Julien Duvivier : Pépé le Moko (1936)

Transcription

Julien Duvivier : Pépé le Moko (1936)
Julien Duvivier : Pépé le Moko (1936)
Julien Duvivier a déjà l’expérience d’une bonne vingtaine de longs métrages quand arrive le
parlant. Durant les années 30 il devient l’un des cinéastes français les plus créatifs, auteur
notamment de la Bandera (1935), la Belle équipe (1936) et Pépé le Moko (1936), tous trois
avec Jean Gabin. Ce film est dialogué par Henri Jeanson, collaborateur de nombreux cinéastes
jusque dans les années 60. Sa participation concerne soit le scénario soit les dialogues. Dans
ce dernier cas, il les écrit en pensant non pas aux personnages mais aux comédiens qui les
interpréteront. Ce qui donne des répliques percutantes, telles cet « Atmosphère, atmosphère,
est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » lancé par Arletty dans Hôtel du Nord.
L’avis de Nekochka :
Les dialogues de Jeanson sortis de la bouche de Gabin donnent vie à un gangster tenace et
émouvant. Le film lui-même alterne entre des scènes aux dialogues percutants et d’autres plus
imprégnés de nostalgie. Le scénario est très noir : Pépé, chef de gang, doit rester caché dans
l’impénétrable Casbah qui lui sert de protection mais aussi de prison. Lorsqu’il rencontre
Gaby il croit à nouveau en un avenir possible. Cet amour fait un contrepoids à la dure réalité
du milieu. La trahison surgit sous les traits de son ancienne maîtresse qui aide l’inspecteur
Slimane à l’arrêter au moment même où il s’échappe pour retrouver Gaby. Menotté, Pépé
l’appelle pour un dernier adieu. Mais la sirène du bateau retentit si fort que la jeune femme ne
l’entend même pas. La mort est la seule issue. Les derniers plans du film montrent
l’implacable destin, matérialisé par les barreaux d’une grille. Comme la plupart des films du
réalisme poétique, les personnages n’échappent pas à la fatalité.
Nekochka : filmothèque du net