La Gruyere Online
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23 Mode et bien-être La Gruyère / Jeudi 16 mai 2013 / www.lagruyere.ch Dis-moi ce que tu chausses, je te dirai quelle femme tu es TENDANCES. Plus que n’importe quel accessoire, les chaussures revalorisent (ou décrédibilisent) une tenue d’un coup de baguette magique. La mode est à la couleur, la fantaisie et l’éternel talon haut. KARINE ALLEMANN Il y a les chaussures qu’on s’achète pour se sentir femme et qu’on n’osera jamais porter. Celles qu’on ne peut se résoudre à jeter tellement on les a aimées. Celles qu’on regarde avec dévotion à chaque fois qu’on passe devant la vitrine d’un magasin trop cher pour nous. Il y a aussi celles, quasi identiques aux trois autres paires qui traînent déjà dans une armoire qui déborde, mais qu’on n’a pas pu s’empêcher d’acheter. Parce qu’elles sont trop belles. Acquérir une paire de chaussures est un acte de foi. Car elles ne sont jamais qu’une simple paire de godasses. Elles sont un choix de vie, une revendication. Il existe deux fautes de goût ultimes: privilégier le confort au mépris du style, et porter de beaux vêtements en négligeant les chaussures. Et puis, plus que tout autre accessoire, les chaussures peuvent modifier totalement un look. C’est flagrant avec des pantalons slims et un T-shirt. Troquez la paire de baskets pour des talons hauts et l’effet est radical. «Cela revalorise totalement une tenue. Aujourd’hui, on peut aller voir un théâtre ou un opéra avec un joli jeans et de belles chaussures», assure Claudine Bernasconi, du magasin Vis-à-Vis, à Bulle. Une boutique dont les modèles, italiens pour la plupart, vont du moyen au haut de gamme (entre 100 à 350 fr.) pour une clientèle classique ou sophistiquée. Sans oublier des modèles jeunes et tendance, comme ceux de la marque espagnole Weekend. «La mode actuelle est à la couleur, au strass et à la fantaisie dans tous les domaines, décrit la propriétaire du magasin Karine Bertherin. Nous en proposons aussi et c’est ce La seule façon de s’habituer aux chaussures à talon, c’est d’en porter tout le temps. CLAUDE HAYMOZ qui nous démarque des autres. Toutefois, des choses beaucoup plus extravagantes se font ailleurs.» Comme ces talons aiguilles fluo que propose le magasin Spotshop. «Pas sûr que Bulle soit tout à fait prêt pour ce genre de chaussures, sourit l’une des collaboratrices. Mais nous en avons déjà vendu quelques-unes!» La boutique attire beaucoup de jeunes pour sa marque phare, Converse. Mais les 2035 ans y trouveront de beaux talons compensés et celles qui sont prêtes à mettre le prix se laisseront séduire par les sublimes chaussures à lacets en cuire, plates ou avec un petit ta- lon, de la marque italienne Pantanetti. Pour un délicieux effet rétro. Chez Dénervaud Chaussures, à Bulle, Romont et Fribourg, on reste plus sage avec des marques axées confort, comme Kickers, Camper ou Gabor. Avec une particularité: «Ce qui marche très bien actuellement, ce sont les chaussures écologiques des Espagnols Naturavista, explique le propriétaire Claude Dénervaud. Les gens ont le souci du commerce éthique. Mais, forcément, les matériaux nobles et une fabrication respectueuse ont un prix.» Pour un look plus urbain, retour chez Vis-à-Vis, qui propose de nombreux modèles à plateau. «Le talon est relativement haut, avec un petit plateau sous le pied qui permet de gagner un ou deux centimètres sur la cambrure, explique Karine Bertherin. Les clientes l’apprécient, car cela reste du talon. Mais plus confortable. Sinon, pour plus de stabilité également, il y a les talons plus carrés ou compensés.» Les sandales, très colorées, sont plates ou totalement compensées. «Ce qui marche bien, aussi, ce sont les sleepers, un modèle entre le mocassin et la ballerine, poursuit Karine Bertherin. Et les derbies restent très tendance.» Depuis quelques printemps, on trouve éga- lement la bottine d’été en cuir ou en daim troué. Une belle chaussure en cuir, bien faite et produite en Europe, restera sans comparaison possible avec le bas de gamme bon marché. «Une fois qu’on a acheté une chaussure de marque, on se rend compte du confort et de l’élégance, souligne Claudine Bernasconi. Les clientes préféreront acheter moins de modèles, mais de la qualité.» Un ou deux coups de retard Reste que la grande tendance actuelle est «la juxtaposition des tendances», remarque Claude Dénervaud. Qui s’explique: «Les leaders d’opinion que l’on voit à la télévision ou dans les maga- zines se jettent sur les nouveautés tous les six mois. Les clientes, elles, attendent que le style soit vraiment adopté pour s’y mettre. Alors, comme elles ont souvent un ou deux coups de retard, elles portent plusieurs styles en même temps.» Et puis, aujourd’hui, plus personne n’a envie de se cantonner à une seule étiquette. Mamans, amantes, filles de ou bonnes copines, les femmes sont tout à la fois et multiplient les facettes. Normal, dès lors, qu’elles changent de rôle comme de chaussures. En plus, c’est une excellente raison pour continuer d’en acheter, même quand cette foutue armoire déborde… ■ Elles trichent, les Anglaises La nouvelle a fait l’effet d’une bombe: Sarah Jessica Parker ne peut plus porter de talons hauts. Comme quoi les Manolo Blahnik de 12 centimètres n’ont pas eu que du bon pour la cultissime interprète de Carrie Bradshaw dans Sex and the City, dont les pieds sont déformés par le temps. Un os aurait même poussé, obligeant la New-Yorkaise à garder les talons sur terre dans des baskets. Longtemps réservés au monde de la nuit, soirées mondaines ou grandes occasions, les talons hauts sortent désormais dans la rue et en plein jour. Aujourd’hui, les jeunes filles s’y mettent dès l’adolescence. Même les traditionnelles baskets se sont vu pousser une protubérance au niveau du talon (à noter qu’on a rarement vu chaussures plus moches). Les talons allongent les jambes et affinent la silhouette. La démarche est plus chaloupée, sexy. Dilemme: on porte des talons pour faire de l’effet mais, très souvent, ils sont une telle torture pour les pieds que, au lieu de chalouper dans un bar, celles qui en portent recherchent désespérément une chaise pour s’asseoir. Tant pis pour l’effet jambes interminables. Pour Karine Bertherin, propriétaire du magasin Vis-à-Vis, la qualité de la chaussure compte autant que la hauteur du talon dans le confort. «Cela se passe au niveau de la cambrure du pied. Le confort est bien plus grand dans une chaussure de qualité que dans une chaussure mal adaptée. C’est là où les marques italiennes sont très fortes.» Reste que la meilleure technique est encore d’y aller par palier. «On commence par de petits talons et on augmente au fur et à mesure, poursuit Karine Bertherin. Et puis, il faut en porter régulièrement pour que le pied s’habitue.» Les chaussures à plateformes, qui reviennent en force, même auprès des marques de haute couture, permettent de tricher. L’effet longues jambes élancées est le même avec une semelle quasi plate. Sinon, en soirée, il reste toujours la solution de la paire de ballerines dans le sac, qu’on chaussera quand la douleur deviendra insupportable. Opération Loub Job par injection Mais comme rien ne remplace le fantasme du talon aiguille et que l’effet des demi-semelles en gel pour soulager est tout relatif, la chirurgie esthétique s’est vite engouffrée dans la brèche. Après des opérations de rabotage des os, voici venu le temps des injections dans la plante du pied, au talon et dans les orteils, afin de les rendre plus résistants. Une opération surnommée Loub Job, en référence à la célèbre marque à semelle rouge du Français Christian Louboutin. Un article du Daily Mail rapporte que ces injections ont augmenté de 21% au Royaume-Uni où, plus qu’ailleurs, le talon se porte haut, très haut. Pour qui est jamais sorti à Londres, les Anglaises semblaient avoir deux superpouvoirs: celui de se promener en minijupe décolletée en plein hiver sans choper la mort, et de danser toute la nuit perchée sur des talons aiguilles. Voilà donc un de leur secret révélé. KA