fribourgeois Le concert des Forbans, surprise du Carnaval de Broc

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fribourgeois Le concert des Forbans, surprise du Carnaval de Broc
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La Gruyère / Mardi 21 février 2012 / www.lagruyere.ch
Le concert des Forbans,
surprise du Carnaval de Broc
BROC. On les croyait
ringards. Les Forbans
ont offert une démonstration de rock’n’roll
vendredi soir à l’Hôtel
de Ville, devant un public clairsemé, mais
charmé.
JEAN GODEL
Evidemment, avouer que l’on
s’apprête, en 2012, à assister à
un concert des Forbans prête
à sourire. Tout le monde a encore en tête Chante, ce tube
des années 1980, rappelezvous: «Chante, chante, danse
et mets tes baskets/Chouette,
c’est sympa tu verras». Un summum de la ringardise, se dit-on.
Sauf que…
Sauf que la chanson est une
adaptation de Shout d’Ernie
Maresca, que le grand Eddy
Mitchell avait déjà reprise en
1962 avec Les Chaussettes noires. Evidemment, Eddy Mitchell, ça en jette plus. Pourtant,
Les Forbans en ont mis plein
la vue et surtout plein les esgourdes au public de l’Hôtel de
Ville, à Broc, vendredi soir. Un
public bien maigre – 300 personnes à tout casser – mais
bien veinard d’avoir pour lui
l’un des plus anciens groupes
rock en activité, fût-il français.
Car Les Forbans tournent depuis 1981. Avec le temps, les
quatre compères désormais
quinquagénaires sont devenus
des bêtes de scène: son brut,
voix sûre, belle sincérité décontractée avec le public. Bien
sûr, la banane est de rigueur,
sauf pour le batteur, chauve,
ainsi que le complet, blanc
jusqu’au bout des mocassins,
et le T-shirt noir.
Ces gens-là ont vendu la bagatelle de sept millions d’albums… Qui peut en dire autant? Surtout, leur tour de
chant, rôdé jusqu’à la moelle,
est solide, pêchu, diablement
efficace. Des reprises de monuments du rock, certes écrits
par d’autres – Elvis lui-même
n’a quasiment rien composé –
interprétés avec fureur et jubilation. Une jubilation respectueuse du public, quel qu’il
soit («tant pis pour les absents», a rigolé, sourire complice en coin, le chanteur Albert «Bébert» Kassabi).
Concert très roots…
Avec ses trois potes (guitare, batterie et contrebasse,
basta!), il a enchaîné les classiques, mettant très vite le feu à
un public médusé. Blue Suede
Shoes de Carl Perkins (repris,
tiens, par Elvis), You never can
Les (trop rares) curieux sont arrivés
en traînant les savates et repartis les
mocassins en feu.
Les quatre complices des Forbans ont réservé une très jolie soirée aux curieux venus vendredi soir à Broc: jubilatoire et efficace. JESSICA GENOUD
tell de Chuck Berry, immortalisé une fois pour toutes par la
B.O. de Pulp Fiction de Tarantino, ou encore Stand by me de
Ben E. King (écrite par… Ben E.
King, une exception!). Bref, les
racines du rock. Qui l’eût cru:
Les Forbans très roots…
Le talent sûr – trente ans de
carrière, ça rend mûr – ils se
lancent même dans une variation aussi déjantée que jubilatoire de Siffler sur la colline: il
fallait entendre les Brocois reprendre en chœur le «zaï, zaï,
zaï, zaï…» que Joe Dassin «formo-
lisait» si bien. Une heure durant,
les solos, y compris l’incontournable «montée» de contrebasse,
donnent la mesure du talent des
musiciens. Jusqu’au final, euphorique, évident, avec une version «rock classique» mais tellement efficace de La Bamba, le
tube de Richie Valens. Pros
jusqu’au bout des doigts, charmeurs, élégants, Les Forbans
ont offert un joli cadeau aux curieux venus en traînant les savates et repartis les mocassins
en feu. Vraiment, tant pis pour
les absents! ■
La fréquentation
a été moyenne
Environ 2500 entrées payantes ont été comptabilisées lors du
grand cortège de dimanche, indique Christian Roulin, président
du comité de carnaval. C’est bien, étant donné la neige
– selon les années et la météo, il y a entre 1500 et 6000 spectateurs payants. Sur l’ensemble du carnaval, «ça devrait jouer»
au niveau des comptes, assure Christian Roulin. Qui se base
notamment sur la très forte affluence de samedi soir. Pour
le reste, «rien de bien méchant» à signaler si ce n’est quelques
petites bagarres sans suite. Christian Roulin, depuis quinze
ans au comité dont huit de vice-présidence et deux de présidence, peut remettre son mandat l’esprit serein. JnG
PHOTOS CLAUDE HAYMOZ

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