77 Un enfant heureux un enfant triste

Transcription

77 Un enfant heureux un enfant triste
77
Un enfant heureux
me rappelle
un enfant triste
Cécile va partir. Elle emmènera Ernest, son fils de sept ans, et Jeanne, ma boule d’amour,
ma pincée de bonheur. Je connais Ernest depuis qu’il a un an et que sa mère nous a donnés l’un à
l’autre. J’ai entendu ses premiers mots, j’ai habitué son corps à la mer, je l’ai vu faire ses premiers
pas, je lui ai appris à faire du vélo sans les petites roues, il m’a appris à apprendre aux enfants à
faire du vélo. Il est dans ma vie, je suis dans la sienne. Je me souviens que petit, il pensait que
tout enfant avait un papa, une maman et un Rodolphe. Cécile se demande comment il prendra la
nouvelle de notre séparation.
« Ouais ! Alors tu vas retourner vivre avec mon papa ? »
Non, Cécile ne va pas retourner vivre avec ton papa. Je ne savais pas, Ernest, que depuis si
longtemps, tu attendais que tes parents se retrouvent. Tu n’étais qu’un bébé, ton père ne
s’appelait pas encore papa, mais tu avais ressenti la déchirure et tu ne l’as pas oubliée depuis.
Ça me rappelle un dessin que Marius avait fait, à quatre ou cinq ans. Sa mère et moi étions
séparés depuis ses deux ans, et nous n’en avions jamais beaucoup parlé. « Je vais te dessiner le
divorce », a-t-il dit à sa mère. Sur le papier, un homme et une femme. « Je vais te quitter », dit la
femme. « Quel dommage ! », répond l’homme. Entre eux passe une ligne pointillée, que découpent de minuscules ciseaux.

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