reflète l’évolution des attentes de la clientèle. Le magasin est non seulement plus grand, mais conçu sous forme de circuit. Le visiteur passe d’univers en univers, au gré des produits mis en scène, des styles et des ambiances. prête, nous le mettons en scène, comme c’est le cas pour les dressings à composer. Sur les portes de placards, nous donnons des informations sur la longueur, la largeur, si le matériau est recoupable et comment le recouper, les autres dimensions existantes s’il y en a… L’idée est de guider le client pour le rendre le plus autonome possible. » UN MAGASIN 4 EN 1 Les attentes des clients évoluent et ces derniers ont de plus en plus besoin d’expertise pour les accompagner dans leurs achats. C’est pourquoi dans ce nouveau Mr.Bricolage, une attention toute particulière a été donnée à la présentation des produits, à travers la théâtralisation et la transparence. « Nous proposons beaucoup de mises en situation, de showrooms, nous avons par exemple neuf cuisines exposées, détaille Fabrice Di Meglio, directeur du magasin. Dès que le sujet s’y Décorer, bricoler, aménager, jardiner. Le nouveau Mr.Bricolage de Sainte-Suzanne est un magasin « 4 en 1 » et s’organise selon ces quatre grands univers distincts. À noter qu’une place toute particulière est dédiée au jardin, qui occupe un quart de la surface de vente, soit 1 500 mètres carrés. « Le jardin est devenu une véritable pièce à vivre. C’est le point fort de l’enseigne et il rassemble ici plus de 2 000 nouveautés », indique Fabrice Di Meglio. Outre le jardin, l’accent a également été porté sur l’outillage, notamment motorisé, et la salle de bains. Cette montée en gamme sur les produits touchant à l’outillage répond à un besoin sur le bâti avec beaucoup de micro-entreprises en quête d’outillages spécifiques. RAYON CARRELAGE RAYON OUTILLAGE RAYON JARDINERIE RAYON PEINTURE QUAND LES PRODUITS SE METTENT EN SCÈNE 34 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 LE PLEIN DE NOUVEAUTÉS Sur les 32 000 références du magasin, on compte un tiers de nouveautés, soit 11 000 nouvelles références. Mr.Bricolage ouvre d’ailleurs pour la première fois à La Réunion un rayon carrelages, faïences et revêtements de sol. Objectif : permettre au client d’accomplir son projet de A à Z, avec une offre compacte et complète, détaille le directeur du magasin. « Nous avons aussi travaillé sur la cohérence des gammes avec des premiers prix très bien placés, des moyennes gammes et des produits plutôt haut de gamme ». Pour répondre à toutes les envies et en respectant tous les budgets. Dans les univers plus techniques, il y a des démonstrations de produits avec un atelier dédié aux tests de machines. Le client peut vérifier la puissance d’une machine, per forateur, visseuse, perceuse, ponceuse. On entre ici dans l’expérientiel. Trois questions à Fabrice Di Meglio, directeur de Mr.Bricolage Sainte-Suzanne 3 000 mètres carrés, sous-dimensionné par rapport aux besoins en bricolage d’une ville comme Saint-Denis. Mais il n’y avait pas d’offre dans l’Est, alors que 15% de la population de l’île y vit. Notre zone de chalandise couvre plus de 130 000 habitants. Cette nouvelle implantation ravit nos clients qui habitent l’Est mais aussi ceux du Nord, de SaintDenis ou Sainte-Marie, qui n’hésitent pas à faire le déplacement. - Quelles sont les ambitions de ce nouveau magasin ? - Quels sont les objectifs de cette nouvelle implantation ? Il fallait répondre à un véritable besoin du territoire. Nous étions déjà présents dans le Nord, à Sainte-Clotilde, avec un magasin de Nous avons souhaité faire progresser le concept aussi bien du point de vue de l’offre que du merchandising, c’est-à-dire de la présentation, soignée et aboutie. Le client ne recherche plus seulement des produits, mais aussi des solutions. Il y a donc beaucoup de mises en scène de produits, une partie didactique pour rendre le client autonome, l’ac- compagner dans sa recherche de solutions en lui donnant le maximum d’informations sur chacun des produits et comment l’utiliser. - Vous misez beaucoup sur la proximité ? Mr.Bricolage est le partenaire historique des Réunionnais et la seule grande surface de bricolage présente partout sur l’île ! C’est donc un voisin sur qui on peut compter. Nous avons mis le sourire dans l’ADN de notre magasin et notre premier engagement est : « Je dis bonjour à 100% des clients que je croise. » Dans le recrutement de mes collaborateurs, j’ai mis en avant le savoir-être en voulant absolument m’entourer de gens qui aiment les autres. La compétence technique peut toujours s’acquérir au travers de formations. La proximité s’exprime aussi dans le partenariat avec des fournisseurs et des importateurs locaux. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 35 COMMUNIQUÉ Mr.Bricolage occupe un emplacement idéal, au cœur du centre commercial Grand Est, avec Carrefour et Décathlon. Il est ouvert le dimanche toute la journée, comme celui de Saint-Pierre. PERFORMANCE Maurice VIRAGE STRATÉGIQUE POUR LE VILLAGE ÉDUCATIF DE MEDINE Quatre ans après son lancement, le programme intègre pour la première fois une université britannique (Middlesex). Un atout supplémentaire pour séduire des étudiants de la région et d’Afrique avec une offre dont le coût est inférieur de 30% à celle de l’Europe Par Jean-Michel Durand - [email protected] e projet de Medine Education Village est avant tout lié à la fin du protocole sucre au début des années 2000. Il s’agissait pour notre groupe de diversifier ses activités, en particulier dans l’immobilier, explique Thierry Sauzier, Managing Director de Medine Property. Notre ambition, concrétisée dans notre Master Plan en 2005, est de créer une nouvelle ville dans l’ouest de l’île. Et l’un des moyens était de miser sur l’éducation. À l’exemple de notre centre commercial dont le cœur stratégique est une grande surface, notre plan s’articule autour de la création d’un campus estudiantin. » En 2011, le groupe, en phase avec la volonté des autorités de faire de Maurice un centre régional de formation, décide de s’orienter vers la création d’un pôle éducatif. «L UN MARCHÉ DE 10 MILLIONS D’ÉTUDIANTS L’enseignement tertiaire en Afrique a connu une forte expansion depuis les années 1970. Selon les estimations, les effectifs des étudiants africains sont passés de 200 000 il y a une quarantaine d’années à 10 millions aujourd’hui. « Il y a 800 000 nouveaux étudiants en Afrique chaque année », précise Thierry Sauzier. Or, seule une minorité des 1 500 universités publiques et privées d’Afrique proposent des programmes de niveau postuniversitaire, ce qui pousse des milliers étudiants à poursuivre leurs études hors du continent. Très peu d’entre eux rentrent dans leur pays à la fin de leur cursus, c’est la fameuse fuite des cerveaux. DES PROGRAMMES DE BOURSES Vingt bourses : 10 pour la licence de l’université Panthéon-Assas et 10 pour la licence en génie civil de l’École centrale de Nantes sont proposées. Elles sont strictement attribuées en fonction du dossier scolaire en secondaire et du revenu annuel des parents d’élève. « Nous sommes aussi dans une phase de levée de bourses auprès d’entreprises mauriciennes. Et nous réfléchissons à lever des aides à travers des institutions africaines comme la Banque africaine de développement et auprès d’entreprises françaises qui sont présentes en Afrique », indique Thierry Sauzier. 36 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 L’enseignement tertiaire en Afrique a connu une for te expansion depuis les anné es 1970. Selon les estimations, les effectifs des étudiants africains sont passés de 200 000 il y a une quarantaine d’années à 10 millions aujourd’hui. Les écoles qui ont choisi de s’installer à Maurice en partenariat avec Medine forment l’International Campus for Sustainable and Innovative Africa (ICSIA). Majoritairement françaises, même si elles sont de très haut niveau, elles sont assez mal connues en Afrique de l’Est qui est essentiellement anglophone. Ayant entamé leur externalisation depuis un certain temps, elles ont adapté leur enseignement. UNE OFFRE ANGLOPHONE « Le principal médium d’enseignement de ces écoles sera l’anglais. Et il ne s’agit pas d’un copié-collé. En plus des formations de base, elles ont pris en compte nos problématiques. Car notre ambition est de former des étudiants en Afrique pour l’Afrique. » Et l’offre séduit. À preuve, « un tiers des 30 étudiants qui intégrera, en octobre, la première promotion de Centrale Nantes seront des Africains du continent. Ils viennent du Kenya et de l’Ethiopie ». L’objectif du groupe mauricien est d’avoir, à terme, pour l’ensemble de ses formations, 75% d’étudiants africains et 25% de Mauriciens ». Conscient de l’intérêt d’avoir une offre dans la langue de Shakespeare, le groupe mauricien a, dès 2009, signé un accord avec la Westcoast International Primary School. Il s’agit d’une école primaire qui permettra également la création d’une école secondaire, la Westcoast International secondary School. Elle proposera à terme un baccalauréat international. Surtout, le groupe mauricien vient de signer, après des négociations qui ont duré trois ans, un joint-venture avec l’université Middlesex Mauritius. Cette université, qui était classée 117e au Royaume-Uni par le « Times » en 2011, est présente à Maurice depuis 2010. Son campus, situé dans la ville de Vacoas, au centre de l’île, sera délocalisé dans la Smart City de Medine, à Flic-en-Flac, d’ici fin 2017. Ce premier accord avec une institution anglophone en préfigure d’autres... UN INVESTISSEMENT DE 32,5 MILLIONS D’EUROS EN 2016-2017 Pour améliorer son offre, le groupe a investi cette année 1,3 milliard de roupies (32,5 millions d’euros) dans l’extension de son Business Park et dans La Westcoast International Primary School... Il a prévu également de développer un nouveau campus qui devrait être prêt en septembre 2017. Il comprendra un restaurant pour les étudiants et un complexe sportif doté d’une piscine olympique de 50 mètres. Des L’ INTERNATIONAL CAMPUS FOR SUSTAINABLE AND INNOVATIVE AFRICA C’est sous cette dénomination qu’ont été regroupés, sur le campus international de Medine, les universités et grandes écoles françaises suivantes : l’École centrale de Nantes, l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), l’École nationale supérieure d’architecture (ENSA), les universités Paris-Descartes et PanthéonAssas, l’école de gastronomie Ferrandi et l’Institut de management et de communication interculturels ISIT. Davidsen Arnachellum Thierry Sauzier, Managing Director de Medine Property : « Notre ambition est de former des étudiants en Afrique pour l’Afrique. » terrains de football et de rugby, des salles de sport et des centres de remise en forme, un centre artistique et une salle de fête au milieu d’un parc verront également le jour. Le plan directeur inclura une gare de bus, des pistes cyclables et piétonnières. Cet investissement s’intègre dans l’objectif global qui est d’avoir, en 2025, un portefeuille immobilier évalué à 10 milliards de roupies (250 millions d’euros). ÊTRE MOINS CHER À QUALITÉ ÉGALE D’ENSEIGNEMENT Le principal argument avancé par Medine pour séduire les étudiants étrangers est un coût de formation de 7 000 euros annuels en moyenne, nettement inférieur à l’offre équivalente en Europe. Ces grandes écoles ne bénéficient pas, dans leur développement international, du soutien de l’État français. « Selon nos calculs, basés sur une étude du syndicat étudiant français UNEF effectuée en août 2015, sur les coûts globaux (logement, alimentation, transport...) par rapport à une licence/LLB de droit à Paris II Assas, nous sommes environ 30% moins chers à Maurice », précise Thierry Sauzier. À coût inférieur, la perspective d’obtenir à Maurice un diplôme d’une institution reconnue internationalement, comme l’Essec, troisième au classement mondial des masters en management du « Financial Times », apparaît donc pertinente, d’autant plus qu’il existe un système de bourses. ■ L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 37 PERFORMANCE Maurice LE JAPON NE VEUT PAS LAISSER LE TERRAIN DE LA COOPÉRATION À LA CHINE La troisième puissance économique mondiale a fait de son Agence de coopération internationale (JICA) un instrument stratégique de rayonnement et a relancé ses actions à Madagascar. Elle organise pour la première fois, les 27 et 28 août, son sommet Japon-Afrique sur le sol africain, au Kenya. Par Jean-Michel Durand - [email protected] C réée en 2003, l’Agence de coopération internationale du Japon (en anglais : Japan International Cooperation Agency – JICA) est chargée de coordonner l’aide publique au développement (APD) nippone. Cette institution administrative indépendante est basée à Tokyo. Moins connue que ses homologues comme l’Agence française de développement (AFD) ou l’United States Agency for International Development (USAID), elle disposait en 2015 d’un budget de 1 114 milliards de yens (9,94 milliards d’euros), à comparer aux 8,3 milliards d’euros du groupe AFP (dons, prêts, Proparco). La coopération japonaise compte une centaine de bureaux répartis dans le monde dont 26 antennes basées en Afrique. Les programmes de la JICA y étaient évalués, en 2014, à 116 milliards de yens (1,03 milliards d’euros). Le Kenya avec 15,6% des programmes, la Tanzanie (13,2%) et le Mozambique (8,7%) formaient le trio de tête des États africains soutenus par la troisième puissance économique mondiale. La stratégie de la JICA s’articule autour de trois axes : une aide bilatérale sous forme de coopération technique, des prêts (en particulier dans les infrastructures) et des dons. Ses objectifs sont d’assurer des DR PERFORMANCE Océan Indien L’étude de faisabilité financée par la JICA (l’agence de coopération japonaise) pour le développement du port de Tamatave est d’autant stratégique qu’il accueille 80% des marchandises rentrant à Madagascar. 38 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 La JICA (Japan International Cooperation Agency) disposait d’un budget de 1 114 mil liards de yens (9,94 milliards d’euros) en 2015, à comparer aux 8,3 milliards d’eu ros du groupe AFP (dons, prêts, Proparco). perspectives économiques robustes et durables, de créer une société inclusive et résiliente et de permettre la stabilité et la paix. Le bureau basé à Madagascar chapeaute également celui de Maurice et des Comores. Il avait en charge un total de financements évalué à 15,72 millions de dollars en 2014. SOUTIEN À LA RIZICULTURE À MADAGASCAR « La JICA est présente dans la Grande île depuis 1969. Elle appuie financièrement et techniquement le développement de l’île, explique Akira Nishimoto, représentant résident et chef de la mission de l’aide publique au développement japonaise basée à Madagascar. Mais notre aide a été suspendue suite à la crise politique de 2009 et elle n’a repris que depuis l’an dernier. » Les secteurs prioritaires de la JICA portent sur les questions de développement rural (75% des 22 millions de Malgaches vivent dans les zones rurales), social (amélioration des systèmes d’alimentation en eau potable) et économique. Ainsi, en coordination avec son programme « Coalition pour le développement rizicole en Afrique (CARD), qui a pour but de doubler la production rizicole en Afrique en dix ans (de 14 millions en 2008 à 28 millions de tonnes à l’horizon 2018), la JICA soutient la « révolution verte » prônée par le gouvernement malgache. On estime que 650 000 Malgaches vivent en insécurité alimentaire. Aussi, la coopération japonaise a mis en œuvre de 2009 à 2014 un projet d’amélioration de la productivité rizicole sur les Hautes terres centrales, le PAPRIZ. Il s’agissait d’un échange de technologies et de savoir-faire. Les résultats ont été spectaculaires puisque, dans la plupart des régions pilotes, le rendement a doublé. Le coût de ce programme s’élevait à 7 millions de dollars et il entame aujourd’hui sa deuxième phase. Zou Andriamambola PERFORMANCE Océan Indien « Akira Nishimoto, représentant résident et chef de la mission de l’APD (Aide publique au développement) japonaise basée à Madagascar : « Notre aide a été suspendue suite à la crise politique de 2009 et elle n’a repris que depuis l’an dernier. » ACCÈS À L’EAU POTABLE, ROUTES, PORT ET AÉROPORT Le Japon a décaissé, de 2008 à 2013, 3,4 millions de dollars dans la prévention du VIH-SIDA. La JICA a aussi, sur la même période, déboursé 5 millions de dollars dans le projet RANOFIDIO pour améliorer la gestion des systèmes d’approvisionnement en eau potable et les comportements en matière d’hygiène dans la région Atsimo An- ÉVOLUTION DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (montants nets en milliards de dollars) À MAURICE : SOUTIEN À L’ENVIRONNEMENT ET À LA PRÉVENTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE 35 30 États-Unis 25 20 Allemagne 15 10 France 5 0 drefana (sud-ouest de Madagascar). Grâce à ce programme, la population a abandonné l’eau des rivières et des puits insalubres pour des pompes et des robinets. En 14 mois, la consommation d’eau est passée de 11 mètre cubes à 35 mètres cubes par jour. La JICA a financé, en 2007, la construction d’un « by pass » entre les routes nationales 7 et 2. Ce programme a coûté 32 millions de dollars. Autre projet financé par le coopération japonaise : une étude de faisabilité, pour un coût de 3 millions de dollars, pour le développement du port de Toamasina. Projet d’autant plus stratégique qu’il accueille 80% des marchandises rentrant à Madagascar. « Il est également envisagé la reprise du financement des travaux d’extension de l’aéroport international d’Ivato », indique Akira Nishimoto. Royaume-Uni Japon Chine 1993 94 95 96 97 98 99 2000 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 Dans le cadre de sa coopération technique, la JICA soutient à Maurice un total de 970 millions de yens (8,67 millions d’euros) de programmes portant sur la gestion des glissements de terrain, la protection et la réhabilitation des zones côtières, ainsi que des campagnes de sensibilisation dans ces domaines (projet qui se termine en juillet 2016). Autre programme en cours depuis 2010, le projet d’assainissement de Grand Baie. Évalué à 7 milliards de yens (62 millions d’euros), il est financé par un prêt. Mais le point d’orgue de la coopération japonaise à Maurice est la construction d’un nouveau radar météorologique, de type S-Band Doppler, à Trou aux Cerfs (au centre de l’île). L’ancien L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 39 À Madagascar, outre le soutien au déve lop pement du por t de Tamatave, il est envisagé la reprise du financement des travaux d’extension de l’aéroport international d’Ivato. AF PERFORMANCE Océan Indien La coopération japonaise a mis en œuvre, de 2009 à 2014, à Madagascar, un projet d’amélioration de la productivité rizicole, le PAPRIZ. Les résultats sont spectaculaires car, dans la plupart des régions pilotes, le rendement a doublé. radar, qui date de 1979, n’est plus fonctionnel depuis 2002. Financés par une subvention de 1,15 millard de yens (10,28 millions d’euros), les travaux débuteront en août 2016 et devraient être terminés en mars 2018. « La maintenance, la formation technique et le transfert de technologies seront assurés dans le cadre de notre programme de coopération technique qui s’étend de 2015 à 2017. » Le montant évalué de ce soutien est de 100 millions de yens (894 678 euros). AUX COMORES : FORMATION DE 600 PÊCHEURS Aux Comores, la coopération de la JICA a débuté dans les années 80. Elle se concentre principalement dans les services médicaux (prévention des maladies infectieuses, santé maternelle et infantile…), le développement de la communauté agricole et de la pêche, l’éducation et le programme de formation professionnelle. Dans le cadre de sa coopération technique, le Japon a renforcé les capacités de l’École nationale de pêche. Ce programme s’est étalé de 2011 à 2014. Il a permis de former 600 pêcheurs aux enjeux de l’utilisation sécurisée des ressources halieutiques du pays. LE SOMMET JAPON-AFRIQUE VA MISER SUR LE SECTEUR PRIVÉ Plus de vingt ans après l’organisation, en 1993, de la première TICAD (le sommet Japon-Afrique), l’Afrique a bien changé. Du continent sans Alors que Pékin investit massivement dans les infrastructures, Tokyo mise sur l’aide publique au développement. Et aujourd'hui, le Japon est le pays asiatique qui contribue le plus au financement de projets en Afrique. 40 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 espoir, tant décrié par le magazine « The Economist », sa croissance annuelle moyenne de 5% aiguise aujourd’hui toutes les convoitises tant des pays développés que des puissances émergentes. Et cela même si la chute des cours du pétrole et des matières premières a impacté durement certaines économies africaines, comme celle de l’Angola... Organisée par le Bureau du conseiller spécial des Nations unies pour l’Afrique, le gouvernement du Japon, l’Union africaine et la Banque mondiale, la 6ème TICAD se tiendra pour la première fois en Afrique, les 27 et 28 août, à Nairobi, au Kenya. Cette rencontre intervient au cours du déploiement du plan d’action de Yokohama (2013-2017) dans lequel le gouvernement japonais s’engage à appuyer la croissance africaine avec 32 milliards de dollars sur cinq ans. Surtout, la TICAD VI mise sur la participation du secteur privé pour investir dans des projets en Afrique. Plus de 100 entreprises japonaises, dont beaucoup de PME, qui constituent 99,7% du tissu économique nippon, sont attendues à ce forum. Elles pourront explorer des opportunités car le pays du soleil levant reste vulnérable à la situation économique mondiale. La TICAD représente pour lui une excellente opportunité. Mais le secteur privé japonais présent en Afrique est majoritairement impliqué dans l’extraction, la construction d’infrastructures et l’exportation de voitures ou de technologies. Il a du mal à rivaliser avec la Chine devenue le partenaire privilégié de l’Afrique. JAPON CONTRE CHINE : LA COURSE À L’INFLUENCE La rivalité historique entre les deux grandes puissances asiatiques se retrouve jusque sur le continent africain. Elle tient d’abord à la véritable boulimie de ces deux pays pour les matières premières. L’appétit des Chinois pour le pétrole, le cuivre, le zinc et le platine africains est sans limite. Mais le Japon n’est pas en reste puisqu’il importe 100% du pétrole qu’il consomme, plus de 90% du gaz naturel et plus de 80% du charbon dont il a besoin. Alors que les échanges entre l’Afrique et la Chine se révélaient très marginaux en 2000, avec seulement 10 milliards de dollars d’échanges, ils se sont fortement accrus. Les échanges ont atteint aujourd’hui 200 milliards de dollars. Mais alors que Pékin investit massivement dans les infrastructures, Tokyo mise sur l’aide publique au développement. Et aujourd’hui, le Japon contribue le plus au financement de projets en Afrique. « Sur les 4,2 milliards de dollars que les pays asiatiques ont investi l’an dernier dans la réhabilitation des routes, l’adduction d’eau, le déploiement de réseaux d’assainissement et la construction d’oléoducs et de gazoducs, les Japonais ont apporté 3,5 milliards de dollars », précise un récent rapport de Linklaters, un cabinet d’avocats d’affaires qui fait référence en matière de conseil aux entreprises. ■ LA RÉUNION ORGANISE LE FORUM INTERNATIONAL DE LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE de deux défis du numérique et 48 heures de « hackathon » ouvert aux étudiants pour imaginer une solution digitale innovante. Sur place, les participants pourront profiter d’une zone d’exposition pour 30 entreprises et partenaires et de 7 ateliers B to B pour organiser leurs rendez-vous d’affaires ciblés. La transformation numérique en Afrique est le thème central de cette première édition et plus précisément son incidence sur les États et sur les entreprises. La grande diversité des participants devrait permettre des échanges fructueux. Les organisateurs attendent des chefs d’entreprise, des start-up, des bloggeurs, des écoles, des représentants de gouvernements africains, ainsi que des « keydecision makers » du numérique. ■ Plus d’infos sur le site www.nxse.io qui propose des inscriptions en ligne. Initiée par Digital Réunion, cette première édition aura lieu les 1er et 2 septembre et vise à stimuler les échanges entre les entreprises et organisations françaises et européennes et leurs homologues de l’océan Indien et de l’Afrique francophone et anglophone. B aptisé NxSE (prononcer Nexi), ce forum a l’ambition d’être un carrefour entre le Nord et le Sud-est. En phase avec la stratégie de Digital Réunion, l’association des professionnels réunionnais du numérique, qui vise la labellisation French Tech et la promotion de ses savoir-faire dans l’océan Indien et en Afrique. Le forum et prévu à l’hôtel Mercure Créolia, à Saint-Denis, et propose un programme riche en opportunités d’affaires et en conférences de veille stratégique. Quelque 250 entrepreneurs et décideurs du numérique, de l’innovation et du commerce international sont attendus, dont 100 participants et intervenants venant de 10 pays d’Afrique : Sénégal, Côte d’ivoire, Ghana, Éthiopie, Tanzanie, Kenya, Ouganda, Afrique du Sud, Mozambique et Tunisie. CONFÉRENCES, MASTERCLASS, ATELIERS B TO B ET HACKATHON Pas moins de 15 conférences thématiques sont annoncées, animées par des intervenants de référence dans les domaines clés de la transformation numérique : Telecoms, Mobile Money, E-Banking, Smart Cities, Big Data, IoT, E-Santé, E-Tourisme, Startups, E-Education. Également au programme, deux masterclass pour maîtriser l’état de l’art L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 41 PERFORMANCE Océan Indien/Afrique ID FORUM RÉUNION Stocklib/Roman Sigaev FONCIER ÉCONOMIQUE : UN OUTIL DE DÉVELOPPEMENT ET D’ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE Alors qu’on constate une insuffisance de foncier destiné à l’activité économique ou des offres inadaptées, les nouvelles dispositions de la Loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) et l’élaboration d’un schéma régional doivent permettre d’améliorer la situation. Par Philippe Stéphant L a recherche de foncier pour le développement d’activités est la première préoccupation des entrepreneurs de l’île. Il manquait, ces dernières années, plus de 970 hectares de foncier économique disponible pour répondre aux besoins de croissance ou d’implantation des entreprises. « La Région Réunion a lancé, le 4 juillet, la rédaction du Schéma 42 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation, et le foncier économique en constitue un volet essentiel », annonce Frédéric Lorion, responsable de l’Observatoire économique de l’Agence régionale de développement Nexa. Dans le cadre de la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), le SRDE II définit la feuille de route pour cinq ans en matière d’aides ID aux entreprises, dont le soutien à l’investissement immobilier, et les orientations relatives à l’attractivité du territoire régional. « Les acteurs économiques, au sens large, et toutes les collectivités locales sont associés à l’élaboration du SRDE II qui sera validé en décembre par l’assemblée régionale », précise Frédéric Lorion. Son importance est capitale puisque ce schéma deviendra le seul cadre de référence pour l’attribution de toute aide publique aux porteurs de projet. Promulguée en août 2015, la loi NOTRe impose également le transfert des zones d’activité économique des communes au patrimoine des EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale). Ce bouleversement dans la gestion du foncier économique implique d’importants transferts de charges. Frédéric Lorion, responsable de l’Observatoire économique de l’Agence régionale de développement Nexa : « La Région Réunion a lancé, le 4 juillet, la rédaction du Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation, et le foncier économique en constitue un volet essentiel. » UN RECENSEMENT ANALYTIQUE TRÈS PRÉCIS UN FONCIER RARE ET CHER Les opérations privées en immobilier d’entreprise offrent des taux attractifs de retour sur investissement, de 7% à 11% annuellement, mais ce sont les modes d’accès au foncier adéquat qui font défaut. Les collectivités restent les acteurs de référence. La seule opération récente d’envergure est le développement, en cours, de la zone d’activité de Pierrefonds-Aérodrome sur 60 hectares à Saint-Pierre. « La dissémination du foncier est coûteuse car le terrain économique isolé attire la concurrence et d’autres vocations », constate JeanClaude Pitou, directeur général délégué de la Sodiac. Cette société Aurélie Rigal, responsable urbanisme à l’Agorah, l’Agence d’urbanisme de La Réunion : « Nous développons l’Observatoire de la ville tropicale durable, créatrice de liens, d’émulation et de qualité environnementale. » Vincent Saminadin, responsable de l’Observatoire du foncier économique à l’Agorah : « Notre atlas du foncier économique recense 330 hectares pour la microrégion nord dont 270 hectares voués à la production. 20 hectares seraient directement mobilisables, actuellement à l’état de friches ou désaffectés, dont 6 hectares s’affichent à vendre ou à louer. » en partenariat avec L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 43 Photos Guillaume Foulon Une étude très détaillée, dont les données pour l’ensemble de l’île seront disponibles en fin d’année, recense la totalité des fonciers constructibles et les contraintes liées à chacun des sites. « Il subsiste du foncier urbanisable et du foncier qu’on peut réurbaniser », informe Aurélie Rigal, responsable urbanisme à l’Agorah, l’Agence d’urbanisme de La Réunion. L’Agence effectue également un recoupement exhaustif des zones d’activité de l’île. « Nous avons refondé, en 2015, l’Observatoire du foncier économique pour affiner la cartographie de ces zones et produire des données analytiques selon les filières d’activité, ajoute Vincent Saminadin, responsable de cet Observatoire à l’Agorah. Cet atlas du foncier économique recense 330 hectares pour la microrégion nord dont 270 hectares voués à la production. 20 hectares seraient directement mobilisables, actuellement à l’état de friches ou désaffectés, dont 6 hectares s’affichent à vendre ou à louer. » L’étude, qui recense également les zones d’activité « de fait », formées d’entreprises qui se regroupent en dehors des zones dédiées, produira ses données sur les autres microrégions dès la fin 2016. « Beaucoup de parcelles restent indisponibles car elles sont mobilisées pour des projets qui ne sortent pas, à défaut de clauses fixant des délais de réalisation lors de la rédaction des actes », commente Sophie Retaux, responsable d’activités pour l’aménageur Sodiac. D’autres sites dans l’île ont fait l’objet de sous-locations multiples, créant des situations difficiles à tirer au clair. ID FORUM RÉUNION d’économie mixte est concessionnaire pour l’aménagement de foncier économique, comme celui du Quadrilatère Océan, à SaintDenis. « La faiblesse de l’offre génère des valeurs locatives équivalentes à celles de l’Est parisien, parfois supérieures à 24 euros du mètre carré de bureaux, indique Vincent Le Baliner, gérant d’Inovista, entreprise de conseil et de commercialisation d’immobilier d’entreprise. Le taux de vacance moyen, de 5,5%, est très faible. L’obsolescence du parc est importante. Des immeubles sont libérés mais non rénovés, alors que les entreprises ont de nouveaux besoins en qualité d’équipements. » Les coûts de construction sont élevés, à La Réunion, pour le tertiaire comme pour les sites de production. « Grâce aux financements régionaux et européens, nous pouvons proposer du neuf pour un coût de location artisanale de 7 à 9 euros du mètre carré. Les coûts du gros œuvre sont 30% plus élevés qu’en Métropole et même avec une faible rentabilité, nos coûts de sortie se révèlent trop élevés pour beaucoup d’entreprises », commente Jean-Claude Pitou. Jean-Claude Pitou, directeur général délégué de la Sodiac : « Grâce aux financements régionaux et européens, nous pouvons proposer du neuf pour un coût de location artisanale de 7 à 9 euros du mètre carré. Les coûts du gros œuvre sont 30% plus élevés qu’en Métropole et, même avec une faible rentabilité, nos coûts de sortie se révèlent trop élevés pour beaucoup d’entreprises. » UNE RÉSERVE DE FONCIER POUR L’INDUSTRIE Sophie Retaux, responsable d’activités pour l’aménageur Sodiac : « Beaucoup de parcelles restent indisponibles car elles sont mobilisées pour des projets qui ne sortent pas, à défaut de clauses fixant des délais de réalisation lors de la rédaction des actes. » Concentrés sur les activités de production, les industriels n’ont pas vocation à développer du patrimoine. La location de foncier est un moyen de se consacrer à leur cœur de métier. « Nous proposons essentiellement des baux à construction, de 30 à 50 ans », explique Pierre Grange, responsable de service au TCO (Territoire de la Côte ouest). Comme les autres EPCI, ses programmes encadrés par le FEDER (Fonds européen de développement régional) ou le FEI (Fonds exceptionnel d’investissement) permettent des coûts de location d’environ 5 euros du mètre carré, augmentés d’une charge locative de 2 à 3 euros. Les loyers sont plafonnés pour permettre aux entreprises d’y accéder. Mais sur des opérations de promotion pour la vente de locaux artisanaux, à Saint-Leu et à Trois-Bassins, le coût de sortie estimé par le TCO s’élève à 240 euros du mètre carré. « C’est trop cher pour les entreprises », déplore Pierre Grange. Beaucoup de projets industriels ont été retardés faute de disposer du foncier nécessaire. « Il est extrêmement important qu’on reprécise bien, dans le cadre du SRDE II, les besoins des industriels, notamment en foncier de production, martèle Françoise de Palmas, secrétaire générale de l’ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion). Nous restons très attentifs à l’évolution de la zone arrière portuaire, la seule zone sanctuarisée pour des activités de production. Il faut véritablement identifier les besoins pour le développement industriel qui doit accompagner l’évolution de PortRéunion en hub régional maritime et de transbordement. » Pierre Grange, responsable de service au TCO (Territoire de la Côte ouest) : « Le transfert de patrimoine des zones d’activité des communes aux EPCI se fait en deux étapes. Nous devons délibérer et statuer sur les zones à transférer pour le 31 décembre 2016. Le volet financier, sur les conditions et modalités des transferts, sera validé pour décembre 2017. » 44 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Photos Guillaume Foulon UN PROJET DE CLUSTER AÉRONAUTIQUE Vincent Le Baliner, fondateur et dirigeant d’Inovista, entreprise de conseil et de commercialisation d’immobilier d’entreprise : « La faiblesse de l’offre génère des valeurs locatives équivalentes à celles de l’Est parisien, parfois supérieures à 24 euros du mètre carré de bureaux. » La Cinor (Communauté intercommunale du Nord), regroupant les communes de Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne, a engagé, fin 2015, une approche stratégique de développement qui optimise les évolutions de la loi NOTRe. « La stratégie d’une microrégion a vocation à s’intégrer au SRDE II, argumente Jean-Paul Lefèvre, directeur général adjoint, en charge du développement et de l’aménagement du territoire de la Cinor. D’autre part, le transfert des zones d’activités aux EPCI nous permet de définir des projets à ID FORUM RÉUNION DES CHARGES SUPPLÉMENTAIRES POUR L’INTERCOMMUNALITÉ Le transfert de patrimoine des zones d’activité des communes aux EPCI se fait en deux étapes. « Nous devons délibérer et statuer sur les zones à transférer pour le 31 décembre 2016. Le volet financier, sur les conditions et modalités des transferts, sera validé pour décembre 2017 », précise Pierre Grange. Le TCO va ainsi intégrer 20 zones d’activité et doubler sa charge patrimoniale d’entretien. L’intercommunalité devra aussi intégrer la gestion des digues, de l’eau et de l’assainissement d’ici 2020. « Ces transferts de charges vont impacter notre capacité à créer de nouveaux aménagements », ajoute Pierre Grange. Les coûts d’aménagements sont aussi très élevés à La Réunion, pour deux tiers dus au terrassement. La topographie, l’hydraulique, les contraintes environnementales et les délais d’instruction allongent la durée de réalisation qui peut atteindre trois ans. L’aménagement de l’ancienne décharge de la ville du Port, pour créer une zone d’activité de 16 hectares, sous le nom d’Ecoparc, a battu des records de coûts et de délais. « Ecoparc est maintenant commercialisé à 86%, consacré à des activités relevant de l’économie circulaire », informe Pierre Grange. « L’aménagement, à La Réunion, représente 30% des coûts d’un programme. Les terrains disponibles ne sont pas les meilleurs et les aides à l’aménagement sont extrêmement réduites », commente Jean-Claude Pitou. Les collectivités supportent le déficit de certaines opérations, à l’aide de subventions locales ou de prêts relais, afin de proposer des coûts acceptables pour les entreprises. Françoise de Palmas, secrétaire générale de l’ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion) : « Il est extrêmement important qu’on reprécise bien, dans le cadre du SRDE II, les besoins des industriels, notamment en foncier de production. Nous restons très attentifs à l’évolution de la zone arrière portuaire, la seule zone sanctuarisée pour des activités de production… » Jean-Paul Lefèvre, directeur général adjoint de la Cinor (Communauté intercommunale du Nord), en charge du développement et de l’aménagement du territoire : « La stratégie d’une microrégion a vocation à s’intégrer au SRDE II. D’autre part, le transfert des zones d’activités aux EPCI nous permet de définir des projets à l’échelle de la microrégion avant de les proposer aux communes. » Vincent Le Baliner. La qualité de vie, dans l’environnement de travail, est à prendre en compte dans l’urbanisation. Une entreprise recherche plutôt une solution bâtie et exprime ses besoins en mètres carrés. » Inovista a réalisé un inventaire du parc d’immobilier d’entreprise réunionnais, cartographié en 2014, et édite tous les six mois des données conjoncturelles sur ce marché. « Ce sont des données sur l’offre et la demande et les valeurs des transactions, par microrégion. Des outils assez fins qui permettent d’adapter des produits devant être mis sur le marché », explique Vincent Le Baliner. Pour une planification durable du développement urbain, l’Agorah centralise les réflexions de différents partenaires. « Nous développons l’Observatoire de la ville tropicale durable, créatrice de liens, d’émulation et de qualité environnementale », annonce Aurélie Rigal. ■ L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DANS LA VILLE À l’heure où se développent des Smart City, il ne faut pas oublier la ville dans la planification de nouveaux espaces d’activité. « L’économie semble être le parent pauvre des programmes de rénovation urbaine », s’alarme Sophie Retaux. Le tertiaire, le commerce et l’artisanat contribuent à résoudre des problèmes de mobilité et de densité de l’habitat, comme dans le centre de Saint-Denis qui est le premier parc économique de la Cinor. « La microrégion est dispose d’une réserve foncière très importante mais souffre d’un manque d’attractivité du à une faiblesse en éléments structurants, analyse 46 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Photos Guillaume Foulon l’échelle de la microrégion avant de les proposer aux communes. » La Cinor souhaite ainsi développer, autour de l’aéroport de La Réunion et du port de Sainte-Marie, des zones d’activité Air, Mer et Terre qui pourront mobiliser plusieurs fonds européens peu utilisés, comme le FEAMP pour la zone littorale, afin de constituer une force de frappe à la hauteur des ambitions de la collectivité. « Nous avons échangé avec des acteurs extérieurs pour déployer, d’ici 2018, de nouveaux écosystèmes, comme la maintenance aéronautique et des activités à haute valeur ajoutée intéressant la Technopole, le port de Sainte-Marie et la zone de La Marine, à Sainte-Suzanne », révèle Jean-Paul Lefèvre. La Cinor va créer à La Marine 8 à 10 hectares de zones d’activité pour la production et d’immobilier d’entreprise à des prix compétitifs. La collectivité veut aussi relancer le projet de SWAC (Sea Water Air Conditioning), délaissé par le groupe Engie, et créer des activités dans les Hauts de ses trois communes. en partenariat avec ID FINANCE DOSSIER AVOIR DE L’ARGENT EST DEVENU UN VRAI CASSE-TÊTE La diversification, la diversification !… Oui bien sûr, c’est le leitmotiv habituel des gestionnaires de patrimoine. Mais encore faut-il savoir comment. Les placements sans risque n’existent plus et le devenir de l’économie est plus incertain que jamais. Par Marion Gauge-Rousselot et Alain Foulon e pas avoir d’argent est un problème. En avoir l’est aussi même si ce n’est pas le même genre de problème. Personne n’a envie de voir son épargne s’envoler en raison de mauvais choix. Et pourtant, il faut bien prendre quelques risque si l’on souhaite obtenir mieux que les 0,75% du Livret A. Les banques elles-mêmes ne sont plus vraiment sûres pour les épargnants. N les contribuables soient mis à contribution en cas de faillite d’une ou de plusieurs banques (mais plutôt les actionnaires et les déposants, c’est-à-dire, in fine, les contribuables), la directive n’exclut nullement cette possibilité, en établissant « un système de renflouement interne garantissant que les contribuables soient les derniers à entrer en ligne de compte pour payer les factures d’une banque en difficulté. » LES ÉPARGNANTS À LA MERCI D’UN DÉFAUT DE LEUR BANQUE LE MARCHÉ EST TRÈS VOLATILE Stocklib/Sergey Kolesnikov Depuis le 1er janvier 2016, les banques européennes peuvent se recapitaliser en ponctionnant les comptes de leurs déposants. Cette nouvelle donne est une conséquence de la directive 2014/59/UE du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne du 15 mai 2014, autrement connue sous le nom de « directive européenne sur le redressement des banques et la résolution de leurs défaillances » (BRRD pour Bank Recovery and Resolution Directive). En France, cette directive a été promulguée le 20 août 2015 par ordonnance de François Hollande, sans passage par le Parlement, sans débat et sans couverture médiatique. Vantée comme destinée à éviter que Depuis le 1er janvier 2016, les banques de l’Union européenne ne sont plus vraiment sûres car elles peuvent se recapitaliser en ponctionnant les comptes de leurs déposants. 48 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Serons-nous obligés de revenir au bon vieux bas de laine ? Plutôt archaïque ! Sans compter qu’on peut toujours s’interroger sur la valeur réelle de la monnaie papier. Des économistes très sérieux, comme Charle Gave, ont déjà prédit la fin de l’euro, ce qui entraînerait une onde de choc autrement plus forte que le récent référendum britannique sur le Brexit. Mais l’on peut accorder du crédit à ces oiseaux de mauvais augure car la monnaie unique européenne semble difficilement viable dans un contexte de forte disparité entre les productivités des différents pays concernés. Si l’on ajoute le phénomène du surendettement de certains États au bord de la faillite, cela donne de l’altitude aux métaux et en particulier à l’argent-métal, comme le montre Pierre Leconte (lire notre article page 52). Globalement, le marché demeure très volatile et l’environnement autour du placement évolue à grande vitesse. « La multiplicité des offres, notamment en ligne, peut perturber l’épargnant, qu’il soit novice ou aguerri. La fiscalité peut également impacter lourdement la rémunération finale, comme c’est le cas pour les comptes-titres (actions ou obligations détenues en direct) ou encore les produits d’épargne bancaire dont les intérêts subissent désormais pour la plupart la réintégration aux revenus globaux, soit, pour les plus imposés, une ponction fiscale qui peut atteindre plus de 60%... Selon nous, pour parler de rémunération d’épargne, il faut préalablement distinguer ‘contenant’ et ‘contenu’ », explique Kouresh Koytcha, gestionnaire de patrimoine, associé du cabinet KoytchaConseil. Pour ce dernier, chercher à optimiser son patrimoine, c’est finalement chercher à optimiser le couple contenu et contenant. Si l’on comprend cette règle simple, on peut déjà commencer à s’y retrouver en matière de placement. ID Stocklib/Maryna Pleshkun Ne pas avoir d’argent est un problème. En avoir l’est aussi même si ce n’est pas le même genre de problème. Personne n’a envie de voir son épargne s’envoler en raison de mauvais choix. IL EST ESSENTIEL D’AVOIR UNE AUTRE VISION DU RISQUE Le contenant est l’enveloppe dans laquelle on va loger ou investir son épargne (assurance-vie et autres PEA pour la partie financière, SCI pour la partie immobilière, ou société civile de portefeuille, etc.). Le contenu concerne quant à lui directement les supports d’investissement, là où précisément ira son épargne : le fonds en euros garanti de l’assurance-vie, les unités de compte, les fonds actions ou obligations ou les SCPI (immobilier « papier »), l’immobilier en direct, etc.. Pour Hervé Lebigre, directeur de la banque privée de la Banque de la Réunion CEPAC, il est essentiel d’avoir une autre vision du risque puisque la rémunération sans risque n’existe plus. « Les taux d’intérêt des produits d’épargne sont très faibles et le seront encore pour une De s économis tes très sérieux, comme Charle Gave, ont déjà prédit la fin de l’euro, ce qui entraînerait une onde de choc autrement plus forte que le récent référendum britannique sur le Brexit. période relativement longue. Suite à la crise des subprimes, il y a eu beaucoup d’argent en circulation, le fameux « quantitative easing », mesure exceptionnelle pour relancer l’économie. Le prix de l’argent est devenu très faible. Il faut diversifier sur les unités de compte et opérer des choix de certains fonds par zone, aux Etats-Unis, en Europe, en Asie. » Les fonds en euros ne cessent de s’éroder. Pour autant, l’assurance-vie, même si sa rentabilité va encore baisser de 2,20% à 2%, voire à 1,90%, demeure un placement fiable, qui autorise une grande palette de supports (comme les unités de compte : obligations ou actions), présente des avantages fiscaux et de bonnes conditions de transmission patrimoniale. L’IMPORTANT EST D’ÊTRE BIEN ACCOMPAGNÉ Selon les spécialistes, il faut évoluer et, surtout, se faire accompagner, s’entourer de compétences. Investir en fonction de son appétence au risque, de son expérience, de son profil. Il faut faire le bilan de ses objectifs et adapter ses choix d’investissement à ses besoins et en fonction de sa situation personnelle, familiale et fiscale. « Posezvous les bonne questions !, insiste Kouresh Koytcha. De combien ai-je besoin pour assurer mon quotidien ? Quelle quote-part de mon capital et de mes revenus puis-je consacrer à l’investissement ? Sur quelle durée ? Quel degré de risque suis-je prêt à prendre pour investir sur des supports non garantis en capital mais peut-être plus rémunérateurs. Il faut alors scruter les différents domaines possibles d’investissement ». L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 49 ID FINANCE DOSSIER L’IMMOBILIER OUI ! MAIS DANS QUELS PRODUITS ? protecteur pour les locataires (surtout lorsqu’ils sont mauvais payeurs…). » DES OPPORTUNITÉS DANS L’IMMOBILIER À L’INTERNATIONAL Le marché de l’immobilier est devenu planétaire et des prestataires de l’océan Indien, comme Alena Groupe, en ont fait leur métier. Ils proposent des investissements à Maurice, au Portugal, où l’immobilier est en plein boom, et dans certains pays d’Europe de l’Est. S’il fait ce choix, un résident fiscal français devra se pencher non seulement sur le potentiel de ces marchés, mais aussi sur les conventions DR Selon Hervé Lebigre, l’immobilier repart. « Après dix ans de hausse et cinq ans de baisse, le marché repart à la hausse. C’est le moment d’investir notamment sur des produits de niche dans des grandes villes de Métropole comme le loueur en meublé non professionnel au sein de résidences étudiantes, les résidences services pour personnes âgées (voir notre article à ce sujet, dans ce même dossier) ou encore les résidences pour hommes d’affaires. Ce sont des offres intéressantes qui permettent un rendement brut de 3,80% à 4,10%, soit 3,30% net pour un investissement à partir de 70 000 euros. » Au cabinet de KoytchaConseil, un autre avis se dégage : « Pour ceux disposant d’un capital en sommeil et fortement imposé, pourquoi ne pas s’orienter vers du foncier nu à la Réunion ? La logique insulaire tend à pousser les prix du foncier à la hausse. Et au final, miser sur une plus-value à long terme plutôt que sur des revenus ponctionnés fortement par l’impôt peut être une stratégie payante (fiscalement tout du moins). Ceux qui possèdent leur résidence principale peuvent se poser la question de la vendre et de prendre la plus-value au passage tout en réinvestissant à un taux d’intérêt plus compétitif. Regardez également l’immobilier commercial qui peut être parfois mieux « bordé » que l’immobilier d’habitation avec également l’avantage de recourir à un bail commercial. Ce dernier lèse moins le propriétaire que le bail d’habitation classique si Her vé Lebigre, directeur de la banque privée de la Banque de la Réunion CEPAC : « Le prix de l’argent est devenu très faible. Il faut diversifier sur les unités de compte et opérer des choix de cer tains fonds par zone, aux Etats-Unis, en Europe, en Asie. » Le marché de l’immobilier est devenu planétaire. Un résident fiscal français devra se pencher non seulement sur le potentiel des différents marchés, mais aussi sur les conventions fiscales signées avec la France. Dans le cas de Maurice, la convention fiscale est l’une des rares au monde à pouvoir éviter une imposition à l’ISF. 50 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 ID Stocklib/nakit jaroonsrirak En matière de placements boursiers, l’Asie peut tenter les plus téméraires, à condition d’être bien conseillé. Mais sachant qu’elle devient le nouveau centre économique du monde, on ne peut plus l’ignorer. fiscales signées avec la France. Dans le cas de Maurice, la convention fiscale est l’une des rares au monde à pouvoir éviter une imposition à l’ISF, l’investissement immobilier dans ce pays n’étant pas pris en compte dans le calcul de cet impôt sur la fortune. Il n’est en pas de même, en revanche, de l’impôt sur la succession si le propriétaire ou ses héritiers résident fiscalement en France. Et cela même si, à Maurice, ce type d’impôt n’existe pas, de même qu’il n’existe pas d’impôt sur la plus-value mais seulement une taxe de 5% sur le prix de vente du bien. Certains marchés avaient le vent en poupe ces dernières années, comme celui de la Floride, en proposant des biens à des prix très abordables comparativement à d’autres pays. LA BOURSE : UNE QUESTION DE TIMING MAIS AUSSI DE GÉOPOLITIQUE Les prix de l’immobilier à La Réunion en 2015 Plus de 2 600 transactions ont été passées au crible dans le premier baromètre de la Chambre des notaires. En 2015, les prix médians par mètre carré des appartements anciens et neufs se sont élevés respectivement à 2 080 euros et 4 040 euros, en hausse de 3,4% et 5,3% comparé à l’année précédente. Le prix de l’ancien se révèle quasiment similaire à celui qu’affichent les villes de Tours (2 100 euros) et d’Amiens (2 120 euros). Concernant l’acquisition des maisons anciennes qui ont intégré l’étude, la surface habitable moyenne est de 100 mètres carrés et celle du terrain à 520 mètres carrés. La vente s’est conclue pour un prix médian de 200 000 euros, une valeur proche des prix pratiqués à Metz (195 300 euros), Dijon (203 100 euros) et Nîmes (205 000 euros). Les maisons neuves retenues présentent, quant à elles, une surface habitable moyenne de 90 mètres carrés et un terrain de 330 mètre carrés. La transaction s’est opérée au prix médian de 265 000 euros. Enfin, le prix médian des terrains à bâtir (TAB) s’est établi à 94 900 euros, soit à 200 euros le mètre carrés. La surface moyenne des parcelles retenues dans l’étude statistique s’élève à 490 mètres carrés. Investir en Bourse nécessite d’accepter de gros risques de volatilité. Elle évolue de façon très erratique, surtout depuis la dernière crise. Il n’y a plus guère de règles et les soubresauts sont la conséquence d’un niveau de stress aigu des marchés qui surréagissent à l’annonce des nouvelles, bonnes ou mauvaises. Beaucoup de facteurs extérieurs influent sur les marchés, tels que des événements géopolitiques, des décisions monétaires de la part de banques centrales ou des décisions politiques à l’image du Brexit qui a conduit à une chute vertigineuse des marchés. Il faut donc accepter une très forte dose de risque. Mais comme pour l’immobilier, on peut aussi avoir un regard planétaire. Certaines petites bourses africaines, y compris celle de Maurice, affichent de très belles rentabilité en comparaison des grande places financières comme Paris ou Londres. L’Asie peut aussi tenter les plus téméraires, à condition d’être bien conseillé. Mais sachant qu’elle devient le nouveau centre économique du monde, on ne peut plus l’ignorer. Pour Kouresh Koytcha, « le niveau actuel des marchés boursiers demeure encore bien trop décorrélé de la santé réelle des économies ». Dans un monde incertain, nul doute qu’une approche géopolitique est devenue incontournable pour y voir plus clair sur le moyen et le long termes. ■ L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 51 ID FINANCE DOSSIER L’OR REPART MAIS L’ARGENT A LE PLUS FORT POTENTIEL DE HAUSSE En ces temps d’incertitudes, les métaux précieux apparaissent plus que jamais comme des valeurs refuges. Une analyse de Pierre Leconte, fondateur du Forum monétaire de Genève. Par Pierre Leconte (*) - http://www.forum-monetaire.com L’argent est le marché des métaux et des matières premières qui, encore plus que le pétrole, a le potentiel de hausse le plus fort… Notre objectif se situe vers 35/37 dollars l’once. 52 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 LA FUITE DES INVESTISSEURS VERS DES ACTIFS RÉELS Le motif de la reprise de cette année s’explique par le fait que les taux d’intérêt zéro ou négatifs poussent l’or à la hausse en raison de la fuite des investisseurs vers les actifs réels puisque les instruments à revenu fixe ne rapportent plus rien. Quant aux achats d’or des banques centrales de Chine, de Russie et d’ailleurs, ils n’ont pas d’impact sur le prix de l’or dans la mesure où lorsqu’il y a un acheteur, il y a aussi un vendeur, ce qui s’équilibre. C’est un jeu à somme nulle. Le problème de l’or est que les stocks disponibles sont énormes par rapport à la demande et qu’il n’y a pas non plus de déficit de l’offre physique par rapport à la demande physique. Ce Stocklib B ien qu’il n’y ait toujours pas d’inflation dans la plupart des pays du monde et que la déflation empire, que le dollar US se soit plus ou moins stabilisé contre la plupart des monnaies (entre 1,07 et 1,15 euros) et que les actions US et le pétrole soient en forte reprise, l’or est monté de 1 060 à 1 350 dollars l’once cette année après avoir chuté de façon quasi ininterrompue depuis son plus haut de 1 925 atteint en 2011, il y a cinq ans. Chute qui a été essentiellement due à la hausse du dollar US pendant la période 2011-2015, mais aussi à toutes sortes de manipulations que les « bullion banks » ont effectuées pour pousser à la baisse le métal jaune qu’elles vendent à découvert aux fins de « carry trade » comme pour rentabiliser les « gold loans » qu’elles reçoivent des banques centrales. ID FINANCE DOSSIER Le motif de la reprise de cette année s’explique par le fait que les taux d’intérêt zéro ou négatifs poussent l’or à la hausse en raison de la fuite des investisseurs vers les actifs réels puisque les instruments à revenu fixe ne rappor tent plus rien. qui n’est pas le cas de l’argent-métal, dont la chute de 50 à 13,50 dollars l’once de 2011 à 2015 a été encore plus forte que celle de l’or. Métal blanc qui est en déficit chronique depuis plusieurs années, la demande physique excédant l’offre physique et les stocks étant détenus par quelques opérateurs (comme JP.Morgan) qui ne les lâchent pas parce ce qu’il s’en servent comme collatéral pour certaines affaires. Étant donné, par ailleurs, que les ratios or/argent métal et or/pétrole ont atteint des niveaux stratosphériques et qu’ils ont commencé leur retournement, nous avons acheté l’argent-métal (sous la forme de deux ETF : USLV et AGQ) et le pétrole mais pas l’or. LA MACHINE À CRÉER DES BULLES EST REPARTIE La raison principale de la poussée récente de l’or, et plus encore de l’argent-métal, à la hausse tient à la création monétaire massive que les banques centrales viennent de reprendre (ce qui entraîne leurs bilans largement pourris à des niveaux ahurissants et donc les fragilise), en prétextant un risque consubstantiel au Brexit. En réalité, c’est pour sauver les banques privées qui croulent sous les mauvaises créances et les États surendettés, eux aussi en difficulté, ce qui incite les investisseurs à « se protéger » en allant vers les métaux. En même temps que la Fed a repoussé à beaucoup plus tard toute normalisation monétaire, ce qui ne soutient pas que les métaux mais aussi les marchés d’actions US. La machine à créer des bulles est repartie… Tout cela ne veut pas dire que l’économie s’en trouvera finalement améliorée, ni que l’inflation reviendra rapidement, mais sert à gagner du temps en évitant que la situation à court terme n’empire. Sans du tout que soit efficacement traité le problème du Système monétaire international qui ne repose plus que sur des zombies, alors que la plupart des banques centrales sont engagées dans des dévaluations compétitives pour faire chuter le plus possible leurs monnaies dont le pouvoir d’achat s’évanouit. LES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES ACTUELS POUSSENT LES INVESTISSEURS VERS LES MÉTAUX PRÉCIEUX On notera que, dans le cas de l’argent-métal, les positions shorts des producteurs et des utilisateurs aux fins de « hedging » sont à leur record historique, ce qui signifie que lorsqu’ils renverseront ou cesseront leurs couvertures, l’argent-métal pourrait exploser à la hausse ; l’argent est donc le marché des métaux et des matières premières qui, encore plus que le pétrole, a le potentiel de hausse le plus fort… Notre objectif se situe vers 35/37 dollars l’once. L’or est monté de 1 060 à 1 350 dollars l’once cette année après avoir chuté de façon quasi ininterrompue depuis son plus haut de 1 925 atteint en 2011, il y a cinq ans. On peut aussi penser que les évènements politiques actuels, comme le Brexit et la désintégration politique de l’Union européenne, ou à venir bientôt, comme l’élection présidentielle américaine toujours aussi incertaine quant à son résultat, poussent les investisseurs vers les métaux précieux qui, à tort ou à raison, leur paraissent offrir une protection adaptée. L’Union européenne est dans l’impasse et sa réforme n’est plus possible : il paraît que le ministre allemand Sigmar Gabriel veut réduire la taille de la Commission européenne. Quant à l’élection présidentielle américaine, le (mauvais) choix est entre la candidate la plus corrompue et la plus incompétente de toute l’histoire des Etats-Unis et un démagogue incertain et fantasque dont on ne sait pas ce qu’il produirait s’il était élu. (*) Pierre Leconte ■ Fondateur et dirigeant de plusieurs sociétés financières, de gestion et de courtage, en Suisse, en Grande-Bretagne, aux EtatsUnis, en Argentine, au Chili et Pérou, il a été aussi conseiller de plusieurs banques nationales de développement et de banques centrales. Depuis mi-avril 2015, compte tenu de sa vaste expérience financière personnelle et du soutien de plusieurs enseignants universitaires et économistes vraiment libéraux qui lui apportent leurs réflexions originales, Pierre Leconte s’est établi comme gérant de fortune indépendant à Genève en créant le Forum Monétaire de Genève dont le but principal est de conseiller des clients privés, entreprises et institutions, et/ou de gérer leurs comptes déjà ouverts ou à ouvrir auprès de plusieurs banques. On lui doit aussi neuf livres sur les questions monétaires et géopolitiques. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 53 ID FINANCE DOSSIER QUELLES SONT VRAIMENT LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DU BREXIT ? Après le vote des Britanniques, l’analyse d’un économiste et financier iconoclaste qui avait prédit les malheurs de la Grèce et aime citer Soljenitsyne : « De temps en temps un rocher tombe dans un fleuve et en détourne le cours. » Par Charles Gave (*) - http://institutdeslibertes.org L a cause première de ce vote est toute simple. Un pouvoir ne subsiste dans nos sociétés que s’il est légitime. Et la légitimité est une notion classique en science politique mais assez diffuse. Dans nos sociétés, il est d’usage de considérer que la légitimité provient du suffrage universel et qu’elle se ressource dans des élections fréquentes et concurrentielles tant et si bien que l’on en est arrivé à confondre légitimité et légalité. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Par exemple, l’Union Soviétique avait bâti sa légitimé sur le fait qu’elle était censée représenter le « prolétariat », c’est-à-dire le nouveau messie et qu’elle s’appuyait sur l’œuvre de Marx qui permettait de prévoir le déroulement de l’Histoire et dont Sartre disait que c’était l’horizon indépassable de la pensée humaine. Et cela a marché jusqu’à la publication de « L’Archipel du Goulag » par Soljenitsyne qui fit éclater ces deux idioties. Du coup, l’Union Soviétique disparut quelques années après parce qu’elle avait perdu toute légitimité. Curieusement, la même chose s’est produite avec la construction européenne et monsieur Juncker nous a dit tout récemment qu’il n’y avait pas de sortie démocratique aux institutions européennes, ce qui revenait à affirmer que les peuples européens avaient perdu pour toujours leur souveraineté. Voila qui était afficher un chiffon rouge devant le peuple anglais qui, immédiatement, se chargea de démontrer à ce fraudeur fiscal non élu que la souveraineté britannique était antérieure et supérieure aux traités européens sur lesquels on ne leur avait jamais demandé leur avis… Et donc, la première conséquence que je tire du vote britannique est que la construction européenne telle qu’imaginée par Jean Monnet et tous ses successeurs a perdu toute légitimité. Ce que Soljenitsyne a fait à l’URSS, le peuple Britannique vient de le faire à cette espèce d’URSS molle qu’était devenue la construction européenne et de cela, elle ne se remettra JAMAIS. Première bonne nouvelle. DE CETTE RÉALITÉ, JE PEUX TIRER QUELQUES CONSÉQUENCES Depuis longtemps, j’annonce le « réveil des peuples ». L’embêtant était qu’aucun pays ne voulait jouer le rôle du petit garçon dans le 54 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 conte d’Andersen « Le Roi est nu », tant peu de pays avaient une histoire démocratique convenable. Dès que l’un d’entre eux commençait à manifester quelques velléités d’indépendance comme la Grèce ou l’Italie, on organisait un coup d’État pour virer le premier ministre et le remplacer par un Quisling de service, au nom de la « reductio ad Hitlerium ». C’est un coup qu’on pouvait faire à TOUS les pays Européens, mais pas à la Grande-Bretagne puisque c’est elle qui avait battu Hitler. Et du coup, l’obstacle a sauté et tous les autres pays vont à un moment ou à un autre redemander leur souveraineté. Et le jour où un pays situé dans l’Eurozone organisera un référendum (la Hollande ?), l’euro sautera et l’Europe pourra recommencer à croître normalement. Le bâtiment de la BCE à Francfort va être mis en location ou en vente dans peu de temps. Deuxième bonne nouvelle. VENDEZ TOUTES LES OBLIGATIONS D’ÉTAT EN ZONE EURO ! La quasi totalité des hommes d’affaires que je connais vont donner des ordres pour interrompre TOUS les investissements à long terme. Il faut être fou comme un lapin pour construire une usine dans un pays sans savoir dans quelle monnaie les produits de cette usine seront vendus deux ans plus tard. Voila qui va créer une récession considérable et cette récession va amener à une hausse très forte des taux d’intérêts sur les obligations à dix ans au Portugal, en Espagne, en Italie, en France et cela va accélérer le mécontentement des peuples. Pour ceux qui en auraient encore, vendez toutes les obligations d’État dans la zone euro, y compris les obligations allemandes puisque le secteur financier allemand, bourré d’obligations françaises, italiennes et espagnoles, va faire faillite et devra être nationalisé et recapitalisé par l’État allemand. L’offre de « bunds » va beaucoup, beaucoup monter et vous aurez tout le temps d’en acheter. En ce qui concerne les actions cotées en Europe, n’ayez que des titres de sociétés qui ne vendent presque rien dans le vieux continent et strictement rien aux États locaux. La volatilité que les politiciens européens avaient essayé de supprimer en se prenant pour des demi-dieux va revenir en force et voila qui va faire mal. ID UNE CURE DE DÉSINTOXICATION EST TOUJOURS PÉNIBLE Pas vraiment une bonne nouvelle, mais rien ne sera possible tant que nous ne serons pas passés par là. J’aurais préféré que les hommes politiques reconnaissent leurs erreurs et organisent le démantèlement de toutes ces idioties, en bon ordre. Hélas, ce sont les marchés qui vont se charger du sale boulot, et je crains que tout cela ne soit un peu chaotique. Devant ce désastre qui s’annonce, les oints du Seigneur et autres hommes de Davos tombent les masques. Jacques Attali nous explique gravement que les peuples ne devraient pas être autorisés à voter sur les sujets qui les dépassent tandis que de menus personnages tels Gaspard Koenig, une sorte de sous-BHL, nous annonce « qu’il déteste les Nations et les Peuples et qu’il va quitter la Grande-Bretagne » qui, à mon avis s’en remettra assez facilement. On sent chez tous ces gens-là une crainte considérable : à la place d’être subventionnés par les classes technocratiques comme ceux qui faisaient partie de l’association des écrivains en URSS autrefois, ils vont être obligés de se mettre au travail et de gagner leur vie honnêtement. Le drame est qu’ils risquent d’être payés à leur vraie valeur. Honnêtement, je considérerai ça comme une bonne nouvelle. ET LA GRANDE-BRETAGNE DANS TOUT ÇA ? La livre sterling est en train de devenir sous évaluée et contre le dollar et contre l’euro et pour tout ce qui est le cash, je ne vois pas très bien pourquoi un Français ne devrait pas mettre son cash en Livre sterling. Après tout, la Livre remonte à Charlemagne et, à mon avis, elle sera encore là dans deux ans ; en revanche, je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour l’euro. En ce qui concerne les obliga- www.shutterstock.com Ce que Soljenitsyne a fait à l’URSS, le peuple Britannique vient de le faire à cette espèce d’URSS molle qu’était devenue la construction européenne et de cela, elle ne se remettra JAMAIS. tions, je ne vois pas pourquoi il faudrait en acheter tant leurs prix ont été manipulés par les banques centrales, à l’exception des obligations longues US qui gardent une capacité de protection et des obligations en renminbi dont j’ai souvent parlé. Et enfin, en ce qui concerne les actions, la zone asiatique centrée autour de la monnaie chinoise devrait résister de façon satisfaisante. Pour ceux qui DOIVENT avoir des actions en Europe, j’achèterais en Grande-Bretagne, en Suède, en Suisse, au Danemark, tous pays qui ne font pas partie de la zone euro. À titre indicatif, les actions Britanniques aujourd’hui devraient être favorisées par rapport aux actions de la zone euro ou française. Comme le disait Lénine, parfois, en quelques semaines, il se passe plus de choses que pendant bien des années précédentes. Il me semble que nous sommes en train d’arriver dans l’une de ces périodes. Gardez votre poudre bien au sec ! ■ (*) Charles Gave Économiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001, « Des Lions menés par des ânes » (Editions Robert Laffont), où il dénonçait l’euro et ses fonctionnements monétaires. Dans « L’État est mort, vive l’état », publié aux Éditions François Bourin en 2009, il prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal research (www.gavekal.com) et président du « think tank » L’Institut des libertés. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 55 ID FINANCE DOSSIER La première résidence-services seniors développée par le groupe français Domitys à Maurice, en partenariat avec le groupe immobilier mauricien 2-Futures, est entrée en commercialisation le 2 mai. « Le programme Domaine de Grand Baie est composé de 145 logements, de 53 à 180 mètres carrés de surface totale, proposés à partir de 200 000 euros, pack déco inclus, et 10 villas individuelles d’environ 160 mètres carrés, à partir de 640 000 euros, au cours actuel de la devise », annonce Julien Bey, directeur général d’Adenys, structure de commercialisation du groupe Domitys. Numéro un de la résidence-services seniors en France, Domitys exploite plus de 60 résidences pour personnes âgées non dépendantes, avec une nouvelle génération d’espaces de services diversifiés, à la carte, payés suivant l’usage. Le groupe poursuit un objectif de 100 résidences en 2018 et entame son développement à l’international. Avec un agrément RES (Real Estate Scheme), son offre mauricienne est accessible à des investisseurs étrangers qui veulent rentabiliser un pied à terre ou diversifier leur patrimoine. « La formule d’investissement la plus élaborée, avec une prise à bail et des loyers garantis pendant 11 ans, propose une rentabilité moyenne de 3,7% nette de charge pouvant aller jusqu’à 4% », précise Julien Bey. Pour un résident fiscal français, ce revenu sera taxé localement à hauteur de 15% et l’investissement ne sera pas pris en compte dans le calcul de son ISF en France. Située dans le Parc du Mont Choisy, à proximité immédiate de la plage, la résidence entrera en phase de construction avant la fin 2016, pour une livraison en 2018. DR LA RÉSIDENCE-SERVICES SENIORS DE DOMITYS À MAURICE PROPOSE UN REVENU NET DE 3,7% La résidence-services senior « Le Domaine de Grand-Baie » sera livrée en 2018 dans le Parc du Mont Choisy. LA PREMIÈRE RÉSIDENCE SENIORS DE L’OUTRE-MER FRANÇAIS À SAINTE-MARIE Ce projet apporte une nouvelle opportunité d’investissement dans le cadre de la Loi Pinel DOM. Grâce au partenariat de CBo Territoria, acteur global de l’immobilier privé à La Réunion, et du groupe Les Senioriales, 76 appartements T2 et T3 seront proposés aux investisseurs à partir de la fin 2017, à Sainte-Marie. « Le bénéfice de la défiscalisation est désormais ouvert aux descendants qui souhaitent organiser le logement de leurs seniors », souligne David Bourgeon, représentant régional des Senioriales, filiale du groupe français Pierre & Vacances – Center Parcs. Le taux de défiscalisation à l’IR (impôt sur le revenu) passe de 29%, pour 9 ans de détention du bien, à 32% pour 12 ans, avec un avantage fiscal plafonné annuellement à 18 000 euros. « En investissement locatif, la rentabilité s’échelonne de 3,5% à 3,94%, avec une moyenne de 3,79%, précise Vanessa Miquel de CBo Territoria. Le loyer d’un T2 de 56 mètres carrés sera de 590 euros pour un prix d’achat débutant à 185 000 euros. Et de 668 euros pour un T3 de 70 mètre, vendu à partir de 227 000 euros. » Des superficies auxquelles s’ajoutent des varangues et des jardins. Après la période de défiscalisation, l’investisseur peut bénéficier du statut de Loueur meublé non professionnel (LMNP) et déduire des revenus locatifs toutes les charges liées à l’investissement. Pour la convivialité, le programme offre de nombreux équipements à usage collectif. Au sein de la ville nouvelle de Beauséjour, développée par CBo Territoria, la résidence bénéficie d’un environnement verdoyant et de la proximité des transports et des commerces. 56 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 76 appartements T2 et T3 seront proposés, à partir de 2017, aux investisseurs qui pourront profiter des avantages fiscaux de la Loi Pinel DOM. ID FINANCE DOSSIER TOUTES LES CLÉS POUR PRÉPARER AU MIEUX LA TRANSMISSION DE SON ENTREPRISE Le groupe Koytchaconseil a ouvert depuis le début de l’année 2016 une branche corporate finance spécialisée dans la cession et la transmission d’entreprise. Radj Koytcha, fondateur du groupe et Alexandre Viramoutou, directeur associé de Koytcha Corporate, s’en expliquent… L’Eco austral : Votre groupe est un acteur de premier plan dans le conseil à l’investissement et la gestion de patrimoine depuis plus de vingt ans. Pourquoi avez-vous lancé une activité dédiée à la transmission d’entreprise ? Radj Koytcha et Alexandre Viramoutou : Nous avons constaté une demande récurrente chez nos clients que nous suivons en gestion patrimoniale. Il y a, parmi les chefs d’entreprise, une proportion importante de la tranche d’âge 50-65 ans, un phénomène récurrent qui correspond à la cartographie des dirigeants au plan national. La question de la transmission se pose donc naturellement : À qui je transmets ? Comment ? Qu’est-ce qu’il va me rester ? Il y a aussi, parmi nos chefs d’entreprise clients, une nouvelle génération d’entrepreneurs à haut potentiel, qui ont la capacité de passer d’un secteur d’activité à l’autre en rationalisant l’organisation en vue d’optimiser leur profitabilité, puis de passer à une autre organisation. Vous vous positionnez comme un « business partenaire ». Qu’est-ce que cela signifie ? La valeur ajoutée de notre cabinet s’est construite sur nos années d’expérience au contact du chef d’entreprise et de son organisation, tout au long de sa vie professionnelle. Plus qu’un intermédiaire, « Une cession n’est pas qu’un simple acte de vente et de transaction juridique. C’est bien souvent le travail de toute une vie qui doit être valorisé. Il est donc nécessaire d’anticiper et de s’y prendre au moins un an à l’avance… » nous nous positionnons en « business partenaire » pouvant anticiper le besoin de vendre sur des mandats d’approche directe, proposer des plans de financement ou susciter l’intérêt de clients dont nous connaissons la stratégie de croissance externe. Notre diversification nous permet en effet de leur proposer tout un panel de métiers : gestion de patrimoine, placements financiers, défiscalisation et immobilier d’entreprise qui seront autant d’atouts pour la création de solutions sur-mesure lors de la cession (portage immobilier, accompagnement du repreneur lors de sa recherche de financement, financement haut de bilan, optimisation fiscale de la cession…). Nous connaissons également parfaitement le tissu économique local et le suivi patrimonial de nos clients nous permet de connaître les structures à vendre sur les années à venir, ainsi que leur marché. Koytchconseil dans le détail À quel moment faut-il penser à vendre son entreprise ? Plus de 300 clients abonnés et 160 millions d’euros d’actifs gérés. Le groupe a réalisé sur son dernier exercice un chiffre d’affaires supérieur à 3 M€ et représente un effectif total d’environ 30 personnes. Il est présent à La Réunion, à Madagascar, en Nouvelle Calédonie, en France et aux Etats-Unis. Plus d'infos sur www.koytchaconseil.com Contact : Alexandre Viramoutou, directeur associé e-mail : [email protected] - Tél. 06 93 91 98 89 Une cession n’est pas qu’un simple acte de vente et de transaction juridique. C’est bien souvent le travail de toute une vie qui doit être valorisé. Il est donc nécessaire d’anticiper et de s’y prendre au moins un an à l’avance, de façon à non seulement organiser l’optimisation fiscale de la vente, mais également d’organiser l’interne. L’erreur commune et le réflexe qui en découle sont de confondre valorisation comptable de l’entreprise et prix de vente. Une entreprise ne peut être cantonnée à une lecture chiffrée, son résultat est le fruit d’une vision stratégique impulsée par le dirigeant en synergie avec 58 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 ID Guillaume Foulon Radj Koytcha, fondateur du groupe et Alexandre Viramoutou, directeur associé de Koytcha Corporate : « Nous mettons des solutions sur-mesure pour faciliter et optimiser la cession et la transmission d’entreprise. » « Une entreprise ne peut être cantonnée à une lecture chiffrée, son résultat est le fruit d’une vision stratégique impulsée par le dirigeant en synergie avec les personnes qui la composent… » terminons ensemble les critères pour sélectionner les profils. Cette étape peut s’avérer primordiale, l’expérience nous a montré que des solutions en interne peuvent être trouvées pour définir un dirigeant de société qui serait le candidat idéal d’une reprise que nous accompagnons en montage de financement. ■ La cession de PME-PMI en France les personnes qui la composent, leurs enjeux stratégiques mêlés à leur zone de compétences et le potentiel de marché à développer. Très souvent, la valeur ajoutée d’une organisation tient à la personnalité du dirigeant réagissant en « homme clé ». Il doit alors absolument au préalable faire monter en puissance ses équipes, réorganiser l’interne pour maximiser la transition et attirer ainsi plus rapidement les acquéreurs potentiels. Quelles sont les étapes clés ? Nous réalisons une étude patrimoniale et fiscale d’avant cession en nous assurant que le cédant est bien dans la démarche de vendre. Ensuite, nous réalisons un diagnostic stratégique de l’organisation pour déterminer les points forts, les points d’amélioration et le potentiel de développement. C’est une évaluation financière et stratégique de la société. Sur cette étape, nous travaillons en totale transparence, de concours avec le chef d’entreprise qui nous ouvre l’intimité de son organisation. Pour trouver un acquéreur, nous dé- - Le marché ouvert de la transmission externe des PME-PMI de 5 à 100 salariés représente environ 7 000 entreprises par an. - Le repreneur potentiel moyen est âgé de 46 ans, diplômé d’études supérieures, avec un apport personnel compris entre 100 000 et 500 000 euros. - Les femmes représentent 7% des repreneurs potentiels. - Le principal motif de cession est la retraite (70%). - Les PME (production et bâtiment) ont représenté 55% des entreprises à reprendre en 2014. - Le chiffre d’affaires moyen (1 683 000 euros) était en hausse de 10% en 2014 par rapport à 2013. - La valeur demandée moyenne est passé de 720 000 euros en 2013 à 800 000 euros en 2014, soit une hausse de 10%. - L’effectif moyen des entreprises cédées est de 13 personnes, chiffre stable ces cinq dernières années. Source : CRA Cédants & Repreneurs d’Affaires. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 59 ID ANALYSE AFRIQUE BERNARD LUGAN : « TOUTE L’AFRIQUE DU NORD EST MENACÉE D’EMBRASEMENT » L’historien africaniste, bien connu des lecteurs de L’Eco austral par ses chroniques, vient de publier une histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours. Indispensable pour comprendre cette région qui représente tout le flanc sud de l’Europe. Explications… Bernard Lugan : Modestement, en tout… Le livre que Charles-André Julien publia en 1931, livre réédité en 1991 sous le titre « Histoire de l’Afrique du Nord des origines à 1830 » ne traite en effet que les trois pays du Maghreb. Or, l’Afrique du Nord ne se limite pas au seul Maghreb. Cette immense région, qui occupe toute la façade sud de la Méditerranée, est en effet formée de cinq pays, l’Egypte, la Libye, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. De plus, chez Charles-André. Julien, toute la partie ancienne est évidemment obsolète car, depuis 1931, l’archéologie, la linguistique, la génétique et toutes les sciences auxiliaires de l’histoire ont permis de révolutionner les connaissances classiques du passé de l’Afrique du Nord. Enfin, l’histoire de la région ne s’arrête pas en 1830. De plus, depuis 1931, date de publication du livre, bien des événements fondamentaux se sont produits, dont les indépendances et leurs suites. Vous consacrez d’importants développements aux évolutions climatiques. Pourquoi ? Parce que depuis 60 000 ans, le climat nord-africain évolue en dents de scie et parce que ce fut à l’intérieur de ces oscillations que se fit la mise en place des populations. Les variations du niveau du Nil expliquent ainsi le « miracle » égyptien, la vallée s’étant peuplée ou au contraire vidée de ses habitants au gré des épisodes successifs de sécheresse ou d’humidité. La vallée accueillit ainsi les populations berbères chassées du Sahara par la péjoration climatique. Leur densification dans les plaines alluviales du Nil provoqua la sédentarisation, puis l’abandon de l’élevage itinérant au profit de l’agriculture, avec pour résultat l’apparition de l’habitat groupé, puis des villages. Les travaux collectifs débouchèrent ensuite sur la naissance des proto-États. 60 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Davidsen Arnachellum L’Eco austral : Après « Histoire de l’Egypte », « Histoire du Maroc » et « Histoire de la Libye », vous publiez une impressionnante somme dont le titre est « Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours ». Vous comblez ainsi un immense vide historique car vous étudiez l’histoire des cinq pays composant l’Afrique du Nord depuis les Homo erectus jusqu’à aujourd’hui. En quoi renouvelez-vous Charles-André Julien ? Bernard Lugan : « Au Maroc, dernier pôle régional de stabilité, la question sociale est porteuse d’orages. » Les Berbères sont constamment au cœur de votre livre, pourquoi ? Parce qu’il s’agit de la population indigène de toute l’Afrique du Nord et même d’une partie de l’Egypte. L’Afrique du Nord a en effet un socle berbère, une commune Berbérité. Une Berbérité ancienne et organisée à l’ouest, dissociée en Libye. Au Ve siècle av. JC, en Berbérie, l’actuel Maghreb, existaient ainsi trois royaumes dont les limites correspondaient grosso modo aux actuels États : royaume de Maurétanie (Maroc), royaume Masaesyle (Algérie) et royaume Massyle (Tunisie). Vous écrivez que si Rome a laissé de formidables vestiges architecturaux, la romanité n’a en revanche pas survécu à la fin de l’Empire. Pourquoi ? Dans le public, la question est obscurcie par les importantes ruines laissées par les Romains. À l’exception de l’actuel Maroc et de l’Oranie, qui ne furent qu’effleurés par la romanisation, puis par la christianisation, les preuves monumentales de la présence romaine ID ANALYSE AFRIQUE sont effectivement impressionnantes dans toute l’Afrique du Nord, de l’Egypte à la région d’Alger. Cependant, force est de constater que, culturellement, la latinisation ne survécut pas à l’Empire. Les Vandales ne sont pas responsables du phénomène puisque leur présence ne s’exerça que dans l’extrême est de la Berbérie (Constantinois et Tunisie). Quant à l’empire byzantin, établi de l’Egypte jusqu’à l’est de l’actuelle Algérie, il laissa hors de son autorité la plus grande partie de l’actuel Maghreb. Le fait nouveau historique mis en en évidence ces dernières années est que, de l’arrivée des Vandales en 429 jusqu’à la fin de la période byzantine au VIIe siècle, un phénomène essentiel s’est produit qui est qu’à l’exception de certaines villes, la « reconquête » berbère eut raison du vernis romano chrétien. D’autant plus que la chrétienté nord-africaine s’auto-suicida par ses divisions. En réalité, jusqu’à la conquête arabo-musulmane des VIIeVIIIe, toute l’Afrique du Nord, moins l’Egypte, demeura un monde authentiquement berbère avec, ici ou là, quelques brillantes enclaves culturelles berbéro-latines qui sont autant d’arbres cachant la forêt berbère. Le VIIe siècle fut celui de la conquête de l’Afrique du Nord par les arabomusulmans. Comment fut-elle subie par les populations ? Initialement bien acceptée en Egypte par les Coptes qui y virent une délivrance de la « colonisation » grécobyzantine, la conquête fut au contraire lente et difficile en Berbérie. D’abord seuls à s’y opposer, les Byzantins furent ensuite rejoints par les Berbères des actuelles Tunisie et Algérie. La résistance cessa vers 715, au terme d’un siècle de luttes. Cependant, un phénomène essentiel se produisit ensuite qui est la réaction berbère du IXe siècle. Les Berbères se révoltèrent alors contre leurs maîtres arabes, leur reprochant de les considérer comme des musulmans de statut inférieur, comme des colonisés. La révolte partit du nord de l’actuel Maroc. Dans tout le Maghreb, les Berbères réussirent à se libérer de la domination orientale. Mais, paradoxalement, sans remettre en question leur adhésion à l’islam, sans jamais se tourner vers le christianisme, ce qui est encore une preuve de la superficialité de la christianisation du monde berbère des campagnes. En réalité, les Berbères utilisèrent le karijisme égalitaire et ses variantes pour refuser le pouvoir temporel-arabe des Abbassides. Au terme de cette vaste révolte, tout le Maghreb fut dirigé par des dynasties berbères musulmanes. Ce fut alors l’apogée berbère des Xe-XIIIe siècles avec les Zirides, les Hammadides, les Ifrénides, les Almoravides et les Almohades. Vous montrez que si le VIIe siècle fut celui de la conquête de l’Afrique du Nord par les arabo-musulmans, démographiquement parlant, l’apport arabe ne fut alors qu’une goutte d’eau dans l’océan berbère. De quand date alors l’arabisation « ethnique » ? L’arrivée de véritables noyaux de peuplement arabe est la conséquence de migrations de tribus venues d’Arabie aux XIe-XIIIe siècles. En Libye, les premières tribus dites hilaliennes s’installèrent en Cyrénaïque. La seconde vague planta ses tentes en Tripolitaine et dans l’actuelle Tunisie. Les Berbères almohades marocains se portèrent au-devant L’« Histoire de l’Afrique du Nord » de Bernard Lugan vient de paraître en juin aux Éditions Le Rocher. Une somme de 736 pages. 29 euros des envahisseurs et ils les écrasèrent. Cependant, au lieu de les repousser vers l’Orient, ils en firent leurs mercenaires et ils les installèrent dans tout le Maghreb. Ce furent donc des Berbères qui permirent l’arabisation de cette région. Vous consacrez également de longs développements à l’empire ottoman ? L’entrée en scène des Turcs eut de lourdes conséquences historiques et politiques car, à l’exception du Maroc, toute l’Afrique du Nord leur fut soumise, de l’Egypte à l’actuelle Algérie. Le but des Turcs était de prendre en tenaille la chrétienté, politique qui échoua grâce à l’alliance du Maroc et de l’Espagne chrétienne. Durant la période coloniale, l’Afrique du Nord fut partagée entre quatre puissances européennes. Les Britanniques s’installèrent en Egypte afin de pouvoir contrôler le canal de Suez. Les Italiens disputèrent le vide libyen à la Turquie. Quant au Maghreb, il fut en totalité rattaché au domaine français, à l’exception de la partie espagnole du Maroc. Vous insistez sur le « cas marocain » que vous opposez au modèle jacobin appliqué à l’Algérie. Pouvez-vous en dire plus ? Je parle de « cas marocain » car, dans l’Empire chérifien, la France intervint dans un authentique État-Nation pluri séculaire, non pas pour y constituer une administration, mais pour l’aider à reconstruire L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 61 ID ANALYSE Bernard Lugan AFRIQUE la sienne. Ce fut le Protectorat, œuvre du maréchal Lyautey qui s’y affirma comme le « premier serviteur du sultan ». Avec le traité de Protectorat (ou Traité de Fès), le sultan du Maroc conservait en effet tous les attributs de son prestige. Lyautey avait clairement dit qu’il ne voulait pas « algérianiser » le Maroc, ce qui signifiait qu’il ne voulait pas lui voir appliquer le modèle jacobin qui tua l’Algérie française. Cette expérience originale se termina en 1925 avec le départ de Lyautey, quand, durant la guerre du Rif, obéissant aux ordres du Cartel des gauches, le maréchal Pétain évinça sans élégance ce « grand lord colonial » que la République détestait. Les successeurs de Lyautey ne comprirent pas la subtile alchimie marocaine. D’où les malentendus qui en découlèrent. Il est impossible de vous demander de résumer la longue partie que vous consacrez aux indépendances. Néanmoins, pouvez-vous nous en dire l’essentiel ? La marche vers les indépendances ne fut pas la même au Machrek et au Maghreb. Si le premier fut tôt décolonisé - l’Egypte en 1922 et la Libye en 1951 -, le second connut des péripéties sanglantes avec la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). En Tunisie, le nationalisme fut porté par les nouvelles élites nées de la colonisation, alors qu’au Maroc, il fut incarné par le sultan Mohammed Ben Youssef (Mohammed V) et les élites traditionnelles. En ce qui concerne l’Algérie, l’évolution fut paradoxale car ce fut une fois la guerre gagnée par l’armée française que le général De Gaulle accorda l’indépendance. La victoire militaire française fut en effet totale avec le général Challe dont le plan fut mis en pratique de 1959 à 1961. À telle enseigne qu’au début de l’année 1961, les maquis de 62 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 l’intérieur n’existaient plus et la sécurité régnait à peu près partout. C’est alors que le général de Gaulle décida d’offrir l’Algérie au FLN avec toutes les conséquences que l’on sait. Quelles furent les grandes lignes de l’évolution de l’Afrique du Nord depuis les indépendances ? Après les indépendances, en dépit d’une « arabité » affirmée mais ethniquement minoritaire au Maroc et en Algérie, également en dépit de leur « islamité » commune, les cinq pays composant l’Afrique du Nord eurent des destins divers. Ces différences se retrouvèrent dans l’épisode dit des « printemps arabes » qui ne concerna que la Tunisie et l’Egypte. L’Algérie et le Maroc y échappèrent, cependant que la Libye connut une guerre civile et une intervention étrangère génératrice d’un immense chaos. Aujourd’hui, en Egypte, l’armée piétine dans le Sinaï face à la guérilla islamique, cependant que les réseaux des Frères musulmans sont actifs dans le reste du pays. La Libye est dévastée par une guerre de tous contre tous, résultat de la guerre faite au régime du colonel Kadhafi par une coalition inspirée par la France. La Tunisie est coupée en deux, le centre et le sud étant islamistes, cependant que le nord s’accroche à l’héritage « laïc » légué par Bourguiba et Ben Ali. L’Algérie, qui subit de plein fouet la baisse du prix du pétrole, risque de ne plus être bientôt en mesure d’acheter la paix sociale, cependant que l’agonie du président Bouteflika et la lutte pour sa succession paralysent l’appareil d’État. Quant au Maroc, dernier pôle régional de stabilité, la question sociale y est porteuse d’orages. C’est donc toute l’Afrique du Nord, c’est-à-dire tout le flanc sud de l’Europe, qui est menacé d’embrasement. ■ Green MIEUX-ÊTRE L’HONNÊTETÉ EST UN BOOSTER DU DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL Il s’agit d’être honnête envers soi et vis-à-vis des autres dans la définition et la réalisation de son projet. Et cela ne va pas de soi lorsqu’on se définit un projet ambitieux et motivant. Par Bernard Alvin - [email protected] L ’ensemble des qualités, compétences et talents que nous capitalisons au fil du temps nous permettent de définir un projet professionnel. Celui-ci a une durée de vie parce qu’un projet est fait pour être réalisé et parce que nous évoluons. Combien d’années dure un projet professionnel ? Deux ans me paraissent être le minimum, en principe c’est plutôt entre trois et cinq ans. Le projet vocationnel se distingue du projet professionnel en étant sa colonne vertébrale, il lui donne son sens. En réalité, le projet vocationnel se réalise à travers la réalisation des projets professionnels successifs. Dès lors qu’on connaît son projet vocationnel, on peut le développer en identifiant et réalisant des projets professionnels toujours plus riches et ambitieux sur un plan personnel. PRENDRE LE RISQUE DE S’AFFIRMER Avec le recul, il y a un constat que je fais de plus en plus, il s’agit de l’importance de l’HONNÊTETÉ. Mais être honnête ne va pas de soi car lorsqu’on se définit un projet ambitieux et motivant, il n’est pas rare que nous soyons confrontés à différentes personnes qui vont nous dire qu’il n’y a pas de débouchés, que c’est décalé par rapport au marché, que ce n’est pas réaliste, que c’est trop en avance sur notre temps, etc.. Je connais ce refrain par cœur. Être honnête envers soi, c’est aussi prendre le risque de s’affirmer, de montrer qui l’on est alors que bien souvent on passe tout notre temps à entrer dans des moules et à dissimuler nos vraies caractéristiques. ÊTRE HONNÊTE, QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ? Attardons nous un instant sur les définitions du mot HONNÊTE dans le dictionnaire Larousse : a) Qui agit avec droiture et loyauté, et mène une existence conforme aux règles de la morale sociale et de la probité : un homme honnête. Dans cette première définition, on trouve la notion de RÈGLES MORALES, ce qui renvoie à l’idée qu’être honnête, c’est respecter le CODE CULTUREL de tel ou tel peuple. Définir et réaliser son 64 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 projet professionnel personnel est-il une question de respect des codes sociaux ? Sachant qu’un bon projet professionnel peut se réaliser dans de nombreux pays, cela relativise cet aspect. Comme tout projet professionnel se réalise dans le champ économique et que l’économie est mondialisée, cela relativise encore plus la notion de limite morale. b)Qui se montre très scrupuleux dans les questions d’argent ou d’intérêts : un commerçant honnête. Là, on a plutôt le sens de respect des biens d’autrui. Ne pas être honnête reviendrait à s’approprier l’argent ou les biens des autres. Ce sens est donc très tourné vers les autres. Dans le sujet qui nous intéresse, ce sens n’est pas très utile car on voit mal comment on pourrait « voler » le projet d’un autre, vu qu’un vrai projet est très personnalisé. c) Qui est convenable, situé à un niveau moyen, mais néanmoins suffisant : se classer dans une honnête moyenne. Conforme aux règles de la morale et de la probité : mener une vie honnête. Ce sens nous renvoie sur l’idée d’être « moyen », de se couler dans le moule, de ne pas montrer d’aspérités personnelles. Dans un graphique sur la loi normale pratiquée sur une caractéristique (*) Bernard Alvin Il est à la tête de son propre cabinet, Bernard Alvin Co nseil, fondé en 19 95 et spécialisé dans l’accompagnem en t des hommes dans le domaine du déve lo pp ement des pote ntiels. Bernard Al vi n a « coaché » ses premiers cadres et di rigeants dès 1991, faisant figure de pionnier avant que n’arriv e la mode du co aching. Cherchant à aller plus loin, il fera ém erger le concept de « m anagement vocatio nnel » à partir de 2005 . Il a pratiqué so n métier en France métro politaine, dans le s DOM-TOM et da dans le monde, ns plusieurs pays dont le Brésil. Il intervient en effe anglais et en po t en français, en rtugais. Green Stocklib Être honnête ou fidèle à soi est un facteur fondamental de progression, tant sur un plan individuel que collectif. humaine, on se situerait le plus proche possible de la moyenne de ce groupe humain. Prenons le quatrième sens du dictionnaire : d)Qui agit, parle conformément à sa pensée, qui est de bonne foi : sois honnête, tu penses le contraire de ce que tu dis. Dans ce sens-là, on est proche de l’honnêteté intellectuelle. Cette fois, on est dans un sens plus personnel et moins lié à la quête de la conformité sociale ! Il s’agit plus de conformité par rapport à soi. avec ses expériences de Hawthorne en 1932, inventa les ressources humaines dans le monde des entreprises et permit de réaliser un bond en avant dans le registre psychologique et social. Dans un registre plus technique, en 1876, Graham Bell inventa le téléphone et généra ainsi à la fois une activité économique considérable tout en changeant la vie sociale jusqu’à ses prolongements d’aujourd’hui avec le mobile. Si l’on dressait la liste des projets professionnels personnels qui ont apporté de l’utilité sociale, il nous faudrait écrire une encyclopédie géante. DES PROJETS INDIVIDUELS POUR FAIRE AVANCER LA SOCIÉTÉ SE FAIRE CONFIANCE ET PERSÉVÉRER En résumé, on pourrait dire que ce mot honnête renvoie à la notion de CONFORMITÉ, soit par rapport au groupe social auquel nous appartenons, soit par rapport à NOUS-MÊMES, sachant que la conformité personnelle ne recoupe pas nécessairement la conformité collective. Dans sa propre définition, ce mot « honnête » recouvre donc toute la problématique de l’incohérence ou de la contradiction qui caractérise la gente humaine. Mais n’est-ce pas en même temps tout ce qui fait le charme de l’être humain ? S’il n’y avait que la tendance à la conformité collective, le système se rigidifierait et se bloquerait. On peut donc dire que la recherche de la conformité individuelle est l’ingrédient qui donne la dynamique à la vie sociale. C’est ce qui la régénère et la fait progresser. Et les projets individuels d’un certain nombre de personnes ont souvent permis à la société d’avancer, tant sur les plans économique, technique et social que psychologique. Par exemple, Elton Mayo, In fine, ÊTRE HONNÊTE ou FIDÈLE À SOI est un facteur fondamental de progression, tant sur un plan individuel que collectif. On pourrait d’une certaine façon dire que le souci de conformité par rapport à soi est créateur de nouvelle conformité sociale. Si, à ce stade de la discussion, on peut être convaincu de l’importance d’être HONNÊTE AVEC SOI dans l’identification et la réalisation d’un projet professionnel, il reste à mettre cela en pratique. Cela demande quelques qualités particulières comme LA PERSÉVÉRANCE et la CONFIANCE EN SOI. Il faut se faire confiance et persévérer jusqu’au moment où le projet ambitieux qu’on s’est défini trouve son propre débouché. Si l’on est vraiment HONNÊTE AVEC SOI-MÊME dans la constitution du projet, la probabilité d’échec de sa réalisation me semble voisine de zéro. Au démarrage du processus de construction du projet, il ne faut pas avoir peur d’affirmer des différences qui pourraient « déranger » la conformité ambiante. ■ L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 65 Green MIEUX-ÊTRE METTEZ VOUS AU REPOS ! Dans cette période d’hiver austral qui rime avec vacances, se pose la question de la pause. Quel est l’intérêt de s’arrêter et comment le faire quand notre présence est demandée par tous, tout le temps ? Par Franziska Lombard (*) - [email protected] L a science nous démontre à quel point le repos est nécessaire, pas seulement pour notre corps mais aussi et surtout pour notre esprit, si l’on veut être hautement performant. Gabrielle Girardeau (CNRS) explique dans son livre paru en 2014, « Analysis and Modeling of Coordinated Multi-neuronal Activity », à quel point le sommeil améliore la mémoire. Non seulement « dormir dessus » aide à la prise de décision, mais le sommeil nous permet également de mémoriser des informations importantes acquises au cours de la journée. Ces recherches récentes mettent en lumière ce processus nouveau et étonnant. SE REPOSER ENTRE DEUX SÉANCES Pendant notre sommeil, un dialogue a lieu entre deux structures dans le cerveau, l’hippocampe et le cortex, qui permet la mémorisation à long terme de l’information dans le cortex. Pourtant, jusqu’à présent, ce dialogue n’a jamais vraiment été observé. Pour relever ce défi, les chercheurs ont implanté des électrodes dans le cerveau des rats pour observer l’activité neuronale en cours. Les rongeurs ont été placés dans un labyrinthe où ils devaient apprendre une tâche spécifique. Une fois qu’ils avaient compris, ils ont été autorisés à aller dormir. Bien qu’apparemment endormi, un rat sain est occupé à mémoriser son chemin à travers un labyrinthe spécialement conçu où il avait déjà été placé auparavant. Mais le groupe de contrôle dont le sommeil a été artificiellement perturbé a du mal à mémoriser ce chemin. En conclusion, si l’on veut apprendre, il faut se reposer entre deux séances. ACCEPTER D’ÊTRE FRAGILE PARFOIS Des formations de pleine conscience sont devenues très populaires, comme une méthode visant à soulager le stress, l’anxiété et la dépression. La science conclut que la méditation peut en effet améliorer la santé mentale, perfectionner notre capacité de concentration et renforcer notre mémoire. Nous avons là toutes les raisons de lever le pied, de faire des pauses, de nous arrêter pour mieux redémarrer ensuite. Et pourtant, qu’est-ce qui nous en empêche, pourquoi 66 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 continuons-nous sans cesse à courir et à nous épuiser, souvent même conscients de puiser dans nos réserves et de payer ensuite le prix fort ? Mes clients décideurs que j’accompagne en coaching ont souvent un besoin de reconnaissance et veulent se montrer à la hauteur de leurs responsabilités, souhaitant être des sur-performers. Leur attitude les empêche de mettre en pratique une vraie « hygiène de vie » ou ce que j’appel « joie de vie » qui sonne bien mieux que « hygiène »… À les écouter, j’ai parfois l’impression qu’ils ne se donnent pas le droit d’être « humains », d’avoir des baisses de régime logiques après des efforts continus et d’être fragiles parfois. La science nous suggère de faire des pauses régulièrement, de dormir entre sept et huit heures par nuit, de manger léger, de faire du sport, de faire la sieste, de soigner nos relations, etc.. Tout ça, vous le savez. Les bonnes questions à se poser seraient : « Qu’estce qui m’empêche d’être un peu plus vrai (pour ne pas dire gentil) avec moi-même ? », « Qu’est-ce qui me fait courir autant ? », « Quels sont mes vrais besoins ? » Et d’ailleurs, à cette fameuse question philosophique : « Qui suis-je ? », qu’est-ce que je répondrais ? ■ (*) FRANZISKA LOMBARD Cette exécutive co ach, certifiée HEC Paris, travaille depuis vingt ans dans l’océan Indien. Depuis tro is ans, elle accom pagne les décideurs et chefs d’entrepris e dans le développemen t de leurs talent s et la conduite du chan gement de leurs entreprises via sa soci été www.actoi.com . Elle a étudié à l’EBS (European Busi ness School) et elle es t certifiée en Psyc hologie Positive, Coaching Interculturel et Li mbique Coaching. Elle in tervient en coac hing individuel et colle ctif en français, anglais et allem and. Green SANTÉ L’AROMATHÉRAPIE : UNE VRAIE MÉDECINE NATURELLE La lavande, dont la France est un gros producteur, est très prisée dans l’aromathérapie. L’huile essentielle de « Lavandula angustifolia » (la lavande officinale) permet d’évacuer le stress et de mieux dormir. D ’abord, il faut distinguer l’aromathérapie de la phytothérapie, plus connue dans l’océan Indien où il existe une vraie tradition des plantes médicinales. L’aromathérapie est une médecine naturelle à part entière qui utilise l’essence de certaines plantes (dites plantes aromatiques) qu’on obtient à partir d’une distillation. Dans le cas de la phytothérapie, on utilise la plante elle-même (ou bien un extrait ou une partie) qui a des principes actifs. Dans le cas de l’aromathérapie, c’est l’essence de la plante qui présente différentes propriétés à travers certaines molécules. DE VÉRITABLE ANTIBIOTIQUES NATURELS Pour une huile essentielle, on parle de « totum aromatique » pour désigner l’ensemble de ses molécules aromatiques. Son impact au niveau psychosensoriel est plus fort que celui des seules molécules olfactivement perçues et son action physico-chimique dépasse les propriétés de chacune d’elles, le tout étant supérieur à la somme des parties. Pour comprendre le mode d’action de l’aromathérapie, il faut la 68 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Stocklib/Debbie Orlea Vieille comme le monde, cette « biochimio-thérapie » sophistiquée repose sur la relation existant entre les composants chimiques des huiles essentielles et les activités thérapeutiques qui en découlent. regarder comme l’exploitation d’une véritable biochimie naturelle. Ses effets sont très puissants, c’est une médecine naturelle, mais pas forcément une médecine douce. Certaines huiles essentielles peuvent même se révéler toxiques si elles sont mal employées. C’est d’autant plus complexe qu’il y a trois voies d’absorption : orale, percutanée (par la peau) et atmosphérique (par diffuseur). On peut parler de quatre voies si l’on ajoute les suppositoires, très intéressants pour les jeunes enfants qui ne peuvent pas avaler de gélules. Le mode d’absorption varie selon les huiles essentielles, certaines ne pouvant être diffusées, comme les essences à phénols, d’autres pouvant être irritantes sur la peau. Il faut aussi adapter la voie à la pathologie. Pour les infections, l’usage interne est le mieux indiqué alors que, pour une rhinite ou une sinusite, les voies respiratoires sont complémentaires. Pour le stress, une friction du plexus solaire, de la nuque et des pieds avec certaines essences a un effet très positif. Associer plusieurs voies peut être aussi très efficace. L’aromathérapie a beaucoup évolué, elle est devenue moins fantaisiste et de plus en plus de médecins s’y intéressent parce qu’ils comprennent comment cela fonctionne. Il y a beaucoup Green de recherches faites sur l’action des molécules aromatiques, notamment au niveau des pathologies infectieuses. À notre époque, où de plus en plus de germes deviennent résistants aux antibiotiques, l’aromathérapie représente une alternative intéressante, efficace et non iatrogène lorsqu’elle est bien exploitée. jouer à terme qu’un rôle secondaire. Mais on se rend compte de plus en plus de l’importance de l’influence psychosensorielle des odeurs et de leur impact sur notre psychisme. LA VOIE PERCUTANÉE POUR TOUCHER LE SYSTÈME NERVEUX SENTIR POUR SE SENTIR MIEUX Les effluves aromatiques ont une influence conséquente sur le psychisme, même si l’on ne cerne pas encore complètement leur mode d’action. Dans la pratique de l’aromathérapie, on constate que, bien exploitée, la dimension olfactive améliore la réceptivité du terrain des patients aux traitements par les huiles essentielles. Leur impact psychosensoriel est complémentaire à l’action physicochimique de leurs diverses molécules sur notre métabolisme. La voie olfactive ne transite pas par le thalamus et notre perception des odeurs est liée au centre affectif du cerveau, d’où les émotions que déclenchent les fragrances. Notre mémoire olfactive est plus associative et réactionnelle qu’absolue. Les odeurs déclenchent des émotions variables selon les personnes et leur tempérament, mais aussi selon les souvenirs qu’elles font ressurgir. Le monde de la perception olfactive est très complexe et la science n’a pas encore percé tous ses mystères. Deux chercheurs américains, Axel et Buck, ont reçu le prix Nobel de physiologie en 2004 pour leurs travaux sur les récepteurs olfactifs. On commence à mieux comprendre l’odorat qui a été longtemps regardé comme un sens primaire, animal, voué à s’éteindre ou à ne Bon nombre d’affections cutanées peuvent être soignées par l’aromathérapie, mais au-delà des problèmes directs de la peau (irritations, eczéma, verrues, crevasses...), la voie percutanée est une bonne manière de toucher le système nerveux. Enfin, les huiles essentielles, via la peau, pénètrent dans le système circulatoire, sanguin et lymphatique. Cela permet une absorption plus grande que par voie buccale qui se limite à 100 mg par prise (2 à 3 gouttes). Par exemple, pour évacuer le stress et mieux dormir, l’huile essentielle de « Lavandula angustifolia » (la lavande officinale), de « Citrus aurantium feuilles » (l’oranger bigarade) ou bien de « Chamamemelum nobile » (la camomille romaine) sont très efficaces en massage doux sur le plexus solaire (centre nerveux placé au niveau de l’estomac, sous le diaphragme) ou encore sur la plante des pieds qui est en relation avec tous les organes comme le montre bien la réflexologie. ■ Cet article a été réalisé grâce aux informations fournies par Philippe Mailhebiau, aromatologue dont les travaux et les publications font référence dont, en particulier, « La Nouvelle aromathérapie ». L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 69 FEW HAPPY ÉVÉNEMENTS RÉUNION Air Austral élue « meilleure compagnie aérienne » aux Victoires du tourisme Guillaume Foulon Première compagnie française à se doter d’un Boeing 787 Dreamliner, la compagnie réunionnaise a été primée lors de la deuxième édition de cet événement professionnel organisé par « Le Quotidien du Tourisme.com » en partenariat avec BFM Business. « Cette distinction est le résultat de l’investissement de toutes nos équipes pour offrir des produits et services irréprochables à nos clients et nos partenaires », souligne Marie-Joseph Malé (notre photo), Pdg d’Air Austral. Avec son premier Dreamliner, la compagnie propose depuis le 10 juin une liaison directe Mayotte-Paris et elle prévoit de remplacer deux de ses trois Boeing 777-300 par de nouveaux appareils aux sièges de dernière génération. Avec la livraison de son second Dreamliner en octobre, elle lancera en fin d’année une desserte directe de Bangkok. Quant à sa filiale mahoraise Ewa Air, elle propose six liaisons directes au départ de Dzaoudzi dans la zone du Canal du Mozambique. Le café le plus célèbre de La Réunion s’offre un relooking C’est historique car cette marque leader du marché n’avait pas changé de packaging depuis son lancement en 1966. Le café Le Lion est torréfié par la Sicre (Société industrielle de café de La Réunion) qui a été longtemps propriété de Vindémia avant d’être cédée fin 2009 à Quartier Français. Le groupe réunionnais ayant été racheté par Terreos, c’est donc ce spécialiste du sucre qui en est aujourd’hui le propriétaire à travers sa filiale Océan Indien Participations. L’usine, qui a une capacité de 900 tonnes, torréfie et moud plus de 700 tonnes de café par an, couvrant ainsi 20,1% de la consommation locale pour un chiffre d’affaire de 5 millions d’euros. Sur un marché en forte évolution, après s’est diversifiée dans le café vanille et dans les dosettes, elle a souhaité donner plus de mordant à son Lion emblématique et prévoit également de lancer des marques dédiées à la grande distribution. 70 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 HAPPY FEW Le président du groupe réunionnais Optic Développement, qui exploite les enseignes Optique de Bourbon et Alain Afflelou, a reçu le 15 juin, au Palais du Luxembourg (siège du Sénat), à Paris, ce titre délivré chaque année par le Syndicat des importateurs et distributeurs en optique lunetterie (SIDOL) depuis 1989. Le jeune entrepreneur réunionnais a été choisi parmi les 13 000 opticiens de France, Outre-mer compris. Il fait partie des associés d’Optic Développement avec Alain Afflelou, le groupe Clinifutur de Michel Deleflie en étant l’actionnaire majoritaire. Optic Développement gère désormais un ensemble de 27 magasins après le rachat d’Optical Discount – dont certains dédiés aux enfants et aux sportifs – et commercialise une multitude de marques. Il s’est aussi diversifié dans les magasins spécialisés dans l’audition. Son chiffre d’affaires, qui se montait à 18 millions d’euros en 2014, connaît une forte croissance. Guillaume Foulon Frédéric Narassiguin primé « Opticien de l’année » pour toute la France Guillaume Foulon Orange ouvre le premier Smart Store de l’océan Indien L’opérateur a inauguré le 24 juin, au 112, rue Jean Chatel, à Saint-Denis, ce magasin nouvelle génération qui, sur 458 mètres carrés, propose une approche ludique à ses clients. « C’est une invitation à l’expérimentation, un lieu d’initiations et de découvertes », commente Mireille Hélou (notre photo), directrice générale Orange Réunion-Mayotte. Le Smart Store se divise en plusieurs zones d’accueil, de prise en charge et d’expérimentation spécifiques. Il se compose d’univers, tels que « En déplacement », « Maison », « Fun », « Bien-être » et « Travail », placés sous le signe de l’interactivité. Les visiteurs peuvent ainsi toucher et manipuler les produits en disposant d’écrans et de surfaces tactiles. Pas moins d’une trentaine de conseillers commerciaux, techniques, coachs et managers évoluent dans ce magasin d’un nouveau genre. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 71 FEW HAPPY ÉVÉNEMENTS RÉUNION Toujours plus de participants au concours d’entreprises innovantes Pour la quatrième édition de son concours, la Technopole de La Réunion a reçu 72 dossiers complets contre 30 en 2015. Le 1er prix a été décerné à Yohann Cimbaro pour son projet Cyclagri, une solution innovante agricole. Le 2ème prix à Johny Donz et Boris Seang pour leur projet Zotdata, une application dédiée aux chantiers. Le 3ème prix à Richard Lauret pour son projet Ti Bière Kreol, un produit utilisant des matières premières locales non valorisées. Un prix spécial Énergie a été décerné à Sauveur Belvisi pour son projet Alizé Solar System, un chauffe-eau solaire à cuve intégrée. Enfin, la mention spéciale « coup de cœur du jury » à Julien Lévy pour son projet Zeewa qui propose un assistant personnel innovant. DR Notre photo : au premier rang de gauche à droite, Boris Seang (projet Zotdata), Yohan Cimbaro (projet Cylagri) et Richard Lauret (projet Ti Bière Kreol). Au second rang de gauche à droite, Johny Donz (projet Zotdata), Elisabeth Péguillan (directrice de la Technopole), Julien Lévy (projet Zeewa) et Sauveur Belvisi (Projet Alizé Solar System). Guillaume Foulon Les diplômés 2015 de l’IAE à l’honneur 72 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 Cette cérémonie, organisée le 10 juin dernier, est devenue un rituel permettant à l’école universitaire de management de mettre en avant ses étudiants qui ont réussi leur cursus en formation initiale, en alternance ou en formation continue (reprise d’études). Ces diplômés en licence de gestion et en master de management rejoignent ainsi un réseau qui s’étoffe d’année en année. L’IAE accueille chaque année plus de 500 étudiants et œuvre depuis plus d’un demi-siècle pour contribuer à leur professionnalisation (stages en entreprise, formations en alternance et cours dispensés par des intervenants professionnels...). La délivrance d’un diplôme de l’IAE constitue ainsi un véritable passeport pour une insertion professionnelle. Pas moins de 80% des diplômés 2014 en master de formation initiale ont trouvé un emploi moins d’un an après avoir quitté l’école. FEW HAPPY ÉVÉNEMENTS MAURICE Maurice destination préférée sur le réseau social chinois Mafengwo Stocklib Voilà une nouvelle qui a sans aucun doute réjoui les groupes hôteliers mauriciens. Selon un sondage réalisé par la China National Tourism Administration (CNTA), l’Office national du tourisme de Chine, en collaboration avec le site mafengwo.com, Maurice a été classée en première position. C’est le résultat d’une enquête réalisée entre le 4 février et le 12 mai 2016. Cent destinations internationales étaient en lice. Sur 100 millions de participants, l’île a récolté 1 864 558 voix. Mafengwo est le plus important réseau social de voyages en Chine. Plus de 10 millions d’utilisateurs y partagent leurs expériences de voyages partout dans le monde. Ce résultat confirme la montée en puissance de la destination mauricienne sur le marché chinois. Alors que 63 365 touristes de ce pays ont été comptabilisés en 2015, ils devraient dépasser les 100 000 en 2016. Encore bien loin des Maldives qui font près de quatre fois plus, mais Maurice avait accumulé beaucoup de retard et n’accueillait en 2010 que 7 609 visiteurs chinois. City Brokers fête ses 30 ans DR Acteur majeur du marché, ce courtier en assurance a été créé en janvier 1986 par le père de Patrick Bouic, son dirigeant actuel. « Notre force réside dans notre Recherche & Développement, notre veille économique avec le suivi des nouveaux risques potentiels », explique ce dernier. City Brokers a pu ainsi se développer en offrant des produits d’assurance répondant à l’évolution des besoins. « En profitant de nouveaux outils informatiques et en améliorant la qualité de nos services », ajoute Patrick Bouic. L’entreprise compte aujourd’hui 75 salariés et plus de 3 000 clients, à Maurice, mais aussi à La Réunion, aux Seychelles, à Madagascar, au Mozambique, en Tanzanie et aux Maldives. Notre photo, de gauche à droite : Jean-Luc d’Argent, Senior Executive, Jean-Marc Barbot, Senior Executive, Patrick Bouic, Chief Executive Officer, Guillaume Wiehe, Senior Executive et Tristan Lagesse, Senior Executive. 74 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 FEW HAPPY ÉVÉNEMENTS MAURICE L’Outrigger propose les bières artisanales Flying Dodo DR Les clients de l’Outrigger Mauritius Beach Resort auront désormais la possibilité de déguster cinq bières brassées à Maurice et estampillées Flying Dodo. Cette nouvelle offre est le résultat d’un partenariat entre cet hôtel situé à Bel Ombre, dans le sud de l’île, et la Flying Dodo Brewing Company qui est la seule micro-brasserie de bière artisanale de l’île. Ces nouvelles bières peuvent être dégustées sur place au « Bar Bleu » et sont également commercialisées en bouteilles d’un litre à la boutique de l’hôtel (vente à emporter). Par ailleurs, le restaurant Plantation Club, situé dans les jardins de l’hôtel, propose des accords « mets-bières » (4 plats avec 4 bières différentes), en plus de son menu habituel. Au commande de ce restaurant ouvert aux non-résidents de l’hôtel, le chef d’origine néerlandaise, Geert-Jan Vaartjes, va créer tous les mois de nouveaux plats à déguster en accord avec les bières artisanales Flying Dodo régulièrement renouvelées. DR Le groupe Lux prépare la réouverture de son joyau des Maldives Le Lux South Ari Atoll, qui figure au Top 10 des meilleurs établissements de l’archipel, rouvrira ses portes le 1er septembre en bénéficiant d’une complète métamorphose. Ses chambres et suites ont été redessinées dans un esprit d’osmose avec l’élément aquatique et la faune. Une tâche confiée au cabinet thaïlandais « Studio P49 Deesign » et à Stephen Woodhams, architecte paysagiste britannique. Pas moins de sept restaurants et cinq bars aux concepts différents seront proposés aux clients. Niché sur l’île de Didhoofinolhu, Le Lux South Ari Atoll dispose de 193 pavillons et villas sur pilotis, parmi lesquelles 46 « Romantic Pool Villas » et 3 « Temptation Pool Water Villas » (notre photo) qui disposent chacune d’une piscine et d’un accès au lagon. L’hôtel dispose de 4 kilomètres de plages et d’un centre de plongée et d’activités nautiques 5 étoiles. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 75 FEW HAPPY ÉVÉNEMENTS MAURICE Heineken présente un nouveau concept de bière pression DR La conférence « Tomorrow’s Tourism », organisée en même temps que le salon Hotel World, le 23 juin, s’est clôturée avec la présentation de « BrewLock », un nouveau système de distribution de bière pression conçu par Heineken. Le brasseur néerlandais, présent à Maurice depuis plus de vingt-cinq ans, allonge ainsi sa liste d’innovations après les packs de 6 bouteilles de 33 cl, de 4 canettes de 50 cl et le mini-fût de 5 litres. Le système BrewLock, d’une capacité de 20 litres, a été conçu pour corriger les failles des barils traditionnels, notamment leur incapacité de conserver, à long terme, la bière fraîche. Cette technologie évite tout contact entre la bière et l’air, le dioxyde de carbone et les autres gaz mixtes. Elle se substitue aux systèmes de régulateurs complexes et coûteux des barils standard pour produire de la bière pression. C’est Franck Evers, expert mondial en bière pression, qui était chargé de la présentation de BrewLock. La MTPA lance son application mobile pour faciliter le séjour des touristes DR Pour répondre aux exigences des touristes de plus en plus connectés, la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) a lancé MyMauritius le 20 juin. Cette application mobile offre une grande variété d’informations sur la destination mauricienne, que cela concerne la culture ou les différentes activités accessibles. Une carte interactive de l’île, avec un focus sur les endroits à visiter et les restaurants à connaître, est aussi proposée. L’application peut se se télécharger sur les smartphones et les tablettes gratuitement à partir des plateformes Google Play et Apple Store. Point fort de cette invention : une fois installée sur l’appareil mobile de l’utilisateur, elle peut être consultée sans devoir se connecter à l’Internet. Bien que MyMauritius ne soit actuellement disponible qu’en anglais et en français, la MTPA compte, d’ici trois mois, l’ouvrir à d’autres langues comme le mandarin et l’allemand. 76 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 COMMUNIQUÉ Ginger Thaï : Pas une seule faute de goût, de l'entrée au dessert DR Vous êtes en vacances à Maurice. Vous résidez au Hilton Mauritius Resort & Spa ou vous êtes dans la station balnéaire de Flic-en-Flac… et vous souhaitez trouver un restaurant dont les mets se distinguent de l’ordinaire ? Pourquoi ne pas découvrir la gastronomie thaïlandaise au sein du Ginger Thaï. Ce restaurant dispose d’une terrasse et d’un kiosque en paille pouvant accueillir jusqu’à 50 couverts. DES PLATS SIGNÉS PAO Les plats signatures du chef Pao participent fortement à la réputation de Ginger Thaï, qui se vante d’être le premier restaurant thaïlandais à Maurice ! Ces délices vous sont proposés avec soin pour le plaisir de vos papilles. Pour démarrer votre soirée, vous pouvez essayer des entrées alléchantes telles que la « Salade croustillante de crevettes et sa vinaigrette aux fines herbes ». Vous craquerez aussi pour la soupe de crevettes imaginée par le chef qui saura satisfaire les palais les plus exigeants. Parmi ses autres spécialités, les « nouilles aux crevettes, tamarin et cacahuètes à la façon thaïlandaise », les « gambas au curry fait maison » ou encore du « poisson cuit à la vapeur au citron et à la sauce pimentée ». Les « crevettes à la sauce tamarin, oignon croustillant et ail » s’ajoutent au plateau de fruits de mer que propose le Ginger Thaï. Afin de permettre à ses plats de dégager les arômes plus intenses, Pao cueille elle-même ses herbes dans le « Herbs Garden » du Hilton au fur et à mesure de ses besoins. La carte propose également une grande sélection de vins, ce qui vous permet de choisir celui qui correspond avec votre assiette. Pour terminer, Pao propose une large variété de délicieuses douceurs sucrées, des puddings ou tartes. Osez la tarte au chocolat noir, thé et abricot. Il saura certainement illuminer votre soirée ! Et comme on dit à Bangkok... Gin Khao ! (Bon appétit !) Pao, une experte en cuisine Thaï Si le Chef Karnsinee Thirapuncharoj est diplômée en communication de l’université de Phanakorn de Bangkok, elle a choisi de faire de la cuisine son métier. Plus connue sous le sobriquet « Pao », elle a débuté sa carrière dans ce domaine traditionnellement dominé par les hommes, en 2000. Elle a intégré, en tant que sous-chef de cuisine, la Flying Training School Thailand (l'école de pilotage de la Thaïlande). Trois ans plus tard, elle rejoint l’hôtel Grand Miracle, basé dans la capitale thaïlandaise, en tant que chef de partie. Elle mettra ensuite le cap sur les Maldives, où elle occupera de 2007 à 2010 le poste de chef de cuisine Thaï au J Resorts Alidhoo (anciennement Cinnamon Island Alidhoo). Parmi ses spécialisés, Pao réalise également des sculptures sur fruits et légumes et des objets décoratifs à partir des feuilles de bananiers afin d’apporter une touche personnelle à ses mets. DR Les trois restaurants du Hilton Mauritius Resort & Spa notamment Les Coquillages, La Pomme d’Amour et le Ginger Thaï sont accessibles aux clients avec les formules demi-pension et pension complète. Ils ont accès à une grande variété de mets avec et sans supplément. On vous propose un fabuleux voyage gastronomique au Ginger Thaï. Ouvert du mardi au dimanche de 19h à 22h, ce restaurant dispose d’une terrasse et d’un kiosque en paille pouvant accueillir jusqu’à 50 couverts. L’atmosphère charmante et chaleureuse, la vue sur l’océan Indien, le décor atypique et le personnel en cuisine exclusivement thaï à la fois accueillant et serviable font de cette adresse un lieu exceptionnel. Du côté de l’ambiance, vous serez gâtés car l’animation est tous les soirs différente. Cela permet ainsi aux clients de bénéficier d'un accompagnement personnalisé, tout en dégustant leur dîner. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 77 FEW HAPPY VINS NOTRE SÉLECTION DU MOIS Muscadet Sèvre et Maine La Sablette 2014 Un blanc typique du pays nantais, élaboré à partir de melon, vieux cépage d’origine bourguignonne. Il fait l’objet d’une fermentation à basse température et d’un élevage sur lie pendant quatre à huit mois. Les lies sont ce dépôt jaunâtre qu’on trouve au fond de la cuve ou du tonneau après la phase de fermentation. En ne les séparant pas du vin, on lui donne plus d’arômes et de rondeur. Au nez, il délivre des notes florales et mentholées et des arômes de fruit exotique. L’attaque en bouche est fraîche, avec une pointe de CO2 liée à l’élevage sur lie. On retrouve en fin de bouche les notes florales et mentholées. Idéal pour accompagner les fruits de mer et le poisson. À boire à une température de 10°C. Côtes de Provence Perle de Roseline 2014 Parallèlement à sa fonction de producteur, le château Sainte Roseline a développé une activité de négoce sous la marque Roseline, étroitement liée à l’image du château. Ce rosé est élaboré à partir de cinsault, de grenache, de syrah et de carignan. Il se présente dans une robe d’un rose orange clair et donne un nez très intense, où se marient des notes de griottes teintées de bonbon anglais. L’attaque en bouche est vive et fait place à une belle longueur qui exprime la fraîcheur typique des vins rosés de Provence. Il est parfait en apéritif, mais accompagnera aussi avec bonheur des salades, des crudités et des charcuteries, sans oublier les légumes dont, bien sûr, la ratatouille. On peut le choisir enfin pour des grillades. À boire entre 8 et 10°C. Coteaux d’Aix en Provence Maison Saint-Aix Plusieurs sommeliers de renom se sont enthousiasmés pour ce vin « pétillant et brillant aux vibrations rosées » et qui délivre « un parfum délicat de mandarines mûres, de framboises et de fraises » (dixit Cees Van Casteren, « Master of Wine » en avril 2011). Pas étonnant, donc, que ce vin subtil ait obtenu de nombreuses distinctions au concours général agricole de Paris, avec une médaille d’or dans la catégorie rosé en 2010, 2011, 2013 et 2015. Il faut ajouter une médaille d’or pour son millésime 2014 au Mundus Vini Spring Tasting 2015. Sans oublier des articles élogieux dans plusieurs magazine spécialisées : « Wine Spectator » en 2011 et 2012 et « Falstaff » en 2011. 78 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 FEW HAPPY VINS Shiraz ancient earth Bellingham 2011 Ce vin de la célèbre maison sud-africaine Bellingham a obtenu une médaille de bronze en 2012 au Veritas Wine Awards. Il est élaboré à 98% à partir de shiraz (la syrah en France, cépage noir qu’on retrouve dans la partie septentrionale des Côtes du Rhône). Mais une pointe de 2% de viognier, cépage blanc, lui apporte une touche de finesse. Sa robe est d’un rubis profond avec un bord brillant. Il délivre des arômes de petits fruits noirs qui, en bouche, se mêlent à du poivre noir, de la violette et du chêne doux. Un vin tannique qui donne en finale une persistance de fruits noirs intenses et d’épices. Il donnera le meilleur de lui-même après huit ans de vieillissement. Recommandé avec des saucisses épicées, des pâtes, de l’agneau rôti, des lentilles et du curry. Sauvignon ancient earth Bellingham 2012 Toujours la maison sud-africaine Bellingham et sa gamme « ancient earth » pour ce blanc plein de fraîcheur. Il se présente dans une robe or pâle avec une lueur verte. Au nez, c’est l’ananas qui rayonne, mais aussi la poire et les fruits de la passion. En bouche, on ressent des saveurs de groseille et de figue mûre et une touche herbacée difficile à identifier. Au final, il laisse une impression de fruité. Avec quelques années d’âge, cette impression se renforce. Servi bien frais, c’est un apéritif fort désaltérant. Il est aussi délicieux avec des wontons de crabe épicé, du jambon, des asperges, du risotto, des crevettes et des pâtes à la sauce relevée. Torrontés Varietal Trapiche 2012 VINS DISPONIBLES À MAURICE DANS LES BOUTIQUES LE CONNOISSEUR - Mont Choisy Shopping Promenade, Grand-Baie, Tél. : 269 7362 - Palm Square Complex Coastal Road, Black River, Tél. : 483 6628 - La Maison du Gourmet Moka business Centre, Mount Ory, Moka, Tél. : 433 5652 - E.C Oxenham & CY. Ltd Head-Quarter Autoroute St-Jean, Phoenix, Tél. : 696 7950 - Garden Village Shopping Centre 21, Sir Winston Churchill St, Curepipe Tél. : 679 3240 L’origine des caves Trapiche remonte à 1883, quand on appelait « El Trapiche » les vignobles situés dans la commune de Godoy Cruz, à Mendoza. C’est là qu’on a commencé à produire des vins de qualité en Argentine. Fidèle à son histoire, Trapiche continue à mener des recherches pour mettre au point de nouveaux vins. Daniel Pi, son œnologue en chef, dirige une équipe en provenance de pays aussi divers que la France, les EtatsUnis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Le Torrontés est un cépage blanc typiquement argentin qui donne ce vin frais et élégant en bouche. On apprécie ses saveurs de fruits tropicaux et de muscat. Idéal en apéritif, il peut aussi accompagner des crustacés, des sushis et même des plats épicés. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 79 FEW HAPPY AUTOMOBILE PORSCHE CAYENNE S E-HYBRID : SUV BRANCHÉ Montré du doigt par certains pour son côté ostentatoire, le Porsche Cayenne s’est refait une beauté et revient avec des lignes épurées. Mais aussi et surtout avec cette toute nouvelle version hybride rechargeable qui promet des consommations de petite citadine. Par Gilles Michel Q u’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il faut dire que le Porsche Cayenne ne laisse pas indifférent. Et force est de constater qu’il devrait davantage fédérer grâce à ses nombreuses retouches esthétiques visant à alléger son design : lignes claires, entrées d’air redessinées et rainures sur la capot moteur contribuent à affiner sa silhouette. À l’arrière, les feux redessinés offrent une signature lumineuse en 3D du plus bel effet. Pas de révolution, mais une évolution permettant au « grand frère » de tenir la comparaison avec le très ambitieux Macan. UN CONFORT DIGNE D’UNE PREMIÈRE CLASSE Il en va de même pour l’intérieur, qui n’évolue pas beaucoup par rapport à la précédente version. La finition est d’excellente facture et la présentation superbe, surtout dans la livrée cuir intégral de notre version d’essai. Le nouveau volant multi-fonctions est aussi élégant que pratique. Mais l’atout majeur de ce Cayenne par rapport au Macan est bien entendu l’espace intérieur bien plus important, permettant à chacun des occupants de voyager dans un confort digne d’une première classe. Sur le plan technique, il adopte un V6 3.0 à injection directe et compresseur d’origine Audi développant 333 ch, et l’associe à un moteur électrique synchrone à aimant permanent de 95 ch. La puissance combinée du système hybride atteint 416 ch, tandis que le couple maxi s’établit à 590 Nm, disponible sur une large plage de régimes, allant de 1 250 à 4 000 tr/min. Intercalé entre le V6 et la boîte automatique à 8 rapports, le moteur électrique est alimenté par un pack de batteries lithium-ion. Celui-ci est installé sous le plancher du coffre, qui perd 90 dm3 de volume dans l’opération. Pour sa recharge, Porsche fera intervenir chez vous un électricien agréé qui vérifiera la conformité de votre installation et effectuera la pose d’une borne. LE 0 À 100 KM/H EFFECTUÉ EN 5,9 SECONDES Une fois les batteries suffisamment chargées, c’est sur ce mode 100% électrique que le Cayenne démarre. On profite alors d’un reposant silence et de performances suffisantes au quotidien, 80 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 À l’intérieur, la finition est d’excellente facture et la présentation superbe, surtout dans la livrée cuir intégral de notre version d’essai. d’autant que le moteur électrique offre 310 Nm de couple à lui seul et utilise les 8 rapports de la boîte automatique pour optimiser son rapport vivacité/consommation. L’économètre, semblable à celui d’une Prius, se charge de vous rappeler que vous êtes dans une Porsche « propre » et vous incite à garder le pied léger. Mais la comparaison avec la plus réputée des hybrides s’arrête là. Car ce Cayenne n’a pas usurpé le « S » de son appellation. Le 0 à 100 km/h est effectué en 5,9 secondes, soit un chrono comparable à celui d’un Boxster, tandis que le kilomètre départ arrêté est couvert en 25,7 secondes. Et c’est bien là l’alliance presque incongrue, mais tellement plaisante, que propose ce Cayenne S e-hybrid : des performances de sportive, un comportement routier irréprochable et un confort de haut vol. Mais aussi la possibilité de rouler en ville en tout électrique pendant 20 kilomètres ou de voir le moteur thermique se couper à 110 km/h, dans la descente de la route des Tamarins par exemple. Pour arriver à la valeur exceptionnelle de 79 g de CO2 rejeté par kilomètre, pour une consommation homologuée de 3,4 l/100 km. Tout bonnement exceptionnel ! De quoi faire taire les mauvaises langues qui vous taxeraient de « pollueur » à la vue de votre acquisition ou, de manière plus pragmatique, de bénéficier pendant deux ans d’une exonération de TVS en cas d’achat par une société. L’alliance de la passion et de la raison. ■ FEW HAPPY Le design s’est allégé avec des lignes claires, des entrées d’air redessinées et des rainures sur la capot moteur qui contribuent à affiner la silhouette. Le design des jantes met l’accent sur le côté sportif des modèles Cayenne. Pour tous, des jantes 21 pouces sont disponibles en option. Les jantes « 911 Turbo Design » 21 pouces associées aux élargisseurs d’aile, par exemple, allient esthétique et performances. Sous le capot se déploie un moteur V6 3.0 à injection directe et compresseur d’origine Audi développant 333 ch. Il est associé à un moteur électrique synchrone à aimant permanent de 95 ch. L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 - 81 FEW HAPPY HORLOGERIE NOSTALGIE : LA VULCAIN 50S PRESIDENTS’ CHRONOGRAPH HERITAGE La manufacture suisse Vulcain propose avec cette réédition d’un modèle des années 30 de nous replonger dans l’histoire de la marque. À une époque où elle était le sponsor horloger du Réal de Madrid, rien que ça ! Par Pierre-François Duyck (*) – MagMontres.fr D ésormais, les grands clubs ont tous leur partenaire horloger, qu’il s’agisse de Hublot très impliqué dans le domaine du football (Coupe du monde, PSG, Juventus, Bayern), de Maurice Lacroix (Barcelone), JeanRichard (Arsenal)… Mais dans les années 1930/40, la maison Vulcain faisait presque office de précurseur en la matière. La marque était déjà mise à l’honneur par le Réal de Madrid via la voix de l’entraîneur : « Nos entraînements, calculés à l’aide d’un chronomètre Vulcain, d’une précision époustouflante, nous ont amené à notre succès le plus catégorique au championnat d’Espagne de 1934. » Plutôt enclin à soutenir ses partenaires, monsieur Francisco Bru ! En clin d’œil à cette belle année, la Vulcain 50s Presidents’ Chronograph Heritage a fait son grand retour sur le devant de la scène en édition limitée à 1934 exemplaires pour la version acier. Présentée ici avec un boîtier or rose de 42 mm de diamètre (seulement 100 pièces), ce chronographe monopoussoir ne renie en rien son passé, nous avons affaire à une vraie montre classique, une vintage chargée d’histoire. Le cadran noir avec décalque brune, qui présente une parfaite harmonie avec le boîtier en or rose, est habillé par une petite seconde à 9 heures, un compteur 30 minutes à 3 heures mais également par les graduations d’un pulsomètre. La montre permet donc sans aucun calcul d’indiquer la fréquence des pulsations cardiaques. Dès que le chronographe est lancé, il faut compter 30 pulsations, puis stopper le chronographe afin que l’aiguille indique sur la graduation le nombre de battements par minute du patient. Un modèle plutôt très pratique pour les médecins… La manufacture Vulcain présente ici une belle réédition du passé, qui charme par son fonctionnement via le monopoussoir du chronographe, mais également grâce à des finitions sympathiques comme la couronne striée, signature ou presque de la marque sur les montres de présidents. Au dos du boîtier, la Vulcain 50s Presidents’ Chronograph Heritage propose de découvrir le calibre Vulcain automatique V-57 (28 000 alternances/heure) composé de 105 composants et proposant 42 heures de réserve de marche. Les finitions sont également au programme : traitement au palladium, Côtes de Genève et vis bleuies. Étanche à 50 mètres, cette montre plutôt masculine est présentée avec un bracelet en alligator de Louisiane noir et une boucle ardillon en or rose marqué du sigle Vulcain. 82 L’Eco austral Nº310 - Juillet 2016 ■ En référence à l’année 1934 où Vulcain sponsorisait le Réal de Madrid, vainqueur du championnat d’Espagne, cette montre est proposée en série limitée à 1 934 exemplaires au prix de 15 780 euros. (*) Pierre-François Duyck Passionné par la belle horlogerie, PierreFrançois Duyck est le co-fondateur du blog horloger MagMontres.fr. Un blog francophone entièrement dédié à l’univers des montres de luxe où l’on peut trouver des tests de montres, des interviews de personnalités, les dernières nouveautés des marques suisses les plus prestigieuses...