Actualités - Institution des Chartreux

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Actualités - Institution des Chartreux
n°36 . Mai 2007
58, rue Pierre Dupont
69283 Lyon Cedex 01
Tél : 04 72 00 75 50
Fax : 04 72 07 02 10
e-mail : [email protected]
Pour plus d’informations, consultez notre site internet :
www.leschartreux.com
Les Chartreux
Les Chartreux
n°36
Actualités
Sommaire
p 6 >16 Culture
• Gustave Thibon : le livre qui manquait
• Paul Couturier (1881-1953), prophète de l’unité
p 17 >19 Histoire
• La chapelle des Chartreux, œuvre d’un homme, miroir d’un temps
p 20 >21 Vie chrétienne
• Benoît XVI nous adresse la parole
p 22 >25 Association des anciens élèves
• Entretien avec Guillaume Wehrlé, futur prêtre, s’il plaît à Dieu
• Soirée à l’Assemblée nationale et à l’Hôtel de Lassay
p 26 >27 Association des parents d’élèves
• Internet… Manne ou plaie pour nos enfants ?
p 28 >29 Carte blanche
• L’Europe a 50 ans
p 30 >66 Actualités
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Directeur de la publication : Jean-Bernard Plessy
Rédacteur en chef : Patrice Moret
Photographies : rédacteurs
• Cérémonie de départ à la retraite de M. Jean-Paul Rollet
• Frank Riboud, PDG du groupe Danone
• De l’autre côté du bureau
• Des anciens parmi nous
• Internat des classes préparatoires : le fruit caché de l’étude
• Palmarès 2006 des classes préparatoires économiques et
commerciales
• L’expertise comptable aux Chartreux, dans le cadre de la réforme
LMD
• Remise des diplômes aux étudiants de DPECF-DECF
(session 2006)
• L’internat des classes secondaires
• Sortie au Château de Vizille
• Pèlerinage à Ars
• Des élèves de 6ème – 5ème inspirés…
• A l’école : atelier « Petit art », autour du cacao, un voyage aux
pays des jouets d’autrefois, solidarité – défense
• Chartreux – Sainte Famille : à la rencontre d’Harpagon,
un soir au théâtre, nos collégiens s’invitent à la radio
• Association pour la restauration de la chapelle des Chartreux :
appel de dons
• Résultats obtenus au DESCF (session 2006)
• Calendrier 2006-2007 et rentrée 2007
• Carnet
Editorial
Jean-Bernard Plessy,
supérieur de l’Institution des Chartreux
Amis lecteurs, élèves de l’Institution et leurs parents : dans les
pages de notre revue, vous lirez, entre autres, l’interview que
donne Guillaume Werhlé, promotion 1995, à Monsieur Voiron,
Président de l’Association des Anciens élèves des Chartreux.
Rodolphe Voiron conduit bien cette interview, qui permet à
Guillaume d’aller à l’essentiel de ce qu’il a à dire.
J’espère de tout cœur que les terminales de la promo 2007, « que
nous sommes en train de fabriquer », liront ces deux pages. Eux
d’abord, qui sont à l’heure du premier grand choix des études supérieures, première indication par
laquelle on verra déjà un peu plus clair sur le deuxième grand choix, celui du sens qu’ils vont donner
à leur vie.
Je me souviens de Guillaume, sur la cour du lycée, en 1994, alors qu’il était en terminale. Je faisais
moi-même ma rentrée comme nouveau professeur de philo. Je ne l’ai pas eu dans ma classe, mais
il m’arrivait de le croiser, comme j’en croisais d’autres de ses deux cents camarades de promo.
De son année de promotion, j’ai eu la joie et l’honneur de célébrer plusieurs mariages, quelquesuns encore à l’automne dernier. Le 24 juin prochain, ce sera une joie différente, encore plus forte
sans aucun doute, celle d’aller imposer les mains sur la tête du futur prêtre, à la Primatiale SaintJean de Lyon. Dans son interview, Guillaume parle volontiers des prêtres de l’Institution qui l’ont
marqué ; il se dit, à juste titre, de la génération « Babolat » et évoque l’importance pour lui de la
place que tenait alors le père Jérôme Billioud, prêtre « des Chartreux », comme directeur spirituel.
À bien l’entendre, Guillaume était de ces élèves qui comprenaient que le prêtre ne se définit pas tant
par ce qu’il fait que d’abord par ce qu’il est. Un témoin actif, un témoignage massif, total, qu’une vie
peut être donnée à Dieu et remplie par Lui. Dans un monde fortement préoccupé par le soin que
chacun apporte à ordonner soi-même sa propre vie, à l’agencer selon des critères et une hiérarchie
de valeurs souvent peu spirituelles, cette présence et ce témoignage dérangent. Dans une Institution
scolaire qui s’attache à exiger le meilleur de ses élèves sur le plan intellectuel, qui les accompagne et
les stimule à « produire » en fonction de leurs ambitions, ce témoignage et cette présence du prêtre,
même s’il ne parle pas ou ne « dirige » pas, sont essentiels. Ils indiquent autre chose, un autre ordre ;
ils font contrepoids à une logique de la rentabilité, à une vision souvent trop pragmatique de la
réussite : de bonnes études secondaires, supérieures, une grande école, une première « situation ».
Ce mot est terrible en un sens, si jamais il signifie ce qui suffit à celui qui y aspire.
Les prêtres, surtout ceux d’aujourd’hui, ne sont pas ceux qui n’ont pas fait d’études, qui n’auraient
pu prétendre à des « situations ». Ils ne sont guère ordonnés avant 30 ans, et, en même temps que,
pour la plupart, ils ont poursuivi après le Bac, en médecine, en droit, en math sup ou en khâgne,
voire en grande école, ils n’ont pas refusé mais tout au contraire pris à bras le corps, en chrétiens,
la question du sens qu’ils pouvaient donner, ou mieux encore recevoir, pour la vie. Et parfois, cette
question majeure prend la forme d’un appel à servir, d’une exigence à tout donner, à l’opposé d’une
recherche de « situation », à l’opposé d’une tentative de toute façon illusoire, à bien y réfléchir,
de vouloir « maîtriser » son devenir.
Dès le lycée, parfois même avant, à l’école ou au collège, cette question fondamentale les
préoccupe ; ils la portent souvent silencieusement, en en parlant rarement. L’époque ne les y aide
pas. Mais ils ont certainement beaucoup de bonheur à sentir, au milieu de leur école, de leur collège
ou de leur lycée, la présence d’un prêtre dont ils savent que lui aussi, avant eux, s’est posé cette même
question qui est la leur. Plusieurs d’entre eux mais pas tous, ont un atout énorme : leurs parents, des
parents équilibrés, unis et aimants, qui, dans leur ordre propre, portent semblablement cette question.
Ils doivent alors s’en sentir encore plus forts, et réaliser que leur interrogation est pleine de sens,
pleine de cohérence. Ils comprennent que le choix de se trouver dans un lycée catholique n’est pas
aléatoire, et ils « profitent » à plein de tout ce que celui-ci peut leur apporter dans le domaine de la
foi et de la recherche de Dieu ; tout ce que les programmes de l’Éducation nationale ne coefficientent
pas, n’évaluent pas.
Ces jeunes savent, encore une fois, que s’ils s’entretiennent auprès des prêtres, des Chartreux ou
d’ailleurs, de cette merveilleuse perspective de le devenir à leur tour, ils s’entendront invariablement
répondre avec beaucoup de respect et d’admiration que c’est précisément un merveilleux projet, mais
qu’il faut le vérifier, l’éprouver durant le temps d’études supérieures poussées au point d’aboutir.
Le vrai candidat au sacerdoce est celui qui doit renoncer à ce à quoi il aurait pu prétendre.
« Et laissant là leurs filets, ils le suivirent » rapporte l’Évangile à propos des apôtres.
Je sais bien, les prêtres des Chartreux savent bien qu’il y a au lycée, au post-bac, des jeunes hommes
qui se posent ces questions. Toujours ils les reçoivent, les entendent et les accompagnent, rarement
ils les provoquent à cette essentielle question. Le monde a plus besoin de témoins que de maîtres,
disait le pape Paul VI. Au milieu des jeunes, le prêtre est d’abord réellement un témoin.
Lorsque je reçois des parents d’élèves ou de futurs élèves qui me disent qu’ils aimeraient leur enfant
aux Chartreux, pour qu’il fasse de « bonnes études », pour qu’il ait « un bon niveau », pour qu’il
puisse prétendre aux « meilleures prépas » (dont la nôtre ! je tiens à préciser !), pour qu’il se prépare
« une bonne situation » (ah ! ce mot est décidément terrible !), la question me brûle parfois les
lèvres, mais jamais elle ne les franchit, parce que ces préoccupations de parents sont en même temps
tellement légitimes : « Et si votre fils décidait de devenir prêtre ! Et si votre fille entrait chez les
missionnaires de la Charité (les sœurs de mère Térésa) ! » Parfois, je me plais à imaginer le silence
qui s’en suivrait, la consternation visible ! Comme il est difficile de laisser ses filets !
Le 24 juin prochain, les prêtres des Chartreux quitteront la colline de la Croix-Rousse, et descendront
à la cathédrale Saint-Jean, pour imposer les mains sur la tête de Guillaume, leur ancien élève qui,
à l’appel du Nazaréen, a posé ses filets sur le sable, et qui alors deviendra prêtre. Ce jour-là plus
qu’un autre, ils sauront plus clairement encore à quel point ils doivent rester debout malgré les vents
contraires, pour continuer à être, aux Chartreux, les sentinelles de l’Invisible.
Culture
En décembre 2006 paraissait aux éditions du Rocher
un livre posthume de Gustave Thibon, Aux ailes de la
lettre, tiré des Cahiers dans lesquels le philosophe paysan
de Saint-Marcel-d’Ardèche notait quotidiennement ses
pensées. C’est dans ces Cahiers qu’il puisait pour en
tirer les recueils d’aphorismes qui constituent une partie
essentielle de son œuvre. Mais un grand nombre de ces
textes restent inédits et Mme Françoise Chauvin a pu
choisir, ordonner et introduire ceux qu’elle a donnés sous
un titre emprunté à l’un de ces textes.
Le Bulletin des Lettres devait - avait le devoir - faire
toute sa place à ce livre. Dans sa longue histoire, il eut
en effet Gustave Thibon comme collaborateur dans les
années 50 du siècle dernier. Puis, son rédacteur en chef,
Victor-Henry Debidour, ami de Thibon, présenta chacun
de ses livres. A son tour, Bernard Plessy, héritier de cette
double amitié, ne manqua pas de
« suivre » l’œuvre de Thibon. Mais, pour ce dernier livre,
lu, étudié, commenté en famille avant sa publication,
il a pensé que le plus à même d’en exprimer le sens
profond et la place dans l’œuvre était le Père JeanBernard Plessy, dans la mesure où, plutôt qu’un compte
rendu, il se proposait d’en faire un témoignage. Double
témoignage : témoignage personnel de sa relation
à l’œuvre de Thibon et au souvenir de l’homme,
témoignage ministériel de l’usage qu’il fait de ce livre
dans ses cours de culture religieuse.
L’article a paru dans le Bulletin des Lettres, en tête du
numéro d’avril. C’est avec l’aimable autorisation de la
revue qu’il est ici reproduit.
Gustave Tibon :
Le livre qui manquait
par Jean-Bernard Plessy
« De quoi ai-je le plus peur ? Du néant.
Mais lequel ? Du néant absolu et anonyme qui
m’engloutira tout entier, ou de la révélation de
mon propre néant ? » (L’Illusion féconde)
En 1995, Gustave Thibon publie L’Illusion
féconde : on pense alors que ce recueil
d’aphorismes, écrit au temps de l’extrême
maturité, est son testament moral et spirituel.
Pour moi, à l’âge où l’on attend encore tellement
d’un homme aussi lumineux, ce fut un double
choc : Thibon y évoquait trop le mystère de sa
propre fin, l’approche de la mort et du silence
définitif - « Toujours la vieillesse : plus assez de
corps pour le plaisir, plus assez d’âme pour la
joie… Mon consentement à la mort n’est pas celui
du fruit mûr déjà détaché de l’arbre, mais celui
du fruit vert gorgé de promesses qu’un destin
absurde arrache à la branche… » - pour espérer
qu’il pût encore enrichir son œuvre. Premier
choc à l’idée que sans doute on ne le lirait plus.
Deuxième choc, celui de ne plus reconnaître le
« Thibon d’avant », celui de L’Echelle de Jacob
(1942), celui de son essai sur l’amour humain,
Ce que Dieu a uni (1945), ou encore celui de
L’Equilibre et l’harmonie (1976), l’orateur enfin
qu’étudiant, j’écoutais inlassablement sur des
enregistrements cent fois repiqués, appelant
de ses vœux, d’une voix ferme qui faisait
chanter les accents de son Ardèche méridionale,
le redressement d’une France chrétienne en
laquelle il fallait continuer de croire. L’Illusion
féconde manifestait toujours le même pessimisme,
mais ce pessimisme n’était plus tonique : il était
en proie au doute.
Certes, il y avait bien eu les entretiens avec
Danièle Masson, publiés deux ans avant (Au
soir de ma vie), qui auraient pu nous préparer
à ce qu’un premier regard analyse comme
une rupture de ton, une sorte de discontinuité
marquant la fin des certitudes et annonçant
le temps des grandes questions laissées sans
réponse. Que l’on songe au développement
proprement admirable que Thibon opère par
exemple dans Ce que Dieu a uni, à propos
de ce qu’il appelle une métaphysique de la
séparation dans laquelle il entrevoit celle du
péché. « L’essence du péché originel réside dans
le retranchement de l’homme en lui-même,
dans la rupture avec Dieu. » Le drame de
l’homme, c’est de se séparer. Et parce qu’il
entend traiter de l’amour humain, contre cette
métaphysique de la séparation, Thibon bâtit
alors une métaphysique de l’unité, unité de
l’homme avec lui-même, avec les autres, avec
la nature, avec Dieu, s’appuyant sur Pascal :
« Le secret de vivre gai et content, c’est de n’être
en guerre, ni avec Dieu, ni avec la nature ».
Et puis, 50 ans plus tard, dans L’Illusion
féconde : « …Tout ce qui fut l’objet radieux de
ma foi m’apparaît maintenant, non seulement
irréel, mais dérisoire – comme une fumée dont
les contours se dissipent au soleil monstrueux
de l’évidence. Je ne sais, je ne crois plus rien.
Et je crois encore, comme on agonise, comme
on meurt. Foi nue, athéisme vécu jusqu’au
fond de ma sensibilité et refusé par le centre
insensible et insenti de mon être. Au nom de
quoi ? De l’innommé. » À la fois bouleversant
et terrible. Rien qui permette vraiment de
comprendre comment le philosophe qui a passé
sa vie à dénoncer la stérilité de l’illusion puisse,
au terme, en vanter la fécondité. Rien, sinon
à supposer, au travers de la lettre, l’activité
incessante d’une pensée que le temps, l’exigence
intellectuelle et l’expérience humaine, affinent,
dépouillent, épurent jusqu’à l’extrême, jusqu’à
l’aboutissement sublime qui n’est plus un
postulat philosophique mais le fruit ultime
de la sagesse. Thibon l’emprunte à Claudel :
« L’illusion est le pressentiment de ce qui est
à travers ce qui n’est pas. » Et il commente :
« Et là réside sa fécondité, à condition de
traverser ce qui n’est pas pour rejoindre ce
qui est. Les inévitables désillusions de
la vie terrestre agissent comme une meule
qui, suivant la trempe de l’âme, émousse ce
pressentiment jusqu’au néant, ou l’aiguise
jusqu’à l’éternel ». Intuition géniale parce que
non seulement pensée, mais certainement
d’abord profondément vécue, et que,
d’une certaine façon, il conviendrait de
rapprocher de la pensée de Simone Weil :
« Nous ne pouvons croire que dans le temps,
nous ne pouvons penser que dans l’éternel. »
Entre le Thibon des années 60 et le Thibon
de L’Illusion féconde, il fallait se contenter de
l’hypothèse d’une pensée en chemin, toujours
active certes, mais que le temps délivrait de
ses certitudes, que l’expérience humaine
livrait au doute, que le mystère trop complexe
de la condition humaine vouait au silence.
Prêtre, je continuais d’inviter « tous mes
fiancés » à lire Ce que Dieu a uni - et cela
dure toujours - commentant page après page
chacune des questions qu’invariablement le livre
leur posait. « Tant que deux êtres ne sont liés
l’un à l’autre que par le désir d’être heureux,
ils ne s’aiment pas, ils sont séparés. Aimer ne
consiste pas à mettre en commun deux joies,
mais deux vies. » Grande question pour des
fiancés ! Pourtant le propos est lumineux.
Mais comme professeur de philosophie, en cours
de Terminale, je n’ouvrais qu’avec circonspection
L’Illusion féconde. « On me parle de ma
« vocation ». Mot aussi prétentieux qu’inexact.
Je dirais plutôt : ma fatalité ». Difficile
d’entendre cela à 17 ans !
Pour comprendre, pour ne pas en rester à
l’hypothèse, il manquait ce lien nécessaire entre
les deux périodes de la vie de Thibon évoquées
à l’instant. Il manquait la trace concrète de
cette pensée en mouvement permanent.
Il manquait un livre, montrant l’intelligence à
l’épreuve du temps, de la durée.
En décidant courageusement, si l’on en croit la
préface, de la publication de 50 années de cahiers
remisés qui attendaient leur heure, Françoise
Chauvin a établi le lien et la cohérence de
l’œuvre de Gustave Thibon. Aux ailes de la
lettre, paru en octobre 2006, offre, selon le
double principe d’un classement chronologique
en même temps que thématique, l’édition de
55 cahiers des pensées inédites de Thibon.
Le lecteur est immédiatement averti par Thibon
lui-même. Il faut lire aux ailes de la lettre, et non
au pied, « tout mouvement intérieur porte en lui
son dépassement et son contraire ». Rien d’une
allusion au principe hégélien de la dialectique,
simplement l’aveu humble et réaliste qu’aucun
mouvement de l’esprit ne saurait prétendre à
Culture
l’achèvement dans la lettre, qu’aucune pensée
ne mérite d’être figée, de façon dogmatique, au
sens péjoratif du terme. L’évidence reconnue
et répétée que la philosophie n’est pas un
système clos, et que, pour reprendre le beau
mot de Kant, on n’apprend pas la philosophie
comme on apprendrait un savoir : on apprend
à philosopher.
Tout s’éclaire alors, par cet « involontaire »
auto-portrait qui ouvre un livre de 360 pages.
Après l’admirable préface de Françoise Chauvin
– personne, à l’évidence, n’a mieux mesuré
qu’elle la grandeur et la puissance de cet esprit -,
le sentiment de ce que nous avions cru être une
rupture de ton ou de pensée s’estompe presque
immédiatement : « Je ne suis pas inconstant
mais divisé. Je reste fidèle aux choses les plus
opposées ».
C’est le même homme, qui a consenti que
le produit de sa pensée soit vérifié par le
jugement du temps. Ce n’est pas une pensée
qui se renie. Tel j’aurais été, tel je suis.
Tel j’aurais pu penser, concédant à la naïveté,
à l’optimisme, à l’utopie ou à l’illusion,
tel je pense aujourd’hui. Certes non ; mais le
temps a appris à la pensée la difficulté de son
exercice. « O nihil incognitum » s’exclame
Angèle de Foligno, que reprend Thibon.
Sans doute celle-ci le dit-elle à propos de
Dieu. Et d’aucuns l’ont compris comme le
cri désespéré d’une mystique posant crûment
la question de l’existence ou de l’inexistence
de Dieu. Rien de cela. Thibon commente :
« C’est une mourante qui parle… Or l’agonie,
loin de permettre d’apercevoir l’au-delà, est
l’instant du plus grand écart entre l’apparence
et l’Etre, entre le temps et l’éternité. »
Plus le temps a le temps d’éprouver l’âme et
l’esprit conjointement, plus l’esprit dans son
ordre, et l’âme dans le sien, consentent à n’être et
à subsister que dans la transition, dans le passage.
Dans ce double transit intellectuel et spirituel,
tout ce qui est pensé et vécu est juste, sublime mais
fragile, terriblement éphémère, comme l’éclair.
« Les révélations profondes ressemblent aux
éclairs. Une « vérité » vérifiable en tout temps et
en tout lieu mérite à peine d’être connue » …
Dans les deux ordres pascaliens de l’esprit
et de la charité, l’intelligence du philosophe
est d’une pureté profonde et authentique,
qui par grâce plus encore que par principe,
transforme tous principes en questions.
« Gardons-nous d’épuiser les sujets : rien n’est
plus infécond qu’une pensée systématisée,
précisée, développée, explorée sous tous ses
angles - épuisée, précisément – ce dernier mot
est une merveille ! »
Il y a huit chapitres dans ce livre qu’il faut
mettre dans sa bibliothèque ou, mieux, ranger
à portée de main, avec les Pensées de Pascal.
Pour ma part, c’est du même ordre. Un manuel,
manuel sans méthode, sinon son avertissement
initial : que l’esprit accepte d’être fécondé,
et fécondé sans fin, sans prétention
d’achèvement, à propos de la foi, de la mort,
de Dieu, de l’intelligence, de la spiritualité,
de l’amour, de la nature humaine, et, comme
une naturelle conclusion, de la sagesse.
« Car il vient une heure dans la vie où il faut
être assez fou pour conserver la raison, c’est-àdire pour croire à l’ordre contre l’évidence du
chaos autour de nous, et en nous… »
En refermant la première fois le livre bleu des
Ailes de la lettre, j’ai doublement rendu grâces,
en réponse au double choc du passé : j’avais
retrouvé Thibon, et Thibon lui-même m’avait
permis de le comprendre.
Deux mots encore : dans sa préface, Françoise
Chauvin cite Gustave Thibon à propos de
ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont
pu dénaturer sa pensée, soit qu’ils l’aient
maladroitement utilisée, par exemple pour
appuyer quelque volonté dogmatiste, ou,
à l’inverse, pour « s’ingénier à le faire passer
pour un autre » dans une tout autre intention.
Gustave Thibon parle indirectement de
ceux-là, citant Moréas : « Si je parle encore,
c’est pour les morts – « Les morts m’écoutent
seuls : j’habite les tombeaux » (Moréas)- mais
peut-être serai-je entendu, demain, par ceux qui
ne sont pas encore nés… » ( il écrit en 1968 !)
Je « fais » un « amphi » hebdomadaire
aux Chartreux à Lyon, devant 130 élèves de
Terminale. Le rituel est invariable, depuis six
mois. Il commence par la « proclamation »
d’un aphorisme de Thibon, tiré des Ailes de la
lettre, dans un silence où le philosophe est là,
plus présent que jamais, devant des lycéens qui
sont nés après 68.
Pour vous Madame, qui avez eu cette crainte
en même temps que ce courage de travailler à
cette publication inespérée autant qu’attendue,
et qui dites fort justement le risque possible
– dans l’époque qui est la nôtre - que l’édition
de ce Thibon posthume soit davantage reçue
comme une communication que comme un
appel à une communion, j’ajoute que dans cet
« amphi » hebdomadaire, depuis quelques mois,
je vois, alors que je me refuse à commenter les
pensées des Ailes de la lettre, parce qu’il faut
justement que ces jeunes intelligences de 18
ans y communient, je vois, au début du cours,
sortir de leurs cartables, sans que je leur aie rien
demandé, le livre bleu des pensée inédites.
Gustave THIBON, Aux ailes de la lettre,
368 p., 22 €, Ed. du Rocher
Note :
Le Bulletin des Lettres est une revue de critique
littéraire, fondée en 1930 par la librairie Lardanchet,
à Lyon. Lorsque la librairie disparut, le Bulletin
continua, au service de la même mission et de la
même passion : porter sur l’actualité littéraire un
jugement libre, inspiré par les attentes qui sont
celles de l’honnête homme. Le numéro d’avril, qui
compte 56 pages, est le n° 660, soit, à raison de dix
numéros par an, 66 ans de publication. Le siège
en est au 39 bis, rue de Marseille, 69007, Lyon.
Sur simple demande, on peut obtenir un
abonnement gratuit de trois numéros.
Paul Couturier
(1881-1953),
prophète de l’unité
François de Muizon,
Professeur de philosophie
Dans le cadre de l’exposition « Lyon 18001914 » qui se déroule jusqu’au 30 juin 2007,
M. de Muizon a donné une conférence le
15 mars 2007 intitulée « L’abbé Paul Couturier,
professeur aux Chartreux, et apôtre de l’unité
des chrétiens ».
« Les murs de la séparation ne montent pas
jusqu’au Ciel » (Métropolite Platon de Kiev).
Présenter la figure riche mais discrète du
Père Couturier n’est pas chose aisée : prêtre
modeste, effacé dira-t-on même, austère (c’est
le moins qu’on puisse dire !), membre de la
société des prêtres de Saint-Irénée, toute sa vie
professeur ordinaire de science à l’institution
des Chartreux.
Que dire de lui ? écoutons plutôt ceux qui l’ont
côtoyé : « Le plus humble des hommes »
selon les mots du Pasteur Brémond, il est
paradoxalement « le prêtre lyonnais du XXème
siècle le plus connu dans le monde » à en croire
l’historien Étienne Fouilloux. Le professeur
orthodoxe Léon Zander disait de lui qu’ : « Il était
un paradoxe vivant : catholique au fond de son
cœur, prêtre dans l’essence même de sa nature,
il était ami des protestants, des orthodoxes, des
anglicans ». Le pasteur protestant Roland de
Pury dira lors de ses obsèques : « Il nous laisse
l’exemple d’une patience inlassable et d’une
charité obstinée dans la poursuite de ce but si
clair et si mystérieux tout à la fois : l’Unité de
tous ceux qui ont pour seul Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. » Il est revendiqué par tous les
Culture
chrétiens : catholiques, protestants, anglicans,
orthodoxes. C’est, au dire de son ami Maurice
Villain le « seul prêtre au monde jouissant de
ce privilège. » D’où lui vient alors cette notoriété
qu’il n’a jamais cherchée et qui a été en partie
inaperçue par ses collègues ?
Vocation d’un prêtre et d’un professeur
ordinaire
Paul Couturier est né à Lyon en 1881. C’est le
deuxième et dernier enfant d’une famille de la
bourgeoisie moyenne profondément chrétienne.
A douze ans, Paul entre au collège des Lazaristes.
Il obtient son baccalauréat en 1900. Aux yeux de
ses camarades de classe, il est « le pieux et le sage
». Il est vrai qu’il baigne dans un climat de foi :
sa jeune tante est religieuse de la Congrégation
de Nazareth et son grand-oncle est le chanoine
Louis Planus de la Société des prêtres de SaintIrénée (dits aussi missionnaires Chartreux) et
vicaire général d’Autun. Ses études secondaires
terminées, il manifeste le désir de devenir prêtre
et entre à 19 ans au noviciat des Chartreux. Il
est ordonné prêtre de la Société Saint-Irénée
le 9 juin 1906. Il célèbre sa première messe en
l’église Saint Bruno des Chartreux. L’un des
servants, devenu son ami, Alexandre Wottling,
se rappelle qu’ « à l’élévation, le geste du nouveau
prêtre, lent et profondément adorateur, aurait
ému un incroyant invétéré ».
Destiné à l’enseignement, il passe une licence
de sciences physiques en 1909 et sera nommé
professeur au collège des Chartreux, fonction
qu’il assumera jusqu’en 1946. Mobilisé durant
la Première Guerre Mondiale, il est infirmier
au Service de Santé. Lors de la Seconde Guerre
Mondiale, il est arrêté par la Gestapo le 11
avril 1944, sans doute à cause de ses relations
régulières avec l’Angleterre. Il est interné au fort
Montluc ou il retrouve le pasteur Roland de
Pury. Mis sous la surveillance de la Wehrmacht
et non de la Gestapo, il ne sera ni torturé, ni
maltraité comme nombre de ses concitoyens et
10
sera libéré quelques mois plus tard sans savoir la
raison exacte de son arrestation.
Le professeur discret, austère, sans brillot, a
paradoxalement beaucoup impressionné par
son rayonnement mystérieux. Certains de ses
élèves discernaient en lui un sens extraordinaire
de la dignité de l’homme, de la beauté de
la création et de l’ouverture aux autres. Le
dominicain lyonnais René Beaupaire, son élève
entre 1937 et 1941, reconnaît lui devoir sa
vocation œcuménique. Voici son témoignage :
« Paul Couturier, je revois cet homme fluet, ce
frêle professeur en soutane souvent recouverte
d’une vaste pèlerine noire… Émanait de Paul
Couturier une présence spirituelle qui rayonnait
par moment sur son visage diaphane : une
lumière, une chaleur que j’ai retrouvées plus tard
sur certaines icônes. C’est cela qui, sans que nous
en ayons été conscients, nous tenait en respect,
nous subjuguait, nous fascinait parfois… Paul
Couturier a donné une dimension œcuménique
à ma vie. Il m’a ouvert d’autres horizons. Il m’a
invité à franchir des barrières. Il m’a fait deviner
le frère lointain. Lorsque j’étais en philo, je
suivais sagement un cours d’apologétique fait
par l’un de ses confrères : « Le catholicisme,
seule vraie religion chrétienne. » Ce titre
mis à part, j’ai tout oublié de ce cours, sauf
que l’essentiel de l’argumen-tation permettant
de proclamer le triomphe du catholicisme
était l’affirmation massive que dans l’Église
catholique seule, pouvaient fleurir des saints.
De Paul Couturier, je ne me souviens pas,
durant mon séjour aux Chartreux, de beaucoup
d’assertions précises concernant l’unité des
chrétiens. Mais je sais que, mystérieusement,
par la force spirituelle qui émanait de lui ou
plutôt de Dieu en lui, j’ai été conduit bien audelà des limites du catholicisme vivant, mais «
classique » de ma famille et de mon collège,
vers le large, vers la haute mer de la rencontre
de l’autre, de la découverte du frère. Sans lui,
ma vie aurait été autre. »
Une vocation œcuménique exceptionnelle
« L’abbé Couturier a été un serviteur magnifique
de l’Eglise, celui que nous pleurons fut un
précurseur et un exemple. » dira le Cardinal
Gerlier le jour de son enterrement le 25 mars
1955, à Saint-Bruno. Professeur un peu terne,
saint prêtre certes… Comment expliquer un tel
rayonnement ?
Le Père Couturier fut un instrument privilégié
dont Dieu s’est servi pour une mission à caractère
universel : il fut un grand précurseur de la prière
et de l’action pour l’unité des chrétiens.
Tout commence par une retraite ignatienne
qui le conduisit à s’engager très activement
auprès des réfugiés russes dès 1923. Ils seront
bientôt dix mille à Lyon et l’abbé se dévoue
auprès de ces malheureux : il écoute, conseille,
soutient, rassure, dépanne financièrement à
l’occasion car lui-même est un homme simple,
d’une santé fragile, vivant dans un extrême
dénuement. Pendant 12 ans, jusqu’en 1935, il
va bien connaître les prêtres orthodoxes de la
colonie russe lyonnaise.
Puis, son séjour en 1932 au prieuré bénédictin
d’Amay sur Meuse en Belgique (aujourd’hui
Chevetogne) constitue une seconde étape
importante. Il commence à constituer un réseau
de plus de trois cents responsables d’églises
(orthodoxes, anglicans, protestants…) avec
lesquels il correspondait régulièrement. Il tissa
aussi des liens profonds et personnels avec
de nombreuses communautés contemplatives
dans toute l’Europe, car pour lui l’œcuménisme
(le mot apparaît dans les années 40) est d’abord
une affaire de prière.
Il joua un rôle décisif dans l’émergence de
communautés nouvelles consacrées à la cause
de l’unité des chrétiens, nées d’abord en terre
protestante : Taizé (il rencontre le pasteur Roger
Schultz en 1941, installé à Taizé depuis un an, et
le confirme dans son appel particulier à fonder
une communauté monastique œcuménique,
avec des catholiques et des protestants),
Grandchamps (communauté féminine suisse
fondée à cette époque pour prier pour l’unité) et
Chevetogne (abbaye bénédictine qui contribuera
beaucoup au rapprochement de l’Église
catholique avec l’orthodoxie). Le prêtre effacé
des Chartreux joua un rôle de tout premier
ordre dans l’orientation œcuménique de ces
communautés naissantes.
L’unité entre toutes les églises chrétiennes,
il la désirait ardemment, non pas tant pour
des raisons faciles, ou circonstancielles, dans
un monde qui allait devenir de plus en plus
sécularisé, mais parce qu’il avait la conviction
que Dieu voulait réaliser cette unité et que
la division des chrétiens était « l’effroyable
scandale » qui discrédite gravement le message
évangélique. Par-delà une grande discrétion, le
Père Couturier était d’abord un révolté.
Un révolté face à un scandale insupportable
Pour le Père Couturier, il faut commencer par
se mettre devant « l’effroyable scandale » de
la division des chrétiens, jusqu’à en éprouver
douloureusement le caractère insupportable. On
sent le passionné et le visionnaire. C’était pour lui
une question de vie ou de mort : « L’humanité
en péril de mort s’arrête anxieuse devant les
chrétiens divisés, offrant à ses regards incertains
le spectacle d’un Christ apparemment brisé…
La douleur du scandale donné au monde par la
division de la chrétienté, nous autres catholiques,
nous devrions plus que quiconque en ressentir
le poids et marcher en tête sur le chemin de
la charité compréhensive. » (1938) [les textes
cités proviennent tous de l’unique compilation
de ses textes, billets, conférences présentée par
Maurice Villain : Paul Couturier, Œcuménisme
spirituel, 1955].
Être sensible à la « cause de l’unité » ne va
pas de soi. Il ne s’agit pas seulement d’un élan
humaniste, un désir humain de supprimer les
conflits, voire de préférer un syncrétisme mou.
Il faut chercher la source de cette passion pour
11
Culture
l’unité dans une vie spirituelle intense, dans une
relation intime et vivante avec le Christ. Les
divisions historiques de l’Église sont autant de
blessures douloureuses qui affectent le Corps du
Christ. Par suite, notre indifférence à l’égard de
l’unité de l’Église n’a d’égal que notre tiédeur à
aimer le Christ : « Aime-t-il le Christ, l’aime-t-il
vraiment celui qui admet comme une situation
normale, ou comme une situation à laquelle
il faut se résigner, l’existence des chrétiens en
groupes séparés qui s’opposent ? Le Christ est
venu tout réconcilier par le sang de sa Croix.
Les chrétiens peuvent-ils demeurer irréconciliés
jusque dans leur pensée ? La brisure de Son
Corps sur la Croix se continue dans l’histoire
par la brisure du Corps visible de Son Église »
(1944).
En effet, cette division porte gravement
atteinte à la crédibilité du message évangélique.
« Comment pouvez-vous proclamer : « aimezvous les uns les autres », puisque vous vous
disputez sur le Christ, objet de votre amour,
puisque vos témoignages sur son Œuvre,
l’Église, sont discordants ? - « Si tout cela
était bien vrai, pense l’incrédule, ses disciples
seraient d’accord ». Ainsi montent en clameurs
bruyantes ou silencieuses devant les Églises les
voix des chercheurs, des angoissés, des railleurs,
des découragés, des déçus » (1942).
Pire, nous avons exporté nos divisions. Que
peuvent comprendre de l’amour universel du
Christ, ceux qui, au hasard des colonisations,
ont vu fleurir pour leur annoncer l’Évangile, des
missions chrétiennes concurrentes : protestantes,
catholiques, évangéliques… ? Les chrétiens
portent donc une responsabilité particulière
dans cet état de division qui ne favorise pas la
paix du monde. Les chrétiens doivent réaliser «
au fond de leur âme ce que comporte d’effrayant
le scandale de leurs séparations aux regards des
incroyants qui cherchent, des athées qui se
moquent, des païens hésitants et déroutés en
face des missionnaires souvent héroïques mais
divisés jusqu’à l’opposition, du monde moderne
12
désemparé dont la vie exubérante et désordonnée
appelle obscurément le message évangélique
de l’Amour, seul capable de l’organiser dans
l’harmonie et la paix » (1938).
La division des chrétiens est une entrave grave
à l’évangélisation. Ayant ouvert les yeux sur «
l’effroyable scandale », et éprouvant jusque dans
sa chair la douleur de la séparation, le chrétien
est appelé à s’engager pour la cause de l’unité.
De quelle unité s’agit-il ?
L’intuition décisive : l’œcuménisme spirituel,
la Prière du Christ pour l’unité
Au début du XXème siècle, la vision catholique
romaine de l’unité était alors celle du « retour
au bercail » des frères séparés au sein de
l’Église romaine. Cette conception de l’unité
est appelée unionisme. La semaine annuelle
de prière catholique, depuis 1908, avait pour
objectif la conversion et le retour à l’Eglise
romaine des frères séparés. Paul Couturier
s’opposa à une telle conception de l’unité, qui
faisait la part trop belle à l’Église catholique, et
qui restait inacceptable pour les autres églises.
Mais l’unité n’était pas non plus pour lui une
simple « union au rabais » qui passerait par la
négation des différences (« Faisons comme si les
divisions n’existaient pas… »). Ce serait tricherie.
L’unité ne peut être qu’une œuvre de l’Esprit.
« La véritable solution du remembrement de
la chrétienté est dans la lente maturation sous
le souffle et la chaleur de l’Esprit, de tous les
groupes chrétiens, y compris l’Eglise romaine
». Cela exige de prendre conscience des grandes
fractures historiques de l’Église de Dieu, et «
d’éprouver la souffrance de la séparation »,
d’éprouver les sentiments de Jésus lui-même
devant la désunion de ceux qui se réclament de
lui. « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui
sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5).
L’inspiration décisive de Paul Couturier fut de
transformer la semaine catholique de prière pour
l’unité en une « Semaine de prière universelle
pour l’unité ». Cette prière pour l’unité « telle
que le Christ la veut, par les moyens qu’Il voudra
» fit rapidement l’unanimité parmi toutes les
confessions chrétiennes. C’est en 1935, dans la
chapelle de la rue Henri IV (actuellement tenue
par la Communauté à vocation œcuménique
du Chemin Neuf) qu’il lança cette première
semaine d’un genre radicalement neuf. Dans
un article sur « l’universelle prière des chrétiens
pour l’unité chrétienne », il jette les bases de
l’œcuménisme spirituel dont la théologie est
développée à la même époque par le Père
Congar. L’abbé en précise l’intention en disant :
« nous comprenons cette Octave comme une
convergence de prières de chaque confession
chrétienne en pleine liberté et indépendance
vers le Christ que nous aimons, adorons et
prêchons ». Il est persuadé que la prière est la
seule forme d’union possible.
Le grand génie Paul Couturier fut de lier la
prière pour l’unité qu’il qualifiait déjà en 1935
d’une « œuvre imprévisible de l’Esprit, telle que
le Christ la veut » à la prière du Christ lui-même
pour l’unité que l’on trouve dans l’Évangile de
Jean, au chapitre 17, 21 : « Père, qu’ils soient
un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en
toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le
monde croie que tu m’as envoyé ». Le Christ
prie en permanence pour cette unité que seul
Dieu peut donner, et que l’homme ne saurait
faire advenir par lui-même. D’où la formule
célèbre qu’il utilisera quelques années après : «
Qu’arrive l’unité visible du Royaume de Dieu
telle que le Christ la veut, par les moyens qu’il
voudra ». Il était convaincu que, comme l’avait
écrit le métropolite Platon de Kiev, « Les murs
de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel ».
S’engager à travailler pour l’unité des chrétiens
ne peut être qu’un appel de l’Esprit. Que nous
le voulions ou non, l’œcuménisme est, selon
les mots de Jean-Paul II, un « mouvement
irréversible ». Nous pouvons le freiner, mais non
pas l’arrêter. La raison en est simple : le Christ
lui-même a prié son Père « pour que tous soient
un » (Jn 17). Ce que la foi nous assure, c’est
que la prière du Fils sera exaucée par le Père. «
Cette prière est l’expression de son Désir envers
son Père… Jusqu’à la fin des temps, le Christ
est dans son état de priant pour l’unité, l’état de
l’Agneau devant le trône du Père dans l’Amour
de l’Esprit. Mais le Christ nous veut en lui dans
cette Prière, car nous sommes de sa Vie, nous
tous les chrétiens. Et il ne peut pas plus, parce
qu’Il l’a voulu, faire l’Unité chrétienne sans nous
qu’Il ne peut, parce qu’il l’a voulu, nous sauver
sans nous » (Testament œcuménique, 1953).
Il nous est donc seulement demandé de ne pas
freiner ce mouvement, de ne pas faire obstacle à
la volonté du Père : « Nous l’avons entendu prier
son Père pour que nous soyons Un, consommés
dans l’unité. Mais nous n’avons pas encore
permis que le Père exauçât la prière du Fils.
Nous avons fait obstacle ; nous continuons de
faire obstacle au Don suprême de l’unité. Pas
un seul d’entre nous qui puisse jurer qu’il est
innocent du péché collectif de la chrétienté ».
Il ne s’agit donc pas d’un simple désir humain,
mais de la volonté même de Dieu qu’Il ne
manquera pas d’accomplir s’il trouve assez de
priants, entrant dans le mouvement même
de la prière de son Fils. Il avait l’intuition
d’un immense réseau de prière, le « monastère
invisible » qui ferait advenir l’unité par une
prière ardente, par l’esprit de repentance, par la
conversion au Christ. Il ne saurait être question
d’une organisation, d’une sorte de Tiers-Ordre.
Il s’agit d’un vocation vraiment personnelle qui
aura besoin d’être soutenue et nourrie par des
rencontres et des échanges spirituels.
« Si chaque jeudi soir, commémoration du Grand
Jeudi, une multitude toujours plus grande de
chrétiens de toute confession formaient comme
un immense réseau enserrant la terre, comme
un vaste « monastère invisible », où tous seraient
absorbés en la Prière du Christ pour l’Unité, ne
serait-ce pas l’aube de l’Unité chrétienne qui se
lèverait sur le monde ? N’est-ce pas cette attitude
13
Culture
« d’émulation spirituelle » sincère, profonde,
ardente, que le Père attend pour réaliser l’Unité
visible du corps de l’Église ?” (1944).
Sans prétendre à aucune exclusivité, la
communauté du Chemin Neuf y a vu une
expression de sa vocation à travailler pour
l’unité visible du Corps du Christ. Chaque jeudi
soir, dans la Communauté du Chemin Neuf,
partout où elle est implantée dans le monde, et
notamment dans la chapelle Paul Couturier rue
Henri IV, a lieu un office de prière pour l’unité
des chrétiens. Le réseau de prière « Net for God
», développé depuis 2000, en est un fruit récent,
déjà répandu dans une soixantaine de pays.
L’unité entre les chrétiens n’est donc pas à
inventer, mais à recevoir par une prière ardente,
continue, à la mesure de notre foi, de notre
confiance éperdue en Dieu. « C’est le propre
de l’amour de produire une éperdue confiance
en celui qu’on aime. Ma confiance en Toi est
sans limite, et à juste titre puisque tu es le ToutPuissant. Elle me jette dans ton cœur où je
trouve ta prière : « Père, qu’ils soient un afin que
le monde connaisse que tu m’as envoyé. Père,
qu’ils soient consommés dans l’unité ». Ma prière
de pécheur, c’est ta prière à Toi, et Ta prière est
mon unique apaisement. Quand se fera l’unité ?
Quels sont les obstacles à vaincre ? C’est ton
affaire ; ma foi ne peut rien commander de plus
que de prier avec Toi, en Toi, pour qu’arrive
Ton Unité, celle que Tu n’as cessé de vouloir,
celle que Tu poursuis, que Tu prépares, celle
que Tu aurais réalisée depuis longtemps si
tous, tous et moi, avaient été de cristal entre ce
qui de la Création par le Chrétien veut monter
vers Toi, et ce qui de Toi, par lui encore veut
descendre au monde » (1937).
Assurément Paul Couturier était un homme de
prière, et même un grand priant, un mystique,
un visionnaire. C’est ce qui a impressionné
son entourage dans une claire unanimité :
« L’abbé vivait intensément en Dieu », écrit son
biographe Maurice Villain. « Son rayonnement
dans le monde chrétien tient fondamentalement
14
à la qualité de sa prière et à sa dimension de
pauvreté », écrira quant à lui le Père Michalon.
Pour le mystique, tout se tient : l’unité de l’Église
a sa source en Dieu lui-même, dans l’unité entre
les Trois : « Nous paraissons oublier que la
désunion est un mal et le plus grand de tous les
maux, parce que le Dieu Un en trois personnes
n’est pas et ne peut pas être adoré dans une
Unité visible par tout le corps du Christ. Et
pourtant, c’est uniquement pour cette œuvre
d’adoration, par laquelle seule on peut atteindre
la vraie dignité humaine, que ce Corps a été
créé » (1940). Ainsi était né « l’œcuménisme
spirituel ».
La véritable mystique n’est pas fuite du monde.
L’homme de prière est aussi et inséparablement
un homme d’action, à l’audace impressionnante.
Si discuter, polémiquer est chose aisée, obtenir
l’accord des esprits est le plus souvent impossible
à l’homme. La question est alors de laisser
Dieu agir : « Il y a des siècles que l’on fait de
la controverse ; d’excellents esprits, des savants,
des génies même comme Leibniz et Bossuet
s’y sont engagés, y ont dépensé leurs énergies
intellectuelles, et toujours on s’est heurté à
l’humainement impossible. Il faudrait enfin
commencer par le commencement. Dieu seul
est le maître de l’impossible. Il faut donc que
la masse chrétienne tout entière soit secouée
par l’Universelle Prière des Chrétiens jusqu’au
tréfonds de sa profondeur, qu’elle en éprouve un
ébranlement surnaturel qui fasse craquer tous les
préjugés, se rectifier les points de vue raccourcis
et faux, se compénétrer les cœurs, et, à la fin,
s’unifier les esprits dans la lumière éternelle de
l’Unique Christ. Ce sera comme une seconde
Pentecôte descendant sur la chrétienté unanime
dans sa prière » (1938).
« L’œcuménisme spirituel » dans l’esprit du
Père Couturier allait recevoir une consécration
officielle lors du Concile Vatican II (lequel fut
convoqué par un pape, Jean XXIII, qui lui aussi
appelait de ses vœux une nouvelle Pentecôte
sur l’Église !), quelques années plus tard,
dans le décret sur l’œcuménisme, § 8 : « Cette
conversion du cœur et cette sainteté de vie, unies
aux prières publiques et privées pour l’unité
des Chrétiens, doivent être regardées comme
l’âme de tout l’œcuménisme et appelées à bon
droit « œcuménisme spirituel ». C’est un usage
reçu chez les catholiques de se réunir souvent
pour renouveler la prière demandant l’unité
de l’Église, celle que le Sauveur lui-même, la
veille de sa mort, a élevée de façon suppliante
vers son Père : « Qu’ils soient un » (Jn 17, 21).
L’Église catholique toute entière, réunie en
Concile, discernera dans l’intuition de l’obscur
abbé lyonnais le cœur de tout œcuménisme
authentique. Bien loin d’oublier l’indispensable
travail théologique, l’incontournable chemin
institutionnel et la non moins nécessaire
collaboration sur le plan de la charité sociale,
« l’œcuménisme spirituel » constituera l’âme, et
le sens le plus profond de l’œcuménisme.
Un travail théologique novateur :
« une théologie ruisselante de prière »
En 1935, Couturier lit sous forme de polycopiés
distribués « sous le manteau », le Milieu divin,
ouvrage du célèbre jésuite, paléontologue et
théologien, Pierre Teilhard de Chardin. Sa
conception de l’unité s’enrichit d’une large
vision cosmique. Stimulé par ces lectures, il
est convaincu que l’indispensable travail
théologique n’avancera qu’en constituant un
groupe interconfessionnel de théologiens.
Pour que le travail théologique soit fructueux,
il faut commencer par demander l’Esprit-Saint,
car le premier fruit de l’Esprit, c’est l’amour de
charité et l’amour seul conduit à la vérité toute
entière : « On va de l’Amour à la vérité. Essayer
de faire l’inverse, c’est vouloir planter un arbre à
l’envers. On cueille… la vérité sur l’arbre de la
charité. … Le même amour du Christ amènera
une même pensée. L’unité existera complète,
dogmatique. Elle n’aura plus qu’à se déclarer.
Peut-être sera-ce dans un vaste concile de la
chrétienté tout entière. Image d’un visionnaire :
le « Concile œcuménique » convoqué par Jean
XXIII rassemblera seulement la catholicité,
mais furent invités en tant qu’« observateurs »
des membres de toutes les églises chrétiennes.
En 1936, il organise à Erlenbach en
Suisse la première rencontre spirituelle
interconfessionnelle (catholiques et protestants).
En 1937, démarrait à la Trappe Notre-Dame
des Dombes, un groupe de travail théologique
inter-confessionnel de haut niveau, qui allait
devenir le célèbre Groupe des Dombes. Un
groupe fraternel de théologiens catholiques et
protestants français se réunissant pour confronter
les positions de leurs Eglises respectives sur les
grands points faisant encore obstacle à l’unité.
Leurs travaux ont eu au fil des années un grand
retentissement dans les Eglises et aboutirent à
des textes validés par le Conseil œcuménique.
Ces travaux sont édités sous le titre Pour la
communion des Églises (1937-1987), puis Pour la
conversion des Églises (1991), Marie (1997-1998)
et Un seul Maître (2005) sur l’autorité doctrinale
dans l’Église.
Ces contributions constituent une référence
originale et solide pour le travail théologique
au service de l’unité des églises. À une théologie
abstraite qui risque facilement de se réduire à un
stérile débat d’idées source de bien des divisions,
ou a des compromis œcuméniques insatisfaisants
qui ressembleraient à des trahisons, Paul
Couturier préférait une « théologie ruisselante
de prière ».
La méthode mise en œuvre progressivement
par le Groupe est significative :
1) D’abord une longue évaluation historique
depuis les Pères de l’Eglise ancienne jusqu’aux
époques moderne et contemporaine : relire
l’histoire afin de purifier nos mémoires.
2) Ensuite un approfondissement biblique :
la partie biblique vient en second pour éviter
des « réflexes confessionnels » de lecture de
la Bible.
15
Culture
3) Puis vient l’établissement d’un diagnostic sur
ce qui fait encore problème et la formulation
de propositions théologiques susceptibles de
surmonter les difficultés examinées.
4) Enfin des appels spécifiques à la conversion
sont formulés pour chaque église, car
chacune est invitée à se convertir sur des
points précis.
Dans la fidélité à cette intuition, à l’abbaye
Notre-Dame des Dombes, est né un Institut
œcuménique de théologie en partenariat
avec la Faculté catholique de théologie, sous
la responsabilité de la Communauté du
Chemin Neuf. Toute sa vie, Paul Couturier
a cherché à faire des ponts entre les traditions
chrétiennes différentes, notamment par le
travail théologique. C’est bien à juste titre qu’en
2003 (année du cinquantenaire), la passerelle
Saint-Georges fut rebaptisée passerelle « Paul
Couturier, pionnier de l’unité ».
« Ce qu’il y a de faible dans le monde… »
Enfin, il est un point important sur lequel
le Père Couturier peut nous enseigner
particulièrement, à une époque où la réussite
sociale ou intellectuelle à tout prix est devenue
une obsession : la vanité du succès apparent
et immédiat, et la paradoxale fécondité de la
pauvreté. « L’abbé Couturier voyait les choses
dans leur simplicité nue et en jugeait de même.
Il était le contraire des opportunistes qui misent
sur le succès momentané et qui étant toujours
de l’opinion régnante, seraient étonnés de leurs
contradictions successives s’ils s’en apercevaient.
C’est pourquoi, fidèle à lui-même et en avance
sur son temps, ses propos faisaient figure de
paradoxes et d’utopies », écrira un de ses anciens
élèves Jean Escoffier. Le Père Couturier ne
perdait pas son temps à être reconnu, à soigner
la vitrine, à être un professeur bien vu de ses
supérieurs ou de ses élèves. « Dans le professorat
comme partout et toujours, il vécut pauvrement,
d’une dignité sacerdotale souveraine, fort audessus de tout vulgaire souci de retour sur soi
16
et de profit personnel », constatait un de ses
confrères professeur. Il avait bien conscience
de ses lacunes pédagogiques, de ses fragilités,
mais loin de le décourager, elles l’ont conduit
à s’en remettre totalement à l’Esprit, à vivre
une dépendance libératrice à l’Esprit Saint,
aussi imprévisible fût-il. Il répondait à l’appel
de Dieu, qui s’est servi de lui, dans sa faiblesse
même. « Ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui
est fort » (1 Co 1, 27). Au fond, il n’avait plus
peur de sa faiblesse, et dès lors, il n’avait plus
besoin de briller.
Il demeure une interpellation très forte pour
chacun de nous. Est-ce que je cherche à briller ?
Est-ce que je mets ma confiance dans les signes
extérieurs de réussite ? Suis-je un opportuniste ?
Suis-je fidèle à l’intuition profonde que l’Esprit
m’intime au plus secret de mon être ? Suis-je
au service de l’unité que le Christ veut ? Il
nous rappelle que Dieu n’a pas besoin de gens
« parfaits », voire d’institution extérieurement
« parfaite ». Le terme même d’« excellence »
appellerait bien des précisions, exigerait bien des
purifications pour être vraiment pertinent. En
revanche, le monde a besoin de témoins qui vont
vraiment au bout de leur vocation, librement,
avec une confiance éperdue en Dieu.
Pour aller plus loin : Pierre Michalon,
Prier 15 jours avec l’abbé Paul Couturier,
apôtre de l’unité des chrétiens, Nouvelle Cité,
2003.
Histoire
La chapelle des Chartreux,
œuvre d’un homme,
miroir d’un temps
Bruno Martin,
Supérieur de la Maison des Chartreux
Dans le cadre de la grande rétrospective organisée
par la Ville de Lyon intitulée : « L’esprit d’un siècle :
Lyon au 19ème (1800-1914) », la bibliothèque des
missionnaires abrite jusqu’au 30 juin une exposition
évoquant les Chartreux au XIX° siècle, et en
particulier la figure du P. Hyvrier, constructeur de
la chapelle. Les lignes qui suivent sont un extrait
du texte écrit par le P. Martin pour le catalogue
général de l’exposition.
François Hyvrier (1809-1892)
La sacristie de la chapelle de l’Institution des
Chartreux abrite un grand portrait du P. Hyvrier,
peint en 1891 par Paul-Hippolyte Flandrin1. La
toile n’est pas indigne du nom de Flandrin, des
œuvres de son père Hippolyte ou des portraits
de son oncle Paul. Elle fixe les traits d’un grand
vieillard dont l’âge ne semble avoir entamé en
rien la détermination ; derrière lui se devine,
sur un tableau, l’œuvre la plus symbolique de sa
vie, la chapelle de l’Institution des Chartreux. A
cette date-là, même si le Conseil de la Maison
lui avait imposé, depuis 1890, l’abbé Jérôme
Déchelette comme successeur, l’abbé Hyvrier,
qui n’avait plus qu’un an à vivre restait la figure
tutélaire en laquelle s’identifiait les Chartreux.
« L’abbé Hyvrier – lit-on sur une note de sa
main, de 1886 – a pris l’établissement comme
supérieur au 9 février 1836 avec 32 élèves. Par suite
de constructions très importantes élevées sous sa
direction en 1847 et 1862, pour des sommes énormes
et sans aucun secours de l’archevêché, l’établissement
compte depuis plus de vingt-cinq ans de 210 à 220
élèves, tous internes, son maximum possible. Le
personnel enseignant compte 29 prêtres, pour la
plupart pourvus de grades universitaires élevés.
L’Institution des Chartreux n’a cessé de donner une
instruction large et libérale à ses nombreux élèves ;
c’est là l’opinion publique. Elle s’est toujours efforcé
d’être, non la rivale, mais l’émule de l’Université,
avec laquelle son supérieur a toujours gardé les
plus excellents rapports, comme pourrait l’attester
au besoin M. le recteur de l’Académie de Lyon2 ».
Bilan significatif au terme d’une existence, qui
souligne deux éléments de l’œuvre : l’esprit
de la maison, « une instruction large et
libérale », et son cadre : « des constructions très
importantes ». La première campagne eût lieu
de 1847 à 1849, sous la direction de l’architecte
Desjardins3, qui devait construire également
la chapelle. Pour la construction de ce qui
devait rester comme le bâtiment principal de
l’Institution, Tony Desjardins s’adossa à une
construction existante, dont le soubassement
n’était autre que l’ancien cellier des moines,
remontant à la fin du XVI° siècle. Le bâtiment
central fût surélevé, agrémenté d’un fronton, et
flanqué de deux vastes ailes qui délimitent une
petite cour à portique, dite « cour d’honneur ».
L’ensemble est encore néo-classique, hormis la
statue de la Vierge du fronton qui porte dans
ses mains la maquette des bâtiments, première
manifestation d’esprit « médiéval ».
D’autres aspects étaient plus audacieux : pour
pouvoir construire une vaste salle de récréation
au rez-de-chaussée4, Desjardins fit suspendre
par des tirants métalliques, depuis les poutres
maîtresses du toit, tous les plafonds et les
planchers des étages au-dessus. La première
pierre fût posée le 23 février 1847 par le cardinal
de Bonald – on a conservé la truelle d’argent,
Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921), fils d’Hippolyte Flandrin, et
lui-même peintre spécialisé dans les sujets religieux. Cf. le catalogue
Hippolyte, Auguste et Paul Flandrin, Paris 1984, p.222
2
Odin, op. cit., p.91
3
Antoine dit Tony Desjardins (1814-1882), élève d’Antoine Chenavard,
architecte des édifices diocésains de Lyon de 1849 à sa mort, architecte
en chef de la Ville de Lyon entre 1854 et 1870, période pendant quelle
il supervisa la restauration de l’hôtel de ville. Cf. Dufieux (P.), Le
mythe de la primatie des Gaules, Pierre Bossan et l’architecture religieuse
en Lyonnais au XIX° siècle, Presses universitaires de Lyon, 2004, pp.
74-75
4
Aujourd’hui salle de conférence, elle porte le nom de François
Hyvrier.
1
17
Histoire
18
aux armes de Son Eminence, qui servit pour
l’occasion. Les dépenses dépassèrent tout ce
que l’on pouvait attendre ; il fallut emprunter
pour plus de 300.000 F, et la Société des prêtres
décida d’affecter à l’extinction de cette dette
les 135.486 F. auxquels se montait l’indemnité
accordée par la ville pour les terrains expropriés
lors du percement du cours des Chartreux.
Tout montre que le P. Hyvrier suivait de très
près, et à tous les points de vue, ces constructions
nouvelles. Si les archives gardent des traces,
sous forme de multiples reconnaissances de
dettes, des besoins de financement permanents,
de nombreux ouvrages de la bibliothèque
témoignent de l’intérêt porté par les prêtres
des Chartreux aux questions artistiques : L’art
monumental de Batissier, les fameuses Annales
archéologiques de Didron – et même une
édition de 1846 du Glossary of ecclesiastical
ornament de l’architecte anglais A. Welby Pugin,
ouvrage qui a sans doute joué un rôle dans les
choix esthétiques d’Hyvrier au moment de la
construction de la chapelle.
L’installation dans ces nouveaux murs permit à
l’Institution d’atteindre les effectifs cités par le P.
Hyvrier dans sa note, 220 élèves environ, tous
internes. Une photographie des années 1876-1877
en montre 138, sagement rangés en pyramide
devant le bâtiment en question. Hyvrier, assis
au milieu des élèves, porte à la boutonnière
de sa soutane le ruban de la légion d’honneur,
reçue des mains mêmes de Napoléon III (et sur
le quai de la gare de Perrache !), lors du passage
de l’empereur à Lyon en 1865.
Il semble que le P. Hyvrier ait eu l’idée – bien
digne d’un héritier spirituel du cardinal Fesch
– de constituer aux Chartreux une galerie d’art,
destinée autant à former le goût des élèves qu’à
constituer un fond de placement pour faire face
aux multiples dettes de la maison. Il y avait un
peu de naïveté à ce dernier point. La vente, faite
en hâte à la mort du P. Hyvrier, ne produisit
évidement pas ce que l’on en attendait. Quelques
photos et descriptions font cependant encore
rêver : « un buste marbre italien, de l’école
de Canova, « le cardinal Fesch » ; « calice du
XVI° siècle » ; « bas-relief gothique » ; « partie
centrale d’un triptyque, peinture primitive « la
Vierge et l’Enfant ». Il n’est pas sans intérêt de
noter qu’à l’époque même où Napoléon III
faisait racheter pour les musées nationaux les
collections du marquis Campana, un éducateur
lyonnais mettait un primitif sous les yeux de ses
élèves …
5
Par comparaison l’église de l’Immaculée Conception, commencée
vers 1850, coûta (inachevée) 700.000 F, et le devis d’origine de
Fourvière de 1.270.000 F . Cf. Dufieux, op. cit., pp. 64-65
6
Alors que le gendre de Desjardin, Sainte-Marie Perrin, réalisera en
1870 la façade de Saint Bruno dans un beau pastiche classique.
La « Sainte Chapelle des Chartreux »
Beaucoup de persuasion fut sans doute nécessaire
au P. Hyvrier pour faire admettre à ses confrères
qu’il fallait se lancer dans une nouvelle aventure
avec la construction d’une chapelle spécifique
pour l’Institution. Le cardinal de Bonald ayant
approuvé la décision prise, les terrassements
commencèrent en mars 1860, et la première
pierre fut posée le 30 juillet. La construction
prit quatre ans, et un ancien confrère de la
Maison, devenu archevêque de Bordeaux et
cardinal, Ferdinand Donnet, revint pour la
consécration de la chapelle, le 11 juin 1864. La
facture était cette fois de plus de 500.000 francsor5. Avec la caution du cardinal de Bonald
on souscrivit cette fois un emprunt auprès
du Crédit Foncier qui eut des conséquences
bénéfiques inattendues : au moment de la loi de
Séparation, les Chartreux furent maintenus dans
les lieux, à titre précaire, jusqu’à l’achèvement
du remboursement. L’emprunt, souscrit pour
cinquante ans, arriva à expiration en août 1914 ;
la guerre prolongea le statu quo, jusqu’à ce
qu’une société immobilière composée d’anciens
élèves ne rachète le domaine à la ville, en 1922.
L’architecte Tony Desjardins fut une nouvelle
fois le maître d’ouvrage d’une construction
dont le P. Hyvrier restait, au sens fort, le
maître d’œuvre. On ne sait qui des deux prit la
décision de laisser le style classique pour un néogothique résolu6. Desjardins avait fait un stage
en 1837 dans l’atelier parisien de Duban, qui
devait restaurer la Sainte-Chapelle entre 1841
et 1850. Sans qu’il y ait liaison directe, la Sainte-
Chapelle – et peut-être aussi la chapelle royale de
Vincennes – fit partie des sources d’inspiration
de l’architecte, mais avec un objectif différent.
Alors que la Sainte-Chapelle est un reliquaire,
destiné à abriter la Couronne d’épines du Christ,
la chapelle des Chartreux est un chœur : il n’y a
pas de séparation entre l’autel et l’assemblée, ni
chaire ni barrière de communion, et les stalles
destinées aux prêtres enseignants enveloppent
les bancs des élèves, avec lesquels ils ne forment
qu’un seul espace. Il y a certainement dans ce
parti pris architectural un reflet des conceptions
éducatives de l’abbé Hyvrier, pour qui élèves et
enseignants ne formaient qu’une seule famille.
Le reste du décor obéissait aux mêmes
préoccupations esthétiques et didactiques.
Hyvrier fit appel à des artistes religieux locaux,
mais de grande réputation. Antoine Sublet
signa les stations du chemin de la Croix et les
deux toiles marouflées au dessus des autels
latéraux, l’Enfant Jésus au milieu des docteurs
et Saint Irénée et ses disciples, toiles complétées
par des lunettes peintes par Gabriel Tyr. L’atelier
de Fabisch exécuta l’ensemble de la statuaire,
à l’exception du tympan qui ne fut réalisé
qu’en 1897 par Girardet. Les archives livrent les
noms du tailleur de pierre Amic, du ferronnier
Traverse, et surtout du décorateur Denuelle, qui
avait déjà travaillé pour l’architecte Duban.
L’effort décoratif principal se porta sur les
vitraux, réalisées par les maîtres verriers parisiens
Steinheil et Coffetier, et, pour quelques éléments
complémentaires, par le lyonnais Bégule. Les
verrières latérales font alterner vies de saints,
scènes d’ancien testament et évocation des dons
du Saint-Esprit dans un parallélisme subtil ;
dans le sanctuaire, des scènes de la Passion
du Christ et de la Vie de la Vierge alternent
avec des copies des vitraux de la cathédrale de
Bourges, la Nouvelle Alliance, l’Apocalypse, le
Jugement Dernier. La grande rose de la façade
(qui a été en grande partie refaite à l’identique
suite à un incendie) reproduit un thème présent
à la Primatiale Saint-Jean, celui des deux Eves
et des deux Adam.
Fidèle aux principes décoratifs du Glossary
of ecclesiastical ornament and costume, le
P. Hyvrier fit appel en complément aux orfèvres
et aux fabricants qui avaient intégré la nouvelle
esthétique. La sacristie de la chapelle conserve
toujours un riche ensemble d’orfèvrerie,
sortant essentiellement des ateliers du lyonnais
Armand-Caillat. En 1884, pour les noces d’or
sacerdotales de l’abbé Hyvrier, les élèves lui
offrirent un ornement, toujours conservé et
porté dans les grandes occasions. Il s’agit d’une
chasuble de forme gothique – ce qui représentait
encore, à l’époque, un choix audacieux ; le tissu
est une soierie brochée d’or, sur laquelle sont
rebrodés dans un pastiche d’opus anglicanum
médiéval les symboles des évangélistes et les
saints lyonnais. Cette pièce dont la richesse et
l’originalité mériterait à elle seule l’exposition en
est aussi un bon concentré : offerte par les élèves
qui furent sa raison de vivre, elle témoigne par
son esthétique des goûts en sympathie avec son
siècle et aussi de l’indépendance d’esprit de celui
à qui elle était destinée
19
Vie chrétienne
Benoît XVI nous adresse
la parole.
La question mérite d’être posée de savoir
qui, de nos élèves, de nos professeurs et
de « nos parents » ont l’idée et la chance
de lire le message du Pape adressé à tous
les chrétiens au début du dernier Carême
2007. Ce texte est admirable et l’on peut
craindre qu’il ait échappé au plus grand
nombre. Au fond, peu importe qu’il vous
parvienne bien après Pâques. Il est à lire,
de toute façon. Le voici !
Jean-Bernard Plessy
Message de sa Sainteté Benoît XVI
pour le Carême 2007
Du Vatican, le 21 novembre 2006.
« Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »
(Jn 19,37)
Chers frères et sœurs !
« Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »
(Jn 19,37). C’est le thème biblique qui guidera
cette année notre réflexion quadragésimale. Le
Carême est une période propice pour apprendre
à faire halte avec Marie et Jean, le disciple
préféré, auprès de Celui qui, sur la Croix, offre
pour l’Humanité entière le sacrifice de sa vie
(cf. Jn 19, 25). Aussi, avec une participation
plus fervente, nous tournons notre regard, en
ce temps de pénitence et de prière, vers le
Christ crucifié qui, en mourant sur le Calvaire,
nous a révélé pleinement l’amour de Dieu. Je
me suis penché sur le thème de l’amour dans
l’encyclique Deus caritas est, en soulignant ses
deux formes fondamentales : l’agape et l’eros.
20
L’amour de Dieu : agape et eros.
Le terme agape, que l’on trouve très souvent
dans le Nouveau Testament, indique l’amour
désintéressé de celui qui recherche exclusivement
le bien d’autrui ; le mot eros, quant à lui, désigne
l’amour de celui qui désire posséder ce qui lui
manque et aspire à l’union avec l’aimé.
L’amour dont Dieu nous entoure est sans aucun
doute agape. En effet, l’homme peut-il donner à
Dieu quelque chose de bon qu’Il ne possède pas
déjà ? Tout ce que la créature humaine est et a,
est un don divin : aussi est-ce la créature qui a
besoin de Dieu en tout. Mais l’amour de Dieu est
aussi eros. Dans l’Ancien Testament, le Créateur
de l’univers montre envers le peuple qu’il s’est
choisi une prédilection qui transcende toute
motivation humaine. Le prophète Osée exprime
cette passion divine avec des images audacieuses
comme celle de l’amour d’un homme pour
une femme adultère (3,1-3) ; Ézéchiel, pour sa
part, n’a pas peur d’utiliser un langage ardent
et passionné pour parler du rapport de Dieu
avec le peuple d’Israël (16,1-22). Ces textes
bibliques indiquent que l’eros fait partie du
cœur même de Dieu : le Tout-puissant attend le
« oui » de sa créature comme un jeune marié
celui de sa promise. Malheureusement, dès les
origines, l’humanité, séduite par les mensonges
du Malin, s’est fermée à l’amour de Dieu, dans
l’illusion d’une impossible autosuffisance (Jn 3,
1-7). En se repliant sur lui-même, Adam s’est
éloigné de cette source de la vie qu’est Dieu
lui-même, et il est devenu le premier de « ceux
qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage
par la crainte de la mort » (Hb 2, 15). Dieu,
cependant, ne s’est pas avoué vaincu, mais au
contraire, le « non » de l’homme a été comme
Benoît XVI nous adresse la parole. l’impulsion
décisive qui l’a conduit à manifester son amour
dans toute sa force rédemptrice.
La Croix révèle la plénitude de l’amour de
Dieu.
C’est dans le mystère de la Croix que se révèle
pleinement la puissance irrésistible de la
miséricorde du Père céleste. Pour conquérir à
nouveau l’amour de sa créature, Il a accepté
de payer un très grand prix : le sang de son
Fils Unique. La mort qui, pour le premier
Adam, était un signe radical de solitude et
d’impuissance, a été ainsi transformée dans
l’acte suprême d’amour et de liberté du nouvel
Adam. Aussi, nous pouvons bien affirmer, avec
Maxime le Confesseur, que le Christ « mourut,
s’il l’on peut dire, divinement parce que il
mourut librement » (Ambigua, 91, 1956). Sur
la Croix, l’eros de Dieu se manifeste à nous.
Eros est effectivement - selon l’expression du
Pseudo-Denys - cette force « qui ne permet pas
à l’amant de demeurer en lui-même, mais le
pousse à s’unir à l’aimé» (De divinis nominibus,
IV, 13 : PG 3, 712). Existe-t-il plus « fol eros »
(N. Cabasilas, Vita in Christo, 648) que celui qui
a conduit le Fils de Dieu à s’unir à nous jusqu’à
endurer comme siennes les conséquences de nos
propres fautes ?
« Celui qu’ils ont transpercé »
Chers frères et sœurs, regardons le Christ
transpercé sur la Croix ! Il est la révélation
la plus bouleversante de l’amour de Dieu,
un amour dans lequel eros et agape, loin de
s’opposer, s’illuminent mutuellement. Sur la
Croix c’est Dieu lui-même qui mendie l’amour
de sa créature : Il a soif de l’amour de chacun de
nous. L’apôtre Thomas reconnut Jésus comme
« Seigneur et Dieu » quand il mit la main sur la
blessure de son flanc. Il n’est pas surprenant que,
à travers les saints, beaucoup aient trouvé dans le
cœur de Jésus l’expression la plus émouvante de
ce mystère de l’amour. On pourrait précisément
dire que la révélation de l’eros de Dieu envers
l’homme est, en réalité, l’expression suprême de
son agape. En vérité, seul l’amour dans lequel
s’unissent le don désintéressé de soi et le désir
passionné de réciprocité, donne une ivresse qui
rend légers les sacrifices les plus lourds. Jésus a
dit : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à
moi tous les hommes. » (Jn 12, 32). La réponse
que le Seigneur désire ardemment de notre
part est avant tout d’accueillir son amour et de
se laisser attirer par lui. Accepter son amour,
cependant, ne suffit pas. Il s’agit de correspondre
à un tel amour pour ensuite s’engager à le
communiquer aux autres : le Christ « m’attire
à lui » pour s’unir à moi, pour que j’apprenne à
aimer mes frères du même amour.
Le sang et l’eau.
« Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ».
Regardons avec confiance le côté transpercé de
Jésus, d’où jaillissent « du sang et de l’eau » (Jn
19,34) ! Les Pères de l’Église ont considéré ces
éléments comme les symboles des sacrements
du Baptême et de l’Eucharistie. Avec l’eau du
Baptême, grâce à l’action du Saint Esprit, se
dévoile à nous l’intimité de l’amour trinitaire.
Pendant le chemin du Carême, mémoire de
notre Baptême, nous sommes exhortés à sortir
de nous-mêmes pour nous ouvrir, dans un
abandon confiant, à l’étreinte miséricordieuse
du Père (cf. saint Jean Chrysostome, Catéchèses
3,14). Le sang, symbole de l’amour du Bon
Pasteur, coule en nous tout spécialement dans
le mystère eucharistique : « L’Eucharistie nous
attire dans l’acte d’offrande de Jésus… nous
sommes entraînés dans la dynamique de son
offrande » (Encyclique Deus caritas est, 13).
Nous vivons alors le Carême comme un temps
« eucharistique », dans lequel, en accueillant
l’amour de Jésus, nous apprenons à le répandre
autour de nous dans chaque geste et dans
chaque parole. Contempler « celui qu’ils ont
transpercé » nous poussera de manière telle à
ouvrir notre cœur aux autres en reconnaissant
les blessures infligées à la dignité de l’être
humain ; cela nous poussera, en particulier, à
combattre chaque forme de mépris de la vie
et d’exploitation des personnes, et à soulager
les drames de la solitude et de l’abandon de
tant de personnes. Le Carême est pour chaque
chrétien une expérience renouvelée de l’amour
de Dieu qui se donne à nous dans le Christ,
amour que chaque jour nous devons à notre
tour « redonner » au prochain, surtout à ceux
qui souffrent le plus et sont dans le besoin. De
cette façon seulement nous pourrons participer
pleinement à la joie de Pâques. Marie, Mère du
Bel Amour, tu nous guides dans ce chemin du
Carême, chemin d’authentique conversion à
l’amour du Christ. A vous, chers frères et sœurs,
je souhaite un chemin du Carême profitable,
et je vous adresse affectueusement à tous une
spéciale Bénédiction Apostolique.
21
Association des Anciens Élèves
C’est à l’issue de ce 1er cycle que ma vie a pris
un tournant radical et que je suis entré en
propédeutique (année de discernement et de
fondation spirituels) au séminaire de Paray
le Monial. Cette année doit permettre aux
personnes souhaitant se consacrer à Dieu,
de vérifier l’authenticité de l’appel qu’ils ont
ressenti.
Vous étiez déjà certain de devenir prêtre ?
Entretien avec
Guillaume Wehrlé
Futur prêtre, s’il plaît à Dieu,
en juin 2007
Ancien élève de l’Institution des Chartreux,
promotion 1995
[email protected]
En quelles années, avez-vous été élève de
l’Institution des Chartreux ?
Arrivant de Saône et Loire, de Cluny plus
précisément, c’est de 1992 à 1995 que je suis
venu effectuer mes années Lycée en internat.
Trois années seulement qui m’ont permis de
décrocher un Bac ES et, en véritable révélateur,
ont influencé toute ma démarche et ma vie.
Après vos études à l’Institution des Chartreux,
qu’avez-vous fait ?
A la rentrée 1995, après des études secondaires
qui auraient pu être plus studieuses, j’en suis
bien conscient, je décide de m’orienter sur la
Faculté de droit – Lyon III où j’ai effectué mes
deux années de DEUG. Assez rapidement,
j’ai fait le choix de présenter l’école de Notariat
où j’ai été admis sur dossier pour préparer le
1er cycle de clerc de notaire que j’ai validé.
22
Vous savez, cette étape initiale est essentielle
dans la démarche et marque l’entrée dans
un parcours personnel et institutionnel
permettant de concrétiser son engagement
dans la foi ; mais attention, cette étape n’est
que la première d’un long cheminement
justifié par l’importance de l’engagement.
A l’issue de cette année, je suis resté à Paray-leMonial afin de suivre le 1er cycle du séminaire,
en fait deux années de philosophie sous tous
ses aspects, enseignement complété par une
étude théologique, biblique, liturgique et des
grands courants de spiritualité chrétienne.
C’est ensuite que l’évêque m’a envoyé, durant
deux années, étudier la théologie à Rome.
Je résidais au séminaire français et suivais
ma formation à l’Université pontificale
grégorienne, une université jésuite. J’ai rejoint
le diocèse de Lyon au terme de ces deux années,
ma famille s’étant installée entre Rhône et
Saône. J’ai été affecté dans une paroisse à SainteFoy-lès-Lyon et ai pu terminer mes études
en 2006, à la Faculté catholique de Lyon en
obtenant un Baccalauréat en théologie qui
correspond en réalité à un diplôme de niveau
Licence.
Et c’est donc le jour de Pentecôte 2006 que
j’ai été ordonné diacre et envoyé à la paroisse
de la Nativité à Villeurbanne, sur la place
Grandclément, afin d’effectuer mon stage
diaconal. J’espère aujourd’hui, plaise à Dieu,
être ordonné prêtre le 24 juin 2007 par le
Cardinal Barbarin.
Association des Anciens Élèves
Pressentiez-vous ce parcours durant vos
« années lycée » ?
A priori, rien ne me prédisposait à ce choix.
Je suis issu d’une famille protestante et ai été
baptisé dans l’Eglise réformée. J’étais chrétien,
mais sans pratique particulièrement affirmée.
Au Collège, je pense même avoir connu la
période de rébellion classique et traditionnelle
de l’adolescence.
C’est en intégrant l’Institution des Chartreux
que progressivement la transformation s’est
opérée. Objectivement, deux facteurs ont
été essentiels. J’ai tout d’abord rencontré des
amis dont la tradition de foi reflétait une
joie véritable que je ne pouvais partager ni
connaître. Parallèlement, les témoignages
des prêtres de la société Saint Irénée, et
plus spécifiquement les plus jeunes d’entre
eux, en assurant une fonction de direction
spirituelle, ont favorisé mon intégration ou
ma « réintégration » dans la foi sans jamais
chercher à m’inciter à la vocation sacerdotale.
Progressivement, j’ai eu une pratique
religieuse plus régulière et plus intense. Je me
suis personnellement mis à la suite du Christ
et ai essayé de vivre une relation d’intimité
avec Lui. Mon investissement dans les activités
de scoutisme a également contribué à cette
démarche personnelle.
Pour autant, à cette époque, loin de moi l’idée
de vouloir devenir prêtre : je me projetais, très
traditionnellement, établi dans une profession,
avec une épouse, des enfants…
Comment alors est née votre vocation ?
L’idée a germé progressivement et s’est
peu à peu transformée en désir. Il n’y a pas
eu de révélation instantanée mais un lent
cheminement où la volonté de me donner à
Dieu et de servir les gens s’est approfondie.
La démarche s’est imposée sans que je la
recherche. J’ai le sentiment que le choix
devient décision lorsque l’on ressent une
paix intérieure et une joie profonde en ayant
conscience qu’un signe fort vous est donné par
Dieu et l’Esprit Saint.
Vous venez de nous présenter votre cheminement.
Comment le percevez-vous et ce parcours a-til été difficile ?
Le parcours peut paraître long, mais il est
primordial de traverser les épreuves qui le
jalonnent. Nous traversons des tempêtes
intérieures, à l’image d’un couple en devenir
qui s’interroge sur la fiabilité des liens qui
l’unissent. Il y a une expérience de purification
de notre désir et un nécessaire ajustement
entre notre volonté et celle de l’Eglise.
A l’Institution des Chartreux, quels professeurs
vous ont le plus marqué ?
Naturellement, des prêtres ! Je suis de la
« Génération Babolat » ! Le Père Billioud,
en tant qu’aumônier, a contribué à me faire
découvrir le Christ et aimer l’Eglise.
A des jeunes qui aujourd’hui s’interrogeraient
sur leur foi, quels conseils donneriez-vous ?
Celui de pouvoir vivre cette interrogation
sur la foi avec son intelligence. Le contenu de
notre foi est raisonnable ! mais notre foi a pour
objet une personne qui s’est livrée pour notre
Salut. C’est dans l’étude de notre foi, la prière,
la fréquentation de l’Ecriture sainte et la vie
sacramentelle que nous pouvons établir une
relation d’intimité avec le Christ.
Et pour ceux qui se poseraient la question d’un
appel à tout laisser pour suivre le Christ ?
Je crois que la première des choses serait de
rendre grâce pour l’appel que nous pouvons
ressentir. Car Dieu appelle pour notre plus
grand bonheur. Ce n’est pas pour les réduire
en esclavage que Dieu appelle encore des
jeunes hommes aujourd’hui ! Ensuite, il faut
faire confiance et ne pas attendre d’être parfait
pour répondre à l’appel de Dieu. Dieu nous
aime et nous choisit tel que nous sommes. «
23
Association des Anciens Élèves
N’ayez pas peur ! Ouvrez toutes grandes les
portes au Christ ! » disait Jean-Paul II dans
les premières heures de son pontificat. Enfin,
pouvoir s’en ouvrir à un prêtre avec lequel
ils pourront avoir une relation privilégiée
afin de tendre vers un véritable discernement
spirituel.
Quelle que soit l’issue – car il est tout à
fait possible de quitter le séminaire si l’on
découvre que là n’est pas notre vocation –
l’année de propédeutique demeure une très
belle année. Elle nous enracine dans une
véritable relation avec le Christ et cela à travers
la vie communautaire, la vie de prières et les
études.
Vous devriez être prochainement ordonné
prêtre, un jeune prêtre ! Votre âge a-t-il une
influence sur la pratique religieuse ?
Nous sommes effectivement peu nombreux
à choisir de nous consacrer à Dieu. En 2007,
seulement quatre prêtres seront ordonnés
sur le diocèse de Lyon. Ce chiffre révèle la
carence des vocations et la problématique du
renouvellement des prêtres.
Je tiens à rappeler que les prêtres ont une
mission essentielle dans la transmission de la
foi, comme dans celle de l’éducation au sens
noble du terme ou dans la consolidation du
lien social…
L’âge est un atout indéniable. Je le constate
régulièrement en percevant une attente réelle
des familles et des jeunes. Nous avons nos
fragilités, nos faiblesses, mais cela nous rend
plus accessible auprès des jeunes et facilite une
compréhension mutuelle.
PS : S’il plaît à Dieu que Guillaume Wehrlé
soit ordonné prêtre le dimanche 24 juin
2007, sa première messe solennelle devrait se
dérouler le lundi 25 juin 2007 à 18 heures 30 à
la chapelle des Chartreux.
24
Soirée
à l’Assemblée
nationale
de Lassay et à l’Hôtel
Rodolphe Voiron,
Président de l’Amicale des anciens élèves
des Chartreux
Incroyable dynamisme de l’antenne parisienne
des anciens des Chartreux ! Après le succès de
la précédente rencontre au Procope, l’Amicale
des Anciens Elèves de l’Institution souhaitait
proposer une nouvelle rencontre aux anciens
de toutes générations de la Région Ile-deFrance.
Grâce au travail tenace et organisé de Florence
Pelardy, responsable de l’antenne parisienne
de l’association, et de Jean-Paul Bonnet,
vice-président des Anciens des Chartreux, que
je tiens tous deux à remercier chaleureusement
pour leur implication et leur investissement,
un programme attractif était proposé,
le mercredi 7 février 2007 sur le site de
l’Assemblée nationale.
Ainsi, une trentaine d’anciens ont eu le
privilège de visiter l’Hôtel de Lassay, ce
palais construit en 1772 qui jouxte le Palais
Bourbon, héberge la résidence du Président de
l’Assemblée nationale. La présentation réalisée
par notre guide nous a permis de découvrir
et appréhender le fonctionnement d’une telle
institution de la représentation nationale et de
comprendre la vie quotidienne d’un tel palais
de la République.
La visite commentée achevée, nous avons
pu nous restaurer et échanger autour de
nos souvenirs respectifs des années passées
à l’Institution ou en évoquant nos activités
professionnelles ou ludiques. Ce temps de
convivialité a été l’occasion de mettre en
exergue la joie que nous pouvons éprouver
en nous retrouvant. Les valeurs communes
partagées dans cet attachement aux Chartreux
transcendent rapidement les différences de
générations, d’activités. Par ailleurs, ce fut, une
fois encore, l’occasion d’apprécier la grande
diversité des parcours de chacun et le creuset
que constitue ce réseau d’anciens pour toute la
communauté des Chartreux.
A l’issue du repas, nous avons pu regagner
l’hémicycle et assister au travail parlementaire
lors d’une séance de nuit. Loin de l’agitation
médiatique de la séance d’actualité,
les rapports entre députés sont plus respectueux
et productifs entre les groupes parlementaires.
Bien que les textes débattus ne soient pas
toujours d’un accès aisé, le formalisme a
permis de sensibiliser tous les participants à
certains aspects de notre vie législative.
A un peu plus de minuit, après un savant
« cocktail» de près de 5 heures de convivialité,
culture et civisme, les participants se sont
engagés à se retrouver prochainement pour une
nouvelle rencontre de l’Antenne des anciens
de la région parisienne. En effet, l’Antenne
parisienne a cette admirable particularité de
savoir se mobiliser lors de chaque événement
proposé.
A très bientôt pour de nouvelles découvertes
parisiennes.
25
Association des Parents d’Élèves
Internet : « ça déchire »
ou « ça craint » ?
NDLR : Manne ou plaie pour nos enfants ?
26
Internet nous passionne, par ses services rendus, cette
somme d’informations disponibles instantanément,
cette facilité de communication d’une région du
monde à l’autre. Même les plus récalcitrants s’y
mettent dès qu’un enfant quitte le nid familial,
surtout pour des contrées lointaines.
Mais nous sommes tous également sensibles à la
fascination qu’Internet exerce sur nos enfants et
sur le caractère intrusif de cette technologie. Non
seulement nous pouvons aller chercher n’importe
quelle information, mais aussi n’importe quelle
information peut nous atteindre.
Nous comprenons bien que ce n’est pas Internet
qui est en faute, car une technologie n’est ni bonne
ni mauvaise en soi, mais son utilisation peut être
mauvaise à cause d’individus mal intentionnés et
les enfants sont les premières victimes.
Comment promouvoir l’essor d’Internet en
sécurité ?
Comment sensibiliser les plus jeunes Internautes
sans créer un climat de méfiance ?
Comment informer les adultes des risques liés au
fait de laisser un enfant « surfer » sur l’Internet
sans surveillance ?
Pour répondre à ces questions, pour nous aider à
protéger nos enfants, à leur apprendre à gérer cet
outil, l’Association des parents d’élèves a sollicité,
en novembre dernier, l’intervention de l’ADEIR,
Action pour la défense des enfants sur l’Internet et
les réseaux.
Les responsables de l’ADEIR ont rencontré
par petits groupes tous les élèves des classes de
Troisième, Quatrième et Cinquième de l’Institution.
A partir d’une présentation, ils ont débattu avec nos
enfants sur les avantages et les dangers d’Internet.
A l’issue de ces journées, ce sont les parents qui ont
pu exprimer leurs interrogations et inquiétudes,
voire leur ignorance, lors d’une soirée-débat riche
d’enseignements et de pistes éducatives.
Cette intervention de l’ADEIR a eu un triple
mérite :
Les élèves ont apprécié le message clair de mise
en garde concernant un outil trop familier. Les
parents ont ouvert les yeux sur des réalités qui
souvent leur échappent. Les propos de l’ADEIR
auront sûrement provoqué de salutaires débats en
famille.
Un support-papier reprenant les idées fortes des
interventions de l’ADEIR a été distribué à l’issue
de la conférence. Avec l’autorisation de l’ADEIR,
nous le publions ci-dessous.
Pour plus d’information sur l’ADEIR, nous vous
invitons à consulter le site : www.adeir.net.
L’ADEIR, constituée juridiquement en mai 2004,
est née de la rencontre professionnelle d’une avocate
spécialisée en technologie et de M. Alexandre Dort,
gendarme spécialisé en cybercriminalité. L‘un et
l’autre sont vice-présidents de l’association, présidée
par M. Daniel Champsaur qui a mené sa carrière
professionnelle dans un centre informatique
bancaire. L’association compte également parmi ses
membres actifs, M. Krempf, professeur de sciences
physiques à l’Institution des Chartreux.
Catherine Chaniot,
Présidente de l’APEL
« Internet, c’est comme dans le monde réel.
Il ne faut pas se croire en sécurité, il faut
RESTER OBJECTIF et VIGILANT. Il faut
RESPECTER LES LOIS. Il faut ETRE
RESPONSABLE DE SES ACTES.
RESTER OBJECTIF et VIGILANT
L’ordinateur connecté à Internet comporte des
portes connues (WEB, Messagerie, P2P…), mais
d’autres portes peuvent être ouvertes : les failles
de protection (virus, chevaux de Troie). On
ferme les portes de sa maison : alors on équipe
son ordinateur contre les intrusions (antivirus,
firewall, antispam). Les jeunes « tchatent »
entre eux sur les forums. Mais, sous le pseudo
« Greg-14 ans », peut se cacher un pédophile
dont le but est de recueillir des coordonnées
précises, des photos et de fixer un rendezvous. Des réseaux (prostitution, prélèvement
d’organes, films pornos…) sont spécialisés dans
la recherche de « matière première» : les enfants.
On se méfie d’un inconnu dans la rue : alors on
Association des Parents d’Élèves
ne donne pas d’informations sensibles (nom,
adresse, n° de téléphone, club de sport, école
de musique, collège) lors des « chats » sur les
forums. On est confronté à une menace : on
en parle à ses parents, on contacte rapidement
la police ou la gendarmerie (en conservant les
preuves), notamment la brigade des mineurs
au sein du Commissariat de Lyon 2ème. Sur
Internet, de nombreux sites pornographiques,
pédophiles (dont les images ne sont pas du 3D,
mais filmées en direct avec de vrais enfants et
adultes !) ont des noms « accrocheurs » (titre de
film, de série télé, ou tube musical).
On est choqué par des images : on en parle
et on signale le site illicite sur www.mineurs.
gouv.fr ou www.pointdeecontaclt.net. On
protège son ordinateur avec un logiciel de
contrôle parental ou de filtrage pour limiter
l’accès à certains sites ou mots-dés et verrouiller
l’envoi des coordonnées (pour bien choisir,
consulter : www.droitdunet.fr/parents, www.
mineurs.fr, www.cnil.fr, www.60millionsmag.
com).
RESPECTER LES LOIS
Le téléchargement sur des sites illégaux et
l’échange de fichiers (musique, films) : c’est
du piratage, c’est interdit. On risque en plus
de télécharger des fichiers choquants. Liste
des sites légaux de téléchargement sur : www.
promusicfrance.com.
L’intrusion sur un serveur ou un autre
ordinateur : c’est interdit.
La diffusion de fausses informations (exemple :
transférer un courriel dont on n’a pas vérifié
l’exactitude) : c’est interdit.
La diffusion de photos sans l’accord des
intéressés : c’est interdit, le droit à l’image
s’applique. Ceci est valable aussi avec les
téléphones mobiles.
Ecrire des propos insultants, diffamatoires (sur
un Blog par exemple) : c’est interdit.
ETRE RESPONSABLE DE SES ACTES
Comme dans la vie, on est aussi responsable de
ses actes sur Intemet.
Un enfant qui ne respecte pas la loi peut être
jugé dès l’âge de 13 ans.
Les parents sont responsables des actes de leur
enfant.
Toutes les actions sur Internet laissent des traces
(même une simple connexion à un site). On fait
donc attention à ce qu’on fait !
ROLE DES PARENTS
Ne pas bannir mais expliquer. Installer
l’ordinateur dans une pièce où l’enfant n’est pas
isolé, surtout si l’ordinateur est équipé d’une
Webcam - le surveiller même de loin sans
empiéter sur son jardin secret.
Dialoguer, éduquer sur les dangers, la vigilance,
les lois à respecter. S’intéresser aux recherches,
aux contacts de l’enfant.
Responsabiliser l’enfant : qu’il applique les règles
comme dans le réel. Lui faire confiance.
Protéger son ordinateur : filtrage / contrôle
parental ; Antivirus (veiller à la mise à jour
régulière !) ; Antispam.
Se tenir informé pour mieux connaître Internet
et l’évolution des technologies.
L’équilibre est nécessaire entre le virtuel et le réel.
On ne passe pas trop de temps sur le Net ; on
privilégie la « vraie vie » : les copains, le sport,
la culture… »
Les 10 règles pour la sécurité des enfants :
1 Sois prudent, tu ne sais pas qui est derrière
l’écran.
2 Ne donne ni ton nom, ni ton âge.
3 Ne donne pas ton mot de passe.
4 Quand tu “tchates”, méfie-toi.
5 Ne donne jamais les adresses qui te concernent
(maison, école, club de sport…).
6 N’envoie aucune photo.
7 N’accepte jamais un rendez-vous sans
informer un proche.
8 Ne crois pas toutes les infos que tu reçois.
9 Ne réponds pas aux e-mails et autres courriels
qui te choquent.
10 Si une image te dérange, quitte le site et
avertis un parent
27
Carte blanche
L’Europe a 50 ans
Bruno Benoît,
Professeur d’histoire-géographie
en prépa économique et commerciale
Le 25 mars 2007, l’Europe va fêter les 50 ans
des traités de Rome. Cette Europe est l’Europe
communautaire ou Communauté économique
européenne (CEE), devenue Union européenne
(DE) le 1er novembre 1993. Cette Europe s’est
construite à l’époque de la guerre froide à partir
du creuset de la Communauté du charbon
et de l’acier (CECA) comprenant six États et
mise en place après la déclaration Schuman du
9 mai 1950, jour anniversaire, trop peu célébré,
de la fête de l’Europe. L’Europe, dès le départ,
s’est dite ouverte à tous les pays européens
démocratiques acceptant les grands objectifs
de la CEE qui sont vivre en paix, œuvrer pour
le progrès, établir des politiques communes,
faire tomber les barrières de tous types existant
entre les États membres, établir des institutions
communes permettant d’avancer vers plus
d’intégration, établir une solidarité financière
entre les États et participer à l’aide aux pays en
développement. L’Europe communautaire a fait
du chemin, mais elle n’a toujours pas réformé
ses institutions après le rejet par les Français du
traité constitutionnelle le 29 mai 2005. Or, les
six membres fondateurs sont aujourd’hui vingtsept et la marche au fédéralisme européen voulu
par les pères fondateurs de l’Europe, seule voie
pour un approfondissement supranational, n’a
toujours pas eu lieu ! En effet, la dynamique
communautaire européenne amorcée par la
CECA, ancrée par les traités de Rome en
1957, n’a cessé de s’exprimer par les nombreux
élargissements. Après l’épisode gaulliste de
refus de voir entrer le Royaume Uni dans la
28
CEE, car trop proche des États-Unis, les six du
départ sont devenus neuf en 1973 (Royaume
Uni, Danemark et République d’Irlande), dix
en 1981 (Grèce), douze en 1986 (Espagne et
Portugal), quinze en 1995 (Autriche, Finlande
et Suède), vingt-cinq en 2004 (Chypre, Estonie,
Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne,
Slovaquie, Slovénie, République tchèque) et
vingt-sept en 2007 (Bulgarie et Roumanie).
Les Norvégiens par deux fois (1973 et 1995)
ont refusé l’adhésion. La Suisse n’y tient pas,
de même pour l’Islande qui veut préserver ses
zones de pêche. En revanche, de nombreux
États frappent à la porte de l’UE, tels que la
Turquie, les pays balkaniques, voire l’Ukraine.
Il se pose aujourd’hui à l’Union européenne
la question du « jusqu’où l’Europe » ? Cette
Europe communautaire qui a 50 ans, à la suite
du refus par la France de la Communauté
européenne de défense (CED) en 1954, s’est
faite à «petits pas», pour reprendre une formule
de Robert Schuman, et surtout dans le domaine
économique. De ce fait, ses grandes réalisations
ont été la Politique agricole commune (PAC) en
1962, la suppression des barrières douanières en
1968, la politique régionale en 1975, la politique
d’aide au développement amorcée en 1975 avec
la Convention de Lomé, le Système monétaire
européen en 1979, des réalisations communes
dans le domaine des transports, le Marché
unique en 1993 et l’euro en 2002. Ce choix du
tout économique, même s’il ne concerne pas
tous les secteurs (énergie, industrie), a donc
laissé de côté, pendant longtemps, la dimension
sociale et politique, ce qui a rendu les citoyens
européens peu sensibles à ce nouveau cadre
institutionnel qu’est l’Europe communautaire.
Il a fallu attendre l’après gaullisme et surtout les
effets de la crise économique des années 1970
pour voir apparaître un Parlement européen élu
au suffrage universel en 1979, une citoyenneté
européenne lors du traité de Maastricht en
1992, des échanges étudiants et professoraux
entre les différentes universités et écoles des
États membres dans le cadre d’Erasmus, une
politique commune de surveillance des frontières
avec les accords de Schengen en 1995, une
amorce de politique commune de protection
de l’environnement après Kyoto. Au-delà de
ces réalisations, rien n’a été encore fait dans le
domaine de la fiscalité, chasse gardée de chaque
État et qui est une source de disparité de croissance
entre les membres. Aucune politique commune
face à l’immigration pour dire ce que veut l’UE
quant à l’accueil et à l’intégration de migrants
nécessaires, mais aussi sources de multiples
tensions. L’UE ne parle toujours pas d’une seule
voix sur le plan international, comme la crise
irakienne l’a révélé. Pas d’armée commune, ce
qui permettrait à l’UE de s’émanciper de la
tutelle de l’OTAN et de pouvoir jouer un rôle
de premier plan dans les conflits qui pourraient
se déclencher à ses frontières. Aujourd’hui,
l’UE qui a 50 ans peut être fière de ce qu’elle
a réalisé, au premier chef, la paix si rare dans
un monde où les violences n’ont jamais cessé
depuis 1945. Cependant, quelle identité a l’UE ?
Quel est le citoyen qui se déclare européen avant
d’être national ? Comment faire pour donner à
l’UE une identité qui puisse la légitimer auprès
des 500 millions d’habitants d’un espace qui
va, pour parodier une formule du général de
Gaulle, de l’Atlantique aux Carpates. N’est-il
pas possible de faire du 9 mai un jour férié
en Europe, ce qui permettrait d’amorcer cette
démarche identitaire sans laquelle l’UE ne sera
qu’un marché et non un espace de vie et de
culture communes où les vingt-sept membres,
voire plus, se reconnaîtront, au-delà de leurs
spécificités et cultures originales.
29
Actualités
Cérémonie de départ à
la retraite de
M. Jean-Paul Rollet,
directeur
desème classes
ème
de 6 - 5 et
professeur de lettres,
et remise des insignes
d’officier des Palmes
académiques,
le 22 décembre 2006
parce que depuis de longs mois, vous appliquez
ce que vous enseignez avec patience à vos élèves :
l’anticipation. Si votre retraite n’est pas anticipée,
vous l’avez par contre fort bien anticipée :
les plannings, les circulaires, les synthèses, les
supports de cours, et même des idées de prière,
tout est si bien préparé que nous envisageons les
années à venir en toute sérénité.
Aujourd’hui Monsieur Rollet, soyez heureux de
tout ce que vous avez semé. Et demain, après un
repos certes bien mérité, vous partirez semer sur
d’autres chemins.
Monsieur Rollet, au nom de tous les catéchistes,
merci pour ces belles années. »
Allocution prononcée au nom des catéchistes de
6ème et 5ème
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
chers amis, cher Monsieur le directeur des
classes de 6ème - 5ème ,
Très cher Jean-Paul,
« Monsieur Rollet,
Au terme de cette messe d’actions de grâces,
l’équipe des catéchistes est heureuse de vous
adresser toute sa gratitude. Au fil des années,
vous nous avez guidés, professeurs et parents,
tel le berger mène ses brebis, nous laissant
pleinement autonomes, tout en nous donnant
les conseils adaptés pour les élèves de 6ème
comme pour ceux de 5ème.
La discipline n’est pas toujours facile pour
celles d’entre nous qui n’ont pas la stature
du professeur, mais votre appui discret, et ô
combien efficace, nous a été bien précieux.
Et vous nous avez offert cet appui discret en
permanence, entre autres, lorsque vous vous
faisiez notre médiateur, tout comme lorsque
vous guidiez les élèves, en leur commentant
inlassablement chacune des messes auxquelles
ils ont participé.
Maintenant, nous savons que vous ne nous
laissez pas orphelins, bien sûr parce que le Père
Pillot continue à veiller au bon grain, mais aussi
30
Intervention du Père Jean-Bernard Plessy
Je ne crois pas m’exposer aux foudres divines
en prolongeant la méditation de l’ecclésiaste qui
rappelle aux hommes que sous le soleil, il y a
un temps pour tout : un temps pour semer, un
temps pour récolter, un temps pour pleurer, un
temps pour chanter. Je prolonge l’ecclésiaste : il
y a un temps pour l’école, et un temps pour les
vacances. Il y a un temps pour le travail et un
temps pour vivre une heureuse retraite.
C’est ce passage que nous sommes en train de
vivre Jean-Paul, autour de vous. Il est beau ce
passage, il est très beau parce qu’il est celui d’une
conscience sereine devant le travail accompli,
celui d’un esprit paisible regardant derrière lui
les heures, les longues heures consenties à la
tâche éducative.
Il est magnifique ce moment qui a commencé
tout à l’heure avec 400 enfants de 6ème - 5ème
dont les témoignages d’affection pour leur
maître et directeur nous ont touchés au plus
haut point, vous Jean-Paul en tout premier lieu.
Il est merveilleux ce moment après cette messe
d’action de grâces à laquelle plusieurs d’entre
vous ont participé. Et voilà qu’il se prolonge
au soir de ce jour, avant que chacun ne parte
en vacances, et qui rassemble la communauté
éducative des Chartreux, ses amis, ceux qui en
furent, au premier rang desquels les maîtres
d’externat qui ont servi les uns après les autres
durant trente ans.
En ouvrant cette cérémonie à la fois académique
et néanmoins très cordiale et fraternelle,
cérémonie au cours de laquelle Jean-Paul
Rollet sera promu au grade d’officier dans
l’ordre des Palmes académiques (au nom du
gouvernement), je voudrais simplement dire
que ma mission ce soir est à la fois simple et
compliquée. Il faut en effet que je donne de la
voix pour 4 : deux corps et deux hommes. Deux
corps : l’Eglise, l’Etat, deux hommes : le Père
Babolat et moi.
Jean-Paul, c’est d’abord l’Eglise dont vous êtes
un fils dévoué et fidèle qui vous adresse ce soir sa
maternelle reconnaissance. Le cardinal Philippe
Barbarin, l’archevêque de Lyon a souhaité par
téléphone qu’en son nom, je vous exprime
la profonde reconnaissance de l’Enseignement
catholique pour le dévouement, l’attention et
la conviction avec lesquels vous avez été un
véritable éducateur. Laissez-moi vous dire JeanPaul l’admiration que je vous ai portée chaque
année au moment de la Profession de foi des
élèves de 5ème. Le jour de la cérémonie de ces
trois messes consécutives, ils sont 140 chaque
année, n’est que la face visible et éclatante de ce
long temps de préparation les samedis matin,
avec le Père Colomb, puis le Père Billioud,
puis le Père Pillot, le temps de la retraite de
Profession de foi. Mais j’ai beaucoup aimé à
vous voir au milieu de « vos » enfants vêtus de
leur robe de baptême, ces aubes qu’ils n’avaient
pas l’habitude de porter, vous les précédiez, les
conduisant des bâtiments de 6ème - 5ème jusqu’à
la chapelle, tirant sur l’aube de l’un d’eux,
arrangeant le cordon d’un deuxième, faisant
signe au troisième de se recoiffer. Un vrai
père. Et puis toujours ce même mot, arrivant à
ma hauteur, d’un air entendu, calme et serein
malgré la foule des parents qui nous pressait un
peu : « Voilà, c’est bon, on peut y aller ».
Mais il y a eu toutes ces préparations de baptême,
ces messes de 6ème, de 5ème au long du temps
liturgique, ces cours d’instruction religieuse.
Bref, on lit souvent dans des plaquettes de
l’Enseignement catholique : « promouvoir
un sens de la personne humaine, animé par
l’Evangile » En votre personne, et dans vos
responsabilités, je l’ai vu en œuvre.
La deuxième voix, c’est celle de la Nation, plus
particulièrement le Ministère de l’Education
nationale, trente-cinq ans de métier ici aux
Chartreux, comme professeur de lettres
(j’apprends et je comprends, ou je comprends
et j’apprends, je ne sais plus), et puis trente ans
comme directeur de division chargé des élèves de
6ème - 5ème. Il est juste que la Nation vous honore
ce soir, Jean-Paul, à travers cette promotion dans
l’ordre des Palmes académiques. Vous étiez déjà
chevalier, vous allez devenir officier.
Les deux autres voix, ce sont celles du Père
Babolat et la mienne. Mais à bien y réfléchir,
elles ne font qu’une. La preuve : pour cette
décoration de ce soir, le Père Babolat était venu
me voir, avec son allure habituelle de proconsul
en campagne... (je ne vais pas vous l’imiter) me
disant : « Pour Rollet, débrouillez-vous pour
qu’il soit fait officier »... « J’y ai pensé mon Père,
j’y ai pensé ». C’est sa reconnaissance, parce que
vous l’avez servi 24 ans, que je joins à la mienne,
plus courte, puisqu’il n’y a que 6 ans que nous
travaillons ensemble, cette reconnaissance que
je vous exprime ce soir Jean-Paul.
31
Actualités
Au début de notre collaboration, je ne comprenais
pas toujours, lors des longs conseils de direction,
vos silences, vos sourires... je vous voyais tel
Archimède ou le Christ, tracer des traits, non
sur le sol, mais sur les feuilles, alors qu’à certains
moments, j’avais besoin de votre point de vue,
sur tel ou tel problème ou question. C’était de
ma part, une marque d’impatience, parce que
la réponse ou le point de vue venait toujours, et
parce qu’il venait à maturité du débat, il venait
naturellement le clore : bénéfice de l’expérience.
Si bien que je m’en suis fait un adage personnel
me disant en moi-même : « Tant que Rollet
n’aura pas parlé, la question n’est pas mûre ».
Jean-Paul, je vous remercie, au nom de mes
prédécesseurs, au nom des prêtres de SaintIrénée qui est la tutelle de cette Maison, d’avoir
aimé ces derniers, de les avoir aidés, de les avoir
servis. Tous ceux qui ont pu se libérer ce soir
tiennent par leur présence à vous exprimer leur
reconnaissance.
Jean-Paul, je vous remercie du fond du cœur,
d’avoir aimé les enfants qui vous ont été confiés,
sans démagogie aucune, sans préoccupation
de plaire, sans concession. Je vous ai vu en
colère avec eux, et je vous ai vus rire avec eux.
Lorsque mon bureau était plus proche du vôtre
(au premier étage, on ne sait plus grand chose,
et pourtant peut-être que l’on devrait), je vous
ai vus les sermonner, parfois les uns après les
autres. Ils attendaient sur les chaises rouges, ne
pensant pas trop à regarder par la fenêtre. Et je
vous ai vu les consoler, les aider à redresser la
tête. Vous leur mettiez naturellement la main
sur l’épaule, comme un père, leur indiquant
d’aller de l’avant. Je voudrais vous dire que j’ai
appris de vous et de cela aussi, je vous sais gré.
Souvent j’ai pensé que ce soir finirait bien par
arriver et qu’un jour vous viendriez me dire :
voilà, j’arrête. Inconsciemment, je repoussais
cette échéance. Vous nous avez aidés à nous y
préparer, et vous avez admirablement accueilli
32
et préparé Sophie que j’ai choisie pour vous
succéder. Elle-même l’a dit tout à l’heure devant
nos 400 enfants de 6ème - 5ème et vos paires, les
professeurs. Elle vous a donné le beau nom de
bâtisseur.
Oui Jean-Paul, le matériau qui vous a été confié
pendant 30 ans est le plus beau qui soit : des
enfants. Avec tous les éducateurs et professeurs
de cette Maison, vous avez fait croître en liberté
et en vérité. C’est bien, bon et fidèle serviteur,
entre dans une heureuse retraite.
Madame, vous ne me donnerez pas tout à fait
tort, si je vous dis que nous vous rendons JeanPaul : nous l’avons bien occupé, mais miracle de
ce métier où l’on est tout le jour avec des enfants,
je vous assure, Madame, nous vous le rendons
en bon état, nous vous le rendons jeune d’esprit
et de corps.
A vous bien sûr, s’adresse aussi notre
reconnaissance pour toutes les absences
consenties, et pour la façon discrète dont vous
avez su être auprès de votre époux dans les
moments difficiles qu’a pu connaître cette
Maison.
Oserais-je vous demander, Madame, si JeanPaul avait de temps à autre quelque désir de
passer faire un tour aux Chartreux, de ne pas
le retenir ?
Jean-Paul, cette Maison, vous en avez bâti
une bonne partie de vos propres mains. Soyez
fier et heureux Jean-Paul, cette Maison, c’est
votre Maison. Vous le savez. Elle vous attend.
Elle vous attendra toujours, car toujours dure
longtemps. »
Intervention de M. Bruno Dupré, directeur des
classes de 2nde et 1ère
« Je suis assez impressionné de devoir
m’exprimer devant une aussi grande et noble
assemblée et surtout d’avoir le redoutable
privilège de parler après le Père Plessy.
Je suis cependant très heureux et très honoré
de prendre la parole pour le départ à la retraite
de Jean-Paul. Souvent à cette occasion, les
propos sont si flatteurs qu’ils font penser à
un éloge funèbre au cours duquel vous vous
demandez si la personne dont on parle est bien
celle que vous avez connue.
Mais soyez rassurés, je ne citerai pas les petits
défauts de Jean-Paul, ce serait particulièrement
inconvenant en pareille circonstance et, de
plus, on m’a demandé d’être bref !
Pendant 20 ans, nous avons veillé ensemble
aux destinées du collège des Chartreux. Que
de souvenirs !
Combien de fois avons-nous traversé le
couloir séparant nos deux bureaux pour nous
donner des informations, nous conseiller
mutuellement, nous réconforter, organiser
des réunions, penser l’avenir.
Bien sûr, nous eûmes des orages, les murs s’en
souviennent encore, mais nous avons toujours
gardé confiance l’un dans l’autre et de l’estime
l’un pour l’autre. Des réunions pédagogiques,
et pas uniquement celle du vendredi soir dans
le bureau de Robert, à l’organisation de visites
ou de voyages, comme tu le dis souvent : «
on en aura fait des bêtises ensemble ». Je me
souviens du jour où en te croisant dans le
couloir, je te répondais inconsciemment à une
question mal comprise : « tu sais bien que je te
suivrai n’importe où ».
Trois semaines plus tard, je me retrouvais à
tes côtés descendant la passerelle d’un avion,
des kalachnikovs syriennes pointés sur nous !
Début d’une longue aventure…
Toutes ces activités communes, cette complicité,
nous valurent d’ailleurs d’être comparés à des
personnages de BD : des deux Dupont à Plic
et Ploc. Je ne sais si tu es Plic ou si tu es Ploc,
mais ce que j’ai appris de toi pendant toutes ces
années, c’est que tu es d’abord :
• Un organisateur hors pair. Dans ce domaine,
sans conteste le meilleur d’entre nous. Le
stylo à la main, de ta grosse écriture et avec
ta rigueur de prof de maths raté, en quelques
instants, tu savais définir toutes les tâches à
accomplir, préciser les personnes à contacter,
rassurer les inquiétudes naissantes.
• Tu es également un homme plein d’enthousiasme, au sens éthymologique du mot, capable
de s’engager pleinement pour une cause dans
la mesure où tu la juge juste.
• Cet enthousiasme est accompagné d’un sens
du travail bien fait. La première chose qui
m’avait frappé en te côtoyant, c’est le temps
passé dans ton bureau. Combien d’heures
d’attente pour Josette ! Un travail intense
pour régler les problèmes du quotidien :
rencontre avec les parents, conseils aux élèves,
organisation de réunions, conseils de classe,
etc…
33
Actualités
Travail obscur des sans-grades qui permet à
d’autres de pouvoir dire : « De minimis non
curat praetor » (« Le magistrat ne s’occupe pas
d’affaires insignifiantes »).
• Tu es également un éducateur passionné,
passionné par tes élèves de 6ème - 5ème que tu
protégeais comme un père protège ses enfants.
Passionné par la pédagogie, pas celle, virtuelle,
qui s’expriment par des « y a qu’à…», « faut
qu’on… », mais celle, concrète, qui permet
aux élèves de surmonter leurs difficultés.
La plupart des lycéens dans le livre d’or qui te
sera remis parlent de tes cours de méthodologie
qui les ont visiblement marqués.
• Tu es enfin un homme de conviction, non pas
comme ces horloges qui indiquent une heure et
en sonnent une autre, mais chrétien convaincu,
tu as choisi l’enseignement catholique bien sûr
pour développer l’intelligence de tes élèves,
mais également pour ouvrir les cœurs et élever
leurs âmes. En cette période de Noël, on peut
dire que tu as toujours eu le souci de montrer
à tes élèves cette étoile qui nous mène jusqu’à
l’enfant de la crèche.
Dès ma nomination comme directeur des
études, le Père Babolat m’a fait confiance
en me donnant la responsabilité des classes
mixtes, puis des classes de 6ème - 5ème.
Il savait bien qu’il ne choisissait pas un
« intellectuel », mais un petit prof, venu
de Mâcon 5 ans plus tôt grâce à Christiane,
tout dévoué à l’éducation des élèves et au
développement des Chartreux.
1977 à 2006 : près de 30 ans… Quelle longue
route… avec le souci constant de la formation
des élèves et de leur épanouissement, la joie du
travail bien fait, les réussites, mais aussi avec les
difficultés, les tensions, les conflits, les peines et
les deuils. Longue route qui se termine pour
moi ce soir !
Mais cela n’a pas été le travail d’un seul ou de
quelques-uns, mais de toute une équipe autour
du Père Babolat dont le projet était clair et
précis :
• Epanouissement spirituel,
• Epanouissement humain,
• Epanouissement culturel de chacun.
Bref, tout ceci pour dire que, si les Chartreux
sont devenus ce qu’ils sont, ta contribution
est loin d’être négligeable, et j’ose même dire
prépondérante !
Maintenant, ta mission se termine.
Une page se tourne.
Sophie écrira d’autres lignes.
Tu auras été notre collègue, mais surtout tu
resteras… notre ami ! »
Intervention de M. Jean-Paul Rollet
34
« Merci Annie, toi qui as été témoin de toutes
mes années aux Chartreux, merci d’avoir
accepté de me remettre les insignes d’officier
des Palmes académiques, toi qui as eu la joie de
les recevoir du Père Babolat, lui qui tenait tant
à me les remettre, ces insignes d’officier…
Mr Rollet
Pendant cette période, tous ensemble nous
avons oeuvré sans ménager ni notre peine, ni
notre temps (que de soirées et de week-ends
écourtés : n’est-ce pas Josette et Ludovic !) pour
faire des Chartreux ce qu’ils sont aujourd’hui.
Oui, la génération Babolat peut être fière du
travail accompli.
C’est pour cette raison que j’ai demandé au
Père Plessy (et je le remercie vivement d’avoir
accepté) d’inviter ce soir pour fêter mon départ
toutes celles et tous ceux qui ont travaillé avec
moi :
• Les prêtres de Saint Irénée : Père Billioud,
Père Pillot et vous, Père Collomb, vous qui
étiez venu aux Chartreux pour enseigner le
latin et le grec, et qui avez assuré pendant
plusieurs années 18h de catéchèse par semaine
et formé tant de catéchistes, moi le premier !
• Les membres du Conseil de direction, les
nouveaux et les anciens, ceux qui sont restés
fidèles aux Chartreux, fidèles parmi les fidèles
(Alain,Robert, Bruno), et les autres qui ont
émigré vers d’autres cieux (Sylvie) ou qui sont
maintenant chefs d’établissements (MarieFrance, Didier !) ;
• Les professeurs, et plus particulièrement
ceux de 6ème - 5ème : jeunes et vieilles gloires qui
ont donné de leur temps et de leur énergie,
en plus de leur cours, pour la catéchèse,
les conseils de classe, les réunions pédagogiques,
les soutiens, les clubs, les réunions de parents,
les portes ouvertes, les visites de locaux,
les activités exceptionnelles, l’opération
« Mokattam », les soirées Liban, les voyages
à l’étranger, les échanges, les sorties à Paris,
à Solutré, les randonnées pédestres au
Grand Som ou à St Vérand, mais aussi pour
l’organisation des soirées festives ;
• Les maîtres d’internat, d’externat et les
surveillants avec Joël Gérard, Philippe, et
Roland qui ont consacré leur jeunesse à
encadrer les élèves et à les aider... mais aussi
à assurer l’animation des rencontres entre
enseignants... c’est ainsi que de nombreux
couples se sont formés ! (merci les Chartreux :
agence matrimoniale !) ;
• Les comptables et l’administration avec les
secrétaires, le personnel de l’accueil et leur
« chef » Alain : cheville ouvrière indispensable
dans ce monde de textes, de notes, de rapports,
de compte rendus, de calendriers, de circulaires
à talon ou à coupon réponses ! (n’est-ce pas les
professeurs principaux de 6ème - 5ème) ;
• Le personnel d’entretien avec Serge, Philippe, Emmanuel qui nettoie, balaie, range,
répare... et qui permet à tous de vivre dans des
locaux agréables, propres et entretenus.
• Personnel des cuisines dont nous pourrons
apprécier la qualité du service et des mets dans
quelques instants ;
• Les architectes Yves Boucharlat et Thierry
Binachon qui ont rénové et embelli les
Chartreux, construit des bâtiments : le bâtiment
terrasse, le bâtiment des élèves de 4ème - 3ème, la
grande chapelle, la maternelle, les laboratoires
et enfin la salle de sport, toujours dans les délais
et dans les budgets ou presque ! Heureuse
époque où la capacité d’autofinancement était
importante !
• Les parents qui ont cru aux Chartreux et
qui ont participé activement à l’association
de parents d’élèves, au comité de gestion,
à l’association jumelage les Chartreux /
Saint Georges et qui ont permis de lancer le
parrainage des élèves libanais ;
• Les nombreux parents qui ont investi en
6ème- 5ème dans l’animation des clubs et des
activités, à la bibliothèque autour de Madame
35
Actualités
Manet, dans la catéchèse : cette année,
32 personnes animent des groupes d’instruction
religieuse pour 14 classes ;
• Les anciens élèves qui sont devenus à leur
tour professeurs : Agnès, Pierre-Albéric,
Caroline et Anne, Anne qui va assurer les
cours de français à ma place, en 6ème A et en
6ème C ;
• Les élèves que j’ai accompagnés au Liban
et qui ont renforcés l’amitié entre nos deux
collèges : les Chartreux et St Georges.
A tous et à chacun, un grand merci ; grâce à
vous j’ai vécu des moments inoubliables.
Bon courage à toi Sophie qui va prendre la
direction des 6ème - 5ème. Je te souhaite d’être
entourée et soutenue autant que je l’ai été.
Père Plessy, je vous remercie de m’avoir gardé
dans votre conseil de direction. J’ai pu ainsi
poursuivre ma mission jusqu’à aujourd’hui.
A vous maintenant et à toute votre équipe de
continuer à faire grandir les Chartreux pour
que, dans quelques années, on puisse vanter
les mérites de la génération « Plessy». »
36
Témoignage de Paul Sugy, élève de 6ème C,
au nom de tous les élèves de 6ème
Comme vous le savez, le 22 décembre au soir,
les élèves de 6ème et 5ème faisaient leurs adieux à
leur directeur de division, M. Rollet. Faisons
un petit « zoom » sur cette soirée d’adieux
émouvante.
16 heures, salle Hyvrier : M. Rollet entre
et surprise ! les élèves de 6ème - 5ème et leurs
professeurs sont tous installés là pour
l’accueillir à pleins poumons. Au bord des
larmes, l’invité d’honneur s’installe devant
la scène. Les festivités commencent avec
« Le Poète disparu » interprété par plusieurs
élèves de 6ème. Ensuite, vient un moment
musical de piano joué par un « artiste » de
5ème. Puis, des élèves de 5ème interprètent des
sketches qui mélangent la réalité et le comique.
Ainsi, M. Rollet pourra assister à son propre
procès, ou alors à une imitation de lui en tant
que professeur. Aussi, une démonstration de
chaque sport pratiqué sous sa direction, ou
même une sanction lui étant destinée. Enfin,
c’est le moment de la remise des cadeaux.
Au total, on lui a donné ce soir-là : des cravates,
des sachets de thé ou infusions de tisane (tous
recouverts de mots gentils de la part des élèves
de 6ème - 5ème) et un voyage ! Pour le bouquet
final, plusieurs autres élèves de 6ème - 5ème,
tout de vert et de rouge vêtu, éclatent d’une
seule voix pour interpréter « Vois sur ton
chemin » des Choristes. C’est ainsi que s’est
clôturée la « carrière » de M. Rollet, mais qui
restera à jamais dans nos cœurs.
Frank Riboud,
PDG du groupe
Danone
Jean Marie, Antoine,
Théophile et Claire,
étudiants en prépa HEC 3
Mercredi 7 mars 2007, nous avons accueilli
M. Frank Riboud, président-directeur
général du groupe Danone, avec un mélange
d’excitation et d’anxiété, rapidement domptée
par une poignée de main chaleureuse et
quelques plaisanteries sur le trajet qui nous
séparait du bureau du Supérieur, le père Plessy,
où l’accueil devait se poursuivre.
Lorsque la fin de la récréation sonna, il fit
son entrée dans la salle François Hyvrier
remplie par les étudiants des classes de BTS, de
DPECF, de prépas et les élèves de Terminale.
Après une brève introduction du Père Plessy,
M. Riboud a entamé une présentation très
claire de l’entreprise dont on retiendra ces
quelques points.
Tout d’abord, il a présenté l’historique de
l’entreprise Danone et la spécialisation du
groupe autour de trois axes centraux : les
produits laitiers frais, les boissons et les biscuits,
le tout conté avec l’assurance d’un père.
Ensuite, la double ambition économique
et sociale du groupe a été abordée. Celleci repose sur la justification des profits
nécessaires à la survie d’une société, toutefois
combinée à une politique sociale rassurante,
engageant la responsabilité des salariés et
insistant sur la formation afin de prévenir
d’éventuels licenciements. Cette gestion est
l’héritage social de son père et reflète d’ailleurs
la reconnaissance qu’il lui porte.
Cet humanisme est aussi présent dans l’action
de Danone au Bangladesh où une gamme de
yaourts bon marché est développée sur place
afin de stimuler l’emploi, tout en satisfaisant
les besoins alimentaires et nutritionnels de
cette région.
A cet égard, M. Riboud a également présenté la
stratégie mondiale du groupe et son adaptation
aux différentes cultures.
Il a témoigné d’une grande disponibilité en
répondant à nos nombreuses questions, à
l’aide de concepts clés facilement assimilables
(« l’apprentissage par frottement», au contact
de la réalité, ou « la théorie des legos » appliquée
au monde de l’entreprise qui consiste à
utiliser les « bonnes pièces » afin de bâtir
quelque chose de solide).
En définissant objectivement le rôle d’un
chef d’entreprise de cette envergure (ainsi
dé-diabolisé), il est allé à l’encontre des clichés
concernant la Chine et la mondialisation.
Autant d’éclairages dont nous devons nous
souvenir dans les années futures.
37
Actualités
De l’autre côté
du bureau
Grégoire Croidieu,
ancien élève
(promo 1998 en prépa, promo Bac 1996),
assistant de pédagogie et de recherche à
l’EM Lyon
Pour un ancien élève, retourner dans l’école
qui l’a formé équivaut à un pèlerinage sur les
champs de bataille de l’adolescence, chaque
couloir ranimant des souvenirs devenus de
hauts faits d’armes.
Cette opportunité me fut gracieusement offerte
par le Père Plessy et par Gilles Crespin sous la
forme d’une rencontre avec leurs étudiants de
classe préparatoire. En mes qualités d’ancien
élève et de doctorant à l’EM Lyon, il s’agissait
d’échanger, pendant une heure, autour d’une
trajectoire individuelle depuis la « prépa » et
de présenter l’EM Lyon, son concours et les
parcours proposés.
Neuf années sont passées entre les bancs des
Chartreux et les salles de classes de l’EM.
En conséquence, la seule généralité qui me
semblait bonne à dire était de témoigner qu’il
y avait une vie après la « prépa » et beaucoup
trop de choix, que les modèles de vie que l’on
projette et les stéréotypes que l’on adopte
n’épuisaient pas le champ du possible et qu’il
fallait s’en réjouir plutôt que d’en avoir peur.
Une fois cette banalité illustrée, l’échange
porta sur des préoccupations immédiates, telles
que le concours et le grand oral. Tant bien
que mal, j’apportais des réponses factuelles
et, face à l’inquiétude qu’elles provoquaient,
je m’empressais de compléter par des
« recettes » personnelles, qui avaient pour tort
principal d’avoir été formulées une fois les
concours passés.
Une heure, cela passe vite, et il est difficile de
dire dans quelle mesure mon intervention leur
38
fut profitable. En revanche, il est certain que
de partager ce moment me replongea avec
plaisir dans une époque déjà oubliée, et que ce
plaisir fut prolongé par la rencontre d’anciens
professeurs. Il fut également très plaisant de
se chercher dans le regard des étudiants et de
se dire « tiens, je devais être un peu comme
lui ».
Des anciens parmi nous !
Kenza, Sara, Margaux, Chloé, Aude,
Clément, Olivier
membres de la « junior entreprise »
des prépas,
Le samedi 10 mars 2007, le comité des anciens
des Chartreux a reçu les élèves préparationnaires
qui se sont succédés à l’Institution depuis
1973.
Six élèves de première année de prépa HEC,
option scientifique, ont réservé leur journée
pour s’adonner aux préparatifs, aussi bien
matériels que culinaires. En effet, le “mythe”
de la classe prépa s’effondre quand on apprend
leurs talents cachés, dévoilés dans la réalisation
d’un punch délicieux et au franc succès !
La rencontre a commencé en fin d’après-midi
par l’accueil chaleureux dans le couloir de la
maison des Missionnaires, suivi du traditionnel
discours à la chapelle.
Parmi les convives, l’éminent Père Breysse,
ancien professeur de culture générale aux
Chartreux, qui avait introduit à HEC la
contraction de texte.
A ce rendez-vous, aussi bien les plus jeunes
que les moins jeunes se sont regroupés autour
d’un cocktail et d’un concert qui couronnait
le tout.
Enfin, le mérite revient à la direction qui, suite
à cette prise d’initiatives, a réussi à rassembler
de nombreuses promotions pour se remémorer
des années passionnantes.
Internat des classes
préparatoires : le fruit
caché de l’étude
Olivier Hautier,
préfet des internes des classes préparatoires
« Monsieur Hautier, serait-il possible que
je participe à l’étude du mardi ? » Cette
demande apparemment anodine, exprimée
par un étudiant externe, me surprend
fortement. Alors que les internes de deuxième
année me suppliaient de les libérer de ce qu’ils
considéraient désormais être un fardeau, lui
voulait y participer. Les trois heures d’étude
hebdomadaire auraient-elles donc une vertu
que l’habitude avait finie par voiler au regard
de ceux qui n’en
voulaient plus ?
L’étude du mardi soir
est un symbole fort
de l’état d’esprit dans
lequel l’internat des
classes préparatoires
veut jouer son rôle
aux
Chartreux.
Trois heures de
concentration, dans le grand silence de la
nuit qui enveloppe et remplit l’immense
bâtisse abritant les chambres des plus jeunes.
Trois heures pour veiller et apprendre, en
l’expérimentant, l’ascèse que demande le
travail intellectuel, la solitude face à ses livres
et à sa feuille. Trois heures enfin pour grandir
dans cette faculté de l’attention que Simone
Weil définissait comme « le but véritable et
presque l’unique intérêt des études(1) » .
Quand je présente l’internat aux familles des
futurs préparationnaires, je parle de l’étude
comme d’une nécessité dans l’apprentissage de
l’accomplissement d’un travail personnel dans
la durée. Apprentissage souvent nécessaire
(1)
Simone Weil, Attente de Dieu, Fayard, Paris, 1998, p. 85.
pour des élèves qui n’ont pas eu jusque-là à
beaucoup travailler pour réussir… Mais audelà de la formation purement intellectuelle,
une autre dimension, plus cachée, se développe
dans cet apprentissage de l’ascèse du travail
personnel. Quand je vois ces jeunes de 18 à
20 ans concentrés sur leur petite table, je ne
peux m’empêcher de comparer l’internat à
un laboratoire dans lequel on expérimente les
bienfaits de la formation intellectuelle sur la
maturation de la personne humaine. L’habitus
pris par l’étudiant dans ces études nocturnes
n’agit-il pas au niveau de l’âme comme agirait
l’entraînement de gymnastique sur la souplesse
du corps ?
La finalité de ces longues heures passées seul
devant son travail, à l’étude ou en chambre les
autres soirs de la semaine, c’est évidemment
une belle réussite aux concours, récompense
des efforts fournis. C’est d’ailleurs aussi la
finalité de l’internat. Mais doit-on restreindre
le travail du préparationnaire interne à cette
seule utilité immédiate ? Le but de l’internat
n’est-il pas que ce succès académique s’enracine
dans une autre réussite, n’apparaissant pas,
elle, sur le diplôme ?
Cette réussite, c’est d’abord la victoire de celui
qui a appris que la fidélité à son devoir était
porteuse d’une joie humble et forte, ainsi que
d’une légitime fierté. Réussite qui lui apprend
que le véritable fruit du travail n’est peut-être
pas celui qui est le plus visible. Qui lui apprend
aussi qu’il y a là une vérité universelle, qu’il
peut partager avec ses camarades. Parmi les
liens qui se tissent entre ces étudiants venus
d’horizons divers, je retiendrai celui qui se
fonde sur cette expérience commune de la
fidélité à son travail, expérience qui les mène
à faire humblement la lumière sur leurs forces
et leurs faiblesses, sur ce long chemin de la
connaissance de soi.
Reprenant à son compte une parabole
évangélique, Simone Weil affirmait encore
que « les études scolaires sont un de ces
39
Actualités
champs qui enferment une perle pour laquelle
cela vaut la peine de vendre tous ses biens, sans
rien garder à soi, afin de pouvoir l’acheter. (2) » .
Le rôle caché de l’internat des classes
préparatoires n’est-il pas de favoriser au
mieux l’accès des étudiants à ce trésor, plus
précieux peut-être que tous les trésors visibles ?
Favoriser le développement de la faculté
d’attention par l’ascèse humble et joyeuse du
travail régulier, n’est-ce pas offrir à ces jeunes
la possibilité d’une expérience humaine et
spirituelle authentique, gage d’une richesse
dont profiteront les écoles et les entreprises qui
leur ouvriront leurs portes ?
Palmarès 2006 des classes
préparatoires économiques
et commerciales
Jean-Bernard Plessy,
supérieur,
Gilles Crespin,
Directeur des classes préparatoires
L’heure est à la publication des résultats des
classes préparatoires aux épreuves des concours
2006. Pour ce qui regarde les concours aux
écoles de commerce, les Chartreux peuvent se
féliciter d’avoir réalisé le double objectif qu’ils
s’étaient fixés.
Le premier consistait à maintenir l’option
économique (Terminale ES > HEC voie
économique) au niveau où elle se tenait
depuis quelques années. Entre 50 % et 70 %
d’intégration dans les six grandes écoles de
commerce : score confirmé en 2006 puisque 16
étudiants sur 32 ont intégré HEC et Nantes
(Top 6), soit 50 %. La position nationale des
Chartreux est en 17ème place sur 76 classes
préparatoires, en progression de 4 places.
40
(2)
Ibidem, p.97.
Le deuxième objectif consistait à ramener la
voie scientifique (Terminale S > HEC voie
scientifique) à un niveau plus lisible sur le plan
national. Opération réussie et magnifiquement,
puisque 12 élèves sur 23 ont intégré une
des six grandes écoles (dont 2 à HEC), soit
52 % d’intégration. La position nationale des
Chartreux dans cette voie est donc la 26ème
place sur 86 classes préparatoires.
Tous nos remerciements à l’équipe des
enseignants de classe préparatoire qui a su
donner toutes leurs chances à nos étudiants
qui ont donc remarquablement réussi.
Tous nos remerciements aux professeurs
du lycée - et souvent du collège aussi - qui
ont su finement orienter nos élèves vers nos
classes préparatoires. Il se trouve d’ailleurs que
Jérôme Bonnot, entré aux Chartreux en 6ème,
bachelier promo 2004, a remarquablement
intégré HEC.
Nul doute que cela influencera forcément
les candidats à ces classes-là que nous avons
déjà pu visiter dans leurs établissements ou
rencontrer sur les forums étudiants de ces
dernières semaines.
A l’heure de l’impression de ces lignes, le
nombre de candidats à l’entrée en classes
préparatoires économiques et commerciales
est en forte croissance et dépasse les 1 000
unités pour quelques 90 places disponibles.
L’internat n’est pas à plaindre avec plus de
600 demandes pour la cinquantaine de places
libérées par la promotion sortante.
Nous attendons avec impatience les résultats
des étudiants de la promotion 2007 qui,
en ce moment, affrontent les épreuves des
concours.
Puissions-nous continuer dans le même
sens, les uns et les autres conscients que les
classes préparatoires apportent au lycée, et
que le lycée apporte aux classes préparatoires.
Merci de poursuivre l’œuvre entreprise.
L’expertise comptable aux
Chartreux, dans le cadre
de la réforme LMD
Jean-François Bréchet,
directeur des classes de BTS et DCG
À la rentrée 2007, la formation aux métiers de
l’expertise comptable va connaître une réforme
importante. En effet, tous ceux qui étaient
familiarisés avec les sigles DPECF - DECF
- DESCF vont devoir prendre l’habitude de
parler de DCG (Diplôme de comptabilité
et gestion) et DSCG (Diplôme supérieur de
comptabilité et gestion).
Mais la réforme va au-delà du changement
de sigles. Elle porte les quatre années qui
précédaient le stage d’expertise comptable
(trois ans dont deux obligatoirement en
cabinet) à cinq ans ; cela permet l’alignement
de la formation sur le parcours LMD, standard
européen auquel se range l’ensemble des
formations universitaires. Le DCG, grade
licence, remplace le DPECF et le DECF ;
il permet l’accès à différents masters comme
le Master CCA (Comptabilité, Contrôle,
Audit) et au DSCG qui remplace le DESCF.
Les étudiants obtiennent leur DCG après
avoir réussi 13 UE (Unités d’Enseignement)
en trois ans, à raison de quatre en fin de L1 et
de L2 et cinq en fin de L3. Ils obtiennent leur
DSCG après avoir passé 7 UE sur les deux
années de formation (M1 et M2).
Les points forts de cette réforme rendent la
formation plus adaptée au monde professionnel
qui a beaucoup évolué ces dernières années.
Quels sont-ils ?
D’abord, huit semaines de stage minimum
en DCG, en deux périodes : quatre semaines
en fin de L1 et quatre autres semaines avant
la fin du deuxième trimestre de L3. De plus,
ce stage fait l’objet d’un rapport d’une
quarantaine de pages soutenu au cours de
l’épreuve de Relations professionnelles
(épreuve orale d’une heure) en fin de L3.
Cette volonté de professionnalisation se
poursuit en DSCG où les étudiants doivent
suivre un stage de douze semaines minimum,
avec élaboration d’un rapport de stage d’une
cinquantaine de pages soutenu au cours d’un
oral d’une heure en M2.
Ensuite, l’accent est mis sur la maîtrise des
langues vivantes. L’anglais est obligatoire tout
au long de la formation : une épreuve écrite
de 3h en L1 atteste du niveau de langue ;
ensuite en L2 et L3, une heure de cours
en classe dédoublée assurent le maintien du
niveau acquis. Ajoutons que les Chartreux qui
avaient institué des cours d’anglais obligatoires
en DECF poursuivront, dans ce cadre,
la préparation du TOEIC (Test of english
for international communication) qui permet
d’attester, de façon lisible pour les entreprises,
de la maîtrise de l’anglais pour les candidats à un
poste. Le DSCG, avec une épreuve d’économie
se déroulant partiellement en anglais, exige
des étudiants une maîtrise solide de la langue.
Cette épreuve de master marque la volonté de
faire des futurs cadres des métiers de l’expertise
comptable des hommes et des femmes
ouverts sur le monde de l’entreprise, dans sa
dimension internationale. Enfin, la réforme,
pour la première fois dans cette formation,
rend possible la préparation d’une épreuve
écrite de LV2 (allemand, espagnol, italien) au
niveau licence et au niveau master. Dans leur
souci de répondre au mieux aux attentes du
monde professionnel et des étudiants qui leur
font confiance, les Chartreux vont réfléchir à
la mise en place d’une préparation à l’épreuve
de LV2 pour ceux qui le souhaitent.
Cette mise en valeur des langues vivantes
ne peut que rendre cette filière encore plus
attractive pour de jeunes bacheliers issus de
l’enseignement général.
41
Actualités
L’ensemble de la formation représente un
total de 2 100 heures en DCG et de 1 000
heures en DSCG. Il convient de préciser
que la formation, grade master, suivie à
l’Université catholique peut l’être en contrat
de professionnalisation ; cela permet aux
étudiants de faire financer leurs études par les
entreprises ou les cabinets, tout en acquérant
une expérience professionnelle valorisante au
moment de leur insertion dans la vie active.
Les Chartreux, fidèle à leur mission, vont
appliquer complètement cette réforme
en gardant et en valorisant ce qui fait leur
spécificité : contrôle continu des connaissances,
encadrement pédagogique similaire à celui
d’une classe préparatoire pour conduire les
étudiants à la réussite. Notre souci est d’assurer
une formation complète de la personne tant au
niveau humain, qu’intellectuel et spirituel.
Notre objectif est de faire passer, grâce à ces
trois ans de formation, les jeunes bacheliers
qui nous feront confiance du statut de lycéen
à celui d’étudiant pleinement acteur de sa
formation, de leur donner le goût d’apprendre
et de s’ouvrir au monde qui les entoure, pour
en faire de futurs cadres exerçant pleinement
leurs responsabilités avec le souci de l’excellence
pour l’entreprise et eux-mêmes. Tel est le
projet qui anime l’ensemble des professeurs
qui m’entourent.
Il convient de rappeler que cette filière reste
ouverte aux étudiants titulaires d’un BTS CGO
(Comptabilité et gestion des organisations) ou
d’un DUT GEA ; ces deux diplômes leur
donnent des équivalences leur permettant de
rentrer en L2. Le choix du BTS CGO, assuré
aux Chartreux avec quatre classes (deux en
première année et deux en deuxième année)
est pertinent pour un jeune lycéen pas très
sûr de son avenir professionnel. En effet, cette
organisation (une classe pour les bacheliers
ES et S ; une, pour les bacheliers STG et
42
professionnels) donne un enseignement bien
adapté à chacun qui permet à chaque étudiant
d’aller le plus loin possible et d’affiner son
orientation professionnelle. En effet, les
étudiants titulaires du BTS CGO ont plusieurs
possibilités : rejoindre la formation DCG en L2 ;
entrer, après concours, en L3 pour suivre une
formation conduisant à différents masters ;
entrer dans une école de commerce, après
avoir passer les concours Passerelle, Profil ou
Tremplin ouverts aux étudiants titulaires d’un
BAC + 2.
2007 est donc une année importante pour la
formation à l’expertise comptable, mais aussi
pour la filière tertiaire dans son ensemble. En
effet, les neuf classes seront installées dans un
bâtiment neuf qui permettra d’offrir à tous les
étudiants un CDI, une salle de détente (foyer) ;
le bureau du directeur de la formation sera
au cœur des classes. Cette nouvelle année
s’ouvrira donc sous d’heureux auspices pour
toute la communauté éducative, enseignants
et étudiants.
Remise des diplômes aux
étudiants de DPECFDECF (session 2006)
Jean-François Bréchet,
directeur des classes de BTS et DCG
Cette année, la promotion des DPECF et DECF
a connu une réussite significative avec un taux
de 84,25 % pour les premiers et de 92,85 % pour
les seconds. Pour marquer cet événement, nous
avons choisi comme marraine de promotion
Madame Veiga-Planels, directrice Europe dans
le groupe Bridgestone.
Il nous paraissait important de demander à une
femme exerçant de hautes responsabilités après
une formation qui l’avait conduite au Diplôme
d‘Expert comptable, de remettre leur diplômes aux
lauréats. En effet, nous poursuivions deux objectifs :
tout d’abord, montrer aux jeunes diplômés
la pertinence de leur choix qui leur permet
d’acquérir une compétence d’expert dans d’autres
domaines que la finance ou la comptabilité ;
le second, de montrer aux étudiantes qu’avec une
organisation rigoureuse et une bonne formation,
elles ne devaient pas s’interdire d’ambitionner des
postes à hautes responsabilités si elles s’en sentaient
capables.
Après le mot d’accueil du Supérieur, Madame
Veiga-Plannels a déroulé à l’aide d’un Powerpoint
sa formation et sa carrière professionnelle ; merci
à Damien Cartel qui a su « dominer » un
vidéo-projecteur capricieux. Son témoignage fut
passionnant comme le prouvaient le silence et
l’attention de l’assemblée : étudiants, parents et
professeurs.
La vice-présidente et la présidente de l’Association
nationale des experts comptables stagiaires
Rhône-Alpes, deux anciennes étudiantes de cette
formation DECF après un BTS CGO
(comptabilité et gestion des organisations),
prirent ensuite la parole pour expliquer le rôle
et l’importance de cette association pour les
futurs diplômés. Après ces deux interventions,
l’assemblée s’est retrouvée autour d’un lunch
qui permit de prolonger, dans une ambiance
conviviale, les discussions. On pouvait noter chez
certains jeunes diplômés un petit pincement
au cœur à l’idée de quitter l’Institution pour
poursuivre leur formation en DESCF après deux
ou quatre ans passés aux Chartreux ; beaucoup
plus pour une jeune diplômée puisqu’elle y
avait effectué sa scolarité primaire et secondaire.
Mais le plus grand nombre allait se retrouver la
semaine suivante à l’ESDES pour la cérémonie
de rentrée du DESCF où sous le magister, ferme
mais bienveillant, de Monsieur Bailly-Masson
ils allaient achever leur formation avant le stage
d’expertise comptable.
Je tiens à remercier l’ensemble de l’équipe
professorale qui intervient dans ces formations, que
ce soit en DCG, nouvelle appellation du DPECF
-DECF, qu’en BTS CGO pour l’excellence du
travail qu’elle fournit. L’excellence des résultats,
même si on peut regretter l’échec de quelques
étudiants, en est la preuve et sa récompense.
Que tous ceux qui nous font confiance, parents
et étudiants, sachent que notre objectif est
de conduire à la réussite tous les étudiants ;
mais cela n’est possible que s’ils acceptent
les exigence de ces formations, que s’ils s’y
investissent pleinement en tant qu’acteur et pas en
consommateur.
Que les parents des futurs étudiants soient
totalement rassurés face aux profondes
modifications qu’entraîne la réforme des
études menant à l’expertise comptable.
Les Chartreux mettront en place les moyens qui
leur permettront de s’adapter à un monde en
profonde mutation dans l’esprit de « tradition,
culture et modernité » qui est le sien et de
mener, sur la voie de l’excellence, les futures
promotions.
43
Actualités
L’internat des classes
secondaires
Jean-Christian Dhavernas
Préfet de l’internat des classes secondaires
Réfléchissant sur la liberté, une élève de 2nde
arrivée à l’internat en septembre a joliment
écrit : « Il n’est pas nécessaire de rejoindre
Tombouctou pour voir le territoire de la Liberté.
Il est parfois suffisant d’ouvrir une fenêtre et de
contempler Fourvière pour se sentir libre. Alors
se dévoile à nos yeux le territoire sublimé d’une
ville qu’on a rêvée, Liberté ! » Interne aux
Chartreux, finie la liberté ? C’est bien ainsi que
des adolescents normalement constitués peuvent
considérer ce temps qui s’étend
pour la plupart du dimanche soir
au vendredi. Voir l’établissement se
vider en quelques minutes chaque
soir, et les camarades franchir avec
délectation la double grille de l’allée
des Marronniers : quel supplice !
L’internat
:
internement
interminable ?
Et pourtant les internats ont le vent
en poupe. Celui des Chartreux ne
fait pas exception, accueillant cette
année encore près de 260 élèves (une
soixantaine de collégiens et deux
cent lycéens). Il est peu probable que
cet engouement soit un effet de mode, auquel
contribuerait telle émission de téléréalité ou la
nostalgie des Choristes. Le statut d’interne répond
surtout à des attentes multiples. Il y a d’abord les
facilités offertes par l’internat et l’encadrement
qui va avec, mais à bien y regarder, ce ne sont
là en fait que des atouts extérieurs, rendus certes
plus avantageux encore du fait du rythme de
vie de certains parents. Plus profondément,
l’internat favorise des processus de maturation
déterminants dans la vie des adolescents.
44
Un cadre privilégié de socialisation
Si l’institution scolaire est à la fois une partie
et un miroir de la société dont elle éduque les
jeunes membres, elle constitue aussi un groupe
en soi, une société en miniature. Comme
toute société, cette micro-collectivité place ses
membres dans divers réseaux de relations et
face à des lois et des modes de fonctionnement
qui lui sont propres. De ce point de vue, la vie
à l’internat s’apparente à un stage accéléré de
socialisation dans sa dimension du rapport à la
loi car elle présente des contraintes différentes
de celles de la structure familiale.
L’éloignement de la famille est vécu de manière
très différente par les élèves : certains n’arrivent
jamais vraiment à couper le cordon, d’autres
ne semblent pas le vivre douloureusement, au
contraire, surtout quand les tensions inévitables
propres à l’adolescence ou à des situations
familiales complexes se font plus vives. Quoiqu’il
en soit, ce détachement implique pour tous
une plus grande autonomie. Autonomie non
seulement dans le travail, mais dans tous les
domaines de la vie personnelle (alimentation,
sommeil, hygiène…) et collective (solidarité,
gestion des conflits).
L’internat, un cadre avec des règles ? C’est
entendu. Encore faut-il s’approprier ce cadre et
apprendre à voir en lui le tremplin de la liberté
intérieure authentique. C’est tout le défi de
l’éducation à l’internat. « Ce n’est pas la règle qui
nous garde, c’est nous qui gardons la règle », fait
dire Bernanos dans le Dialogue des Carmélites à
la supérieure du Carmel qui accueille la jeune
postulante Blanche. Tant qu’un interne n’a pas
compris que c’est lui qui garde le règlement
intérieur, le travail n’est pas achevé.
Une école d’ouverture et de confiance
L’internat n’est appelé ni à reproduire ni à
prolonger le cadre familial. Pour autant, les
amitiés qui s’y nouent sont souvent solides.
Après les cours, dans le cadre plus restreint
des chambres, les masques tombent : on a fait
son métier d’élève pendant la journée, c’est un
peu un autre visage qu’on offre à l’internat, où
on est plus soi-même et un peu moins ce qu’on
croit devoir être aux yeux des enseignants et de
la classe. Au fil des semaines, on lie des liens, on
fait des confidences, on partage des expériences.
Les préjugés des débuts tombent aussi.
Riche en amitiés, ce temps de l’internat est un
temps d’ouverture aux autres, à d’autres qu’on
n’a pas choisis. Une ouverture permanente
car un interne n’a pas une minute à soi.
Du matin au soir, du soir au matin, l’homo
sapiens internens vit avec ses semblables.
Pas une minute où il puisse vivre un temps
plus solitaire. Ce décentrement est en général
bien supporté par des jeunes qui la plupart du
temps fonctionnent de manière privilégiée en
extraversion, mais il peut avoir ses pesanteurs
pour des tempéraments qui apprécient
les bienfaits d’un isolement temporaire.
D’où l’importance de ces espaces de liberté
intérieure que peut offrir par exemple la pratique
régulière d’un instrument de musique.
Un cheminement intérieur
Dans un contexte qui survalorise la réussite
personnelle et sociale, l’expérience de l’internat
est souvent un révélateur a contrario des limites
personnelles. Un espace restreint, un quotidien
qui se répète, les mêmes personnes que l’on
croise, des résultats scolaires parfois en-dessous
de ses espérances… autant de raisons qui exigent
de puiser à l’intérieur de soi les ressources qui
permettent de tenir jour après jour. D’autant
que les échappatoires sont peu nombreuses. Oh,
on peut bien s’évader le temps d’un chat sur
Internet ou d’un texto, mais la réalité est là, qui
s’impose.
A mesure qu’on découvre les autres, on se
découvre soi-même, avec ses talents et ses
faiblesses, ses réussites et ses échecs. On a
tellement vite fait de repérer ses défauts et
d’oublier ses qualités qu’une approche positive
mêlée d’un brin d’empathie suffit parfois à
remettre en selle un jeune déprimé. Aider les
jeunes à poser sur le monde qui les entoure et
sur eux-mêmes un regard bienveillant est une
des urgences de l’éducation dans un monde qui
se complaît dans la sinistrose.
Garder ce cap de l’espérance n’est pas toujours
évident au regard de certaines trajectoires
individuelles : blessures personnelles, contextes
familiaux difficiles, aspérités du tempérament…
multiples peuvent être les raisons du mal-être
adolescent. L’internat est aussi une caisse de
résonance de ces difficultés. La tâche n’est
donc pas simple pour les maîtres et maîtresses
d’internat qui les accompagnent et se trouvent
devant des situations relevant parfois davantage
d’un authentique travail psychologique que
d’une approche éducative. Partageant souvent
de près les peines et les joies de ces derniers, il est
essentiel qu’ils puissent trouver à leur disposition
un minimum d’outils qui les aident à gérer ces
situations au quotidien et à garder une distance
salutaire. Même si en définitive, quelle que soit
cette distance, tout éducateur sait qu’il n’y a pas
d’authentique éducation sans engagement, ni
d’engagement sans aventure intérieure.
45
Actualités
Sortie au château
de Vizille
Aurélie Ballandras,
élève de 4ème C
Vendredi 2 mars 2007, vers 8 h 30, les élèves
de 4ème C sont partis des Chartreux pour aller
au château de Vizille, en Isère. Après environ
1 h 30 de route en car, nous sommes enfin
arrivés.
Durant cette journée, nous avons eu l’occasion
de faire plusieurs activités. Le matin, une
visite du musée, commentée par Madame
Harat. Nous avons pu pique-niquer dans
le parc du château le midi. L’après-midi,
notre classe s’est divisée en deux groupes :
un atelier gravure (où nous avons pu graver
un dessin révolutionnaire) et nous avons de
nouveau visité le musée en remplissant un
questionnaire.
Le château de Vizille est aussi le musée de
la Révolution Française. Ce monument est
classé historique. Il fut aménagé au XVIIe
siècle par le duc de Lesdiguières (dernier
connétable de France). Acquis par Claude
Perrier, le château a accueilli le 21 juillet 1788
l’assemblée des Trois Ordres du Dauphiné qui
réclama la convocation des Etats Généraux du
royaume, donnant ainsi naissance au processus
révolutionnaire.
En 1984, le musée de la Révolution française
ouvre ses portes au château de Vizille.
Ce musée regroupe des salles entièrement
réaménagées, les collections regroupent un
fonds important d’œuvres d’art (peintures,
sculptures, estampes), d’art décoratif
(céramiques anglaises et françaises ; tapisseries,
tissus, mobilier) et d’objets historiques (sabre
de Kellerman, épée de Sièyès).
Le musée est constitué de 13 salles.
La salle des faïences avec des céramiques
anglaises et hollandaises, des statuettes...
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On remarque que sur les faïences,
ils exprimaient l’idée de la liberté. La salle
de l’été 1789 avec l’évocation de la prise de
la Bastille et de la garde nationale (avec une
maquette, des médailles, des sabres des tableaux,
deux bustes représentant Mirabeau (porteparole des Etats Généraux) et Bailly (1er maire
de Paris et guillotiné en 1791). On remarque
que les peintres relèvent les informations avec
leurs peintures. La salle de la République où
sont exposés de tableaux de grand format.
Il y a des tableaux allégoriques et de tableaux
de représentation d’événements historiques).
La salle d’art : tableaux, sculptures et arts
décoratifs de l’époque révolutionnaire, dont le
buste de Robespierre.
La bibliothèque : médailler, cabinet de cire
représentant les trois pères de la Révolution
(Franklin, Voltaire et Rousseau) aux Champs
Elysées.
La salle Perier : évocation des familles Perier,
Casimir-Perier…
Et d’autres encore...
A plusieurs reprises, au cours de la visite, on
remarquera que Marie-Antoinette, Marat…
sont souvent représentés…
Cette sortie nous a beaucoup plu. Elle nous a
aidé à mieux comprendre la Révolution.
Pèlerinage à Ars 2007
Lisa Bardou, Julie Bazard et Hélène
Hector, élèves de 3ème F
En ce vendredi 2 mars, nous avons commencé
notre journée, après une courte prière à la
chapelle, par la projection d’un extrait du film
de Mel Gibson : La passion du Christ. En effet,
le thème de ces deux jours était le mal et la
souffrance. Cette première approche nous a
profondément marqués notamment en raison
de la dureté des images.
Nous avons ensuite pris le car. Quelques
kilomètres avant Ars, nous sommes descendus
des cars et les huit différents groupes se sont
séparés. Chacun a emprunté un chemin
différent et a réfléchi indépendamment
des autres sur les questions du mal et de la
souffrance : pourquoi le mal ? Quelle est
la différence entre le mal et la souffrance ?
Quelle est la place de Dieu au sujet du mal ?
Après trois heures de marche, nous sommes
arrivés au lieu de rendez-vous prévu
pour le pique-nique à Reyrieux où nous
avons été chaleureusement accueillis par
M. de Monterno. Ensuite, nous avons
poursuivi notre marche pour arriver à la petite
église de Toussieux. Notre prière achevée,
nous avons entamé une marche silencieuse,
instant de réflexion pour chacun. Peu avant
notre arrivée à Ars, nous nous sommes arrêtés
devant la statue qui représente la venue à Ars
de Jean Marie Vianney : « Tu m’as montré le
chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du
ciel. »
Pendant que les filles s’installaient à la
Providence, les garçons se confessaient
et visitaient la maison du curé d’Ars, et
inversement. Puis, nous avons assisté à une
intervention sur le mal, Satan… de M. Hautier,
professeur de philosophie. Après le dîner, les
Travailleuses missionnaires de l’Immaculée
nous ont présenté leur action et ont chanté
avec nous (Ave Maria, Bâtir sa maison sur le
roc). Pendant la veillée, le frère Jean Bosco
de la Communauté de Saint Jean, nous a
présentés des diaporamas sur son séjour d’un
an à Calcutta.
Le lendemain, nous avons visionné une cassette
sur la vie du Saint curé d’Ars qui a réussi, par
sa foi et son humilité, à convertir sa paroisse.
Nous avons célébré la messe dans la basilique
d’Ars. Ensuite, nous sommes retournés à Lyon
vers midi.
Ce pèlerinage destiné à nous préparer à la
confirmation nous a permis de nous remettre
sur le chemin de Dieu en ce temps de Carême.
Nous aimerions remercier les frères Jean Bosco
et Léopold, ainsi que tous les professeurs
qui nous ont accompagnés durant ces deux
séjours.
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Actualités
Des élèves de 6ème- 5ème
inspirés…
Rêveries
Tristan du Puy,
élève de 5ème B
Rédaction rédigée après le moment musical
proposé aux élèves de 6ème - 5ème, qui s’est déroulé
à la chapelle des Chartreux.
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En arrivant dans la chapelle, je remarquais
que l’orgue situé au-dessus de la porte d’entrée
brillait de mille feux. Les statues des anges
telles des gardiens étaient sculptées sur les
piliers du balcon. Les décors des vitraux ne
laissaient passer que peu de lumière en cette
fin de matinée. On nous demanda de nous
installer sur les stalles dont les accoudoirs ornés
de griffons et d’aigles paraissaient vivants.
Les musiciennes entrèrent.
Le fracas assourdissant des applaudissements
les accueillit. Elles étaient quatre : deux
violons, un alto et un violoncelle. La musique
commença, m’entraînant dans une rêverie
où je courrais sur des notes montantes ou
descendantes, sautant au-dessus des silences.
J’aperçus alors au loin un homme au manteau
noir qui courait lui aussi. La musique s’accéléra,
les notes défilèrent de plus en plus vite et plus
fort, multipliant les croches, les staccatos et
autres signes. Je commençais alors à peiner,
tandis que l’homme gardait le même rythme.
Et là, je la vis, une énorme note qui s’étalait,
je bondis espérant l’attraper, mais le tonnerre
d’applaudissements me fit trébucher et revenir
à la réalité.
La musique reprit, je restais les pieds sur terre
pendant les morceaux qui suivirent. Je pris
mon temps pour regarder les têtes d’hybrides
sur les accoudoirs. Les musiciennes se mirent
à parler de la musique, de la liberté que petit
à petit, les compositeurs avaient ajoutée à
leurs morceaux (c’est-à-dire de jouer avec la
partie en bois de l’archet, en pinçant les cordes
ou encore en retournant celui-ci). Elles nous
montrèrent aussi les multiples possibilités de
sons sur les instruments.
Elles commencèrent un morceau de
Chostakovitch qui avait révolutionné la
musique. A ce moment, je vis un vieux bouton
en forme de rose, en bois, avec un cœur
en ivoire. Me coulant au bas de mon siège,
j’appuyais dessus.
Le panneau faisant face à la Vierge s’entrouvrit
et m’aspira. Personne ne le remarqua, car
l’assistance était trop occupée à écouter cette
pièce. Je me retrouvais dans un escalier en
spirale qui donnait l’impression de monter
jusqu’au paradis ! L’homme en noir, que j’avais
déjà vu, était toujours devant moi. Comme lui,
le souffle de la musique me poussait vers le
haut. Des pincements de cordes retentirent, et
l’escalier entier en trembla.
Des pépiements d’oiseaux parvinrent à mes
oreilles, tantôt longs ou cours, tantôt stridents
ou graves. C’était horrible ! J’entrevis une
tâche blanche et lumineuse qui grossissait en
haut. Je débouchais alors dans une volière où
des notes pourvues d’ailes cognaient les parois
pour sortir. L’homme en noir s’était arrêté au
centre de la volière sur une sorte de podium.
Il ouvrit les bras, rejeta son manteau et…
stupeur, un magnifique faucon crécerelle jaillit
et se précipita sur les portes qui s’ouvrirent.
Les notes s’échappèrent dans un bruissement
d’ailes étouffé. La musique s’arrêta, c’était
fini.
La guerre
Shaan Thiaucourt,
élève de 6ème B
Une des poésies réalisées par les élèves de Béatrice
Martini-Musa, professeur de lettres en 6ème
La peur se lit sur les visages
Des braves soldats de tous les ages
Entraînés par l’hypocrisie
Des grands chefs d’états en conflit
Une tristesse m’assombrit
Devant les villes meurtries
Mon corps se remplit de rage
Devant ce sombre paysage
Je pars au combat
En pensant tout bas
Si c’est pour mourir
Je ne veux pas partir
Dans le cadre de leur cours de français, vous
trouverez ci-après les textes rédigés par deux
élèves de 6ème - 5ème
Le mystère de l’enveloppe jaune
Baptiste Bénet
élève de 5ème B
Le jour où l’enveloppe jaune arriva, il était
encore difficile d’imaginer à quel point le
détective Plancher allait tout mettre en œuvre
pour démasquer le complot…
Je vivais tranquillement avec mes parents
lorsqu’un jour, je trouvai dans ma boîte aux
lettres une épaisse enveloppe de couleur jaune.
C’était pourtant un jour comme les autres :
maman tricotait tandis que papa était à son
travail et devait d’ailleurs bientôt rentrer.
Mais mourir pour mourir
Je préfère m’enfuir
Ça ne vaut pas la peine
De vivre dans la haine
Et puis demain
Avec nos mains
Encore plus beaux
Seront nos matins
Ce que je lus dans cette enveloppe me plongea
dans un tel désarroi que j’aurais voulu mourir :
mais le pire était à venir, car il fallait que j’en
parle à maman.
Prenant mon courage à deux mains, j’affrontai
ma peur et traversai la cuisine pour rejoindre
le salon. Ma mère était là, dans son fauteuil
devant le feu, tricotant patiemment. Je lui
tendis la lettre qu’elle lut avec lenteur, puis
elle me regarda : je vis dans ses yeux une
tristesse que je ne connaissais pas. J’y vis
aussi une peur grandissante à chaque seconde.
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Actualités
Pour la première fois de ma vie, j’eus
l’impression de la voir pleurer. Je me jetai alors
dans ses bras et fondis en larmes.
Nous restâmes ainsi un long moment. Papa
n’était toujours pas rentré, mais maintenant
j’en étais sûr. La lettre avait raison, papa ne
reviendrait jamais. Il se trouvait déjà dans le
ciel où il reposerait en paix à tout jamais.
Le lendemain, j’allais un peu mieux. Maman
m’avait acheté un jeu vidéo pour me faire
oublier mes malheurs. Même distrait par ce
loisir, je devais me résoudre à l’évidence, nous
ne connaissions pas la cause du décès et la
mort de papa était assez étrange. Maman et
moi décidâmes d’engager un détective privé
pour enquêter et répondre à nos multiples
questions.
Il vint le lendemain, vêtu bizarrement d’un
chapeau-melon et d’une cape marron-gris.
Son visage était à moitié caché dans l’ombre.
On pouvait apercevoir un nez fin en trompette
mettant en valeur ses joues granuleuses et
pliées de minces fossettes quand il souriait.
On distinguait un peu de sa bouche charnue
et large. Plus bas, son épais menton donnait
l’impression d’avoir été élargi à l’aide de
pinces. Son torse couvert d’un gros manteau
laissait deviner une forte musculature qui
se distinguait quand on voyait ses bras. Ses
jambes, cachées par un épais pantalon étaient
tels deux gros bouts de bois. On aurait dit un
Sherlock Holmes des temps modernes, en plus
musclé.
Il adressa un vague bonjour, puis me demanda
des renseignements sur papa. Je lui répondis
qu’il était rarement à la maison, qu’il était très
discret sur son travail et que je ne le connaissais
pas si ce n’est qu’il voyageait souvent. A vrai
dire, je ne connaissais pas grand chose de la
vie de papa. Ensuite, le prénommé détective
Plancher me demanda s’il pouvait examiner la
lettre. Je courus à travers toute la maison pour
aller la chercher et revint aussi vite que possible.
Notre Monsieur Plancher la prit d’une main
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experte et arriva à une conclusion : l’écriture
changeait par endroits laissant penser que la
lettre avait été écrite par plusieurs personnes.
Par ailleurs, aucune signature ne figurait au
bas de la page.
Un cliquetis de clés se fit entendre dans le hall.
Maman rentrait des courses. Devinant que le
détective Plancher allait l’interroger, elle posa
tous ses sacs et m’ordonna d’aller rejoindre
ma chambre. Curieux comme je l’étais, je me
cachai discrètement derrière une porte.
- Madame Bénet, dites-moi ce que vous
savez sur le travail de votre mari ?
- Pas grand chose, juste que le nom de
son entreprise est SCORPIA. Mon mari
travaillait dans la biologie sur les plantes
pharmaceutiques.
- N’avez-vous pas une adresse ou un
numéro de téléphone, afin que je puisse
commencer mes recherches ?
- Certainement ! Sa société se trouve au
17 avenue Washington Monument, au
3ème étage, 14ème bureau sur votre gauche.
Vous trouverez sa plaque sur la porte.
J’allais oublier : voici le numéro de
téléphone portable auquel il est possible
de le joindre.
Une heure plus tard, le détective et moi (j’avais
insisté pour l’accompagner), étions chez
SCORPIA.
Scorpia était abritée par une grande tour de
verre et d’acier, à la fois majestueuse avec ses
17 étages et inquiétante par son regard hautain
sur les rues avoisinantes.
Dans le bureau de mon père, nous entreprîmes
des recherches sur tout ce qui pouvait avoir
un lien avec sa mort présumée. Cherchant
près du mur un quelconque album photos
ou un document pouvant nous informer.
Je trouvai un livre qui comportait un gros
bouton rouge. M. Plancher s’en saisit et
appuya dessus intrigué. Comme par magie,
le mur se déroba, laissant apparaître un
escalier plongeant dans les abysses. Nous
descendîmes les marches et restâmes figés
de stupeur devant un énorme entrepôt et
cette inscription en lettres d’or sur le mur
« SCORPIA ». En plus petit était inscrit, sous
chaque initiale, les mots suivants : « Sabotages
– CORuPtion – Intelligence – Assassinat ».
SCORPIA n’était pas un centre pharmaceutique comme nous le croyons, mais une
grande organisation du crime ou une mafia.
Nous décidâmes d’y jeter un rapide coup
d’œil, car nous n’étions pas très rassurés.
Plusieurs conteneurs remplissaient la pièce.
L’un n’étant pas scellé, nous découvrîmes des
armes et leurs pays destinataire : la Chine.
Par ailleurs, le détective Plancher tenait
un chapeau abandonné dans un angle de
l’entrepôt.
Je reconnus immédiatement celui de papa.
Papa travaillait-il pour SCORPIA ? Etait-il
un otage ou pire un assassin ? Depuis quand
nous cachait-il la vérité ?
Toutes ces questions restaient sans réponse.
Nous étions bien décidés à trouver la vérité.
Inquiets, nous remontâmes dans le bureau
de mon père. Dans ma hâte à vouloir quitter
ce lieu, je trébuchai sur la dernière marche
de l’escalier et, voulant me retenir, j’attrapai
un tableau au vol ; celui-ci se décrocha par
malheur et je m’écroulai avec fracas sur le
sol. Lorsque le nuage de poussière se dissipa,
je pus apercevoir la porte d’un énorme coffre
que le tableau cachait.
M. Plancher se précipita sur moi et se retourna,
médusé, lorsque je lui montrai ma trouvaille.
Grâce au prodigieux talent du détective, nous
réussîmes, non sans effort, à ouvrir la porte du
coffre-fort.
Il contenait un peu d’argent et un téléphone.
Cela nous intrigua. Qui, en effet, voudrait
mettre un téléphone dans un coffre ? Nous
remarquâmes alors une expression gravée
au dos : SSF. Appelant le seul numéro du
portable, la voix nous demanda qui nous
étions et nous proposa de nous rendre rue des
Secrets disparus, à l’autre bout de la ville. Là,
nous apprîmes que mon père faisait partie des
Services secrets français. On nous expliqua
que SCORPIA était espionnée par mon père,
car elle était soupçonnée de nombreux crimes.
Mais, voulant arrêter, mon père avait fait
croire qu’on lui avait tiré dessus, et qu’il était
mort. Plus tard, il devait revenir en France,
après un séjour à Tahiti, nous faisant croire à
maman et à moi qu’il était parti pour affaire.
Mais, SCORPIA l’avait découvert et l’avait
fait assassiner dans un attentat à la bombe,
durant un voyage au Brésil.
Les SSF me proposèrent, en mémoire de
mon père, de les rejoindre après la fin de mes
études.
Un mois plus tard, repensant à papa, assis sur
une colline, je me demandais ce qu’il avait
dû faire comme entraînement et toutes les
opérations qu’il avait menées. Il fallait bien que
je réfléchisse si je voulais mois aussi faire partie
du SSF. Mais je savais déjà que cette vie serait
difficile et je devrais risquer ma vie, mentir
sur mon travail, voyager en permanence et,
peut-être même, me faire tuer.
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Myriam Bidard
élève de ème B
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Actualités
A l’école
Atelier « Petit art »
Magistrello Catherine,
enseignante en CM1 / CM2,
et ses élèves
Cet atelier a été mis en place pour permettre
aux élèves de connaître et comprendre les
reproductions d’arbres et de paysage.
Dans un premier temps, nous avons eu une
approche de l’histoire de l’art à partir de tableaux
permettant d’expliciter :
• Les différents types d’arts : art histoire,
art miroir, art émotion, art décoratif, art
créatif…
• Les notions de perspectives : hiérarchique,
atmosphérique, linéaire…
• La fabrication de la couleur, l’évolution
de son conditionnement et son impact sur
l’importance de la lumière dans les tableaux,
• Les différentes techniques : gouache, aquarelle,
pastelle, encre… ainsi que les différents
supports.
Un travail spécifique sur les séries d’arbres
de Mondrian a été réalisé et, pour clore cette
partie, les élèves ont photographié des paysages,
des arbres dans le parc de l’Institution des
Chartreux.
Dans un second temps, les élèves ont pu faire une
ré-interprétation des photographies qu’ils avaient
prises en utilisant des techniques variables. Les
productions ont abouti à deux œuvres très
semblables à la photographie du départ ou
complètement décalées, mais l’ensemble était
très réussi et a permis aux élèves d’appréhender
autrement des paysages connus.
Autour du cacao
Poèmes écrits par des élèves de CM1 A, dans le
cadre du projet pédagogique sur le cacao et dans
la perspective du Printemps des poètes 2007
Le cacaoyer
Pierre Mauduy
Le cacao, c’est du boulot !
Il faut aller à Mexico
Pour trouver du cacao.
Il faut grimper tout en haut du cacaoyer
Pour le récolter.
Puis il faut le faire sécher
Pour pouvoir le trier.
Et enfin, l’envoyer
Chez le chocolatier
Qui va le préparer
Afin que l’on puisse se régaler !
Les pays producteurs de chocolat
Titouan Charlot-Wauquier,
Le Ghana
Et le Nigéria
Produisent du chocolat,
Mais la Malaisie
Et l’Indonésie aussi.
Une fois cultivé
Et fabriqué
Il fut le déguster
Il y a les producteurs
Les consommateurs
Et parmi eux, beaucoup d’amateurs.
Un voyage
au pays des jouets d’autrefois
Solidarité - Défense
Annie-Jeanne Buathier, enseignante en CP B
Christine Cano, enseignante en CP A
Pour Noël, nous avons échangé avec les
soldats qui “maintiennent la Paix” dans
différentes parties du Monde. Voici quelques
réponses adressées à chaque enfant, empreintes
d’affection, d’émotion et de reconnaissance.
Suite à une erreur de la Poste, un vieil homme
retrouve son ancienne malle de jouets aux
Chartreux !
Florence Camus,
Directrice de l’école
A la stupeur des élèves de CP, il en sort : un
bilboquet, un cheval de vois, des quilles et
un train à vapeur dont on découvre le bruit
particulier.
Le dialogue s’installe entre générations sur les
jouets d’autrefois ; chacun réalise qu’il n’y a pas
tant de différences !
Roxane d’Espalungue
d’Arros,
Elève de CM2 B
Amitié, douceur,
Amitié chasse nos peurs.
Amitié chérie,
Aide-nous dans la vie.
Un jour c’est sûr,
Nous aurons besoin de toi.
Alors que je sois sûre
Que tu règneras en moi.
De nos esprits obscurs,
Amitié de vie,
Mets-y un bleu azur
Pour nous et nos amis.
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Actualités
Chartreux - Sainte
Famille
A la rencontre d’Harpagon
Carole Ciraudon,
professeur de français
Etudier Molière ? Oui, bien sûr, mais le jouer,
c’est encore mieux !
C’est donc le défi qu’ont dû relever les élèves
de 3ème A et B du collège. Après le visionnage
de différentes interprétations de L’Avare, dont
bien sûr celle de Louis de Funès, mais aussi
d’autres approches plus « originales » voire
« fantasques », ils ont comparé les choix de
mise en scène et donné leur avis.
Ils en ont discuté afin de choisir celle qui leur
paraissait la plus juste.
A eux ensuite de présenter à leurs camarades
leur propre interprétation et leur choix de
mise en scène ! La consigne
était de transposer à notre
époque le conflit entre
le vieil avare et son fils
si coquet. Une dizaine
d’Harpagon se sont donc
succédés,
provoquant
l’enthousiasme de leurs
camarades, chaque groupe
ayant soigneusement gardé secrets costumes et
accessoires. Les autres personnages n’étaient pas
en reste. Comment oublier la métamorphose
d’une charmante jeune fille en un gros Maître
Jacques balourd et maladroit ? Quant aux
différents La Flèche, ils ont provoqué bien
des rires avec leurs multiples poches « propres à
devenir les receleurs des choses qu’on dérobe ».
Une partie des élèves s’était également rendue
au théâtre pour assister à une interprétation
inoubliable de L’Avare, joué par Michel
Bouquet. Ils s’en sont souvenu lors de leur
représentation, notamment pour la scène où
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Harpagon se meurt sur scène en découvrant
le vol de sa cassette, scène qui les a marqués
par sa lenteur calculée et la dimension si
humaine et « émouvante »que prend alors
le personnage.
Un soir
au théâtre…
Bénédicte Brun,
élève de 3ème B
Dans le cadre des cours de français portant
sur le théâtre du XVIIème siècle, et
particulièrement sur l’œuvre de Molière, nos
professeurs ont emmené des élèves de 4ème
et de 3ème à assister à une représentation de
L’Avare, donnée à l’Esplanade, le 24 novembre
2006. Le comédien Michel Bouquet interprétait
Harpagon.
Les avis ont été unanimes : la pièce,
superbement interprétée par une troupe
débordante d’énergie, en a fait rire plus d’un.
Même nous, élèves de 3ème, et connaissant par
cœur tirades et répliques, n’avons pu réprimer
nos éclats de rire ! Le décor était surprenant :
jeux de lumière et jeux de son se succédaient à
une vitesse époustouflante. Mais ce qu’y nous
a, je pense, le plus agréablement étonné, fut
le choix des costumes : grande tresse dans le
dos et cape façon « Seigneur des Anneaux »
pour le personnage de Cléante, jupons et
bonnet de bergère pour Marianne… C’était
très différent de ce que nous avions vu en
classe jusqu’alors !
Malheureusement, toute bonne chose a une
fin ! Après les salutations des acteurs, rappelés
par une salle enthousiaste, chacun est rentré
chez soi, avec d’excellents souvenirs et le
sentiment d’avoir partagé avec les camarades
et les professeurs, un moment où la convivialité
régnait ! « Et moi, voir ma chère cassette. »
Nos collégiens s’invitent
à la radio !
Anne Mailal,
Frédérique Chauchat
et Carole Giraudon,
Professeurs de
français
Au cours d’un projet pluridisciplinaire, alliant
documentation, éducation civique et français,
nous avons mis en place une séquence sur la
découverte des Médias en classe de 4ème.
Pendant cinq semaines, les élèves ont travaillé
au CDI sur l’information. A l’issue de leurs
recherches, ils ont réalisé la « Une » d’un
journal. L’ensemble de ces « Unes » a ensuite
fait l’objet d’une exposition au CDI. Puis,
l’équipe enseignante s’est constituée en jury et a
sélectionné les meilleures.
En récompense, les gagnants ont enregistré
une émission de radio : Le Journal des bonnes
nouvelles (prévues pour 2017 !).
Nous remercions très chaleureusement
M. Christophe Sémez, écrivain travaillant
entre autres pour Loire FM (100.9), pour sa
disponibilité et sa gentillesse. Son travail nous
a permis de partager un moment passionnant
avec nos élèves.
Valentin Lachand,
élève de 4ème B
Faire une émission de radio est vraiment une
expérience très enrichissante. Le fait d’écrire
nous-mêmes nos articles nous a permis
d’améliorer notre créativité. Lorsque nous avons
enregistré, nous sommes arrivés très stressés,
mais la gentillesse de M.Sémez, qui a réalisé la
maquette, nous a vite mis à l’aise.
Cette expérience nous a appris à nous exprimer
de façon simple.
Je trouve que la radio est un moyen facile de faire
passer nos idées et notre joie de vivre. Je pense
aussi que si les gens écoutaient plus la radio, ils
seraient encore plus ouverts au monde.
Mohamed Benramdane,
élève de 4ème B
Après avoir travaillé sur la une d’un journal,
j’ai eu la chance de pouvoir enregistrer pour la
radio Loire FM avec Christophe Semez.
Cette expérience m’a énormément plu. J’ai adoré
pouvoir lire un de mes textes, plutôt original.
Parler dans un micro était très amusant, cela
m’a fait plaisir. J’ai aussi été surpris de voir qu’il
ne fallait pas beaucoup de matériels pour un
enregistrement radio. C’était très intéressant.
Monsieur Sémez nous a tout de suite mis à
l’aise. Il nous a dit que nous pouvions prendre
notre temps, et que si l’on se trompait, ce n’était
pas grave, car nous pouvions recommencer.
Je remercie Monsieur Sémez et les enseignantes,
qui nous ont accompagnés. J’ai vraiment adoré
cette expérience.
Hortense Cheynel,
élève de 4ème A
Lundi 11 mars 2007, nous avons eu la chance
de pouvoir enregistrer une émission de radio.
Nous avions préparé nos textes sur le thème des
bonnes nouvelles, en imaginant que nous étions
en 2017.
Chacun avait rédigé un article différent : la
découverte de l’Atlantide, la voiture écologique,
la découverte d’un vaccin contre toutes les
maladies,unmoyenpourarrêterleréchauffement
climatique et, enfin, la découverte d’un nouveau
pays !
Pendant plus d’une heure, nous avons enregistré
l’émission, alors que, quand elle sera diffusée,
elle durera environ dix minutes !
Nous avons aussi découvert comment se prépare
une émission de radio, ce fut une expérience très
intéressante et enrichissante.
59
Actualités
Association pour la
restauration de la chapelle
des Chartreux :
appel de dons
Le bureau de l’APCR
L’Association des professeurs des Chartreux
retraités (APCR) vous invite à aller à la rencontre
du « nouveau retraité », une catégorie en voie
de développement. Une fois échue la période
professionnelle, comment peut-on être retraité ?
Cela revient à dire : « Que faisons-nous ? Qui
sommes-nous ? »
Que fait le retraité de ses journées ? Il peut
se replier sur lui-même, voire s’isoler, si ses
relations sociales se confondaient avec les liens
du travail. Il peut au contraire multiplier les
occasions de rencontre et de partage et élargir
le cercle familial et relationnel. Les associations
ouvrent un espace d’enrichissement personnel.
Dans chacun de ces cercles, il apprend à se
resituer.
Qui est plus heureux que le retraité de
redécouvrir ses collègues ? Naguère, il les croisait
distraitement dans les couloirs des Chartreux.
Dans le creuset de l’APCR, vont joyeusement
fusionner les math. et la musique, les langues
vivantes et l’EPS, les sciences économiques
et les sciences de la terre. Pouvoir apprécier
la disponibilité d’un collègue, son ouverture
d’esprit, ses valeurs humaines et spirituelles,
voilà ce qu’offre la retraite. Le retraité apprend
à se faire de nouveaux amis.
Qui mieux que le retraité connaît l’importance
de la santé ? Volontiers, il tient pour peu
ses malaises et pour beaucoup ceux de son
entourage. Il accepte avec humour le surnom
de « TAMALOU » (de l’expression : « Tu as
mal où ? », formule de salutation pratiquée,
dit-on, après un certain âge). L’expérience
E
T
X
TE
0
de la maladie sensibilise à la souffrance des
autres. Un apprentissage qui peut conduire à la
compassion.
Qui plus efficacement que le retraité fait vivre une
association ? Il apporte son esprit d’initiative et
son expérience. Nul plus que lui n’est disponible
pour découvrir des centres d’intérêts communs
et pour organiser de chaleureuses rencontres.
Dans son association, il valorise les « trois C » qui
nous sont si précieux, c’est-à-dire le CERVEAU
par des activités culturelles, le CŒUR par la
convivialité des rencontres et le CORPS en
proposant les activités physiques et sportives
qui retardent les effets du vieillissement. Sa
participation est précieuse. Il apprend à animer
bénévolement.
Le retraité est donc tout simplement un
APPRENTI,, lancé vers une vie nouvelle. La
APPRENTI
retraite est un second « métier » qui s’apprend
sur le tas, jamais tout seul.
R
I
N
E
V
À
Résultats
Résultats aux examens 2006
DESCF
(Diplôme d’études supérieures comptables et financières) préparé en partenariat avec
l’Université Catholique de Lyon
UNITÉS DE
VALEURS
DISCIPLINES
ÉTUDIANTS
ADMIS
POURCENTAGE
D’ADMIS
1
Synthèse Droit et Comptabilité
13/25
52,0%
2
Synthèse Economie et Comptabilité
11/25
44,0%
3
Grand Oral
8/13
61,5%
4
Stage d’initiation
1
100,0%
12 étudiants sur 24 ont obtenu le DESCF, soit 50 %.
61
Calendrier 2006-2007 et Rentrée 2007
PASTORALE
• Première Communion :
Samedi 16 juin à 17h (6ème)
Dimanche 17 juin à 9h30 et 11h (école)
Retraite pour le primaire : lundi 11 juin
Retraite pour les élèves de 6ème : jeudi 14 juin
• Profession de Foi :
Samedi 12 mai à 14h30 (5ème)
Dimanche 13 mai à 9h et 11h
3ème temps fort : vendredi 11 mai, de 9h à 17h
Réunion de préparation : jeudi 3 mai à 20h
Retraite : samedi 12 mai de 8h à 12h
• Confirmation :
Samedi 9 juin à 16h à la primatiale Saint Jean
Réunion de parents : mercredi 9 mai à 20h
Rencontre avec Mgr Giraud : mercredi 23 mai, de
17h30 à 19h, salle Hyvrier
Retraite : du jeudi 7 juin au vendredi 8 juin à Viviers
PELERINAGE A FOURVIÈRE
•6ème :
Mardi 22 mai de 8h à 14h
MATINEE SPIRITUELLE
•4
ème
:
Mardi 15 mai, de 8h à 12h
MESSES DE FIN D’ANNEE
•4ème à Terminale :
Lundi 21 mai à 11h
•5ème :
Jeudi 21 juin à 8h
•6ème :
Mardi 19 juin à 8h
•Ecole :
Mercredi 27 juin à 9h30
STAGES DES ELEVES
• BTS Compta 1 et 3 :
du lundi 28 mai au vendredi 29 juin
• BTS Info 1 :
du lundi 28 mai au samedi 7 juillet
• Seconde :
62
stage d’une semaine dans la période du 11 juin au 22
juin, puis soutenance des comptes rendus de stage du
20 juin au 28 juin
• DPECF – DECF 1 :
du lundi 18 juin au vendredi 13 juillet (dans le cadre
de la réforme LMD)
RETENUES
Les samedis 26 mai, 2 juin et 16 juin
PORTES OUVERTES
• Accueil des nouveaux élèves et de leurs
parents :
Mercredi 20 juin, de 16h à 19h (visite des locaux
et installations, rencontre avec les professeurs et les
élèves)
EXAMENS DE CAMBRIDGE
• FCE (First Certificate in English) :
Mardi 12 juin (3ème)
Samedi 16 juin (2nde et 1ère)
• CAE (Certificate in Advanced English) :
Mercredi 13 juin
EXAMENS
COLLEGES
• Français :
DU
BREVET
DES
Lundi 25 juin, de 8h30 à 11h45
• Histoire-géographie :
Lundi 25 juin, de 14h à 16h
• Mathématiques :
Mardi 26 juin, de 8h30 à 10h30
EPREUVES ANTICIPEES DU
BACCALAUREAT
• Français (écrit) :
Mardi 12 juin, de 8h à 12h
• Français (oral) :
Du vendredi 22 juin au vendredi 29 juin
• Epreuves scientifiques :
Lundi 11 juin, de 14h à 18h (1ère L) et de 14h à 15h30
(1ère ES)
EXAMENS DU BACCALAUREAT
• Oraux facultatifs :
Du 23 au 28 avril (EPS)
Les 21, 22 et 23 mai
(musique, arts plastiques, théâtre)
Les 29, 30, 31 et 1ère juin
(langues vivantes facultatives)
• Ecrits :
Du lundi 11 juin au vendredi 15 juin
• Oraux (épreuves obligatoires) :
A partir du lundi 18 juin
• Délibérations du 1 tour :
er
Lundi 2 juillet
• Oraux et délibérations du 2ème tour :
Mercredi 4 et jeudi 5 juillet
EXAMENS DU BTS COMPTABILITE
• Ecrits :
Du lundi 14 mai au vendredi 18 mai
• Oraux d’anglais :
Du jeudi 3 au vendredi 4 mai et du mercredi 9 au
vendredi 11 mai
• Epreuve de synthèse :
Du mardi 22 mai au jeudi 31 mai
• Délibérations :
Lundi 25 juin
EXAMENS DU BTS INFORMATIQUE
• Ecrits :
Du lundi 14 mai au vendredi 18 mai
• Soutenance de projet :
Du mercredi 23 mai au vendredi 25 mai et du mardi
29 mai au vendredi 1er juin
• Actions professionnelles :
Du lundi 11 juin au lundi 18 juin (option développeur
d’application)
Du vendredi 15 juin au vendredi 22 juin (option
administrateur de réseaux locaux)
EXAMENS DU DPECF
Du lundi 4 au jeudi 7 juin
EXAMENS DU DECF
Du mardi 4 septembre au mercredi 12 septembre
REVISIONSDECF 2
Du lundi 25 juin au vendredi 29 juin
THEATRE
• Post-Bac :
Espèces menacés de Ray Cooney Jeudi 24 et vendredi
25 mai à 20h30
• Théâtre 4ème/3ème :
Vendredi 8 juin (Volpone de Jules Romain) et
mercredi 20 juin (Le Bourru bienfaisant de Goldoni)
• Théâtre 5ème :
Mercredi 6 juin : Les Cancans de Goldoni
• Théâtre 6ème :
Mercredi 30 mai : Petites Scènes comiques
• Petits Théâtreux 6ème/5ème :
Mardi 19 juin à 20h30, salle Hyvrier :
Les Mystères du Moyen-Age (en français, allemand et
anglais)
• Représentations de l’école :
Club italien : vendredi 22 juin à 20h, en salle Hyvrier
Théâtre : vendredi 29 juin à 20h, en salle Hyvrier
• Concerts :
Mai musical des Chartreux : mercredi 2 mai à 20h30,
salle Hyvrier (chœur pop’ des élèves et chorale des
professeurs
Concert d’orgue de Louis Robillard, dans le cadre de
l’exposition « Lyon 1800-1914 »
Mardi 22 mai à 20h45, à la chapelle des Chartreux :
5ème symphonie de Charles-Marie Widor
• Fête de l’école maternelle :
Samedi 23 juin avec célébration à 11h à la chapelle
• Courses de l’Europe :
Mercredi 23 mai, le matin
• Journées «Sport» :
Classes de 6ème : lundi 25 juin
Classes de 5ème : mardi 26 juin
Classes de 4ème : vendredi 22 juin, le matin
DEPARTS DES ELEVES
• Ecole : Mercredi 4 juillet
• 6ème : Jeudi 28 juin à 17h
• 5ème : Mercredi 27 juin à 12h
• 4ème : Vendredi 22 juin à 12h
• 3ème : Mercredi 20 juin à 12h
• 2nde – 1ère :
Mercredi 6 juin à 12h (période de stage pour les élèves
de 2nde : du 11 au 22 juin)
63
Calendrier 2006-2007 et Rentrée 2007
• Terminale : Mercredi 30 mai à 12h
• HEC 1-3 : Vendredi 22 juin à 12h
• Sciences-Po : Vendredi 15 juin à 12h
• BTS C1-C3-I1 : Vendredi 25 mai à 12h
• DPECF : Vendredi 25 mai à 12h
• DECF 1-2 : Vendredi 15 juin à 12h
• BTS 2ème année : Mardi 4 septembre à 14h
• DCG 1 – DCG 2 : Lundi 10 septembre à 8h
• DCG 3 : Lundi 17 septembre à 8h30
VACANCES SCOLAIRES 2006-2007
• Pont du 1er mai : du lundi 30 avril au mardi
1er mai (jour férié)
• 6ème – 5ème :Lundi 3 septembre, de 17h à 19h
Récupération des cours du lundi 30 avril : jeudi 26
octobre, toute la journée
• Pont du 8 mai : du lundi 7 mai au mardi
8 mai (jour férié)
Récupération des cours du lundi 7 mai :Samedi 12
mai, matin : cours du lundi matin
Mercredi 9 mai, après-midi : cours du lundi aprèsmidi
• Ascension : du jeudi 17 mai (jour férié) au
lundi 21 mai au matin
Récupération des cours du vendredi 18 mai :
Samedi 23 juin, matin : demi-journée pédagogique
Mercredi 16 mai, après-midi : cours du vendredi
après-midi
• Pentecôte : lundi 28 mai (pas de cours)
Récupération de cette journée de solidarité : mercredi 15
novembre, après-midi (demi-journée pédagogique)
RENTREE DES ELEVES 2007-2008
• Ecole :
mardi 4 septembre à 10h30 (maternelle), à 10h (CP) et
9h (autre classes)
• 6ème : Mardi 4 septembre à 10h30
• 5ème : Mercredi 5 septembre à 9h
• 4ème : Mardi 4 septembre à 9h30
• 3ème : Mercredi 5 septembre à 9h30
• 2nde - 1ère - Terminale :
Jeudi 6 septembre à 9h (2nde), 14h15 (1ère) et 14h45
(Terminale)
• HEC 1ère année - Sciences-Po :
Jeudi 6 septembre à 8h
• HEC 2ème année : Mardi 4 septembre à 13h15
• BTS 1ère année : Jeudi 6 septembre à 15h30
64
ACCUEIL INDIVIDUEL DES ELEVES
ET DE LEURS PARENTS
• Ecole : Lundi 3 septembre, de 16h30 à 18h30
REUNIONS DE PARENTS
• CP : Mercredi 12 septembre à 20h
• 6ème :Mardi 18 septembre à 18h30
• 5ème :
??????????????????????????????????????
• 4ème : Mardi 3 octobre à 18h30
• 3ème : Vendredi 7 septembre à 18h
• 2nde : Vendredi 21 septembre à 18h
• 1ère : Vendredi 29 septembre à 18h
• Terminale :Vendredi 14 septembre à 18h
VACANCES SCOLAIRES 2007-2008
• Rentrée des élèves : Mardi 4 septembre 2007
• Toussaint :
Du vendredi 26 octobre 2007
au jeudi 8 novembre 2007
• Noël :
Du vendredi 21 décembre 2007 après les cours au
lundi 7 janvier 2008 au matin
• Hiver :
Du vendredi 15 février 2008 après les cours au lundi
3 mars 2008 au matin
• Printemps :
Du vendredi 11 avril 2008 après les cours au lundi
28 avril 2008 au matin
Carnet
MARIAGES
Se sont unis ou s’uniront par le mariage :
• Céline Peyret (promo 2001) et Paul-Jacques
Tanvez, le 27 mai 2006
• Mélody-Caroline Coutard (promo 1998) et
Christian Esthor, le 9 décembre 2006
• Sophie Leydier (promo 1995) et Grégoire
Croidieu, le 23 décembre 2006
• Alexis de Lattre (promo 1998) et Cécile
Dubois, le 14 avril 2007
• Florimond Bruc et Bénédicte Poupon, fille
de Jacques Poupon, ancien professeur de
technologie, le 23 juin 2007
NAISSANCES
Nous avons la joie d’annoncer la venue au
monde de :
• Arthur, au foyer de David et Laurence
Blachère, née Benini, le 22 novembre 2006
• Vadim, au foyer de Johanne et Julien
Devolfe (promo 1994), le 23 novembre 2006
• Margaux, au foyer de Caroline et Emmanuel
Delaume, ancien professeur d’EPS, le 24
novembre 2006
• Paul, au foyer de Philippe et Bénédicte
Victouron, née Wybourn (promo 1989),
le 27 novembre 2006
• Jules, au foyer de Clémence et Claude
Fouchérand (promo 1995), le 14 décembre
2006
• Hugo, au foyer d’Andréa et Grégory
Fulchiron (promo 1997), le 4 janvier 2007
• Baptiste, au foyer de Florian et AnneFrançoise Piat, née Gondard (promo 1999),
le 10 janvier 2007
• Benoît, 2ème enfant de Jean-Philippe et
Guillemette Jarrin, née Clément (promo
1994), le 22 janvier 2007
• Clotilde, 2ème enfant de Florent et Nathalie
Masson, née Nanterme (promo 1994),
le 23 janvier 2007
• Victoria, au foyer d’Anthony et Philippine
McDonald, née Reinach Hirtzbach (promo
1994), le 23 janvier 2007
• Timothé, au foyer d’Aline Guyot, professeur
de sciences de la vie et de la terre, le 25
janvier 2007
• Albéric, au foyer de Frédéric et Catherine
Finot, née Laurent-Atthalin (promo 1993), le
9 février 2007
• Victor, au foyer de Dominique et Emilie
Defauchy, née Arsac (promo 1997),
le 9 février 2007
• Candice, 2ème enfant d’Amélie-Gersende et
Matthieu Vinceneux (promo 1995),
le 10 février 2007
• Lucie, 2ème enfant de Julien Bertrand (promo
1994) et Ariane Legaut, le 11 février 2007
• Tom, 2ème enfant de Géraldine et Eddy Colin
(promo 1994), le 17 février 2007
• Louis, petit frère d’Eugénie (8e B), JeanBaptiste (10ème B) et Hortense (Moyenne
section de maternelle) Nayrand, le 18 février
2007
• Arthur, 4ème enfant de Raphaël et Raphaëlle
Herbinet, née Arnaud (promo 1992), le 20
février 2007
• Diane, au foyer de Nicolas (ancien élève de
4ème - 3ème , 1997-1999) et Pascale Gondard,
née Roux, le 18 mars 2007
• Ombeline, 3ème enfant de Guillaume et
Marie-Cécile d’Humières, née de Murard
(promo 1996), le 17 février 2007
• Sarah, au foyer d’Arnaud Deroubaix, maître
nageur au primaire, le 3 mars 2007
DÉCÈS
Nous ont quittés :
• La mère de Jacques Lepelletier, professeur
d’informatique, le 14 décembre 2006
65
Carnet
• Le père de Danielle Ferra, professeur
d’allemand, le 8 février 2007
• Le père de Laurent (promo 1992) et Jérôme
Grivel (promo 1994), le 7 mars 2007
• La mère de Laëtitia Vanappelghem (élève de
1ère E2), le 21 mars 2007
ORDINATION
• Guillaume Wehrlé (promo 1995) sera
ordonné prêtre, s’il plaît à Dieu, le 24 juin
2007
Omission en page 30 du Chartreux
Actualités n° 35 (décembre 2006) : Mlle
Lacroix Marie-Louise a obtenu elle aussi
le Baccalauréat (série L, session 2006).
Tous les élèves de l’Institution des
Chartreux (207) ont en effet obtenu
leur diplôme l’an dernier (moyenne
académique : 87,9 %).
66
n°36 . Mai 2007
58, rue Pierre Dupont
69283 Lyon Cedex 01
Tél : 04 72 00 75 50
Fax : 04 72 07 02 10
e-mail : [email protected]
Pour plus d’informations, consultez notre site internet :
www.leschartreux.com
Les Chartreux
Les Chartreux
n°36
Actualités