ECO N° 4

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ECO N° 4
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I L AN -- DDECEMBRE
E C E M B R E 22003
003
MILAN
éco
8
décembre
Edition
urtiquante
EDITION FRANCAISE
ECO est publié par les Organisations non gouvernementales depuis la Conférence sur l’Environnement de Stockholm en 1972. Cet
exemplaire est produit de façon collective par les groupes du Réseau Action Climat mondial présents à COP9, Milan, décembre 2003.
Trois petits tours...
P
Une affaire de
gros sous
our l’arrivée des ministres à Milan, Eco a choisi d’éclairer les thèmes traités lors
du segment ministériel.
Tout le monde a un budget serré ces derniers
temps, et les Etats aussi. Mais quand même, le
Développement durable.
rapport qualité-prix du Secrétariat ne devrait
Le récent troisième rapport d’évaluation du GIEC (TAR pour les intimes) confirme les pas poser question, surtout vu les dépenses
impacts dévastateurs prochains du changement climatique. Il nous faut viser une énormes que tous les pays du monde subissent
hausse des températures en dessous des 2°C pour limiter les atteintes dues à l’homme et subiront pour faire face au changement clisur le système climatique. Aucune mesure d’adaptation ne compensera la nécessité de matique.
réduire fortement les émissions. Réciproquement, aucune réduction ne remplacera le Tout d’abord, la taille du budget. Le texte
besoin de s’adapter. L’adaptation et la limitation des émissions doivent être conjointes actuellement sur la table propose un budget de
et basées sur des responsabilités communes mais différenciées. En clair, adaptation et 36 Millions de US$. Par rapport au budget
réductions d’émissions, même combat.
2002-2003 cela semble une augmentation de
C’est pourquoi des financements adéquats et prévisibles doivent être concrétisés d’ur- 9%. Mais c’est sans compter la baisse de la
gence et rendus opérationnels : Fonds des PMA, Fonds Spécial Changement monnaie américaine, qui a perdu 20 à 25% de
Climatique, Fonds d’Adaptation.
sa valeur. Or, le Japon s’obstine et revendique
le 0% d’augmentation, se refusant à tenir
Transfert de technologie
compte du nouveau taux de change. Le Japon
Le transfert (et le partage) de technologie, promis aux pays non-annexe I depuis plus devrait avoir honte de jouer ainsi les Picsou.
d’une décennie, deviendra encore plus illusoire si les Etats-Unis obtiennent ce qu’ils Enfin, il y a les Etats-Unis, avec leur exigence
veulent dans cette COP. Toute la recherche qu’ils proposent en faveur de futures tech- grotesque de ne pas payer le coût du Protocole
nologies n’est qu’une excuse pour éviter le partage avec les pays en développement, des de Kyoto, sous prétexte qu’ils ne sont pas Partie
meilleures technologies disponibles en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. à ce texte. Mais le Protocole, justement, n’est
qu’un appendice de son texte-mère, la
(...) suite au verso
Convention sur les Changements Climatiques,
un traité en vigueur aux Etats-Unis.
En vertu des articles 2 et 3.1 de la Convention,
les Etats-Unis doivent protéger le système climatique de la Terre pour le bénéfice des générations présentes et futures, en tenant compte
Je vais vous parler du développement durable...
du principe d’équité, et de responsabilités communes mais différentiées et leur capacités respectives. L’argutie d’une « différentiation » du
Moi,
Protocole que réclame la délégation américaine
ma table ronde concernera le
transfert de technologie
est donc absurde.
Sur la capacité à payer on monte encore dans
...pour
l’hypocrisie, puisque les Etats-Unis n’ont pas
finir par l’évaluation du progrès...blou
blou blou !
encore dit en public combien ils espèrent économiser dans cette tentative misérable. (...) Suite au verso
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N E G O C I AT I O N S S U R L E C L I M AT L E T T R E D E S O N G
(...) Suite de l’Article “Trois petits tours”
Tous les pays de l’Annexe I, y compris les
Etats-Unis, doivent d’abord remplir les engagements qu’ils ont contractésau titre de la
Convention, c’est-à-dire faciliter le transfert de
technologie, donc ne pas le freiner en invoquant
les droits de propriété intellectuelle. Les pays
du G77+Chine, quant à eux, doivent se préparer a utiliser les technologies disponibles.
Il est incroyable que jusqu'à maintenant,
aucune liste complète des technologies économes en gaz a effet de serre, transférées des pays
annexe I vers les pays non annexe I depuis l’entrée en vigueur de la Convention, ne soit disponible. Cela s’avérerait pourtant plus utile que
l’interminable série de workshops qui continuent a être organisés ou proposés !
Evaluation des progrès.
Ici, les Parties devront exposer leurs progrès à
ce jour, aux niveaux national, international et
régional : aspects scientifiques, politiques et financiers. Pour la plupart, ce ne sera pas tâche aisée.
Le troisième rapport du GIEC renforce le
consensus scientifique selon lequel la réduction
des émissions est plus urgente que jamais.
Même les efforts de certaines Parties – à commencer par les Etats-Unis – pour censurer la
science, ne peuvent le cacher.
Cela rend encore plus effrayante l’évaluation
des (non) progrès au niveau des politiques.
A ce stade, l’Union européenne, le Canada et le
Japon ont fait bien moins en direction de leur
objectif. Bien que l’UE en particulier mette en
place quelques politiques intéressantes, il ne
s’agit en général que de demi-mesures. Toutes
ces Parties doivent renforcer leurs eff o r t s .
Pourtant, comparé aux Etats-Unis, ils font
bonne figure. La politique climatique de ces
derniers n’est défendable sur aucun plan.
L’Amérique cherche en fait à augmenter ses
émissions : comme sa récente proposition de loi
sur l’énergie l’a montré. Pendant ce temps, la
tache peu enviable de la délégation Etatsunienne consiste à défendre cette approche
avec un mélange répugnant de distorsions de la
science, de trucage des données et de contreverités éhontées.
Enfin, les engagements financiers si souvent
répétés par les pays riches, semblent toujours
loin de se concrétiser. Il s’agit des engagements
au titre de la Convention qui est entrée en
vigueur voici une décennie, et aucun moyen
n’est pourtant disponible pour l’adaptation,
pour le transfert de technologie ni pour l’aide
aux pays les moins avancés.
Voilà, Messieurs Dames les Ministres, tout ce
qu’il vous reste à faire !
NUMERO 4
Puits – Proche
d’une décision ?
La proposition longuement attendue pour
le traitement des puits dans les MDP est
enfin arrivée. Elle fait suite à la décision
d’inclure les puits dans le MDP à la COP7
il y a deux ans, suivie d’une négociation à
vitesse d’escargot pour prendre en compte
les risques et les incertitudes inhérentes
aux puits de carbone.
Le dernier texte pèche sur trois points
majeurs : L’acceptation implicite des espèces invasives dans les projets puits même
sous conditions est inacceptable. Ces espèces sont la deuxième cause d’extinction
après la destruction d’habitat. Le nouveau
texte autorise également l’utilisation
d’OGM et constitue par cela une menace
pour l’intégrité environnementale du PK.
Sur ces points, l’absence de prise en
compte du Protocole sur la biosécurité et
de la Convention sur la Biodiversité représente un affront à ces accords et à l’esprit
de Rio.
L’annexe liée à ce texte est déficiente sur la
prise en compte des règles de participation
des parties locales concernées et pour les
communautés indigènes. Leurs points de
vue, idées, expériences et aspirations pour
le Développement Durable et la biodiversité n’ont besoin que d’être « invités » par
les développeurs de projets ! Espérons
qu’ils seront chez eux pour recevoir cette
invitation, et pas en train de trimer pour
leur subsistance dans leurs champs destinés
prochainement à des plantations d’Eucalyptus.
La proposition sur les projets de petite
taille est présente, et le diable vient ici dans
les détails, puisque le SBSTA doit encore
se bagarrer avec toute une série de modalités. Le texte sur la sécurité face aux fuites
n’est plus là, c’est inquiétant. De plus, l’absence de clarification sur l’additionnalité
nous rend dépendants de l’objectivité perpétuelle du Conseil Exécutif du MDP.
Il est important de noter que la proposition
contient des éléments constructifs – notamment dans le traitement de la non permanence, une période un peu plus longue pour
critiquer les projets, certaines Annexes et
aspects du suivi et des vérifications.
Espérons qu’ils vont survivre. Malgré les
défauts cités plus haut, les co-présidents
peuvent être félicités pour leurs efforts
sérieux de mettre ensemble une proposition
issue de tant de vues divergentes sur des
sujets complexes.
P UBLICATION CVIX
M I L AN - D E C E M B R E 2 0 0 3
MARIO
Mario en vacances au Costa Rica, a
assisté au discours de Son Altesse
Sérinissime annonçant la nouvelle que le
monde entier attendait : la Principauté de
Monaco va ratifier le Protocole de Kyoto !
Certes, les émissions de Monaco en
valeur absolue sont plutôt modestes, mais
avec 36 % d’augmentation depuis 1990 et
un objectif de –8 %, la tache paraît plus
difficile que pour, disons, une autre Partie
de l’annexe I qui pourtant ne se dépêche
guère de ratifier…
En tout cas, le Prince aurait publié un
plan drastique de lutte contre le changement climatique :
- plus de champagne aux tables de roulette
- le prochain grand prix de Monaco se
disputera au volant de VW Lupo 3L
- le FC Monaco devra planter deux bandes de gazon pour chaque bande abîmée
pendant les matches.
(...) suite de l’article “Une affaire de gros sous”
L’Ambassadeur Ashe va devoir mégoter
avec eux et on ne l’envie pas.
12 millions de dollars, c’est au total ce
qui pose problème, somme sur laquelle
les Etats-Unis devront 22% soit 3 millions de dollars. Soit environ 50 000 fois
moins que la guerre présente en Irak.
Dans le budget de l’administration Bush
pour un « siècle américain », aucune
ligne de prévoit de lutter contre le changement climatique. A ce propos, la
menace climatique ne vaut-elle pas bien
des armes de destruction massive ?
STEVE BERNOW
Décédé l’été dernier, notre ami Steve
Bernow n’assiste pas à COP9. Connu
pour ses travaux sur la maîtrise de l’énergie au Tellus Institute de Boston, il a inspiré les ONG, en particulier sur la prise
en compte de l’équité dans la problématique du changement climatique.
Steve, tu nous manques.
REMERCIEMENTS
Le Réseau Action Climat France remercie le MEDD
et ceux qui ont participé à ceux numéro : Antoine
Bonduelle, Raphaëlle Gauthier, Philippe Quirion,
Diane Vandaele, l’équipe de ECO anglais.
ECO français disponible sur : www.rac-f.org
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