Transavia, l`arme low cost d`Air France

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Transavia, l`arme low cost d`Air France
Transavia, l’arme low cost d’Air France
La filiale d’Air France est née en 2007 mais ne s’est spécialisée dans le low cost que ces dernières années.
Un Boeing 737-800 de la compagnie Transavia à Orly (ERIC PIERMONT/AFP).
Il est probable qu’une grande partie des 2,7 millions de passagers qui ont emprunté en 2013 les 14 appareils de
Transavia France ne savait pas qu’ils volaient avec une marque d’Air France. Ils ne peuvent plus l’ignorer, au quatrième
jour d’un conflit social qui devrait entraîner encore jeudi 18 septembre une annulation de 60 % des vols de la compagnie
nationale (1).
Le développement de Transavia est en effet au cœur de cette grève, la direction voulant en faire son arme contre la
montée en puissance des compagnies low cost qui drainent aujourd’hui 45 % du trafic moyen et court courrier en Europe.
« En France, cette part n’est que de 25 %, précise Emmanuel Combe, spécialiste de ce modèle économique (2) et
vice-président de l’Autorité de la concurrence. C’est donc une terre de conquête potentielle pour ces compagnies et un
peu la dernière chance d’Air France de les contenir. »
Un virage low cost pris tardivement
Pourtant, Transavia France n’est pas née en 2007 dans ce but. « Avec une nouvelle branche du TGV, les trafics aériens
vers l’est de la France étaient en train de disparaître au profit du train, rappelle Jean-Louis Baroux, auteur du livre
Compagnies aériennes: la faillite du modèle (Éd. l’Archipel) et fondateur d’APG, réseau mondial de services commerciaux
pour le transport aérien. Du coup, des créneaux horaires à Orly étaient disponibles et le patron d’Air France, alors
Jean-Cyril Spinetta, a créé Transavia pour empêcher des concurrents comme EasyJet de s’y implanter. Mais Transavia
était plus dédiée aux charters qu’aux passagers individuels. »
> Lire le dossier sur La dure réforme d’Air France
Transavia France prend ainsi modèle sur Transavia.com, filiale de KLM depuis les années 1960. Une compagnie qu’Air
France a trouvée dans la corbeille de mariage entre la compagnie française et son homologue néerlandaise en 2004. Ce
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n’est qu’au fil des dernières années que Transavia a pris le virage pur low cost. « Cela peut paraître incroyable mais en
2007, la direction d’Air France ne croyait pas à l’expansion des compagnies à bas coût » , explique un bon connaisseur du
secteur.
Un esprit de start-up
« Toutes les expériences montrent qu’on ne peut pas faire du low cost en changeant la manière de faire d’une compagnie
classique, dit Emmanuel Combe. EasyJet ou Ryanair ont été créées ex nihilo. Quant à Vueling, elle a été rachetée par
Iberia/British Airways tout comme Germanwings par Lufthansa. » Selon l’économiste, Transavia malgré une grande partie
de son activité consacrée aux charters, avait cependant l’ADN du low cost: « Un esprit de start-up, un produit simple et
dépouillé… » Ce qui explique sans doute que la compagnie a pu se convertir facilement.
Reste que Transavia a toujours des coûts d’exploitation supérieurs à ses concurrents. On peut les mesurer avec ce qu’on
appelle le coût au siège par kilomètre. Il est de 10 à 12 centimes d’euros pour Air France, de quelque 5 centimes pour
Transavia mais de 3 à 4 centimes pour EasyJet et… de moins de 3 centimes pour Ryanair. Dans ces coûts, la
rémunération des pilotes, dont il est beaucoup question actuellement, n’entre qu’à hauteur de 20 % dans les compagnies
classiques mais de moins de 10 % dans les low cost. « Le secret du low cost, c’est une flotte d’avions d’un seul modèle,
l’externalisation des services aux escales, de forts revenus auxiliaires et des appareils qui volent beaucoup », rappelle
Emmanuel Combe.
MICHEL WAINTROP
(1) Le taux d’annulation varie selon les aéroports et a atteint 90 % mercredi 17 septembre à Nice.
(2) Auteur de Le Low Cost, aux Éd. La Découverte.
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Transavia-l-arme-low-cost-d-Air-France-2014-09-17-1207689
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