Livret enfants - Parc Saint Léger
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Livret enfants - Parc Saint Léger
Une carte est mise à ta disposition au début de ce livret. Grâce à elle, tu pourras te frayer un chemin parmi les œuvres de l’exposition et peut-être découvrir une partie des secrets qu’elles cachent. Bienvenue, ami explorateur. La carte que l’on t’a donnée représente la salle d’exposition. Pour t’aider dans ta découverte, neuf étapes du parcours qui te conduira dans les méandres d’Atlas critique ont été indiquées par d’anciens aventuriers de l’art contemporain. Le livret sur lequel tu lis ces quelques lignes compile leurs meilleurs conseils. Suis le chemin qui te semble le meilleur et découvre les regards que les artistes d’Atlas critique portent sur le monde. Tu pourras bien entendu expérimenter les différents parcours envisagés si tu en as la curiosité. Berger&Berger 1 Astre blanc, 2011 Une boule blanche est posée sur un socle. De quoi s’agit-il ? Si l’on regarde sa taille, ça pourrait être un ballon. Mais un ballon qui semble lourd et précieux, et que l’on ne peut pas manipuler. On peut voir qu’il n’est pas en cuir, ni en plastique, et qu’il ne serait donc pas très pratique à utiliser. Comme un explorateur découvrant les objets réalisés par un peuple qu’il ne connaît pas, demande toi ce qu’est cette boule et ce qu’elle pourrait bien représenter. Pour t’aider, tu peux te demander si cet objet porte par exemple un titre ? L’œuvre s’intitule Astre blanc, c’est un globe de 25 cm de diamètre réalisé par les artistes Berger&Berger. Cet astre blanc est une représentation fidèle, très grandement rapetissée, de la terre. Si elle n’est pas tout à fait ronde, c’est parce qu’elle s’inspire de recherches très précises qui ont avéré que la terre n’est pas une sphère parfaite. Notre planète apparaît en effet très cabossée ! Devant cet objet, il est impossible de repérer les pays, les continents, les mers et les océans. Maintenant, à partir des tracés ci-dessous, essaye d’identifier les objets blancs en choisissant la bonne proposition. Choisis ensuite un de ces trois objets et aide toi du plan pour te rendre au numéro qui lui correspond. 2 3 4 2 Endre Tót Zero Demo, 1980 Tu as choisi le panneau comme guide, sauras-tu t’en servir ? Pour mémoire, une manifestation est souvent un acte de protestation collectif, sous forme de défilé (marche) ou de sit-in (assis). Sur cette photo qui conserve le souvenir d’une performance d’Endre Tót, tu peux voir des gens manifester. Contre quoi ? Pour quel changement ? Rien n’est dit, chacun peut se l’imaginer, le “0” remplace le langage, les mots et nous laisse le soin de choisir. Retourne à l’accueil et prends le temps de fabriquer un objet que l’on trouve souvent dans les manifestations : Maintenant, muni de ton objet de « combat », dans quel pays iras-tu protester ? 7 Niger 5 Israël 8 Mexique Claire Fontaine 3 France (burnt/unburnt) Tu as choisi de suivre une allumette ? Te voici désormais face à leur cimetière… 30 000 allumettes reposent ici. Elles ont brûlé dans la salle d’exposition, noircissant le mur sur lequel elles ont été plantées. C’est le collectif d’artistes Claire Fontaine (qui a choisi son nom en hommage à une marque de cahier que tu connais peut-être) qui a réalisé cette œuvre : une carte de France destinée à un grand feu. Quels points communs vois-tu entre les deux œuvres ci-dessous et le mur de Claire Fontaine ? L’artiste français Yves Klein (1928-1962), connu pour ses monochromes bleus dont il a lui même créé la couleur (l’IKB), a réalisé une série de tableaux au feu au début des années 1960. Les formes générées par le feu, ainsi que leur aspect sur la toile, montrent la force créatrice d’un élément naturel. Yves Klein, Peinture de feu (F74), 1961 L’artiste français Thomas Lélu, né en 1976, a présenté en 2009 un scooter brûlé dans son exposition à la galerie Dominique Fiat. Ici, le véhicule est mis en relation avec les révoltes urbaines qui ont agité la France dans les années 2000. Thomas Lélu, Sans Titre (Scooter), 2009 À partir des éléments suivant, essaye de trouver ce qui est inflammable : Choisis maintenant vers quelle catégorie tu préfères te diriger. Si c’est les matières combustibles, alors va jusqu’au numéro 6. Si c’est au contraire ce qui y résiste, rends toi au numéro 7. Stalker Planisfero Roma, 1995/1998 Voici une nouvelle zone à explorer. Il pourrait s’agir d’un archipel d’îles lointaines ou bien d’une planète inconnue ? Les points blancs semblent dessiner un parcours. S’agit-il du déplacement d’un navire, d’un homme, voire des traces d’un minuscule animal ? Si tu regardes la carte de très près, tu y trouveras des indices sur le lieu qui a réellement été exploré. 4 Il s’agit d’une carte de Rome. Le groupe d’artistes Stalker a choisi de parcourir cette ville en empruntant des chemins inhabituels, loin du Colisée, du Vatican et autres lieux symboliques de la ville. Pendant quatre jours, à pied, ils ont traversé des espaces abandonnés, champs, voies ferrées, chantier de construction qui sont souvent des lieux oubliés d’une ville. Stalker appelle ces espaces des « territoires actuels » car ils rappellent le passé de la ville mais sont aussi en pleine transformation et peuvent devenir tout autre chose. Choisis maintenant toi aussi le territoire que tu souhaites explorer. 5 6 7 Michael Druks 5 Druksland, 1974 Au pied du mur, te voilà engagé dans un face à face ! Ces formes étranges sont celles du visage de l’artiste israélien Michael Druks. Son visage a pris l’apparence d’une carte imaginaire qui évoque le lien entre notre identité et un lieu, un village, un pays. Réponds à quelques questions : Si tu étais une couleur, tu serais le... Si tu étais un des cinq sens, tu serais... l’ouie? Le toucher? La vue? Le goût? L’odorat? Si tu étais une partie du visage, tu serais... Si tu étais un paysage, tu serais une forêt, une montagne, un désert... Si tu étais une température, tu serais... Si tu étais quelque chose de très grand, tu serais... Si tu étais un océan ou une mer, tu serais... Si tu étais un végétal, tu serais... Si tu étais une ville, tu serais... Maintenant, dessine la carte d’un pays, dans lequel on retrouvera toutes tes réponses : Puis rends-toi au numéro 8… 6 Société Réaliste Spectral Aerosion, 2010 Te voici parvenu jusqu’à une bien étrange carte, n’est-ce pas ? Sur cette épaisse planche en bois de chêne, les frontières de l’Europe ont été reportées. Seulement ici, plutôt que de nous montrer la forme actuelle du territoire européen, les artistes ont souhaité présenter les différentes frontières de l’Europe, de l’an 0 à l’an 2000. Résultat : tout cela est plutôt illisible ! Et disons-le : très incertain ! Les différentes profondeurs de traits rappellent les procédés archéologiques : plus l’on creuse profondément, plus l’on remonte loin dans le temps. Pour trouver des vestiges du passé, les archéologues réalisent des fouilles : ils sortent ainsi de terre (et de l’oubli !) d’anciennes traces de vie sur terre. Pour y voir plus clair, tu trouveras ci-dessous plusieurs propositions de cartes géographiques représentant chacune des frontières différentes de l’Europe à des moments différents. Ces frontières ayant évolué au cours du temps, à toi de retrouver l’époque à laquelle elles appartiennent en les reliant à la date correspondante. Empire romain (70 après J.-C.) XIIIe siècle 1993 Tu fais un saut dans le temps : rends-toi directement au numéro 9 Mark Boulos 7 All that Is Solid Melts into Air, 2008 Tu as donc choisi le Niger. Dans le delta de ce pays, (qui porte le nom du fleuve qui le parcourt), les pêcheurs africains protestent contre l’exploitation d’une matière première que nous utilisons tous les jours mais qui pollue beaucoup : le pétrole ! Connais-tu tout ce que l’on peut fabriquer à partir de cette matière ? Entoure les objets qui en sont dérivés : Tu as trouvé les huit objets qui sont fabriqués à base de pétrole ? Trop fort ! Rejoins donc le numéro 8 ! 8 Encore des cartes ! Pedro Lash Latino/a America, 2003-2006 Mais celles-ci sont les rescapées d’un dangereux voyage. Que leur est-il arrivé ? En lisant les traductions des petits textes tu devines assez vite qu’il s’agit de passer une frontière. Une frontière interdite, qui peut être très longue à traverser comme en témoigne l’état de ces cartes. En 2003, des mexicains avaient le projet de rentrer illégalement aux États-Unis. L’artiste Pedro Lash a confié à 20 d’entre eux une carte comme celles-ci en leur demandant de lui renvoyer à leur arrivée à New York. En trois ans, Pedro Lash n’a reçu que huit cartes. Pourquoi huit ? Les autres sont-ils morts ? Ont-ils juste oublié ? Cette œuvre parle de l’exil, des migrations, des frontières, de la condition des immigrés fuyant leur pays par obligation ou nécessité. NEW YORK MEXICO A toi de tenter le trajet, attention aux pièges, ils peuvent êtres mortels! Tu dois trouver les billets de banque et la nourriture mais surtout éviter la police! Sur les cartes rouges de Pedro Lash, l’amérique latine semble avoir pris la place de l’Amérique du Nord. Que se passerait-il si le monde était réellement inversé? Les pays le plus riches deviendraient les plus pauvres… qui seraient les migrants? Où iraient-ils ? À l’envers ou à l’endroit, choisis-tu le 6 ou le 9 ? Joaquin Torres Garcia Upside Down/America Invertida, 1943 9 Lewis Caroll / Henry Holiday Illustration pour la chasse au Snark, 1874 Tout cela ne mène à rien ! Une carte vide ! Pourtant pour les marins c’est la carte idéale. Pas de frontières, pas de terre, pas de lignes abstraites dessinés sur un morceau de papier. S’il n’y a rien au départ, alors tout est possible ? Henry Holiday a dessiné cette carte blanche pour La Chasse au Snark une histoire de Lewis Caroll. Les bons Anglais partent un jour à la recherche du Snark. Qu’est-ce que le Snark ? Il paraît que c’est un animal, mais on ne l’a jamais vu. Comment le capturer ? Créature un peu serpent (snake), un peu escargot (snail), un peu requin (shark), « le Snark est une singulière créature qui ne peut être attrapée d’une façon singulière » écrit Lewis Carroll. Même les membres de l’équipage ne savent pas à quoi s’attendre. En effet, paraît-il, le Snark peut prendre la forme d’un boojum, un démon qui emmène celui qui le voit dans l’oubli. Résous ce rébus pour capturer le Snark ! « Ils le chassèrent avec des Ils le avec passion. Ils le poursuivirent avec des de Ils le et du avec des sourires !» «Ils le chassèrent avec des dés à coudre, ils le chassèrent avec passion. Ils le poursuivirent avec des fourchettes et de l’espoir, avec une action de chemin de fer. Ils le charmèrent avec des sourires et du avec une et de l'espoir, Le snark est en réalité un Boojum! Tes souvenirs s’effacent. Tout devient blanc. Tu repars à zéro... retourne au numéro 1 et tente un nouveau parcours. 5 questions au Peuple qui manque : - Kantuta et Aliocha, qu’est ce que c’est exactement le Peuple qui manque ? D’où vient ce nom ? « Il y a les français, les anglais, les brésiliens, etc, on dit que ce sont des peuples. Le peuple qui manque est une idée poétique, l’idée selon laquelle il manquerait un peuple, il s’agit d’un peuple imaginaire ou d’un pays imaginaire. Chacun peut appartenir à ce peuple qui manque. Le peuple qui manque fait également référence à un texte d’un philosophe français, Gilles Deleuze. Dans ce texte, Deleuze écrit sur le cinéma et plus particulièrement sur le cinéma et la période de la décolonisation. Il fait référence à plusieurs cinéastes importants comme Jean Rouch, Glauber Rocha ou Pierre Perrault. Pour Deleuze, e peuple dénié par le colonisateur, inventer le peuple qui manque.» - Qu’entendez vous par « Atlas critique » ? «Un atlas est un livre de géographie qui représente le monde dans lequel nous vivons, et ce, à partir de cartes. L’expression «Atlas critique» serait donc un atlas qui critiquerait les méthodes utilisées par les géographes pour représenter le monde. Par exemple, la carte du monde que nous connaissons le mieux est produite à partir de ce que l’on appelle «la projection de Mercator» (fig.1) établie en 1569, mais cette projection est trompeuse. Le Groenland parait aussi grand que l’Afrique alors qu’il est en réalité 16 fois plus petit. L’Europe (9,7 millions de km²) semble plus étendue que l’Amérique du Sud, pourtant près de deux fois plus grande (17,8 millions de km²). La «Projection de Peters» (fig. 2) établie en 1974 est une projection qui essaye de résoudre ce problème (en prenant en compte la taille réelle des continents) mais qui en posent d’autres. Plus largement encore, le problème que pose la cartographie en général, est l’écart qui existe entre la carte et le territoire. Pour le poète argentin Jorge Luis Borges, dans une nouvelle restée célèbre intitulée «De la rigueur de la science» (1946), la seule carte fidèle au monde serait une carte à l’échelle 1:1, c’est à dire une carte aussi grande que le monde, comme un voile posé sur la planète. C’est un paradoxe qui montre bien le problème que pose la géographie.» - Quelles sont, dans les grandes lignes, les questions que pose l’exposition ? «S’il est impossible de représenter fidèlement le monde (Borges), alors il est nécessaire pour les géographes de faire des choix dans les représentations cartographiques qu’ils produisent. Quels sont les choix que les géographes opèrent et que révèlent-ils de la façon dont nous nous représentons la réalité ? Sur une carte régionale, il semble naturel de représenter davantage les châteaux ou les lieux touristiques qu’un cabanon de paysan ou qu’un arbre, car nous pensons qu’un château est plus important qu’un cabanon. Par contre, un paysan de cette même région pourrait accorder plus d’importance à ce même arbre, car celui-ci se situerait par exemple à un endroit qui lui permettrait de se repérer dans l’espace ou pour indiquer son chemin par exemple («après le grand arbre, sur la droite»). Sa «carte» serait donc bien différente. Si l’on pousse ce raisonnement, alors toutes les cartes ne seraient-elles pas toujours le reflet de l’imaginaire de celui qui l’a produite ? Dans l’exemple de la carte du monde (fig. 1 et 2), la représentation du monde n’est pas qu’une affaire de conventions, c’est aussi une affaire politique. Pourquoi la carte que nous connaissons le mieux dans le monde est une carte qui fait apparaître l’Europe, les pays du Nord, les pays riches, plus grands qu’ils ne le sont en réalité ? On pourrait aller encore plus loin et se demander alors si changer les cartes, changerait le monde ? beaucoup le croient, car, en fin de compte, la carte produit notre imaginaire et la façon dont nous nous représentons le monde. Plus encore, souvent, la carte produit le territoire, le prescrit, l’anticipe, le promulgue (à l’issue de conflits militaires, on découpe, fragmente le territoire d’un trait de stylo sur une carte, sans tenir compte de la singularité du territoire.). La seconde question est : Que faire de cet écart entre la carte et le territoire ? Pedro Lasch, Stalker, Francis Alys, Fernand Deligny travaillent très directement avec cette question. Et tous les trois répondent en un sens de la même manière: c’est par le déplacement des êtres humains sur le territoire que la carte apparaît autrement. D’autres artistes encore inventent des cartes sans territoire, des cartes qui seraient de purs espaces mentaux (Druks, Meessen, Beltran).» - Auparavant vous avez surtout travaillé dans le champ du cinéma. Quelles différences y a-t-il avec le travail d’exposition de l’art contemporain ? «Nous avons beaucoup travaillé dans la salle de cinéma. Ce déplacement vers l’espace d’exposition produit de nombreuses questions et un travail très différent. Dans une salle de cinéma, les spectateurs sont assis et regardent le programme du début à la fin. D’autre part, toutes les oeuvres sont présentées de la même taille sur l’écran, seule leurs durées les hiérarchisent. L’articulation entre les oeuvres se déploie dans le temps. Dans une exposition, c’est exactement l’inverse, le public évolue à son gré et à son propre rythme dans l’espace, il n’est pas possible de lui imposer une durée particulière pour la visite de l’exposition ou pour telle ou telle oeuvre, d’autre part, les oeuvres ont des tailles très différentes les unes des autres. C’est parfois très frustrant de ne pas pouvoir donner plus d’importance à tel petit format, ou inversement. Mais l’espace d’exposition ouvre aussi de nombreuses possibilités car il est possible de transformer complètement l’espace dans lequel les oeuvres sont appréciées.» Figure 1 Figure 2 LEXIQUE Atlas : Dans la mythologie grecque, Atlas était le nom d’un Titan condamné par Zeus à porter le monde sur ses épaules. Depuis, le nom Atlas est devenu un mot commun, qui sert à désigner un recueil de cartes représentant le monde. Ces représentations sont principalement faites sous forme de cartes géographique, mais elles peuvent prendre un aspect historique, économique ou politique. Cartographie : Ce mot désigne le fait de réaliser, sur un support de taille réduite, la représentation précise d’un territoire (comme la Nièvre, la France, l’Europe…). À partir de ces cartes, l’utilisateur doit pouvoir saisir rapidement les formes et les particularités d’une zone. Pour aider l’utilisateur dans sa lecture, le cartographe y place une légende (qui indique par exemple les cours d’eau, routes, montagnes…). Politique : Il s’agit d’un mot que l’on entend souvent, et tu connais certainement toi aussi quelques hommes politiques. Mais qu’est ce que c’est, exactement, la politique ? L’origine du mot (son éthymologie, tu te souviens ?) est encore à chercher dans le grec ancien : polis désigne la cité, c’est à dire la ville ou n’importe quel territoire où vivent les hommes. La politique, c’est donc l’ensemble des lois qui permettent aux hommes de vivre ensemble. C’est aussi (pour les hommes politiques en période électorale notamment) un certain nombre de propositions visant à améliorer la vie des citoyens. Géopolitique : Sous son apparence complexe, géopolitique est en fait un mot composé de deux termes que tu connais. Le premier, « géo », que tu retrouves dans géographie par exemple et qui signifie, en grec ancien « la terre ». Le second, « politique », dont tu as pu lire la définition au dessus. En clair, la géopolitique étudie les conflits politiques opposants différents états dans une zone bien définie.