Les Chartreux - Institution des Chartreux

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Les Chartreux - Institution des Chartreux
n°30 . Juin 2004
Philippe BARBARIN, cardinal archevêque de Lyon • Youssef BECHARA, archevêque maronite d’Antélias
au Liban • Marcel BOZONNET, administrateur de la Comédie française • Colloque CHARLES
PEGUY • Christine CROZAT, plasticienne • Don DELILLO, écrivain • Marie DESPLECHIN,
écrivain • Soeur EMMANUELLE, religieuse • Denis GUEDJ, écrivain • Pierre GUINARD,
conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon • Aleksandar HEMON, écrivain •
Yves HENRI, sculpteur • Francesca ISIDORI, productrice et critique littéraire à France Culture • Yves
JOCTEUR MONTROZIER, conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon •
Festival LA CHAIR ET DIEU • Yannick LAURENT, comédien • Jean-Claude LEMAGNY,
conservateur
à
Festival
la
LES
(soirée Cocteau) •
SUBSISTANCES,
artistique
•
historienne
d’art
Inge
•
A
L’INSTITUTION
DES CHARTREUX
EN 2003-2004
Bibliothèque nationale •
INTRANQUILLES
LES NOUVELLES
laboratoire de création
LINDER GAILLARD,
Colum MCCANN,
écrivain • Antoine MOUTON, écrivain • Amos OZ, écrivain • Jean-Luc PARANT, poète et plasticien •
Bernard PLESSY, essayiste • Denis PODALYDES, acteur • Raphaëlle REROLLE, journaliste au
Les Chartreux
Monde • Olivier REY, metteur en scène • Jacqueline SALMON, photographe • Didier SANDRE, acteur
• Soeur SARA, religieuse • Christian SCHIARETTI, metteur en scène, directeur du Théâtre National
Populaire • THEATRE DES CELESTINS, théâtre de Lyon • Jean-René VALETTE, universitaire •
et des Subsistances • Marc WEITZMANN, écrivain et journaliste aux Inrockuptibles.
Les Chartreux
VILLA GILLET, unité de recherches contemporaines • Guy WALTER, écrivain, directeur de la Villa Gillet
n°30
Actualités
Sommaire
p 5 >15
Culture
• Les élèves ont la parole !
• OULICO ?
• Que serait l’Institution des Chartreux sans le théâtre ?
• Des soirées « théâtre »
• Les secrets de la bibliothèque des Missionnaires (b.M.)
• L’atelier patrimoine Chartreuse du Lys Saint Esprit
• En partenariat avec la Villa Gillet, notre 4ème café littéraire :
Amos Oz
• Le cercle des poètes retrouvés
• « Le cri de la louve »
• Les activités du CDI
• Un professeur - une passion : Aux 4 coins (+ 2) de l’Hexagone
• « Au nord tes parents »
p 16 >20 Histoire
• Un cardinal aux Chartreux
• L’orgue aux Chartreux
p 21 >25 Association des Anciens Elèves
• Entretien avec… Charles André (promo 1947)
• Monseigneur Gabriel Matagrin (1919-2004)
p 26 >55 Actualités
Institution des Chartreux
58, rue Pierre Dupont
69283 Lyon Cedex 01
Tél : 04 72 00 75 50
Fax : 04 72 07 02 10
e-mail :
[email protected]
Pour plus d’informations,
consultez notre site internet :
www.leschartreux.com
Directeur de la publication : Jean-Bernard Plessy
Rédacteur en chef : Patrice Moret
Photographies : Jean-Noël Durand-Bourat –
Directeurs de division et professeurs – Photos Georges
• In memoriam : Père Jean Mey (1920-2004)
• Dans le sillage du Père Couturier
• De chantiers en chantiers
• « La chair et Dieu » dans Polyeucte
• Les DPECF et DECF au cinéma
• Remise des diplômes du DESCF
• Trois jours en pèlerinage au Puy-en-Velay
• Coup de théâtre en 4ème
• L’expérience théâtrale vue par des élèves de 4ème F
• Voyage aux Etats-Unis
• Le bonbon plaisir
• Le nouvel an chinois en maternelle
• Un conte : « Cadabra »
• « On a toujours besoin d’un plus petit que soi »
• Astronomie au programme ?
• Voyage en Angleterre
• Les Chartreux - Sainte Famille ouvert sur le monde
• Ajouter des années à la vie ou de la vie aux années ?
• Résultats aux examens 2003 : DECF et DESCF
• Calendrier 2003-2004 et rentrée 2004
• Carnet
Editorial
Jean-Bernard Plessy,
Supérieur de l’Institution des Chartreux
De l’émerveillement à la contemplation
Entre la fin du jour et le début de l’après-midi, au-dessus du
Groënland. Nous avons quitté la France vers midi, et nous
sommes encore à 1000 km de New York. L’énorme Airbus A340
s’est majestueusement dressé vers le ciel, il y a quelques heures.
Il emmène vers le Nouveau Monde vingt-huit de « nos petits, les
sixièmes bilingues lyonnais », avec leurs professeurs organisateurs de l’échange américain. Quinze
jours pour pratiquer la langue anglaise qu’ils parlent déjà assez bien. Mais justement, ces enfants
m’interrogent. Ils sont pour le moment assis sagement à leur place ; cela ne va pas durer. Dans
quelques instants, les va-et-vient vont commencer, pris qu’ils sont d’un irrépressible besoin de
comparer leur portable, leur numérique ou leur game-boy et autres gadgets électroniques sans
lesquels l’enfant du siècle ne peut plus se déplacer ! Je contemple par le hublot les plaques gelées
et désertiques qui ne sont ni tout à fait la terre, ni tout à fait l’Océan. J’appelle un ou deux élèves
depuis ma place à contempler ce spectacle insolite. En vain ! C’est plutôt moi qu’ils regardent d’un
air étrange et bienveillant ! Les voilà qui retournent à l’étude comparative de leur portable. Qui
d’eux ou moi est l’enfant ? Est-il naïf d’écrire en d’aussi simples termes que je demeure à chaque
fois émerveillé de la grâce avec laquelle cet énorme avion s’arrache à l’attraction terrestre pour
nous déposer, six heures avant l’horaire qui fut le nôtre, ailleurs, loin ailleurs ! Davantage, est-il
convenable de faire part d’un étonnement déçu : ils n’ont pas prêté attention au Groënland qui
était sous nos yeux, et qui jamais ne pourra être pour nous un spectacle banal. Comment pourraisje leur en vouloir cependant, eux qui sans cesse nous étonnent par leur dextérité, leur rapidité
d’esprit, leur aisance à entrer dans ce monde de plus en plus technique et difficile ?
En fait cet épisode me renvoie à une réflexion plus large sur la vertu philosophique de
l’étonnement. Au commencement, à l’âge où l’homme est un enfant, il y a l’émerveillement, dont
il ne se départit jamais totalement d’ailleurs, parce que ce regard nouveau et enchanté sur les
choses qui caractérise le temps des découvertes premières, se mûrit, s’affirme dans l’étonnement.
L’étonnement, c’est cette attitude socratique qui marque le début du questionnement
philosophique, qui en est même la condition première. Le réel n’est peut-être pas comme nous le
voyons. Les choses auraient pu être autrement qu’elles ne sont. Rien ne tombe sous le sens. Sans
même que nous y prêtions attention, cette vertu de l’étonnement guide notre recherche
intellectuelle au quotidien. Il y a un lien naturel entre l’émerveillement de l’enfant et l’étonnement
de l’adulte. C’est cette disposition providentielle, donnée par grâce par le Créateur, qui, seule,
qualifie notre présence au monde. Résister à l’enthousiasme qui peut nous gagner à chaque instant
devant la beauté du monde, retenir l’esprit quand il ne demande qu’à s’étonner que les choses
soient ainsi et qu’il désire en chercher les causes, c’est subir l’existence, c’est peut-être même une
façon d’y renoncer.
Je ne doute pas un seul instant que nos petits sixièmes sauront s’étonner de mille choses, mais le
monde dans lequel ils sont nés il y a un peu plus de dix ans ne les aide pas à s’émerveiller. Peutêtre parce qu’il est un monde désenchanté. Peut-être parce qu’il se met en devoir de créer, de
recréer lui-même un émerveillement virtuel. La télévision fait beaucoup de mal à l’enfance, en ce
qu’elle la coupe de ce rapport spontané à la nature, au réel qui s’offre aux sens. Elle lui substitue
un sensationnel vulgaire et idiot, qui cherche à capter l’attention de l’enfant, sans faire appel à son
émerveillement. Elle ne le peut pas, puisqu’elle n’offre pas le beau. Alors elle le choque, par la
violence, par la surprise d’images qui ne sont pas pour les enfants, comme on dit, si tant est qu’il
y en ait pour les adultes.
Seulement voilà une préoccupation pour le professeur ou l’éducateur. J’entends souvent des
enseignants évoquer la passivité de leurs élèves, l’absence de curiosité : mais comment peut-on
s’étonner quand on n’a pas su ou pas pu s’émerveiller ?
Plus inquiétant encore : l’émerveillement engendre l’étonnement, l’étonnement la contemplation.
Le Sage et le Mystique ont une âme d’enfant. Aristote dit de l’acte de contemplation qu’il procure
le bonheur suprême. Vision eudémoniste des choses, a-t-on dit. Peut-être. Mais pour le Philosophe,
la contemplation de la Vérité par l’âme est de l’ordre du divin. Elle est le fait d’une sagesse qui
renonce au sensible et qui s’attache à l’activité la plus parfaite : plus qu’une admiration esthétique,
une participation intime de l’âme à l’essence même du Vrai, du Beau, du Bon, etc. Le sillon est
tracé pour la mystique chrétienne, qui fera à son tour de la contemplation de l’Absolu, c’est-à-dire
de Dieu, l’idéal et le sommet de toute vie chrétienne. Le moine est un contemplatif qui puise sa
joie, son « enthousiasme » dans cette activité hautement spirituelle.
Mais l’expérience esthétique, comme l’expérience spirituelle, sont interdites à quiconque n’a pas
fait ce chemin de croissance. Là encore, le monde de ce temps ne favorise pas l’inspiration
métaphysique pas plus que les vocations contemplatives.
De l’émerveillement à la contemplation : c’est peut-être bien l’enjeu éducatif majeur pour notre
temps, même et surtout si notre siècle lui tourne le dos. Former des veilleurs, susciter
l’émerveillement du cœur, l’étonnement de l’esprit, le désir de contemplation de l’âme : peut-on
penser autrement la mission de l’Enseignement Catholique ?
Culture
Les élèves ont la parole !
Alain Gérente,
directeur des affaires culturelles
Ou écrivent… Ils vont vous dire ce qu’ils vivent, ce qu’ils découvrent, leurs joies, leurs
plaisirs, leur bonheur.
Cette année a été riche en événements, en rencontres, en visites. Mais notre fierté, c’est
lorsqu’un élève nous dit que pour la première fois, il est allé à l’Opéra ou dans un vrai théâtre
ou qu’il a vu des œuvres qui l’étonnent.
Passons, éveillons, échangeons !
OULICO ?
(ouvroir de littérature contemporaine)
Camille Martin-Peyre,
élève de 2nde 3
5
Je sais bien qui vous êtes. Vous n’avez
peut-être jamais lu par vous-même et vous
souhaiteriez vous y mettre. Vous ne savez
pas quoi lire. Vous en avez plus qu’assez
des Harry Potter et autre Marc Lévy. Vous
aimeriez élargir votre bibliothèque ou,
tout simplement, comme moi, vous
souhaitez juste passer un moment
agréable, avec des gens agréables, autour
de livres, dans un endroit agréable (que
demander de plus ?). Je propose une
solution, à vous, pauvres âmes en mal de
lecture…et cette solution tient en trois
syllabes : OULICO.
Des précisions ? OUvroir de LIttérature
COntemporaine. L’OULICO, c’est, plus
simplement, un petit groupe de gens qui
débattent, discutent, s’amusent autour de
livres récents, plus ou moins connus, plus
ou moins polémiques, mais qui créent
toujours le dialogue, et qui parfois même
déclenchent les passions. C’est la
découverte d’une littérature à laquelle on
ne pense pas toujours, mais qui, une fois
apprivoisée, s’avère bien plus riche qu’elle
ne le paraissait de prime abord. En entrant
dans le cercle de l’OULICO, en début de
septembre dernier, je croyais connaître la
littérature contemporaine. Les quelques
mois qui ont passé depuis ont suffi à me
démontrer le contraire. La littérature que
je connaissais n’était que la modeste partie
émergée de l’iceberg, celle qu’on voit,
parce que les médias, la pub et les grands
diffuseurs ont envie qu’on la voit
(« business is business »). Ce que j’appelais
littérature contemporaine, c’était les livres
« Coup de Cœur » et « Best-seller» de la
FNAC. A présent j’ai découvert une
littérature peut-être moins placée sous les
feux de la rampe, mais qui bien souvent
s’avère plus intéressante. Mauvignier,
Nothomb, Sijie, Blanc, Roubaud, AutinGrenier, Sachar... Parmi ces noms jetés en
vrac, certains que vous connaissez, des
« airs connus », et puis d’autres un peu
moins… Parmi ces noms, les auteurs de
petites merveilles, de textes qui vous
remuent les tripes (lisez certaines nouvelles
de Pierre Autin-Grenier, comme Toute
une vie bien ratée), qui vous emmènent
ailleurs, dans l’espace ou dans le temps
(Extrême-Fiction d’Emmanuel Blanc ou
Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai
Sinjie), des textes qui ont défilé devant nos
yeux sans jamais se ressembler, des romans
pour la jeunesse comme Le Passage de
Louis Sachar, à la poésie contemporaine,
en passant par la célébrissime Amélie
Nothomb et ses Stupeurs et tremblements…
Et ce n’est pas tout ! Car non seulement
participer à l’OULICO, c’est partir à la
découverte de nouveaux mondes, de
nouvelles expériences, de nouveaux styles,
mais c’est en plus de tout cela avoir le
privilège, pour quelques heures durant,
d’avoir pour soi « LA » salle des
Chartreux, la seule et l’unique : la
bibliothèque des Missionnaires. Et rien
que pour cela, cela vaut le coup d’être
« oulikien » !
En bref, l’OULICO, ce sont des élèves de
seconde et de première, réunis dans la
bibliothèque des Missionnaires à peu près
tous les mois et demi, qui lisent, s’amusent
et débattent ensemble. Bientôt, l’OULICO,
ce sera aussi des rencontres avec des
auteurs, puisque Jean-Luc Parant qui
expose actuellement au MAC a accepté de
venir nous rencontrer pour parler de son
œuvre poétique et plastique. En fait,
l’OULICO c’est un peu l’auberge
espagnole. Chacun de vous y trouvera sa
place, dans le partage, la découverte, la
bonne humeur, et la lecture. Alors,
rejoignez nous vite !
Que serait
l’Institution des
Chartreux sans
le théâtre ?
Clara Loubier, élève de 1ère L
Christophe Januel, élève de 2nde 4
Certainement pas la même ! L’institution
est un lieu privilégié pour s’ouvrir à la
culture. En effet, de l’école primaire aux
classes préparatoires, chaque élève est
invité à participer à des troupes de théâtre
et à devenir acteur de la vie culturelle des
Chartreux.
Dès le CE2, et jusqu’au CM2, Anne
Kravz-Tarnawsky initie les jeunes enfants
aux joies du théâtre. C’est pour eux un
moment de détente et de travail (de deux
heures). L’écoute a, dans le cours, une place
primordiale. Ils travaillent sur Les Contes
de notre temps d’après Jean de la Fontaine
et seront sur scène à la fin de l’année.
Au collège, les élèves sont répartis par
groupes. Tout d’abord, la troupe de
Mme Merle, qui s’occupe des élèves de 6ème
et 5ème, travaillant sur la ConversationSinfonietta de Jean Tardieu, tout en
étudiant l’aspect technique qu’exige la
pièce. Au groupe de Mme Merle s’ajoute
celui de Mlle Fillardet qui se prépare à
entrer en scène. Maintenant, le temps
manque pour les échauffements et toute
l’attention se porte sur la pièce,
6
Culture
L’Eau de vie, d’Olivier Py. Mlle Fillardet
souhaite également organiser des
« samedis heureux », dans le but de rendre
les répétitions plus agréables. Mlle Rascle
s’occupe du petit groupe de 4ème et 3ème. La
pièce qu’ils ont choisi de jouer est difficile,
Les Bâtisseurs d’empire ou le Schmurtz de
Boris Vian, et le travail n’a pas été de tout
repos. Ils ont dû discuter ensemble de la
pièce, l’interpréter, pour pouvoir enfin la
jouer.
Nous ne pouvions pas oublier les
Théâtreux des Chartreux qui continuent
l'option théâtre. Etroitement liées, les deux
troupes, celle des élèves de seconde et celle
des élèves de première et terminale,
travaillent le mercredi après-midi. Les
élèves de seconde interpréteront Les
Généreux d’Abdelkader Alloula à la fin du
troisième trimestre. Le déroulement des
séances est assez rigoureux : échauffement,
italienne, répétition… Ils ne s’arrêtent
jamais ! Mais faire du théâtre aux
Chartreux implique aussi d’aller voir des
pièces. Presque toutes les troupes se sont
rendues au TJA, au TNP, au Théâtre de la
Croix-Rousse, ou bien encore aux
Célestins. Ils ont aussi incité leurs
camarades, des professeurs et des parents à
les accompagner. Le théâtre n’a pas
d’âge…
7
Des soirées « théâtre »
Alexandre Kemlin et Clément Nourrisson,
élèves internes de 1ère S2
A la rentrée 2003, nombre d’entre nous,
élèves des Chartreux, ont été agréablement
surpris par les améliorations apportés à
notre quotidien… Le domaine culturel,
essentiel à notre épanouissement personnel,
a tout particulièrement été favorisé ! Tous
les élèves, et même les internes de
l’Institution, pour leur plus grand
bonheur, peuvent désormais assister à des
représentations théâtrales de nature
diverse. Ces sorties théâtrales organisées et
encadrées par le directeur des affaires
culturelles, M. Alain Gérente, ont un franc
succès, notamment auprès des élèves de la
série littéraire, des élèves de première,
mais aussi des collégiens parmi lesquels se
distinguent déjà des « rats » de
bibliothèque.
Nous ne pouvons parler des soirées théâtre
sans évoquer leur convivialité. En effet, la
bonne humeur et la camaraderie nous
amènent à débattre sur l’objet réel de notre
présence : notre commune passion pour le
théâtre. Elle est différemment interprétée
selon la personnalité de chacun, grâce aux
diverses possibilités de compréhension
qu’offre la représentation théâtrale.
Cette initiative de la direction des affaires
culturelles de l’Institution des Chartreux
répond en tout cas à une véritable attente
des élèves dans ce domaine. « Follow the
scene, carry the dream ».
Les secrets de la
bibliothèque des
Missionnaires (b.M.)
Floriane Locatelli,
élève de 2nde 1
En septembre dernier, la mise en place
d’un atelier d’entretien du patrimoine de
la bibliothèque des Missionnaires fut
proposée à la classe de 2nde 1. Je me portai
aussitôt volontaire avec enthousiasme.
Pendant quatre années, j’avais tourné
chaque soir la poignée de la porte de cette
pièce dans l’espoir de la trouver ouverte, et
la fascination éprouvée lors de ma
première visite ne retombe pas ! Je venais
de trouver un moyen « légal » d’accéder au
sanctuaire. A mon grand étonnement, je
n’étais pas le seul énergumène bibliophile.
Une dizaine de mains se levèrent, la troupe
des petits bibliothécaires était créée.
Notre première réunion ne fut que
découverte et émerveillement. Une
semaine plus tard, la visite du conservateur
du fonds ancien de la Bibliothèque de
Lyon fut riche en conseils. Soulevant un
nuage de poussière, nous nous attaquions,
enfin, à notre première travée.
Depuis, dépoussiérant avec précaution les
parchemins, entretenant les cuirs, nous
nous familiarisons peu à peu avec ces
austères livres anciens. Coiffe, entre-nerf,
ex-libris, incunables, reliures aux armes,
papiers dominotés : ces termes ésotériques
ne nous impressionnent plus. Cependant,
les imposantes travées éveillent toujours en
nous un respect admiratif.
Nous travaillons actuellement à la
préparation d’une exposition qui mettra en
valeur les curiosités de la bibliothèque des
Missionnaires. En ouvrant les portes de ce
lieu fermé, c’est une approche bibliophile
de l’objet textuel que nous souhaitons
transmettre. Nous vous invitons par
conséquent à venir découvrir le
patrimoine livresque de l’Institution.
L’atelier-patrimoine
Chartreuse du Lys
Saint Esprit
Caroline Joannin, élève de 1ère L
Vous qui êtes élèves, parents d’élèves ou
professeurs aux Chartreux, vous êtes vous
déjà interrogés sur ce qui
fait la beauté et la valeur
des lieux que vous fréquentez chaque jour ?
Quelles origines, quels
sens ont les bâtiments des
Chartreux ?
Ainsi, dans le cadre d’un
atelier-patrimoine, nous
allons tenter de répondre
à ces questions.
Sur
proposition
de
M. Gérente et de notre
professeur M. Bouteille,
et avec l’aide de
M. d’Ussel, nous avons
8
Culture
donc commencé à dresser le plan de
l’ancienne Chartreuse du Lys-Saint Esprit,
et à retracer son évolution jusqu’à l’actuelle
Institution des Chartreux. Il nous a fallu
rapidement admettre notre incapacité à
venir à bout d’une telle entreprise.
Aussi, nous nous sommes fixé un nouvel
objectif plus accessible, mais non des
moindres : réaliser un montage qui
présente – principalement sous forme de
photos – les parties subsistantes de
l’ancienne Chartreuse dans l’actuel
établissement, ainsi que la signification et
l’usage qu’elles ont et ont eu. Nous
espérons pouvoir présenter ce travail à la
fin de l’année.
Enfin, un voyage à la Chartreuse de
Villeneuve-lès-Avignon ou à la Grande
Chartreuse est prévu au mois de juin pour
confronter notre monastère à d’autres
réalités cartusiennes.
Que reste-t-il du bâtiment des domestiques ou
vignerons de la Chartreuse du Lys St Esprit dans
le bâtiment U de l'Institution des Chartreux ?
(plan de 1791)
9
En partenariat avec
la Villa Gillet, notre
4ème café littéraire
Amos Oz, vue par Stéphanie Jansen,
élève de TL
Amos Oz. Un de ces noms qui jouent la
musique que j’aime. Inévitable, la référence
au magicien de L. Frank Baum se fait. Mais
dans Oz, moi j’entends surtout « ose ». Et
j’entends la musique d’un pays que j’aime,
Israël. Alors forcément, quand en plus de
cette magie du nom, je trouve le Connaître
une femme de celui qui m’apparaîtra
quelques jours plus tard dans la salle Hyvrier
bondée, je ne résiste pas à l’insomnie qui
m’appelle et je me lance à corps perdu dans le
monde déchiré par le silence d’Amos Oz.
Et vlan ! La claque. Joël Raviv ne vit pas, il
espère. Il espère qu’un jour la Vie le prendra
au cou, l’étouffera et lui dira « Je suis là ». Il
court après sa vie, la recherchant tantôt avec
fureur tantôt avec langueur, dans la retraite
qu’il vient de prendre. Il travaillait pour les
services secrets israéliens, jusqu’au jour où sa
femme est morte, tuée par un accident brutal.
Noga, sa fille, fait figure de fantôme qui, à
l’image des jeunes que j’ai pu croiser en
Israël, se nourrit de poésie kibboutzique,
véritable ode à la jeunesse de cœur dans le
socialisme juif. Elle a 17 ans. Elle est
épileptique, tourmentée et passionnée.
Déchirée aussi. Déchirée par le secret qui
étouffe sa vie, celui d’un père absent, tout
comme lui-même est déchiré par le silence qui
a fini par faire de sa vie une parenthèse. Il est
quatre heures du matin. Je referme le livre du
magicien, et ça y est, je sais. Moi aussi je dors.
L’insomnie n’est qu’un pénible leurre,
assurément je dors.
Depuis cette nuit d’angoisse presque
métaphysique, moi aussi j’attends. Jusqu’au
jour où je rencontre Rami Rimon, Frouma
Issarov, Herbert Ségal et les autres qui vivent
Ailleurs peut-être, et qui s’empressent de
répandre sur mon angoisse un réconfortant
voile de poésie marquée par le soleil brûlant
et le vent qui emporte tout du désert du
Golan ; une poésie qui chante. A tel point que
moi aussi, je battrais bien la mesure, mais
j’apprends que ceux qui le font expriment
une sensibilité musicale factice et animale.
Alors non. Et puis Noga Harcih me dit qu’il
faut vivre cette vie qui m’habite. C’est peutêtre bien parce qu’elle aussi veut se sentir
vivante qu’elle décide de faire de cet enfant
qu’elle porte, à 17 ans, un homme, défrayant
ainsi la médisance qui écrit Ailleurs peut-être.
Ailleurs peut-être, la paix. Mais pas à
Metsoudat-Ram. Chez Noga Harich, « la
mélopée lancinante qui vient heurter nos
fenêtres », c’est le chant des soldats et des
mitrailleuses du Golan.
Ailleurs peut-être, Amos Oz aurait pris la voix
d’un de ses personnages, mais ici, à
Metsoudat-Ram, il est le Mal qui ronge la
société aux rouages trop bien huilés d’un
kibboutz quelque part entre les collines
d’Israël et les cèdres du Liban, la médisance.
Celle-là même qui se délecte des larmes d’un
père, des cauchemars d’un enfant et de la
douleur du deuil d’une mère.
Ailleurs peut-être, ceux qui savent « regarder
droit dans les yeux du destin sans baisser le
regard» seront sauvés. Mais ici, ils meurent.
« Solitaire, elle est morte, et vous, dont la vie est
vide, qui ne savez qu’être .Vous marchez sans
bruit, empruntant ses pas ». Et vos pas suivent
le chemin qui indique « Ailleurs ».
Mais seulement un ailleurs peut-être, alors,
lorsque Amos Oz vous quitte, c’est sur le
chemin, et il vous enjoint de prendre des
forces, de retenir votre souffle et de rêver cet
ailleurs, pour s’en faire un horizon de plus en
plus proche. En clair, sortez, osez quitter le
peut-être d’une autoroute et partez sur les
chemins parallèles qui vous mèneront…
ailleurs.
Le cercle des poètes
retrouvés
Frédéric Ducarme,
élève de 1ère L
« Donnons aux jeunes talents l’occasion de
s’exprimer ! En leur accordant un espace
d’expression, bien sûr ! » C’est dans ce but que
l’atelier d’écriture des Chartreux a vu le jour
pour la première fois cette année, avec la
bénédiction de notre supérieur le Père Plessy et
du directeur des affaires culturelles. J'étais en
train de discuter littérature dans le bureau de
M. Gérente lorsque l’idée d’un atelier
d’écriture aux Chartreux germa dans nos
esprits échauffés. Je venais d’évoquer l’atelier
du théâtre de la Croix-Rousse (avec Thierry
Renard de « l’Espace Pandora »), auquel
j’avais apporté ma petite contribution. Une
telle bonne idée ne pouvant continuer d’être
absente des activités culturelles de la Maison
impunément, Alain Gérente me désigna
d’office - c’est sa manière de faire (et sans souci
de mon accord) - animateur de l’animation.
Cet atelier se tient un jeudi sur deux depuis le
10 avril 2003, de 17 à 18 heures, à la
bibliothèque des Missionnaires, lieu chargé
10
Culture
d’ans, de livres et de littérature… A l’issue de
cet atelier, les meilleurs textes seront regroupés
dans un livret édité et déposé… dans la
bibliothèque des Missionnaires (b.M.).
Mayeul Fournier, élève de 2nde 6
Frédéric Ducarme, élève de 1ère L
Les jours se meurent
La joie trépasse
Des durs labeurs
Ma vie se passe.
Ambiance étrange d’une vieille gare en
banlieue, d’une ville tentaculaire.
Atmosphère étouffante au beau milieu de la
nuit. La nuit n’en est d’ailleurs pas une : la
voûte céleste est d’une couleur énigmatique,
oscillant entre un rose sombre et un mauve
surnaturel. Inquiétant. Au sol, la lumière
blafarde des vieux réverbères projette des
ombres étonnantes, presque vivantes,
donnant l’impression désagréable de n’être
pas seul. Ces lieux ont encore l’air d’être
habités par quelque fantôme tapi dans
l’obscurité. Sordide. Tout ici n’est que
vétusté, rongé par la rouille. De vieilles
carcasses de wagons saturées de graffitis
tiennent encore debout par miracle et
semblent ridées par 1’oxydation cramoisie
et rugueuse qui écaille leur antique couleur
réduite à l’état de traces. On ne sent aucune
odeur et pourtant l’air lourd semble être
empli de quelque chose d’étrange et
d’étouffant, d’indéfinissable. Partout, la
nature semble reprendre ses droits : de
mauvaises herbes poussent entre les rails
désaffectés et les ronces rampent le long des
wagons. Le sol, parsemé d’immondices, est
lui aussi d’une couleur impossible qui reluit
parfois sous l’éclat éteint des ampoules
fatiguées. Le lieu est désert et semble
pourtant grouiller de vie entre les plaques
de tôle et de bois méconnaissables.
Cimetière des trains.
11
Une goutte d’espoir
Il pleut.
Il pleut.
Quelle heure est-il ?
Mon esprit dort
Je suis tranquille
C’est un trésor.
Il pleut.
Je me languis
Je suis rec1u
Ma belle vie
Elle est perdue.
Il pleut.
C’est une pluie
De l’intérieur
Mon cœur ne rit
Qu’après les pleurs.
Il pleut.
Vienne la pluie
De mon sommeil
Un espoir luit
Mon arc-en-ciel.
Il pleut...
« Le cri de la louve »
Jean Boutan et Lucie Vieillard,
élèves de 2nde 6
Les élèves de 2nde 6 et 2 se sont rendus du 10
au 16 mars 2004 en Campanie…
Montez le Vésuve ! A son pied s’exhument
Herculanum, Pompéi, Ophontis et
Pouzzoles. Plus loin sur le golfe de Naples,
c’est le volcan de la solfatare, c’est le
château aragonais de Baïes, c’est la sibylle
de Cumes. Vers le Sud, Paestum et un
morceau de grande Grèce, ces mêmes
routes arpentées par Pline l’Ancien,
Goethe et Napoléon. Début mars 2004,
nous sommes venus et nous avons vu : la
Méditerranée dormait sous notre hôtel, la
nourriture était bonne - surtout les
desserts. Ainsi la louve romaine nous a
bien nourris. En 79 cependant, d’autres
louves offraient elles aussi leurs mamelles
à tous venants, ne vous déplaise…
Revenons alors à Pompéi et écoutons, au
hasard des rues, le chant douloureux des
louves au clair de lune.
Pompéi était, dans l’Antiquité, une cité de
riche villégiature et un grand carrefour
commercial. Elle se devait donc d’assouvir
les besoins de ses habitants et visiteurs.
C’est
ainsi
qu’aux
nombreux
« thermopolium » (lieu de restauration)
et aux « cauponae » s’ajoutaient des
établissements où l’on pouvait rencontrer
des prostituées : les lupanars, également
réputés pour leurs célèbres fresques
érotiques qui attisaient l’imagination des
clients. Le lupanar tire son appellation de
la complainte de la louve, que
reproduisaient les prostituées afin d’attirer
le promeneur solitaire, d’où leur surnom
de « lupae », les louves. Les murs du
lupanar sont ornés de peintures érotiques
très fines, qui décrivent les prestations
offertes par les prostituées. Ainsi, on peut
voir Priape qui, devant un figuier, tient les
testicules d’un double phallus, ou encore
les différentes étreintes possibles qu’Ovide
a commentées dans son Ars Amatoria.
Nombre de clients étaient étrangers et ne
parlaient pas le latin. Ces fresques
représentaient la manière idéale de
commander un service. Désormais, elles
sont conservées, pour une grande partie,
dans le musée archéologique de Naples,
dans la fameuse « pièce secrète », où sont
également entreposés les accessoires
indissociables au lupanar. Elles sont les
reliques du principal talon d’Achille des
Romains : le plaisir. Il était grand temps
que le Vésuve se réveille !
Montez le Vésuve ! En bas, le soleil brille
sur une ville dont le nostalgique
délabrement est celui d’une capitale qui a
perdu sa couronne, mais non pas l’auréole ;
« Voir Naples et… Fort bien, merci, j’en
viens », écrit Tristan Corbière. Nous
revenons, de la poussière antique sur nos
pieds.
12
Culture
Les activités du CDI
Bérengère Duréault,
professeur - documentaliste
13
Quantité d’activités se déroulent au CDI :
l’initiation à la recherche en 6ème, les IDD
(itinéraires de découvertes) en 5ème et en 4ème,
un soupçon d’ECJS (éducation civique,
juridique et sociale) en classe de 2nde et les
TPE (travaux personnels encadrés) en 1ère et
en Terminale. En dehors de toutes ces
activités, les documentalistes, avec le soutien
du directeur des affaires culturelles et l’aide
de plusieurs professeurs, organisent un
certain nombre d’animations autour du livre
et de la lecture.
Tout d’abord, une « boîte à suggestions » et
des thèmes définis par les programmes et
l’actualité (partenariat avec la villa Gillet,
année de la Chine…) permettent d’enrichir
les collections. En 6ème, plusieurs PAC (projets
d’action culturelle) organisés par des
professeurs, avec le soutien technique des
documentalistes, ont le livre pour thème ou
pour support. Deux classes ont lancé un
« défi-lecture » à une classe de l’Institution
Chartreux - Sainte Famille de Saint Etienne.
Ils ont lu en équipe une cinquantaine de
livres, ont posé des questions aux autres
lecteurs, ont corrigé les réponses de leurs
camarades… Les livres proposés sont des
romans, des documentaires et des bandes
dessinées qui permettent de découvrir un
large échantillon de la littérature de jeunesse
actuelle. Les trois classes se rencontreront en
juin 2004 pour une journée de jeux et de
découvertes autour des livres étudiés pendant
l’année. Cette rencontre se déroulera à Saint
Etienne. Une classe travaille, avec l’aide de
l’informatique, à la construction d’un livre.
Une autre classe, avec le support de la revue
Cosinus, découvre divers aspects des sciences.
Une dernière classe travaille sur l’objet
« livre », de l’écriture au produit fini que l’on
trouve en librairie. Ils ont également
découvert la bibliothèque des Missionnaires,
le musée de l’imprimerie… et s’ apprêtent à
recevoir Marie Desplechin.
En 5ème, une quinzaine d’élèves se rassemblent
toutes les cinq semaines en deux clubs de
lecteurs pour parler entre eux de ce qu’ils ont
lu, de ce qui leur a plu ou déplu dans tel ou
tel livre… Les échanges sont parfois
mouvementés. On parle des dernières
acquisitions du CDI, des livres de la
bibliothèque municipale, des nouveautés et
des grands classiques. A partir de ces
échanges, les élèves vont décerner leur coup
de cœur de l’année et vont choisir un certain
nombre de livres qui seront achetés par le
CDI. Les élèves de ces clubs choisiront un
livre pour le « défi-lecture » des élèves de 6ème
de l’an prochain.
Des élèves de 5ème, 4ème et 3ème se retrouvent
avec des élèves d’autres établissements toutes
les six semaines à la librairie A Pleine Page
pour lire des romans de l’année 2003,
sélectionnés par les libraires et les
documentalistes. Les discussions sont très
animées et permettent de décerner le Prix
Mezzanine. En 2002-2003, le 1er Prix
Mezzanine a été atribué à Omakayas de
Louise Erdrich (édité à l’École des loisirs).
Cette année encore, la compétition sera rude
entre la dizaine de titres retenus. Le Prix est
décerné dans le courant du mois de juin 2004.
Un concours de la nouvelle policière a été par
ailleurs proposé aux élèves de 4ème et de 3ème. Le
thème : « Le Père Plessy, a disparu ». Un jury
composé d’élèves, de parents d’élèves, de
professeurs, et présidé par le Père Plessy
décernera un 1er prix de la nouvelle policière
au mois de mai 2004. Le manuscrit gagnant
sera illustré par un artiste et édité.
Deux classes de 3ème forment une
bibliothèque tournante. Les élèves doivent,
en équipe, présenter une quinzaine de livres.
Après cette présentation, ils déterminent leur
livre favori. En 2002-2003, deux livres se sont
distingués très largement : Et si c’était vrai…
de Marc Lévy et Les Fourmis de Bernard
Werber. Au cours de la Semaine de la Presse
et des Médias dans l’Ecole, des élèves des
deux classes de 3ème ont rencontré Françoise
Verger et son mari pour découvrir le métier
de journaliste.
Plusieurs projets trouvent leur place dans le
cadre du lycée, dont l’OULICO (ouvroir
de littérature contemporaine). Ses membres
se rassemblent une fois par mois à la
bibliothèque des Missionnaires pour
explorer la littérature contemporaine. Ils
rencontreront en juin 2004 Jean-Luc Parant,
poète, et Antoine Mouton pour son premier
livre au nord tes parents.
Une dizaine d’élèves de 2nde ont entrepris de
nettoyer et de mettre en valeur les livres de la
bibliothèque des Missionnaires. Ils préparent
une exposition sur l’histoire du livre et les
différentes parties qui le composent. Grâce à
leur travail, leur engagement et leur
persévérance, la bibliothèque est aujourd’hui
utilisée pour un nombre croissant de projets
et de rencontres diverses.
Dernière nouvelle : c'est Aurélie de Foresta qui
est la lauréate du prix de la nouvelle policière,
par 8 voix sur 16 dès le premier tour.
Un professeur –
une passion
Aux 4 coins (+2) de l’Hexagone
Exposition de photographies de
Gonzague de Sallmard
du 22 avril au 28 mai 2004
Alain Gérente,
directeur des affaires culturelles
« Un professeur - une passion. »
Une France tranquille… Mais étrangement
peu animée ! On y cherche en vain une
présence : des enfants au bord d’une plage,
à peine suggérés, un pêcheur qui nous tourne
le dos.
14
Culture
Toutefois, des 4 (+2) coins de l’Hexagone
surgit une France assez inquiétante : trop
calme, vide, avec des ciels lourds de menaces,
ou au contraire trop pleine, avec des couleurs
saturées, tentante !
C’est aussi une France de la ruralité : avec ses
châteaux, ses pigeonniers, ses chevaux, une
France qui passe et que l’objectif fixe avant sa
disparition.
C’est surtout une France mythique, rêvée,
voire idéalisée. Les photographies deviennent
des tableaux, c’est la ronde des provinces :
« Le petit chemin qui sent la noisette… »
Gonzague de Sallmard enseigne les sciences
économiques et sociales à l’Institution des
Chartreux et dans un autre établissement scolaire
de Lyon. Avant d’être professeur, il a eu une
carrière dans la banque et, lorsqu’il était dans la
Drôme, a représenté le journal Ouest France.
C’est à ce titre qu’il a collaboré à un ouvrage,
La Drôme, en l’illustrant par ses photographies.
Par ailleurs, l’exposition actuellement à la b.M
(bibliothèque des Missionnaires de la Maison des
Chartreux) a été montrée au Conseil Général de
la Drôme. Merci à Gonzague de Sallmard
d’inaugurer cette série.
15
«au nord tes parents»
d'Antoine Mouton
Nous empruntons à une revue amie
un article de Jules de Saint Polycarpe,
consacré au premier ouvrage d’un de nos
anciens, sorti des Chartreux en 19971998, «au nord tes parents» d’Antoine
Mouton, né en 1981.
Il rencontrera nos élèves fervents de
littérature à la b.M. en juin
Le premier ouvrage d’Antoine Mouton au
nord tes parents publié à La dragonne,
même si la plaquette est mince (39 pages
qui se lisent en moins d’une heure)
bouleverse par la densité – le dru des mots,
mais aussi par la saturation – le narrateur
ne s’égare jamais dans l’anecdote.
Et pourtant, nous sommes dans un topos
bien connu de la littérature du siècle passé :
le road-movie. Un trio (le père, le mère et
leur fils) roule vers le nord dans une
voiture-domicile. Mais quel est ce nord,
pourquoi cette destination mystérieuse ?
Le fils, en une sorte de monologue
intérieur, s’adresse à la mère disparue et
reconstitue l’errance sur le ton de la
profération, voire de l’imprécation,
toujours dans la ferveur douloureuse. Peu
ou pas de ponctuation, ce qui autorise un
montage « cut », une mise en page
verticale proche du verset qui, lorsqu’il se
répand, devient poème en prose. Souvent
le texte déborde, explose, coule, envahit :
ébranlement assuré pour le lecteur.
C’est un très beau texte, touchant, une
incantation adressée à une mère.
Histoire
Un cardinal aux Chartreux
Bruno Martin,
supérieur de la Maison des Chartreux
Vers le milieu de 1802 on apprit qu’en
application des dispositions du Concordat
solennellement ratifié à Pâques de cette
même année, le Premier Consul
Bonaparte avait désigné pour le siège
archiépiscopal de Lyon son propre oncle –
le demi-frère de sa mère, Joseph Fesch.
Celui-ci, à trente-sept ans, commençait
une troisième vie : archidiacre d’Ajaccio
avant la tourmente révolutionnaire, il avait
ensuite quitté l’état ecclésiastique pour
suivre la fortune de son neveu, au moment
des guerres d’Italie. En 1802, déjà retiré de
ses fonctions de fournisseur aux armées, il
vivait en riche amateur, collectionneur de
tableaux, en compagnie de sa sœur, dans
un hôtel particulier qu’il s’était fait
construire à Paris, rue du Mont Blanc
(l’actuel quartier de la gare Saint-Lazare).
C’est là qu’était venu le chercher la
nomination du Premier Consul. Une
retraite sous la direction du Supérieur de
Saint-Sulpice, M. Emery, le réconcilia avec
l’Eglise et l’ancra fortement dans ses
nouveaux devoirs : Joseph Fesch ne
songerait plus désormais qu’au bien de son
diocèse.
Cela ne signifiait pas renoncer à tout.
Joseph Fesch gardait son luxueux hôtel de
la rue du Mont Blanc comme pied-à-terre
parisien ; et en attendant son départ pour
Lyon, il faisait préparer, chez les meilleurs
faiseurs, tout ce dont il avait besoin pour
son train de maison : linge, vaisselle –
quinze douzaines d’assiettes de Sèvres –
plus orfèvrerie et argenterie, fournies par
Ravrio ou Biennais. Sans compter les
bagages ordinaires, ce sont 38 énormes
caisses d’ustensiles divers qui furent
convoyées à Lyon, le 14 frimaire an XI (4
décembre 1802). Mais où allait loger le
nouvel archevêque ?
Les anciens
bâtiments de l’archevêché, attenants à la
Primatiale, avaient été vendus comme bien
national en 1794 ; la municipalité en louait
une partie aux nouveaux propriétaires
pour abriter le Tribunal Correctionnel, et
le reste était dans un tel état de
délabrement que lorsque Mgr de
Mérinville était
venu assurer
l’administration du diocèse en attendant
l’arrivée de Joseph Fesch, il avait fallu le
loger place Bellecour, à l’Hôtel de
l’Europe. Le préfet, M. Bureau de Puzy,
avait entre temps fait le nécessaire pour
meubler au mieux les pièces dévastées ; un
inventaire du temps mentionne « un
bureau à cylindre en bois acajou », « 48
fauteuils en noyer vernis bronze » et « un
lit à la polonaise à cintre droit avec
ornements et étoiles dorées ». Cependant,
lorsque dans la nuit du 4 au 5 décembre
1802 Mgr Fesch fit son entrée dans son
archevêché, l’amour-propre du prélat ne
pouvait que souffrir de la médiocrité des
locaux qui lui étaient attribués, et dont il
n’était que locataire. Des quais alors
encore fangeux de la Saône, Mgr Fesch
16
Culture
17
jeta-t-il déjà un regard en direction de
l’imposant bâtiment des ci-devant
Chartreux ? C’est probable. Mais le projet
devait mettre encore longtemps avant
d’aboutir.
D’abord, parce que de rapides honneurs
enlevèrent trop vite l’archevêque à ses
diocésains. Deux mois après son arrivée, il
recevait la barrette de cardinal ; le Premier
Consul l’appelait à être son ambassadeur
auprès du Saint-Siège, en attendant, après
les négociations du Sacre, de devenir
également Grand-Aumônier de la
nouvelle Cour impériale. C’est dire qu’on
ne revit plus le cardinal à Lyon que pour
de très brefs séjours. Et pourtant, à Paris
ou à Rome, l’achat des Chartreux
continuait à le préoccuper. Dès août 1805,
il fit acheter par son vicaire général,
M. Courbon, une cellule et ses
dépendances ; il revint à la charge en
décembre, se disant prêt à acheter « la
maison carrée et la vigne des Chartreux ».
En février 1806, le cardinal précisait ses
vues, toujours à l’adresse du même
correspondant : « Mon projet est vaste.
C’est une maison de missions intérieures,
avec un séminaire ou noviciat…Dans cette
maison, on établirait en outre une retraite
de prêtres qui voudraient y finir leurs
jours dans l’étude des Saintes Ecritures et
de la Tradition et qui se décideraient à
s’occuper uniquement des sciences
ecclésiastiques. Nous n’avons plus ni
Bénédictins, ni cloîtres, et où en sera
l’Eglise de France, si l’on néglige les études
susdites ?…A cet effet, non seulement la
maison carrée, mais encore tout le cloître
doit nous appartenir, avec les enclos et
dépendances des anciens Chartreux. J’ai
beaucoup de courage, ayez-en autant et
allez de l’avant. Je crois vous en avoir assez
dit. J’attends de vous les résultats. »
Le cardinal ne disposait pas encore des
locaux, mais il avait déjà l’homme : un
prêtre de Bordeaux, M. Rauzan, venu
prêcher à la Primatiale, et que M. Courbon
avait sollicité pour être l’âme d’une
première fondation, qui prit le nom de
Un cardinal et son domestique (gravure, début XIXe)
Missionnaires de France. Ce premier
groupe de quelques prêtres s’établit dans le
long bâtiment de deux étages qui abrite, au
rez-de-chaussée, l’ancien réfectoire des moines
et la salle capitulaire (chapelle des retraites).
C’est que la « maison carrée » était alors
louée à une certaine demoiselle Reynaud,
qui y tenait… un pensionnat de jeunes
filles, voisinage dont se plaignaient fort nos
pieux missionnaires. La fondation de M.
Rauzan n’eut d’ailleurs qu’une existence
éphémère, puisque le décret impérial de
1809 interdisant toutes les congrégations
religieuses la supprima. Mais le cardinal
n’avait pas renoncé ; le 15 octobre 1810, il
achetait enfin au sieur François Perret,
marchand orfèvre et capucin défroqué,
l’ancienne hôtellerie et ses terrasses. Le
cardinal
avait
fait
offre
à 80 000 francs ; Perret en demandait
100 000, et il les obtint. Dès le lendemain
de l’achat, le cardinal enjoignait son
secrétaire, M. Allibert, de faire
transformer l’ancienne vigne et le verger
des Chartreux en jardin à l’anglaise, et de
planter de marronniers – déjà – la grande
allée le long de l’église. Le zèle de
M. Allibert eut à s’exercer aussi à
l’intérieur : cheminées de marbre d’Italie,
tableaux de prix tirés des vastes collections
du cardinal… Lorsque ce dernier, après la
dissolution du « Concile » de Paris, fut
renvoyé dans son diocèse (mars 1812), la
demeure qu’il trouvait était cette fois
digne d’un archevêque.
Où logeait le cardinal ? Au premier étage,
comme on l’a écrit, ou plutôt dans les
vastes salons du rez-de-chaussée, où se
trouvent les plus belles cheminées, et dont
les volumes étaient plus conformes à sa
dignité ? Et résida-t-il vraiment tant que
cela aux Chartreux ? Entre mars 1812 et
septembre 1813, le cardinal Fesch fit
plusieurs visites pastorales et tournées de
confirmation, dans les Monts du Lyonnais,
en Bugey, en Beaujolais ; et sa santé – ou
un ordre impérial – le consigna « aux
eaux » à Aix-les-Bains, en compagnie de
Madame Mère, en juillet – août 1812.
Nous ne sommes vraiment sûrs que du
séjour qu’il fit dans la maison du 17 juin au
25 août 1813. C’est même dans l’église
Saint-Bruno que Son Eminence fit alors
une ordination nombreuse, le 2 août 1813,
qui fut sans doute la seule. Mais le cardinal
était si attaché à une maison qu’il avait
achetée de ses deniers, arrangée et meublée
à son goût, que sa figure y reste liée,
malgré la brièveté du séjour réel. La
légende de la maison évoque le cardinal
allant et venant sur la terrasse, suivi d’un
domestique portant une très visible
ombrelle rouge. La scène est très
vraisemblable, et moins originale qu’il n’y
paraît, ladite ombrelle étant, en ce tempslà, de stricte étiquette pour les cardinaux.
Quelques mois plus tard, c’est sans
ombrelle et sous un déguisement que le
cardinal s’enfuyait de Pradines, menacé
par un corps avancé des troupes
autrichiennes (11 février 1814). C’en était
fini de Lyon, que le cardinal quittait le 27
avril pour le chemin de l’exil, à Rome,
jusqu’à sa mort en 1839 – si l’on excepte un
bref passage, pendant les Cent-Jours, en
mai 1815. Paradoxalement, c’est
l’éloignement du cardinal de « sa »
maison des Chartreux qui permit au projet
qu’il exposait dès 1806 à M. Courbon de
prendre corps. D’éphémère résidence
cardinalice, l’ancienne chartreuse allait
bien devenir une maison de missionnaires
et d’éducateurs. Mais il y faudrait encore
quelques années.
(A suivre)
18
Histoire
L’orgue aux Chartreux, une histoire
partagée avec amours et délices
Alain di Folco,
membre de l’association des amis de l’orgue
Le grand-orgue du Père Blanchon (1948)
Dès 1946, l’abbé Jean Blanchon, qui exerce
les fonctions de maître de chapelle et
d’organiste, juge nécessaire la restauration
et l’agrandissement de l’orgue. Deux devis
sont présentés : l’un des établissements
Michel-Merklin et Kuhn, l’autre du
facteur Edouard Ruche. C’est ce dernier
qui sera retenu sur les conseils de
M. Adrien Rougier, organiste de SaintPothin.
Les
modifications
sont
importantes. Tout d’abord, les claviers
passent de 54 notes (do à fa) à 61 notes (do
à do) et, comme c’est la mode à l’époque,
La console
19
les sommiers du 2ème clavier (Récit)
comportent 68 notes, ce qui permet de
jouer à l’octave aiguë. Le pédalier, qui
n’avait que 27 notes (do à ré), est porté à 32
notes (do à sol). Au premier clavier, le jeu
de gambe cède la place à une flûte
harmonique (jeu neuf) et la flûte
octaviante de 4’ à un prestant. Au second
clavier, on aura les flûtes harmoniques de
8’ et de 4’ et un cornet complet : un 2’ et la
tierce de 1’3/5 s’ajoutent au nazard
existant. Un basson de 16’ complètera le
chœur des anches comptant déjà la
trompette et le hautbois. Le clavier de
pédale s’enrichit d’un second jeu de 16’, le
bourdon 16’ du grand-orgue sera transmis
en 16’, 8’ et 4’, ainsi que le basson 16’ du
récit en 16’, 8’ et 4’ lui aussi.
La plus grosse modification sera
l’installation de transmissions électropneumatiques pour les sommiers anciens
et nouveaux. Ce système permet une
quantité de tirasses en 8’ et 4’, d’appels
d’anches et mixtures, accouplements
Récit/GO en 16’, 8’ et 4’, ainsi que Récit en
16’ et 4’.
Pendant 40 ans, l’orgue va assurer un très
grand nombre de services : messes des
élèves, mariages et concerts de la chorale
des Chartreux. Le Père Blanchon, le Père
Achard et Maître Chavrier tiennent les
claviers de façon régulière.
Cependant, le système de commandes
adopté lors de l’agrandissement ne donne
satisfaction que de façon imparfaite. Sa
complexité et la technologie d’époque des
matériaux utilisés (membranes, électroaimants, appareils électriques… )
nécessitent des interventions fréquentes du
facteur d’orgue. En outre, les deux buffets
sont pleins à craquer, la tuyauterie est très
difficilement accessible, ce qui oblige le
technicien à jouer la femme-serpent et à
ôter quelques tuyaux de façade pour
accéder à l’endroit défaillant. Le chauffage
de la chapelle est souvent trop élevé et la
tribune se trouve à une température
caniculaire, si l’on a oublié de baisser le
thermostat ! Sommiers et membranes en
cuir se dessèchent : on a des notes muettes
ou qui cornent ! M. Charles Meslé, qui
assure l’entretien depuis 1941, est obligé,
été comme hiver, de maintenir des bassines
Les tuyaux du grand orgue (1er clavier)
d’eau dans les buffets pour que
l’hygrométrie soit régulière !
Néanmoins, en 1991, lorsque l’Inventaire
des orgues de Lyon paraît, l’état de l’orgue
de la chapelle des Chartreux est jugé bon.
Il est vrai que la présence fréquente du
facteur d’orgues à son chevet y contribue.
Une reconstruction aurait été utile, mais
elle n’est pas évoquée. L’instrument
remplit toujours son rôle à l’office, mais les
concerts n’existent plus, la chorale s’est
essoufflée et seuls « Prélude, fugue et
variation » de César Franck ou le
« Carillon » de Louis Vierne maintiennent
la tradition de l’orgue dans le sanctuaire.
L’incendie criminel de 1992 mettra fin à la
carrière des premiers orgues des
Chartreux. Un buffet sera détruit,
quantité de tuyaux brûlés ou fondus, le
reste sali et enfumé. MM. Georges
Valentin et René Micolle, qui ont en
charge l’entretien de l’instrument,
débarrassent la tribune « à la pelle ». C’est
un bien triste moment, mais l’orgue
renaîtra de ses cendres, une fois la chapelle
restaurée. Ce sera chose faite en 1994 : près
de 2 millions de francs seront nécessaires.
Les tuyaux du positif (2ème clavier)
Le carnet et la boîte expressive du récit (3ème clavier)
20
Association des Anciens Élèves
Entretien avec…
Charles André (promo 1947)
Rodolphe Voiron,
président de l’Association des Anciens Élèves
Durant quelles
années avez-vous été
élève à l'Institution
des Chartreux ?
En 1942, mon père, fonctionnaire dans
l’administration des finances, quittait son
poste à Autun pour être nommé à Lyon. Je
quittais l’Institution Saint Lazare (Petit
Séminaire) à Autun pour l’Institution des
Chartreux à Lyon. D’une discipline quasimonacale, je passais à une ambiance faite
d’autorité et de liberté. Et de la 4ème à la
« rhéto », je fus un élève plus intéressé par
les lettres que par les maths…
Quels professeurs vous ont le plus
marqué ?
Parmi les prêtres que j’ai rencontrés aux
Chartreux - la majorité du corps
professoral était alors composée de prêtres -,
deux ont particulièrement influé sur ma
vie d’adolescent : le Père Buttin et le Père
Chaumette. Le Père Buttin, alors directeur
spirituel, sut m’entourer d’une véritable
affection, lorsqu’à l’âge de 17 ans, je perdis
brutalement mon père. Ce lien très fort qui
m’unissait à lui s’exprima tout au long de
ma vie (célébration de mon mariage, il y a
53 ans, mariage de mes enfants…), jusqu’à
la veille de sa mort où j’étais allé, comme
21
souvent, lui rendre visite avant une
réunion du Conseil de l’Association des
Anciens Elèves, dont j’étais à l’époque le
président. Le Père Chaumette, lui, me fit
partager sa passion de la littérature et les
secrets de l’écriture. J’étais, en français, un
bon élève et j’appréciais les moments où,
au milieu du cours, il me demandait, ainsi
qu’à deux ou trois autres copains,
comédiens en herbe, d’interpréter
quelques rôles de Corneille, de Racine ou
de Molière. Cela se traduisit d’ailleurs par
la création d’une troupe théâtrale qui
remporta quelques beaux succès auprès
d’un public (familial) facilement
enthousiaste !
Après vos études aux Chartreux,
qu’avez-vous fait ?
Quelques années de droit et de notariat, et
le hasard, m’ont conduit au siège du Crédit
Agricole du Sud-Est, modeste établissement
bancaire alors, où, durant 32 années, j’ai
occupé successivement les fonctions de
chef de service, directeur d’agence et
directeur à la direction générale.
Période exaltante d’expansion continue
qui a métamorphosé le Crédit Agricole en
un établissement au top niveau national et
international. On m’a d’ailleurs demandé
d’écrire un ouvrage sur les origines et le
développement du Crédit Agricole, paru,
il y a une dizaine d’années, sous le titre
« La Banque des Quatre Saisons ».
Après une vie professionnelle bien
remplie, comment avez-vous mené
une deuxième et une troisième vies
bien remplies également ?
Pour diverses raisons, j’ai quitté mes
fonctions au Crédit Agricole en 1983, 4 ans
avant l’âge de la retraite. Je venais d’être
élu maire de Messimy, dans le Rhône, et je
voulais consacrer les dernières années de
ma vie à l’écriture. Maire, je le fus 12 ans
et, en 1995, en raison de mon âge (67 ans),
j’estimais ne pas devoir briguer un 3ème
mandat. A la grande surprise de beaucoup !
Mandat d’élu passionnant que celui de
maire d’un village dans l’Ouest lyonnais.
Avec quelques maires amis, je fondais en
1988 l’Union des Maires ruraux du Rhône.
Et l’écriture ? C’est souvent à l’âge (trop)
mûr qu’on réalise ses rêves de jeunesse.
Aux Chartreux, j’avais découvert non
seulement les richesses de la littérature,
mais aussi la passion du théâtre. Vocation
de comédien soutenue par le Père Buttin,
mais refusée par ma famille. Ayant écrit
des textes dits poétiques durant toute ma
vie, je décidais, en quittant mes activités
professionnelles, de tenter d’être édité. En
1984, un éditeur bruxellois, André de
Rache, acceptait le risque, et mon premier
recueil de poèmes paraissait : « Poèmes de
toutes les couleurs ». Depuis lors, durant
ces vingt dernières années, ont été édités
six recueils de poèmes, deux essais, un
roman, un CD « Poésie et Musique » avec
le concours d’un comédien et d’une
pianiste remarquables. Enfin, il y a trois
ans, j’ai écrit une pièce de théâtre (la
première) « Ultime dialogue » qui a été
jouée avec succès, durant cinq semaines,
dans un théâtre à Genève, et qui doit être
jouée sur une scène parisienne. Etrange
sentiment de plénitude qui vous envahit
lorsqu’on découvre, sur scène, des
personnages que l’on a créés et qui vivent
une vie que l’on a imaginée ! L’œuvre de
création réserve à son auteur une
impression d’euphorie singulière.
La formation reçue aux Chartreux at-elle influencée votre vie ?
Oui, certainement. L’éducation reçue,
basée sur une large ouverture d’esprit, le
respect de toutes opinions - même et
surtout celles qu’on ne partage pas -, la
curiosité intellectuelle, l’approfondissement
d’une foi vivante et généreuse, a, je crois,
discrètement et presque à mon insu,
façonné ma personnalité.
Que pensez-vous de la jeunesse
d’aujourd’hui ?
Dans l’ensemble, la jeunesse actuelle a
l’ambition, l’enthousiasme, la tête remplie
de projets, comme nous en avons connus à
notre époque. Certes la communication
entre grands-parents et petits-enfants n’est
pas toujours très facile, mais il faut y
introduire amour et compréhension.
Il existe d’évidence une autre jeunesse
vis-à-vis de laquelle on est décontenancé
et à propos de laquelle on pourrait gloser
longuement…
22
Association des Anciens Élèves
Monseigneur Gabriel Matagrin
(1919–2004)
Témoignage d’un ancien
Yves Berger (promotion 1947)
23
« Monseigneur Matagrin ? Ah! c’est
l’évêque rouge ! ». Que de fois ai-je
entendu cette exclamation irréfléchie de
certains qui ne l’avaient, la plupart du
temps, jamais approché, en tout cas jamais
réellement connu. Au moment d’évoquer
brièvement sa mémoire, je veux, en évitant
une hagiographie complaisante, rappeler
la riche personnalité de celui qui
revendiquait de n’avoir jamais lutté que
pour une révolution spirituelle.
C’est à la rentrée de 1945 que le Père
Matagrin m’est apparu pour la première
fois. Jeune prêtre, ordonné par le Cardinal
Gerlier en avril à Fourvière, il venait d’être
nommé par lui aux Chartreux alors qu’en
fait il avait formé le souhait d’être…
vicaire d’une paroisse en milieu rural. Il
devait assurer les fonctions de surveillant
et de préfet de la division des grands
(seconde, rhéto, philo-maths) en équipe
avec le Père Permezel - tout en préparant
une licence de philosophie aux facultés
catholiques. Dans ces fonctions, il avait un
contact quotidien avec tous les élèves de la
division. Ce contact allait bien
évidemment au-delà de la stricte
application de la discipline. J’ai le souvenir
précis de cette véritable liturgie des rangs
qui réglaient nos déplacements à
l’intérieur de la maison à la fin des classes
et qui s’effectuaient, à cette époque, même
pour les grands, dans un silence total
difficilement établi. Les récréations et cent
autres moments permettaient cependant
des échanges qui m’ont permis d’autant
plus de l’approcher que je participais déjà,
sous sa houlette, à la JEC, et plus tard, en
philo, à la conférence Saint Vincent de
Paul. Mais, ce n’est qu’au moment où le
Père Buttin est devenu supérieur de
l’Institution et que le Père Matagrin l’a
remplacé comme directeur spirituel que
nous l’avons tous mieux découvert. A part
quelques exceptions notoires avec le Père
Amiet ou le Père Guinand, l’instruction
religieuse au collège était assez
traditionnelle, ayant à la base l’ouvrage
certainement excellent mais un peu ingrat
du Chanoine Boulanger. Toutes
proportions gardées, l’arrivée du Père
Matagrin pourrait évoquer le phénomène
évoqué dans le film Le Cercle des poètes
disparus. Très vite, en effet, le Père
Matagrin nous a fait découvrir le
renouveau biblique en nous proposant un
réel engagement, sans négliger les réalités
économiques et sociales. Il savait exprimer
une rude exigence. Je me souviens de notre
retraite de fin d’études au Chatelard,
malheureusement prêchée par un père
jésuite un peu dépassé par les potaches
remuants que nous étions alors, qui avait
amené le Père Matagrin à nous affronter
avec vigueur pour nous ramener à l’ordre.
Sorti des Chartreux, alors en fac de droit,
j’ai continué à le rencontrer régulièrement,
pratiquement jusqu’à son départ de
l’institution en 1954. Un bref passage
comme surveillant pendant un trimestre
m’avait permis de mieux connaître la vie
interne des Chartreux et les problèmes
qu’une communauté génère obligatoirement.
Il m’a demandé assez souvent de participer
à l’animation des centres d’études qu’il
suscitait pour aider les élèves à réfléchir
sur le monde qui les entourait et sur la
nécessité d’un engagement chrétien. C’est
d’ailleurs à cette occasion que j’ai
rencontré Georges Babolat, de loin mon
cadet, auquel me lie une amitié fidèle
depuis cette lointaine époque. Je crois que
le Père Matagrin a eu pendant ces dix
années aux Chartreux un impact
déterminant pour les générations des petits
et grands dont il avait la charge en qualité
de directeur spirituel. Tous ont en
mémoire son sourire accueillant, son
attention
sympathique,
sa
voix
chaleureuse, sa curiosité intellectuelle
insatiable qui l’entraînait en toutes les
directions. Les hasards de la vie ont fait
qu’au-delà des Chartreux, nous n’avons
jamais perdu le contact. En effet, nos
chemins, absolument divergents, se sont
cependant régulièrement croisés. Il a
collaboré à temps plein à la chronique
sociale avec Joseph Folliet, dont je suivais
les cours à la faculté catholique. Il
rencontrait Emma Gounot et Claude
Bernardin dont j’étais devenu le confrère,
le Père Varillon, Jean Lacroix et tant
d’autres dont certains sont devenus des
amis. A une époque, j’allais régulièrement
au centre de Sacuny Brignais, et souvent,
je crapahutais avec des amis étudiants à la
tête de groupes de « sauvageons ». Lors de
l’un de ces périples, il nous accueillit dans
la propriété de sa famille à Saint Laurent
de Chamousset, particulièrement attentif à
ces jeunes défavorisés.
Il savait bien entendu les défenses que
j’assurais comme jeune avocat, et je crois
qu’il était sensible à l’engagement qui était
le nôtre dans une incompréhension dont il
avait l’expérience. Bien plus tard, alors que
nous escaladions ensemble en direction du
Pic Coolidge, Hubert Dubedout, alors
député-maire de Grenoble, m’a confié
l’estime et l’affection qu’il avait pour son
évêque et pour son travail dans le diocèse
dont il était témoin. Et puis, un jour, le
secrétaire de la mairie de Saint Didier au
Mont d’Or m’a appris que Monseigneur
Matagrin venait de prendre sa retraite
24
Association des Anciens Élèves
25
chez les sœurs Saint Charles. Après tant
d’années, nous nous retrouvions dans cette
agréable commune dont j’étais devenu le
maire. Il s’agissait d’ailleurs pour lui d’une
retraite très particulière, car il déployait
une intense activité, donnant des cours à la
faculté catholique, des récollections, des
conférences, rédigeant articles et rapports,
toujours disponible pour de multiples
rencontres. A la grande satisfaction du
Père Feyeux, curé de la paroisse, il
participait activement à ses activités,
célébrant bien souvent la messe du
Dimanche. A la grande satisfaction du
maire de la commune, il participait aussi
aux cérémonies traditionnelles et à
certaines autres manifestations. J’étais
heureux de sa présence et des moments,
malheureusement rares, où nous avons pu
nous retrouver pour échanger. Ayant pris à
mon tour ma retraite, je me suis exilé à
temps presque complet en Provence. Et
c’est là que j’ai découvert le livre qui venait
d’être édité : Gabriel Matagrin, Le Chêne et
la futaie, une Église avec les hommes de ce
temps. Bien entendu j’ai lu avec grand
intérêt cet ouvrage qui apporte des
indications précieuses sur les événements
de notre temps, notamment sur le Concile
de Vatican II, et qui permet de découvrir
la vraie personnalité de son auteur. J’ai
immédiatement écrit au Père Matagrin
pour lui exprimer l’intérêt que j’avais pris
à le retrouver ainsi. Je lui ai fait
l’affectueux reproche d’avoir été sévère et
même injuste à l'égard des Chartreux. Je
lui disais que si le collège n’avait sans
doute jamais été à l’extrême pointe de
l’évolution, il n’en restait pas moins
qu’objectivement il fallait le créditer d’un
libéralisme assez rare. J’en étais le vivant
témoignage car, au moment où je sentais
quelquefois le fagot, j’avais toujours reçu
un accueil sans réticences. Il m’a répondu
que j’étais le premier à réagir à son
ouvrage et qu’il était heureux de l’intérêt
que je lui manifestais. A propos des
Chartreux, tout en me confirmant, en les
expliquant, ses réactions, il en atténuait la
portée, admettant une partie de mon point
de vue. Je crois, en fait, qu’il avait
affectivement souffert du désintérêt
indiscutable que l’ensemble du collège,
professeurs et élèves, avait eu vis-à-vis de
l’action du Père Couturier pour lequel, à
très juste titre, il avait admiration et grand
attachement. Le proverbe chinois dont il se
réclame en tête de son ouvrage traduit bien
ses intentions : « Il faut prêter moins
d’attention au fracas des chênes qu’on abat
qu’à la lente et silencieuse montée de la
futaie ». Le mieux est de citer un extrait
d’une de ses premières lettres pastorales en
1971 : « Je viens de parler d’institutions
nouvelles à mettre en place. C’est
nécessaire pour que l’Eglise soit davantage
présente aux réalités d’aujourd’hui. Mais,
je l’ai maintes fois rappelé, l’essentiel est
d’un autre ordre ; il s’agit moins de
réformer les institutions que de faire
surgir des sources. ». Et il répètera « Il faut
découvrir les sources qui jaillissent et en
faire jaillir de nouvelles ». Tant aux
Chartreux qu’en son automne à Saint
Didier, il a été ce découvreur inlassable.
Actualités
In memoriam : Père Jean Mey
(1920-2004)
Bruno Martin,
supérieur de la Maison
des Chartreux
Lorsque jeune supérieur de la Maison des
Chartreux, j’ai pénétré pour la première
fois dans la chambre du Père Mey, ce qui
m’a le plus frappé ne fut pas l’inextricable
entassement de livres et de revues – décor
familier de tant de chambres, bureaux des
prêtres professeurs de mon enfance, ni
même les cordes et le piolet de montagne à
côté du crucifix – il y a eu, là aussi, toute
une génération de prêtres montagnards.
Non. Mais dans un recoin, que le Père Mey
voyait de son bureau, un cadre aux photos
jaunies. Trois visages de jeunes enfants. Et
une coupure de journal : « Sixt (HauteSavoie), 28 août 1930. Quatre enfants
d’une colonie scolaire font une chute de
soixante mètres. Trois morts. Un blessé. »
Les photos étaient, bien sûr, celles des
victimes. Louis Vérité, 16 ans. Claude
Bouchard, 13 ans. Lucien Desgeorges, 9
ans. Le blessé était Jean Mey. Deux autres
photographies, non loin. Un jour de l’été
1943, devant la stèle du pont du Giffre, sur
les lieux de l’accident. Un autel de
campagne, quelques ecclésiastiques – on
reconnaît de dos, camail, rochet, Mgr
Bornet. Un jeune prêtre célébrant une de
ses toutes premières messes. C’est Jean
Mey. Comment marquer avec plus
d’évidence la relation qu’il y avait entre le
petit garçon, sauvé miraculeusement et,
treize ans plus tard, l’aboutissement d’une
vocation sacerdotale. Qui pouvait, mieux
que Jean Mey, comprendre les paroles des
psaumes, lorsqu’elles invitent celui que le
Seigneur a arraché « des griffes de la mort,
de l’abîme et du gouffre » à chanter sa
reconnaissance ?
« Que rendrai-je pour tes biens, Dieu qui
m’a fait grâce ?
J’offrirai devant ta face l’œuvre de tes
mains. »
Tout est sorti, d’une certaine manière, du
ravin du Giffre. Tout s’est joué en ce jour,
et la vocation sacerdotale, et la manière
dont elle s’est exprimée, comme
enseignant,
éducateur,
infatigable
aumônier de camps scouts et de camps de
montagne. Mais aussi, comme une
inguérissable blessure, capable de tarauder
toute une vie – pourquoi eux et pas moi ?
Blessure toujours ouverte, sensibilité mise
à telle épreuve qu’elle expliquait aussi bien
les trésors de compréhension et de
délicatesse dont pouvait faire preuve Jean
Mey – et que beaucoup ont expérimentés ;
mais aussi, et d’expérimentation plus
commune, l’originalité, la brusquerie, la
rudesse apparente, le mépris souverain
pour les conventions mondaines. « Mon
saint patron, c’est Jean Baptiste » disait-il
parfois pour s’en excuser. Et il rajoutait :
« au désert ». Qu’un évènement puisse
ainsi marquer toute une vie ! A la fin de
cet été, je rendais visite au Père Mey, à un
moment où les brumes de la confusion
gagnaient de plus en plus son esprit. « Je
suis paumé. Je ne sais pas où je suis,
etc… ». Puis, tout à trac, la question :
« Quel jour est-on ? » J’ai répondu
innocemment : « Eh bien , Père Mey, le 28
août ! » - donc la date anniversaire de
l’accident. « Ah ! le 28 août ! » - tout à
coup, l’espace de quelques secondes, un
26
Actualités
27
éclair de conscience – suivi d’un trouble
que j’ai eu beaucoup de mal à dissiper.
Soixante treize ans après.
Je ne voudrais pas, à mon tour, réduire à
cet évènement une vie d’homme. Il
faudrait dire la vie d’éducateur du Père
Mey – après un bref ministère en paroisse
(Lorette, 1943-1945, Notre-Dame à SaintEtienne, 1946-1947), il fut essentiellement
enseignant, au Petit Séminaire de
Montbrison (1947-1960), puis à l’école
cléricale Sainte-Thérèse de Saint-Etienne
(1960-1967), puis, et jusqu’à la fin, aux
Chartreux, de 1967 aux années 1995-1996
où il donnait encore quelques heures de
grec. Il faudrait dire certaines initiatives
pédagogiques audacieuses en leur temps,
comme
cette
représentation
des
« Animaux malades de la peste », qui fit
l’étonnement des inspecteurs ; le Père Mey,
d’ailleurs, était une de ces figures de prêtre
« dynamique » des années 1950, grosse
moto, appareil photographique – il faisait
d’admirables photos de montagne – puis
caméra, camps scouts, alpinisme…
Etonnante ouverture « européenne »,
dirions-nous aujourd’hui, pour un homme
de la génération des deux guerres :
nombreux voyages en Allemagne – il y
avait encore, au jour de sa mort, dans sa
valise-chapelle, un missel en allemand. Et
de très nombreux contacts personnels
entretenus longtemps par une vaste
correspondance - cette « paroisse
personnelle » que, peu ou prou, tout prêtre
et, a fortiori, tout prêtre enseignant crée au
fil du temps, anciens élèves, relations
diverses… Un conseil à prodiguer, les
mariages, les baptêmes – les deuils.
L’expérience même du Père Mey le rendait
très apte, dans les circonstances tragiques,
à apporter le réconfort attendu. Beaucoup
peuvent en témoigner.
Le Père Mey s’efforçait de soigner sa
mémoire par toutes sortes de procédés
mnémotechniques parfaitement ahurissants,
comme d’associer les verbes déponents au
mobilier de sa chambre, et les n° de
téléphone à des phrases étranges, sonnant
comme un poème surréaliste :
« Repiqueuse juive /en soignant/tous tes
mecs/les dénomme ».
Et la cruauté de la vie lui a arraché, dans ces
ultimes années, précisément cette mémoire
qu’il craignait tant de perdre, n’en laissant
subsister que quelques dérisoires lambeaux,
dont je ne saurais dire s’ils étaient
rassurants ou attristants : quelques mots
d’allemand, une poésie grecque, les réflexes
du célébrant – il a célébré très longtemps la
messe, grâce à l’aide d’amis très fidèles,
d’une manière très correcte, alors que son
esprit était déjà très largement embrumé. Il
semblerait que dans la détresse et la dérive
de ses facultés mentales, le socle de la Foi du
Père Mey n’ait jamais vacillé. « Ah,
vivement la vie éternelle ! ».
Ces paroles-là, lorsqu’il les prononçait,
rendaient un son de vérité profonde,
comme si même la confusion mentale
n’avait pu entamer l’habitus théologal
de la Foi.
D’ailleurs n’avait-il pas été gracié, une fois
pour toutes, le 28 août 1930 ?
L’image mémento de l’accident se
terminait par cette prière, qui prend un
son tout particulier lorsque l’on pense, à
l’autre bout de l’histoire, à la fin de vie du
Père Mey, et à celle de tant d’autres,
comme lui : « Je crois, ô mon Dieu, qu’en
souffrant avec résignation, j’achève en moi
la Passion du Christ.
Je crois que toute créature en ce monde est
gémissante et qu’elle attend le jour de la
manifestation du Fils de Dieu.
Je crois que nous n’avons point ici-bas de
demeure stable et que nous en cherchons
une autre dans l’avenir.
Je crois que toutes choses coopèrent au
bien de ceux qui aiment Dieu. »
Dans le sillage du Père Couturier
Comme l’an dernier à la même époque, c’est-à-dire durant la semaine de Prière pour l’Unité
des Chrétiens, nous avons accueilli, aux Chartreux, des représentants des autres églises
chrétiennes. La cérémonie fut émouvante et empreinte d’authenticité. Nous reproduisons ici,
avec son accord, l’homélie prononcée par le Père Antoine Callot de la Communauté
orthodoxe de Lyon.
Homélie du Père Antoine Callot, prêtre du Patriarcat de Constantinople, lors de la célébration
œcuménique du 3 février 2004 à la chapelle de l’Institution des Chartreux
Évangile selon saint Jean, chapitre 14,
versets 23 à 31 : « Ce passage de l’Evangile
de Jean fait partie du discours d’adieu de
Jésus à ses disciples. Jésus va les quitter, il
part et dit clairement la destination de son
voyage : « Je pars vers le Père ». Voilà le
point culminant, le couronnement de sa
vie terrestre : retourner au Père par sa
mort et sa résurrection. Mais l’œuvre de
Jésus ne sera vraiment accomplie que par
ses disciples lorsque l’Esprit Saint viendra
les inonder du feu de sa grâce le jour de la
Pentecôte. On peut même dire que cette
grande oeuvre du Christ reste indéfiniment
inachevée tant qu’il reste, parmi
l’humanité, des hommes et des femmes
que la grâce du Saint Esprit n’a pas encore
transformés, n’a pas encore purifiés au feu
de sa divinité, en les rendant brûlants
comme le fer qui devient incandescent
quand il est plongé dans le feu ; il n’y a pas
une seule Pentecôte, mais une infinité de
Pentecôtes, car nous sommes tous appelés
à recevoir l’Esprit Saint dans notre vie de
chrétien, et ceci parfois à de multiples
reprises, selon la promesse de Dieu que
rapporte le prophète Joël : « Je répandrai
mon Esprit sur toute chair… sur vos fils et
vos filles… sur les vieillards et les jeunes
gens » (Joël 2, 28). En effet, tous nous
sommes appelés à faire ce même voyage :
aller vers le Père ; c’est le seul but de la vie
humaine : n’en cherchez pas d’autre. Alors
Jésus révèle immédiatement à ces disciples
la nature de cette brûlure qui rend
l’homme lumineux comme le fer
incandescent ; cette brûlure, c’est une
brûlure d’amour : « Si quelqu’un m’aime,
il restera fidèle à ma parole, mon Père
l’aimera, nous irons demeurer auprès de
lui » (Jn 14,23). Entendons-nous bien, il ne
s’agit pas de cette bonne affection humaine
que les disciples avaient envers leur
Maître, et que nous éprouvons nous aussi
envers nos maîtres, ou nos amis, dans nos
familles ou dans nos amours de jeunesse,
affection toujours menacée par des revers
d’indifférence, voire de haine : Jésus va en
faire l’expérience amère durant sa Passion
qui s’approche. Il s’agit de cet amour dont
le Christ aime l’homme, tout homme quel
qu’il soit, les bons comme les mauvais, les
justes comme les injustes, cet amour qui
dépasse infiniment tout amour humain
par sa qualité, par sa puissance et par son
incomparable beauté. Celui dont le cœur
28
Actualités
29
est rempli d’un tel amour, qui est mu par
cet amour, s’approche dans ses pensées, ses
actes et toute sa vie de la volonté de Dieu.
Un saint moine russe, Siloune, qui vivait
au début du 20ème siècle en Grèce, au Mont
Athos, et qui avait ressenti en son cœur cet
amour du Christ pour toute créature,
affirmait que seul l’Esprit Saint pouvait le
révéler et le communiquer. Or c’est
précisément à cet instant du discours que
Jésus livre cette confidence à ses disciples :
le Père va leur envoyer le don qui est audessus de tout don, le Donateur lui-même
: « Le Consolateur, l’Esprit Saint que le
Père enverra en mon nom, vous
enseignera tout et vous fera souvenir de
tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26). La
mission de l’Esprit Saint s’articule
étroitement sur celle du Christ en
l’approfondissant. Esprit de vérité, le
Consolateur joue son rôle d’interprète et
de conseiller. Jésus a vécu sur terre dans un
temps et un espace limités et pourtant,
chacune de ses paroles, de ses actes, des
événements qu’il a vécus, tout cela a une
portée universelle et nous concerne tous,
même si nous l’ignorons. C’est pourquoi il
revient à l’Esprit Saint de reprendre les
paroles de Jésus, ses actes, les événements
de sa vie et de les éclairer dans la mémoire
des disciples d’abord, puis dans les
circonstances personnelles de la vie de
chacun de ceux qui prétendent vingt
siècles plus tard porter son nom, c’est-àdire se nommer chrétiens. Sans cette
mémoire spirituelle, l’Evangile serait
incompris, déformé, réduit à une doctrine
morale ou à une idéologie. Sans cette
inspirateur, les disciples resteraient
enfermés dans la connaissance extérieure
qu’ils ont du Maître et ceux qui viennent
après, nous-mêmes, ne verrions en Christ
qu’un personnage du passé, aussi
prestigieux soit-il, et serions privés de sa
présence vivante. Cet enseignement que
l’Esprit Saint nous rappelle n’est pas de
ceux qui nourrissent l’intellect et le
souvenir qu’on en a, n’est pas de cette
mémoire qui fait de nous une tête bien
faite, mais plutôt un cœur vivant, ouvert,
un cœur de chair et non un cœur de pierre.
Cet enseignement, c’est d’abord une
expérience, une expérimentation intime
qui se passe dans la profondeur de
l’homme, de son âme, là où il y a le silence
et la paix, loin des chahuts des états d’âme,
des continuelles alternatives dans
lesquelles nous vivons sans cesse et qui se
résument à « j’aime ou je n’aime pas » à
propos de tout et de rien.
Cela m’amène au troisième thème de ce
passage de l’Evangile : la paix. Il y a trois
thèmes : l’amour, l’Esprit Saint et la paix.
Et, en réalité, les trois ne font qu’un. Que
dit Jésus ? « Je vous laisse la paix, je vous
donne ma paix ; ce n’est pas à la manière
du monde que je vous la donne » (Jn 14,
27). Cette paix n’est pas une simple absence
de guerre ou de trouble, comme les
peuples ou les gens font la paix après une
période de tension. La paix que donne le
Christ, c’est tout autre chose que les paix
fragiles, superficielles et intéressées que le
monde élabore. Dans le monde, on fait la
paix, le Christ la donne. C’est le don
messianique par excellence, Jésus donne sa
paix comme le Père donne l’Esprit Saint.
C’est une paix que l’on peut découvrir
dans la profondeur de notre être, dès que
nous laissons tomber nos systèmes de
protection, nos sécurités, nos barrières face
à la vie. Alors se révèle, dans le silence
intérieur , un au-delà situé au fond de
nous-mêmes, si souvent transformé en
prison. Mais dès que nous lâchons prise,
notre être s’ouvre, nous vivons une grande
libération. Nos contemporains vivent si
souvent enfermés dans un triste isolement,
dans l’absurdité de tout, dans la peur, et ils
cultivent avec angoisse ou frénésie la
révolte ou la résignation, quand ce n’est
pas une désespérante déprime. Et là, ils
construisent les murs d’une prison qui leur
cache la présence bienfaisante de l’Esprit
Saint, qui pourrait leur faire connaître la
paix du Christ et dont ils ont un tel besoin
en même temps que la joie et l’amour.
Ainsi, cette prison peut se transformer en
maison du Père et du Fils dès qu’on se
donne la permission d’appeler avec force
l’Esprit Saint qui nous révèle que le Père et
le Fils sont un en nous. C’est cela que
j’appelle devenir chrétien et que je vous
souhaite de découvrir par la grâce de la
Sainte Trinité, au cours de votre vie qui
débute. Amen. »
De chantiers en chantiers
Jean-Bernard Plessy,
supérieur de l’Institution des Chartreux
Chaque année, une partie importante du
budget d’investissement de l’Institution est
consacrée à des travaux de restauration,
d’aménagement ou d’amélioration de
l’existant. Collège et lycée bénéficient en
outre de subventions non négligeables des
collectivités locales (Conseil Général pour
l’un, Conseil Régional pour l’autre). Elles
sont pourtant loin de couvrir la totalité des
frais engagés ; il faut donc d’année en
année prévoir et ordonner des dépenses
dites d’investissement, afin qu’élèves,
professeurs et personnel se sentent
toujours mieux accueillis, et trouvent en
ces murs un cadre de vie agréable et
fonctionnel.
La tâche serait sans doute plus simple à
réaliser, si les Chartreux n’étaient pas
inscrits à l’inventaire des Monuments
Historiques pour les trois-quarts de leur
patrimoine foncier. Chaque restauration
de bâtiments, de locaux, d’espaces exige
d’abord le consentement de l’Architecte
des Bâtiments de France, et il y a souvent
loin des premiers projets pensés aux
réalisations finales.
Les visiteurs ou les « Anciens » ont pu
constater par eux-mêmes la nature des
trois grands chantiers de la Campagne
2003, toujours réalisés durant l’été,
pendant l’absence des élèves.
Le plus spectaculaire fut sans doute la
restauration des cuisines et du self.
30
Actualités
Une mise en conformité avec les normes
d’hygiène et de sécurité était depuis
longtemps nécessaire. Mais outre cet aspect
des choses, il fallait également offrir aux
élèves et étudiants la possibilité d’un
passage plus rapide au self, ainsi qu’une
diversification des menus. Aujourd’hui, il
y a donc deux chaînes d’accès que
choisissent les élèves, en fonction de ce qui
leur est proposé. Ce nouvel aménagement
de l’espace de restauration sera achevé cet
été avec la création d’un réfectoire
supplémentaire en sous-sol, dans la cave
voûtée de la Maison des Missionnaires.
Le projet des architectes donne à penser
que ce sera une nouvelle et belle salle de
vie commune.
Un deuxième chantier qui a donné lieu à
beaucoup de commentaires a consisté dans
l’aménagement de l’entrée du 58 rue
Pierre Dupont. A la demande du Rectorat
et de la Préfecture, les établissements
accueillant du public, et notamment les
établissements scolaires, ont été invités à
prendre des mesures de sécurité et de
contrôle des entrées. C’est donc ce que
nous avons fait en aménageant un espace
d’accueil et de contrôle à l’entrée du grand
portail. Les deux grilles installées et la présence d’agents de sécurité dissuadent les
31
éventuels visiteurs mal-intentionnés ; les
vols ou dégradations s’en trouvent considérablement diminués, et les personnes et
les biens jouissent d’une sécurité légitime
sur leur lieu de travail. Là encore, l’aménagement de cet espace s’est fait en conformité et dans le respect des exigences imposées par les Monuments Historiques.
Aujourd’hui, le visiteur bénéficie entre
autres d’un point de vue plus large sur la
façade baroque et majestueuse de SaintBruno, l’ensemble donnant plus d’air à
l’allée des Marronniers et à l’Institution.
Anciens, amis, ne croyez pas que les
Chartreux se referment sur eux-mêmes,
comme… au temps des moines. Vous
serez toujours bien accueillis, mais
simplement identifiés.
Enfin, le troisième grand
chantier n’a pas, pour sa
part, bénéficié d’autres
subventions que celle qui
fut le fruit de la
générosité d’un très
grand nombre d’entre
vous : la grande chapelle,
en sa façade, a été
totalement restaurée et
illuminée la nuit. La réalisation finale est
absolument magnifique ; et lorsque la nuit
tombe et que la cour du collège devient
déserte, l’ensemble porte à la
contemplation, élève l’âme et invite au
dialogue avec le Maître des lieux.
La prochaine campagne de travaux va
débuter en juillet 2004 : elle vise plus
spécifiquement à la restauration des classes
de seconde et de l’escalier d’honneur. Nous
ne manquerons pas de vous en faire un
compte rendu détaillé.
« La chair et Dieu »* dans Polyeucte
Jessica Pontieux,
étudiante en prépa HEC 3
Dans le cadre des cours concernant
l’histoire des idées au XVIIe siècle, les
étudiants de prépa HEC 1 et 3,
accompagnées de leurs professeurs (Mme
Olivier, Mme Petrini-Poli, M. Bréchet) ont
assisté le 11 mars 2004 à la représentation
de Polyeucte, mise en scène par Michel
Béatrix, dans l’église Saint Martin d’Ainay
à Lyon : influencé par son ami Néarque,
Polyeucte, seigneur arménien sous Décius
en l’an 250 se convertit au christianisme.
Sa soif d'absolu est telle qu’elle le pousse à
enfreindre les lois de la cité en détruisant
les idoles païennes. Son beau-père, Félix,
avide de pouvoir, regrette déjà d’avoir
choisi Polyeucte pour gendre, le condamne
pour son acte, et tente de jeter sa fille
Pauline dans les bras de son premier
amour, Sévère, favori de l’empereur.
Plus qu’une frénétique recherche de
pouvoirs, cette pièce éponyme de Pierre
Corneille est une tragédie chrétienne.
Comment mieux donner de la chair à cette
pièce, sinon en la jouant dans un lieu de
culte chrétien ? L’entrée dans l’église
donne par ailleurs immédiatement la
tonalité. Aménagée dans un périmètre
restreint, la scène invite le spectateur à ne
faire qu’un avec les différents personnages,
à former un chœur accompagnant la
tragédie. Les peintures de Cécile Beaupère
et les sculptures céroplastes de Claude
Privet nourrissent ce sentiment de
communion. Ce qui captive le spectateur
attentif tient moins de l’enveloppe
corporelle des sujets picturaux que de
l’âme qui les anime : les têtes et corps
sculptés par l’artiste soulèvent à leur tour
les questions existentielles évoquées par
Polyeucte. Parachevant cette atmosphère
mystérieuse et lourde de symbolique, les
liturgies, adaptations des chants grégoriens
en français, composés et chantés par le
compositeur et organiste français Gineste,
ponctuent la tragédie comme un souffle
d’air frais, laissant présager la chute
funeste et posant les prémisses d’un nouvel
ordre religieux : c’est la transition entre la
Rome païenne et la Rome chrétienne,
incarnée par le baptême de sang de
Pauline.
* Festival tenu à Lyon en novembre 2003
32
Actualités
Les DPECF et DECF au cinéma
A l’affiche : « Violence des échanges en milieu tempéré »
Bénédicte Richard,
étudiante de DPECF
33
Philippe Seignier aborde avec enthousiasme
sa première mission de consultant en
organisation, dans une importante société
américaine implantée à Paris. Il rencontre
Eva, une jeune mère célibataire, le matin
de son premier jour de travail, alors qu’elle
est agressée dans le métro et qu'il a pris sa
défense. Il en tombe amoureux.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes : un travail prestigieux, une femme
qu’il aime et qui l’aime.
Très vite, Philippe est confronté à un
dilemme : faire son travail en appliquant
les théories apprises, mais difficilement
adaptables à la réalité du monde du travail
et des salaires, et poursuivre sa carrière, ou
respecter ses principes et ses idéaux de
moralité ? En effet, il est chargé de
sélectionner les travailleurs les plus
flexibles, les plus efficaces et de licencier les
autres.
Eva n’est pas convaincue du bien fondé de
sa mission, pas plus que lui qui a failli
craquer. Cependant, il met ses principes de
côté. Eva et lui se séparent. Il se consacre
alors corps et âme à son métier et finit par
ne plus hésiter à licencier. Philippe est dès
lors reconnu par ses collègues de travail.
Le film, d’un très grand réalisme, nous
a invités à nous poser une question :
comment se comporter dans un monde sur
lequel on n’a plus de prise ? Car, qui
veut travailler dans l’audit perdra peut-être
ses illusions…
Remise des diplômes du DESCF
Vendredi 5 mars 2004,
à l’Université catholique de Lyon
Allocution d’Aurélie Papillon (DESCF, promotion 2003)
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Les étudiants de la promotion 2003 du
DESCF sont heureux d’être ici ce soir en
cette fin de parcours universitaire. Nous
tenons tout d’abord à remercier
l’Institution
des
Chartreux
et
particulièrement M. Bréchet de nous avoir
suivis tout au long de nos études
comptables et financières. Les liens qui
existent entre l’Institution des Chartreux
et l’ESDES assurent une continuité
indispensable entre ces deux établissements.
Nous remercions donc les universités
catholiques et l’ESDES d’assurer cette
cohésion et ce suivi universitaire appréciés
des étudiants.
Ce diplôme est l’aboutissement de
plusieurs années d’études et je dois dire
que pour chacun d’entre nous c’est un
soulagement d’avoir terminé, bien qu’il
reste, pour les plus courageux, trois ans de
stage s’ils veulent aller jusqu’à l’expertise
comptable. Mais il est certain que nous
partons sur de bonnes bases, après une
formation comme la nôtre. Nous en
profitons donc pour remercier tout le
corps professoral de l’Institution des
Chartreux et de l’ESDES.
Nous tenons de plus à souligner les
rapports humains développés entre les
étudiants et les enseignants. Ceux-ci ont
débuté par le biais de M. Bailly-Masson,
responsable de la formation DESCF à
l’ESDES, et se sont poursuivis par la
création de liens particuliers et le partage
de moments enrichissants. Nous ne
pouvons pas tous les citer, car la liste est
trop longue, nous nous contentons donc de
les remercier collectivement.
Enfin, nous avons une pensée toute
particulière pour ceux qui ont
malheureusement échoué cette année.
Mais nous ne doutons pas qu’avec tous les
efforts consentis, ils réussiront l’année
prochaine. Il est vrai que le DESCF est
loin d’être un examen facile, puisque le
taux de réussite au niveau académique est
de 22,41 %.
Quoi qu’il en soit, nous espérons tous
pouvoir garder des contacts et avoir à
l’avenir la possibilité de nous retrouver en
tant que collaborateurs, voire plus tard en
tant que confrères. »
34
Actualités
Trois jours en pèlerinage
au Puy-en-Velay
Guillaume Gobenceaux,
élève de 1ère S1
Jeudi 25 mars 2004, il est 17h00. La
sonnerie retentit. Alors qu’une foule
d’élèves envahit l’allée des Marronniers,
un groupe d’une cinquantaine d’élèves de
première se dirige tranquillement vers la
chapelle… Cette année, l’Institution nous
propose de partir trois jours en pèlerinage
au Puy-en-Velay pour découvrir l’idée
chrétienne du bonheur. Après un trajet en
car à travers la Haute-Loire, nous arrivons
vers 2lh au domaine de Chadenac.
L’accueil y est chaleureux et la veillée,
rythmée par les chants dynamiques, est
consacrée aux témoignages des jeunes
sœurs de la communauté Saint-Jean. Le
lendemain, vendredi, la journée
commence par un temps de prière, puis
nous réfléchissons en groupe sur les
béatitudes de l’Evangile de Saint Mathieu
(5, 1-12), véritable chemin de bonheur
proposé par Jésus. En milieu de matinée,
nous quittons le domaine de Chadenac
pour nous rendre à pied au Puy. La
marche par les champs et les villages est
d’abord l’occasion de discuter, de partager.
Puis, les trois derniers kilomètres, l’arrivée
magnifique sur la ville, sont parcourus en
silence, dans un vrai recueillement. Les
quelques marches du parvis de la
cathédrale gravies, le Père Planche du Puy
nous attend pour poursuivre notre
réflexion à propos des béatitudes et du
bonheur. L’après-midi, nous sommes
accueillis à l’aiguille Saint Michel.
Après un exposé original sur les anges
35
gardiens, nous grimpons les 268 marches
pour atteindre la chapelle. Puis nous nous
rendons à Notre-Dame de France,
piédestal naturel sur lequel s’élève la statue
de la Grande Madone.
Monseigneur Brincard, évêque du Puyen-Velay, anime ensuite un débat captivant
au cours duquel nous échangeons sur
l’origine du Mal, notre mission en tant que
chrétiens… Avant de retourner au
domaine de Chadenac, nous découvrons la
cathédrale et son histoire, le rayonnement
du Puy-en-Velay hier (apparition de la
Vierge Marie), aujourd’hui (point de
départ pour Saint Jacques de Compostelle)
et demain (préparation du Jubilé en 2005).
Au domaine, la soirée d’adoration et de
réconciliation, avec les sœurs, vient clore
cette journée enrichissante que nous avons
vécue. Samedi matin, nous quittons tôt
Chadenac pour nous rendre à la messe
matinale au Puy, célébrée par Monseigneur
Brincard. Après la messe, nous apprenons
le départ à pied d’un pèlerin pour la
ville sainte, Jérusalem. De notre côté,
nous retournons
aux Chartreux,
différents, heureux.
Merci pour ces
trois jours de
réflexion,
ces
trois jours de
partage, ces trois
jours de joie et
d’allégresse.
Sarah Fairbrook
élève américaine de 1ère L
«Voici, je me tiens à la porte et
je frappe. Si quelqu’un entend
ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai chez lui et je
prendrai la cène avec lui et lui
avec moi » (L’Apocalypse 4, 20).
Aujourd’hui, dans notre société en
perpétuel mouvement, c’est souvent
difficile d’entendre quand Jésus frappe.
Mais parfois, les coups deviennent si forts
qu’on ne peut pas les ignorer. Alors, il faut
choisir : ouvrir la porte et suivre Jésus ou
ne pas entendre son appel. Cette année, je
me suis trouvée à ce « carrefour ». En
arrivant des Etats-Unis, je ne pensais pas
que ce séjour d’une année scolaire me
donnerait l’occasion de devenir plus
proche de Dieu. Cependant, Dieu
commençait à me faire comprendre qu’il
voulait que je lui « donne » cette année.
Par conséquent, lorsque les Chartreux
m’ont offert l’opportunité de recevoir le
sacrement de la confirmation, à mon avis,
c’était Jésus qui frappait à la porte.
Dans le cadre de notre préparation à la
confirmation, nous devions aller à une
retraite au Puy-en-Velay, retraite ouverte
aussi à toute la classe de première.
D’abord, j’imaginais que personne d’autre,
en dehors de ceux qui faisaient leur
confirmation, ne s’inscrirait. Qui veut
sacrifier un jour supplémentaire de son
week-end pour une fonction spirituelle ?
Mais au contraire, j’ai été étonnée de voir
que beaucoup de mes amis allaient venir
aussi. Cela m’a fait réaliser que je ne suis
pas seule dans ma foi. J’ai fait cette
constatation à plusieurs reprises pendant la
retraite. Rassurée, je suis montée dans le
bus, prête à commencer une nouvelle
aventure. Pendant la retraite, nous avons
assisté à des messes, visité des églises. Nous
avons eu des temps de prière et de silence.
Nous sommes montés en haut d’une
colline où se trouve une vieille chapelle
datant du premier siècle. Je n’avais jamais
vu quelque chose d’aussi « vieux » que
cette chapelle et, en réfléchissant à
l’histoire de ce lieu, je pensais encore que je
n’étais pas seule dans ma foi. C’est une foi
forte, durable et riche en histoire. Tout au
long de la retraite, nous nous sommes
enrichis. Mais le moment qui m’a le plus
touchée, c’est la soirée de prière et de
confession. Nous avons commencé la
soirée en chantant. Etant donné que je suis
américaine et qu’en arrivant je ne parlais
pas français, je pensais avoir des problèmes
pour chanter et suivre les paroles en même
temps. Mais ces chansons, je les
reconnaissais ! Elles étaient les mêmes que
chez moi. En fait, chaque détail des messes
était le même qu’aux Etats-Unis. Cela m’a
donné le sens de l’unité de l’Eglise.
Aujourd’hui, dans un monde que la
religion divise, où des guerres se font au
nom de Dieu et de la religion, ici se
trouvait l’unité. Des gens étaient réunis
par une seule foi, une foi qui traverse les
océans, qui casse les barrières, qui veut
donner la paix. Non, je n’étais plus une
Américaine différente des autres, à ce
moment-là, j’étais une chrétienne, c’est
tout. Dieu est présent en toute chose et il
adore les signes et les métaphores. Comme
l’arc-en-ciel qui nous rappelle sa promesse,
Dieu nous a donné le signe de sa présence
pendant la retraite. En arrivant, nous
étions accompagnés par la nuit, le froid et
la pluie. De même, nos cœurs étaient
couverts par des nuages de péchés, de
doutes et de culpabilité. Après réflexion,
méditation, confession et prières, Dieu a
chassé tous ces troubles. Dieu a enlevé les
nuages du ciel et nous sommes repartis en
plein jour sous le soleil et le ciel bleu, nos
cœurs éclairés de la vérité de Dieu.
36
Actualités
ème
Coup de théâtre en 4
Mathieu Bazin, Djemmali Bilel,
Antoine Montbarbon,
élèves de 4ème E
Au cours du mois de janvier, les
professeurs de français ont eu le projet
d’organiser, avec les classes de 4ème, une
séquence « théâtre », dans le cadre de leurs
cours. Chaque professeur a travaillé sur un
passage ou une scène du Malade imaginaire
de Molière.
M.
Yannick
Laurent,
comédien
professionnel, a dirigé cette activité. A
cette occasion, les classes ont été divisées en
quatre groupes distincts de sept personnes.
Tout d’abord, un groupe d’acteurs, mais
également un groupe de metteurs en
scène, qui secondait Yannick Laurent,
ainsi qu’un groupe de costumiers et
décorateurs chargés de la scénographie, et
enfin, un quatrième groupe : les reporters,
qui ont réalisé un travail photographique
et journalistique, grâce auquel ce mois
théâtral restera gravé dans nos mémoires.
37
La représentation a eu lieu le 30 janvier
2004 aux Chartreux, sous le regard attentif
de nos professeurs. Elle s’est déroulée en
deux parties. Dans un premier temps, la
présentation du travail des reporters et des
costumiers, puis, dans un second temps, les
élèves ont présenté leurs scènes.
D’un avis général, le spectacle a été réussi,
même si les metteurs en scène auraient
voulu collaborer davantage. Tout porte à
croire que d’ici la prochaine édition, en
2005, les petites erreurs seront corrigées.
Rendez-vous l’année prochaine !
L’expérience théâtrale
vue par des élèves de 4ème F
Mayeul Rebaudet
Nicolas Laurent
Au cours de la dernière séquence de
français, nous avons pu faire un travail
assez spécial : une mise en scène de
théâtre : Le Malade imaginaire (acte II,
scène 2), de Molière. Pour cela, il y avait
quatre groupes : les reporters, groupe dans
lequel j’étais, les costumiers et décorateurs,
les acteurs, les metteurs en scène. L’activité
de reporter m’a apporté beaucoup
d’enrichissement personnel. Elle crée de
nombreux contacts. Elle m’a appris à
photographier pour faire un reportage,
même si la sélection des photos est difficile,
à capter les instants magiques pour les
faire partager aux autres. Malgré les
difficultés, être reporter a été intéressant.
L’expérience théâtrale m’a permis de
prendre confiance en moi : je suis devenu
moins timide, j’ai admis le jugement des
autres, je crains moins les moqueries et j’ai
moins peur de me tromper. Cela a permis
de créer ou de renforcer des liens amicaux,
mais aussi de voir nos camarades et les
professeurs sous un autre angle. J’ai ainsi
découvert de nouveaux amis. Par ailleurs,
le changement de cadre est intéressant : il
favorise une ambiance chaleureuse et nous
donne plus de liberté, une approche du
cours de français moins scolaire et plus
vivante. Cette expérience a apporté
beaucoup de joie et de bonne humeur. Elle
aura peut-être révélé de nouveaux
talents…
Florence Ducarme
L’expérience théâtrale que j’ai vécue, moi
qui était comédienne, m’a permis de
découvrir une autre facette du Malade
imaginaire, mais aussi une autre facette du
théâtre, qui n’était avant pour moi qu’un
nom, Molière, un rideau rouge, des coups
de bâton, des coups d’éclat, des éclats de
rire. Cela m’a montré la difficulté d’être
acteur, car il faut avoir de l’imagination et
savoir « rentrer dans la peau du
personnage ». Il faut aussi de la patience et
de la concentration. Cela m’a aussi permis
de m’extérioriser et de travailler en
m’amusant. Il y a aussi beaucoup de travail
d’équipe, ce qui peut servir dans la vie de
tous les jours. Cette expérience a été
enrichissante sur le plan scolaire, mais
aussi sur le plan amical, en permettant de
mieux nous connaître et de renforcer les
liens entre camarades.
Adrien Deslous-Paoli
Je pense que les acteurs ont appris plus de
choses que moi, qui étais metteur en scène.
J’ai cependant bien aimé cette expérience.
Elle m’a donné de l’autonomie. J’ai
travaillé seul. J’ai jugé le plus
objectivement possible les acteurs. J’ai
appris à m’exprimer mieux, à raisonner et
à réfléchir sur la manière de faire et de
parler dans la pièce. Malheureusement, je
n’ai toujours pas réussi à vaincre ma peur
de parler devant un grand nombre de
personnes. Malgré tout, cette expérience
théâtrale m’a beaucoup plu, et j’espère
recommencer l’année prochaine.
38
Actualités
Voyage aux
Etats-Unis
nos correspondants, pour leur faire
découvrir notre vie en France.
Ce voyage nous a fait découvrir beaucoup
de choses : un autre style de vie, des
habitudes alimentaires différentes et
surtout parler anglais !
A l’année prochaine pour le récit de notre
prochain projet de classe.
Le 18 avril, le rêve de beaucoup d’entre
nous a été réalisé : mettre un pied sur la
terre ferme d’Amérique.
Accompagnés de Mme Lerat, notre
professeur principal, de Mme PoncinMusa, de Mlle Pasquier et du Père Plessy,
nous nous sommes envolés pour New
York. Nous avons là-bas chacun un (ou
une) correspondant(e) choisi(e) selon nos
goûts, nos habitudes et nos caractères.
Le 18 avril précisément, nous sommes
montés à bord de la compagnie aérienne
Lufthansa. Après une brève halte à
Francfort, en Allemagne, nous avons
embarqué pour un vol non-stop de 8
heures, direction New York.
A peine arrivés, nous avons été pris en
charge par notre famille d’accueil où nous
avons séjourné quinze jours. Nous
sommes allés au collège avec nos
correspondants durant deux jours et, le
reste du temps, nous avons visité des
monuments. Au programme, le weekend : activités multiples en leur
compagnie.
Hélas le 1er mai au soir, nous avons déjà
plié bagages.
De retour en France, nous avons repris le
rythme de l’école et « absorbé » les six
heures de décalage horaire. Nous avons
rendu notre journal de bord et présenté
des exposés sur les Etats-Unis. Puis, du 15
au 28 mai, nous avons invité à notre tour
Le bonbon plaisir
Thaïs Abramovici Richard,
Anaïs Mousslie, Laura Pettier,
élèves de 6ème B
39
Galliane Gobenceaux, Julian Coupas,
Damien Saverot, Edouard Carpentier,
élèves de 6ème B
Les médecins voudraient supprimer les
distributeurs de bonbons dans les écoles,
mais qu’en pensent les élèves ?
Le bonbon plaisir…
9h50 : la sonnerie de la récréation du matin
retentit dans l’Institution des Chartreux.
Les collégiens se précipitent vers le
distributeur de bonbons : les derniers
n’auront aucune chance de s’offrir
quelques « schtroumpfs » ! Si le
distributeur attire tant de monde, c’est
d’abord « parce qu’on a faim »*. Les
bonbons calment le petit creux du milieu
de matinée. Souvent, ils remplacent le
petit-déjeuner. « Je mange des bonbons
parce que c’est bon », dit une élève de 6ème
. « J’achète des bonbons pour partager avec
mes amis », dit une autre. Les bonbons
servent à se faire plaisir et à faire plaisir aux
autres. Le distributeur à l’intérieur de
l’école permet d’en acheter plus facilement,
sans la surveillance des parents.
Faut-il supprimer les distributeurs de
bonbons aux Chartreux ?
Si les collégiens aiment le distributeur de
bonbons, ils sont quand même critiques :
« Ça fait grossir » , « C’est trop cher » , « Il
n’y a pas beaucoup de choix ». 36% d’entre
eux pensent qu’on pourrait les supprimer.
Mais comme la majorité est favorable au
maintien des distributeurs dans l’école, on
peut imaginer différentes solutions pour
satisfaire tant les médecins et les adultes
que les élèves : proposer à la fois fruits,
bonbons et barres énergétiques et afficher
sur la machine une mise en garde contre
l’abus de friandises pour faire réfléchir
ceux qui en achètent plusieurs fois par
jour.
*Enquête réalisée auprès d’élèves de 6ème des
Chartreux
Le nouvel an chinois en maternelle
Delphine Viso-Valdez,
enseignante en grande section de maternelle
Les enfants de la classe de grande section de
maternelle sont partis à la découverte de la
« gastronomie » et des coutumes chinoises,
le 22 janvier 2004, jour-même du nouvel an
chinois : raviolis chinois, viande de bœuf
séchée, pousses de bambou, champignons
noirs, gingembre confit et autres friandises
ont été dégustés avec plaisir par les enfants.
Avec la participation active de
Mme Fernandez, la maman de Joachim,
nous avions pris connaissance auparavant
du mode de vie chinois, comme la
calligraphie, l’art de la table, mais également
l’école en Chine.
Ce matin-là, toute la classe a été transformée
pour un moment typiquement chinois :
dessins, baguettes en bambou, encens,
vêtements de fête et porcelaine chinoise…
Aussi, au-delà de l’ouverture sur le monde
et de la découverte d’autres cultures, les
enfants ont pu, à leur
manière, souhaiter la
bienvenue à leurs deux
camarades, Joachim et
François, arrivés de Chine
en août et janvier derniers.
40
Actualités
Un conte :
« Cadabra »
« On a toujours
besoin d’un plus petit
que soi »
I
(Jean de La Fontaine)
Par des élèves de maternelle
(petite et moyenne section)
l était une fois, une méchante sorcière :
Cadabra. Elle jetait des sorts avec sa
baguette magique. Dans sa maison,
Cadabra prépare une soupe, dans sa
marmite. La sorcière a mis des carottes,
des petits pois, une souris, les oreilles du
chat, la queue du chien et un yaourt. Elle
fait cuire sa soupe.
Caroline
s’est
perdue dans la
forêt. Elle trouve
la maison de
Cadabra. Caroline
frappe à la porte.
Cadabra attrape
Caroline
et
l’attache sur une
chaise à côté du
tiroir.
Caroline
ouvre le tiroir et trouve la baguette
magique. Caroline prend la baguette
magique et jette des sorts à Cadabra. Elle
la transforme en éléphant, ensuite en lion,
après en kangourou et enfin en souris.
Le papa de Caroline trouve la maison de
Cadabra, il voit Caroline et il est content. Il
détache Caroline. Il jette un dernier sort à
Cadabra qui devient gentille.
Cadabra ramène Caroline et son papa, sur
son balai magique, dans leur maison.
41
Aurélie Le-Saint-Merd,
enseignante en petite section de maternelle
Stéphanie Genet,
enseignante en CM2
Petits élèves de maternelle et élèves de
CM2 B se sont retrouvés autour des fables
de Jean de la Fontaine, et ont confectionné
des masques d’animaux. Ensemble, ils ont
participé au défilé de la mi-Carême,
organisé par l’école.
Sophie Richard,
enseignante en grande et moyenne section
de maternelle
Comme leurs camarades du primaire, les
élèves de moyenne et grande section de
maternelle ont choisi de mettre à
l’honneur les fables de Jean de la Fontaine
en choisissant « La cigale et la fourmi ». Ce
projet, riche d’apprentissages et centré sur
des activités d’expression artistique et
langagière, a suscité l’enthousiasme de
tous. Grâce aux efforts et au travail fourni
par les enfants, chacun selon ses
possibilités, ils ont partagé, avec les élèves
d’autres classes, leur interprétation d’une
fable intemporelle.
42
Actualités
Astronomie au programme ?
Jean-Noël Terry,
professeur de mathématiques au collège Chartreux–Sainte Famille,
docteur en astrophysique,
membre du CLEA (Comité de Liaison Enseignants-Astronomes)
Au XVIe siècle, Gargantua écrivait à son
fils Pantagruel : « Des arts libéraux,
géométrie, arithmétique et musique, je
t’en donnai quelque goût quand tu étais
encore petit, en l’âge de cinq à six ans ;
poursuis le reste, et de l’astronomie,
saches-en tous les canons. Laisse-moi
l’astrologie divinatrice, et l’art de Lullius,
comme abus et vanités. » Rabelais
(Pantagruel, chapitre VIII)
Jusque dans les années 1960, l’astronomie
fut enseignée au lycée sous le nom plus
large de cosmographie… quand le
professeur de mathématiques en avait le
temps ! Aujourd’hui, malgré l’arrivée de
l’homme sur la Lune, et l’explosion des
découvertes, l’astronomie est quasi absente
de l’enseignement officiel ! Ce n’est pas là
le moindre des paradoxes quand on sait à
quel point les siècles passés se sont
passionnés pour l’observation de
l’Univers ! En astronomie, l’objet de
l’étude est, par définition, hors de portée :
il demande donc une analyse rigoureuse
des apparences et une solide réflexion. Pas
facile non plus de gérer la mondialisation
de l’information. C’est pourtant une
discipline de choix :
➜ Elle est l’avenir : les générations
actuelles verront l’homme marcher
sur Mars.
43
➜ Elle est belle : qu’il s’agisse d’une
simple conjonction Lune-Vénus, d’une
éclipse ou des images des grands
télescopes, elle a un grand pouvoir de
séduction, de passion et d’interrogation,
surtout sur les plus jeunes.
Sous quelle forme proposer l’astronomie…
hors programme ? Nous avons pratiqué le
club, la classe à dominante astronomie et
l’IDD (itinéraire de découvertes). L’IDD
est le moins attrayant avec une heure
Au planétarium de Saint Etienne
hebdomadaire sur une douzaine de
semaines, et des élèves qui s’inscrivent
souvent par défaut, et parce que c’est
obligatoire. L’avantage de la classe à
dominante, c’est qu’elle permet d’avoir
toute l’année une classe entière, à raison
d’une à deux heures par semaine, donc
d’impliquer un groupe stable sur une
durée suffisamment longue pour mener à
bien un projet complet.
Mais il faut une équipe pédagogique
volontaire (au moins en français, histoire,
anglais, mathématiques, technologie) ;
Au télescope de l’observatoire de Lyon
le responsable de la dominante peut en
effet demander à ses collègues de
développer avec la classe tel ou tel point
dans le cadre de leur discipline. Le plus
souple est le club : ceux qui viennent sont
vraiment motivés et avides de découvrir,
et l’animateur est bénévole.
Que faire en astronomie ? Organiser une
matière si riche n’est pas chose facile.
Quatre fils conducteurs ont été choisis :
➜ L’histoire de l’astronomie
➜ La découverte de l’Univers
➜ Les activités et travaux pratiques
➜ L’actualité
Bien entendu il ne s’agit pas d’un
enchaînement chronologique des quatre
thèmes, mais d’une alternance pour
maintenir l’intérêt et suivre l’actualité
du ciel.
L’histoire de l’astronomie : à partir de
l’univers imaginé par les Egyptiens, les
Hébreux… nous avons rencontré de riches
personnalités, d’Aristarque de Samos à
Hubble. Les élèves sont toujours très
curieux de la vie des « grands hommes ».
La découverte de l’Univers : de la Lune
aux galaxies… La partie la plus
importante est consacrée au système
solaire, le plus intéressant pour cet âge,
sans négliger les belles photos des objets
lointains si facilement accessibles
aujourd’hui : le rêve n’est pas exclu. Après
une présentation générale du système
solaire, la Lune est digne d’intérêt.
Facilement observables, ses phases, ses
cratères, son unique face visible sollicitent
la réflexion. L’actualité permet aussi de se
focaliser sur quelques objets qui font la
une : en 2004, Mars en début d’année,
Saturne avec la sonde Cassini en fin
d’année, le transit de Vénus en juin 2004…
Les activités : la ville n’est pas propice à
l’observation du ciel nocturne. Mais on
essaie quand même de repérer les
44
Actualités
principales constellations et planètes
visibles au fil des saisons. L’idéal serait de
partir observer la nuit, mais cela pose des
problèmes d’encadrement, d’organisation
et de coût. Il y a des activités plus
mathématiques : études du mouvement
diurne sur une photo, travail sur le
calendrier, sondage « astronomique » (sur
204 personnes interrogées 26 % pensaient
que le Soleil tourne autour de la Terre et
20 % confondaient astrologie et
astronomie !). Un TP difficile sur la
rétrogradation de Mars a même permis de
manipuler avec passion calque et
rapporteur. Le concret doit avoir sa part : il
est aisé de réaliser une maquette 3D de la
Grande Ourse, des maquettes en bristol
des sondes en voyage (les sites américains
ont toujours des pages « for kids » très
bien faites…). En 2002 nous nous sommes
associés au projet Eratosthène : reprenant
l’expérience réalisée en Egypte vers 200
avant JC, les mesures sont mises en
commun avec une centaine de classes
d’une vingtaine de pays dans le monde, via
Internet. Nous avons (re)mesuré ainsi le
rayon de la Terre. Les cadrans solaires ont
fait l’objet d’un atelier et d’une animation
au Crêt des Six Soleils. Côté sorties, outre
les spectacles du planétarium de Saint
Etienne, nous avons visité l’observatoire de
Lyon et nous avons eu le plaisir de
rencontrer un astronome professionnel qui
s’est prêté au jeu des questions sur sa
profession et sur la recherche
fondamentale.
45
En conclusion : ces quelques lignes ne sont
pas un catalogue à la Prévert, mais
montrent la richesse et la variété qui
permettent d’apprendre autrement et dans
la passion. De la passion, il en faut pour
faire partager, contre vents et marées, bien
terrestres, les merveilles de l’Univers.
Devant la lunette de l’observatoire de Lyon
Voyage en Angleterre
des élèves de 6ème – 5ème des Chartreux – Sainte Famille
Odile Laxton,
ancienne professeur d’anglais
à l’Institution Chartreux – Sainte Famille
C’est près de Bristol que les 47 élèves et leur
4 accompagnatrices ont été hébergés
pendant la semaine du 24 avril au 1er mai
2004. Partis le samedi en fin d’après-midi, il
leur a fallu passer la nuit en car pour se
retrouver au petit matin sur un ferry où le
petit-déjeuner fut apprécié.
C’est bien réveillés qu’ils sont arrivés à
Londres et ont commencé une visite
pédestre au pied de Big Ben. La célébration
d’une journée commémorative de
l’ANZAC (cf. la participation des troupes
de Nouvelle-Zélande et d’Australie au
conflit de 39/45) ne leur a pas permis de
passer près de Downing Street pour
rejoindre Trafalgar Square, c’est en car
qu’ils ont pu apercevoir les lions encadrant
la colonne Nelson. Après avoir longé les
maisons du Parlement et Westminster
Abbey, ils sont allés jusqu’à Buckingham
Palace et ont eu le plaisir de voir défiler les
gardes de la Reine en costume… Le piquenique pris sur l’herbe de St James’s Park, ils
sont repartis vers Big Ben et ils ont vogué
sur la Tamise pour rejoindre le site de La
Tour. Là, ils ont visité Tower Bridge et se
sont égayés sur la pelouse de la rive opposée
au palais érigé par Guillaume le
Conquérant. Un après-midi printanier, les
Londoniens se prélassaient tout autour. Ils
ont même eu la chance de voir se lever le
pont pour laisser passer un voilier. Ce fut
ensuite l’acheminement vers Bristol et la
découverte des familles hôtesses.
Pendant quatre jours, les journées se sont
partagées entre les cours d’anglais dispensés
par des professeurs anglais, le matin, et les
après-midis centrés sur des visites : la
cathédrale de Wells et son horloge animée,
Wookey Hole Caves (grottes creusées par la
rivière Axe) et la fabrication du papier
(quatre d’entre eux se sont essayés à cet art),
les Bains romains de Bath, le parc safari de
Longleat.
Au retour nous avons passé
la journée dans la propriété
de Lord et Lady Montagu à
Beaulieu où nous avons pu
admirer les modèles de
voitures allant de la Ford
Model T aux voitures de
formule 1 et tant d’autres. Il
faut bien l’avouer, si le
début du séjour fut
printanier, cette journée à
Beaulieu restera dans nos
mémoires comme une
vision très « cliché » de
l’Angleterre. Que de pluie !
Au-delà du dépaysement
culturel, nous retiendrons
que les élèves partis très
excités par la petite anxiété
de l’inconnu ont progressé
dans leur attitude au fil des
jours, et ils semblent en avoir retiré une
expérience enrichissante, tant sur le plan du
savoir que sur le plan humain.
46
Actualités
Les Chartreux – Sainte Famille
ouverts sur le monde…
Aujourd’hui : la Slovaquie.
Sœur Marie Jean,
Responsable de la pastorale à l’Institution
Chartreux – Sainte Famille
47
Notre jumelage date de l’année 1992.
Des élèves de 4ème, en camp dans le Haut
Doubs, ont accueilli un groupe d’enfants
slovaques commençant l’apprentissage du
français. De bonnes relations s’étant établies
entre les deux groupes, le collège Sainte
Famille a accepté d’accueillir, en février
1993, ces mêmes jeunes dans le cadre
scolaire. Mais d’où viennent-ils exactement ?
A la chute du régime communiste en
Slovaquie, les Frères des Ecoles Chrétiennes
ont décidé de se réimplanter dans le pays
qu’ils avaient dû quitter depuis des années.
Très vite, ils ont ouvert un établissement à
Bratislava, capitale du pays, le Collège Saint
Jean de la Salle. Le français faisant partie des
langues étudiées, les Frères ont cherché un
établissement acceptant de travailler avec
eux. La Sainte Famille leur a ouvert ses
portes. Au fil des années, un jumelage s’est
mis en place. Alternativement, un groupe de
Slovaques vient en France pendant une
période scolaire et un groupe de Français
part en Slovaquie pendant les vacances de
Pâques, pour découvrir ce beau pays. Très
vite le Collège Saint Jean de la Salle a
demandé davantage, à savoir un séjour plus
long pour des élèves désireux d’acquérir une
meilleure connaissance de notre langue. C’est
alors, qu’avec l’aide de familles volontaires,
nous avons pu réaliser ce souhait et accueillir
deux jeunes de septembre à février pendant
plusieurs années scolaires. Voici le
témoignage de Katarina : « Je suis étudiante
de la Faculté de
philosophie. Mon
intérêt pour la
langue française
s’est formé graduellement. La première
impulsion m’a été donnée par le séjour de
deux semaines au collège de la Sainte
Famille à Saint Etienne… J’étais heureuse
quand j’ai pu, grâce à l’initiative de Frère
Jean, séjourner en France pendant toute une
année. J’ai été dans une famille qui m’a très
bien accueillie. J’ai eu l’avantage d’être
obligée de ne communiquer qu’en français
pendant tout le temps… A mon retour, j’ai
été fière d’avoir pu représenter notre
« gymnasial » (lycée) dans le tournoi
olympique de langue française de toute la
Slovaquie. Et grâce à mon séjour en France,
j’ai obtenu la première place. » Témoignage
convaincant quant à l’importance de ces
échanges ! Cette année 2004, conformément
à la tradition, douze élèves slovaques ont été
accueillis dans notre collège et dans les
familles, avec Frère Jean, une jeune
professeur de français, et Jana qui a fait
partie du premier groupe venu en France en
1992 ! D’autres expériences extra-scolaires
ont été vécues avec les Slovaques : un camp
Slovaques - Français en Slovaquie, un camp
- chantier d’intérêt public FrançaisSlovaques en France (ouverture d’un sentier
sur un haut lieu de St Etienne - le Guizay une petite plaque apposée par la Mairie en
témoigne !), un voyage humanitaire francoslovaque au Burkina-Faso. Un jumelage,
somme toute bien vivant et qui ne demande
qu’à se développer…
Ajouter des années à la vie
ou de la vie aux années ?
Le Bureau de l’APCR,
Association des professeurs de Chartreux retraités
La réponse est brutale. Jamais nous
n’allongerons notre taille d’un seul pouce ni
d’une année notre existence ici-bas.
Mais l’âge est déterminé par l’état d’esprit,
autant que par l’état civil. Il y a une vie après le
travail et la retraite n’est pas une fausse fenêtre
(comme certaines de la Maison des
Missionnaires !) qui ne donne pas de lumière et
ne débouche sur rien. Les contraintes
professionnelles éclatées, les cercles relationnels
et culturels s’élargissent.
Les activités de l’APCR suivent un rythme
bimestriel. Des conférences alternent avec les
visites sur le terrain, car la culture du retraité
moderne est multidimensionnelle. Il s’intéresse
aux belles lettres et à son environnement
immédiat, aux vieilles pierres et au folklore
local. L’attrait pour l’histoire des Chartreux
n’écorne pas sa curiosité pour le
fonctionnement du Conseil général.
Qu’on en juge :
• 2 février 2003, participation aux cérémonies
de l’Alicoque, fête de l’huile d’olive, à Nyons.
• 10 avril 2003, visite de l’Abbaye d’Ainay
éclairée par les analyses du Père Breysse et ses
références fulgurantes.
• 5 juin 2003, visite du Vieux Lyon,
commentée avec verve par M. Bruno
Delignette de Lyon 2.
• 25 septembre 2003, le père Babolat présente
son mémoire de maîtrise de DEA sur « La
vitalité du diocèse de Lyon pendant la
Restauration (1814-1830) ». Les membres de
l’APCR sont impressionnés et attendent sa
thèse sur «Des prêtres de la Croix de Jésus
(1816) aux prêtres de Saint Irénée (1833) ».
• 15 novembre 2003, visite de l’Hôtel du
Département, accueil par M. Roger-Dalbert,
conseiller général. Sous les lambris de la
République, il remet la médaille du
département au Père Babolat.
• 20 novembre 2003, «L’étude épistémologique
des sciences mathématiques» de M. Marcel
Comby nous permet de mesurer notre
inculture.
• 24 février 2004, la conférence de M. Bernard
Plessy sur « Molière et la bêtise humaine »
rassemble une nombreuse assistance. Son
dernier ouvrage, «Baudelaire et Lyon.
Histoire d’une obsession», vient de sortir en
librairie.
• 22 avril 2004, M. Delignette nous fait
découvrir les trois hôtels de ville de Lyon
construits successivement dans la Presqu’île.
• 2 juin 2004, visite de l’aéroport de
Lyon–Saint-Exupéry.
Les archives de l’APCR sont riches des
comptes-rendus de ces activités et du texte de la
conférence de M. Bernard Plessy. Ces trésors
attendent les futurs retraités.
En adhérant à l’APCR, ils se persuaderont
que « La jeunesse n’est pas une période de
la vie mais un état d’esprit… Vous resterez
jeune tant que vous serez réceptif aux
messages de la nature, de l’homme et de
l’Infini » (Mac Arthur).
48
Actualités
Résultats 2003
DECF (Diplôme d’Études Comptables et Financières)
DECF 1ère année
Unités
de valeur
DECF 2ère année
Étudiants
admis
Étudiants
Présents
Résultats
Chartreux
Résultats
Nationaux
des sociétés et
1 Droit
et droit fiscal
25
31
80,7 %
26,9 %
et gestion
3 Organisation
de l’entreprise
14
26
53,9 %
6 Comptabilité
approfondie
26
31
83,9 %
Unités
de valeur
Étudiants
admis
Étudiants
Présents
Résultats
Chartreux
Résultats
Nationaux
2 Relations juridiques
16
29
55,2 %
28,8 %
30,9 %
4 Gestion financière
13
29
44,8 %
31,8 %
38,9 %
7 Contrôle de gestion
11
29
37,9 %
22,0 %
Étudiants ayant obtenu le diplôme du DECF
Étudiants admis
%
Chartreux
21 / 29
72,4 %
Académie
182 /567
32,1 %
National
18 908 / 60 997
31,0 %
DESCF (Diplôme d’Études Supérieures Comptables et Financières)
Diplôme préparé en partenariat entre l’Université Catholique - ESDES
et l’Institution des Chartreux
DESCF
Unités
de valeur
Étudiants ayant obtenu le diplôme du DESCF
Étudiants
admis
Résultats
Chartreux
Résultats
Nationaux
Droit et
1 Synthèse
Comptabilité
13 / 21
61,9 %
18,5 %
ESDES - Chartreux
économique
2 Synthèse
et comptable
9 / 20
45,0 %
16,1 %
3 Grand Oral
11 / 14
71,4 %
41,6 %
2/2
100,0 %
70,1 %
4 Stage d’initiation
49
Étudiants admis
%
14 / 21
66,7 %
Académie
102 / 455
22,4 %
National
4 589 / 17 855
25,7 %
Calendrier 2003/2004 et rentrée 2004
PASTORALE
• Entrée en Eglise pour les futurs baptisés :
Vendredi 25 juin à 11h
• Première Communion :
Samedi 5 juin à 16h (6ème)
Dimanche 6 juin à 9h30 et 11h15 (école)
• Profession de Foi :
Samedi 15 mai à 18h
Dimanche 16 mai à 9h et 11h
• Confirmation :
Samedi 12 juin à 10h
MESSES DE FIN D’ANNEE
• 3ème à post-bac :
Vendredi 28 mai à 11h
• 6ème :
Mardi 15 juin à 8h
• 4ème :
Jeudi 3 juin à 11h
• 5ème :
Jeudi 17 juin à 8h
• Primaire :
Vendredi 25 juin à 11h
• Maternelle (célébration) :
Samedi 26 juin à 11h
MATINEE SPIRITUELLE (4ème)
• Vendredi 18 juin de 8h à 12h
PRESENTATION DE L’INSTITUTION
(maternelle à terminale)
• Mercredi 16 juin de 16h à 19h :
Accueil des nouveaux élèves et de leurs parents
ASSEMBLEE GENERALE DE L’ASSOCIATION
DES ANCIENS ELEVES
• Vendredi 25 juin à 18h30
ASSEMBLEE GENERALE DE L’ASSOCIATION DES
AMIS DE L’ORGUE
• Mercredi 13 octobre à 18h
EXAMENS DU BREVET DES COLLEGES
• Français et histoire-géographie :
Jeudi 24 juin
• Mathématiques :
Vendredi 25 juin
EXAMENS DU BACCALAUREAT
• Oraux facultatifs :
Musique : 26, 27 et 28 mai
Langues : 1er, 2, 3 et 4 juin
Théâtre : 4, 7, 8 et 9 juin
• Ecrits :
Du jeudi 10 juin au mercredi 16 juin
• Oraux (épreuves obligatoires) :
LR, LV2 et LV3 : du jeudi 17 juin au mercredi 23 juin
• Délibérations du 1er tour :
Vendredi 2 juillet
• Oraux et délibérations du 2ème tour :
Mardi 6 juillet et mercredi 7 juillet
EXAMENS DU DPECF
Du mercredi 1er septembre au lundi 6 septembre
EXAMENS DU DECF
Du mardi 7 septembre au mercredi 15 septembre
EXAMENS DE CAMBRIDGE
• FCE (First Certificate in English) :
Mardi 15 juin
• CAE (Certificate in Advanced English) :
Mercredi 16 juin
• CPE (Certificate in Proficiency English) :
Jeudi 17 juin
• BEC (Business English Certificate) Preliminary :
Mercredi 2 juin
LE THEATRE AUX CHARTREUX
• CPGE :
Jeudi 3 juin et vendredi 4 juin
La Machine infernale de Jean Cocteau
• Les Théâtreux (2nde) :
En juin
Les Généreux d’Abdelkader Alloula
• 4ème – 3ème :
Fin juin
Les Bâtisseurs d’Empire ou le Schmürtz de Boris Vian
• 6ème-5ème :
Mercredi 23 juin
L’Eau de vie d’Olivier Py
• 6ème :
Lundi 21 juin
Conversation-Sinfonietta de Jean Tardieu
• Ecole :
Mardi 22 juin à 20h
Les Fables de notre temps de Thérèse Mercier
50
Calendrier 2003/2004 et rentrée 2004
SEMAINE DE LA SAINT-IRENEE
A partir du lundi 28 juin : « Les Chartreux en fête »
CONCERT DES ELEVES DE L’ECOLE
Lundi 21 juin à 19h
FETES A L’ECOLE
• Fête de l’italien :
Vendredi 18 juin à 20h
• Fête de l’école maternelle :
Samedi 26 juin, de 9h30 à 13h
JOURNEE FAMILIALE (maternelle et primaire)
• Dimanche 20 juin, au Château de Montmelas
STAGES
• Secondes :
Du lundi 7 juin au vendredi 11 juin
Ou du lundi 14 juin au vendredi 18 juin
• BTS C1 et C3 :
Du jeudi 27 mai au jeudi 1er juillet
• BTS I1 :
Du jeudi 27 mai au jeudi 8 juillet
DEPARTS DES ELEVES
• Ecole :
Mardi 29 juin après la classe
• 6ème :
Mardi 22 juin à 17h
• 5ème :
Mercredi 23 juin à 12h
• 4ème :
Lundi 21 juin, à 17h
• 3ème :
Vendredi 18 juin à 12h
• 2nde :
Vendredi 4 juin à 12h
Stages en entreprise : du 7 au 11 ou du 14 au 18 juin
• 1ère :
Vendredi 4 juin à 12h
• Terminale :
Mercredi 2 juin à 12h
• HEC 1-3 :
Mercredi 23 juin à 12h
• BTS C1-C3-I1 :
Mercredi 26 mai à 12h
• BTS I2 :
Vendredi 7 mai à 12h
• DPECF - DECF 1 et 2 :
Vendredi 18 juin à 12h
REVISIONS
51
• DPECF :
Lundi 30 août et mardi 31 août
• DECF :
Du mercredi 1er septembre au lundi 6 septembre
RENTRÉE DES CLASSES (année scolaire 2004-2005)
• Ecole :
Jeudi 2 septembre
• 6ème, 4ème et 2nde :
Jeudi 2 septembre
• 5ème, 3ème et terminale :
Vendredi 3 septembre
• 1ère :
Lundi 6 septembre
• BTS et CPGE 2ème année :
Jeudi 2 septembre
• BTS 1ère année :
Mardi 7 septembre
• CPGE 1ère année :
Jeudi 9 septembre
(séjour d’intégration les jeudi 9 septembre
et vendredi 10 septembre)
• DECF 1ère année :
Mardi 14 septembre
• DECF 2ème année :
Jeudi 23 septembre
VACANCES SCOLAIRES 2004-2005
• Toussaint :
Du vendredi 22 octobre après les cours
au jeudi 4 novembre au matin
• Jeudi 11 novembre : jour férié
Pas de cours le vendredi 12 novembre
Récupération du vendredi matin : samedi 6 novembre, matin
Récupération du vendredi après-midi : mercredi 10 novembre
après-midi
• Noël :
Du vendredi 17 décembre après les cours
au lundi 3 janvier au matin
• Hiver :
Du vendredi 11 février après les cours
au lundi 28 février au matin
•Lundi 28 mars : jour férié
• Printemps :
Du vendredi 15 avril après les cours
au lundi 2 mai au matin
• Jeudi 5 mai : jour férié
Pas de cours le vendredi 6 mai
Récupération du vendredi matin : samedi 18 juin, matin
(matinée pédagogique : pas de cours))
Récupération du vendredi après-midi : mercredi 4 mai, aprèsmidi
• Lundi 16 mai : jour férié
Carnet
NAISSANCES
MARIAGES
Nous avons la joie d'annoncer la venue au
Se sont unis ou s’uniront par le mariage :
monde de :
• Alexandre Bouthier (promo 95) et Céline
• Clément, au foyer de Florent et Nathalie
Masson, née Nanterme (promo 94), le 3
décembre 2003
ème
Demizieux, le 31 janvier 2004
• Guillemette Bertrand (promo 90) et Cyril
Garcia, le 24 avril 2004
enfant de Cédric et Fanny
• Alexandra Bourgeois (promo 95, ancien
Hohn, née Baraillon (ancienne élève), le 3
maître d’externat en 6ème-5ème, puis d’internat
décembre 2003
en terminale) et Stéphane Jacobs, le 24 avril
• Victoire, 3
• Jules, au foyer d’Emilie Michot (promo 92)
et Jérôme Schonfeld (promo 93), le 19
2004
• Gaëlle Hubert (promo prépa 1996), fille de
Christiane Hubert, ancien professeur à
décembre 2003
• Louis, 2ème enfant de Christophe et Cécile
Fillatre, née Conan (promo 90), le 15 janvier
l’Institution, et Dominique Etienne, le 24
avril 2004
• Laël, au foyer de Frédéric et Anne-Sophie
2004
• Clothilde, 4
ème
enfant de Jean et Carine
Mirallié, née Devèze (ancienne prépa HEC),
le 19 janvier 2004
• Tiphaine, 3
ème
2004
• Meije, au foyer de Corinne et Emmanuel
enfant de Laurent (promo 94)
et Florence Dionis du Séjour, née Lestra
(promo 94), fille de Jean Lestra, professeur
d’histoire-géographie à l’Institution, le 25
janvier 2004
• Augustin, 3
Michel, née Desgaches (promo 94), le 5 mai
Isaac (promo 93), le 7 mai 2004
• Marie Boulez (promo 95) et Agusti Llinàs
Camps, le 8 mai 2004
• Benjamin Chartier (promo 97) et Yannick
Balaÿ, le 8 mai 2004
ème
enfant de Raphaël et
Raphaëlle Herbinet, née Arnaud (promo
92), le 18 février 2004
Mangon, née Douare (promo 94), le 21
février 2004
• Raphaël, 2
• Gabriel, 2
enfant de Nathalie et Cyrille
enfant de Carole et Olivier
Antoniotti (promo 88), le 24 mars 2004
• Doris-Line, 2
le 29 mai 2004
• Isabelle Rajot (promo 96) et Raphaël
Bertholon (promo 93), le 29 mai 2004
Vincent (promo 92), le 10 mars 2004
ème
Matthieu Bodin, le 15 mai 2004
• Grégory Fond (promo 93) et Corinne Cook,
• Grégory, au foyer d’Olivier et Emmanuelle
ème
• Hélène Arthaud (promo 93) et Jean-
ème
enfant d’Annick et Olivier
er
Chomono (promo 92), le 1 avril 2004
• Nathalie Vacher (promo 2001) et Lionel
Dalibard, le 29 mai 2004
• Frédérique Brandon (ancienne élève) et
Thierry Louis, le 5 juin 2004
• Marie-Amélie Arnaud (promo 95) et
Christian Kehl, le 12 juin 2004
52
• Séverine Bayet (promo 98) et Fabrice
Tardivet, le 12 juin 2004
• Axel Cornudet (ancien élève) et MarieCharlotte Bouvet, le 12 juin 2004
• Nicolas Griffaton (collègien de 86 à 90) et
Estelle Wallon, le 12 juin 2004
• Florence Vulliez (promo 95) et Arnaud
Bonhomme, le 12 juin 2004
• Sophie Cleyet-Marrel (promo 92) et David
Mossaz, le 18 juin 2004
• Sylvain Grenard (promo 94) et Cécile
Gergaud, le 19 juin 2004
• Violaine Birot (promo 95) et Jean-Luc
Bermon, le 26 juin 2004
• Grégory Boyer-Besseyre (promo 93) et
Rachel Bray, le 26 juin 2004
• Valérie Fraysse (promo bac 90 et promo BTS
compta 92) et Fabrice Phily, le 10 juillet 2004
• Laurent Monarque (promo 91) et Camille
Hacard, le 10 juillet 2004
• Dominique Drouet (promo 95) et Olivier
Biot, le 17 juillet 2004
• Raphaëlle Isaac (promo 97) et Florian
Castagno, le 17 juillet 2004
• Olivier Facy (promo 97) et Audrey Le
Tessier, le 24 juillet 2004
• Valérie Haguet (promo 95) et Laurent Piau,
le 24 juillet 2004
DISTINCTION
• Raphaël Moreau (promo 62), docteur en
pharmacie, a reçu les insignes de Chevalier
de l’Ordre National du Mérite, le 29 janvier
2004
53
DÉCÈS
Nous ont quittés :
• Denis Audras (promo 40), le 30 octobre 2003
• Monique Lemaire, ancienne enseignante à
l’école des Chartreux, le 9 janvier 2004
• La mère de Brigitte Cicéron, enseignante à
l’école, le 19 janvier 2004
• La mère d’Elisabeth Bourgeois, professeur
de musique, le 28 janvier 2004
• Mgr Gabriel Matagrin, ancien directeur
spirituel de l’Institution des Chartreux, le 2
février 2004
• Le Père Jean Mey, ancien professeur de
lettres à l’Institution des Chartreux, le 1er mars
2004
• Le père de Victor (7ème A), Arnaud
d’Hérouville, le 18 mars 2004
• Le père d’Hugo (6ème G) et Guillaume (2nde 3)
Kucera
• La mère d’Aude de Lustrac (2nde 5)
• Magguy Chavannes, ancien profeseur
d'anglais
• Pierre Gillier (promo 45)
• Gérard Vial (promo 50)
• Le Professeur Jacques Féroldi (promo 34),
Président d'honneur de l'Association des
anciens élèves de l'Institution des Chartreux,
le 20 mai 2004
n°30 . Juin 2004
Philippe BARBARIN, cardinal archevêque de Lyon • Youssef BECHARA, archevêque maronite d’Antélias
au Liban • Marcel BOZONNET, administrateur de la Comédie française • Colloque CHARLES
PEGUY • Christine CROZAT, plasticienne • Don DELILLO, écrivain • Marie DESPLECHIN,
écrivain • Soeur EMMANUELLE, religieuse • Denis GUEDJ, écrivain • Pierre GUINARD,
conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon • Aleksandar HEMON, écrivain •
Yves HENRI, sculpteur • Francesca ISIDORI, productrice et critique littéraire à France Culture • Yves
JOCTEUR MONTROZIER, conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon •
Festival LA CHAIR ET DIEU • Yannick LAURENT, comédien • Jean-Claude LEMAGNY,
conservateur
à
Festival
la
LES
(soirée Cocteau) •
SUBSISTANCES,
artistique
•
historienne
d’art
Inge
•
A
L’INSTITUTION
DES CHARTREUX
EN 2003-2004
Bibliothèque nationale •
INTRANQUILLES
LES NOUVELLES
laboratoire de création
LINDER GAILLARD,
Colum MCCANN,
écrivain • Antoine MOUTON, écrivain • Amos OZ, écrivain • Jean-Luc PARANT, poète et plasticien •
Bernard PLESSY, essayiste • Denis PODALYDES, acteur • Raphaëlle REROLLE, journaliste au
Les Chartreux
Monde • Olivier REY, metteur en scène • Jacqueline SALMON, photographe • Didier SANDRE, acteur
• Soeur SARA, religieuse • Christian SCHIARETTI, metteur en scène, directeur du Théâtre National
Populaire • THEATRE DES CELESTINS, théâtre de Lyon • Jean-René VALETTE, universitaire •
et des Subsistances • Marc WEITZMANN, écrivain et journaliste aux Inrockuptibles.
Les Chartreux
VILLA GILLET, unité de recherches contemporaines • Guy WALTER, écrivain, directeur de la Villa Gillet
n°30
Actualités

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