Mamelons douloureux
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Mamelons douloureux
Nous avons tendance à traiter les lésions de mamelons différemment des autres lésions cutanées. C’est illogique et cela va à l’encontre des recommandations des dermatologues. Sue Huml, consultante en lactation, nous explique. Mamelons douloureux Nouvelle approche d’un vieux problème : le point de vue d’un dermatologue. ous en savons de plus en plus sur les bonnes pratiques et la manière de gérer un allaitement. Pourtant, les mamelons douloureux viennent en tête des raisons pour lesquelles une femme décide de sevrer son bébé et de recourir au lait artificiel.Abîmés, gercés,crevassés, en sang, à vif, boursouflés, enflammés – les douleurs de mamelons vont de l’inconfort à l’une des plus douloureuses sensations qu’une femme puisse endurer. Certaines femmes disent que cette douleur surpasse largement celle ressentie durant l’accouchement. N cicatrisation du mamelon. Ce serait faire défaut à la mère que de corriger la position, de la rassurer en lui disant que la douleur durant les tétées va s’arrêter et qu’elle va cicatriser et, en attendant, la laisser affronter une douleur insoutenable à chaque début de tétée. Je ne connais aucune autre situation médicale où l’on traiterait une pathologie sans soulager les symptômes. C’est comme si un dentiste soignait une dent malade mais ne prescrivait rien pour endormir la douleur ou aider à la cicatrisation ! Et nous qui travaillons avec des mères qui allaitent, qu’avons-nous à leur offrir ? Depuis les années 50 (quand les premiers articles sur l’allaitement ont été publiés) jusqu’à nos jours, la littérature dans le domaine de l’allaitement, fait régulièrement état de 80-95 % de femmes qui éprouvent à des degrés divers, des douleurs mamelonnaires. Ces douleurs, pour 26-28 % d’entre elles, vont jusqu’à des fissures, des crevasses du mamelon ou de l’aréole. Cicatrisation des plaies en milieu sec Il y a plusieurs années, j’ai assisté à une conférence sur « Traitement des Plaies et Cicatrisation ». Suite à ce congrès, j’ai participé à des réunions avec des dermatologues et des spécialistes du traitement des plaies. Nous avons discuté des soins couramment proposés pour les mamelons abîmés. Ces spécialistes étaient horrifiés et incrédules en entendant les conseils que nous donnions aux mères. Prévenir Nous ne connaissons pas toutes les causes de mamelons crevassés. Cependant, on s’accorde sur le fait, que vient en tête une prise du sein incorrecte et une mauvaise installation du bébé au sein. Si une mère nous contacte, la première fois, pour des mamelons douloureux, il faudra, en priorité, l’aider à mettre correctement son bébé au sein. En éliminant ou en diminuant le traumatisme, on traitera généralement ce qui est à l’origine de la douleur ; de nombreux articles ont été écrits sur la façon de positionner de façon optimale un bébé au sein. Leur relecture sera d’une grande aide. Soulager la douleur Cependant, tout en identifiant la cause du problème en la corrigeant, il est aussi indispensable de proposer à la mère des moyens de diminuer la douleur et d’accélérer la Prenons le conseil le plus fréquemment donné aux mères (mis à part la mise au sein et l’installation correcte du bébé) – la cicatrisation par séchage. Si une mère se plaint de mamelons douloureux, les documents sur l’allaitement (et de nombreux professionnels) l’encouragent à garder son soutien-gorge ouvert, après la tétée, pour « sécher » ses mamelons à l’air libre. Il lui est également conseillé de sécher ses mamelons avec un sèche-cheveux, de les exposer au soleil ou d’utiliser une lampe à bronzer. Qu’y a-t’il d’erroné dans ces conseils ? Imaginez que vos lèvres (les tissus sont similaires à ceux de l’aréole) sont gercées, crevassées et douloureusement sensibles. Si, sans arrêt, vous les léchez puis les laissez sécher à l’air, la situation va s’aggraver. De surcroît, si vous les séchez au sèche-cheveux ou les exposez à la lampe à bronzer, elles seront encore plus sèches et crevassées. Pourtant depuis des décennies, ces sont ces conseils qui sont donnés aux mères qui ont des mamelons douloureux ! Reprinted with permission: Practising Midwife Vol2 No2 Feb99 Chaque fois que le mamelon humide est séché, la peau se déshydrate et il y a formation de croûtes sèches. A la tétée suivante, le bébé ramolit ou enlève la croûte emportant les tissus nouvellement reformés. Le processus de cicatrisation devra recommencer du début. De plus, la peau qui entoure la crevasse se dessèche, se détériore. La crevasse risque de s’agrandir. Donald Sharp, dermatologue, nous explique : « Dans le passé, il était d’usage, en présence d’une peau humide et présentant des signes de détérioration, de la sécher et de la maintenir sèche. L’utilisation du sèche-cheveux est probablement le reflet de cette croyance. Cependant, cette façon de faire, conduit à un rapide dessèchement qui, en fait,aggrave la situation. Quand la couche cornée (revêtement extérieur de la peau) est maintenue humide pendant un certain temps (quand le bébé tète), elle s’hydrate et gonfle. Un séchage rapide provoque un rétrécissement irrégulier des tissus. Il en résulte des tensions. La surface de la peau peut se fissurer et se déchirer. L’ accélération du processus de séchage ou simplement l’exposition à l’air de zones peu hydratées, peut conduire à d’autres détériorations. »1 Cicatrisation en milieu hydratant. Reprenons notre comparaison avec les lèvres ; pour traiter des lèvres gercées, il est généralement conseillé d’appliquer régulièrement un émollient adapté, tel qu’un baume pour les lèvres. Ce simple geste permet de conserver l’hydratation naturelle de la peau, les gerçures peuvent commencer à cicatriser et les lèvres sont protégées de nouvelles crevasses. De même, appliquer une protection hydratante sur le siège d’une crevasse diminue l’évaporation de l’humidité naturellement présente dans la peau. Ce milieu hydratant de cicatrisation empêche ou réduit la formation de croûtes. Le processus de cicatrisation est accéléré et la douleur immédiatement soulagée. C’est le principe de la cicatrisation en milieu hydratant qui a été développé il y a plus de vingt ans. Il est largement utilisé aujourd’hui dans le traitement de plaies sur l’ensemble du corps. Bénéfice supplémentaire, la cicat ri s ation en milieu hydratant, soulage immédiatement la douleur. Cela répond au besoin pressant de toute mère qui souffre de mamelons douloureux. Ce mécanisme n’est pas encore bien compris. On pense que l’application fréquente d’une protection hydratante protège la blessure de stimuli extérieurs et maintient un environnement plus sain pour les terminaisons nerveuses.2 Avant de décrire plus en détail, la façon d’appliquer le principe de la cicatrisation en milieu préservant l’hydratation, il est important de faire la différence entre les deux types d’humidités impliquées dans le processus de cicatrisation : l’hydratation interne et l’humidité de surface. La cicatrisation en milieu hydratant nécessite de préserver l’humidité naturelle des tissus de l’aréole. On ne peut hydrater la peau par des apports extérieurs. C’est l’humidité interne, retenue dans les tissus, qui fera recouvrir à la peau son état normal, souple et doux plutôt que sec et cassant. Lorsque des tissus fissurés sont ainsi réhydratés, la crevasse cicatrisera sans formation de croûte. En revanche, une peau humide en surface peut engendrer gerçures et crevasses, surtout si on laisse le mamelon macérer. En résumé : l’humidité externe doit être évitée et l’hydratation interne favorisée. Comparaison des temps de cicatrisation : Cloques non traitées vs cloques traitées au Lansinoh Jour 1 : Cloques provoquées chimiquement à l’aide d’un disque imprégné d’une solution de Cantaharide à 1%. Jour 2 : Les cloques ont été ouvertes. La plaie du haut a été traitée au Lansinoh®. La plaie du bas n’a pas été soignée. Jour 7 : La plaie du haut a été traitée deux fois par jour avec Lansinoh®. La plaie du bas n’a pas été traitée. Figure 1 : Cicatrisation d’une plaie. Création d’un environnement hydratant propice à la cicatrisation. Comment peut-on favoriser l’hydratation interne ? Dans une étude publiée récemment, de fins pansements circulaires, comportant une partie adhésive qui représentait 0,25 % de la surface totale (BlisterFilm), ont été utilisés pour étudier la cicatrisation de lésions du mamelon. Parmi les femmes utilisant les pansements, on notait moins de croûtes et la douleur était réduite de façon significative. Cela confirme l’intérêt de créer un environnement hydratant dans le traitement des mamelons douloureux. Malheureusement, un certain nombre de ces femmes a trouvé l’adhésif du pansement irritant.3 D’autres essais ont été conduits de façon informelle dans un hôpital de l’Ohio. Des pansements comportant un film hydrogel (ClearSite ou Flexiderm) ont été utilisés. Les pansements créaient, de façon efficace, un environnement hydratant propice à la cicatrisation. Les mères de l’étude ont trouvé que le traitement était simple à utiliser et les soulageait de façon efficace. Pourtant, d’autres études informelles ont montré que les mères avaient du mal à appliquer le traitement. Ces études ont également émis des réserves à propos du coût et de la facilité d’obtention de ces pansements4. Avec tous ces types de matériels, il y a le risque potentiel que le bébé ne s’étouffe avec un petit morceau du pansement, si sa mère endormie le met au sein la nuit en oubliant d’enlever celui-ci. Un certain nombre d’études ont étudié l’usage de lanoline anhydre hautement purifiée (AHP) à des fins de protection. Une étude faite en hôpital, à Atlanta (USA), a enrôlé 50 mères qui allaitaient. L’étude comparait les effets du séchage à l’air libre par rapport à l’utilisation d’une pommade à la lanoline anhydre hypoallergénique (Lansinoh). Les résultats montraient , avec cette pommade, une amélioration significative de l’état des mamelons et de leur sensibilité de J6 à J10.5 Une autre étude, à Sidney (Australie), concernant 150 mères qui avaient des mamelons douloureux, vient de s’achever récemment. 75 mères utilisaient du lait gras de fin de tétée et séchaient leurs mamelons à l’air libre. Les 75 autres utilisaient de la lanoline AHP (Lansinoh) pour créer un milieu de cicatrisation hydratant. Chacun des deux groupes était aidé par une consultante en lactation qui assurait des visites de suivi à domicile pendant deux semaines. L’utilisation de lanoline purifiée diminuait de façon significative le temps de cicatrisation. Elle n’était pas associée à des effets secondaires, à des complications ou à des commentaires négatifs. Les femmes qui n’utilisaient pas la lanoline AHP ont nécessité 40 % de temps de visite supplémentaire.6 Une étude de 1998, faite en hôpital, avec 42 mères allaitantes qui avaient des mamelons abîmés, s’est soldée par un arrêt précoce de l’étude, car le groupe qui utilisait des pansements hydrogel (21 mères) a développé significativement plus d’infections. A l’inverse, dans le groupe qui utilisait le Lansinoh et des coquilles (21 mères) le temps mis à cicatriser était diminué de façon notable La douleur, durant les tétées, était également diminuée. Le niveau de cicatrisation allait de bon à excellent. L’allaitement était plus satisfaisant pour le groupe qui utilisait le Lansinoh et les coquilles.7 Accélérer la cicatrisation et le confort des mères qui ont des mamelons douloureux constitue également une prévention de la mastite. Chez des mères qui allaitaient pour la pre-mière fois, les douleurs de mamelons ont été identifiées comme facteur prédictif de mastite tandis que l’utilisation d’un topique adapté (tel que la lanoline AHP) était, elle, un facteur préventif chez ces même mères. Cette prévention est en lien avec la cicatrisation et la diminution de la douleur ; pour éviter de souffrir une mère peut retarder, raccourcir ou planifier les tétées.Tout cela peut favoriser la stase du lait.8 Conclusion Créer un milieu hydratant de cicatrisation est une façon simple, sûre et efficace de traiter la douleur et le désarroi qu’occasionnent des mamelons douloureux. C’est un plus pour les mères qui allaitent. Si on l’inclut parmi les soins et le soutien proposés, cette mesure de confort pourra être l’aide dont une nouvelle mère a besoin pour tenir durant une période difficile de son allaitement. Sue Huml is an International Board Certified Lactation Consultant, and a La Leche League Leader. She is a member of the Wound Healing Society, Director of Education for Lansinoh Laboratories, and Exhibits Manager for La Leche League International. Sue is happy to answer any questions concerning the treatment of sore nipples. Fax 001 708 246 9707. Email [email protected] Conflict of interest: Sue Huml would like to make it clear to readers that she works for Lansinoh Laboratories in a salaried position as their lactation consultant. Références : 1 Sharp DA. Moist wound healing for sore or cracked niples. Breastfeeding Abstracts, 12(2), (Nov 119, 1. 2 Mann-Mertz P. Intervention : dressings effects on wound healing. New Directions in Wound Healing, Convatec, 1990. 3 Ziemer M, Cooper DM et al. Evaluation of a dressing to reduce nipple pain and improve nipple skin condition in breastfeeding women. Nursing research, 44(6), (Nov/Dec 1996), 347-51. 4 Cable B, Stewart M et al. Nipple wound care : a new approach to an old problem. Journal of Human Lactation, 13(4), (Dec 1997), 313-318. 5 Spangler A, Hildebrandt E. The effect of modified lanolin on nipple pain/damage during the first ten days of breastfeeding. International Journal of Childbirth education, 8 (3), (Aug/Sept 1993), 15-19. 6 Reay J. Healing effect of a moist wound healing agent (Lansinoh) on breastfeeding women’s damaged nipples (Unpublished thesis). University of Western Sydney 1998. 7 Brent N, Rudy SJ, Redd B et al. Sore nipple in breastfeeding women : a clinical trail of wound dressings vs conventional care. Arch Pediatr Adolesc Med. 152, 1077-82, Nov 98. 8 Fetherstone C. Risk factors for lactation mastitis. Journal of Human Lactation, 14(2), (June 1998),101-9. La lanoline hautement purifiée. La lanoline ordinaire a été utilisée pour les mères allaitantes pendant des décennies. Elle est tombée en disgrâce durant les années 80, quand on s’est inquiété de possibles allergies et du fait que la crème contenait des quantités élevées de polluants. Depuis, une nouvelle forme de lanoline, la lanoline AHP a été mise sur le marché. Elle soulage la douleur et favorise la cicatrisation des mamelons chez les mères allaitantes. Hautement purifiée, cette lanoline a été soumise à un processus de raffinage et de purification qui la rend d’un usage sûr chez la mère et l’enfant. Parce que les impuretés et les allergènes ont été éliminés, cette lanoline n’a pas besoin d’être enlevée avant la tétée. C’est un ester organique, une substance naturelle de même type que le sébum ou les sécrétions cutanées. La lanoline AHP n’obstrue pas les pores ou les canaux lactifères. Appliquée sur des mamelons abîmés , la lanoline AHP crée une barrière semi-occlusive, qui permet les échanges, ralentit l’évaporation de l’humidité naturelle de la peau. Cela permet aux cellules épithéliales de migrer sans effort vers le lit de la lésion pour réparer la zone endommagée. Le derme ne se dessèche pas, il n’y a pas de croûte qui empêche le mouvement des cellules, et la cicatrisation se fait à un rythme plus rapide. De plus, la peau tout autour est maintenue souple et hydratée. Cela évite la formation de nouvelles crevasses et aide les contours de la couche cornée à revenir doucement à la normale. Lansinoh® est disponible en France : France : Almafil 27, Quai Zorn 67000 Strasbourg Site web : www.almafil.com E-mail : [email protected]. Contact : Katia Roth Tel : Appel Vitaminé coût tarif régional : 0820 659 660 L’éditeur remercie Hannah Hulme Hunter pour son aide dans la préparation de cet article.