27-28 OCTOBRE 2016 Maison de l`Entreprise (CGECI) Abidjan
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27-28 OCTOBRE 2016 Maison de l’Entreprise (CGECI) Abidjan- Plateau « APPROPRIATION DES CONCEPTS D’EMERGENCE ECONOMIQUE, SOCIALE ET CULTURELLE PAR LES DIRIGEANTS/ RESPONSABLES LOCAUX, LES POPULATIONS RURALES ET LEUR INTEGRATION DANS LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT LOCAL » 1 PAR JEAN-NOEL LOUCOU PROFESSEUR D’HISTOIRE CONTEMPORAINE SECRETAIRE GENERAL DE LA FONDATION FELIX HOUPHOUET-BOIGNY POUR LA RE CHERCHE DE LA PAIX AVANT-PROPOS Vous me permettrez de sacrifier aux civilités d’usage, en saluant et en remerciant le MZK Group qui me fait l’honneur de m’inviter à prendre la parole à la Huitième Edition de l’African Economic Forum. J’ai conscience de la difficulté et de la responsabilité que cela représente devant un auditoire d’une telle qualité, d’une telle richesse de savoirs scientifiques, d’expériences professionnelles et de qualités humaines. Je tiens en particulier à remercier le Commissaire général du Forum, AngeIsaac AKA pour son aimable invitation. J’associe à ces remerciements les responsables du MZK Group. Je ne suis pas économiste, mais historien, spécialiste d’histoire contemporaine. En matière de développement local, j’ai été pendant dix ans de 1985 à 1995, conseiller municipal de la Commune de Yamoussoukro, notre capitale politique. Je suis présentement le président d’une ONG de développement, l’ARC (Action pour la Renaissance du Centre). C’est à l’aune de cette petite expérience que je me propose d’échanger avec vous sur le thème imposé et de mettre en commun nos expériences et nos propositions pour l’appropriation du concept d’émergence par les responsables et les populations rurales et son intégration dans le développement local. 2 INTRODUCTION La grande question de notre monde actuel est celle du développement des nations. Elle définit une ligne de fracture entre les pays riches ou développés et les pays pauvres ou sous-développés. Les appellations de ces derniers évoluent au gré des théories de développement. On a ainsi parlé de pays du tiers-monde, de pays en voie de développement, de pays les moins avancés pour les plus pauvres, de nouveaux pays industrialisés pour les plus avancés, et aujourd’hui de pays émergents. Selon une conception économiste et simpliste du devenir des sociétés, le développement serait la seule croissance économique, repérable en termes quantitatifs (croissance du secteur agricole, industriel, commercial, etc.). Il est maintenant admis que le développement doit être conçu comme un processus global de transformation de la société, pris en charge par les responsables nationaux et locaux, conscients de cette nécessité et capables d’assumer pleinement les responsabilités que leur impose la construction d’une nouvelle économie et d’une nouvelle société, donc d’une nouvelle culture. Le thème de l’émergence permet de débattre de cette nouvelle conception du développement, de penser globalement pour agir localement. Nous tenterons dans un premier mouvement de préciser, autant que faire se peut, les concepts d’émergence et de développement local. Nous verrons ensuite les conditions de leur appropriation par les responsables locaux et les populations rurales. Et nous proposerons quelques pistes de réflexion pour leur intégration dans le développement local. I- DEFINITIONS PRELIMINAIRES Nous définirons tour à tour l’émergence et le développement local. 3 1.1 Le concept d’émergence économique, sociale et culturelle Selon le dictionnaire Larousse, « émergence » peut être définie comme l’apparition soudaine d’une idée, d’un fait social, économique, politique. La paternité du terme « Pays émergents » est généralement attribuée à Antoine van Agtmael, économiste à la Société Financière Internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, qui, dans les années 1980, voulait, à travers ce concept, faire la distinction à l’intérieur de la catégorie des Pays En Développement (PED) entre ceux qui présentaient des risques importants pour les investisseurs internationaux et ceux qui, au contraire, pouvaient être des « terres d’opportunités ». Ainsi les pays à forte croissance, faiblement endettés, dont le compte de capital était suffisamment ouvert pour accueillir des capitaux pouvaient être distingués de ceux à faible croissance, croulant sous le poids de la dette, relativement fermé aux entrées de capitaux. Le concept est par la suite repris par des organismes financiers spécialisés comme Standard and Poor’s ou Morgan Stanley Capital International. Plus généralement, la littérature économique contemporaine désigne comme émergent les pays les plus dynamiques parmi les pays en voie de développement et les mieux intégrés dans l’économie désormais mondialisée, sans qu’une définition exacte soit élaborée à cet effet, encore moins des éléments de mesure consensuels. Plusieurs pays, sur tous les continents, prétendent avoir atteint le stade de l’émergence sans qu’il soit possible de les départager. Il convient donc de constater l’absence d’une définition consensuelle de la notion d’émergence. Pourtant il est primordial que ce concept largement utilisé par les dirigeants de pays en développement pour bâtir leur discours de politique économique et sociale soit bien cerné. En effet la compréhension des trajectoires de développement ainsi que des mécanismes susceptibles d’être reproductibles peut apporter une contribution précieuse à la théorie du développement. Selon Walt W. Rostow, dans son ouvrage Les Etapes de la croissance économique (1960), toutes les nations sont amenées à connaître un processus de développement qui s’entame dès que des niveaux suffisants d’épargne sont atteints dans l’économie. S’enclenche alors, à partir d’un seuil d’épargne autorisant à la fois une forte accumulation du capital et le changement structurel, 4 un décollage économique (take-off) puis se succèdent de façon linéaire, 5 étapes de développement qui permettent de passer de sociétés traditionnelles à des économies développées : 1/ la société traditionnelle ; 2/ l’émergence des pré conditions du décollage ; 3/ le décollage ; 4/ la marche vers la maturité ; 5/ l’ère de la consommation de masse. L’émergence, c’est une étape du développement économique qui s’apparente aux notions de décollage économique, de take-off ou de convergence que l’on retrouvait dans les théories économiques explicatives du développement des années 1960-1970. Cette étape vers le développement se traduit autant par une croissance économique - définie généralement comme l’évolution du Produit Intérieur Brut (PIB) d’une année sur l’autre – forte et durable, mais également par l’amélioration des performances des facteurs de production, par la densification et la modernisation du réseau d’infrastructures, par le développement des institutions et par le changement des attitudes et des valeurs, et par un mouvement vers le haut de la société dans toutes ses composantes. L’émergence, c’est un phénomène multidimensionnel fait de changements majeurs et qui se mesure non seulement à l’aune des indicateurs macroéconomiques de richesse et de performance économique, mais aussi à celle des indicateurs de développement humain. Ainsi, la mesure de l’émergence d’une nation doit prendre en compte des facteurs multiples tels que la perception de la corruption avec le score de Transparency International’s Perception Index, la facilité de faire des affaires et la présence d’opportunités d’entrepreneuriat, le taux d’alphabétisation des adultes, , la gouvernance, l'éducation, la santé, la sécurité, la liberté personnelle (qui inclut, entre autres , la liberté d'expression et de conscience ainsi que la tolérance à l’égard les minorités)… L’émergence, c’est donc l’avènement concomitant d’une croissance économique forte et durable et d’une transformation, d’une mutation profonde de l’environnement social, voire sociologique et culturel d’une nation. 5 L’expérience de l’Asie est une référence incontournable pour l’Afrique subsaharienne. On cite souvent l’exemple des4 dragons(Taïwan, Singapour, Hong Kong et la Corée du sud). L'économie de Singapour a connu entre 1966 et 1990 un taux de progression remarquable de 8,5 % par an, soit trois fois celui des États-Unis ; et une augmentation de son revenu par habitant de 6,6 % par an, doublant presque tous les dix ans. Passée d’un PNB par habitant de 87 dollars (le plus bas au monde) en 1962 à plus de 26.248 dollars en 2013, la Corée du Sud est également une source d’inspiration et d’admiration pour toute nation recherchant la voie de l’émergence. Cet autre Dragon qui a placé l’industrialisation et le rattrapage technologique au cœur de son développement économique doit son succès à une politique volontariste proche du modèle japonais. La Corée du Sud a su réduire le fossé qui la séparait des puissances traditionnelles et se placer dans la compétition internationale avec une montée en gamme réussie dans divers secteurs : construction navale, automobile, acier, pétrochimie, électronique et une visibilité mondiale de grands groupes tels que Samsung, Daewoo, Hyundai ou LG. L’heure de l’émergence sonne-t-elle aujourd’hui pour l’Afrique subsaharienne ? De nombreux pays africains subsahariens sont aujourd’hui candidats au label de pays émergents, utilisant volontiers ce concept comme un instrument de communication politique. Pourtant n’est pas émergent le pays qui se le dit, mais celui qui remplit les conditions de « puissance potentielle ». Il convient de rappeler que le pré requis du développement, pour toutes les nations, repose sur la sécurité et la paix durable (sécurité des territoires, sécurité des peuples, et sécurité des institutions). Les autres défis à relever par ces pays sont nombreux : - le niveau de population est une ressource économique considérable et détermine la taille du marché intérieur. Des pays émergents, pris pour référence pour l’Afrique, totalisent entre 42,6 millions pour l'Argentine à 201 millions d’habitants pour le Brésil 6 - Le niveau de l’éducation et de l’appropriation des savoirs et des savoirfaire pour maîtriser les chaînes de valeur qui fondent la solidité de l’économie nationale. - l’insuffisance d’exploitation et de valorisation des ressources naturelles - l’insuffisance de l’aménagement du territoire. En effet, si un pays concentre plus de 30% de sa population dans une seule agglomération, il crée lui-même un handicap au développement. Il concentre ses ressources dans cette agglomération, créant lui-même les déséquilibres dans la distribution de l’offre publique d’éducation, de santé, d’infrastructures de communication, de logement, et des équipements économiques de production. - la capacité du pays à développer la prévention médico-sanitaire et à préserver la population contre les épidémies, l’insalubrité, les conditions de vie et d’alimentation, le suivi médical des populations, et en particulier les mères et les enfants - L’analyse, basée sur les indicateurs des agences des Nations unies, pour quelques pays candidats à la communication politique sur l’émergence. Et la liste est loin d’être exhaustive. Cependant, un certain nombre de pays africains comptent depuis une décennie comme des modèles régionaux en termes de gouvernance, de stabilité politique et sécuritaire, de progrès démocratique et de croissance économique et pourraient prétendre à entrer dans le cercle fermé des pays labellisés « émergents ». C’est le cas du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ethiopie. Ces pays constituent un exemple pour tous les pays du continent. Certains travaillent constamment pour rivaliser avec eux, c’est le cas de la Côte d’Ivoire, et pourront dans quelques années faire partie du club. Mais la situation de ces pays reste assez fragile, en raison notamment des risques d’instabilité politique. 1.2 Le développement local Le développement local est une notion qui prend son essor, dans notre pays, avec les politiques d’aménagement du territoire et de décentralisation des années 70. Celles-ci répondent à la nécessité pour les populations de se prendre en 7 charge en gérant elles-mêmes leurs propres affaires, de renforcer la démocratie locale par des contre-pouvoirs organisés, de promouvoir enfin le développement régional. La décentralisation s’est faite tout d’abord à trois niveaux, le niveau communal, le niveau départemental et le niveau régional. Elle est réduite aujourd’hui à deux niveaux : le niveau communal et le niveau régional, le département demeurant une circonscription administrative déconcentrée. Le niveau communal comporte deux institutions de base, la commune urbaine et la commune rurale. La capitale économique Abidjan et la capitale politique, Yamoussoukro sont érigées en districts autonomes. La commune rurale (qui n’est pas encore effective) est une collectivité territoriale au niveau des villages ou des groupements de villages (pays ruraux). L’objectif est de transformer en les regroupent les 1236 pays ruraux en communes rurales. La commune rurale règle les affaires au niveau du village et du pays rural, composé de villages-centres polarisant des villages satellites. Elle doit amener les populations rurales à prendre en charge leur développement. Elle intervient en matière d’aménagement du territoire de son ressort. La commune est la collectivité territoriale la plus proche des populations urbaines. Celles-ci bénéficient d’une administration de proximité et doivent jouer pleinement leur rôle de citoyens, intimement impliqués dans les choix en matière de développement, et dans la gestion de leur cité et de leur cadre de vie. Des communes mieux organisées et mieux gérées offriront un cadre propice au développement économique et les équipements de base nécessaires à la population pour garantir l’équilibre social. La région est également une collectivité territoriale qui gère, en pleine responsabilité, l’aménagement de son territoire et la promotion de son développement économique, social et culturel. La division actuelle en 31 régions qui privilégie les réalités sociologiques et historiques, devrait, selon nous, être corrigée par des fusions ou des associations. La région deviendrait ainsi un espace économique homogène et intégré disposant de potentialités pour un développement durable. Elle serait le maillon essentiel de la politique d’aménagement du territoire. Elle doit être un espace dynamique dont les populations sont soudées par une communauté d’intérêts partagés et solidaires de ceux de la nation ivoirienne. 8 Le développement comporte ainsi trois niveaux d’intervention : le national, le régional et le local. II- APPROPRIATION DU CONCEPT INTEGRATION DANS LES DEVELOPPEMENT LOCAL D’EMERGENCE POLITIQUES ET DE 2.1 Appropriation du concept d’émergence L’appropriation du concept par les dirigeants et responsables locaux a d’abord un aspect institutionnel. Il s’agit d’intégrer ce concept dans la vision du développement de leurs structures : mutuelles de développement, communes, régions. Et mettre en œuvre des actions et projets qui répondent aux défis de l’émergence. On peut concevoir aussi l’élaboration de guides méthodologiques et pédagogiques de l’approche de l’émergence à l’usage des acteurs. Quant aux populations rurales, elles seront sensibilisées dans les langues du terroir pour s’approprier le concept. Elles verront leurs capacités renforcées. De ce point de vue, l’expérience maintenant bien connue du village de Yacolidabouo est éclairante, avec une formation de vulgarisation interdisciplinaire à contenu souple et varié. 2.2 L’intégration dans les politiques de développement local Mettre en œuvre le cadre institutionnel La loi sur la régionalisation a déjà prévu ce cadre qui permet de gérer nos communautés villageoises de façon démocratique. Le conseil rural, organe délibérant de la commune rurale, a pour vocation de servir le développement villageois et inter villageois. Les conseillers ruraux sont en partie nommés et en partie élus pour un mandat de six ans. Les villageois peuvent ainsi participer de façon démocratique à la prise de décision. Le modèle de participation suppose une information libre des citoyens que fournissent les radios rurales et les radios de proximité. Seule une écoute attentive 9 et une information objective permettent de sensibiliser et de mobiliser les citoyens. Planifier le développement local La planification permet de définir les orientations stratégiques et les priorités en matière d’aménagement et d’équipement. Il faudrait remettre au goût au jour les instruments de planification élaborés dans le cadre des plans quinquennaux. Le plan de développement du village définit le plan d’aménagement du terroir villageois, les règles de gestion de cet espace, les projets du village en cohérence des règles de gestion de cet espace et le programme d’investissement qui en découle. Le Plan de développement local qui a pour cadre le pays rural (groupements de villages), est constitué des mêmes éléments de plan et de programme que le plan de développement du village. Au niveau régional, le Schéma Directeur d’Aménagement Régional prend en compte la planification et la programmation de la commune rurale, de la commune et de la région. Ce schéma est lui-même partie intégrante du Schéma Directeur d’Aménagement National. Il s’agit de planifier le développement, d’améliorer la productivité des régions, et d’effectuer un partage des responsabilités entre les différents acteurs (usagers, secteur privé, pouvoirs publics, ONG) afin de promouvoir l’idée de partenariat privé-public. La mise en œuvre du Programme National de Gestion des Terroirs (PNGTER) devra clarifier la situation foncière initiale, de définir une politique foncière, d’esquisser un plan de terroir et de mettre en œuvre la législation foncière favorisant la sécurisation et la modernisation des exploitations. Mobiliser les ressources L’Etat ivoirien avait mis en place des mécanismes financiers en matière d’aménagement du territoire dans le milieu rural et le milieu urbain. Il s’agissait des Fonds Régionaux d’Aménagement Rural (FRAR), des Fonds 10 d’Investissement et d’Aménagement Urbains (FIAU) et des Fonds de Prêts aux Collectivités Locales (FPCL). Certains ont disparu. D’autres existent toujours, mais doivent être perfectionnés afin de garantir la souplesse de gestion, d’assurer une meilleure adéquation des ressources aux projets, et de renforcer la coopération avec les partenaires nationaux et extérieurs. Le projet de création de la Banque des collectivités locales n’a toujours pas vu le jour. Et la dotation globale de fonctionnement des collectivités locales doit être régulière et augmentée. La réforme de la fiscalité locale et foncière améliorera le rendement des impôts locaux et permettra progressivement d’effectuer un rééquilibrage entre les ressources locales et le financement de l’Etat. Assurer un développement économique, social et culturel à l’échelle locale Les dotations ou le renforcement en équipement minimum (électricité, eau potable, santé, éducation, etc.) des villages est une priorité afin d’assurer et de fournir à l’ensemble des citoyens l’accès aux services de base et de favoriser le développement des activités productrices formelles ou informelles. La préservation, l’entretien et le renouvellement des ressources naturelles et du patrimoine créé garantiront le maintien des capacités de croissance et de fonctionnement. Le développement des investissements privés sera assuré par des mesures incitatives (zones industrielles régionales, zones franches, avantages fiscaux et financiers) et l’extension à l’intérieur du pays des grands travaux d’infrastructure concédés aux opérateurs privés. La lutte contre la pauvreté qui doit permettre de réduire significativement l’incidence de la pauvreté et les inégalités s’appuiera sur les stratégies sectorielles suivantes ! - Démographie : maitriser la croissance démographique, réduire les flux migratoires externes. - Santé : réduire la mortalité maternelle et infantile, promouvoir le planning familial, accroitre l’efficacité du système sanitaire. 11 - Education : accroitre la scolarisation (à 100 pour cent) et l’alphabétisation des adultes, réduire les inégalités relatives au genre. - Emploi : créer un nombre élevé d’emplois grâce à l’auto-emploi, redynamiser le secteur formel par la formation. - Agriculture : accroitre les capacités de production des secteurs du vivrier par l’irrigation, l’amélioration des circuits de distribution et favoriser l’industrialisation des produits agricoles d’exportation, stabiliser les prix agricoles, développer les coopératives et les Organisations Professionnelles Agricoles, assurer la protection sociale. - Logement et cadre de vie : moderniser l’habitat rural, améliorer le cadre de vie des populations en s’appuyant sur l’assainissement et la gestion de l’environnement. Est également prioritaire pour le développement régional, l’amélioration des infrastructures de transport, des circuits de distribution et de communication. La décentralisation ainsi conçue permet de répondre aux défis de l’émergence, et se propose d’accroitre l’efficacité globale de notre système économique et social, en conférant à chaque échelon de décision ses prérogatives, en renforçant la démocratie locale et le développement solidaire. CONCLUSION 12 L’émergence est le nouveau nom du développement. Mais un développement qui ne résulte pas seulement d’une combinaison de croissance économique et de modernisation technologique. Plus fondamentalement, il est un processus global de transformation de la société : croissance économique mais aussi modification des structures de la production et des modalités d’expression de la culture, vers une société nouvelle et dynamique procurant à ses membres le maximum de bien-être : il s’agit là d’une véritable mutation. Une telle mutation suppose des citoyens conscients de cette nécessité et préparés à conduire les changements mentaux et sociaux pour construire une nouvelle économie et une nouvelle société, donc une nouvelle culture. Le développement est ainsi la combinaison de transformations objectives (économiques, techniques, sociales) et de transformations subjectives (politiques, culturelles et intellectuelles) grâce auxquelles une société accède au progrès et le maitrise. Le débat qui va suivre enrichira notre approche et notre compréhension du thème. Jean-Noël LOUCOU 13