Les fermes nippones séduites par les oméga-3 français

GRANDS TROUPEAUX MAGAZINE
Date : MAI 16
Page de l'article : p.49-52
Journaliste : YB
Pays : France
Périodicité : Mensuel
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Nutrition animale
Les fermes nippones
séduites par les
oméga-3 français
116 tonnes de (in extradées par Valorex en llte-et-Vilaine ont été consommées au Japon en 2015 par des
vaches et des bovins viande mais aussi des volailles. Au vu du succès des produits finis et à la demande
des éleveurs, l'importateur vise à doubler cette « expérience » cette année.
Les oméga-3 français ont séduit les Japonais pour qui la nutrition animale est perçue comme une part
essentielle de la chaîne de qualité pour lalimentation humaine
umamoto, une ville
de 700 000 habitants
I sur l'île de Kyushu
au sud du Japon, est connue
des Français pour son jumelage avec Aix-en-Provence et
pour le récent séisme dont
elle fut l'epicentre, mi-avril
Dans le monde de l'alimenTous droits réservés à l'éditeur
tation, elle héberge également
un cluster dedie aux aliments
fonctionnels, Kyushu Bio
Cluster Conference (KBCC)
Fonde en 2007, il regroupe
des structures universitaires,
des scientifiques et des medecins, des industriels et même
des éleveurs désireux de diver-
sifier leurs productions Au
total, le cluster compte actuel
lement 206 membres, dont
80 entreprises
Valider les bénéfices
santé des aliments
«Jusqu ici les aliments japonais étaient considérés bons pour
la sante maîs nous souhaitions
le prouver et developper des aliments aux benefices valides Au
Japon, les aliments fonctionnels
tiennent aussi une large place
dans les rayons des magasins »,
explique Koremoto Monshita,
chef de projet au sein de KBCC
qui poursuit « Suite a un
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OYABU DAIRY FARM
Des Jersiaises nourries aux oméga-3
Créée en 1975, la ferme Oyabu appartient toujours au père
de Yusuke Oyabu ll trait 50 VL, trois quarts de Holstein et
un quart de Jersiaise, une race dont sa mère est tombée
« amoureuse » lors de la visite d'une exploitation qui en élevait.
Pour s'installer, il y a cinq ans, Yusuke a développé un atelier
de transformation en s'inspirant, pour démarrer, des glaces que
produisait sa mère. Il achète le lait des Jersiaises de son père,
plus adapté à la transformation selon lui : «Malgré le niveau
de production en lait des Holstems de 28 i de moyenne par
jour contre 15 pour les Jersiaises, les yaourts issus du lait de
ces dernières sont meilleurs. Nous sommes même en train de
développer des doubles crèmes. » ll propose désormais, sur la
ferme ou en livraison aux restaurants et magasins de Kumamoto,
toute proche, une gamme de yaourts, de glaces et de yaourts
glacés (ce que les Étatsuniens nomment « frozen yogourt »).
« Aujourd'hui, nous expédions dans tout le Japon et, grace au
développement depuis cinq ans. nous avons même embauche
employés, un à la production, un au
magasin et un pour les livraisons »,
explique Yusuke Oyabu.
" Comme en France, les éleveurs
japonais ne peuvent pas fixer le prix
de leur lait. Transformer au moins
une part de notre production réduit
notre vulnérabilité. Aujourd'hui, je
transforme environ 10 % du lait
de la ferme, soit I 200 litres par
jour. Mon père vend son lait environ
IOU yens le litre à la laiterie et me te
vend 130 yens car je ne transforme que
du lait des vaches qui ont consomme
des oméga-3. " Par ailleurs, seules les
vaches dont le lait va être transformé
sur place reçoivent des oméga-3 car
I Pour se diversifier,
la laiterie ne valorise pas les volumes
Yusuke Oyabu produit
particuliers " C'esf dommage car
des savons à base de lait
en forme de tour Eiffel.
mon père a clairement vu d'autres
Les Holsteins produisent 28 I de lait par jour et les Jersiaises 15 I.
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Yusuke Oyabu produit une gamme de yaourts, de glaces et de
yaourts glacés à partir de lait de vaches nourries avec des oméga-3.
bénéfices des oméga-3, notamment sur la fertilité et le niveau
de production des animaux », souligne Yusuke Oyabu.
Contrairement à de nombreux éleveurs japonais, la ferme
Oyabu est quasiment autonome en matière de fourrage (maïs
ensilage et riz fourrager pour l'essentiel), même si elle doit
acheter environ 30 % de la ration (surtout la luzerne et le
tourteau de soja).
« Nous avons commencé les oméga-3 il y a un an. Nous avons
vu la différence sur les produits Unis issus du lait des vaches
qui en ont consomme. Ils sont beaucoup plus onctueux. » Un
critère essentiel pour l'éleveur qui, après un stage en Bourgogne,
affiche sa passion de la France et l'envie de s'inspirer des idées
développées par les éleveurs transformateurs de l'Hexagone.
« Je suis à la recherche de nouvelles idées, si des éleveurs
français veulent échanger avec moi j'en serais ravi », sourit-il.
Il a déjà pris contact avec des universitaires pour trouver de
nouvelles textures. Et produit des savons à base de lait en
forme de... tour Eiffel.
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premier contact sur un salon
dè Yokohama avec I ambassade
de France, nous sommes venus
en France à plusieurs reprises
depuis 2011 pour comprendre
comment vos propres clusters
fonctionnent, tels Agromep, Vitagora et Valorial » Le responsable
espère même une exposition
de produits de Kumamoto au
Centre culinaire contemporain
de Rennes pour la fin de cette
annee
Lors d'un de ses voyages,
Shinsuke Nou, vice-président
du cluster et PDG de la laiterie Omu M i l k , a ete particulièrement sensible au
slogan de Bleu Blanc Cœur
(BBC), « mieux nourrir les
animaux pour mieux nourrir
les hommes» «Ici ta nutrition
animale est perçue comme une
part essentielle de la chaîne
de qualite pour I alimentation
humaine », explique-t-il en
pointant notamment combien
le lait et son image sont importants au Japon « D'ailleurs, les
ecoles fournissent toujours une
brique de lait aux enfants »,
souligne-t-il
Du lait plus riche
Les premiers contacts pris
avec Bleu Blanc Coeur grace
aux clusters japonais et français visaient donc l'enrichissement du lait de l'archipel
nippon avec des omega-3 via
l'incorporation de Linomax
« Ici, comme nous n avons pas
beaucoup de terres agricoles les
éleveurs ne peuvent pas compter
sur leur propre production de
fourrages (parfois ils ont moins
de W % d'autonomie fourragère) même pour leur ration de
base Nous avons une longue
pratique des importations »,
explique Shmichi Iihara, responsable de l'alimentation
animale pour l'entreprise
Kanno Kogyo, importateur de
matières premieres, dont les
produits BBC II est également
distributeur d'aliments qu'il
fait fabriquer a façon par six
fabricants d'aliments japonais
(1,8 Milan) ou qu'il conseille
aux éleveurs qui, eux mêmes,
les font fabriquer «Les matières
premieres que nous importons,
notamment le maîs et le soja du
continent americain induisent
un taux trop eleve d omega-6
dans le lait Déplus ils se sont
appauvris en elements nutritionnels Par exemple la teneur
en betacarotene a baisse de 30
a 50 % ces quarante dernieres
annees », signale-t-il
L'une des premieres filieres
a s'être mise en place est toutefois l'œuf, sous la demande
notamment de Katsuya Ogata,
éleveur de poules pondeuses,
qui travaille essentiellement
en vente directe et qui fut le
premier a obtenir le label BBC
« Au Japon la consommation
d œufs crus est tres élevée il
Les matières premières que
nous importons, notamment Le maïs
et Le soja du continent américain,
induisent un taux trop élevé
d'oméga-6 dans Le Lait.
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Takahiro Eno engraissé I
des bovins croises
Holstein et Wagyu
TAKAHIRO ENOU
Des croisés Holstein x Wagyu bien persillés
Takahiro Enou a transformé la ferme
laitière de ses parents en exploitation
d engraissement ll dispose de deux
bâtiments contigus, séparés en 22 parcs
soit 308 places toujours pleines L éleveur
emploie deux salariés « // esr difficile
de trouver de la main-d'œuvre pour
nos élevages, c'est pourquoi je ne suis
qu'engraisseur et non pas naisseurengraisseur », précise-t-il
" J'achète tous les mois 14 veaux de
deux mois qui pèsent entre 80 et 90 kg
et je les vends è 25 mois, lorsqu'ils pèsent
825 kg », poursuit-il Après un démarrage
avec des aliments d allaitement, la ration
de base est essentiellement conçue à
partir de blé, de maîs et de paille de riz
La ration complémentaire distribuée à
raison de 12 kg/j comporte du tourteau
de soja, du son de blé et depuis deux ans
de 2 % de Linomax « Deux mois avant la
sortie des animaux je monte à 5 % pour
la qualité du gras » explique l'éleveur qui
espère séduire les chefs japonais désireux
de proposer cette viande persillée assortie
d'un avantage santé
ll a en effet fait le choix d'acheter des
veaux croisés Holstein et Wagyu « Ici, les
ventes de veaux se font aux enchères Les
veaux Holsteins de deux mois
coûtent environ 80 000 yens
contre 600 DOO yens pour un
veau Wagyu qui est de plus
en plus difficile à trouver Les
croisés sont à 300 000 yens
et avec notre alimentation
il est quasiment impossible
de différencier leur viande à
la dégustation Les éleveurs lait/ers font
donc le choix de produire des croisés qui
se vendent très bien »
Les fameux bœufs de Kobé sont issus de
la race Wagyu, race traditionnelle japonaise,
avec des variantes selon les zones, qui
s est exportée notamment en Australie
un des principaux producteurs mondiaux
désormais
Takahiro Enou ne produit que 7 % des
volumes d'aliments nécessaires à l'élevage
ll ne possède en effet que 7 hectares de
terre et doit donc acheter l'aliment aussi
bien que la paille
Pour toute la durée de l'engraissement,
le coût alimentaire atteint 430 000 yens
dont un surcoût d'environ 8 000 yens
pour les oméga-3 " C'est subjectif car
nous n 'avons pas fait de mesures précises
maîs j'ai noté que dès que jai donné
du Linomax, les animaux ont gagne en
appétit Je n 'ai pas encore de retour sur le
rendement carcasse maîs je trouve aussi
que les problèmes d inflammation surf ouf
des membres se sont beaucoup réduits »,
explique Takahiro Eno
Si les veaux s'achètent aux enchères avec
des disponibilités très vanables, notamment
en croisés le prix des carcasses est par
contre publié dans la presse au niveau
national I 500 yens par kilo en standard
contre 2 300 en Wagyu « Je passe par
un centre d'abattage et je récupère une
partie de ma viande pour de la vente
directe Nous n'avons pas encore réussi
à ce que I abattoir valorise les oméga-3,
d'où mon choix de promouvoir ma viande
directement auprès des chefs » explique
l'éleveur tout en découpant des lamelles
à griller au barbecue
i Lalimentation enrichie en oméga-3 des croisés permet de produire une viande aux qualites organoleptiques comparables à celle des Wagyu
faut prêter particulièrement
attention aux regles de biosecunte
maîs aussi a I alimentation des
poules, pour soutenir leur immu
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mie en plus des caractéristiques
nutntwnnelles de l'œuf » ll développe la vente d oeufs riches en
omega 3 (vendu 100 yens contre
30 pour un oeuf standard) maîs
aussi leur valorisation dans des
biscuits grace z. un accord avec
l'entreprise Kimura Dans le
domaine bovin, deux fermes
ont suivi sa decision Eno en
viande et Oyabu en lait (lire
encadres)
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