Galerie Jean-François HEIM

JEAN-FRANÇOIS HEIM
TABLEAUX - DESSINS - SCULPTURES
GUSTAVE COURBET
Ornans 1819 - La Tour de Peilz 1877
Ecole française
LA VAGUE
Huile sur toile
H. 0,55 m ; L. 0,66 m
Signée en bas à gauche : G. Courbet
DATE : vers 1869-75
PROVENANCE :
Collection Schäfer, Schweinfurt
Collection Nusser, Munich (1964)
Collection Buehler, Stuttgart (2008)
Collection Schäfer, Schweinfurt (2009)
Galerie Beck & Eggeling, Düsseldorf (2010)
Galerie Haas AG, Zürich (2010)
Collection privée, Suisse
CERTIFICATS :
Sarah Faunce, New York, 29 janvier 2015
Jean-Jacques Fernier, Institut Gustave Courbet, Paris, 27 janvier 2005
Gustave Courbet est né à Ornans en 1819 dans une famille de la bourgeoisie terrienne.
Après des études médiocres à Besançon, il monte à Paris, où, à la place du droit, il apprend,
seul, la peinture grâce à de nombreuses visites dans les grands musées parisiens.
Les premières œuvres de Courbet datent de 1841, et sont essentiellement des
autoportraits. Mais les premiers vrais chefs d'œuvre du peintre sont réalisés à Ornans, où il
revient en 1849. C'est en effet dans sa ville natale que son style réaliste se développe, inspiré
par la vie rurale de la campagne franc-comtoise. L'Enterrement à Ornans sera le premier
scandale de Courbet, suivit par les Baigneuses en 1853. En cette seconde moitié de XIXe siècle,
selon la tradition académique, les tableaux de grand format sont réservés aux sujets historiques,
bibliques, mythologiques ou allégoriques. Courbet maltraite cette convention en peignant un
monde familier, domestique, sur de très grandes toiles. Il estime que l'histoire contemporaine,
Ancienne adresse : Utengasse 52, 4058 Basel, Switzerland
Nouvelle adresse à partir d’avril : ANDLAUER HOF, MÜNSTERPLATZ 17, 4051 BASEL, SWITZERLAND
Phone +41 61 681 35 35 - Mobile +41 78 955 77 77
Fax +41 61 681 75 70 - [email protected] - www.galerieheim.ch
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fût-elle celle des gens du peuple, mérite ces grands formats. En affirmant que "L'art historique
est par essence contemporain", Courbet exprime son désir de réformer la peinture d'histoire.
La carrière de Courbet ne fut cependant pas qu'artistique. Il s'investit également
beaucoup dans la politique pendant la Commune. Condamné à six mois de prison et à une forte
amende pour avoir voulu enlever la colonne Vendôme à Paris, Courbet est ruiné, ses toiles
confisquées, et il s'exile en Suisse en 1873, où il passera les dernières années de sa vie.
Courbet peint beaucoup durant cet exil, ses réalisations sont toujours de qualité.
La Vague appartient à la série des paysages de mer réalisée par Courbet à Etretat à partir
de 1869. L’élément marin exerce sur l’artiste une véritable fascination depuis qu’il l’a découvert
au Havre à l’âge de 21 ans. Durant toute sa carrière, Courbet est revenu régulièrement sur la
côte normande. A cette occasion il a saisi des scènes pittoresques peuplées de pêcheurs ou de
bateaux échoués. Lorsqu’il revient à Etretat en 1869, c’est pour relever un défi qui fascine les
artistes de cette époque : fixer sur une toile le mouvement changeant de la mer.
Pendant ce séjour estival, Courbet peint une vingtaine de tableaux, en multipliant les
esquisses qu’il retravaille ensuite de mémoire dans son atelier à Paris et les enrichit alors de son
univers propre. Au Salon de 1870, deux de ses œuvres seront exposées avant d’être achetés par
l’état : l’une intitulée Mer orageuse, se trouve aujourd’hui au musée d’Orsay (Fig 1) et une
autre La Vague, au Musée d’Art Moderne André Malraux du Havre (Fig.2)
Fig 1 La mer orageuse dit aussi La vague,
huile sur toile, H. 1,17 ; L. 1,60 m ; 1870
Musée d’Orsay, Paris.
Fig 2 La Vague,
huile sur toile, H. 0,71 ; L. 1,60 ; 1869
MuMa, Le Havre.
L’originalité du travail de Courbet sur la mer réside en partie dans l’obstination avec
laquelle il essaie de capturer une réalité changeante. Cette réalité mouvante est celle de l’eau,
de l’air et du ciel. Pour parvenir à ses fins, le peintre, bien avant Monet, inaugure le concept de
la peinture en série autour de trois sujets principaux : la vague, la mer orageuse et la falaise.
Ancienne adresse : Utengasse 52, 4058 Basel, Switzerland
Nouvelle adresse à partir d’avril : ANDLAUER HOF, MÜNSTERPLATZ 17, 4051 BASEL, SWITZERLAND
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Courbet, bien que moderne, est pourtant encore un homme du passé. Contrairement à
Boudin ou à Monet, dont il a fait la connaissance en 1865, il ne peint pas en plein air. Ses toiles,
nourries par l’observation minutieuse des éléments, sont peintes dans l’atelier qui donne
directement sur la mer. Guy de Maupassant a rapporté comment Courbet opérait d’incessants
allers-retours entre sa toile et la fenêtre donnant sur la mer.
Le déroulement de la vague est si fugitif que l’artiste, pour en restituer la permanence,
doit sans cesse recomposer son mouvement. Contrairement à ce que feront les Impressionnistes,
qui chercheront à traduire la fugacité d’un instant, Courbet s’attache lui à immobiliser une
masse d’eau en suspens. Il n’est pas tant le peintre de l’évanescence que celui de la stabilité.
Les Impressionnistes peindront une vague à un moment donné, Courbet cherche à peindre
l’essence de la vague, ce qui la constitue et lui confère son identité.
Par sa simplicité, le motif retenu se distingue des représentations traditionnelles de
marine ou de bord de mer, plus pittoresques. Aucune présence humaine n’anime cette
composition, ni même aucun détail du rivage : le cadrage est audacieusement resserré sur la
vague seule, menaçante. Courbet l’a façonnée avec vigueur à la brosse ainsi que, par endroits,
au couteau, évitant tout effet de transparence pour insister sur la densité de cette masse en
mouvement. La ligne d’horizon ne relie pas, mais oppose le haut et le bas, la mer et le ciel. Les
éléments (air, ciel, eau) sont les seuls sujets du tableau.
Notre tableau sera inclus dans le catalogue raisonné de l’œuvre en préparation par
Madame Sarah Faunce, ainsi que dans le Catalogue Raisonné Critique de l’Œuvre de Gustave
Courbet en préparation par Monsieur Jean-Jacques Fernier.
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