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L’experience douce-amere de la Croatie :
L’education des journalistes en Croatie
Stjepan Malovic
Ce texte fait partie du projet de recherches lancé au mois de septembre 2001 par l’Institut
Media Plan de Sarajevo dans le but de rassembler les données de base sur l’éducation des
journalistes et professionnels des médias dans les pays du Sud-Est de l’Europe (Slovénie,
Croatie, Bosnie-Herzégovine, RF de Yougoslavie, Macédoine, Albanie, Roumanie, Bulgarie
et Moldavie). Il existe, dans chacun de ces pays, différents niveaux et formes d’éducation
destinés aux journalistes et autres professionnels médiatiques, mais aucune analyse
systématique de ce qui se passe réellement dans ce domaine. Aussi ce rapport sur la
situation en Croatie, ainsi que les rapports touchant à d’autres pays auront pour but de
passer en revue les différentes formes et projets d’éducation des journalistes. Dans ce
contexte, le présent rapport exposera les données de base sur le niveau d’éducation des
journalistes et du personnel médiatique, les formes actuelles de formation des journalistes,
les activités et prises de position des principaux acteurs dans ce domaine, ainsi que les
diverses possibilités de promotion de l’ensemble du système d’éducation des journalistes.
1. INTRODUCTION
La Croatie s’efforce, depuis déjà des décennies, de résoudre de manière
satisfaisante le problème de l’éducation des journalistes mais n’a toujours pas atteint ce but,
malgré les larges efforts investis et les nombreuses initiatives. Les raisons sont
pratiquement identiques et liées aux tendances mondiales générales, ainsi qu’à l’éternel
dilemme : comment organiser au mieux l’éducation des journalistes, et comment procéder?
Il existe aujourd’hui en Croatie deux sortes d’études du journalisme, ainsi qu’une
dizaine d’autres possibilités de formation professionnelle permanentes ou temporaires, dont
certaines ont atteint un véritable niveau international. Pourtant, le degré d’éducation des
journalistes
reste
insuffisant,
leurs
aptitudes
professionnelles,
connaissances
et
compétences n’ont pas atteint le niveau voulu et l’on exige en permanence des éducateurs
qu’ils prennent de nouvelles mesures dans ce sens.
Le but de ce rapport est de faire le point de la situation, du niveau d’éducation des
journalistes, de présenter un aperçu de la situation dans l’enseignement supérieur et autres
formes de perfectionnement professionnel, d’évoquer l’influence et la présence des
institutions internationales dans ce domaine et les positions des journalistes eux-mêmes
face au problème de leur éducation.
2. APERCU HISTORIQUE
Dans l’ex-Yougoslavie socialiste, l’éducation des journalistes était considérée comme
un important maillon de la chaîne de préparation des « cadres », qualification typique
communiste accordée alors aux journalistes, définissant et limitant à la fois leur rôle sous le
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régime centralisé et autoritaire du communisme. Mose Pijade, l’un des principaux idéologues
du parti avait déclaré, à l’occasion du dixième anniversaire de l’Union des journalistes de
Yougoslavie, en 1955 « ...Cette profession exige non seulement du talent, des compétences
et de la rapidité, mais aussi des connaissances et un grand sens des responsabilités...
1
Il existait à Zagreb, au début des années cinquante, une Ecole supérieure de
journalisme organisée dans le cadre de la Société des journalistes croates et, à Belgrade,
une Haute Ecole de journalisme et de diplomatie. Les deux ne sont restées opérationnelles
que quelques années, jusqu’en 1952, et leur nom même révèle que leur but était de
préparer les cadres les plus sûrs du parti à de nouvelles responsabilités. L’Institut
yougoslave de journalisme a été fondé en 1962 à Belgrade et avait pour tâche d’organiser
des stages de trois mois pour les journalistes de Belgrade, des cours par correspondance
d’un an pour les journalistes de l’intérieur, et toute une série de symposiums, Tables rondes
et autres activités similaires. Les Slovènes ont vite compris à quel point l’éducation des
journalistes était importante et ont organisé dès 1963, dans le cadre de la maison d’édition
Delo, un cours de deux mois pour les correspondants de l’intérieur. La même année, une
chaire de journalisme a été inaugurée à Ljubljana auprès de la Haute Ecole des sciences
politiques. Les Croates ont également pris conscience de l’importance de l’éducation des
journalistes et la maison d’édition Vjesnik, alors l’une des plus importantes, a créé en 1964
la célèbre Ecole de journalisme dont est sortie, entre 1964 et 1970, toute une génération
d’éminents journalistes qui ont largement contribué à l’ascension de Vjesnik.
Le fondateur et animateur de l’Ecole de journalisme était un journaliste de haute
renommée, Zlatko Munko, un professeur, qui s’est ainsi vu « confier la responsabilité »
d’organiser des stages de formation pour les journalistes. Voici comment il décrit les
résultats obtenus grâce à cette école:
« Comment apprécier, en fin de compte, les résultats de tous ces efforts? Peut-être
par le fait que sur la centaine des élèves de l’Ecole de journalisme de Vjesnik reçus à la
suite des concours organisés entre 1964 et 1970, un seul et unique candidat a été renvoyé
de l’école... que plus de 60 d’entre eux ont trouvé un travail permanent à Vjesnik, Vecernje
list, Sportski novosti, ainsi que des postes de journalistes ou différents autres postes au sein
2
de l’établissement. »
1
Recueil de souvenirs Vjesnik 1940-1990, NISPRO VJESNIK, Zagreb, 1990, p. 196.
2. Op. cit. p.198
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L’Ecole de journalisme s’est transformée en un Centre pour la formation de cadres
journalistiques (CINK) et Vjesnik a activement contribué à la popularisation des études de
journalisme à la Faculté des sciences politiques de Zagreb, inaugurées au début des années
soixante-dix; les études duraient alors deux ans, mais ont été prolongées en 1986 et se
poursuivent désormais pendant quatre années.
3. NIVEAU D’EDUCATION DES JOURNALISTES
Le niveau d’éducation des journalistes croates n’est pas satisfaisant. Selon les
données de la Société des journalistes croates (HND), le 14 mars 2001, la structure des
membres du HND était la suivante.
Statut
SEC.
HE
EU
MR
DR
663
116
900
9
6
Journalistes free lance
291
31
318
4
1
Journalistes à la retraite
271
55
193
3
2
Total des membres
1225
202
1411
16
9
Membres stagiaires
224
11
108
1
-
Membres associé
47
13
68
2
6
Membres occupant un poste
permanent
Les enquêtes auxquelles il avait été procédé antérieurement n’avaient pas non plus
donné de résultats satisfaisants quant à la structure des journalistes croates. En avril/mai
3
1997, l’agence PULS avait organisé un sondage auprès d’un échantillon de 419 journalistes
membres de la Société des journalistes croates. On constate un écart entre l’échantillon et
les paramètres portant sur la population, de sorte que l’éducation supérieure est
proportionnellement plus élevée dans la colonne échantillon que dans la colonne population,
alors que les journalistes ayant terminé uniquement le secondaire sont moins nombreux.
Education
Echantillon %
Population %
Education secondaire
23,4
43,8
Education supérieure
16,9
7,2
Education
55,1
48,8
Maîtrise
3,4
0,1
Doctorat
1,2
0,2
universitaire
3
Novinar, organe de la Société des journalistes croates et du Syndicat des journalistes de Croatie, Zagreb, n° 6-7,
1997.
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Bien que le nombre de journalistes croates ayant reçu une éducation professionnelle
supérieure dépasse le chiffre cité pour l’ensemble de la population, cela reste pourtant
insuffisant pour une profession aussi exigeante. Il y a pour cela différentes raisons.
Certaines tirent leur origine d’un lointain passé, d’une époque où les journalistes étaient
engagés sur la base de critères politiques et non en fonction de leurs connaissances et
compétences. C’était un fait notoire, dans la Yougoslavie socialiste, qu’il fallait être «
moralement et politiquement apte » pour être admis dans le monde du travail et que, dans
l’ensemble ceci était plus important que le niveau des connaissances. Néanmoins la Loi sur
le travail associé a posé comme condition à toute embauche d’avoir terminé au moins une
haute école, et au cours des années quatre-vingt les journalistes yougoslaves ont dû partir à
la chasse aux diplômes pour remplir cette condition et être suffisamment qualifiés pour
préserver leur emploi. Précisons, pour dire la vérité, qu’aucun d’eux n’a été limogé sous ce
prétexte, mais ils ne pouvaient alors espérer obtenir un nouveau poste ou briguer le poste
de rédacteur en chef, de correspondant à l’étranger, etc.. à moins d’avoir rempli
formellement cette condition. C’est pourquoi des cycles d’études exceptionnels avaient alors
été organisés par la Faculté des sciences politiques, afin de permettre à des centaines de
journalistes yougoslaves d’obtenir un diplôme universitaire.
Les nouveaux changements démocratiques des années quatre-vingt dix et la
formation du nouvel Etat croate ont eu un effet négatif sur le journalisme en Croatie. Les
nouveaux pouvoirs ont eux aussi introduit certains critères particuliers pour les journalistes.
D’un jour à l’autre des centaines de journalistes professionnels chevronnés sont restés sans
travail ou ont même été expulsés du cycle de production et remplacés par de jeunes
journalistes lesquels, la plupart du temps, venaient à peine de quitter les bancs universitaires
ou même ceux de l’école secondaire. Ces jeunes journalistes ont été directement plongés
dans un milieu où il leur fallait s’engager à fond, ce qui les a empêché de poursuivre
régulièrement leurs études. Aussi une large action a-t-elle été lancée par la Société des
journalistes croates, ainsi que par le Syndicat des journalistes, en vue d’élever leur niveau
d’éducation.
Depuis 2001, la Société des journalistes croates n’accepte plus comme membres
titulaires et permanents les personnes ne possédant pas un diplôme universitaire. C’est là
une décision sévère, étant donné que presque 50% des membres ne remplissent pas cette
condition. Le Syndicat a pris des mesures encore plus drastiques. Dans l’avant-projet du
Contrat collectif qui doit être paraphé par le gouvernement de la République de Croatie, les
employeurs et le Syndicat posent comme condition sine qua non à toute nouvelle embauche
la possession d’un diplôme universitaire. Ce qui a semé la panique parmi les quelques 1500
journalistes qui ne remplissent pas cette condition, plus encore parmi les centaines de
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collaborateurs employés à titre honoraire et qui avaient abandonné leurs études pour
pouvoir travailler dans les rédactions et qui maintenant, sans diplôme, ne peuvent même pas
imaginer obtenir un poste permanent.
Le contrat collectif ne précise pas quel diplôme les journalistes doivent posséder,
mais simplement que, sans bagage universitaire, ils ne seront plus en mesure, à l’heure
actuelle, de s’acquitter des tâches complexes qui sont les leurs.
4. EDUCATION UNIVERSITAIRE CLASSIQUE
4
Les enquêtes menées par l’agence PULS , déjà citées, offrent la liste des universités
fréquentées par les journalistes. Le résultat donne une idée générale de la situation dans
l’ensemble de la profession; il semble que les jeunes journalistes ont surtout fréquenté la
Faculté des sciences politiques, les plus âgés la Faculté de philosophie - section langues
yougoslaves et littérature (aujourd’hui remplacée par la section langue croate et littérature).
Faculté
%
Philosopie
34,3
Sciences politiques
31,4
Droit
11,0
Pedagogie
5,5
Economie
5,1
Autres
12,7
4.1. Etudes de journalisme
Il existe en Croatie deux écoles de journalisme. La première dans le cadre de la
Faculté des sciences politiques, la seconde dans celui des Etudes croates. Les deux font
partie de l’Université de Zagreb, laquelle mène de vives discussions avec le Ministère des
sciences de la République de Croatie (RH) au sujet de ces études parallèles et de leur bienfondé. Le but de cet aperçu n’est pas de se mêler aux discussions sur le bien-fondé des
différentes formes d’études, mais de les présenter.
4.1.1. La Faculté des sciences politiques
Entre 1986/7 et 2000/01 - 2.555 étudiants se sont inscrits à la section de journalisme
de la Faculté des sciences politiques. Le 20 novembre 2000, 581 étudiants avaient obtenu
4
Novine, porteparole de la Société des journalistes croates et du Syndicat des journalistes de Croatie,
Zagreb, n° 6-7 1997 et 6-7 1998.
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leur diplôme. Ce chiffre explique par lui-même pourquoi le niveau d’éducation des
journalistes croates reste insatisfaisant. Selon un sondage ad hoc effectué par l’auteur en
1977 auprès des étudiants de troisième année, sur les 78 enquêtés 53 collaboraient
régulièrement à un média ou un autre. C’est-à-dire que les rédactions attiraient les jeunes
journalistes et les engageaient dans différents médias. Les raisons étaient multiples: les
étudiants ont envie de travailler, ils sont pleins d’enthousiasme, n’exigent pas de trop gros
salaires, plus heureux de se voir publiés que de toucher leurs honoraires en temps voulu,
ceci conformément aux standards des journalistes professionnels. Ce dont témoigne le
nombre des étudiants inscrits au cours de l’année scolaire 2000/2001 - selon les statistiques
du rapport des Etudiants du FPZ
Année
Etudiant régulier
Autres étudiants
Total
Première année
43
105
148
Seconde année
61
128
189
Troisième année
39
38
77
Quatrième année
32
19
51
On note qu’au cours des dernières années, le nombre d’étudiants chute rapidement,
ce qui n’est dû qu’en partie à la difficulté des études et au processus de sélection, beaucoup
plus à l’embauche de ces étudiants dans les milieux médiatiques et le fait qu’ils négligent
alors sciemment leurs études au profit de leur travail. Les nouvelles lois sur l’emploi
entraîneront sans doute certains changements.
La Faculté des sciences politique a adopté pour l’année scolaire 2000/2001 un
nouveau programme d’étude du journalisme, qui diffère fondamentalement de l’ancien. La
méthode d’enseignement classique du journalisme, basée sur la communication, la
politologie et autres matières théoriques telles que philosophie, économie et ainsi de suite, a
été remplacée par un nouveau programme où il y a plus de travaux pratiques, d’ordre
strictement journalistique. Ceci parce que les médias se sont déclarés tout à fait insatisfaits
du niveau de connaissances des journalistes et particulièrement celles des étudiants
fraîchement diplômés. On racontait souvent, à titre de plaisanterie, que la première chose
qu’un journaliste diplômé devait apprendre, une fois débarqué dans la rédaction, c’était
comment se charger de la rubrique des chiens écrasés.
Le nouveau programme associe la théorie à la pratique. Au cours des deux
premières années, les étudiants suivent les cours théoriques nécessaires à l’exercice de leur
future profession. Le programme comprend aussi trois sujets médiatiques: presse, radio et
télévision, mais sous une approche théorique.
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Au cours de la troisième année, les étudiants doivent choisir entre quatre matières :
presse, radio, télévision et relations avec le public. Elles sont toutes enseignées de façon
tout à fait concrète. Les cours se font par petits groupes, si bien que les professeurs peuvent
travailler individuellement avec chacun de leurs étudiants et leur apprendre comment écrire
et aborder les différents genres et formes journalistiques de base. Au cours de la quatrième
année, les étudiants doivent suivre des stages semestriels obligatoires dans l’un des
établissements médiatiques. Jusqu’à présent le stage ne durait qu’un mois, mais cela
revenait en fait à remplir un formulaire où la rédaction confirmait que l’étudiant avait suivi ce
stage, alors que dans la plupart des cas il n’avait même pas mis le pied dans la rédaction.
Ce nouveau stage semestriel se fait en coopération avec l’ensemble des membres de la
rédaction et ceux-ci permettent aux étudiants de se familiariser avec ce genre de travail et
de mettre en pratique les connaissances acquises à la faculté. Le rédacteur est chargé, lui
aussi, de noter l’étudiant.
Ce nouveau plan de travail exige l’engagement d’autres enseignants aux
connaissances pratiques, ce qui représente un problème pour l’Université, particulièrement
stricte vis-à-vis des personnes susceptibles d’enseigner à l’université. Rares sont les
journalistes titulaires d’un doctorat et pouvant obtenir un poste universitaire permanent.
Il existe à la Faculté des sciences politiques des études de journalisme parallèles.
Les étudiants de n’importe quelle faculté de l’Université de Zagreb peuvent s’inscrire
parallèlement et suivre des cours de journalisme pendant deux ans. C’est là une excellente
occasion d’amalgamer les connaissances, ainsi les juristes, économistes ou même les
étudiants en sylviculture peuvent obtenir un second diplôme, celui de journaliste. Le
programme, qui s’étend sur deux années, est adapté à leurs besoins et, dans l’ensemble,
basé sur des matières strictement liées au journalisme. Une trentaine d’étudiants s’inscrivent
chaque année et le pourcentage des diplômés est très élevé. La motivation de ces étudiants
est elle aussi à la hauteur.
Au cours de l’année scolaire 2000/02, la Faculté des sciences politiques a introduit
de nouvelles études de journalisme appelée populairement « éducation complémentaire ».
En effet, incité par le faible niveau d’éducation des journalistes et le fait que le diplôme
universitaire est devenu obligatoire, la Faculté de journalisme a proposé - et l’Université et le
Ministère des sciences ont accepté - l’inauguration d’un nouveau cycle d’étude destiné aux
journalistes ayant déjà terminé deux années d’université. Ils étudieront, deux ans durant, les
matières strictement liées au journalisme professionnel et recevront le titre de journaliste
diplômé. L’inscription est en cours et ces études commenceront fin 2001. Etant donné qu’il
s’agira dans l’ensemble d’étudiants exerçant déjà le métier de journalistes, les cours auront
lieu pendant le week-end.
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La section de journalisme de la Faculté des sciences politiques organise elle aussi
des études postuniversitaires « Les médias et la société », dont le but est de préparer les
titulaires d’une maîtrise et futurs docteurs es sciences à étudier plus en profondeur le
journalisme sur le plan théorique, élevant ainsi le degré d’éducation des journalistes en
Croatie au plus haut niveau.
4.1.2. Les Etudes croates
Les Etudes croates ont été lancées en 1992, en tant qu’études comparatives
universitaires bi-semestrielles - les matières : philosophie et société croate. En quoi consiste
en fait ce cycle d’Etudes croates?
« L’idée des Etudes croates est née très vite après les changements démocratiques et ceci
pour diverses raisons. Il fallait tout d’abord institutionnaliser, au niveau scientifique - et aussi
universitaire - les principes fondamentaux de la démocratie, de la liberté et du marché et
créer différents foyers spirituels, surtout dû au fait que dès 1918, dans le domaine des
sciences sociales et humanitaires, un grand nombre de choses avaient été interdites - et
5
dissimulées»
Très vite de nouvelles matières ont été introduites dans le cadre des Etudes croates,
telle l’étude du journalisme, en 1996. Les Etudes croates ont dès les début suscité une série
de réactions qui durent aujourd’hui encore. Elles sont contestées, attaquées, mais aussi
défendues avec violence, et non seulement par l’opinion publique croate; elles ont été par
ailleurs à l’origine de graves malentendus entre le Ministère des sciences et l’Université.
Certaines matières sont remises en question, dont l’enseignement du journalisme. La
première génération d’étudiants a acquis ses diplômes, mais le recteur refuse de les
homologuer. Le sort de ces études de journalisme reste incertain et les étudiants en sont les
premières victimes.
D’une manière générale, l’enseignement du journalisme est ici basé sur les mêmes
critères que ceux qui avaient inspiré l’ancien programme de la Faculté des sciences
politiques, c’est-à-dire que la théorie l’emporte sur la pratique. Il est intéressant de noter
qu’un grand nombre des professeurs de la Faculté des sciences politiques ont participé aux
cours tenus dans le cadre des Etudes croates. Paradoxal est le fait qu’en raison de la loi,
cette même Université et ce même Ministère ont dû mettre à la retraite certains professeurs
de la Faculté des sciences politiques, lesquels donnaient ensuite des cours de journalisme
aux ‘Etudes croates’! Il est évident que la décision à ce sujet ne sera pas facile à prendre et
que toute cette situation influe directement sur le développement des études de journalisme
en Croatie.
5
www.hrstud.hr Titres et modes d’enseignement
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5. FORMES D’EDUCATION ALTERNATIVES
Dès l’introduction et surtout l’aperçu historique, on a pu constaté à quel point les
formes alternatives d’éducation des journalistes l’emportaient sur les formes institutionnelles,
universitaires. Cette tendance se poursuit aujourd’hui encore. Les formes alternatives
d’éducation, les différents cours, écoles, académies, ne constituent que des études
complémentaires du journalisme et il ne faut pas les considérer comme des sortes de
substituts à l’enseignement supérieur normal.
Il faut faire la différence entre les cours réservés aux débutants et les diverses autres
formes de perfectionnement réservées aux professionnels, lesquels doivent pouvoir relever
les nouveaux défis que pose leur profession. Ces deux formes sont très importantes et très
présentes en Croatie.
5.1. La Société des journalistes croates (HDN)
L’HDN avait décidé, à l’occasion des Journées du journalisme croate tenue à Zaton
en 1997, d’inaugurer certaines nouvelles formes d’éducation, qui se sont entre-temps
largement développées et ont abouti à la création de l’Association ICEJ, qui dirige et
coordonne diverses formes de formation professionnelle des journalistes, tant à Zagreb qu’à
Opatija. Les raisons en étaient évidentes: la profession faisait alors l’objet de diverses
pressions - des partis au pouvoir avant tout - et les nouvelles structures dirigeantes avaient
une préférence pour les jeunes journalistes, moins bien éduqués et plus faciles à manipuler,
qui n’avaient pas le courage d’exiger les salaires qu’ils méritaient et des conditions de travail
conformes aux normes de la profession.
5.1.1. Atelier de journalisme
Cet Atelier a été créé en 1997, et les premiers cours ont débuté au mois d’octobre.
Jusqu’à fin 2000 six cycles avaient été organisés, auxquels ont participé 200 journalistes
dont 159 ont obtenu leur diplôme. Les étudiants étaient de jeunes journalistes entre 25 et 35
ans employés dans des médias à titre permanent ou honoraire. Les rédactions étaient
également représentées selon leur importance - biens, site et politique rédactionnelle.
Les professeurs sont d’illustres journalistes locaux et étrangers, professeurs et
experts médiatiques. Dans les six ateliers tenus jusqu’à présent, il y a eu plus de 80
conférenciers, dont certains ont participé à tous ces ateliers et d’autres, dans l’ensemble les
étrangers, à un seulement, ou plus.
Ces ateliers ont été subventionnés par des institutions médiatiques internationales
parmi lesquelles il nous faut citer Press Now, la Société ouverte de Croatie, l’Union
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européenne, IREX ProMedia, the Freedom Forum, les ambassades d’Allemagne et de
France en Croatie, et d’autres encore. Grâce aux donations et aux efforts déployés par
l’HND, l’Atelier de journalisme est aujourd’hui un atelier moderne, disposant des moyens
informatiques et de tout l’équipement nécessaire à un enseignement moderne.
Le programme a été sans cesse amélioré, mais les principes de base de
l’enseignement sont restés les mêmes: sources d’information, rédaction, reportages,
interviews, travail des rédactions et sélection, utilisation des ordinateurs et de l’internet,
éthique, régulation et relations avec le pouvoir.
.
L’aide internationale a malheureusement été suspendue et les moyens dont
disposent les jeunes journalistes croates ne leur permettent pas de financer eux-mêmes leur
éducation complémentaire, c’est pourquoi il n’y a pas eu d’ateliers en 2001.
5.1.2. Centre international pour l’éducation des journalistes (ICEJ) Opatija - Zagreb
L’ICEJ a été créé en 1998 en tant que commun projet de la Municipalité d’Opatija, de
l’Institut pour une société ouverte de Croatie et du HND. 80 différentes réunions ont été
organisées jusqu’à ce jour, auxquelles ont participé environ 1000 journalistes, du pays et de
l’étranger. Grâce à la qualité de ses cours et séminaires, l’ICEJ a su éveiller l’intérêt de
nombreuses institutions internationales telles la Fondation Thomson, l’Ecole supérieure de
journalisme de Lille, BBC Training Trust, European Journalism Center, le Conseil de
l’Europe, l’EBU et d’autres encore.
Si l’ICEJ organise des cours à l’intention des jeunes journalistes, une grande partie
de ses activités est aussi dédiée aux professionnels qui cherchent à se perfectionner dans
l’apprentissage des nouvelles connaissances et techniques liées à leur métier, telles la
recherche, l’informatique et le journalisme, les affaires judiciaires, la photographie
numérique, etc... Les conférenciers sont des experts locaux et étrangers, dans l’ensemble
d’éminents journalistes ou professeurs spécialisés.
L’ICEJ organise aussi des Tables rondes, tribunes publiques ou réunions
internationales sur les problèmes fondamentaux liés aux médias et aux journalistes, tels que
l’éthique, la liberté des médias, les rapports entre les médias et l’Etat, les reportages de
guerre, les médias et la science, etc..
D’éminentes institutions médiatiques mondiales telles The Freedom Forum,
l’Eurovision Broadcasting Union (EBU), ou l’Union régionale des journalistes de l’Europe
Centrale (ZEUG), ont organisé certaines de leurs réunions en coopération avec l’ICEJ.
L’ICEJ est l’un des fondateurs du Réseau du Sud-Est de l’Europe pour la
professionnalisation des médias (SEEPNM), réseau qui englobe 19 centres de formation
médiatiques de 10 pays de la région et est soutenu par le Gouvernement danois, le Bureau
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régional de l’Institut Société ouverte, le Gouvernement suisse et d’autres donateurs
médiatiques. Le SEEPM a organisé pendant deux ans une série de 40 différentes sessions,
auxquelles ont participé des journalistes de l’ensemble de la région.
5.2. L’Académie de journalisme EPH
EuropePress Holding, qui est la plus importante maison d’édition privée de Croatie et
publie une dizaine de journaux à gros tirages tels que Jutarnji list, Globus, Glorija, Arena,
Playboy, Cosmopolitan, etc.. a décidé en 2001 de lancer sa propre école dans le but de
former de nouveaux journalistes, des journalistes de qualité.
Le programme de l’Académie de journalisme est en partie basé sur les programmes
de l’Atelier de la Société des journalistes croates et programmes de formation des
journalistes du Centre international pour l’éducation des journalistes (ICEJ), à Opatija. Mais
comme c’était la première fois qu’une école de journalisme était créée pour les besoins
spécifiques d’une entreprise médiatique, ces programmes ont dû être adaptés aux
conditions particulières de la firme et ont donc été revus par les membres de l’EPH.
Le but fondamental des trois mois d’activité de l’Atelier était de préparer les jeunes
journalistes en vue de les intégrer aux rédactions de l’EPH. Au cours de la deuxième partie
du programme, au terme d’un mois de stage, il était procédé à une vérification des
connaissances des jeunes élèves de l’Académie, sous la supervision de leurs collègues plus
âgés, leurs mentors.
Le problème du choix des candidats était extrêmement important et particulièrement
délicat. La procédure était publique, transparente et libre. Le nombre de journalistes qui ont
voulu passer le test organisé par l’Atelier a montré à quel point cette profession est
recherchée. Les conditions imposées (étudiants de quatrième année des différentes facultés
de l’Université de Zagreb ou candidats déjà diplômés) ont été remplies par 180 des inscrits.
La majorité d’entre eux a participé à l’épreuve écrite. Après la première série de tests, dont
le but était de contrôler leur niveau général, en-dehors de leur connaissances
journalistiques, les 45 meilleurs candidats ont été choisis. Puis chacun d’entre eux a été
soumis à un entretien. Bien que le choix n’ait pas été facile, les membres de la commission
ont fini par en sélectionner 24.
A l’Académie de journalisme, il y a 120 heures de cours, étalées sur trois mois. Ces
cours se tiennent 2 fois par semaine, les lundi et mercredi de 16h à 20h. Le siège de
l’Académie est situé dans un local de la Société des journalistes de Croatie, doté d’un
excellent équipement informatique.
Le programme comprend une partie théorique, une autre pratique. Le travail
théorique est fondé sur les connaissances pratiques et le métier de journaliste, les
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enseignants étant des journalistes expérimentés, employés par EuropaPress Holding. Les
travaux pratiques englobent de nombreuses rédactions et exercices, un « rewriting »
permanent, afin d’affûter les talents d’écriture dans tous les différents genres du journalisme.
Les sujets développés ont été les suivants : sources d’information, rédaction des
informations, reportages, technique de l’interview, journalisme et recherches, bases de la
rédaction et de la sélection, fonctionnement d’un journal, l’Internet en tant que source
d’information, l’informatique et le journalisme, programmation d’une base de données,
législation, comment éviter tout procès, l’éthique journalistique, les rapports avec les porteparole et les autorités. Les élèves recevaient préalablement une documentation sur le thème
du jour.
21 jeunes journalistes ont terminé l’Académie avec succès. Tous se sont vus délivrer
soit un contrat de travail, soit une bourse pour pouvoir poursuivre leurs études. La nouvelle
génération débutera fin 2001. L’EPH organise en même temps une série de conférences
axées sur le perfectionnement professionnel des journalistes.
5.3. Atelier interrégional des journalistes
Cet Atelier a été inauguré au cours de la seconde moitié de 1997 et s’est poursuivi
jusqu’au mois de mars 2000. Il a été suivi par une centaine de jeunes journalistes - croates
et serbes - qui ont ainsi appris les fondements du journalisme tout en ayant la possibilité de
renouer des liens rompus par la guerre et de reprendre la vie commune sur de nouvelles
bases.
Au début de 2000, un nouveau cycle a été organisé, englobant une vingtaine de
journalistes de Croatie, Voïvodine et du nord-est de la Bosnie. Les deux premiers cycles ont
eu lieu à Opatija, le troisième se déroule actuellement à Tuzla, à la section de journalisme
de la Faculté des Lettres de l’Université de Tuzla, le quatrième se tiendra à Novi Sad. Les
conférenciers sont eux aussi originaires de ces trois régions; il y a 120 heures de cours,
étalées sur 6 week-ends.
En-dehors du fait qu’ils élargissent leurs connaissances, les jeunes journalistes ont la
possibilité de développer une bonne coopération interrégionale, ce qui est déjà perceptible
dans les médias. Cet Atelier est financé par le Réseau de l’information alternative (AIM) et
par le Conseil de l’Europe, ainsi que par les pouvoirs locaux et certaines associations de
journalistes.
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6.
LES
DONATEURS
INTERNATIONAUX,
LES
ORGANISATIONS
NON-
GOUVERNEMENTALES ET L’EDUCATION DES JOURNALISTES
La majeure partie des formes alternatives d’éducation des journalistes n’auraient pu
être concrétisées sans l’aide généreuse des donateurs internationaux. Malheureusement ou heureusement - cette aide est éphémère et dépend avant tout de la situation politique
intérieure des différents pays. L’attention de l’opinion publique internationale se fixe d’un
foyer de crise à un autre. Ces foyers de crise sont déterminants pour l’aide internationale.
Tant que la Croatie était menacée par la guerre et le régime autoritaire de Tudjman, l’aide
arrivait. Le foyer de crise s’est alors transporté en B-H, ensuite au Kosovo, puis au
Monténégro - et après la chute de Milosevic - en Yougoslavie. L’actualité s’était jusqu’à
présent axée sur la Macédoine, mais maintenant tout ceci est resté à l’ombre de
l’Afghanistan, après les événements du 11 septembre 2001.
Au fur et à mesure du déplacement des foyers de crise, les approches schématiques,
habituelles, réapparaissent. Les institutions internationales faisant office de donateurs très
souvent ne reconnaissent pas les spécificités locales et s’efforcent d’imposer des solutions
rapides ayant déjà fait leur preuve, mais dans des milieux culturels tout à fait différents. On
recherche souvent des résultats immédiats et le temps se mesure en fonction de l’exercice
financier en cours. C’est une bonne chose de pouvoir souligner dans le rapport annuel à
quel point les sommes dépensées ont permis d’améliorer la situation dans les médias.
Malheureusement, rien ne peut être accompli du jour au lendemain, et surtout pas la
promotion du niveau professionnel des journalistes. L’enseignement ne peut, qu’à long
terme, donner des résultats fructueux. Les donateurs n’ont pas la patience nécessaire pour
accepter des plans à moyen ou à long terme, ils veulent des solutions immédiates, c’est-àdire très souvent des solutions partielles. Les échecs sont donc fréquents, ce qui a pour
effet la suspension de l’aide financière et non un changement de stratégie. C’est ainsi que
des sommes énormes ont été investies en Croatie pour le lancement de l’hebdomadaire
Tjednik, bien que les experts, sur place, aient attiré l’attention sur la futilité de ces
investissements. En B-H, la télévision OBN a connu elle aussi le même sort.
Très souvent les donateurs estiment que le changement des partis au pouvoir et la
chute des systèmes autoritaires suffisent à eux seuls à améliorer la situation des médias.
Les expériences yougoslave et croate ont prouvé le contraire, mais en Croatie des
donateurs tels que PressNow se sont retirés, estimant avoir accompli leur tâche. Un
exemple typique est le lancement de nouvelles initiatives internationales, telles le Pacte de
Stabilité, annoncé à grand fracas et dont les résultats semblent dérisoires.
Certains éminents et importants donateurs, tels Soros, changent de conception et
réorientent leur action, mais les nouveaux donateurs restent rares.
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Il est évident que l’aide internationale ne peut durer éternellement et que toute
solution à long terme devra être uniquement fondée sur nos propres forces. Mais la situation
économique est telle qu’il paraît difficile de pouvoir baser ces formes d’éducation
uniquement sur l’autofinancement. Cela est pratiquement impossible, même à l’échelle
mondiale. La plupart des institutions médiatiques dédiées à l’éducation des journalistes
disposent d’une importante aide financière.
Il faut noter par ailleurs qu’il y a eu de nombreux cas de tentatives de détournement
des fonds de l’aide internationale, de présentation de projets factices, abandon des
obligations prises, projets mal exécutés, ainsi de suite...
Il est évident que la stabilisation de la situation sur place entraînera une nouvelle
période d’activités sérieuses et professionnelles, les seules capables de justifier une aide
internationale.
7.
POSITION DES MEDIAS LOCAUX ET DES JOURNALISTES VIS-A-VIS DES
PROGRAMMES D’EDUCATION
Les journalistes croates ont exprimé très clairement quelle était leur position vis-à-vis
de l’éducation dans une déclaration de leur Assemblée générale tenue en 1997. La majorité
des projets d’éducation ont été lancés après cette nette déclaration. Guidé par l’extrême
importance de la formation professionnelle et de l’éducation des journalistes et le manque
d’information sur les opinions des membres de la profession, l’auteur a procédé à une
enquête auprès des participants à l’assemblée annuelle de la Société des journalistes
croates, qui s’est tenue en octobre 1998 à Opatija.
Les enquêtés ont été unanimes à répondre à la première question : « Pensez-vous
que les journalistes croates aient besoin de se perfectionner sur le plan professionnel? ». Il
n’y a eu aucune hésitation - si nous ne nous perfectionnons pas, nous ne pourrons pas
progresser. Si l’on exprime cela sous forme d’une note de 1 à 6, cela veut dire que les
enquêtés ont estimé à 4,7 la nécessité de se perfectionner.
Les journalistes enquêtés ont aussi été unanimes à répondre à la seconde question :
« Etes-vous satisfaits des actuelles possibilités de perfectionnement offertes aux
journalistes? » La réponse: « Plus ou moins », ce qui correspondrait à une estimation de
1,7. Cette différence notoire entre la claire nécessité de se perfectionner et le
mécontentement concernant les actuelles possibilités inspirera sans doute les créateurs des
nouveaux programmes d’éducation.
Nous avons déjà dit qu’il existait en Croatie deux formes d’études du journalisme.
Aussi étions-nous intéressés de savoir ce que les journalistes interrogés en pensaient. A la
question « Les actuelles études de journalisme représentent-elles la véritable solution pour
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l’éducation des journalistes »?, ils ont répondu « Mieux vaut quelque chose que rien du
tout », ce qui correspondrait à 1,9 sur notre échelle de 1 à 5. Quant à ces deux formes
d’études, l’avantage a été donné à la Faculté des sciences politiques qui a été noté 1,6
contre 1,3 pour les Etudes croates. Nous avons voulu savoir si les journalistes estimaient
nécessaire l’introduction de nouvelles formes d’enseignement supérieur. Voilà ce qui leur a
été proposé: une université pour les journalistes, des études de troisième cycle; une Ecole
supérieure de journalisme; ou une autre solution (dites laquelle).
La réponse nous a étonné: les études de troisième cycle! Vu le mécontentement si
clairement exprimé par ces journalistes sur les actuelles formes d’éducation, nous nous
serions attendus à une toute autre solution, mais ils se sont prononcés en faveur de
l’introduction d’un degré supérieur dans le cadre de l’actuel système d’éducation.
Néanmoins l’analyse du niveau des enquêtés a révélé que la plupart d’entre eux étaient
diplômés (28 même), qu’ils avaient plus de vingt ans de stage, et qu’ils avaient tendance à
vouloir poursuivre leur processus d’éducation. D’une manière générale, les journalistes
semblent très intéressés à être titulaires d’une maîtrise, d’autant plus qu’en Croatie il n’y a
pas d’études de doctorat dans cette matière. Il est évident que c’est là une lacune qu’il
faudrait combler, tenant compte des réponses à la question portant sur les autres formes
d’éducation auxquelles aspirent les journalistes. L’idée d’une Université ou Ecole supérieure
de journalisme ne semble pas les avoir enthousiasmés.
7. OU SE DIRIGER?
En dépit des difficultés exposées, les voies de développement de l’éducation des
journalistes en Croatie se dessinent clairement: une éducation supérieure, associée à des
cycles de perfectionnement professionnel, semble donner les meilleurs résultats. Pour ce
qui est des conférenciers, il faut se baser sur les forces locales qui ont déjà fait leurs
preuves, mais consulter aussi des experts internationaux afin de garder le contact avec les
milieux journalistiques développés. Le financement devra être graduellement assumé par les
propriétaires des institutions médiatiques. Elles aussi se rendent compte peu à peu qu’un
bon produit journalistique exige de bons professionnels. Et les bons professionnels, cela ne
se ramasse pas dans la rue, il faut les éduquer. Les mesures prises actuellement en Croatie
dans ce domaine viennent confirmer cette tendance.
Il ne faut surtout pas négliger le rôle de la science, car sans véritables projets de
recherche scientifique il sera difficile de bien situer le développement des médias et de la
profession. La recherche des processus médiatiques, l’analyse des médias, auteurs et
traitement de thèmes, l’application des nouvelles technologies, les sondages d’opinion et
l’influence des conditions économiques: tout cela peut largement influer sur l’avenir des
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médias. Et il est impossible de procéder à des recherches approfondies si l’on ne dispose
pas de bons experts - et ceux-ci restent à former. La voie paraît évidente et très précise, il
faut seulement du temps, des moyens et de larges efforts afin de garantir l’éducation
complète des milieux médiatiques.
8. CONTACTS
FACULTE DES SCIENCES POLITIQUES
Lepusiceva 6, tel: 01/4655-580, 10 000 Zagreb
ICEJ - Centre international pour l’éducation des journalistes
Opatija, tel: 051/272-746
HRTVASKO NOVINARSKO DRUSTVO (Société des journalistes croates)
Perkovceva 2, tel: 482- 8333, Zagreb
HRVATSKO STUDIJI (Etudes croates)
Ulica grada Vukovara 68, tel: 01/611-7962, Zagreb
FREEDOM FORUM
Lepusiceva 6, tel: 01/4550-861, Zagreb
BIBLIOGRAPHIE
1. Bennet, Lance W.: News; the Politics of Illusion, Longman, White Plains, 1996
2. Curran James, et Gurevitch Michael : Mass Media and Society, Edward Arnold,
Londres, 1991
3. Gans, Herbert J.: Deciding what’s News, Vintage Books, New York, 1980
4. Malovic, Stjepan: Educating Journalists, Politicka misao, Vol, XXXV, (1998), Zagreb
5. McQuail, Dennis: Mass Coimmunication Theory, Sage Publications, Londres, 1994
6. Highlights of a Summit of Journalism from Central and Eastern Europe and the United
States, The Freedom Forum, Arlington, 1994
7. Higher Education in Developing Countries: Peril and Promise, The World Bank,
Washington, 2000
8. Novinar, porteparole de la Société des journalistes croates et du Syndicat des journalistes
de Croatie, Zagreb, n° 6-7 1997 et 6-7 1998.
9. Zbornik sjecanja Vjesnik 1940-1990, NISPRO Vjesnik, Zagreb, 1990
10. www.hrstud.hr: Zvanja i nacina studiranja (Titres et méthodes d’ensseignement)
11. www.fpzg.hr: Fakultet politickih znanosti (Faculté des sciences politiques)
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Stjepan Malovic, docteur es sciences, est Maître de conférence, docteur es presse et
communication et vice-doyen de la Faculté des Sciences politiques de l’Université de
Zagreb, directeur du Centre international pour l’éducation des journalistes et directeur du
Comité pour l’éducation du Réseau des centres médiatiques de l’Europe du Sud-Est
(SEENPM). Traduction: N.D. Media Online 2001. All rights reserved.