Hospices de Beaune : 570 ans d`histoire du vin
Transcription
Hospices de Beaune : 570 ans d`histoire du vin
Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr Hospices de Beaune : 570 ans d'histoire du vin Les raisins vendangés sur les dernières parcelles du domaine des Hospices de Beaune arrivent sur le tapis de tri sous l'oeil attentif de Roland Masse. Le régisseur de ce domaine de 60 hectares, répartis sur toute la côte de Beaune, peut enfin souffler. "Le plus dur est fait". Depuis 1443, l'hôpital de Beaune tire bénéfice de la production de vignes léguées par les patients au cours des siècles. Roland Masse contemple, dans l'air frais de ce 7 octobre, la dernière parcelle où s'active encore l'équipe de l'un des 22 vignerons salariés des Hospices, tout près d'Aloxe-Corton. L'homme, un peu rougeaud et l'air gentiment bourru, est silencieux, dans son élément. Depuis 2000, il supervise les vendanges et s'occupe de la vinification de toutes ces parcelles, avec l'aide de son bras droit. Le vin est fait dans les 40 gigantesques cuves situées derrière l'hôpital, dont seulement 26 sont remplies cette année, faible récolte oblige. [caption id="attachment_8429" align="alignnone" width="800"] Seuls les vins rouges passent en cuves. Les blancs vont directement en tonneau | Photos Nicolas Boeuf[/caption] [do action="intertitre"]1er et grands crus[/do] "Ces vignes font partie des plus anciens dons aux Hospices", explique-t-il. Une des 45 cuvées qu'il produit porte le nom de la baronne qui en a fait leg. "Bien sûr, à l'époque, ces vignes avaient bien moins de valeur" - valeur qui a explosé avec la renommée internationale des vins de la côte beaunoise. 1/3 Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr A l'origine, l'Hôtel-Dieu de Beaune a été fondé en 1443 par Nicolas Rollin, chancelier du duc de Bourgogne, pour venir en aide à la population plongée dans la misère en pleine guerre de Cent Ans. Les premiers dons de vignes n'ont pas tardé. "Il s'agissait de gens n'ayant personne pour s'occuper d'eux. Alors une fois vieux, ils donnaient aux Hospices", raconte Roland Masse, "pour s'assurer que l'on prendrait bien soin d'eux." L'essentiel du domaine s'est pourtant constitué "dans les 150 dernières années". Et des dons ont toujours cours aux Hospices. "La plupart du temps, ce sont des gens qui n'ont pas de descendance ni quelqu'un a qui confier leur exploitation. Chaque don est différent", raconte Roland Masse. "Certains lèguent tous leurs biens, avec des fermes et des friches. D'autres seulement une partie. Parfois, ils réclament en échange une rente, pour eux, jusqu'à leur mort, pour leur descendance, ou même à direction d'oeuvres caritatives..." Bien sûr, plus besoin aujourd'hui de faire un don à l'hôpital pour s'assurer d'être pris en charge une fois âgé. Mais la tradition perdure. "Depuis que le système de Sécu existe, les gens font des dons pour avoir une cuvée à leur nom, sur l'étiquette des nos bouteilles". Parfois, les dons ne sont même pas constitués de vignes. "Quelques personnes nous ont donné du fric en nous disant : achetez des vignes, et faites une cuvée à mon nom", se souvient Roland Masse, amusé. [caption id="attachment_8431" align="alignnone" width="800"] Roland Masse, à gauche, avec un des vignerons salariés des Hospices[/caption] L'année dernière encore, des parcelles de quelques ares sont venues compléter le domaine. Des vignes en Grand-Echezaux et Corton-Charlemagne - extrêmement prestigieuses. Comme la plupart de celles du domaine des Hospices, essentiellement des 1er et grands crus. 2/3 Miroir Mag L'actu nouvelle génération en Bourgogne http://www.miroir-mag.fr [do action="intertitre"]Un Meurseault 1er cru en pièces des présidents[/do] "D'autres hôpitaux, comme celui de Nuits-Saint-Georges ou la Ville de Dijon, ont aussi reçu des dons de vignes", continue Roland Masse. "Mais si les nôtres sont si connues, c'est évidemment grâce à la vente des vins", évènement annuel de renommée mondiale. Chiffre d'affaires : 5 millions d'euros, "au bénéfice exclusif de l'hôpital", qui a déménagé de l'Hôtel-Dieu en 1971. Celui-ci est devenu un musée, classé monument historique en 1862, dont le toit en tuiles vernissées décore les carte postale pour toute la région, rapportant au passage quelque 2 millions d'euros. "Mais cela reste très peu dans le budget total de fonctionnement d'un hôpital", tempère Roland Masse. Les enchères ont été instaurées à la Vente des vins en 1859 par Joseph Petasse, économe des Hospices. Auparavant, c'était une vente plus classique. À chaque édition, des acheteurs arrivent du monde entier. Cette année, la 153e vente des Vins des Hospices de Beaune aura lieu le 17 novembre. La pièce du Président, un tonneau de 456 litres, est vendue au profit d'associations caritatives, non pas par un commisaire-priseur mais par un "président" invité. On ne sait pas encore qui aura cet honneur en 2013, mais la pièce, elle, sera un blanc, un Meursault 1er cru, cuvée Philippe Le Bon. "On garde quand même quelques bonnes bouteilles à l'usage du personnel", souffle Roland Masse. 3/3 Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)