École Espérance banlieue : une dernière chance pour recoller sur le

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École Espérance banlieue : une dernière chance pour recoller sur le
LE PROGRÈS MARDI 23 FÉVRIER 2016
20 ACTU LYON SUD
P IE RR E- BÉNI T E
ENSEIGNEM ENT
École Espérance banlieue : une dernière
chance pour recoller sur le plan scolaire ?
À la rentrée 2016, une école Espérance banlieue devrait ouvrir
dans l’ancien hôtel de ville de la
jeunesse (H2VJ). En marge de
l’Éducation nationale, de petites
structures privées, hors contrat
d’association, proposent des
moyens différents pour lutter
contre le décrochage scolaire.
Découverte.
L
a fondation Espérance banlieues a été créée en 2012 pour
favoriser le développement d’écoles
indépendantes (hors contrat) de
qualité, en plein cœur des cités
sensibles, qui soient adaptées à la
spécificité des défis éducatifs posés
par ces territoires. Elle veut favoriser l’accès de tous les enfants de
banlieue à une instruction de qualité et leur transmettre la connaissance et l’amour de la culture française.
Une école pilote à Montfermeil a
été ouverte en 2012, Elle a fait la
“ Une ” des médias en raison de son
parrainage par Harry Roselmack,
qui a écrit, avec le président de la
fondation Eric Mestrallet, un livre
pour présenter la démarche. Depuis, Marseille en 2014, puis Roubaix et Asnières en 2015 ont vu
s’ouvrir ce type d’école. Pour l’an
prochain une quinzaine sont en
gestation, dont une sur la commune.
Argent privé et liberté
d’enseignement
Ces écoles sont laïques, non confessionnelles et gérées par des associations (type loi 1901) spécialement
créées, et affiliées à la fondation
Espérance banlieue. Elles couvrent
généralement la scolarité du CP à la
3e. Ne pouvant bénéficier d’argent
n À la rentrée 2016, une école Espérance banlieue devrait ouvrir dans l’ancienne H2VJ. Photo Jean-Paul MASSONNAT
public, ni des collectivités, elles font
appel au financement privé, aux
dons et au bénévolat. Il reste une
somme de 75 € par mois à la charge
des parents. Le fonctionnement
hors contrat permet de garder une
marge par rapport aux matières enseignées, même si l’Éducation nationale contrôle toujours les programmes.
Pas de problème avec la cantine,
puisque chaque élève apporte son
repas, qui est pris en commun avec
les enseignants. La “communauté”
assume la vaisselle et le ménage de
cette salle dédiée.
Lors du dernier conseil municipal,
le maire a annoncé une remise aux
normes de l’ex-H2VJ pour accueillir
une école de ce type.
LA MÉTHODE
n La base de l’enseignement
repose sur les fondamentaux :
Apprendre à lire (méthode syllabique), écrire (orthographe, conjugaison), compter (table multiplication) et raisonner, tout en
respectant un rythme qui convient à l’élève.
n Les valeurs françaises
sont prônées avec la montée des
drapeaux (France, Europe et celui
de l’école) le lundi matin ; au cours
de la cérémonie, les élèves les plus
méritants sont mis en avant.
La connaissance de La Marseillaise et un effort particulier sur l’enseignement de la langue française
et de son histoire et sa géographie.
n Le port d’un uniforme
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(jogging à capuche) différenciant
fille ou garçon et le respect de la
discipline.
n La solidarité entre les âges
Un tutorat où les anciens s’occupent des plus jeunes. Les enseignants sont aussi présents toute la
journée.
n L’implication des parents
Ils restent responsables de l’éducation et reçoivent des SMS pour les
informer des bonnes ou mauvaises notes, etc., et qui décident et
appliquent avec l’équipe éducative, des punitions éventuelles.
n Recrutement de personnel
spécialement formé
et motivé pour enseigner en banlieue.
Francique Riboullet, président de
d’Espérance banlieue Pierre-Bénite.
« Nous n’avons pas la
potion magique, mais… »
Francique Riboullet, jeune retraité de 61 ans, et
ancien chef d’entreprise vient d’être élu président
d’Espérance banlieue Pierre-Bénite. Il porte le
projet d’ouvrir une école sur la commune.
Pourquoi une telle aventure ?
« Personnellement, j’ai eu le déclic avec l’attentat n Photo Jean-Paul
de Charlie Hebdo. Ma réponse est de tout faire MASSONNAT
lorsqu’il y a décrochage scolaire, pour que les
jeunes, surtout des banlieues, ne basculent pas dans la drogue, le banditisme ou l’extrémisme. Sur un plan pratique, l’État fait beaucoup, mais les
enfants en difficulté retardent des enseignants souvent dépassés, et perturbent les classes. Nous voulons offrir une structure pour que ces enfants
franchissent ce mauvais cap en découvrant les valeurs, et si possible réintégrer le circuit. »
Où et quand votre projet d’école sur la ville ?
« La mairie est en train de mettre aux normes l’ancienne H2VJ. Puis le
service des Domaines définira le montant du loyer que nous acquitterons.
Nous pensons ouvrir en septembre 2016, du CP à la 6e. Nous allons installer trois espaces supplémentaires. Nos classes n’excéderont pas 17 élèves
et la structure totale 150 enfants. »
À quel niveau d’avancement en êtes-vous ?
« Actuellement nous sommes au stade de l’implantation et du recrutement
des élèves, des enseignants, mais aussi de bénévoles et de financeurs privés,
car 75 € par mois ne représentent que 15 % du prix de revient d’un élève. »
Votre association est-elle créée ?
« Oui depuis le 28 janvier : elle est composée de vingt membres dont onze
administrateurs. J’ai été élu président et le directeur de l’école sera Yves
Couvert, un ancien colonel de l’Armée de l’air. »
Comment voyez-vous l’avenir ?
« Nous voulons être des passerelles entre la vie publique et le privé, la vie
civile et la vie scolaire, et entre les âges. Avec le recul depuis 2012 [ouverture école pilote Espérance banlieue à Montfermeil, ndlr], nous constatons
beaucoup moins d’absentéisme, des enfants qui savent lire, des réussites
aux examens, et enfin une réussite auprès des parents. »
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