Améliorer la sécurité - Tondeur Editions

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Améliorer la sécurité - Tondeur Editions
PRATIQUE
Améliorer la sécurité
Les escaliers que nous empruntons tous les jours dans nos maisons peuvent nous apparaître comme des
éléments architecturaux quelconques, banalisés par un usage quotidien. C’est oublier un peu vite que
tout escalier représente pour ses usagers un risque potentiel non négligeable.
Des chiffres précis attestent
clairement de la dangerosité de cet
élément de construction. Ainsi une
étude européenne récente
(European Home and Leisure
Accidents Surveillance System) a
mis en évidence que les accidents
dans les escaliers représentent 8 %
des accidents domestiques et 28 %
du total des accidents liés à un
élément de construction. Selon
l’American National Council on
Compensation Insurance (Etats-Unis
et Canada), les coûts associés aux
blessures dues aux chutes dans les
escaliers sont les deuxièmes en
importance après ceux associés aux
accidents causés par des véhicules
motorisés. En Belgique, les données
récoltées par l’INS (Institut National
des Statistiques) entre 1991 et 1995
laissent apparaître 864 chutes
mortelles au cours de cette période,
soit une moyenne annuelle de 173
décès consécutifs à des chutes dans
les escaliers. Comme on le voit, les
conséquences de telles chutes
peuvent être très fâcheuses et ce
sont essentiellement les usagers
“faibles” qui en sont les victimes. En
effet, les aînés de plus de 65 ans
comptent pour près de 70 % des
décès occasionnés par une chute
dans un escalier.
Diminuer les risques
Etant donné que les chutes dans les
escaliers peuvent causer des
blessures graves, voire même la
mort, les exigences normatives
relatives aux escaliers sont très
rigoureuses. Une conception
appropriée prévoyant des moyens
de garder ou de retrouver son
équilibre peut permettre de réduire
significativement les risques de
trébuchement.
Mais même une conception
exceptionnelle ne peut éliminer
totalement les risques de chute car
les facteurs strictement techniques
liés à l’état des escaliers ne sont pas
seuls en cause. Des facteurs
humains liés à l’état de santé de
l’utilisateur et à des comportements
inadéquats représentent également
Les profondes rainures pratiquées
dans les marches en bois de cet
escalier rendent celles-ci
antidérapantes et améliorent ainsi la
sécurité de l’ouvrage. La bande
noire en bordure de la marche la
rend en outre plus visible et donc
également plus sûre. Chez Lapeyre
des sources réelles de risques.
Dès lors, la meilleure façon de
diminuer les risques de chute dans
les escaliers consiste à prendre en
considération ces deux aspects
différenciés (techniques et humains)
afin de mener une politique de
prévention efficace. Pour chacun de
ces deux pôles, de nombreux
facteurs doivent être analysés.
Les facteurs techniques
Les facteurs de risque d’ordre
technique, liés à l’état de l’ouvrage,
incluent les lacunes au niveau de la
conception et de la construction de
Les barrières blanches
ajoutées à la balustrade au
niveau du palier sont spécialement
destinées à assurer la sécurité des
jeunes enfants. En effet, le faible
écartement des barreaux empêche
les petits de passer à travers.
1.
Une simple barrière équipée
d’un verrou et placée à
l’entrée d’une volée d’escalier est un
accessoire quasi indispensable
lorsqu’il y a des usagers à risque
(jeunes enfants ou personnes âgées
atteintes de démence) dans la
maison. Ce modèle est disponible
chez Lapeyre.
2.
1
2
30
l’escalier et de la main courante,
l’éclairage insuffisant et d’autres
aspects comme l’usure ou la surface
des marches.
1°. Le dimensionnement des
escaliers
Les dimensions des différents
éléments d’un escalier ne sont pas
déterminées au hasard. Elles
résultent d’études sérieuses
aboutissant à un calcul visant à
garantir à l’utilisateur un maximum
de confort et de sécurité. De ces
études sur la praticabilité des
escaliers, il ressort que les escaliers
les plus confortables présentent une
hauteur de marche de 17,5
centimètres et un giron, c’est-à-dire
une profondeur de marche de 29
centimètres. Ces valeurs “idéales”
peuvent évidemment varier quelque
peu. On considère ainsi que le giron
mesurera entre 25 et 30 centimètres
tandis que la hauteur se situera
idéalement entre 16 et 18
centimètres.
La constance de ces mesures est
essentielle en terme de sécurité, ce
qui signifie qu’une différence de
taille, si légère soit-elle, entre deux
marches représente un réel danger
pour les usagers de l’escalier.
La pente de l’escalier résulte du
rapport entre la hauteur de la
marche et de son giron. Il est
évident que le risque de chute est
plus élevé lorsque l’inclinaison est
forte. Dès lors, si les escaliers
courants présentent un angle
d’inclinaison compris entre 20 et
45°, les valeurs recommandées se
situeront idéalement entre 30 et 35°.
2° Le choix des marches
Afin de réduire les risques de glissade
dans les escaliers, il importe que la
surface des marches ou au moins le
nez de celles-ci soit antidérapant. Au
besoin, lorsque le matériau choisi
n’offre pas par nature cette sécurité,
on pourra appliquer une finition antidérapante sous la forme de rainures,
d’un revêtement en caoutchouc ou
d’une peinture anti-glisse.
Si les marches sont recouvertes
d’un revêtement de sol souple, ce
dernier doit être collé fermement
contre le nez des marches. Ces
revêtements doivent non seulement
être posés soigneusement mais
aussi entretenus car ils tendent à se
fendiller au niveau du nez, ce qui
entraîne un risque additionnel.
Lorsque les marches sont revêtues
d’un tapis spécial d’escalier, il
convient de vérifier régulièrement
l’état des éléments de fixation.
Dans le cas d’escaliers en bois,
évitez de cirer les marches.
nez d’une marche.
La problématique de l’éclairage des
escaliers étant analysée de manière
plus approfondie dans un article
spécifique, également paru dans
cette revue, nous n’insisterons pas
sur cet aspect du problème.
Contentons-nous de rappeler
quelques aspects de l’éclairage liés
au problème de la sécurité.
Il convient ainsi d’assurer le niveau
d’éclairement minimal recommandé,
qui est de 50 lux. Utiliser un
3° La conception de la rampe
Quel que soit leur style ou les
matériaux qui les composent, les
rampes, garde-corps et mains
courantes sont avant tout des
éléments de sécurité et de confort.
Ces éléments sont destinés à offrir
un appui sécurisant à l’utilisateur
qui monte ou qui descend l’escalier
mais doivent aussi réduire autant
que possible les risques de chute. Il
importe donc que l’utilisateur puisse
l’agripper rapidement, facilement et
fermement s’il commence à perdre
l’équilibre. Ces rampes doivent dès
lors, pour remplir efficacement leur
mission, répondre à un certain nombre
d’exigences très précises. Ainsi la
hauteur d’une main courante sera
d’au moins 90 centimètres sur la
volée d’escalier et au moins égale à
100 centimètres sur les paliers, soit
à peu près au niveau du coude d’un
adulte de taille moyenne.
Idéalement, une main courante doit
être de section circulaire et sa taille
doit permettre une prise ferme, soit
un diamètre de 4-5 centimètres, ce
qui correspond à une circonférence
de 12-14 centimètres.
L’utilisateur doit pouvoir laisser
glisser sa main tout le long de la
main courante sans avoir à modifier
sa prise, laquelle doit être, autant
que possible, similaire à la prise en
main d’une raquette de tennis. Les
fixations des mains courantes
doivent en outre être suffisamment
solides pour supporter tout le poids
d’un adulte sans endommager le
mur, le poteau ou la main courante
elle-même.
Les normes en vigueur insistent
également sur le fait que les balustres
et les éléments parallèles à la pente
doivent empêcher les chutes d’enfants.
A cet égard, une balustrade est
considérée comme suffisamment
sûre lorsqu’aucune de ses
ouvertures ne présente un espace
supérieur à 10 centimètres, de
manière à ce que la tête d’un enfant
ne puisse pas passer au travers.
Les facteurs humains
Il serait trop simple d’attribuer tous
les risques à l’état de l’escalier et
donc de limiter la problématique de
la sécurité aux seuls facteurs
techniques. Pour prévenir les
accidents survenant dans les
escaliers, il convient également de
viser les comportements inadaptés
des utilisateurs. En effet, une
conception aussi appropriée soitelle ne peut éliminer entièrement les
Une bonne rampe, un
éclairage adapté, des
marches aux bonnes
dimensions et en bon
état sont des gages de
sécurité pour les
utilisateurs de cet
escalier.
Réalisation : Behets &
Zonen
éclairage d’angle et des couleurs
contrastées permet d’améliorer la
perception de profondeur.
L’utilisation de revêtements de
finition mats sur les marches permet
d’éviter les éblouissements ou
reflets malencontreux.
5° L’entretien des escaliers
De bonnes pratiques d’entretien
ménager sont essentielles à la
sécurité dans les escaliers. En effet,
le manque d’entretien et l’usure des
matériaux peuvent aussi devenir des
causes importantes de chute. C’est
pourquoi il est essentiel de
préserver le bon état des marches.
Assurez-vous qu’il n’y a pas de
surfaces inégales, de fissures ou de
bosses dans le revêtement ni de
clous ou des éclats de bois qui
dépassent. Tout défaut doit être
réparé au plus vite. De même tout
déversement, flaque de liquide ou
débris doivent être enlevés
immédiatement. Quant aux
appareils d’éclairage brisés ou
défectueux, ils seront réparés ou
remplacés sans délai.
4° L’éclairage des escaliers
L’amélioration de l’éclairage dans
les escaliers permet de réduire de
façon significative les risques
d’incidents causés par un jugement
erroné des distances, qui fait qu’on
peut trébucher sur une marche ou la
rater complètement, ou encore
coincer son talon sous le bord ou le
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risques de chutes tant celles-ci
résultent souvent d’un manque
d’attention ou d’un comportement
inapproprié pour ne pas dire
franchement négligent de la part
des utilisateurs. Les exemples de
comportements dangereux ne
manquent pas et si nous les citons
ici, ce n’est pas tant dans le but de
stigmatiser les usagers que de les
amener à prendre conscience de
leur dangerosité.
Ces différents facteurs humains sont
ainsi liés à l’état de santé et aux
comportements. Contentons-nous
d’évoquer les plus significatifs.
1° Vision réduite ou déficiente
Une vision déficiente est un facteur
de risque évident. Les personnes qui
en souffrent veilleront à disposer à
domicile d’une rampe bien conçue à
laquelle ils pourront se fier
entièrement. Idéalement, la main
courante possèdera des indicateurs
tactiles avertissant l’utilisateur qu’il
arrive au bout de l’escalier.
Dans le même ordre d’idée lié à la
vision, il est impératif d’enlever les
lunettes de lecture (vision de près)
pour monter ou descendre un
escalier. A l’inverse, les personnes
qui portent habituellement des
lunettes prescrites pour voir de loin
ont intérêt à les porter lorsqu’elles
utilisent l’escalier. Enfin, il convient
d’être très prudent lorsqu’on porte
des lunettes bifocales ou à foyer
progressif et de les ajuster de
manière à voir les escaliers
clairement.
marches rectangulaires.
La précipitation est souvent de mise
dans des cas particuliers,
généralement lorsqu’il s’agit de
répondre au téléphone ou d’ouvrir la
porte d’entrée. Afin d’y remédier, on
optera par exemple pour un
téléphone à chaque étage, voire un
interphone permettant de voir et de
communiquer avec un intelocuteur
et, le cas échéant, de lui ouvrir la
porte depuis l’étage.
5° Encombrement des marches
Il est particulièrement dangereux de
déposer ou d’entreposer des objets,
petits ou encombrants, sur les
marches ou sur les paliers. Pour ces
derniers, assurez-vous au moins que
ces objets ne causent pas de
distraction ou d’obstruction. Ce
problème important est facile à
éviter; c’est pourtant une mauvaise
habitude solidement ancrée dans de
nombreuses maisons.
2° Effets secondaires des
médicaments ou de l’alcool
Il est conseillé de s’informer
clairement des éventuels effets
secondaires liés aux médicaments
absorbés. La plus extrême prudence
est ainsi de rigueur lorsqu’on est
tenu de prendre des médicaments
susceptibles de causer le vertige.
L’absorption d’alcool, même en
quantité réduite, peut nuire à
l’équilibre mais aussi à la perception
de l’environnement. La
4° Manque d’attention
Une chute très courante, lors de la
descente d’un escalier, survient à
partir de l’avant-dernière marche
lorsque les personnes pensent par
erreur être déjà arrivées au bas de
l’escalier. Pour éviter ce faux pas
funeste, il faut bannir toute
distraction lorsqu’on emprunte un
escalier et s’assurer que la
perception des marches est juste,
surtout lorsqu’on arrive en bas.
Le manque d’attention est aussi
6° Transport volumineux
En dehors de toute nécessité
impérieuse comme un déménagement, auquel cas on agira avec la
plus grande prudence, il convient
d’éviter le transport d’objets
volumineux dans les escaliers,
comme de grands paniers à lessive
ou des caisses remplies et lourdes,
surtout si ce transport mobilise les
deux mains ou si ces articles
empêchent de voir les marches. Il
est plutôt conseillé d’utiliser un sac
avec les pieds mal chaussés. Le port
de pantoufles ou de chaussures mal
ajustées ou dotées de semelles
glissantes est un facteur de risque
élevé. Il en va de même pour les
personnes qui se risquent à circuler
dans les escaliers en bas ou en
chaussettes. Cette attitude est
extrêmement dangereuse.
8° Accès non protégé
Il est particulièrement important de
limiter l’accès des escaliers aux
personnes vulnérables. Il s’agit ici
d’éviter la chute des petits enfants
ou des personnes âgées atteintes
de démence. Afin d’éviter ce risque,
il est recommandé de poser des
barrières en haut et en bas des
escaliers afin d’éviter leur utilisation
spontanée par ces usagers à haut
risque.
En guise de conclusion
Moyennant le respect des règles que
nous venons d’évoquer, la plupart
Dans le cas d’un escalier à
spirale, la présence de rampes
de sécurité avec lisses ou balustres
est absolument essentielle tant au
niveau des marches que de
l’ouverture de la trémie. Ici, la main
courante est accompagnée de quatre
lisses inférieures qui assurent une
excellente sécurité au niveau de la
cage cylindrique.
Réalisation : SPIRA
1.
On peut facilement limiter, à
l’attention des jeunes enfants
notamment, l’usage de cet escalier
droit car la cage est fermée par une
paroi en verre et une porte vitrée.
Réalisation : Domino
2.
1
consommation d’alcool doit dès lors
inciter à la plus grande prudence
vis-à-vis des escaliers.
3° Précipitation ou empressement
Il est formellement déconseillé de se
précipiter surtout lors de la
descente, en particulier dans les
escaliers raides, tournants ou
exigus. Il faut en toutes
circonstances prendre son temps et
se montrer très prudent, surtout au
niveau des transitions entre les
marches rayonnantes et étroites des
escaliers à quartier tournant et les
2
responsable du fait de manquer une
marche, ce qui constitue en réalité
un des faux pas les plus fréquents
dans les escaliers. C’est aussi pour
cette raison que l’on conseille de
s’agripper en toutes circonstances
aux mains courantes. On redoublera
d’attention lorsqu’on emprunte des
escaliers dans un environnement
non familier, par exemple la maison
d’un parent, d’un ami ou d’un
inconnu. La méconnaissance du
“terrain” augmente en effet les
risques.
à linge que l’on peut transporter
d’une main, voire traîner ou lancer
au bas des escaliers. Quoi qu’il en
soit, il faut constamment garder une
main libre pour agripper la main
courante. Dans le cas des personnes
plus vulnérables (personnes âgées
notamment) le transport d’objets
est même à proscrire car l’usage des
deux mains libres est nécessaire,
surtout en descendant.
7° Pieds mal chaussés
Une autre cause fréquente de chute
est due à l’utilisation des escaliers
32
des chutes qui se produisent dans
les escaliers peuvent être évitées. La
pierre angulaire de la prévention
étant la reconnaissance des risques
posés par cet élément du bâtiment,
nous pensons qu’une planification
judicieuse et le suivi des stratégies
simples évoquées dans ces lignes
aideront tous les usagers de
l’escalier, des plus jeunes aux plus
âgés, des plus responsables aux
plus faibles, à prévenir les chutes et
éviter ainsi les nombreuses
blessures qui en résultent.

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