La cronica cronicarum de Hartmann Schedel (1493)

Transcription

La cronica cronicarum de Hartmann Schedel (1493)
Université Charles de Prague
Centre français de recherche en sciences sociales
ATELIER EN SCIENCES HISTORIQUES DE PRAGUE
PRAŽSKÝ SEMINÁŘ HISTORICKÝCH VĚD
Séance du jeudi 17 mai 2012 à 9h10
CEFRES, Štěpánská 35, Prague 1 (5e étage)
Pierre MONNET
(Directeur d'études à l'ÉHESS)
La cronica cronicarum de Hartmann Schedel (1493) :
dernière chronique universelle du Moyen Âge ou
première histoire globale de la modernité ?
Résumé :
La conférence s'appuiera sur la Chronique des chroniques publiée en 1493 sous une forme
incunable à Nuremberg, en latin (à 1400 exemplaires) et en allemand (à 700 exemplaires), par
le médecin humaniste Hartmann Schedel (né en 1440). Avec plus de 1850 illustrations
réparties sur 286 folios (recto et verso, soit 572 pages), elle représente à côté de versions
incunables de la Bible, l'ouvrage profane le plus imagé du Moyen Âge. Au regard de l'histoire
culturelle, il s'agit donc d'une œuvre majeure par son auteur (médecin, collectionneur,
marchand, humaniste dans l'une des villes clés de la Renaissance germanique), par
l'économie de sa confection (travail commun des illustrateurs et des rédacteurs, des
imprimeurs, des libraires et des milieux humanistes), de sa production (avec une forme
d'industrialisation éditoriale), de sa traduction (latin, allemand), de son financement (entre
entreprise, crédit et mécénat), et de sa diffusion dans toute l'Europe (par catalogues et feuilles
publicitaires interposés) ; mais aussi pour le jeu qu'elle établit entre l'écrit et l'image (les plus
grands ateliers de graveurs et peintres d'Allemagne du Sud y sont engagés, à commencer par
celui d'Albrecht Dürer), et enfin pour son contenu. En effet, elle reprend d'un côté la structure
classique d'une chronique universelle médiévale déroulant l'histoire de la Création et de
l'humanité selon les 7 âges du Temps, mais par ailleurs elle présente une histoire et une
actualité sensibles aux changements contemporains de l'Occident et du monde au moment de
la découverte (encore inconnue) de l'Amérique et se fait véritable atlas des principales cités à
travers la représentation exacte et détaillée des quelques 80 grandes villes d'Europe et du
monde connu.
Composée au seuil de la modernité, cette chronique des chroniques est d'une certaine manière
la dernière parole d'une universalité chrétienne de l'Occident mais aussi la première prise de
conscience de la finitude et de la relativité de cette vision du monde.
Ancien élève de l’École Normale Supérieure et agrégé d’histoire, Pierre Monnet est
directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales et est rattaché au Groupe
d’Anthropologie Historique de l’Occident Médiéval (GAHOM, Centre de Recherches
Historiques, UMR 8558). De 2007 à 2011 il a été Vice-Président puis Président de
l’Université Franco-Allemande (Sarrebruck) et il dirige depuis le 1er septembre 2011 l’Institut
français d’histoire en Allemagne. Après avoir rédigé une thèse intitulée Pouvoirs, affaires et
parenté à Francfort-sur-le-Main aux XIVe et XVe siècles, il s’intéresse particulièrement à
l’historiographie et à la culture urbaine de l’époque médiévale.
Principales publications :
― Les Rohrbach de Francfort. Pouvoirs, affaires et parenté à l’aube de la Renaissance,
Genève, Droz, 1997 (Travaux d’Humanisme et de Renaissance, 317).
― Villes d’Allemagne au Moyen Age, Paris, Picard, 2004.
― avec Jean-Claude SCHMITT (trad., éd., prés.), La Vita de Charles IV de Bohème (13161378), Paris, Belles Lettres, 2010.
― « Des villes allemandes », dans : Michel PARISSE (dir.), L’Allemagne au XIIIe siècle ,
Paris, Picard, 1995, p. 161-208.
― « Particularismes urbains et patriotisme local dans une ville allemande de la fin du Moyen
Âge : Francfort et ses chroniques », dans : Rainer BABEL et Jean-Marie MOEGLIN (dir.),
Identité régionale et conscience nationale en France et en Allemagne du Moyen Âge à
l’époque moderne, Sigmaringen, Thorbecke, 1997, p. 389-400.
― « La ville et le nom : le Livre des Melem, une source pour l’histoire privée des élites
francfortoises à la fin du Moyen Âge », Le Journal des Savants, juin/décembre 1999, p. 491539.
― « Marchands », dans : Jacques LE GOFF, Jean-Claude SCHMITT (dir.), Dictionnaire
raisonné de l’Occident Médiéval, Paris, Fayard, 1999, p. 627-638.
― « Élites dirigeantes et distinction sociale à Francfort-sur-le-Main (XIVe-XVe siècles) »,
Francia, 27 (2000), p. 117-162.
― « La patria médiévale vue d’Allemagne, entre construction impériale et identités
régionales », Le Moyen Âge, 2001, p. 71-99.