rapport mission explo - Voiles Sans Frontières
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rapport mission explo - Voiles Sans Frontières
ECHOUAGE REUSSI AUX BETTENTI : UNE MISSION EXPLO DANS L'ARCHIPEL SANS EAU ********************************** LUNDI 23/12 Arrivée à Dkr à 5h10. On retrouve le fidèle Nago, notre collaborateur-taxi comme prévu à 6h00 à l'aéroport. Complément d'avitaillement à Casino, le plus gros ayant été commandé à Fara et Mama légumes. Vérification réparation de l'annexe de Yobalema auprès de Robert le réparateur du CVD. Visite au monument de la Renaissance africaine. Arrivée de Véronique Cheneau à 22h00 et Philippe Maysonnave à 2h00 du matin. MARDI 24/12 Rencontre avec Alassane Dieng l'électricien réparateur de l'onduleur de Niodior. Chargement et départ pour Ndangane à 11h00. Arrivée à 17h00 puis pirogue de François-Xavier pour rallier Yobalema. On retrouve Seydou notre second fidèle collaborateur local. Rangement de l'avitaillement. Seydou Sene MERCREDI 25/12 Pleins d'eau + quelques courses complémentaires à Ndangane et départ pour Sangomar que nous atteindrons à 18h30. JEUDI 26/12 Lever 7h30 pour les Betanti avec la marée montante. Nous ne pourrons quitter le mouillage qu'à 10h00, Yobalema étant échoué à marée basse. Nous décidons de rejoindre la mer en passant par la passe sud de Sangomar, qui était avant la nouvelle passe de Djifer, la passe des cargos avec un balisage latéral. Dans la réalité, les cargos n'empruntant plus cette passe, le balisage est quasi inexistant. Passe de Sangomar C'est donc "à vue" et munis de nos jumelles et du sondeur que nous allons franchir la passe entre les déferlantes. Le vent -15N de NE- la marée et le soleil montants nous offrent de bonnes conditions. Sans réelles difficultés nous franchissons la passe et faisons route au sud sur les Betanti. Le seuil le plus bas rencontré sur notre sortie est de 2,00m. Nous utilisons "Maxsea" en mode satellite. Options de routes : 3 autres options sont possibles pour descendre sur les Betanti - la route de Djifer : gagner l'océan par la nouvelle passe balisée de Djifer et faire route au sud - la route intérieure des bolons du Sine Saloum, soit par le bolon de Diogane-Bassar, soit par le bolon le plus oriental du Saloum (Maya-Fambine) - la route passant par la pointe Jackonsa si les profondeurs s'avèrent suffisantes (à tester sur une prochaine mission) Nous faisons route au S-SSE pour rejoindre la passe située au sud de l'île Betanti distante d'une quinzaine de milles. Nous contournons l'île aux oiseaux par le sud et faisons route sur Betanti en contournant un banc de sable marqué par des piquets que nous laissons sur tribord. Nous faisons route sur l'antenne radio de Betanti en suivant le "balisage" local (perches). Accueil à Betanti Betanti au jusant Nous mouillons dans 1,10m d'eau par N 13°39'634 et W 16°37'519 après avoir eu recours à un "guide" local. 1h00 plus tard, nous recevons la visite du gardien du parc protégé du Sine Saloum -Ibrahima Cissé avec lequel il faudra négocier 1h00 durant pour éviter l'amende en raison de "l'absence d'autorisation d'entrée" dans le parc. Il est probable que cette visite avait pour objectif de nous prélever qqs CFA à la veille des fêtes… A ce jour, nous ne savons toujours pas où nous devrions nous adresser pour obtenir cette fameuse autorisation ! VENDREDI 27 Nous avons démarré nos rencontres officielles par le Chef du village M. Tidiane DIOUF, personnage affable visiblement très investi dans son village, aimé et respecté. Il nous accompagnera toute la journée durant et nous introduira auprès de ceux que nous rencontrerons ensuite. Tidiane Diouf Rituel du thé Visite à l'ICP (infirmier chef de poste) Moussa Bâ , originaire de St Louis, en poste depuis 10 ans, qui se montrera de plus en plus coopératif au fil de nos échanges. Il n'a pas manifesté d'autre demande qu'un logement pour la Sage Femme qui vient d'être nommée. Compétent, efficace et investi, Moussa Bâ ferait un très bon collaborateur dans le cadre d'une mission médico-sanitaire. Très favorable à une mission dentaire. Repas chez le chef du village, en compagnie de Cheikhou (prononcer Chérou) DIEME, adjoint au directeur de l'école publique Cheikhou DIEME est quelqu'un de très investi dans son école. Nous avons passé plusieurs heures ensemble à parler de l'école, son évolution, son nouveau programme pédagogique "Curriculum". J'ai eu un entretien tél avec le directeur de l'école M. Mamina Coli en congés dans sa province d'origine, la Casamance. Visite au campement situé au nord du village et cofinancé par le programme PISA. Un campement plutôt bien tenu, agréable, qui pourrait parfaitement héberger une équipe VSF pendant plusieurs semaines si nécessaire. Visite à la Setelec et rencontre avec l'électricien responsable du générateur. SAMEDI 28 Rencontre sous l'arbre à palabres avec : - M. Sény Sarr directeur de l'école 2 (cf. fiche village) - M. Sidy Bouya Diouf Président de l'APE et qui représentait le collège. Le directeur du collège est M. Ousmane Senghor mais que nous ne verrons pas, étant en congés hors de l'archipel. Nous allons visiter le collège avec le directeur de l'APE et l'école 2 avec son directeur. - collège : plusieurs bâtiments sont soit en construction soit en cours de finition. Comme le confirmera plus tard la liste des doléances, le collège donne l'impression "d'un manque de tout"… - Classe du collège Classe du collège école 2 : cette 2ème école de Bettenty est à l'image de son directeur. Il y règne un climat de rigueur, d'organisation, de sérieux et d'implication. Parmi ses principales demandes on notera celle d'un logement pour ses 6 enseignants qui, comme à Siwo, sont logés dans des familles du village et la réfection de la classe CI Un bâtiment tout neuf à l'école 2 Une toiture à refaire au CI Profitant de la marée haute, nous quittons notre mouillage pour rejoindre Bossinktang. Sidy Bouya Diouf nous guidera dans l'archipel pour sortir de Bettenty. Mouillage de l'autre côté du banc de sable de Bettenty à la nuit. Des latrines "modèle" à l'école 2 DIMANCHE 29 Matin 10h : plantage dans l'archipel à marée descendante alors que nous tentons de rejoindre le bolon de Bossinktang. Il faudra attendre 18h que la marée soit suffisamment haute pour sortir du banc de sable. Nous nous faisons guider par un pêcheur local. Philippe et Seydou en profiteront pour caréner. Arrivée à Bossinktang à 19h. LUNDI 30 Matin : nous débarquons en annexe dans ce village où ns sommes reçus par un "comité d'accueil" impressionnant. Nous nous faisons guider jusqu'au chef du village M. Dianoune SONKO qui sera accompagné du dépositaire de la pharmacie et d'un jeune étudiant qui sera notre interprète. En l'absence du directeur de l'école, des enseignants et de l'ICP, nous n'aurons que des informations assez superficielles sur le village. Nous visiterons néanmoins le dispensaire, le dépôt de médicaments (cf. fiche village). Le dispensaire nous parait bien tenu, propre et fonctionnel. Il est alimenté en électricité par la centrale. Le dépôt de médicaments est également bien tenu, le dépositaire semble sérieux dans ses fonctions. Nous remarquons le peu de médicaments dans le dépôt. Dispensaire de Bossinktang Puits au dispensaire de Bossinktang Nous visiterons ensuite la centrale électrique. Construite en 2010, elle se compose d'un générateur thermique + une centrale solaire. Le tout semble en bon état, à l'exception des panneaux recouverts de sable et de poussière et qui ne doivent plus délivrer que 50% de leur capacité initiale. Générateur solaire Générateur thermique Quelques éclairages publics Le dépositaire pharmaceutique Sydia DEMBA est également le chargé d'entretien de la centrale. Il a suivi une formation spécifique. La centrale électrique, de part sa faible puissance, ne délivre de l'énergie qu'1 jour sur 2 aux 3 quartiers du village. Nous visiterons ensuite la centrale de déssalinisation. Construite par les Japonais en 1996, elle n'a que très peu fonctionné, tombant en panne rapidement et jamais réparée. Comme toutes les centrales de déssalinisation installées ds le Sine Saloum, cette technique coûteuse n'est pas adaptée à l'environnement local. Ecoles : 1 école publique + 1 école coranique dispensent l'éducation à Bossinktang. 5 classes et 5 enseignants accueillent les élèves du CI au CM2 dans des conditions précaires : les classes sont petites et les élèves trop nombreux obligent les enseignants à travailler en double flux. Nous ne parviendrons pas à avoir plus d'informations dans le domaine scolaire, les enseignants et directeur étant en congés de fin d'année. classe publique à Bossinktang Latrines de l'école Nous terminerons la journée d'investigation à Bossinktang par la visite de jardins de femmes. Elles y cultivent des pommes de terre, oignons, menthe. La cueillette et le décorticage des fleurs d'hibiscus représentent une activité économique très importante chez les femmes de Bettenty et Bossinktang. Leur récolte est ensuite vendue principalement en Gambie. Outre la boisson (bissap), l'hibiscus entre dans la composition de produits cosmétiques. Cueillette et décorticage d'hibiscus : une AGR (Activité Génératrice de Revenus) pour les femmes des îles Betenthy CONCLUSIONS 1/ Navigation : l'archipel des Bettenty est difficile d'accès ce qui en soi, peut totalement justifier d'étendre notre zone d'intervention jusqu'à ces territoires. Néanmoins, un tirant d'eau inférieur à 1,00m est requis pour pouvoir y pénétrer, ce qui va limiter notre panel de voiliers susceptibles de participer. Dans un 1er temps, nous pensions étendre notre évaluation de terrain aux villages situés sur la rive droite du bolon "Bandiala" lequel remonte sur Toubakouta (cf. carte). Après recueil des informations, nous abandonnerons rapidement l'idée de remonter le Bandiala : les villages en question marqués sur la carte sont en fait des "campements de pêche", refuges de pêcheurs utilisés uniquement pendant la saison de pêche. Quant aux villes-villages de la rive gauche (Missira, Toubakouta, Sourou, Bani…) ils sont situés sur le continent et accessibles par la route depuis Sokone. Nous n'allons donc au final retenir que 2 villages susceptibles de recevoir les missions VSF : Bettenty et Bossinktang. 2/ Bettenty : l'accueil à Bettenty par le chef du village Tidiane Diouf a d'abord été très protocolaire, puis cordial. Il est clair que ce chef imprime "sa marque" au village et à sa population. De la même manière, notre rencontre avec l'adjoint au directeur de l'école 1, le directeur de l'école 2 et le Président de l'APE du collège est encourageante car ils sont tous très investis dans leur village. Bettenty est un "gros village" de 6500 âmes où ne règne pas l'opulence, loin de là. La question qui vient à l'esprit après 2 jours de rencontres et de visites à Bettenty, c'est : "une aide au développement pourquoi pas, mais on commence par où ? " tellement les demandes et les besoins sont multiples. L'éloignement de Bettenty, sa difficulté d'accès et de mouillage par rapport à notre zone de travail traditionnelle contribue à faire de cette zone une difficulté complémentaire impliquant de s'y rendre pour y travailler au moins 14 jours. La petite équipe que nous étions a d'un commun accord reconnu qu'une 1ère mission à Bettenty pourrait être exclusivement dentaire. C'est également la demande de l'ICP de Bettenty. Cette 1ère mission permettrait d'avoir un regard plus juste sur cette population et son environnement. 3/ Bossinktang : disons d'entrée de jeu que ce village a laissé a l'ensemble de l'Equipe un goût amer de désolation et de perplexité. Il est vrai que nous n'avons rencontré ni l'ICP ni les directeurs d'école ni les enseignants nous permettant d'apprécier plus justement leurs besoins. Contrairement aux premières apparences, ce village est loin d'être abandonné et a reçu des aides en équipements comme ses homologues. Le secteur scolaire est de loin celui qui nécessite le plus de soutien en locaux, matériel et enseignants. En un mot, à ce stade de notre évaluation, nous n'avons pas pu enregistrer suffisamment d'informations sur ce village. Une 2ème mission exploratoire s'imposera pour prendre une décision appropriée. 31 DECEMBRE 2013 et 1er JANVIER 2014 : COMPTE RENDU DE VISITE A DIOGANE et BASSAR Nous avons profité de notre retour de l'archipel Bettenti pour : - tester une route retour passant par la pointe Jackonsa et le bolon de Diogane (cf. carte). Sans difficulté majeure. - rendre visite à Salif et IB de Diogane - rendre visite à El Hadj Sarr à Bassar DIOGANE : notre visite à Diogane a confirmé tout le bien que nous pensons de ces 2 acteurs majeurs et dynamiques que sont Salif et IB. Très impliqués dans leur village, ils "tractent" littéralement la population en imprimant des actions positives. 3 événements majeurs sont à noter dans l'évolution de ce village : - la construction d'un "pont-passage" reliant les 2 rives du bolon intérieur - la construction d'un collège en cours de réalisation -la construction d'un "hébergement pour voyageurs" (2 cases) autour d'un lieu communautaire pour les villageois en quête d'informations diverses auprès de Salif, IB et Moussa. Ces 2 premières constructions ont été réalisées par la population et financées par la vente/transformation du fruit du "dythérium sénégalais". L'hébergement pour voyageurs a été financé par IB et construit par Salif. Les classes de 6ème et de 5ème sont opérationnelles depuis octobre dernier, permettant aux élèves de Diogane d'éviter d'intégrer le collège de Bassoul avec toutes les difficultés d'approvisionnement en eau qu'on lui connaît. L'Etat sénégalais a nommé 2 enseignants mais n'a financé aucun investissement matériel. Tous les équipements ont été soit fournis par la population, soit récupérés et réhabilités (comme les tables-bancs par ex). Les enseignants sont actuellement logés dans un local temporairement inhabité. Les classes de 4ème et de 3ème sont en cours de construction ainsi qu'un bureau-logement de direction et devraient être fonctionnelles d'ici la rentrée 2014/2015. bureau – logement de direction Salif et Ib bien entourés… classes de 6ème et 5ème Classes de 4ème et 3ème en cours de construction Récup' à "l'africaine" de tables-bancs le pont "made in villageois" menant au collège BASSAR : nous ne pouvions pas passer devant Bassar sans rendre visite à notre ami El Hadj Sarr que nous avons invité à dîner pour l'occasion. Nous avons passé en revue l'actualité médico-sanitaire du district et son évolution, ainsi que du dispensaire. Ami de longue date, j'ai pu noter avec grand plaisir l'évolution personnelle d'El Hadj qui a gagné en savoir et en confiance. mh 09/01/2014