Marie-Caroline - L`Abeille, butinez d`Art en Art
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Marie-Caroline - L`Abeille, butinez d`Art en Art
En compagnie de Madame, la duchesse de Berry Marie-Caroline ! Dans la romantique décennie des années 1820-1830, ce nom peut donner à lui seul des espoirs à une dynastie, combler les attentes d’un peuple, réjouir des artistes en mal de reconnaissance, faire hausser les sourcils du roi Charles X et provoquer des palpitations chez la duchesse d’Angoulême. La pétillante napolitaine, La femme-enfant terrible des Bourbons, la veuve précoce muée en passionaria de la cause royaliste était le centre de toutes les attentions lors d’une délicieuse soirée passée dans le cadre somptueux des salons de l’ambassade de la République Tchèque, sous l’égide de la fédératrice Abeille, butinez d’Art en Art. Avec talent et poésie, Laure Hillerin a fait revivre le parcours atypique de cette jeune princesse méconnue et attachante passée, grâce à son mariage avec le trop fringant duc de Berry, de la moiteur de Palerme à la tiédeur d’une cour de la Restauration en deuil perpétuel. L’auteur de La duchesse de Berry, l'Oiseau rebelle des Bourbons a su donner corps et substance à cette personnalité d’un intérêt tout sauf négligeable, dont l’Histoire nationale, comme à son habitude s’agissant d’une figure féminine charismatique, avait invariablement classée au rang de femme futile, quand ce n’est pas, comme souvent, de femme fatale. Femme de tête et femme de cœur, Marie-Caroline se révèle esthète, artiste, mécène et philanthrope. « La bonne duchesse » de Rosny est une inattendue correspondante de Chateaubriand comme va le souligner, lors d’un brillant exposé, Jean-Paul Clément. Le trio formé par la pianiste Tatiana Dahan, le violoncelliste Axel Salmona et la soprano VanessaHenriette de Hillerin va envelopper l’assemblée conquise d’airs qui n’auraient pas déplus à la duchesse, passionnée de musique et de danse. Et tant pis si les joyeux échos d’un bal costumé mémorable au pavillon de Marsan vont quelque peu incommoder certains habitants des hiératiques Tuileries. Après tout, est-ce si surprenant que la jeune fille au teint de porcelaine, aux yeux mutins et aux lèvres sensuelles si admirablement transposés par Thomas Lawrence se prenne ainsi pour Marie Stuart ? Bousculée par la révolution de 1832, fatiguée par l’immobilisme d’une cour réfugiée en Ecosse, « Madame » se découvre chef de guerre et part seule à la reconquête de son royaume, au nom de son fils. L’aventure est un échec cuisant et aura eu pour seule conséquence, au mieux, de donner quelques migraines à Louis-Philippe. En captivité la madone royaliste accouche d’un enfant illégitime : scandale ! C’en est trop pour les Bourbons en exil, qui prennent alors en charge l’éducation du jeune comte de Chambord en prenant bien soin, comme va le démontrer au cours de la soirée son biographe Daniel de Montplaisir, de tenir désormais l’ex enfant du miracle éloigné d’une mère définitivement ingérable. Come la marquise de Pompadour et les impératrices Joséphine et Eugénie, la complexité de la personnalité de la duchesse de Berry a été une nouvelle fois révélée par la désormais incontournable Abeille, butinez d’Art en Art avec des intervenants et un écrin dignes de ces illustres grandes dames, un hommage rendu à ces belles figures de notre patrimoine commun. Nicolas PERSONNE