Paris, le 15 février 2016 Appel à contribution pour le Journal des

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Paris, le 15 février 2016 Appel à contribution pour le Journal des
SOCIÉTÉ
Paris, le 15 février 2016
DES
AFRICANISTES
Musée du quai Branly
222, rue de l’Université
75007 Paris - France
Tél. : 01 56 61 71 17
Appel à contribution pour le Journal des Africanistes
Jean Rouch, l’ethnologie et le cinéma
Dossier spécial au sein du numéro double 87 (1-2), 2017
Coordonné par le Journal des Africanistes et le Comité du Film Ethnographique
A l’occasion du centenaire de la naissance de Jean Rouch, le Journal des Africanistes et le
Comité du Film Ethnographique coordonnent un numéro double de la revue, dédié à
l’héritage de son œuvre d’ethnologue et de cinéaste.
Nommé par le CNRS responsable de la « Recherche coopérative sur Programme n°11 » à sa
création, en octobre 1962, Jean Rouch a mené une carrière d’ethnologue originale très tôt
associée à la Société des africanistes et à sa revue, le Journal des Africanistes : il y publie, en
1945, son second article (« Culte des génies chez les Sonray »). Au sein de ce programme,
intitulé « Objet et méthodes d’une ethnosociologie comparée de l’Afrique noire », la
cinématographie avait sa place. Et c’est avec cette structure qu’il organise à Paris un colloque
sur la possession, qu’il préside avec Roger Bastide, en octobre 1968. L’équipe, qui comptait
dès sa création 36 chercheurs, donnera naissance en 1974 au laboratoire « Systèmes de pensée
en Afrique noire » (CNRS-EPHE)1, où Jean Rouch continuera à développer ses travaux. Le
lien très important de ce laboratoire à la Vème section (Sciences religieuses) de l’Ecole
Pratique des Hautes Etudes, Jean Rouch l’a concrétisé dès 1963, lorsqu’il fonde avec Gilbert
Rouget le Laboratoire Audio-visuel de la Vème section de l’EPHE.
Sa démarche singulière explora différentes manières de mener des recherches, de transmettre
un savoir et des expériences ethnographiques, notamment à travers le cinéma. S’il est
aujourd’hui davantage connu pour ses films que pour ses textes, ces derniers, majoritairement
produits entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1960, attestent de la variété et de
la profondeur de ses expériences de terrain. A partir d’études ethnographiques en pays
songhay et dogon, entre 1954 et 1962, Jean Rouch analysa différentes pratiques religieuses :
cultes, sacrifices, rituels de possession. Mais ses travaux concernent également le champ de
l’anthropologie urbaine (études menées sur la ville d’Abidjan), les questions migratoires,
1
Dirigé alors par Luc de Heusch et Michel Cartry, ce laboratoire est issu du Groupe de Recherche 11, « Etude
des phénomènes religieux en Afrique occidentale et équatoriale », créé à la fin de 1968 (issu de la RCP 11) et
dirigé par Germaine Dieterlen.
l’histoire des voyageurs et explorateurs du continent africain, ou encore l’ethnohistoire2. Cette
diversité thématique d’approche des sociétés témoigne pourtant, dans son ensemble, d’une
constante mise à l’épreuve du travail ethnologique : comment être ethnologue en contexte
colonial, comment explorer la modernité des sociétés africaines ? Ces interrogations,
parallèles à celles de Michel Leiris (« L’ethnologiste devant le colonialisme », 19503) et de
Georges Balandier (« La situation coloniale : approche théorique », 19514), Jean Rouch les
pose autant à travers l’écriture de textes que par la réalisation de films. L’image est bien
davantage qu’un exemple, un film bien plus qu’un carnet de terrain, c’est un mode
d’interaction (« The Camera and Man », 19745). En d’autres termes, en cinéaste, Jean Rouch
est aussi anthropologue, et il est le premier à tenter de définir le documentaire ethnographique
(« Cinéma d’exploration et ethnographie », 19526). Dans les années 1950, par le biais d’une
démarche expérimentale, il invente un cinéma documentaire explorant le rapport au réel
(cinéma vérité, ethno-fiction), puis il est rejoint dans son travail et ses réflexions par d’autres
cinéastes et anthropologues, parmi lesquels Edgar Morin (Chroniques d’un été, 1961) et les
adeptes du cinéma direct (Mario Ruspoli, Michel Brault, Richard Leacock), entre autres.
Suivront d’autres collaborations et expériences, qui interrogent toujours, à travers un regard
anthropologique et esthétique particulier, le rapport au monde entretenu par l’ethnologue et
les sociétés dont il raconte les histoires.
En entremêlant une ethnologie « classique » restituée par des publications scientifiques et des
récits cinématographiques, Jean Rouch a proposé une anthropologie nourrie par différentes
modalités de travail, lesquelles constituent autant de modalités d’interaction avec les sociétés
étudiées. Les unes et les autres se complètent, s’entrelacent et forment un tout, une manière de
faire de l’anthropologie, et l’influence de Rouch dans le domaine ethnologique comme dans le
monde du cinéma témoigne de la richesse de cette approche.
C’est précisément cette approche particulière, mêlant performances et relations entre réel,
imaginaire et fiction, dont nous souhaitons interroger l’héritage et les prolongements, au sein
des travaux ethnologiques et cinématographiques actuels. L’anthropologie contemporaine
explore actuellement de nouveaux médias de transmission (web-documentaire, bandes
dessinées, installations artistiques…), s’enrichit de travaux interdisciplinaires, mais s’éloigne
aussi d’une pratique et d’une connaissance de terrain au long cours. Dans ce contexte,
reconsidérer et questionner l’héritage de Jean Rouch permettra, nous l’espérons, de réfléchir à
la manière dont nous souhaitons aujourd’hui mener des recherches anthropologiques.
Les propositions de contribution, sous la forme d’un résumé de 1500 signes maximum
(espaces non compris), sont à adresser d’ici le 30 avril 2016 à :
[email protected] et [email protected].
Les contributions, sous forme d’articles de 60.000 signes (espaces compris), seront à envoyer
avant le 30 novembre 2016.
Les propositions, comme les articles, peuvent être rédigés en français ou en anglais.
Les consignes de mise en forme et mise en page des articles seront envoyées aux auteurs dont
les propositions ont pu être retenues.
2
Sa « Contribution à l’histoire des Songhay » publiée en 1953 (Mémoire IFAN, Dakar : 197-260), fut, par
exemple, un travail pionnier dans ce domaine.
3
In Les Temps Modernes, n°58 : 357-374. Republié dans Cinq études d’ethnologie, Paris, 1969.
4
In Cahiers internationaux de sociologie, vol. 11 : 44-79.
5
In Studies of the Anthropology of Visual Communication, 1(1): 37-44.
6
In Les Beaux Arts, Bruxelles : 1-7.

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