PRENDRE SON PIED EN FAMILLE AVEC DENIS PLASSARD

Transcription

PRENDRE SON PIED EN FAMILLE AVEC DENIS PLASSARD
Prendre son pied en famille
avec Denis Plassard
Imaginé pour un groupe constitué uniquement de familles — dont une est présente avec ses cinq membres, un
couple et trois garçons — le projet Babel de Denis Plassard s’annonce joyeux et drôle, prenant une direction originale et assumée. L’ambiance est à l’heure où les enfants sont les moteurs des parents qui ne rechignent pas à se
laisser aller !
Janvier 2015, un soir d’hiver, juste après Noël. Certains sont déjà là, à regarder Denis préparer sa prochaine création. Tandis qu’il est en retard et que le groupe est à l’heure, il donne le départ de l’échauffement. Sur le tapis noir
du studio, les familles prennent place et se mettent en cercle. Très vite, elles s’emparent de l’espace qui leur est offert.
L’envie de se retrouver pour danser diffuse une chaleur humaine présente jusqu’à la fin. Tout part du frottement des
mains. Tandis que les bras s’ouvrent, parents et enfants déploient leurs corps pour instaurer ensemble l’énergie de
l’atelier. Il s’agit déjà de trouver comment bouger à l’unisson.
Le projet de Denis est une danse des pieds qui n’oublieront pas de mettre des chaussures rigolotes et colorées,
s’amusant à tracer des rythmes sur des lignes droites ou entremêlées, juxtaposant aussi des duos voire des disputes. Et
justement, il faut les placer ces pieds ! Sur une même ligne, en pliant et dépliant les jambes, en sautillant, pour marquer
un arrêt avant de repartir sans déséquilibre, les pieds effectuant des mouvements en dedans ou vers le dehors. « Tac
tac tac tac talam, c’est ça dit Denis. Essayez d’être plus précis avec vos pieds, on ne va voir qu’eux. Pensez à bien être
dans la musique et avec les autres ! » « C’est les orteils ou les talons qui commencent ? demande Sylvie.» « C’est les
orteils répond Denis.» Panique et trous de mémoire dans l’enchaînement. Les pieds dérapent et se décalent. Les corps
fléchissent et tanguent. Dans un élan partagé, les danseurs se précipitent sur leurs iPhones pour revoir les images de
la précédente répétition.
La danse comme une aire de jeux !
Des petits groupes se forment pour réapprendre les mouvements. Ça discute allègrement mais consciencieusement. Ils
se questionnent et se montrent. Mathias (9 ans) félicite sa mère. Elle a compris. « On est dans le bon sens ? demande
Zoé (11 ans) à sa mère Nadège.» « Je ne crois pas répond celle-ci, perplexe.» Le plateau est à eux. Aire de jeux,
de complicité et de complexité où l’on tente et découvre le mouvement. Et sans qu’ils le sachent eux-mêmes, leurs
corps n’arrêtent jamais de danser. Timothé (5 ans) fait le trublion. Son père Philippe le prend dans ses bras et danse
en le portant. Puis le chorégraphe s’impose et demande l’enchaînement des trois lignes disposées sur trois espaces
différents. Pas facile d’avancer les pieds sans regarder le sol, sans dévier de la trajectoire tout en se rappelant les
mouvements à exécuter, en étant sur le rythme de la musique et celui de l’autre. Fluide comme un poisson, Vassily (9
ans) glisse vers le devant et donne le ton. Lui, il fait aussi du théâtre. Mais là ce qu’il aime, c’est qu’il peut inventer des
mouvements et s’exprimer autrement.
Il est presque 20 heures. Le sommeil et la fatigue cernent les yeux et la faim commence à tirailler. « Ce n’est pas toujours évident les répétitions pour les enfants, surtout le soir dit Philippe. En plus, ils voudraient déjà être au spectacle.
Mais au moins, ils se rendent compte qu’il faut un peu travailler avant.» Marilou (9 ans) adore venir à cet atelier. Pour
les copains du même quartier dans le 8e, parce qu’elle aime la danse et qu’elle partage une aventure avec sa mère
Sylvie. Comme Solène avec sa mère Fabienne. Comme aussi pour Mathias et sa mère Christel. Tout d’un coup Denis
s’exclame devant le troisième groupe : « Bravo, là on frôle la perfection ! » Pas d’hésitation, de la précision, la bonne
note prise au passage, de la synchronisation et surtout une respiration commune des corps. A suivre…