Les CE1 de la classe de Françoise Noblot ont écrit un conte en

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Les CE1 de la classe de Françoise Noblot ont écrit un conte en
** L’AVENTURE DE CROCO ET CARACAS**
Croco était né sur les rives du lac Victoria. Il était l’aîné d’une famille de
quatre bébés crocodiles. Il avait grandi sous l’œil attentif de sa mère qui l’avait
défendu contre la voracité des mâles.
Croco s’ennuya de voir chaque jour les hippopotames se rouler dans la boue,
les autres crocodiles se changer en longs morceaux de bois immobiles et les
éléphants s’arroser avec leur trompe.
« Comme j’aimerais partir en voyage ! » pensait-il.
Un matin, Croco décida d’aller à l’aventure sur le Nil Blanc. Autour de lui, il
vit des rives vertes et cultivées. Des paysans travaillaient dans les champs :
certains, le dos arrondi, retournaient la terre, d’autres l’irriguaient en compagnie
des ibis. Croco navigua de village en village. Il entrevit, les yeux mi-clos, des
cases de boue séchée surmontées d’un toit de paille. Des femmes préparaient du
pain, des enfants jouaient… Des paysannes, une jarre sur la tête, avançaient en
direction du fleuve. Elles la remplissaient en chantant ou en bavardant. D’autres
lavaient leur linge, la vaisselle ou surveillaient les petits qui se baignaient.
Croco aurait bien aimé en dévorer un ou deux mais il se contenta des poissons
du Nil Blanc. Plus loin, il rencontra des barques de pêcheur. Ces hommes
lançaient leurs filets dans le fleuve et revenaient au coucher du soleil avec leurs
poissons qu’ils vendaient. Le soir montait dans l’air une odeur de friture,
d’épices et de citron vert.
Croco avança longtemps…longtemps… très longtemps sur le Nil… Soudain
le reptile se trouva encerclé par des péniches qui transportaient des rondins, du
sable, des briques, des pierres, des cailloux. Certaines étaient tirées par des
remorqueurs qui polluaient l’air pur et le bleu du ciel avec leur fumée noire et
leur odeur désagréable. Puis les champs disparurent ; une forte odeur d’essence
remplaça la délicieuse odeur du pain qui cuisait dans les fours des paysannes.
Etonné, Croco regarda autour de lui et vit d’immenses immeubles serrés les uns
contre les autres, des façades grises, des vitres sales et cassées, des ponts où
circulaient des voitures, des autobus, des camions, des motos… Des piétons
traversaient entre les autos… Le bruit était si assourdissant, le spectacle si laid
que Croco plongea dans le fleuve et se cogna, à son grand étonnement, à un
autre crocodile ! C’était une femelle !
- Oh ! Pardon ! Je ne vous avais pas vue ! Vous ai-je fait mal ?
- Un peu…mais j’ai eu peur ! Cette ville est si grande et si bruyante ! Je ne
suis pas habituée…
- D’où viens-tu ? Qui es-tu ?
- Je suis née dans le lac Tana, en Ethiopie et j’ai longé les rives du Nil Bleu
jusqu’ici car je voulais découvrir le monde.
-
Moi aussi ! Je m’appelle Croco et toi ?
Et moi, Caracas !
Veux-tu venir avec moi ? Nous ferons le voyage ensemble.
Avec joie !
Croco et Caracas décidèrent de fuir cette horrible ville à toute allure. Ils
plongèrent dans le Nil en essayant d’éviter les coques des bateaux. Lorsqu’ils
remontèrent à la surface, ils retrouvèrent les villages, les champs, les oiseaux, la
vie calme, douce et paisible des rives du fleuve. Ils avançaient joyeux sous un
ciel sans nuages, respirant l’air frais et pur.
Le fleuve s’élargit…s’élargit…s’élargit…Les deux amis ne virent plus
qu’une immensité d’eau bleue sur laquelle scintillaient des milliers de
gouttelettes d’argent. Epuisés par leur longue traversée, ils décidèrent de
s’approcher du sable fin, doux et doré de la rive. Croco et Caracas s’y
allongèrent et observèrent des personnes débarquant et se dirigeant vers quatre
statues colossales au milieu desquelles se trouvait une immense porte ouverte
par laquelle elles pénétraient pour en ressortir plus tard. Ils entendirent des voix
joyeuses, des cris impressionnés…
« Comme c’est beau ! Que Ramsès II est magnifique sur son char ! Il sauve son
peuple des envahisseurs et le mène à la victoire. La reine Nefertari, sa grande
épouse royale, enlace sa jambe avec douceur… Qu’Abou Simbel est
splendide ! »
- Tu as entendu, Croco ? On ne comprend rien ! Toutes ces langues
différentes…
- Tu as vu, Caracas ? Ces peaux blanches ! Ces yeux bleus ! Ces cheveux
blonds, lisses et longs ! Ces petits hommes à la peau jaune, aux yeux
bridés et aux cheveux raides et noirs !
- Et quels vêtements ! des shorts, des tee-shirts à manches courtes, des
Sandales…
- Nous sommes arrivés dans un autre pays, je crois…
Reposés, les deux reptiles s’enfoncèrent dans les eaux du lac et poursuivirent
leur chemin.
Soudain, ils furent encerclés par une dizaine de leurs semblables mais ils étaient
beaucoup plus gros et longs ! L’un d’eux s’approcha et prit la parole :
- Bienvenue en Egypte ! Mais… attention !... Et…A ce moment là…
un immense filet tomba brusquement sur Caracas qui se débattit mais rien n’y
fit. Les autres se mirent à attaquer avec leurs dents pointues et acérées les
mailles du filet et réussirent à délivrer Caracas.
Croco et Caracas remercièrent leurs camarades et fuirent loin d’eux.
Ils avançaient…avançaient…avançaient…Ces eaux bleues leur paraissaient
infinies ! Tout à coup, un bateau à moteur surgit et des tirs de fusils de chasse
retentirent… Effrayés, ils s’enfoncèrent dans le lac et s’échappèrent de là le
plus vite possible.
- Les eaux de ce lac sont très peuplées, tu ne trouves pas, Croco ?
- En effet, nous y avons rencontré des crocodiles, de gros poissons mais
aussi des hommes avec de larges filets et même des fusils !
- Pourtant ce lac nous a tellement plu avec ses eaux pures, transparentes et
d’un si beau bleu…
- Mais elles sont terrifiantes ! Fuyons !
Quelque temps après, les deux reptiles se trouvèrent face à face avec un
obstacle infranchissable…
- Qu’est-ce que c’est ? Comment allons-nous continuer notre voyage,
Caracas ?
- Nous allons longer ce mur…peut-être trouverons-nous un passage…
- Essayons !
- Tu entends ce bruit, Croco ? On dirait un torrent qui coule à toute allure !
- Mais j’entends un autre bruit…comme celui d’un moteur…je suis
terrifié !
Ils attendirent…attendirent…attendirent…Tout à coup, ils furent emportés par
un violent courant et dévalèrent une rude et longue pente qui les projeta dans le
Nil. Assommés, étourdis et effrayés, ils s’immobilisèrent, le cœur battant
extrêmement fort et le corps secoué de tremblements.
- Quelle horrible chute ! Quelle peur monstrueuse ai-je eue, Croco !
- Moi aussi ! Je ne m’attendais pas à cela !
- Ouf ! Nous sommes sains et saufs !
Ils nagèrent… puis les deux reptiles aperçurent une longue langue de terre
couverte de végétation et de palmiers. Un vent doux, frais et léger gonflait les
larges voiles des felouques. Les eaux étaient calmes et ils se détendirent.
Croco et Caracas décidèrent de suivre un bateau de croisière car ils étaient en
pays inconnu. Soudain, ils s’arrêtèrent, étonnés… Ils venaient de voir des
crocodiles sur des murs !
Vers le soir, le temple étant désert mais illuminé ils se faufilèrent dans les
salles…
- Regarde Croco ! Un homme avec une tête comme la nôtre !
- Bonsoir !
Mais personne ne répondit au salut de Croco et ils eurent peur. Tout à coup, ils
entendirent des pas…et un garde surgit ! Croco et Caracas se collèrent au mur,
de profil, raides comme des statues ! L’homme passa sans les apercevoir. Les
deux reptiles le suivirent des yeux… Après avoir salué le dieu Sobek, ils dirent :
- Tu as vu, Caracas, le gardien ne nous a pas remarqués !
- Quel soulagement ! Maintenant fuyons avant qu’il ne revienne !
Et ils disparurent dans les eaux du fleuve.
Ils trouvèrent un bateau de croisière et s’accrochèrent à l’ancre. La sirène du
bateau retentit et ils naviguèrent… Tôt, un matin, le bateau s’immobilisa… Ils
sortirent la tête hors de l’eau et regardèrent autour d’eux… Ils virent un autre
grand temple d’où dépassait une longue aiguille de pierre…
- Croco ! N’y allons pas ! Ne recommençons pas cette mauvaise
expérience !
- Tu as raison, Caracas ! Plongeons dans le fleuve et essayons de trouver
un autre bateau !
Ils s’accrochèrent d’abord à une felouque, puis à un remorqueur et enfin à une
péniche.
Soudain la couleur de l’eau changea. Ils virent des canettes, de la paille, du
pain, des bouteilles en plastique, des cartons, une valise…toutes sortes de
détritus…qui flottaient sur les eaux et les polluaient !
- Quelle saleté ! Quel désastre ! Quelle horreur ! Croco…
- Tu entends, Caracas ? Tous ces bruits ! Tu vois cette poussière sur les
feuilles des arbres, sur le sol, sur les terrasses des maisons ! Je respire
mal !
- Continuons notre voyage, Croco car j’étouffe !
Ils aperçurent un remorqueur qui passait près d’eux. Ils s’élancèrent vers un
canot de sauvetage et s’y accrochèrent.
Après avoir navigué des jours et des jours, ils eurent soudain un goût salé
dans la gueule…et ils se regardèrent étonnés…
- Quel goût étrange, Croco !
- Que j’ai soif, Caracas ! Où sommes-nous ? D’où vient ce sel ?
Le remorqueur se dirigea alors vers un immense cargo. Des hommes
déchargèrent à l’aide de grues les conteneurs du remorqueur pour les placer dans
le cargo. Croco aperçut un conteneur ouvert…
- Regarde, Caracas ! Si nous allions dans cette grosse boîte de fer ? Qu’en
Penses-tu ?
- Pourquoi pas ? Nous pourrions ainsi continuer notre aventure, Croco !
Les deux reptiles se faufilèrent dans la boîte. Ils se sentirent
monter…puis…descendre puis…un grand choc…puis…une sirène…Puis…
ils voguaient, sans le savoir, sur la mer Méditerranée, en direction de Marseille !
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Tous les élèves de la classe de CE1 : Yéhia, Amina, Serena, Sofian, Nader,
Marine, Jade, Adrien, Eloi, Michäel-Anas, Zyad, Ezzeldin, Jamila, Salma, Mai,
Un grand merci à Madame Aude Querré qui a enregistré notre conte à la radio
du Lycée Français du Caire et qui va le mettre en ligne.