Collectif 56 « Urgence un toit pour Tous »

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Collectif 56 « Urgence un toit pour Tous »
Collectif 56 « Urgence un toit pour Tous » - Comité DAL
49 rue de Kerlin . 56100 Lorient
à Monsieur Le Roux Président du groupe socialiste à L'Assemblée Nationale
Député de la 1ère circonscription de Seine St Denis
Monsieur,
Suite à notre rencontre à Lorient le 23 mai, notre collectif a souhaité transmettre à vos collègues
parlementaires, par votre intermédiaire, cette note de synthèse.
Nous agissons localement pour obtenir des pouvoirs publics qu'ils assument pleinement les responsabilités
qui sont les leurs en matière de protection et de mise à l'abri des personnes se trouvant, pour diverses
raisons, en situation de grande fragilité. Après des mois d'action, force est de constater que nous nous
heurtons à deux écueils :
- le manque récurrents de moyens alloués à ceux qui ont cette mission
- la difficulté de dialoguer avec les représentants de l'Etat qui trop souvent nient la gravité de la situation
Nous souhaitons que cet appel déclenche une impulsion au plus haut niveau et vous adressons nos
cordiales salutations citoyennes.
Lorient le 28 mai 2013,
les membres du collectif 56 « Urgence ! un Toit Pour Tous »
Les citoyen/nes et des organisations sont signataires de la plate forme d'UTPT : Asceap, CCFD-Terre solidaire, CGT
Chomeurs rebelles 56, Cimade, CNL, Comité DAL 56, Crisla, CSF 56, Europe Ecologie Les Verts, Emmaus QuimperléRédéné, FCPE 56, FSU, Gauche Unitaire, Mouvement de la paix, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti de Gauche, PCF, RESF,
SUD étudiants, UD CGT, Union Syndicale Solidaires,
UTPT 49, rue de Kerlin 56100 Lorient
07 80 03 91 43
[email protected]
Lorient, le 28 mai 2013
Depuis deux mois une femme enceinte déambule dans Lorient toute la journée en se
tenant le ventre. Pourra-t-elle un jour se reposer en journée ? Accouchera-t-elle dans la rue ?
Elle est demandeuse d'asile, suivie médicalement et prioritaire au Centre d'Hébergement
d'Urgence qu'elle doit quitter à 8h du matin. Elle devrait être accueillie dans un Centre d'accueil
pour Demandeurs d'Asile (CADA) mais ils sont pleins et les délais d'attente augmentent de mois
en mois.
Pourtant, elle a de la chance une compatriote enceinte de seulement 5 mois alterne une
semaine trottoir, une semaine à l'abri, la nuit. Une Française également enceinte de 5 mois a
elle, renoncé à faire appel au 115. Plusieurs familles avec enfants et nourrissons ont dû, dans
l'angoisse de la nuit à la rue, se réfugier au commissariat.
Le 2 mai, 10 places ont été supprimées au Centre d'Hébergement d'Urgence de Lorient.
Depuis, 13 lits sont ouverts sur les 28 existant. A la demande de l'association qui en a la gestion
et des militants qui soutiennent les sans logis, 5 places supplémentaires sont officiellement
financées pour une durée totalement indéterminée. Nous ne sommes pas naïfs, elles ont été
détournées d'une autre enveloppe, destinée à un autre public. Avec une telle gestion de la
pénurie, les risques de monter les populations les unes contre les autres s'accentuent.
En toute humanité, la Cohésion Sociale a demandé à ce que les personnes les plus vulnérables
soient prioritaires. Une liste de 15 personnes avec enfants a ainsi été dressée.
Il reste donc 3 places pour accueillir en urgence toute personne de la région Lorientaise
(300 000 habitants) qui saisirait le dispositif de veille sociale (115)
3 places pour accueillir en urgence toute personne qui appellerait le 115 pour un
hébergement, des dizaines de refus hebdomadaires, malgré cela la menace pèse sur les 5
places non pérennisées.
Il y a un an, le CHU accueillait une dizaine de personnes principalement des hommes seuls,
Français. Nous les avons soutenus dans leurs luttes pour un accueil 24h/24 et la suppression
des jours de carence déjà mis en place en raison du manque de place. Les familles de migrants
étaient alors accueillies à grand frais en hôtel ( ce que nous critiquions) dans l'attente d'un
hébergement stable. Les nuitées d'hôtel ont été quasiment supprimées. Quelques places ont
bien été pérennisées mais la plupart de ces familles dépendent aujourd'hui pendant des mois,
du 115.
Selon la directive européenne 2003/9/CE, article 2 j, les demandeurs d'asile doivent être logés.
L'ouverture annoncée depuis des mois de places en CADA est une urgence.
Que sont devenus les personnes qui étaient hébergées l'année dernière ? Personne ne veut
vraiment le savoir ; ils sont sortis des écrans de contrôle en emportant toute leur rancœur.
Pourtant la loi prévoit un dispositif adapté. Il est défini par l’article L.345-2 du Code de l’action
sociale et des familles
« Dans chaque département est mis en place, sous l’autorité du représentant de l’État, un
dispositif de veille sociale chargé d’accueillir les personnes sans-abri ou en détresse, de
procéder à une première évaluation de leur situation médicale, psychique et sociale et de
les orienter vers les structures ou services qu’appelle leur état ».
« Toute personne sans-abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à
tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence.
Cet hébergement d’urgence doit lui permettre, dans des conditions d’accueil conformes à la
dignité de la personne humaine, de bénéficier de prestations assurant le gîte, le couvert et
l’hygiène, une première évaluation médicale, psychique et sociale, réalisée au sein de la
structure d’hébergement ou, par convention, par des professionnels ou des organismes
extérieurs et d’être orientée vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de lui
apporter l’aide justifiée par son état...»
À force de réponse négative, le 115 n'est plus appelé par ceux qui en ont besoin.
Le 115 ne remplit pas sa mission .
Parmi eux certains parvenaient à rebondir après des séjours en Centres d'Hébergement et de
Réinsertion Sociale (CHRS). Ici, ils ont fermé.
Les besoins sont énormes dans certaines grandes villes, mais les trottoirs de Lorient
sont aussi gris que ceux de Marseille.
Supprimer ici pour ouvrir là bas, n'a jamais fait régresser la détresse humaine.
Nous soutenons deux familles en attente d'expulsion de leur logement. Aucune solution
de relogement n'étant trouvée, nous comptons sur la clémence de M. le préfet pour ne pas
donner son accord à un recours à la force publique. Alors pourquoi les maintenir dans l'angoisse
? Comment peut-on jeter des gens à la rue quand les Centres d'hébergement sont pleins ?
Comment ne pas comprendre que le logement reste le rempart contre la dégringolade sociale
durable ?
Nous demandons à votre groupe parlementaire d'appuyer le moratoire sur les
expulsions locatives demandé par certains sénateurs.
Le gouvernement a choisi d'aborder la problématique du logement par la question de la
construction. Nous espérons que cette approche aura des effets à moyen terme et que les
mesures prises permettront, en diminuant la part consacrée au logement dans le revenu des
ménages, de redonner un peu de fluidité aux parcours résidentiels.
Mais des mesures d'urgence s'imposent tout en bas de l'échelle pour ceux, de plus en plus
nombreux, qui ont déjà tout perdu.
Il y a plus de 6 mois que la création de 9 000 places d'hébergement a été annoncée.
Les sans logis ne pourront attendre le vote d'un nouveau budget pour dormir au sec.
La grande précarité ne peut être victime de mesures d'austérité.
C'est un choix de politique budgétaire que nous vous demandons
en signe d'un retour de la solidarité nationale.
Les lois protectrices existent, les directives s'empilent depuis des années, la complexité des
dispositifs, la multiplicité des acteurs, des responsabilités et des compétences a rendu le
système totalement hermétique au citoyen.
Pas besoin d'être expert pour comprendre qu'il faut des moyens pour mettre tout le
monde à l'abri et pour permettre aux plus démunis, grâce à un accompagnement social
de qualité, de sortir progressivement de la grande précarité.
Oui il faut une rallonge budgétaire pour inverser la tendance à la destruction
de la protection sociale entamée par vos prédécesseurs.
Aujourd'hui ce sont souvent les citoyens qui pallient les carences de l'Etat.
Quand une famille va dormir dehors, on nous appelle. La solidarité est au cœur
de nos motivations, mais nous refusons cette forme de bénévolat qui ne peut
remplacer le savoir-faire des professionnels.
Nous la refusons d'autant plus qu'elle n'est associée à aucune reconnaissance.
Après avoir été accusés de favoriser l'immigration clandestine, contredit dans la
presse sur la réalité des chiffres, nous constatons que nos demandes de dialogue
ne sont plus jamais honorées.
La situation exige une large mobilisation
Soutenus par des élus locaux, nous sollicitons depuis 20 mois, la tenue d'une
table ronde entre les divers acteurs de l'urgence sociale (représentants de l'État,
collectivités, organismes missionnés, organisations militantes).
Plus généralement nous demandons que les représentants départementaux
de l'Etat acceptent de dialoguer avec nous
les membres du collectif 56 « Urgence ! un Toit Pour Tous » - Comité Dal
collectif 56 UTPT 49, rue de Kerlin 56100 Lorient
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