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1€ Sujets locaux & esprit critique - Grenoble & sa cuvette Parution à l’improviste - n° 9 - Mars 2011 Carignon est encore dans la cuvette Page 4 Villeneuve «Tout le monde s’est bien servi de cette histoire ». Entretien avec la tante et la mère de Karim B. Page 6 Giant / Grenoble Presqu’île Visite guidée d’une presqu’île austère Page 8 b Edito a Contre le laboratoire sécuritaire V ous habitez un quartier sans caméra de vidéosurveillance ? Ne vous inquiétez pas, cela ne va pas durer. Depuis un an les globes haut-perchés envahissent progressivement tous les recoins de Grenoble et son agglomération. Après avoir jalonné le parcours des manifestations l’année dernière, des caméras poussent actuellement au Jardin de Ville et dans les quartiers Capuche et Village Olympique. Les mairies de Fontaine, Sassenage ou Seyssinet-Pariset suivent l’exemple de leur voisin Echirolles et sont en train de s’équiper. La municipalité de Grenoble veut en mettre prochainement sur chaque école, chaque centre social et chaque bibliothèque. Et elle continue d’en installer en douce, sans rien dire, comme récemment sur la place Saint-Bruno. Voilà qui doit faire plaisir au chef de la police Hortefeux. Ce copain du repris de justice Carignon a annoncé en décembre dernier - alors qu’il venait inaugurer une force anti-émeutes inédite (l’Umir) - son intention de transformer Grenoble en « laboratoire » des politiques sécuritaires. Changement d’époque : il y a trente ans, Grenoble, ville « Compagnon de la Libération » se voulait un « laboratoire social », ou s’expérimentaient d’autres façons de vivre ; elle est aujourd’hui un laboratoire sécuritaire, où s’expérimentent d’autres façons de faire taire les pauvres et les contestataires. Une mission acceptée sans rechigner par le maire Destot et son dauphin Safar, trop heureux de montrer que les socialistes sont aussi doués que la droite en matière de répression. Nous voilà transformés en cobayes, sommés d’accepter sans broncher la déferlante de cowboys. De notre attitude dépendra en partie l’exportation du « savoir-faire » grenoblois au reste de la France et du monde. Il nous reste donc à expérimenter une résistance efficace. Le Daubé s’acharne « Le football avait avant tout un rôle social et pas un rôle promotionnel pour une ville. » Des fois, les commentaires politiques les plus intéressants proviennent de là où on ne les attend pas. JeanMichel Larqué, le plus célèbre des commentateurs de football, vient de faire à propos de l’origine du GF 38, l’analyse la plus clairvoyante que l’on ait entendue ces dernières années. Ça se passe dans le Mag2Lyon de février 2011. « Question : Comment expliquer l’évolution du GF38 ? Jean-Michel Larqué : Pour moi c’est un énorme gâchis. Quand on évoque ce club, j’ai tout de suite une pensée pour le docteur Paul Elkaim que j’ai bien connu et qui est maintenant décédé. Il était président du club de Norcap. Un très bon club amateur qui jouait un rôle social évident dans cette ville. Un endroit où les jeunes venaient même faire leurs devoirs. Mais en 1997, tout a basculé quand le maire de Grenoble, Michel Destot, est allé le voir pour lui dire que l’autre club de la ville, l’Olympique Grenoble Isère, manquait de moyens et allait disparaître. Il a donc demandé à ce que les deux clubs fusionnent. Q : Et Paul Elkaim a accepté ? JML : On ne lui a pas laissé le choix ! Il était contre cette fusion car pour lui, le football avait avant tout un rôle social et pas un rôle promotionnel pour une ville. Mais s’il n’acceptait pas, on lui enlevait toutes ses subventions. En lui faisant clairement comprendre que ce serait beaucoup plus difficile pour lui et son club. Il a donc accepté sous la contrainte. Il a même été président de ce club. Mais il a vite été mal à l’aise quand la ville lui a annoncé qu’elle voulait faire du GF38 un club professionnel. Et il est parti. Q : Cette fusion a changé quoi ? Le problème, c’est que la ville a cru pouvoir faire un club plus fort en fusionnant ces deux entités. Avec deux fois plus de licenciés, deux fois plus de spectateurs... Mais au final, Norcap a souffert de cette fusion. Alors que c’était sûrement le plus important des deux clubs. Quelques joueurs ont réussi à intégrer le GF38, mais ils se retrouvaient majoritairement en équipe B. Bref, cette fusion, c’était une fausse bonne idée surtout quand on voit où ils en sont aujourd’hui. (…) » L’affaire remonte au printemps 2008 : deux gratte-papier du Daubé, spécialistes des fait-divers, Denis Masliah et Vanessa Laime, portent plainte pour « diffamation » contre le site de publication ouverte Indymedia Grenoble suite à deux articles publiés sur ce site, qui les ont un peu égratignés (pas méchamment, juste en faisant état de leur proximité avec la police et en les qualifiant de « serviles »). S’ensuit plus d’un an d’enquête de la gendarmerie nationale afin de retrouver le directeur de publication d’Indymedia Grenoble. Résultat : malgré d’importants moyens et plusieurs perquisitions, les gendarmes font chou blanc et closent l’enquête l’hiver dernier. On croyait alors avoir atteint l’épilogue de cette offensive journalistico-policière. C’était sans compter sur l’acharnement des deux scribouillards qui mettent bien plus d’énergie dans la poursuite des contestataires que dans la réalisation d’enquêtes. Globenet, ancien hébergeur d’Indymedia, a donc été assigné en référé par Laime et Masliah et le procès s’est déroulé le 20 novembre dernier. On attend toujours le rendu. Par ailleurs « Milles babords » et « Lelaboratoire », deux sites Internet ayant publié en mai 2008 « Nous, on veut vivre », le premier texte incriminé, ont récemment reçu une « mise en demeure » pour le retirer de leur site. Au Daubé, les mauvaises blagues n’ont pas de fin. Une ville de 200 kilomètres de long Connaissez-vous le projet de Sillon Alpin, cette continuité urbaine de Genève à Valence voulue par les décideurs afin de pouvoir « peser dans la compétition internationale » (voir Le Postillon n°3) ? Ce projet avance : bientôt les agriculteurs seront une espèce en voie de disparition dans nos contrées. Explication par l’Insee : « ‘‘ La quasi-totalité des communes de l’Isère de plus de 10 000 habitants sont en vrai déficit d’attractivité ’’ explique Jérôme Harnois, directeur adjoint de l’Insee Rhône-Alpes. Cet essoufflement dans les grandes villes est tellement net que si la tendance se poursuit, le département, qui voit ses zones d’habitations se resserrer de plus en plus, pourrait perdre ses derniers kilomètres d’espace rural d’ici quinze à vingt ans.» (20 minutes, 19/01/2011) « L’Isère passerait entre 2007 et 2040 de 1 178 700 à 1 501 800 soit 323 100 habitants en plus (+27,4 %). (...) La densité moyenne de la population dépasserait les 200 habitants au km2. » (Le Daubé, 9/12/2010) LA place Saint-Bruno sous surveillance Le Jean-Pierre Pernault de la cuvette Chacun a les brosses à reluire qu’il mérite. Alors que Sarkozy peut compter sur Jean-Pierre Pernault pour lui cirer les pompes, Michel Destot dispose – entre autres – de Christophe Revil, de TéléGrenoble. Le 7 janvier dernier, Destot, invité sur le plateau de la télé locale, a pu compter sur le « journaliste », par ailleurs adjoint à la communication de la ville de Claix, pour des questions inoffensives et des relances du type : « Ah Un message qui redonne le moral ». Il lui a donc rendu la monnaie de sa pièce en le flattant au-delà de toute vraisemblance : « Christophe Revil, vous êtes un grand journaliste, vous posez évidemment les questions les plus importantes et je vous remercie d’aborder cette question tout à fait essentielle.» Ces deux là vont-ils se balader en montagne ensemble, comme Michel Destot le faisait en 2006 avec Thibault Leduc, l’autre « grand journaliste » de TéléGrenoble ? Car on se demande bien où Christope Revil pioche l’inspiration pour trouver « les questions les plus importantes ». La Marianne d’or, un prix insignifiant Le grand bal des prix pipés continue pour Grenoble et son mandarin. Destot s’est vanté d’avoir reçu fin 2010 la « Marianne d’Or 2010 du Développement Durable », comme s’il s’agissait d’une grande performance. Or ce trophée a l’air d’être – au mieux – une bonne plaisanterie. Il s’agit essentiellement le passe-temps d’un seul homme Alain Trampoglieri, qui distribue des trophées comme d’autres racontent des blagues, c’est-à-dire quasi-exclusivement à ses amis. Aidé par un jury de maires, il a remis cette année des « Marianne du Développement Durable » à une vingtaine de maires, dont d’incontestables écologistes comme Patrick Balkany (maire UMP de Levallois-Perret) ou Xavier Bertrand (maire UMP de Saint-Quentin). Autant dire que le bien-fondé de ses choix est incontestable surtout quand on se souvient qu’il avait remis, en 1984, une « Marianne d’Or de la Démocratie locale » pour la communication municipale de Carignon, qui sera quelques années plus tard mise en cause judiciairement... Rappelons également qu’en 2009, Destot avait reçu avec fierté des mains de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, le « Grand prix écoquartiers » pour la caserne de Bonne, ce qui avait suscité moult articles élogieux dans les médias. Aucun n’avait cependant trouvé bon de se pencher sur la composition du jury, qui contenait, outre de grandes entreprises à la conviction écologiste profonde (EDF, Veolia, la Lyonnaise des Eaux,....), un architecte payé par la ville de Grenoble, deux adjoints municipaux et... Destot en personne. (voir Le Postillon n°3, décembre 2009). Ça pousse, ça pousse. Alors que les caméras « annoncées » au Jardin de Ville, à la Capuche et au Village Olympique sont en train d’être installées, une autre nouvelle, « surprise », vient d’être installée sur la place Saint-Bruno, à l’angle avec la rue Michelet. C’est-à-dire qu’elle peut surveiller, outre les terrasses des bars, toute la place du marché. Comme pour les 16 de l’année dernière (notamment mises en place sur le parcours des manifestations), cette caméra est installée sans aucune annonce ni communication préalable. On attend avec impatience les justifications des élus de ce passage en force, l’invocation du comité d’éthique d’accord sur tout ou la promesse d’un débat participatif deux ans plus tard. Safar, sécuritaire en chef à la mairie de Grenoble, n’avait en tout cas jamais parlé d’en installer à Saint-Bruno. Il avait simplement prévenu, l’année dernière : « On va pas mettre des caméras partout, je le dis très franchement. En revanche on va en mettre dans tous les secteurs de la ville » (France Bleu, 1/03/2010). Paris tenu. Histoire en quatre actes I.Sur la page Wikipédia du Dauphiné Libéré, il y a une bibliographie. Dans cette bibliographie figurent les références du bouquin Pourquoi Le Daubé est-il daubé ? publié par Le Postillon (éditions Le monde à l’envers). II. Le 20/01/2011, un utilisateur anonyme supprime cette référence hautement subversive de la page wikipédia. L’adresse IP de l’utilisateur reste conservée sur la page : 195.25.213.225. III. A qui appartient l’IP 195.25.213.225 ? On demande au site internet http://whois.domaintools.com, qui répond : inetnum: 195.25.213.224 - 195.25.213.255 netname: FR-DAUPHINE-LIBERE descr: DAUPHINE LIBERE descr: Zi Veurey descr: 38913 Veurey IV. Moralité : Le Daubé est vraiment daubé. Photo de cette double page : une des caméras du Jardin de Ville. Photos de la Une : Alain Carignon /// clôtures autour du CEA-Grenoble. I Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 La subvention au culot Voilà la carte postale qu’on s’arrache à Grenoble en ce début d’année 2011 et l’explication de l’artiste, Stéphane D., l’artiste qui l’a conçue : « En 2010, j’ai reçu de ma ville, Grenoble, 2000 euros pour être un jeune artiste. La condition étant d’inclure le logo de la ville sur chacune des communications à propos de mon travail. Puisque je suis mon propre support de communication et œuvre d’art, j’ai fait ce tatouage et l’ai imprimé sur carte postale. J’ai utilisé l’argent restant pour remplir mon frigo ». concours de la meilleure inscription murale Grève à la ville de Grenoble A la ville de Grenoble, c’est comme au niveau national : on parle surtout de sécurité, de sécurité et de sécurité. Depuis plus d’un an, pas un mois ne passe sans que l’on entende parler des policiers municipaux : de leur grève pour demander plus de moyens, de l’extension de leurs horaires, de l’augmentation de leurs effectifs, de leur possible armement... Et pourtant les policiers municipaux, qui sont une centaine, ne représentent qu’une petite partie du personnel municipal (3000 personnes employées par la ville de Grenoble et 1500 par le CCAS). Les autres employés seraient-ils heureux et satisfaits de leurs conditions de travail ? Le 6 janvier dernier, environ 150 d’entre eux faisaient grève dans l’indifférence médiatique presque générale (seule France3 en a parlé). L’occasion pour Le Postillon de discuter avec Joe et Averell (*), deux employés municipaux grévistes : « La grève. On a fait grève pour la revalorisation du régime indemnitaire. Chaque municipalité a la possibilité d’augmenter la prime du régime indemnitaire. C’est une prime qui est différente selon les villes, c’est des choix politiques. Nous ce qu’on demandait c’était l’alignement sur La Métro. Mais les chefs refusaient en comparant à d’autres villes qui touchaient moins, comme SaintEtienne, mais là-bas le coût de la vie est beaucoup moins cher. A Grenoble les loyers sont chers, le coût de la vie est cher. Beaucoup de salaires tournent autour de 1200 euros, sauf toutes les personnes qui travaillent à temps noncomplet. 90 % des agents à temps non-complet sont des femmes. (...) C’est une grosse précarité. C’est des petits salaires, notamment dans les écoles, pour les personnes qui servent les enfants. (...) Ce qu’on a obtenu avec ce jour de grève, c’est une augmentation progressive de entre 10 et 15 euros par mois tous les ans. C’est vraiment pas grand-chose, surtout que ça va juste compenser ce qu’on va perdre avec l’alignement des points retraite.» Les espaces verts. «La ville tourne à flux constant. C’est à dire que quand ils ont besoin de personnes à la PU (Propreté Urbaine) ils vont les prendre sur les autres services mais ne vont pas faire de création de postes. Et donc il va y avoir un manque quelque part. (…) Au service espace verts on était 220 il y a une dizaine d’années, et là on est entre 190 et 200. Vu qu’ils n’arrivent pas à satisfaire les besoins qu’il y a dans tous les services, ils essayent de limiter les dégâts pour que ce ne soit pas visible. (..) Pour le service espace verts ils savent très bien qu’on n’a pas d’impact parce que si on fait grève, tout le monde s’en fout. Une fois, on avait fait un groupe pour porter des revendications spécifiques à notre service. On était montés au premier étage de la mairie, on tapait sur les murs mais ils ne voulaient pas nous recevoir. Le chef du cabinet du maire est sorti il gueulait dans tous les sens, c’était la grosse panique. Salat [NDR : l’adjointe en charge du personnel] nous a engueulés après coup en disant qu’on était des brigands. (...) On demandait plus de reconnaissance pour notre métier, que les heures de nuit soient comptabilisées, que les primes soient assumées... plein de trucs comme ça qui nous sont dûs. Une remise à niveau entre la réalité du travail de maintenant, et sur quoi ça avait été tablé avant. Parce que les espaces verts ça devient de plus en plus de la propreté, on passe beaucoup de temps à enlever des poubelles. Depuis ils ont décidé de faire un audit sur notre fonctionnement, comme ça s’est fait dans d’autres services. L’idée de ces audits, c’est d’optimiser le fonctionnement. Pour moi, c’est l’esprit des entreprises privées, c’est fait pour rentabiliser, pour faire des économies mais on le présente de manière gentille : on fait parler les gens, on fait des réunions, on essaye de le faire doucement. Très souvent c’est une grosse inquiétude pour les agents. Parce qu’au retour des audits ils disent « nous on sait, il faut fonctionner comme ça » mais leur mode de fonctionnement, même s’il est mauvais, on l’aura pendant trente ans. (…) Les réunions, c’est toujours la sensation de pisser dans un violon. Parce que les problèmes ils les connaissent. Ça fait deux ans qu’on leur a apporté tous les éléments, alors s’ils ne comprennent pas pas c’est qu’ils y mettent de la mauvaise volonté. (...)» Le futur. «Au niveau local, comme national, on a du mal à mobiliser, à donner confiance aux autres, leur faire comprendre qu’on peut gagner des choses en faisant un mouvement. Par rapport à tout ce qui va se passer dans les années à venir, il faut construire quelque chose qui puisse porter un combat. » Pascal Garcia, conseiller municipal délégué à la propreté urbaine, continue son combat pour une ville propre et aseptisée, où seules les sucettes de publicité JC Decaux ont droit à la parole. Dans une interview à Grenews (09/02/2011), il rabâche que « les tags dans la ville sont un véritable fléau » et détaille comment la mairie se fait auxiliaire de police et développe un fichier de plus pour cataloguer les méchants tagueurs : « Nous nous sommes donc dotés d’un outil numérique. Chaque tag effacé est répertorié et pris en photo. On constitue un catalogue des dégradations que l’on peut éventuellement transmettre au procureur ».u passage, Pour contrer cette offensive, et parce que nous voulons une ville vivante, où les murs ont la parole, Le Postillon ouvre un concours de la « Meilleure inscription murale » visant à publier dans chaque numéro du Postillon une photo du meilleur tag/pochoir/graffiti/inscription vu sur un des murs de l’agglomération. Les critères de sélection sont totalement subjectifs mais prennent forcément en compte le côté « politique locale ». Pour cette première édition, c’est cet hommage au préfet de l’Isère, Éric Le Douaron, qui a été sélectionné : 59, rue Nicolas Chorier - 38000 Grenoble [email protected] Textes, corections, photos, dessins, criée : Lutopiquant, Sylvain, Larabie, Nardo, Hortense Grancampo, H3A, Martine Delapierre, Benoît Récens, Mister Brown, Pierre Bérégovoy, Pierre Sèche, Père Castor et leurs ami-e-s. Directeur de la publication : Basile Pévin. Le Postillon est édité et diffusé par l’association Le Postillon. Imprimerie Notre-Dame. Le Postillon, ambassadeur grenoblois de la CAPM (Conspiration Anti-Presse Molle). Représente : Article 11, CQFD, La Brique, Le Tigre, La Lettre à Lulu, Fakir, Offensive,... (*) Évidemment, il s’agit de pseudos. Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 I Carignon est encore dans la cuvette Il est peu de sentiment aussi lugubre, humiliant et déconcertant que de tirer sans fin une chasse d’eau, sans pouvoir se débarrasser d’un étron tenace et narquois. On éprouve ce sentiment avec chaque photo ou déclaration d’Alain Carignon dans Le Daubé. Voici un repris de justice, résidant entre Paris et Marrakech, la ville des sybarites et touristes sexuels, n’ayant aucun moyen d’existence connu, qui arrive encore à diriger localement le parti majoritaire et à troubler la vie politique grenobloise sans qu’aucun journaliste ne lui demande d’où viennent ses revenus, ni où il demeure exactement. A défaut, voici un retour sur la carrière d’Alain Carignon, sur ses liens avec Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, et – qui sait ? – sur le rôle qu’il a joué dans la promotion de Grenoble au rang de laboratoire sécuritaire national. Q uel est le point commun entre une dette de 250 000 euros au conseil général de l’Isère, un repas culturel avec Nicolas Sarkozy et Fabrice Luchini, et la récente mise sous tutelle de la fédération iséroise de l’UMP ? Bingo ! Il s’agit d’Alain Carignon, bien entendu ! Avoir un rôle dans des affaires aussi (a)variées, c’est impressionnant n’est-ce pas ? C’est que Carignon est un renard politique hors du commun. Étudions donc l’histoire et les évolutions récentes de cet animal. Années 1960. Carignon, né en 1949 et résidant à Saint-Martin-d’Hères, fait ses premières armes politiques en conspuant les jeunes de son âge lors des « évènements » de Mai 68 et en clamant une admiration éperdue au Général. Il s’implique dans la vie locale de droite et fait quelques piges au Daubé, où travaille son père. En 1969, le soir du référendum perdu par De Gaulle, il pleure dans les salons de la Préfecture. C’est lui qui le dit. 1986. A ce poste, qu’il quitte en 1988, il restera « l’homme qui a arrêté le nuage de Tchernobyl à la frontière ». Une petite anecdote datant de 1987 : Carignon était mécontent de la gestion de la Maison de la Culture, pas assez conciliante avec ses amis artistes. Un beau jour de novembre, il invite 200 de ses proches à adhérer à l’association de gestion de la Maison de la culture le jour même de l’assemblée générale. Pendant la séance, la liste conduite par son adjoint à la culture Henri Baile conquiert 14 sièges et prend le contrôle de l’association. Souvenez-vous de cette combine, on en reparle plus tard. (1) Années 1980. Décennie de la gloire. A la surprise générale, Carignon chasse le vieux Dubedout de la mairie en 1983 et dans son élan devient député et président du conseil général en 1986. Outre son opiniâtreté, on loue son sens de la communication, ses nouvelles techniques publicitaires, son utilisation précoce des sondages et quelques techniques ingénieuses comme l’utilisation de la rumeur raciste (« Dubedout aurait une mère kabyle ») ou le téléguidage d’une fausse liste « VERTE » pour contrer le poids des écolos. L’écologie justement, il la connaît si bien – en tant qu’ancien salarié de la chambre de commerce et d’industrie – qu’il devient ministre de l’Environnement en Années 1990 C’est une décennie sacrément moche pour Carignon. En 1994, au sommet de sa gloire, alors qu’il est ministre de la Communication sous Balladur, il est mis en examen par le juge Courroye et contraint de démissionner. C’est la période des « affaires ». La suite est triste : procès pour « corruption, recel d’abus de biens sociaux et subornation de témoins » ; condamnation pour avoir, selon le tribunal correctionnel de Lyon, « commis l’acte le plus grave pour un élu, vendre une parcelle de son pouvoir à des groupes privés et en accepter des avantages considérables » ; 29 mois de prison – record pour un homme politique en France ; les médias le diabolisent ; ses amis l’oublient sauf... devinez qui ? « Nicolas Sarkozy est à peu près le seul à m’avoir conservé son amitié » (Le Parisien, 23/02/2001). Carignon aime beaucoup Nicolas Sarkozy et dans le livre qu’il écrit en prison, Une saison dans la nuit, il se souvient d’un beau moment partagé : « Un soir de janvier 1994, Cécilia et Nicolas Sarkozy ont réuni quelques amis avec Didier Barbelivien à la guitare. Remontait en moi le souvenir des feux de camp en pleine nature où, pour se réchauffer, on chantait à la veillée. Étrangement ce soir-là, il y avait la même fraternité chaude, exaltée par les belles chansons populaires dont le ministre du Budget connaît toutes les paroles. Nous étions comme des adolescents pour lesquels la vie s’ouvre, nous ne voulions pas que la vie finisse. » (2) Dans ce même livre, il se défend d’avoir possédé une garçonnière dans les locaux du conseil général de l’Isère. Carignon retrouve sa liberté en 1998 et pour fêter ça emménage dans un riad de Marrakech, ce qui suscite des jalou- Alain Carignon conseille Brice Hortefeux. Alain Carignon donne des idées à Nicolas Sarkozy. Années 1970. C’est la décennie des défaites pour Carignon, qui subit cinq revers électoraux mais parvient tout de même à se faire élire conseiller général. Obstiné, il travaille d’arrache-pied à son futur, en multipliant les portes à portes et en construisant des réseaux à partir de son poste de communicant à la chambre de commerce et d’industrie. Il commence à fréquenter les « grands » de la droite nationale et porte fièrement une crotte de moustache afin de se vieillir. I Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 sies, même des années plus tard : « ‘‘Il a une superbe baraque avec domestiques à Marrakech !’’ s’étrangle un cacique isérois de l’UMP. » (Le Canard Enchaîné, 24/02/2010) 2000 - 2001 Carignon travaille à Alcarena, une société parisienne spécialisée, selon ses termes, dans « les conseils pour les affaires et la gestion ». C’est vrai que Carignon en connaît un rayon dans ces deux domaines et qu’il a plein de conseils à donner – quoique peut-être plus dans les affaires que dans la gestion. Carignon travaille donc à Paris, vit au Maroc mais pense à son retour en politique... à Grenoble. « Un journaliste grenoblois confirme : ‘‘tous ses réseaux grenoblois sont prêts à fonctionner : à la chambre de commerce, au DL, au conseil général et même à la mairie ou beaucoup de types lui doivent leur carrière.’’ » (Objectifs Rhône-Alpes, janvier 2001). Mais pour l’instant il est toujours inéligible alors il se prépare et définit sa vision de la politique dans une tribune publiée dans Le Figaro (22/12/2000) : « Contre la transparence, pour l’oubli ». 2002 - 2003 Ça y est ! Carignon est de nouveau éligible et réadhère à l’UMP 38, malgré quelques réticences internes. Il jure n’avoir « aucune ambition si ce n’est celle de servir la droite locale » (Le Monde, 8/02/2003). Mais finalement il se dit que pour mieux la servir il doit être chef, alors il prépare son élection à la tête de l’UMP 38. Vous vous souvenez de l’épisode de la Maison de la Culture en 1987 ? C’est une méthode qui gagne, il n’en change pas : « Les rangs de l’UMP sont passés de 1 200 noms (ex-RPR, UDF et DL cumulés) à près de 3 200 adhérents. Les fidèles de l’ancien ministre, jusque-là regroupés dans une association, ont pris d’assaut l’UMP. » (Libération, 11/04/2003). Bien entendu, cette façon de faire provoque des protestations, mais il sait y répondre habilement : « ‘‘Toi, on va te casser les deux bras et les deux jambes avec une batte de base-ball’’ dit un proche de l’ancien maire à Fabrice Marchiol, rival de Carignon dans l’élection à la présidence de l’UMP Isère. » (Libération, 11/04/2003). Carignon dispose de copains fidèles toujours prêts à filer un coup de main. Ils avaient déjà échangé quelques amabilités avec des empêcheurs de magouiller en rond dans les années 1990. Alain Carignon mondanise avec Bernard-Henri Lévy et Arielle Dombasle. Au bout du compte, Carignon prend la tête, non pas de Marchiol, mais de l’UMP 38. Une belle leçon car « comme il le dit lui-même en substance : ‘‘faudrait pas confondre morale et efficacité politique ’’ » (Le Daubé, 3/12/2002). 2004 – 2005 Carignon fait pression sur ses amis Sarkozy et Hortefeux pour désigner son poulain isérois, Fabien de Sans Nicolas, à la présidence des jeunes UMP. Sinon, il prépare les futures élections en cultivant la poésie : « Je suis à un âge où l’on n’échange pas sa vie contre une autre. La mienne est ce qu’elle est avec des joies élevées et des férocités importantes. Ces différentes strates produisent une sensibilité humaine, peut-être trop élevée d’ailleurs, je souffre qu’il n’y ait pas assez d’humanité dans la politique et que la politique ne mette pas assez d’humanité dans la vie » (Le Daubé, 6/10/2005). 2006 - 2007 Carignon veut maintenant être élu par le peuple tout entier. Il se dit que la première circonscription de l’Isère – taillée sur mesure pour lui et pour la droite par son ami Charles Pasqua en 1986 – est le territoire propice. Elle englobe une partie de Grenoble et les riches communes de Meylan, La Tronche, Corenc, Saint-Ismier, où plein d’amis de Carignon résident. Le problème, c’est que Richard Cazenave, son ancien ami et suppléant qui a pris sa place quand il était en prison, ne veut pas la lui rendre. Quel manque de savoir-vivre ! « M. Carignon a rappelé sèchement à son ex-suppléant, que ‘‘ cette circonscription a été faite pour moi ’’ et qu’il existe ‘‘ une éthique de la fonction de suppléant ’’ » (Le Point, 02/03/2006). Mais Cazenave s’obstine. Alors Carignon prépare l’investiture par les militants avec... la méthode qui gagne ! « Cazenave évoque ‘‘un afflux massif d’adhérents qui s’est produit de manière très saisonnière... J’ai pensé que c’était peut-être des intermittents politiques’’ » (Le Daubé, 11/03/2006). « Les premiers [les amis de Carignon] ont adhéré en masse. 1 700 adhérents dans la 1ère circonscription qui n’en dénombre habituellement que 700. Quant aux effectifs départementaux, ils ont crû de 45% par rapport à 2004, pour atteindre 4 500 adhérents » (Le Point, 2/03/2006). Carignon est donc désigné par l’UMP pour les législatives de 2007, mais Cazenave maintient sa candidature et la droite se prend une gamelle dans une circonscription réputée imprenable par la gauche. Au second tour, Cazenave et d’autres anciens amis comme De Longevialle appellent à voter contre Carignon, qui ne récolte que 36% face à la candidate socialiste Geneviève Fioraso. Quoi que cette dernière s’entende très bien avec les patrons, c’est quand même une défaite en rase campagne pour Carignon, qui du coup renonce à se présenter aux municipales de 2007. Beaucoup croient à la fin de sa vie politique. Mais son ami Brice Hortefeux, venu le soutenir avant les élections, est d’un autre avis : « Regardez le, sa carrure est modeste mais elle masque ce que La Fontaine avait écrit sur le roseau qui plie mais ne rompt pas » (Le Daubé, 8/06/2007). Pour remercier Brice Hortefeux de ce compliment, Carignon l’invite « à Marrakech dans le riad que possède son épouse Jacqueline et où il a reçu Brice Hortefeux pour le réveillon du 31 décembre » (Le Parisien, 11/02/2008). 2008 N’ayant plus d’amis à faire adhérer à l’UMP, Carignon finit par perdre la présidence de l’UMP face à Michel Savin en décembre 2008. Son nouveau poulain (il en a une écurie), Julien Polat, devient secrétaire départemental. Carignon n’a alors plus aucune fonction. 2009 Carignon refait parler de lui : « Il est vrai que Nicolas Sarkozy veut me confier une mission. Pour l’instant il y a deux hypothèses, mais je ne peux pas en dire plus. Le président est à la recherche d’énergies. Il connaît mon bilan à Grenoble et en Isère (...). Il connaît mon dynamisme, mon énergie, ma créativité... » (Le Daubé, 24/06/2009). On allait ajouter : « et ma modestie ». Son dynamisme, son énergie et sa créativité, sont mis au service de son ami Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur. « L’ancien maire de Grenoble se présente comme «conseiller politique à titre amical», «une fonction bénévole». Au ministère de l’Intérieur, on précise que M. Carignon n’a reçu aucune mission, ne figure pas dans l’organigramme, mais joue le rôle de «visiteur du soir», de «boîtes à idées», à la manière d’un Alain Minc auprès de Nicolas Sarkozy » (Le Monde, 28/11/2009). 2010 Carignon a reçu plusieurs missions « amicales » et « bénévoles » de Brice Hortefeux, comme le pilotage du « Club du Panache », fan-club d’intellectuels (Alain Finkielkraut, Marek Halter, Michèle Tribalat, etc.) autour du ministre de l’Intérieur (Le Figaro, 15/10/2010) ; ou « rapprocher les jeunes et la police dans les quartiers dits difficiles. » (Le Daubé, 23/10/2009). Coïncidence : quelques faits divers et les « évènements de la Villeneuve » donnent à Brice Hortefeux l’occasion de venir cinq fois à Grenoble entre avril et décembre 2010, et à Nicolas Sarkozy celle de venir prononcer à Grenoble son fameux discours, rempli d’amour et de volontarisme. Carignon qui, bien entendu, n’est pour rien dans cette soudaine passion gouvernementale pour Grenoble, profite de l’occasion. Il est « toujours resté à l’écart des opportunistes » (3) et c’est pour ça que le 3 août 2010, quatre jours après la venue de Sarkozy, il organise une conférence de presse pour critiquer la politique de la municipalité Destot. Un mois plus tard, le 4 septembre, il réunit 150 militants UMP dans un meeting à Fontaine pour clamer que « Grenoble est malade » et dresser une « liste des mesures à prendre pour “guérir” la ville » (Le Daubé, 5/09/2010). Carignon prépare-t-il un deuxième retour grenoblois ? Suspens terrible. Mais encore une fois, un obstacle surgit : Michel Savin démissionne de l’UMP 38 et s’en prend à lui. « A peine élu, il y a deux ans, l’ancien patron de l’UMP 38 s’interroge sur la formidable vitalité de son parti dans la région, passé de 3 000 à plus de 6 000 adhérents en quelques années. Un courrier est donc envoyé à ces militants, mais La Poste retourne 650 lettres à l’UMP. Dans le même temps, 200 adresses de proches de Carignon sont passées au crible. Tollé. La direction nationale ordonne de mettre fin à cette odieuse inquisition. (…) Alain Carignon avoue vivre lui-même à Meylan, dans une propriété familiale. Le problème c’est qu’il est inconnu des services communaux. Si l’on en croit la liste UMP, sept membres de sa famille résident avec lui. Comme Mme Carignon mère, jointe à son domicile... dans les Alpes Maritimes, et qui répond aimablement : ‘‘ Oh non ! Je ne vote pas dans ces choses-là moi. J’ai 89 ans...’’ Face aux attaques, Carignon fils répète qu’il n’est ‘‘ candidat à rien ’’. ‘‘ Il a activé ses réseaux, mais lui reste dans l’ombre ’’, explique un adversaire peu charitable. » (Le Canard Enchaîné, 6/10/2010 ) Cette fois, c’est un peu trop pour Sarkozy, qui se fâche : « La fédération iséroise de l’UMP mise sous tutelle par Sarkozy. » (Le Daubé, 30/11/2010). « Le Président ne veut plus que Carignon s’occupe de l’Isère. (…) Lors de plusieurs réunions avec l’étatmajor de l’UMP, Nicolas Sarkozy a été clair : ‘‘La page doit être tournée. On lui a donné sa chance. On a vu le résultat. Il n’a plus à s’en mêler’’ » (L’Express, 15/12/2010). Mais après lui avoir enlevé son jouet isérois, le Président prend bien soin de lui confier une nouvelle occupation : « Soucieux de redorer, voire de faire exister son blason culturel, Nicolas Sarkozy reçoit en effet beaucoup d’intellectuels à déjeuner. Le Président de la république a en tout cas confié l’organisation de ces rendez-vous à son ‘‘ ami Alain Carignon ’’. Dernier rendez-vous en date, fin novembre, avec Fabrice Luchini. Qui, contacté par nos soins, n’en revenait pas ! ‘‘C’était un déjeuner très intéressant et je lui ai récité Conseil tenu par les rats de la Fontaine, s’amusait le comédien (…). Fabrice Luchini, qui partage avec Nicolas Sarkozy l’amour de Louis-Ferdinand Céline, succède donc aux journalistes Éric Zemmour et Yann Moix. Ce dernier ne tarit en l’occurrence pas d’éloges sur… Alain Carignon !(...) » (Le Daubé, 4/12/2010). « Passionné par le débat d’idées, propriétaire d’un carnet d’adresses d’une richesse insoupçonnée, celui qui a rêvé d’être ministre de la Culture [NDR : Carignon] s’est inventé une mission : renverser un air du temps anti-Sarkozy. (…) ‘’Il ne s’agit pas de créer un comité de soutien, assure-t-il. Bientôt, le Président devra à nouveau enchanter les Français. Pour construire cette part de rêve dans sa tête, il faudra qu’il ait croisé auparavant beaucoup de gens différents ’’ » (L’Express, 15/12/2010). Carignon est donc fier d’être une « boîte à idées » (L’Express, 15/12/2010) pour le président Sarkozy. Cela lui permet de marcher dans les pas d’une de ses idoles, Jérôme Monod, ancien patron de la Lyonnaise des Eaux qui a su largement récompenser Carignon de la privatisation des eaux de Gre- La fameuse moustache d’Alain Carignon. noble en 1989. Voilà 11 ans, ce Monod, qui ne connut pas d’ennuis judiciaires suite à cet échange de services, préparait le président Chirac à la présidentielle de 2002. « Jérôme Monod, un ‘‘fabricant d’idées’’ pour l’Élysée. Ami de «trente ans» de Jacques Chirac, (…) il fait partie du petit cercle de ceux qui «passent» boire un verre avec le Président, le soir ou le dimanche. (…) M. Chirac a besoin de ses réseaux, de sa connaissance des hommes, de son goût pour la ‘‘fabrication des idées’’ » (Le Monde, 7/05/2000) C’est marrant comme certaines trajectoires de vie se ressemblent, non ? Après avoir bien mangé, Carignon passe le réveillon chez lui à Marrakech, ville devenue « the place to be » (L’Express, 13/01/2011) pour les fêtes de fin d’année. Carignon a pu croiser dans les rues de la médina Brice Hortefeux, Hervé Morin, Hélène Ségara, Cécilia Attias, Dominique Bussereau, Pierre Bergé, Jean Sarkozy, Yannick Noah, Alexandre Bompard, Jean-René Fourtou, Jean-Pierre Elkabbach, Guillaume Durand, etc. 2011 Carignon doit payer une amende de près de 300 000 euros au conseil général de l’Isère pour une vieille histoire de corruption dans le « rond-point d’Alpexpo » datant des années 1990. Il n’est pas tout seul, son vieil ami Xavier Péneau, ancien directeur des services au conseil général de l’Isère et nouveau préfet de l’Indre, doit rembourser cette somme « solidairement ». Mais comme Carignon, Péneau n’a pas beaucoup de sous et tous deux ont donc fait intervenir en 2010 des personnalités comme Woerth, Hortefeux ou Lang afin de faire effacer cette fâcheuse dette. Peine perdue, elle vient d’être confirmée par Baroin, le ministre du Budget. Comment va faire Carignon pour payer cette somme ? Devra-t-il vendre son riad à Marrakech, et loger chez son ami et voisin marocain Bernard-Henri Lévy ? Affolés, nous avons voulu aller lui demander et nous sommes rendus au siège de la société Alcarena pour laquelle il travaille. Mais au 1, rue de Stockholm, à Paris 8ème, il n’y aucune trace d’Alcarena, ni à l’extérieur, ni sur les noms de l’interphone. Pas plus de nouvelles sur Internet. Aurait-elle disparu ? Carignon, qui conseille Sarkozy et Hortefeux à « titre bénévole », serait-il au chômage ? Ou à la rue ? Ou à la retraite ? Mais à seulement 61 ans, sans avoir cotisé pendant 29 mois, comment pourrait-il avoir assez d’annuités ? En 1995, Carignon déclarait : « Je ne renoncerai pas à la vie publique tant que mon honnêteté ne sera pas reconnue. » (1) Autant dire que l’on a pas fini d’entendre parler de Carignon, qui « reste passionné par le pouvoir » (L’Express, 15/12/2010). (1) Raymond Avrillier et Philippe Descamps, Le système Carignon, Éditions La Découverte, 1995 (2) Alain Carignon, Une saison dans la nuit, Éditions Grasset, 1995 (3) Alain Carignon, 2011 Demain nous appartient, Éditions Numéris, 2006 ce que vous n’avez pas appris dans cet article... ...ni dans les autres journaux réalisant régulièrement des papiers sur Carignon (Le Daubé, Le Monde, Libération, Le Canard Enchaîné, L’Express, le Point....) Où habite Alain Carignon ? A quoi ressemble sa « luxueuse maison de Marrakech » ? Possède-t-il des appartements à Paris et en Isère ? Si oui, où sont-ils ? Comment gagne-til sa vie ? Quels sont ses revenus ? Avis aux amateurs... Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 I « Tout le monde s’est bien servi de cette histoire. » Entretien avec la tante et la mère de Karim B. Sept mois se sont écoulés depuis les « évènements » de Villeneuve. Suite à la mort de Karim B., tué par la BAC (Brigade Anti-Criminalité) après un braquage, le quartier avait connu trois jours d’émeutes et un état de siège policier inédit. Si la fièvre médiatique s’est estompée, les habitants subissent toujours les retombées de cet emballement sécuritaire. La famille de Karim nous raconte. La mère et la tante de Karim ont participé à l’entretien. Trois autres proches y ont assisté partiellement. La tante de Karim étant l’interlocutrice principale, nous avons synthétisé par commodité le propos en une seule voix, en intégrant les propos des autres lorsqu’il y avait consensus. Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ce qui s’est passé cet été ? P our moi, c’est la police, les « services d’ordre » qui ont provoqué les jeunes. Je suis sûre que s’ils n’étaient pas intervenus le jour même dans le quartier en insultant tout le monde, il ne se serait rien passé. Les jeunes ont réagi à cause des provocations policières. Il faut voir ce qu’ils ont dit quand Karim était par terre, fallait voir ça. Moi-même, j’avais une haine pas possible. Un mépris, il fallait voir ! Il n’y avait pas une intervention de flics sans qu’ils les traitent de « bâtards », ou qu’on entende des « casse-toi de là ou on va te fumer toi aussi ». Ils braquaient les jeunes, n’importe qui… Pour moi, c’est eux qui ont foutu la merde franchement. Les flics impliqués dans la fusillade ont été évacués, et les autres ont débarqué immédiatement… J’étais là quand il y avait le corps. Même pas dix minutes après que le drame se soit passé, j’étais en bas. C’est mon fils qui m’a réveillée. On essayait de couvrir le corps de Karim, pour tenter de calmer le jeu. Calmer les jeunes. Mais non, pour les flics c’était un plaisir qu’on le voit comme ça. Il est resté quand même jusqu’à quatre heures du matin, sans qu’on puisse s’approcher de lui, sans qu’on puisse le couvrir. J’ai vu les pompiers, l’ambulance du côté de la Bruyère. Mais ils ne sont pas intervenus. Le corps de Karim est resté exposé plus de trois heures, aux yeux de tous. Je pense qu’ils savaient très bien pourquoi ils ne laissaient pas intervenir ni les pompiers, ni l’ambulance... Mon fils pleurait, il disait : « Maman, il n’est pas mort, hein, il n’est pas mort. » Moi j’avais compris tout de suite. Ça a été lourd pour tout le monde, aussi bien pour moi que pour tous les proches, mes enfants, les cousins de Karim, son oncle… Il y a quand même des jeunes qui ont assisté à cette scène, dont le petit frère de Karim. Ils sont tous partis en courant de peur. Tu sais, quand ça tire de tous les côtés, tu ne sais pas d’où ça vient. Quand mon fils est arrivé en courant, il a vu son cousin par terre et le flic était encore là. Il a braqué mon fils, qui n’arrivait plus à bouger : « Casse-toi de là ou je te fume toi aussi ». Ils nous ont tiré dessus quand même, à coups de flash-ball. Je suis partie en courant avec ma gandoura, j’ai dû me cacher derrière un mur ! Tout ça pour qu’on se casse. On leur a dit : « Mais ce n’est pas possible, laissez-nous le couvrir… » Et en terme de présence policière ? Je ne te dis pas : hélicoptère, GIPN, GIGN… C’est simple on se serait cru à Beyrouth. Tu ne pouvais pas rentrer. « Pas du quartier ? Non, vous faites demi-tour ! » Franchement c’était un truc de fou. Je sortais de chez moi, pour descendre chez ma voisine qui habite au premier et dans le couloir, je trouvais les flics ! Tu sais c’est impressionnant : avec les casques, les armes et tout, tu te dis : « Oh, on va où là ! » Ça a duré une petite semaine… Pour moi, c’était un an, je I Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 n’en voyais pas la fin. Et il fallait rouler au pas. C’est à peine s’ils ne te tiraient pas dessus, pour te dire de rouler au pas ! Tout le long de l’avenue de la Bruyère, des camions, des camions, des camions ! Ils étaient comme des fourmis. Tu sais, avec les fusils. Je me suis dit : mais ils sont devenus fous ! Toutes les voitures se faisaient fouiller ! Jour et nuit, on n’en pouvait plus. Ils ne nous laissaient pas dormir. T’avais l’impression que l’hélicoptère était à la fenêtre, tu n’avais pas besoin de lumière chez toi, c’était tout éclairé. Ou sinon, ils utilisaient un espèce de spot de lumière posé sur un camion. Les CRS passent, ils avaient un drapeau algérien dans le camion et ils dansaient avec, comme ça. Ils se foutent de la gueule du monde. C’est de la pure provocation ! L’autre soir ils étaient là, dans le jardin, juste pour se faire voir ; ou alors ils tournent par trois, sans raisons particulières, avec un air de défi. Ils ne mettent pas de l’ordre, ils mettent du désordre : c’est pas le service d’ordre, c’est le service désordre ! Ils sont là tous les jours pratiquement. C’est l’UTEQ maintenant qui tourne. Eux, ils ne savent que mettre les petits contre les murs. Les petits partent s’entraîner au foot et les flics les bloquent. Quand tu leur demandes pourquoi ils font ça, ils te disent : « Vous ne savez pas ce qu’il se passe dans le quartier ». Mais qu’est-ce qui se passe dans le quartier ? A les entendre parler on dirait qu’il y a des trucs graves. Bien sûr qu’il y a des trafics souterrains, mais pas grand-chose. Ils disent tous : « Villeneuve, Villeneuve ». C’est facile de salir un quartier. Les bastons au Jardin de ville, la Grande Rue qui crame, on n’en parle pas. Mais dès qu’il s’agit de Villeneuve... Sinon c’est triste. Quand je vois les jeunes, on pense tout Et je te raconte pas les perquisitions, combien on en a vues, le temps à ce qui s’est passé et je repense à lui. Tu sors, tu avec les portes descendues. Des gens qui n’avaient rien à es obligé de penser à ça. Tu les vois les jeunes, ils ne sont voir avec toute cette affaire, des gens qui dormaient, qui se plus pareils. Quand tu vois ton ami d’enfance, avec qui tu as faisaient descendre leur porte à 6h du matin et se faisaient grandi, se faire tuer sous tes yeux, tu ne peux pas oublier une plaquer au sol. Ma voisine c’est pareil, ils ont fait tomber sa scène comme ça. D’ailleurs il y en a plein qui restent toujours porte pour chercher son fils : ils savaient qu’il était incarcéré assis là où y avait le corps de Karim. Ils sont tout le temps depuis huit ans ! Ils ont fait tomber les portes chez ma sœur assis là-bas, moi la première. C’est un besoin que j’ai. : son mari, ils l’ont jeté en l’air comme une marionnette. Ils ont fait tomber les portes chez la voisine aussi. Et l’après-midi même du décès, chez la mère de Karim, ils ont fouillé et ils sont partis. Alors qu’ils savaient très bien qu’il ne vivait pas là. Ils sont quand même rentrés le jour même du deuil ! Sinon, ils ont aussi perquisitionné toute une coursive de l’Arlequin : mon père, qui vient juste d’avoir 90 ans s’est fait perquisitionner ce jour-là, un peu plus et ils lui descendaient sa porte ! Ce jour-là d’ailleurs, ça a été un véritable laboratoire de perquisition à grande échelle. Sinon, une voisine a fait une attaque à cause d’eux ; une autre s’est fait voler 150 La vérité maintenant, c’est que c’est triste. Avant tu les voyais euros dans son sac à main pendant la perquisition. C’est des sur la place du marché, maintenant, il n’y a plus personne voleurs, si si, je t’assure. Une dame qui s’était fait défoncer et il n’y a plus de bar non plus. Le quartier est mort. Tu desla porte leur a demandé qui allait la réparer. Et tu sais ce cends, tu les vois, tous les jeunes traîner. Il n’y a rien ici pour qu’ils ont dit ? « Dites à vos enfants qu’ils vous la payent ». A les aider. Encore avant, il y avait le 110, ils pouvaient aller une autre, ils lui ont même dit, droit dans les yeux : « C’est là-bas, ils faisaient un billard, ils étaient en terrasse, ils rigopas nous » alors qu’ils venaient à peine de défoncer la porte laient, ils se racontaient des conneries. Maintenant il y a la ! Quand ils sont venus chez moi et que je leur ai demandé boulangerie, le taxiphone, le presse-tabac, c’est tout. Tout ce pourquoi ils fouillaient, qu’est ce qu’ils cherchaient, ils m’ont qu’il y a. Pas que pour les jeunes : pour tout le monde, il n’y répondu : « Estimez-vous déjà heureuse qu’on ait sonné ». Il y a rien. C’est fini. De toute façon, c’est eux qui l’ont voulu. en a plein, des exemples comme ça. Moralement, ils nous ont à ton avis pourquoi ils ont fait des cités comme ça, des citétués. Je sais pas comment je fais pour tenir, je ne sais pas com- dortoirs. Ils y ont mis des familles nombreuses, ou difficiles ment je n’ai pas encore atterri chez les fous, franchement ! On : ils savaient très bien. Maintenant j’entends plus mon fils dirait qu’on est de la merde, on a l’impression d’être dans un me dire « on va au foot salle » ou bien « on va au lac ». Du camp. Un peu plus et ils nous mettaient des barbelés autour plus petit au plus grand, tout le monde partait, avant, quand de Villeneuve ! Ils en font trop, franchement. Surtout depuis il y avait Karim. Maintenant je n’entends plus ça. Terminé ! que Sarko a donné le feu vert. C’est de pire en pire. Tu descends en bas, ils sont assis, ils tiennent les murs et ils « Ce jour-là d’ailleurs, ça a été un véritable laboratoire de perquisition à grande échelle. » « Avant tu les voyais sur la place du marché, maintenant, il n’y a plus personne et il n’y a plus de bar non plus. Le quartier est mort ». Qu’est-ce qui a changé à Villeneuve depuis tout ça, dans la vie quotidienne, et par rapport à cette présence policière ? Il y en a moins, mais dès qu’ils interviennent, il y a toujours beaucoup de provocations. Il y a deux jours, il y a un camion de CRS qui s’arrête, il y en a un qui descend et qui chante « les enfants de la patrie » en regardant les jeunes. Ça veut tout dire ça ! Une autre fois, des jeunes étaient assis en bas du 10. subissent les provocations de la police. Et la réaction des habitants depuis ça ? Tous les gens qui ont connu Karim, qui savaient qui il était réellement, tous ces gens-là ont été marqués. Alors oui, les gens qui ne l’ont pas connu, ils vont te dire que c’était un délinquant. Ils vont le pourrir parce qu’ils ne savaient pas qui c’était, cette personne. Tandis que tu descends ici, les commerçants, ils vont t’en dire autant que moi. C’était quelqu’un d’apprécié dans le quartier, ce n’était pas une crapule, comme les médias le présentent. Certains le surnommaient Robin des Bois ! Et puis, il y a ceux qui veulent partir du quartier. Ceux-là, ils n’ont pas essayé de comprendre pourquoi les jeunes ont réagi comme ça. Tout de suite ça a été : « Ils ont brûlé les voitures et patati… » Mais ceux-là, ils étaient enfermés chez eux. S’ils avaient été en bas comme nous, ils auraient vu les provocations, les insultes. Il y a aussi ceux qui se disent : « Si la police vient chez eux, c’est qu’il y a de bonnes raisons. » Et alors même que les jeunes ont été relâchés, ils ne cessent pas de soupçonner ; ces mêmes voisins qui venaient taper à nos portes pour nous demander de la nourriture et autres services, ils nous regardent encore aujourd’hui en chiens de faïence. Faut arrêter d’inventer et de polémiquer comme ça. Les jeunes qui tiennent les bancs ou les murs, donnez-leur des trucs, donnez-leur des formations, des salles. Dans le quartier il n’y a plus rien, il n’y a pas d’association pour eux ; la mission locale, ils ne font que se balader avec leur cartable, ils n’aident pas les jeunes. Par rapport à mon époque, ils ne font plus rien. Tu vas dans tous les autres quartiers de Grenoble, ils ont des salles. Pour le Ramadan, les gens peuvent se réunir, boire un thé, jouer aux cartes. Ici il n’y a rien. C’est normal qu’ils tiennent les murs et les bancs. très bien que c’était lui. Ils auraient pu le cueillir après. Le laisser partir et après le prendre. Il y a plusieurs versions et franchement, toute cette histoire ne tient pas debout. Eux ils disent : « légitime défense ». Karim avait des armes lourdes sur lui. Ils disent qu’il a tiré le premier. On ne saura jamais la vérité. Avec la balle qu’il s’est pris dans le pied, il devait déjà être à terre. Ils avaient les moyens de l’arrêter autrement, sans lui tirer une balle dans la tête. Ils pouvaient tirer sur la voiture, dans les roues. Et encore. Le jeune de Vaulx-en-Velin qui s’est fait tuer en Suisse, ils ont crevé les quatre roues, mais ça ne les a pas empêché de lui tirer une balle dans la tête. Ils veulent tuer. En France, depuis que Sarko leur a donné le feu vert, ils se disent : « c’est de la racaille en moins. On va nettoyer les quartiers à coup de Karcher »; Non, on ne saura jamais la vérité. Karim est parti avec, et le flic a été médaillé. Les poursuites, ça sert probablement à rien. C’est un flic. Mais on veut savoir pourquoi Karim est mort ce soir-là. Et puis, de toute façon, l’enquête n’est pas finie. Ils sont venus chercher mon fils pour des empreintes trouvées sur le sac, parce qu’ils étaient partis en vacances avec. Ils n’ont rien, mais ils cherchent toujours à emmerder. Ils sont allés chez les gens avec ce qu’ils avaient trouvé par terre autour du corps de Karim : vivent dans des résidences, ils ont des bons boulots, leurs enfants vont dans des écoles privées. Les enfants des quartiers difficiles, il y a qui et quoi pour eux, franchement ? Ici, il y a que des gens défavorisés. Ils nous stockent tous dans des endroits comme ça. Et dès la primaire, les enfants sont stigmatisés. Ça parle sur eux, même parfois les ASEM, les instituteurs et les agents de service : « On ne t’a jamais appris à tenir une fourchette ? », « dis-donc, ta mère ne t’a pas appris à te laver et à t’habiller ? », etc. Ça commence comme ça. La destruction d’un enfant, ça se joue très tôt, à l’école. Et puis à 14 ans ils les virent des lycées et des collèges. Comme ça, allez casse-toi. Et après, on s’étonne que le gamin fasse des conneries. Le frère de Karim, qui a été incarcéré hier, ils l’avaient jeté du collège à 14 ans sans aucun suivi, personne derrière, en sachant que la mère était seule et malade. A mon époque, il y avait des éducateurs ou des éducatrices qui l’auraient aidé à faire des démarches, tu vois ? Aujourd’hui, ils en ont rien à foutre, et tout le monde se renvoie la balle. On accuse les mères. Mais les mamans peuvent pas être derrière le dos de leur fils toute leur vie. Et puis la vie, elle est dure. On ne peut pas comparer un enfant qui vient d’une famille aisée, et un autre qui vient d’une famille qui connait la misère. Et les médias, dans tout ça ? Ils sont venus au moment où c’était chaud, ils allaient vers les jeunes. Alors les jeunes disaient « cassez-vous », qu’est-ce Vous avez l’impression qu’il y a un que vous voulez, il n’y avait plus acharnement sur la famille, sur les prode confiance. Faut voir comme certains journalistes se sont fait ches, les amis ? jeter. Et les images diffusées par Bien sûr. Je ne sais pas comment cette les médias, c’était choquant, histoire va finir. Un jour il y en a un qui franchement. Sur France soir, ils va péter les plombs et qui va se balancer ont montré le cercueil de Karim par la fenêtre. Ils vont arriver à ça. C’est quand même. Ce n’est pas une vraiment un climat de peur. J’en connais chose à faire. Tous ceux qui une qui m’a dit qu’elle allait se jeter par ont vu l’émission nous ont dit : « Comment ça se fait que vous ayez la fenêtre : deux fois de suite ils sont venus. La première fois ils ont défoncé la laissé faire ça ? » On n’était même porte, la deuxième fois, ils ont sonné. Ils pas au courant. Ils ont même été s’étaient rendu compte que c’était une à la morgue ! Le temps que je famille normale, pas une famille crimisorte pour les insulter, ils étaient nelle. Ils cherchaient chaque fois son partis. Je les aurais bouffés, ils fils. Ils le prennent, ils le relâchent, ils le ont un sacré culot. Si on n’avait reprennent, ils le relâchent. Faut arrêter. pas été là, ils se seraient fait pasElle voyait son fils partir pour 20 ans. Et ser pour des amis et auraient pris en fait il n’y est pour rien du tout dans le corps en photo. Pour avoir cette affaire. Sur le coup quand ils ont un scoop. Il y a eu aussi les ararrêté cette personne, ça a été une arresrestations en direct. Non mais tation avec caméra. C’est passé directefranchement. Ou encore, la fois ment à la télé. Quand tu vois ton fils à où ils ont interviewé des jeunes dans une émission, je ne sais la télé, présenté comme le « complice », comme celui qui a fourni les armes… plus laquelle. Les jeunes ont dit : Alors que ce jeune il y était pour rien. Ils « Faut qu’il y en ait un de la BAC sont venus le chercher pour un crachat. qui meure ». Les journalistes, Parce que l’endroit où ils ont tué Karim, franchement, pourquoi ils laisles jeunes restent toujours à cet endroit. sent passer un truc comme ça ? Ils savent très bien que les jeuIl y en a qui crachent, qui fument : ils ont pris le crachat de ce petit jeune, et nes sont dans la douleur, dans la ils sont venus le chercher. Alors marche souffrance : sérieusement, va pas les enfoncer, va pas donner ça à dans la rue et crache plus ! Quand ils sont venus, il dormait, il a vu les fusils la télé. Tu ne prends pas les jeuet les Rangers sur son lit, ils ont traversé nes comme ça, à chaud. La poléle sommier à lattes, et ils l’ont braqué mique elle ne s’arrête plus après. comme ça. Depuis il a été relâché mais Comment tu peux t’amuser il a quand même fait de la garde à vue, comme ça avec des jeunes dans c’est traumatisant. Ceux qu’ils ont arrêla détresse ? Aide-les, diffuse des tés, les médias les ont présentés comme images du quartier, montre dans les complices assumés. Mais c’était la quoi ils vivent justement, comhonte pour la police, parce qu’après, aux ment ils traînent : fais un reporinfos, ils ont bien dû dire que c’était pas tage pour essayer de faire bouger les mégots, les crachats. Et comme Karim avait une voiture eux. Comment tu veux qu’ils deviennent pas fous, les jeu- volée, qui tournait dans le quartier depuis pas mal de temps, des personnes, pour aider ces jeunes. Je ne comprends pas la nes ? C’est normal après qu’ils aient de la haine. Que de la ils ont trouvé 17 ADN sur cette voiture. Ces 17, ils ne sont gamberge qu’ils ont, ces types. C’est des pourritures. Peuthaine. On va où ? Soit ils ont des indics qui les renseignent pas encore allés les chercher. C’est pour ça, six mois après, ce être qu’à la fin du mois, ils ont 100 euros de plus sur leur samal, soit ils ont pété les plombs. n’est pas fini. Ils ne s’arrêteront pas là, ça c’est sûr et certain. laire. Mais c’est n’importe quoi franchement. Aujourd’hui, y Ils se sont servis de l’histoire de Karim. Moi je pense qu’ils Une autre question qu’on se pose, mais on n’aura jamais la en a pas un qui a intérêt à se balader et à les questionner, avec ont fait tout ça en sachant qu’ils étaient en tort. C’est eux qui réponse : qu’est-ce que la BAC faisait au casino, avant même ce qu’ils ont vu là, ça ne passera pas. Parce que tu ne passes ont foutu la merde donc ils se sont dit : on va faire tomber que le braquage ait lieu ? Ils l’attendaient ? Ce n’est pas leur pas des choses comme ça, tu te rends compte ? les portes, on va fouiller tout ça, on va trouver des armes, de secteur, c’est celui de la gendarmerie… Il y a une journaliste Enfin, tout le monde s’est bien servi de cette histoire. Que ce la drogue. Pour encore plus gonfler l’affaire. Mais dans les qui est allée voir le patron du casino : personne ne veut parler ! soit les médias ou les politiciens : ça a fait gonfler leur audienfamilles chez qui ils ont fait tomber les portes, ils n’ont rien Il y a quelque chose de bizarre derrière tout ça… Je ne pense ce, et ça a augmenté le quota de la délinquance. Et les chiffres, trouvé, au contraire, c’est eux qui ont tout cassé. Tu es impuissant, pas qu’on connaîtra un jour réellement toute la vérité. ça permet de justifier les institutions. Regarde aussi certains tu subis. Et ce n’est pas fini. Ils se sentent forts. habitants du quartier, qui n’ont pas hésité à faire jouer leurs Mais les flics, eux, ils se régalent. Quand ils ont tué Karim, assurances en cramant volontairement leurs voitures pendant ils se sont félicités. Un flic a dit à celui qui avait tiré : « Bien D’ailleurs, les suites judiciaires et policières, où en êtes- joué ». Enlever la vie à quelqu’un, ce n’est pas drôle, mais les émeutes. Regarde certains commerçants qui ont dit avoir vous ? qu’est-ce tu veux, il y en a qui n’ont pas de cœur. Si ça leur été menacés par les jeunes, juste pour pouvoir changer de arrivait, ils verraient un peu la douleur, ce que c’est de vivre locaux. Tout le monde s’est bien servi de la mort de Karim. On a porté plainte. Pour le moment il faut qu’on épluche le un drame comme ça. Mais ils ne savent pas ce que c’est : ils Et pendant qu’on accuse les jeunes, on passe sous silence les dossier. On ne veut pas en rester là, ça c’est sûr. Ils savaient vrais problèmes Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 I Grand Feuilleton - deuxième Episode A l’attaque de la Smart Valley grenobloise premier episode : l’Opération Campus Visite guidée d’une presqu’île austère LE grand projet qui va guider le développement de Grenoble dans les vingt ans à venir possède deux noms et deux sites Internet : « GIANT» (Grenoble Isère Alpes Nano Technologies) pour son aspect de développement technologique ; et « Grenoble Presqu’île » pour son aspect de développement urbain. Car ce qu’on appelle encore le Polygone scientifique, ce territoire coincé entre l’Isère et le Drac, rempli de centres de recherche et de locaux d’entreprises, est destiné à devenir l’extension du centre-ville de Grenoble. Alors que ses promoteurs tentent de travailler sa « convivialité », Le Postillon vous propose une visite des lieux, entre caméras, clôtures, barbelés et réacteur nucléaire. D ébut décembre 2010, Jacques Attali, célèbre conseiller mitterando-sarkozyste, rend une visite de courtoisie à « Giant / Grenoble Presqu’île ». Accueilli par le directeur du CEA Jean Therme et la nano-députée Geneviève Fioraso (présidente du comité de pilotage du projet), Attali découvre avec joie les plans de ce qui est appelé à devenir le futur centre-ville de Grenoble. Et se permet quelques conseils, que Geneviève Fioraso gobe la bouche ouverte et recrache dans Le Daubé (10/12/2010) : « Il y aura des changements sur tout ce qui concerne les formes urbaines et les lieux de convivialité. Et c’était le deuxième message de Jacques Attali qui nous conseille de faire davantage de lieux de rencontres. Si quelqu’un d’aussi cérébral dit cela, je pense qu’il faut savoir l’entendre ». Voilà donc où en sont les responsables du développement de Grenoble. A attendre que « quelqu’un d’aussi cérébral » que Jacques Attali dise qu’il faille « plus de lieux de rencontres » pour se mettre à travailler sur la convivialité. Pour mémoire, rappelons que Jacques Attali, c’est celui qui a « soudé entre eux la gauche qui capitule, les patrons qui plastronnent et les médias qui mentent » (Le Plan B, janvier 2008), celui qui préside la sarkozyste « Commission pour la libération de la croissance française », celui qui symbolise par sa carrière l’asservissement de la politique à la finance et le ralliement de la gauche aux lois du marché, et celui qui va, avec ses amis patrons, politiques et journalistes, se goinfrer aux dîners mensuels du Siècle (1). Quelqu’un qui en connaît donc un rayon en matière de lieux de rencontres et qui est bien placé pour parler de convivialité. Rendons-nous compte de la chance que l’on a eu. Si « quelqu’un d’aussi cérébral » qu’Attali n’était pas passé par Grenoble (2), Geneviève Fioraso ne se serait jamais intéressé à la convivialité et Giant, le « futur centre-ville de Grenoble » aurait eu peu - ou pas du tout - de lieux de rencontres. Encore une fois, Attali nous a sauvés d’une catastrophe. Quel grand visionnaire. Il faut dire que pour l’instant, le territoire de « Grenoble Presqu’île » n’a rien de convivial. Mais alors rien du tout. Vous ne connaissez pas les lieux ? Suivez-nous pour une petite visite. Commençons par la petite impasse du Vercors située à l’extrémité sud du territoire de Giant, en bordure du quartier Berriat. La moitié des maisons de cette ruelle a été détruite il y a quelques mois, celles qui restent connaîtront le même destin sous peu. Pourquoi ? Pour laisser la place aux bâtiments haute technologie des projets autour du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et du pôle Nanobio (pôle d’innovation en micro et nanotechnologies appliquées aux sciences de la vie). D’ailleurs le chantier a déjà commencé, les palissades bordent un côté de l’impasse et à une centaine de mètres de là, le long de l’avenue Félix Esclangon, Clinatec sort de terre. Clinatec ? C’est un « centre de recherche biomédicale, dédié aux applications des micro et nanotechnologies pour la santé. » C’est-à-dire un endroit où, sous couvert de médecine, on va travailler à développer « l’interface homme-machine », l’humain augmenté et, en clair, la fabrication de cyborgs. Le tout dans la plus grande opacité et le plus grand secret : les élus verts, pourtant très procéduriers, ont tenté d’avoir des informations mais n’ont réussi qu’à en tirer un dossier intitulé « Clinatec, la santé publique classée secret industriel. » Cette « clinique du futur » sera inaugurée - heureux hasard - au mois d’août prochain, au moment même où beaucoup de grenoblois, et notamment les contestataires anti-nano et autres empêcheurs d’inaugurer en rond, fuient la cuvette. Ce sera sûrement un événement très convivial. Ce qui est sûr, c’est que Clinatec sera un bâtiment très surveillé. Alors que le bâtiment est encore en construction, deux caméras « dôme 360° » ont été récemment installées à proximité. D’ailleurs, des caméras, il y en a déjà partout sur la presqu’île, spécialement autour du CEA. Lors de notre ballade, nous en avons compté pas moins d’une soixantaine, dont une trentaine de « domes 360° ». Les caméras ne sont pas le seul dispositif sécuritaire présent sur le site. Juste après Clinatec, toujours sur l’avenue Félix Esclangon, on tombe sur une des entrées du CEA, matérialisée par des portiques (un pour les piétons, l’autre pour les cyclistes) ne s’ouvrant qu’avec un badge. Impossible pour le simple quidam de rentrer. D’ailleurs, des portiques et des barrières il y en aussi partout dans ce futur centre-ville. Le site du CEA est entièrement entouré par deux rangées de grillages surmontés de barbelés. Sur toute la presqu’île, hormis les axes de circulation, il n’y a aucun espace accessible aux personnes ne travaillant pas ici. à côté de cette entrée du CEA, se trouve le bâtiment de « Minatec Idea’s Laboratory », l’endroit où l’on cherche des idées pour trouver une utilité aux « innovations » sortant des proches centres de recherche. Ce « labo des idées » travaille à l’acceptabilité des nouvelles technologies, c’est-à-dire à rendre les innovations plus « cool » et « conviviales ». Un créneau porteur depuis que les nanotechnologies subissent le fameux « syndrome OGM » - c’est-à-dire une défiance croissante dans l’opinion suite à leur contestation menée par le collectif Pièces et Main d’Oeuvre (PMO). Cette offensive pour faire accepter ces nouvelles technologies s’étend d’ailleurs à toute la ville : en ce moment, deux expositions, une au Musée Dauphinois sur les robots, l’autre au CCSTI (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle) sur les nouvelles technologies, développent le côté « ludique » de ces innovations, en plaçant le visiteur devant le fait accompli de leurs existences. Les habitants qui désirent savoir ce qu’il adviendra de leur quartier n’ont qu’à aller à l’université d’été du Medef. Mais poursuivons la visite. En continuant sur cette large avenue Félix Esclangon, on longe des bâtiments de GEG (Gaz Électricité de Grenoble). Mais que font d’aussi grands locaux ici ? « Depuis 1979 Grenoble était alimentée par neuf postes sources. Pour faire tourner les labos et les salles blanches, en 2005 GEG a dû en ajouter un dixième, le plus important (90 tonnes, 7 m. de haut, 8,5 m. de long, 4,5 m. de large). Le monstre est implanté sur le Polygone scientifique. Il est alimenté en 225 000 volts qu’il transforme en 20 000 volts (20 kV). (…) « Le site Minatec absorbe, à lui seul, 15 % de l’énergie consommée par Grenoble !» (GEG Infos ) »(3) Les promoteurs de GIANT se targuent d’un projet « à la pointe de l’écologie » afin « d’inventer la ville de demain. » On voit avec ces chiffres de consommation électrique que les technologies développées ici sont très énergivores et inventent surtout un futur (ir)radieux au développement du nucléaire. Juste après GEG, on arrive devant Minatec, le fameux premier pôle européen pour les micro et nano technologies. Hormis le premier bâtiment « Phelma » (qui accueille certains des étudiants de l’INPG), le reste des locaux est clôturé et très bien surveillé. Juste à l’entrée trône l’avenir des technologies « éco-sécuritaires » : une caméra alimentée par panneau solaire (voir photo). Alors que l’on avait fait dix mètres à l’intérieur de l’enceinte pour photographier cette « innovation », un vigile est immédiatement arrivé pour nous demander de partir, prétextant l’interdiction de toute photo sur l’ensemble du site. De quoi donner une idée de la « convivialité » des lieux. Après avoir quitté Minatec et aperçu, de l’autre côté de la rue, un camp de gens du voyage prochainement expulsables, on parvient au début de la rue des Martyrs, la « colonne vertébrale » du futur quartier. Pour l’instant c’est une route droite, large de 50 mètres, surchargée de voitures et de cyclistes pressés pendant les heures de pointe, et presque déserte le reste du temps. En tous cas on y croise très peu de piétons. A gauche de cette rue des Martyrs, c’est le domaine du CEA, qui est – comme on l’a déjà dit – inaccessible, double-clôturé, barbelé, et vidéosurveillé. A droite, on trouve tout d’abord les seules habitations actuelles du site. Quelques petites maisons, trois petites barres d’immeubles. Un premier habitant rencontré sur les lieux « résidant ici depuis 1964 », nous dit ne pas vraiment connaître « Grenoble Presqu’île » : « On ne sait pas très bien ce qui va arriver. Je fais partie de l’union de quartier, mais on n’a pas beaucoup d’informations surtout que les projets changent tout le temps. Au début ils devaient détruire une partie des immeubles, maintenant c’est plus d’actualité je crois. Voilà. Je peux pas vous dire grand-chose de plus ». Un peu plus loin, une mère de famille nous confie « n’être au courant de rien » : « Oui il paraît qu’ils veulent construire des immeubles et des tours à côté. C’est une voisine qui m’a dit ça mais moi je sais pas ». L’information des habitants n’est pas la priorité des promoteurs de « Grenoble Presqu’île ». S’il y a eu quelques réunions publiques à la mairie, toutes les dernières évolutions du projet ont été présentées bien loin de Grenoble : à l’université du Medef ou au salon de l’immobilier d’entreprise à Paris, devant la Commission Européenne à Bruxelles ou prochainement à Cannes pour le salon mondial de l’immobilier. Ce projet est avant tout une vitrine pour la ville et les instituts scientifiques, une manière de vendre la « technopole grenobloise » à de riches investisseurs extérieurs. Et les habitants qui désirent savoir ce qu’il adviendra de leur quartier n’ont qu’à aller à l’université d’été du Medef. « simulation d’accident nucléaire » tous les trois ans et à posséder toujours des pastilles d’iode « au cas où ». C’est à ce régime que devront également s’astreindre, en toute convivialité, les futurs habitants de la presqu’île. (4) Après le Synchrotron, il nous reste à prendre un chemin de terre qui longe un centre de tir et parcourt une bande de terre jonchée d’arbres se rétrécissant de plus en plus avant la jonction des deux rivières, le Drac et l’Isère. Cet endroit, le bout du bout de la presqu’île, pourrait être sympathique. Malheureusement, une ligne THT (Très Haute Tension) passe juste au dessus et ne donne pas plus envie de s’éterniser ici que dans un four micro-ondes. Au retour de cette balade, on passe par Europole, le quartier d’affaires qui ne fait pas directement partie de « Grenoble Presqu’île », mais qui le jouxte et préfigure certainement à quoi ressemblera « le futur centre-ville de Grenoble ». Grands immeubles de verre, Grenoble École de Management (GEM), palais de justice, places panoptiques, 10 enseignes de banques différentes en moins de 300 mètres, World Trade Center, dizaines de cabinets d’avocats. Dans les « restaurants-brasseries » (c’est bien plus chic que des bars) autour de la place Firmin Gauthier, on parle anglais et/ou affaires, les « cravateux » draguent les « tailleurisées » et personne ne tient le comptoir. A l’extérieur, les piétons ne s’arrêtent pas, personne ne traîne, si ce n’est pour une rapide cigarette à la pause de dix heures. Contemplateurs, passez vite votre chemin, de tout façon il n’y pas de bancs pour vous accueillir. La convivialité moderne dans toute sa grandeur. Vouloir construire des « lieux de rencontre » dans cet univers là, c’est comme mettre un pansement sur une jambe de bois. Une fois passés les immeubles, sur la droite de la rue des Martyrs, on longe des bâtiments détruits ou prochainement détruits (entrepôts de la SNCF, locaux d’entreprises,...). C’est ici que seront construits la plupart des milliers de logements et des commerces attendus sur le site. Juste en face du site fermé du CEA et juste avant les locaux d’entreprises, inaccessibles eux aussi, de Polytech ou de Corys. Nous voilà bientôt au bout de la presqu’île. Après le CEA, on peut observer les parkings et les clôtures d’autres centres de recherches ou entreprises : le CNRS, STMicroélectronics, l’Institut de Biologie Structurale (IBS), le Synchrotron ou le réacteur nucléaire Institut Laue-Langevin. Réacteur nucléaire ? Oui, oui, vous avez bien lu, il y a un réacteur nucléaire sur la presqu’île et même s’il est moins puissant qu’une centrale, il induit des risques qui obligent les proches habitants de Fontaine à faire des exercices de Que retenir de ces pérégrinations ? Qu’il est soit inconscient, soit vicieux, soit les deux, de vouloir agrandir le centre-ville de Grenoble sur la presqu’île, tant ce territoire est austère et limité dans ses évolutions : les centres de recherche resteront, les zones secret-défense et les clôtures aussi. Et on voit mal comment le rallongement de la ligne de tram, le percement d’un tunnel sous la ligne de chemin de fer, ou l’entassement d’étudiants et d’habitants dans des gratteciels pourraient rendre l’endroit plus agréable. Vouloir construire des « lieux de rencontre » dans cet univers là, c’est comme mettre un pansement sur une jambe de bois. Les travaux scientifiques développés ici n’ont rien de « convivial » ou « sympathique », d’ailleurs le simple habitant ne peut jamais rentrer à l’intérieur des enceintes, si ce n’est à l’occasion de rares conférences mornes. Les promoteurs de « Grenoble Presqu’île » ne s’y trompent pas : les évènements qu’ils annoncent sur leur site ne se passent presque jamais sur les lieux, et la plupart n’ont rien à voir avec le projet : le bal des Barbarins Fourchus au théâtre 145 pour le réveillon ; « Pomme, poire, figue et pâte de fruit » un spectacle de marionnettes au Théâtre Colbert ; « L’eau, y est-tu ? », une exposition interactive pour les 3-7 ans au CCSTI, etc. Partout dans Grenoble, les lieux de rencontre se raréfient, la fameuse « convivialité » diminue. Grenoble-sud, en dessous des grands boulevards, est une immense zone résidentielle où la plupart des personnes ne font que circuler, avec peu d’interactions, si ce n’est pour aller consommer à Grand’Place. A Grenoble-nord, en dehors des zones marchandes, on passe, on va d’un endroit à un autre, mais on ne se rencontre guère. Passé 20 heures, l’ancien quartier populaire Saint-Bruno et ses bars fermés paraît bien mort et aussi triste qu’une banlieue résidentielle. Au lieu de favoriser une vie de quartier intense et « conviviale » à l’endroit où la population habite, la municipalité préfère investir dans un nouveau centre-ville high-tech, entouré de laboratoires et d’entreprises. Un choix symptomatique de décideurs qui se préoccupent bien plus du bien-être des scientifiques et des industriels que de celui des habitants (1) Le dîner du Siècle réunit chaque dernier mercredi du mois le gratin politico-médiatico-industriel à l’hôtel Crillon, à Paris. Depuis trois mois, à l’appel du réalisateur Pierre Carles et du collectif Fini les concessions, des rassemblements tentent de perturber l’entrée des participants et dénoncent notamment la collusion entre les journalistes et les décideurs. (2) Jacques Attali est venu à Grenoble pour réaliser un caprice et faire semblant de diriger l’Orchestre Symphonique universitaire de Grenoble pour deux représentations. (3) Minatec survolté, énergie engouffrée, texte disponible sur www.piecesetmaindoeuvre.com (4) Voir Les cowboys sauveront-ils les cobayes ? sur grenoble.indymedia.org Photos. Page de gauche : caméra solaire devant Minatec. Page de droite, en haut : clôtures autour du CEA-Grenoble. Ci dessous : maison de l’impasse du Vercors prochaînement rasée. Au fond, Clinatec en construction. Père Castor, raconte-nous une histoire de Grenoble ! 1975, le meeting du sergent Dupuy S aviez-vous, les enfants, qu’on ne s’est pas toujours ennuyé au palais des Sports comme on s’est ennuyé en ce début d’année aux voeux de Destot et de Gallota ? J’en veux pour preuve la manifestation contre le meeting du Sergent Dupuy le 29 avril 1975. Laissez moi vous raconter cette histoire. Souvenez-vous d’abord qu’à cette époque, le service militaire est toujours obligatoire en France, ce qui a pour effet de maintenir une agitation politique dans et autour de l’Armée. Une partie de l’extrême gauche, alors partisane d’une armée plus démocratique, réclame le droit pour les soldats d’avoir une activité politique, et de s’organiser en comités (sorte de syndicats de soldats). Entre 1974 et 1975, dans les casernes, quelques manifestations de soldats ont lieu, qui ont un peu d’écho chez les civils, et sont réprimées. En avril 1974, un manifeste intitulé « Appel des cent », qui sera signé par plus de 6 000 soldats, fait grand bruit. Il réclame entre autres : « la liberté totale d’information et d’expression politique dans les enceintes militaires », et « la suppression de la süreté militaire, des tribunaux et de toutes les sanctions militaires ». - Et le sergent Dupuy dans tout ça? - Et bien justement : Joël Dupuy de Méry est de ceux qui ne peuvent tolérer un tel « appel à la mutinerie ». Cet ancien membre du GUD (organisation de jeunesse d’extrême droite), est militant au parti des Forces Nouvelles (groupuscule d’extrême droite issu d’Ordre Nouveau). Il a 24 ans lorqu’il est appelé sous les drapeaux, et effectue son service en tant que sergent. Retourné à la vie civile, il fonde en mars 1975 un Comité de défense de l’armée française. L’objectif est double : lutter contre l’extrême gauche et la subversion dans l’armée, et rassembler la droite nationale autour d’une campagne commune. Celui que l’on nomme désormais le sergent Dupuy entame alors une tournée de 50 réunions dans toute la France. Le meeting de Grenoble est fixé au 29 avril 1975, et aura lieu au stade de Glace (actuel palais des Sports). Pendant les semaines qui précèdent ce meeting, des responsables de la LCR et les maoïstes, parmi lesquels Pierre Boisgontier et Michel Bernardy de Sigoyer, rassemblent leurs troupes. Réunis au sein d’un Comité antifasciste, ils se mobilisent afin de faire interdire le rassemblement. Très rapidement, de nombreuses associations, partis politiques de gauche et d’extrême gauche, et syndicats (CFDT et CGT) se rallient aux contestataires. Même le parti socialiste se fend d’un communiqué dans Le Daubé appelant à l’interdiction du meeting. Pourtant, Dubedout, maire de Grenoble à qui revient la décision finale, autorise finalement le meeting au nom de la démocratie. Cela lui vaudra de nombreuses attaques de la part de l’extrême gauche. Qu’à cela ne tienne, les militants d’extrême gauche décident, puisqu’ils n’y sont pas parvenus par la voie légale, d’empêcher le meeting par la force. Ils appellent à un contre-rassemblement le soir du 29 avril devant le stade de Glace. 20 heures le jour J. Le nombre de manifestants massés devant le stade est inespéré. Les organisateurs en attendaient 500, et ce sont entre 1 000 et 3 000 personnes qui ont répondu à l’appel. Toutes les tendances de l’extrême gauche sont représentées : maoïstes, syndicalistes de la CFDT localement impliqués dans le soutien aux comités Petit lexique techno-métro-politain Sur le site Article11 (dont le journal est en vente en kiosques), Jean-Pierre Garnier réalise une analyse politico-linguistique particulièrement parlante à nous autres, techno-métropolitains grenoblois : « (...) Dans le champ urbain, comme ailleurs, cet aggiornamento linguistique fonctionne selon deux principes : la fabrication de néologismes plus oxymoriques ou pléonastiques les uns que les autres et le recyclage sans fin de termes anciens. Ainsi en va-t-il du vocable « technopole » - ou « technopôle » - mis sur orbite dans les années 80 du siècle dernier, et de celui de « métropole », qui connaît une nouvelle vogue depuis le début du siècle. Le succès du terme « technopole » en France est contemporain de la période où la gauche institutionnelle parvenue au pouvoir remisait au grenier à chimères les idéaux socialistes aux nom desquels elle l’avait conquis, pour se rallier à l’entreprise, au marché et au profit subsumés sous le sceau de la « modernisation ». Laquelle, au cours des deux décennies précédentes, avait déjà servi de signe de ralliement à la technocratie gaulliste lorsque Georges Pompidou était Premier ministre, puis aux promoteurs du « libéralisme avancé » quand Valéry Giscard d’Estaing occupa l’Élysée. Mais le contexte avait changé. Décentralisation aidant, il revenait dorénavant aux élus locaux « degauche » des grandes villes, non plus de mettre en œuvre de l’« autogestion » sur le plan local dans une perspective de « rupture avec le capitalisme », mais de « moderniser la France » en faisant de ses villes des « pôles d’excellence » résultant de la combinaison gagnante enseignement supérieur/recherche/industrie, baptisée « synergie » pour donner du tonus à cette fructueuse collaboration. Ainsi naquirent, au moins sur le papier, les « technopoles », dotées chacune d’un ou plusieurs 10 I Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 de soldats, antimilitaristes radicaux, pour qui « syndicats de soldats = syndicats du crime », anarchistes, trotskystes, féministes qui dénoncent les positions de l’extrême droite sur l’avortement, la contraception et le statut des femmes, militants du Mouvement des travailleurs arabes... Des militants associatifs, syndicaux, et quelques badauds sont aussi présents. 400 policiers et gardes mobiles ont été mobilisés pour protéger le bâtiment. Le service d’ordre du sergent Dupuy, composé d’une centaine de militants d’extrême droite, filtre les personnes venues assister au meeting. Vers 20h30, quelque 300 manifestants casqués, visages masqués de foulards, armés de manches de pioche et de lance-pierres donnent l’assaut. Une pluie de cocktails molotov (plus d’une centaine) s’abat sur le service d’ordre et sur la police. Les flammes illuminent le stade de Glace. Une équipe fait tomber les vitrines du stade. Les tirs de boulons et de pétards artisanaux viennent compléter le tableau. L’Internationale retentit. Hubert Dubedout, qui discutait avec un officier de police, reçoit un cocktail molotov sur le pied. Par chance, le cocktail ne s’enflamme pas. La police réplique à coups de grenades lacrymogènes. Les pompiers interviennent pour éteindre un feu qui prend dans l’entrée du stade de Glace. A l’intérieur, la moitié des 200 personnes venues assister au meeting est sous le choc, et demande à être évacuée par les pompiers. Le sergent Dupuy, régulièrement interrompu par le bruit des explosions, récite son discours devant une salle presque vide. « Il faut sauver l’honneur de l’armée. [...] Il faut défendre l’armée, car elle est incapable de se défendre elle-même. Si la première mutinerie avait été stoppée dès le départ, plus d’autres n’auraient pris naissance et ne se seraient développées. (...) » A l’extérieur, les manifestants refluent sous les gaz lacrymogènes, mais ce n’est que pour mieux revenir à la charge. Nouvelle pluie de cocktails molotov. Nouvelle charge de CRS. Le service d’ordre du sergent Dupuy entonne La Marseillaise, et armé de gourdins, tente aussi une charge. « La violence de ce soir, je la déplore, un jour elle sera portée au niveau national par les marxistes. D’ailleurs, il nous faut choisir vite, ceux d’en face nous ont mis au pied du mur : êtes-vous pour ou contre le marxisme ? » La conférence prend fin au bout d’une heure : « La guerre que nous menons est une guerre psychologique. (...) Par l’appel des 100 000 que j’ai lancé, je demande que la subversion dans l’armée cesse à tout jamais. C’est elle qui représente le dernier bastion de notre société. » L’échange de projectiles se poursuit. Vers 22 heures, les troupes s’amenuisent, et les militants refluent vers le centre-ville. L’ordre de dispersion est donné place Grenette vers 22h30. Le calme revient autour de minuit. On dénombre une douzaine de blessés, dont 6 parmi les forces de l’ordre, et au moins 2 parmi les militants d’extrême droite. Aucune arrestation n’est à déplorer. Jusque tard dans la nuit, des explosions sont signalées aux abords du stade de Glace. Ce sont les derniers pétards artisanaux qui explosent à retardement, et viennent clore une des soirées les plus animées qu’ait connu le futur palais des Sports. Les organisateurs publieront quelque temps après une brochure dans laquelle ils tirent le bilan de cette contre-manifestation. Pour eux, c’est un succès sans appel. Ils se félicitent d’avoir réuni tant de monde, et d’avoir réussi dans leur campagne l’alliance de l’extrême gauche avec une partie de la gauche progressiste. Ils s’extasient aussi sur l’emploi de la violence qui « si elle n’a pu être le fait de chacun, a été assumée par tous ». Dans le style triomphaliste de l’époque, voilà qui annonce à coup sûr une prochaine radicalisation des luttes. En réalité, l’extrême gauche grenobloise a réalisé ce jour-là, un joli coup, en mobilisant l’ensemble de ses troupes. Mais l’évènement est globalement resté sans suite et sans réel impact hors de la sphère gauchiste. - Et le sergent Dupuy, qu’est-il devenu? - Ce vieux routier de l’extrême droite n’a rien renié de ses idées. Il est aujourd’hui le conseiller délégué à la citoyenneté et aux relations avec l’armée et les associations patriotiques de Philippe Marini, le maire UMP tendance extrême droite de Compiègne (L’Express, 13/11/2008). « technopôles » spécialisés selon la branche d’activité (informatique, biotechnologie, médecine, etc.) et qui allaient rivaliser entre elles, et pour certaines, avec leurs homologues des pays voisins, dans la course à la « compétitivité » et à l’« attractivité ». Dans les campagnes de marketing urbain, c’est à qui se targuerait de mériter le plus le label « technopolitain », sans voir ou en feignant d’ignorer que dans la technopolis, la Technique, adulée comme une nouvelle divinité, a fini par dissoudre le sens que l’Histoire avait donné au mot « Cité ». Plus d’une vingtaine d’années plus tard, ce modèle urbain n’a pas changé, mais l’échelle s’est élargie. Dans les discours, qu’ils soient médiatiques ou pseudo-scientifiques, la technopole s’est transmuée en « métropole ». Que s’est-il passé ? Tout simplement, la centralisation et la concentration des fonctions directionnelles, des services afférents et des catégories sociales correspondantes se sont poursuivies, et l’espace central où elles avaient pris place s’est révélé trop petit. Du coup, le cœur des agglomérations ne pouvait plus se limiter au centre-ville. L’urbanisation devait acquérir une dimension régionale. Les géographes ne parlaient-ils pas de « région urbaine » ? D’où l’exhumation de la notion de « métropole », mais pourvue d’un sens positif qu’elle avait fini par perdre durant le siècle dernier où l’on ne discernait plus en elle que gigantisme, massification, robotisation, anonymat, « foule solitaire »… Qu’à cela ne tienne : il suffira, comme le veut la novlangue dont Georges Orwell avait exposé la logique, de reprendre le même mot tout en changeant sa signification. Ce qui différencie aujourd’hui la « métropole » des villes de taille inférieure, ce n’est plus tant la grandeur que la hauteur dans la hiérarchie des valeurs : « hautes technologies », « hautes qualifications », « hauts revenus », équipements « hauts de gamme » et, impératif écologique aidant, « haute qualité environnementale » (...). L’article en entier est à lire sur www.article11.info. Le Postillon I numéro 9 I mars 2011 I 11 Grenoble, ville de tourisme... ...et de congrès. Parce que pour vous accueillir, nous avons les meilleurs centres de recherche, les meilleures usines, la meilleure compétitivité et les meilleurs pics de pollution. Parce qu’il y fait toujours une température agréable l’été. Et aussi parce que le directeur de l’Office du tourisme est un chic type ; et qu’on le surnomme Michou. Grenoble, votre destination tourisme. Ne dites plus Grenoble, mais PlayGrenoble® S’il fallait dresser une liste des métiers inutiles et néfastes à la fois, les communicants seraient en bonne place. Démonstration récente : la ville de Grenoble vient de payer l’agence de communication lyonnaise « Esprit Public » afin qu’elle trouve une nouvelle « marque » pour l’offre touristique grenobloise. Le résultat, pour une facture qu’on imagine salée, est le nom « PlayGrenoble® », créé pour donner une identité à la ville sur l’image de « OnlyLyon ». Hum. Le pire c’est que certains défendent avec enthousiasme cette « innovation » comme le site internet « actumontagne », où doivent se cacher un ou deux salariés de la ville : « Cette accroche colle plutôt bien à l’image de ville jeune, dynamique, sportive et internationale que cultive Grenoble (...). La langue de Shakespeare apporte aussi un côté ‘‘ cool ’’ bien dans l’air du temps, qui rendra sûrement la destination sympathique auprès des touristes de moins de 50 ans. A vocation touristique pour l’instant, cette marque pourrait s’étendre à d’autres secteurs, et en particulier à celui de l’économie, où elle fonctionnera aussi bien, incitant les investisseurs potentiels, français ou étrangers, à miser sur la 12e agglomération de France pour leurs projets de développement. T-shirts, sacs, stylos et autres plaquettes publicitaires vont permettre la diffusion de cette nouvelle marque sur la place publique ». La ville est prête à n’importe quoi pour se vendre, que ce soit aux touristes ou aux investisseurs, qui souvent sont d’ailleurs les mêmes personnes, « cool » et « dans l’air du temps ». On attend qu’Alain Pilaud, adjoint à l’animation, se fasse tatouer un « PlayGrenoble® » sur son gros front ou que Geneviève Fioraso, adjointe à l’économie, porte cette inscription sur sa chemisette. Grenews à la pointe du cool Grenews a aussi un nouveau nom : « Gre City Local News ». Ça fait rêver, non ? On imagine les heures de réunion interminables, les multiples propositions pour aboutir à ce petit bijou de sémantique. « Hé, si on l’appelait Gre City Local News ? » - « Ah ouais trop bonne idée Stéphane, c’est simple, ça claque, et puis en plus c’est doux à l’oreille. En plus comme on est cool et dans l’air du temps, c’est bien de parler anglais parce que c’est cool et dans l’air du temps ». Pour l’occasion, Le Daubé fait essaimer le concept à Aix-en-Provence. Et dans le journal il y a maintenant des « flashcodes » qui peuvent être flashés directement par un smartphone. Ça sert à quoi ? Heu... on n’a pas bien compris mais en tout cas ça a l’air cool et dans l’air du temps. Chiron perd les pédales Jacques Chiron, adjoint au maire de Grenoble aux déplacements : « Aujourd’hui je roule principalement en vélo électrique. Je trouve le vélo trop fatiguant. Et puis ce n’est pas très respectueux d’arriver transpirant à une réunion ! Il m’arrive d’utiliser des Métrovélos, mais je pense que l’avenir du vélo, c’est l’électrique » (Pigémag, décembre 2010). Alors que Grenoble est la ville la plus plate de France, et donc la plus propice à la pratique du vélo, l’adjoint aux déplacements refuse ce mode de déplacement parce qu’il ne supporte pas d’avoir une petite auréole sur sa belle chemise pour aller voir ses camarades de loge. Ce qui n’est « pas très respectueux » et « trop fatiguant », c’est qu’un élu se transforme en VRP du CEA - qui « innove » sur les batteries des véhicules électriques - à chacune de ses interventions. Le Vélo de Chiron Solidarité avec les hôtels 4 étoiles Isabelle Girod-Alteirac, présidente du club hôtelier de Grenoble, nous apprend dans Le Journal des Entreprises (décembre 2010) que « depuis 2007, Grenoble enregistre 450 chambres supplémentaires en résidences hôtelières, créant une surcapacité de cette offre. On compte un appartement pour 2,6 chambres d’hôtel sur Grenoble, comparativement à 1 appartement pour 15 chambres d’hôtel en moyenne en France. » Pourtant, dans le même article, Philippe de Longevialle, adjoint à l’urbanisme à la ville de Grenoble et ancien agent immobilier, s’inquiète : « je pense que nous manquons de quatre étoiles haut de gamme pour la clientèle d’affaires de passage. En cas de gros congrès, il est difficile de loger tous les gens autour d’Alpexpo; ils sont parfois obligés d’aller jusqu’à Chambéry. Nous améliorons l’attractivité de Grenoble, l’hôtellerie doit suivre ». C’est effectivement un gros problème, qui résonne avec l’éditorial de Michel Destot dans le dernier numéro des Nouvelles de Grenoble : « La sortie de crise se fait douloureusement attendre dans notre pays. Notre engagement n’en est que plus fort : répondre aux besoins immédiats des Grenoblois, et plus particulièrement des plus démunis, en renforçant nos politiques de solidarité (...) ». Le Postillon, l’essayer c’est l’adopter Abonnez-vous Tarif unique pour 6 numéros (environ un an) = 12 € Modalités : envoyer de la monnaie ou un chèque à l’ordre de « Le Postillon », ainsi qu’un petit mot avec votre adresse. Le Postillon, 59 rue Nicolas Chorier, 38000 Grenoble Le Postillon est vendu à la criée mais aussi : À Grenoble : - Tabac-presse Le Berriat : 97, cours Berriat - Presse Le point Virgule : 25, rue Nicolas Chorier - Tabac-Presse Le Saint-Bruno : 67, cours Berriat - Tabac-presse Monin : 54 rue Diderot - Tabac-Presse Etienne : 45 rue de Stalingrad - Tabac-presse Grenette : 2, rue Montorge - Tabac-presse La Bruyère : 36, avenue de la Bruyère - Librairie des Baladins : 68, place des Géants - Tabac-presse Le Malherbe : 1, avenue Malherbe - Tabac Yaz Café : 101, Galerie de l’Arlequin - Tabac-presse Seferiadis : 39, boulevard Joseph Vallier - Tabac-presse Soulé : 2, rue Casimir Perrier - Sandwicherie « En tout sens » : 148, cours Berriat - Press’Bastille : 8, cours Jean-Jaurès - Tabac-presse Sandraz : 50, cours Jean-Jaurès - L’encre Sympathique : 92, rue Saint Laurent - Tabac-presse Squalli : 159, cours de la Libération - Le Local Autogéré : 7, rue Pierre Dupont - Bar Aux Zélées : 31, rue André Rivoire - Le Point Chaud : 53, rue Pierre Sémard - Tabac-presse Le Berthelot : 5, avenue Marcellin Berthelot - Tabac-presse Le Cigarillo : 54, avenue Félix Viallet - Tabac-presse Le Reinitas : 27, boulevard Clémenceau - Tabac-presse Les Eaux Claires : 22, rue des eaux Claires - Tabac-presse Le Barillec et Cie : 5, rue Thiers - Café-librairie Antigone : 22, rue des Violettes - Librairie-cantine Les Bas Côtés : 59, rue Nicolas Chorier (anciens numéros dispos également ici) Sur le campus : - Tabac du Campus : 442, avenue de la Bibliothèque À Fontaine : - Tabac-presse E. 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