123 SARDINES

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123 SARDINES
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123 SARDINES- Drague (GWYNETH, ANTOINE)
Gwyneth, un bout de carotte à la main, à quatre pattes inspecte tous les recoins de la pièce. Elle
sanglote. Arrive alors Antoine, tout content.
ANTOINE - Dis donc, la porte était encore ouverte. (Antoine croit être seul dans la pièce et s’arrête
net. Soudain, il remarque la jeune fille. Enfin, ses fesses… mais pas qu’elle pleure. Il se met à chanter.)
Stars spreading the news, I'm leaving today, I want to be a part of it…New York, New York…(Il se met
à tourner autour de Gwyneth pour la faire réagir émotionnellement. Puis, fier.) Alors?
GWYNETH (la tête toujours sous le meuble) - Alors quoi?
ANTOINE – Ca vous plaît la chanson ?
GWYNETH (se relevant en sanglots) – Vous n’avez pas un mouchoir ?
ANTOINE (lui tendant un mouchoir) - Tenez, Gwyneth. (Gwyneth s'essuie les yeux, mais elle continue
à pleurer.) Mais il ne faut pas vous mettre dans cet état-là, ce ne sont que quelques notes de
musique ... quelques sons qui sortent de ma bouche, une mélodie, un souffle, une émotion. Vous me
gênez, Gwyneth.
Antoine lui tend un second mouchoir. Gwyneth se mouche bruyamment et rend son mouchoir à
Antoine.
GWYNETH - Merci, vous êtes gentil.
ANTOINE - Vous pouvez le garder. Je vous l'offre.
GWYNETH - J'ai libéré Lorie ... Nathalie est furieuse contre moi: elle dit qu'elle va faire ses crottes
partout! Elle veut me virer.
ANTOINE - Qu'est-ce que vous racontez Gwyneth? Allez-y, pleurez, ça fait du bien. Libérez-vous.
GWYNETH - La valise ... c'est pour moi.
ANTOINE - Mais non. Je vous assure, ils n'ont pas le choix. Ils ne peuvent pas se passer vous.
GWYNETH - Où je vais aller? Je ne veux pas partir.
ANTOINE - Au pire, vous pourrez toujours venir chez moi !
GWYNETH - Vous avez besoin d'une fille au pair?
ANTOINE - On a toujours besoin d'une fille au pair.
GWYNETH - Je ne comprends pas ...
ANTOINE - Je vous réserve à l'avance! Etant donné vos qualités professionnelles...
GWYNETH - Vous vous foutez de moi? C'est ça! Vous êtes tous pareils ! Je vous vois venir avec vos
propositions.
ANTOINE - Mais non, Gwyneth. (Il se remet à chanter.) « Stars spreading the news ... »
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GWYNETH - Mais arrêtez, vous chantez comme une merde ! Vous insultez la mémoire de mon père!
Je vous déteste! Je déteste tout le monde d'ailleurs! Je sais bien pourquoi je suis ici! Si je n'étais pas
la belle fille de Smith .... Et puis, je ne supporte plus ces enfants ... Ces sales petits cons ... Je suis un
être humain, j'existe.
ANTOINE - Mais bien sûr, moi je sais que vous existez Gwyneth! Il faut juste vous ouvrir au monde !
GWYNETH - Voui !
ANTOINE - Vous êtes un peu comme Lorie dans sa cage !
GWYNETH - Voui !
ANTOINE - Et moi je suis là pour vous ouvrir la porte!
Gwyneth met sa tête sur l'épaule d'Antoine.
GWYNETH - Voui !
ANTOINE - Voilà! Voilà! On n'est pas bien là? Regardez! Oh ! y'a des petites larmes qui sont arrivées
jusque sur votre bouche ... (Il l'embrasse. Elle se débat.) Laissez-moi attraper vos larmes!
GWYNETH - Attrape ça, oui ! Obsédé !
Elle lui colle un coup de coude dans le ventre. Il se relève péniblement.
ANTOINE - Alors là Gwyneth, vous vous méprenez sur mes intentions.
GWYNETH - C'est ça, prends-moi pour une conne. Si t'approches, je te fous un coup de pied dans les
couilles.
ANTOINE - Ah, vous avez bien progressé en français !