Clèves-machine
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Clèves-machine
Semaine 5 Clèves-machine J’étais la princesse de Clèves. Je me tenais dans le boudoir de la maison de campagne de Coulommiers et je parlais avec la petite gravure de M. De Nemours volée à la Dauphine bla bla empruntée derrière les ruines de ma jeunesse, derrière maman « Ce qui rend une femme heureuse est d’aimer un homme et d’en être aimée » QUI EST CETTE FEMME QUI ERRE DANS CE PAVILLON/POUR QUI CE DESIR VIOLENT/LAIT QUI EMPOISONNE/POUR QUI CETTE RESISTANCE/A CE RUBAN JAUNE QUI NE PARLE QU’A ELLE/LE CADAVRE EST CELUI D’UNE LANGUEUR SANS FIN/DESESPERANCE EXTRAVAGANTE SANS CONSOLATION entre les murs de ce couvent, fantôme tuberculeux sans tuberculose. J’arrêtai le cortège des regards omnipénétrants, je leur crevai les yeux qui dévorent la lame s’enfonçait sans blesser d’abord je distribuai enfin la génitrice morte et sa rejetonne VIANDE FLASQUE ET PUANTE à tous les vautours qui donnent la honte et griffent. Le deuil se changea en joie ailée VISAGE DE MON PRINCE/FAIS LES YEUX DOUX A CELLE AUX CHEVEUX BLONDS QUI PORTERA DU JAUNE. Je nous rendrai de nouveau vierges et désirantes. LE VENTRE D’UNE MERE EST VENTRE D’UNE FILLE. A présent je nous lie les mains dans le dos, parce que nos étreintes sont honteuses avec nos uniformes de prisonnières. A présent je déchire nos robes de mariée à présent il faut crier cries-tu avec ta bouche, tes mains et tes jambes écartées ? Ton cri, hélas, c’est moi qui l’étouffe de mes lèvres qui mangent ton sein. M’arraches-tu ? ON DEVRAIT COUDRE LES FEMMES UN MONDE SANS MERES. Me jettes-tu maman hors de ce lit de fer froid et humide ? A présent va à tes noces à Chambord, sous le soleil qui brille sur ce qui est vivant et ce qui est mort. Je vais mêler les cadavres magnifiques et leurs mérites extraordinaires à la boue des chemins. Qu’ils crèvent. Merde royale. Merde qui ne fait rien croître. Ensuite Clèves sans prénom, laisse-moi manger ton cœur qui étouffe mon cri. CLEVES Je suis le Prince de Clèves que le miroir qui ne ment pas a tué. L’homme aux rubans multiples l’homme à l’épée glorieuse l’homme à la vertu rigide dans son habit de plâtre blanc SUR LES LEVRES DE PEINTURE RECHE l’homme à la tête fourrée dans les mâchoires des yeux des vautours. Hier j’ai cessé de me mourir. Je suis seul avec mon ventre ma bouche mon sexe. Je démolis les pierres de ma tour, le tabouret, la table, le matelas. J’ouvre grand la porte, que le vent puisse pénétrer le cœur des yeux courtisans. J’ouvre la meurtrière. De mes mains sanglantes je déchire les portraits de la femme originelle, de celle qui se refuse, de la mère que j’ai aimées et qui ont usé de mon cœur sur le tabouret, la table, le matelas, la pierre. Je mets le feu à la prison. Je jette mon uniforme au feu. Je déterre de ma poitrine la REGLE fichée dans le cœur. Je vais dans la rue vêtu de mon sang. inspiré de Hamlet-Machine et de la Princesse de Clèves. Avec quelques emprunts directs à Hamlet-Machine. Valérie Torrent