Dossier pédagogique - Arlequin poli par l`amour
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Dossier pédagogique - Arlequin poli par l`amour
Saison 2015-2016 Dossier pédagogique Arlequin poli par l’amour Marivaux Mise en scène : Thomas Jolly ©Arnaud Bertereau Dates de représentation : Mardi 5 avril 2016 à 20h30 Mercredi 6 avril 2016 à 19h Durée de la représentation : 1h30 Saad BELLAJ Enseignant missionné Théâtre Ser vice Educatif : Scène Nationale de Sète. Courriel : [email protected] Tél : 06 22 18 08 17 Sommaire 1. Avant de voir le spectacle 1.1 L’élève « spect-acteur » 1.2 Avant de voir le spectacle 2. Arlequin Poli par l’Amour 2.1 2 2 2.3 2.4 Le dr amaturge Le metteur en scène : Thomas Jolly L a pièce : Arlequi n Poli par l’Amour L’horizon d’attente . 3. Pistes pédagogiques 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 Les différents type s de comique Le thème de l’amour Le mar ivaudage Le personnage d’Ar lequin L a mécanique du burlesque. 4. Histoire des arts 5. Bibliographie 6. Annexes 1. Avant de voir le spectacle 1.1 L’élève « spect-acteur » Voir un spectacle est un temps fort dans l’année ; c’est l’occasion pour l’enseignant de partager avec sa classe la rencontre d’une œuvre. Les élèves se déplacent à l’extérieur de l’établissement, se retrouvent parmi d’autres personnes dans un lieu public. Un travail en amont sur le savoir être au théâtre pourra éviter à l’enseignant accompagnateur quelques déconvenues et lui permettra d’aborder plus sereinement ce moment de partage avec la classe. Il est possible d’accorder une ou plusieurs séances de cours à la question qu’est-ce qu’un « spect-acteur » ou spectateur accompli ? L’enseignant peut d’appuyer sur un corpus littéraire varié pour aborder ou approfondir la question du spectateur : Dario Fo, Le Gai savoir de l’acteur, l’Arche Editeur, 1990. : Le silence requis lors des représentations n’est pas une exigence arbitraire mais bien une composante essentielle du spectacle vivant. Gustave Flaubert, Madame Bovary, (Chapitre XV) : l’évocation ironique de l’émotion d’Emma devant la représentation de Lucia di Lamermoor. Marcel Proust, Du Côté de chez Swann, (Chapitre XXVI) : Le narrateur évoque l’attente du spectateur et ce qu’il imagine d’après l’affiche. Jean-Michel Ribes, Tragédie in Théâtre sans animaux, Actes Sud, 2001 : mise en abyme par une discussion animée entre deux personnages (Jean-Claude et Louise) autour du rôle de Phèdre de Racine. Agnès Jaoui, Le goût des autres, 2000 : un travail sur les impressions ressenties par le héros (Jean-Jacques Castella) joué par Jean-Pierre Bacri qui en une représentation, découvre à son corps défendant une émotion inattendue devant une comédienne (interprétée par Anne Alvaro) jouant le rôle de Bérénice. Le préambule « être spect-acteur » donne à l’enseignant l’occasion de s’attarder, selon le profil de sa classe, sur les comportements susceptibles de poser problème lors du déplacement au théâtre à fin d’en faire un objet éducatif : retard, agitation, bavardage, téléphone mobile, désire de boire ou manger. Un code de bonne conduite peut être établi avec les élèves sous une forme ludique et orientée par l’enseignant : ce qu’il ne faut pas faire / ce qu’on peut faire. Un carnet de bonne conduite peut être écrit par chaque élève sous la forme d’un abécédaire du jeune spectateur. 1.2 Avant de voir le spectacle Il est indispensable de préparer la sortie au spectacle. En effet, ce dernier n’est pas à considérer comme un divertissement, mais comme une œuvre d’art à rencontrer. Il ne s’agit donc pas de le promouvoir, d’affirmer sa réussite ou de chercher à susciter d’avance une adhésion qui risque d’être déçue. En revanche, il faut rendre les élèves conscients que ce qu’ils vont voir est le résultat du travail conjugué de nombreux professionnels qui y ont investi des mois de travail et d’énergie. Ainsi, le travail en amont de la représentation a plusieurs objectifs : Préparer les élèves à leur rôle de spectateur. Créer les conditions d’une bonne écoute. Susciter leur curiosité à l’égard du spectacle. Créer des horizons d’attente. Favoriser une optique d’observation curieuse. 2. Arlequin poli par l’amour – Thomas Jolly 2.1. Le dramaturge L’objectif de cette partie est double : faire la distinction claire entre le dramaturge et le rôle du metteur en scène de la pièce. Activités : On pourra demander aux élèves d’effectuer des recherches documentaires. Elles pourront porter sur Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux et/ou sur ses œuvres. La restitution de ces recherches pourra se faire : • à l’oral (sous la forme d’exposés) • à l’écrit (affiches, panneaux à exposer…) • sous la forme d’une scène théâtrale : entretien entre Marivaux et un journaliste Les sites proposés ci-dessous peuvent être une aide utile : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Pierre_Carlet_de_Chamblain_de_Marivaux/131950 http://www.alalettre.com/marivaux-bio.php http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/pierre-carlet-de-chamblain-de-marivaux 2.2 Le metteur en scène : Thomas Jolly Il s’agit de replacer le spectacle dans un parcours d’artiste et la cohérence d’une œuvre et amener les élèves à construire des repères chronologiques ou thématiques. Ainsi, on peut tracer avec les élèves le parcours de Thomas Jolly depuis ses débuts au Centre dramatique régional de Haute-Normandie, jusqu’à la création de la compagnie « La Piccola familia ». Les multiples pratiques théâtrales peuvent amener les élèves à approcher le cheminement de la création d’Arlequin poli par l’amour1. On pourra demander aux élèves de faire des recherches sur la compagnie « Piccola familia » et sur le metteur en scène Thomas Jolly Les élèves peuvent écrire un texte avec des questions sur le spectacle par le biais de la page de Thomas Jolly : Facebook ou Twitter Voir le site de la compagnie : http://www.lapiccolafamilia.fr/ http://www.lapiccolafamilia.fr/thomas-jolly/ 2.3 La pièce : « Arlequin poli par l’amour » Une fée volage, déjà promise à l'enchanteur Merlin, s'amourache de la beauté d'Arlequin, aussi stupide qu'il est charmant. Elle espère, à force de leçons et de préceptes, adoucir, affiner et civiliser ses manières. Mais c'est en voyant et en tombant amoureux de la bergère Silvia qu'Arlequin va peu à peu s'instruire et révéler un tempérament doux, aimable, poli. Jalouse et dépitée, la fée s'empare des deux amants ; elle exige de Silvia qu'elle mente à Arlequin et prétende s'être jouée de lui ; mais face à la douleur du jeune homme qui se croit trahi, Silvia rétablit la vérité et avoue tout à Arlequin des manigances de la fée. Aidé par Trivelin, le domestique au grand cœur ulcéré par les manœuvres de la magicienne, Arlequin parvient à s'emparer de la baguette de la fée : désormais libres et souverains du peuple enchanté des esprits et de lutins, Silvia et Arlequin pardonnent à la fée et célèbrent leur victoire. Une sensibilisation des élèves au contenu de la pièce peut se faire de différentes manières : lectures d’extraits, observation et analyse de ou des affiches … Les élèves peuvent découvrir la pièce à travers les photographies présentées sur le site de la Scène Nationale de Sète : http://www.theatredesete.com/spectacle/la-raconteuse-de-films-0 1 Voir la note d’intention du metteur en scène en Annexe. 2.4 L’horizon d’attente • A partir de l’affiche du spectacle et des photographies: une lecture analytique de l’image est nécessaire. Elle mettra l’accent sur deux aspects importants de la mise en scène : la modernisation de la pièce et l’univers féérique2. Ce dernier point à mettre en relation avec le conte fantastique qui est un point du programme de français de la classe de 6ème. Voir le site du théâtre Molière : http://www.theatredesete.com/spectacle/arlequin-poli-parlamour • A partir des répliques : Pour faire naître des horizons d’attente chez les élèves et pour les mettre en appétit, il est possible de partir de quelques répliques de la pièce sélectionnées en amont et de procéder à ce que Chantal Dulibine et Bernard Grosjean appellent3 la « profération de répliques ». L’intérêt de la profération de répliques est de faire entendre des « bouts de texte » et de commencer à dégager les thématiques dominantes de la pièce. A titre d’exemples : la scène 1, où le thème du mariage est évoqué. Un des lazzi d’Arlequin : celui de la mouche ou celui de la révérence, scène 2) • Quel décor ? A partir des extraits du roman, l’enseignant peut faire imaginer, dans un rôle de metteur en scène, aux élèves le décor dans lequel peuvent évoluer les personnages. • Quelle musique ? Un travail interdisciplinaire, dans une collaboration avec le professeur de musique peut permettre aux élèves de choisir et placer des partitions musicales en harmonie avec des extraits de la pièce. L’enseignant peut inviter les élèves à visionner le film d’A. Kechiche L’Esquive (2004), dans lequel un groupe d’adolescents d’une cité HLM lisent, apprennent et répètent pour leur cours de français, un passage de la pièce de Marivaux Le Jeu de l’amour et du hasard. le site Antigone (https://www.reseau-canope.fr/antigone/ ) propose des extraits de mises en scène, exploitables en classe, de deux pièces de Marivaux : La Dispute et Les Fausses confidences. • A partir des articles de presse4 : Les articles de presse concernant le spectacle peuvent constituer une excellente approche pour les élèves. Ce travail de découverte indirecte de la pièce peut être fait réparti sur différents groupes d’élèves pour aboutir à une mutualisation des extraits. 3. Pistes pédagogiques 3.1 Le comique et la comédie A. Le comique : L’enseignant peut s’interroger avec les élèves sur les différents procédés du rire mises en œuvre dans la pièce, en l’occurrence autour du personnage d’Arlequin. En effet, le concept du rire peut être abordé comme une notion d’« écart à une norme » et « d’insensibilité » 5. Extraits / moments de la pièce. De quoi rit-on ? - un personnage - une parole - une situation Quel est l’écart, en quoi ce qui est écrit est-il inhabituel ? Qui se sent supérieur ? A qui ? 2 Dans sa note d’intention T. Jolly précise qu’ « Arlequin et Silvia ne sont pas loin de nous » et qu’on passe « du féérique au réel et aussi du réel au féerique » 3 Chantal Dulibine et Bernard Grosjean , Coups de théâtre en classe entière SCEREN-CRDP de Créteil, 2011. 4 Voir les articles de presse concernant le spectacle sur le rubrique « publications » : http://www.theatredesete.com/spectacle/arlequin-poli-par-lamour 5 Henri. Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique, PUF. Paris, 1978. p.4 Est-ce réellement ni grave ni triste ? Se moque-t-on de quelqu’un ? Y-a-t-il ridicule, cruauté ? B. Le genre de la comédie Arlequin poli par l’amour obéit aux exigences du genre de la comédie : en s’achevant sur un dénouement tout à la fois heureux (victoire du couple d’amoureux innocents, défaite de la fée machiavélique) et didactique (non seulement les purs l’emportent, mais ils font également preuve de compassion dans la dernière scène) ; en plaçant au cœur de l’intrigue des enjeux de mariage, des affaires sentimentales (le berger aime Silvia qui aime Arlequin qui n’aime pas la fée qui est aimée par Merlin) ; en organisant la confrontation des classes sociales : la fée n’est pas sans annoncer l’Euphrosine de L’Ile des esclaves, Arlequin et Silvia incarnent les valeurs de simplicité et de naturel attachées comme souvent dans le théâtre de Marivaux à la paysannerie. C. Les types de comique Une grille de lecture peut être élaborée avec les élèves à partir de passages du spectacle. Les élèves peuvent ainsi faire une classification des types de comiques : comique de geste, comique de situation, comique verbal… - le comique de mots : le patois d’Arlequin (« Oui-dà »), le calembour sur le « Styx » scène 14, les maximes satiriques de Trivelin (« femme tentée, et femme vaincue, c’est tout un »), son aparté ironique scène 6 ; - le comique de situation : généré par la bêtise d’Arlequin au début de la pièce, par le décalage entre les attentes de la fée et les réactions de son captif (le « que voulez-vous, beau jeune homme ? - je veux goûter » dans l’analepse de Trivelin scène 1 ; le quiproquo de la scène 3 lorsqu’Arlequin ne comprend pas l’apostrophe liminaire de la chanson) ; on peut également indiquer la scène 4 qui dans un admirable effet de miroir installe cette fois-ci le dépit amoureux du côté du berger ; - le comique de gestes : le lazzo des mouches scène 2, le retour progressif à la station debout d’Arlequin lors de sa rencontre avec Silvia, les coups donnés par Arlequin aux esprits puis aux chanteurs et aux danseurs dans la scène dernière ; - le comique de caractère, qui met en exergue et se moque d’un trait saillant du personnage : bien évidemment la stupidité d’Arlequin dans les scènes initiales (notamment lorsqu’il prend les paroles de la chanson à propos des yeux de la fée au premier degré), ou l’inconstance de la fée (stigmatisée entre autres par ses répliques scène 1 « toute mariée que je serais, je veux bien te l’avouer, je ne me fierais pas à moi » et scène 6 « Oh ! J’ai bien d ‘autres choses en tête, qu’à m’amuser à consulter ma conscience sur une bagatelle ») ; - le comique de répétition avec la récurrence du stratagème de l’anneau d’invisibilité scènes 12 (la fée) et 18 (Trivelin). 3.2 Le thème de l’amour La classe peut découvrir que le sentiment amoureux est non seulement l’enjeu essentiel du théâtre de Marivaux mais aussi la clé de voûte du spectacle. Les élèves peuvent constater d’eux même que ce thème occupe bon nombre de titres de pièces marivaudiennes. Arlequin poli par l’amour offre un champ d’exploration du sentiment amoureux particulièrement vaste que les élèves peuvent investir : - les pouvoirs de l’amour : pouvoir de transformation des êtres (titre de la pièce + métamorphose qui s’opère dès la scène 5 + réplique de la fée scène 8 « qu’il faut qu’il ait pris d’amour pour avoir déjà tant d’esprit ! ») ; pouvoir plus puissant que la magie même (l’amour insuffle à Arlequin la malice nécessaire pour qu’il s’empare de la baguette de la fée et lui inflige une cuisante défaite). - l’ amour et rapports de classe : dans cette pièce où le pouvoir magique est une métaphore du pouvoir politique, la force du sentiment peut pousser à faire fi des barrières de classes (la fée promise à l’enchanteur envisage pourtant d’épouser Arlequin) ; on remarque toutefois que cet élan subversif, qu’un mariage couronne dans La Double inconstance, n’aboutit pas ici, que chacun (comme plus tard d’ailleurs dans L’Ile des esclaves) reste finalement dans son pré carré. 3.3 Le marivaudage En cherchant la définition du terme marivaudage, les élèves constateront qu’elle oscille entre deux acceptions : - l’une, méliorative, renvoie à une attitude, un propos d’une galanterie délicate, recherchée, subtile, qui visent à séduire un homme ou une femme. - l’autre, dépréciative, fait du marivaudage un jargon trop précieux, excessivement maniéré, qui, comme l’affirme Diderot dans une de ses lettres à Sophie Volland le 6 novembre 1739, « raffine sur le sentiment et l’expression » ; le marivaudage revêtirait alors le discours amoureux d’une pellicule d’affectation qui obscurcirait sa limpidité et son naturel. Arlequin poli par l’amour offre, dans un système de mise en abyme particulièrement intéressant, des exemples illustrant chacune de ces significations, que l’on demandera à la classe de repérer : - dialogue gracieux, enjoué, spirituel entre Silvia et Arlequin à la scène 11 ; les deux amoureux débutants s’accompagnent, se perdent et se retrouvent en riant dans les méandres de leur badinage ; - la chanson de la scène 3 à laquelle Arlequin ne comprend rien, comme les recommandations de la cousine de Silvia, sont en revanche désignées comme des pertes de temps, trop stéréotypées ou artificielles pour pouvoir servir l’expression sincère du sentiment. 3.4 Le personnage d’Arlequin Arlequin est un personnage type de la commedia dell'arte qui est apparu au XVIe siècle en Italie, dont le costume est fait de losanges multicolores. Il incarne à lui seul l'esprit du Théâtre-Italien. Le personnage d'Arlequin a été créé par l'acteur italien Domenico Biancolelli. L'étymologie du nom Arlequin viendrait de celui du roi de la mythologie germanique « Herla » à l'origine de la tradition française d'un diable nommé « Hellequin », ce qui donna la variante Harlequin, passé en italien sous la forme de Arlecchino à l'origine du français « Arlequin ». Il est donc un personnage issu des croyances populaires concernant l'Enfer. Arlequin se reconnait grâce à son costume bariolé et son rôle d'éternel zanni. D'abord, l'habit d'Arlequin est composé d'une veste et d'un pantalon à losanges colorés et irréguliers et d'un béret de feutre blanc auquel est quelquefois attaché un morceau de queue de renard ou de lapin. Il porte aussi une ceinture à laquelle est toujours attaché une batte en bois et une bourse. L’enseignant peut faire découvrir aux élèves ce personnage de deux manières différentes : soit par des images soit par un groupement de texte adapté. Arlequin chez Marivaux semble à cet égard le plus adapté puisqu’il a conservé son caractère traditionnel malgré son évolution depuis son voyage hors d'Italie6. Le personnage d’Arlequin est présent dans quinze pièces de Marivaux. A titre d’exemple les plus connues : Arlequin poli par l’amour, (1720). Le Prince travesti, (1724). La Double inconstance, (1723). Le jeu de l’amour et du hasard, (1730). 6 Lélio, le chef de la troupe des Italiens à Paris le décrit en ces termes: « Le personnage d'Arlequin de notre temps retient ce que le théâtre lui a donné pas une ancienne tradition (...), c'est-à-dire des gestes, et des singeries très comiques. En France, on l'appelle mimique. » Histoire du théâtre italien, Tome II. Watteau, Les Comédiens italiens, 1719-1720, National Galery of Art, Washington 3.5 La mécanique du burlesque : Le registre du burlesque trouve toute sa place au sein de ce spectacle7. Désignant étymologiquement « farce et plaisanterie », le mot renvoie à un genre littéraire en vogue au XVIIe siècle qui se caractérise par l’emploi des termes comiques, familiers pour traiter des sujets sérieux. Le sens du mot a évolué pour désigner globalement un comique exagéré qui repose sur un décalage entre la tonalité et le sujet traité. 7 La note d’intention du spectacle insiste sur : « La mécanique burlesque et silencieuse du spectacle » p. 3 L’enseignant peut traiter ce thème à travers un groupement d’extraits appartenant à différents genres littéraires : roman, théâtre, cinéma, chanson… Exemple d’un groupement d’extraits à traiter avec les élèves Rabelais, Gargantua, (chapitre 31) Picrochole saisit l’occasion d’une dispute avec Grandgousier autour d’un sujet futile (des fougaces) pour lui déclarer la guerre. Molière, L’Ecole des femmes La célèbre tirade d’Arnolphe. Georges Brassens, Hécatombe. Charly Chaplin, Le Dictateur : le film, présent aux programmes de Français et d’Histoire-Géographie, offre plusieurs séquences intéressantes pour traiter le burlesque aussi bien sur le plan thématique que sur le plan de la gestuelle8. Histoire des arts : l’usage du masque au théâtre. Le personnage d’Arlequin est un type reconnu essentiellement par son masque dont la couleur est inspirée des visages des charbonniers de Bergame. Il suffit de se référer à l’affiche de la pièce pour se rendre compte de l’importance de cet outil chez Didier Galas9. L’objectif est de sensibiliser les élèves au rôle du masque avec une perspective historique : L’enseignant peut traiter ce thème par le biais d’images à faire chercher aux élèves au CDI ou sur des sites internet. Puis faire une classification dans les quatre catégories suivantes : Dans le théâtre antique Dans la commedia dell’arte Dans le théâtre japonais Dans le théâtre chinois Bibliographie : Tous au théâtre, Guide du professeur, SCEREN-CRDP de l’académie de Caen, 2012. Henri. Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique, PUF. Paris, 1978. Yannic Mancel, « L’apprenti spectateur : un portrait historique, subjectif et utopique », In Cahier théâtre / Education, n°11. Estelle Doudet, « Théâtre de masques : allégories et déguisements sur la scène comique française des XVe et XVIe siècles. », Revue Apparence(s), 2008. Annexe NOTES D'INTENTION POUR LA CREATION EN 2007 Arlequin poli par l'amour est née de la rencontre de Marivaux avec les Comédiens italiens en 1720. C'est la pièce où, pour la première fois, s'expriment les grands thèmes qui alimenteront son écriture : la découverte de l'amour, l'expression de la jalousie, la méprise, la fidélité, le malentendu, la manipulation, la trahison... C'est pour moi la première rencontre avec cet auteur. C'est une première immersion, un premier voyage et nous chercherons à mettre de côté le "convenu", "ce qu'on a vu" de Marivaux, "ce qu'on croit savoir" de son univers : il s'agira pour chacun d'éprouver cette langue, c'est à dire la rapprocher de nous, la soumettre à notre sensibilité et que notre sensibilité s'y soumette. S'atteler à sa construction, car la langue de Marivaux est très écrite, précise et affûtée comme une arme. 8 Le burlesque au cinéma est désigné aussi par le mot « slapstick », littéralement « coup de bâton ». Voir à ce sujet : http://www.cahiersducinema.com/Le-Burlesque.html 9 Voir les photos du spectacle en Annexe 4. Rencontrer Marivaux donc, nous chercher et peut-être nous trouver entre ses lignes car il y a dans cette pièce l'inconscience éperdue et la naïveté insolente de la jeunesse, l'ambition de ses idéaux et la brutalité de leur désenchantement. Arlequin et Silvia ne sont pas loin de nous : entrant dans l'âge adulte, ils butent ensemble contre un monde dont ils ne tarderont pas à mesurer le danger et dont la fée, figure de pouvoir absolu, leur fera comprendre les règles. Car c'est également un regard sur notre monde que nous propose Marivaux : jusqu'à quel point accepte-t-on la soumission à un pouvoir en place ? jusqu'où abuse-t-on de son pouvoir et jusqu'où en supporte-t-on les abus ? Il y a derrière la comédie les prémices d'une réflexion plus politique : la révolution, le soulèvement, la destitution, la fascination et le goût du pouvoir. Marivaux introduit le merveilleux dans sa pièce - un conte de fée - ouvrant à la théâtralité une multitude de possibles et induisant, par convention, toutes les fantaisies. Ce "registre" permet l'accès à un puits d'inventions sans fond pour la mise en scène, mais aussi pour le jeu et la scénographie, car conscients du bagage d'imagerie conventionnelle qui accompagne la notion de conte de fée, il s'agira pour nous de jouer avec lui, afin de le détourner, le contredire ou l'amplifier... 9 Par ailleurs la pièce est écrite pour un registre de jeu particulier : la commedia dell'arte. Registre de jeu très codifié, un langage du corps, que nous ne tâcherons pas de vouloir reproduire mais plutôt de réinterpréter, voire ré-inventer. Ainsi, face à cette langue, à la notion de conte de fée, à la commedia dell'arte, il s'agit pour nous de re-créer, de s'approprier et de continuer à construire notre identité à la fois d'artistes mais aussi de jeunes hommes et femmes. Enfin, c'est un commencement. Le commencement d'un travail de compagnie de théâtre né du désir de travailler ensemble, de rencontrer un public, de chercher "notre théâtre" et d'inscrire dans le temps une vraie recherche. Pour l'heure c'est la première pierre posée à notre édifice. À plus d'un titre : une rencontre. Thomas Jolly, juillet 2006