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Le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket : « Une personne, un dossier, une histoire » SUCC ESS STO R Y 1 “One person, one chart, one history”: The Chronic Disease & Medicine Clinics Model at Southlake Regional Health Centre in Newmarket La recherche indique que, si le temps investi est considérable au début, dans l’ensemble, on consacre moins de temps à chaque patient qu’avec le modèle traditionnel individualisé, et les résultats sont meilleurs. Le nombre de réadmissions des patients arthritiques ayant participé au programme TAP de trois semaines, qui était de 500 par an au début du programme, est tombé à deux seulement. 1 « « Une personne, un dossier, une histoire » : le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket Une personne, un dossier, une histoire » Le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket Ieva Fraser déborde d’énergie et d’idées. Elle sait que, à Newmarket, on est à l’avant-garde. « Le modèle de gestion des maladies chroniques de l’Ontario…, nous le vivons ici. Il s’agit en réalité de comprendre la perspective de chaque discipline sur la manière de sortir du cloisonnement pour aboutir à des soins multidisciplinaires, tout en maintenant l’intégrité du champ de pratique propre à chaque discipline. » Ieva Fraser dirige les cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake, à Newmarket. Son département chapeaute le programme contre l’arthrite, l’éducation des diabétiques, le programme de réadaptation respiratoire et les cliniques de médecine. Ce réseau de cliniques existe depuis le début des années 1980, époque où un rhumatologue, le Dr Carter Thorne, avait mis sur pied un programme de réadaptation pour les personnes atteintes de divers types d’arthrite inflammatoire tels que la polyarthrite rhumatoïde. Tout comme Ieva Fraser, il croyait en l’efficacité de la participation des patients à la gestion de leur propre maladie par l’information et l’enseignement. Tous deux avaient aussi le sentiment que le travail en équipe réunissant plusieurs disciplines aboutirait à de meilleurs résultats pour les patients. À l’époque, ce concept était nouveau, non seulement pour améliorer les soins aux patients, mais aussi pour remédier à la pénurie de médecins et à leur surcharge. Il était tout à fait à l’opposé de la pratique hospitalière traditionnelle et de l’approche individuelle. Selon le Dr Thorne : « Cette solution permet de voir un plus grand nombre de patients, ce qui la rend économiquement rentable. Elle permet d’atteindre les objectifs de volume, tout en permettant de satisfaire aux objectifs en matière de résultats cliniques. » 12 « Une personne, un dossier, une histoire » : le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket Suivant cette logique, le programme contre l’arthrite (le PCA) a été mis sur pied à l’hôpital. À Southlake, c’était le premier d’une série de cliniques et de programmes novateurs en soins de santé, lesquels ont apporté un regain de vitalité à des personnes telles qu’Anna, qui doivent composer avec une maladie chronique. Anna W. était une jeune femme qui enseignait l’anglais au Japon, lorsqu’une poussée d’arthrite rhumatoïde est intervenue – l’alerte la plus épouvantable de toute sa vie. Elle était encore au Japon quand elle a vu ses articulations et ses extrémités se boursoufler pour atteindre la taille de melons, et soudain ressenti les pires douleurs qu’elle ait jamais éprouvées. Elle était clouée à un fauteuil roulant au moment de son retour en Ontario. Heureusement pour elle, Anna a été dirigée vers le PCA de Southlake. Au bas mot, 50 % de tous les aiguillages vers les cliniques de Southlake émanent de médecins en soins primaires de la collectivité. D’autres patients sont renvoyés par des spécialistes ou sont des patients hospitalisés. Lorsqu’Anna est arrivée au PCA, elle se croyait déjà invalide, mais son cheminement vers le rétablissement a débuté dès ses premiers contacts avec le programme. Dans le cadre des divers programmes et cliniques de Southlake, les fournisseurs de soins de santé autres que les médecins sont responsables de l’accueil des patients. Au programme contre l’arthrite, Anna a rencontré une ergonome en pratique avancée, qui se spécialise dans le soin de l’arthrite. Dans les autres cliniques, ce sont aussi des spécialistes autres que les médecins qui se chargent de l’accueil; par exemple, au programme de réadaptation, le thérapeute respiratoire et le physiothérapeute sont responsables de l’évaluation initiale. Lors des cliniques de médecine des maladies chroniques, les pharmaciens constituent les premiers chaînons clés du système. À Southlake, dans les cliniques de médecine des programmes de maladies chroniques de l’évaluation initiale est le point de départ d’une approche globale des soins. Indépendamment du motif de l’aiguillage, chaque patient expose ses antécédents médicaux au complet et subit un examen physique. Anna s’est prêtée à une entrevue exhaustive au sujet de sa santé, y compris ses antécédents génétiques, les interventions passées, la façon dont ses humeurs affectent son état, la liste de ses médicaments, ainsi que l’impact du tabac, de la consommation d’alcool et du régime alimentaire. On se penche même sur les soutiens sociaux et les moyens financiers des patients. Un questionnaire aussi détaillé mène parfois à un diagnostic différent de celui de l’aiguillage initial, mais il livre immanquablement une vue plus complète de l’état de santé du patient. Lors de l’entrevue d’accueil, il a été confirmé qu’Anna souffrait d’une forme particulière d’arthrite inflammatoire dite polyarthrite psoriasique, et que le PCA était bien ce qui lui convenait. Puis, à l’instar de la plupart des patients en gestion des maladies chroniques, elle a entamé un programme gradué, à plusieurs facettes. Tout d’abord, il a fallu établir un traitement médical approprié. Le rhumatologue, le Dr Thorne, l’a renvoyée à la Lorna Bain, ergothérapeute expérimentée, examine les articulations d’une patiente lors d’une évaluation initiale 13 « Une personne, un dossier, une histoire » : le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket La pharmacienne Diane Tin étudie d’éventuels médicaments avec un patient, après son évaluation initiale pharmacienne, Marie Craig. Celle-ci a discuté avec Anna, pour déterminer quels médicaments seraient les meilleurs pour son cas; elle a aussi appris à Anna comment s’injecter ses médicaments, en la renseignant sur les dosages et les effets secondaires possibles. Anna a été enchantée des traitements, de l’information et des directives qu’elle a reçus : « Quand je suis arrivée ici, je croyais être rivée à mon fauteuil roulant pour la vie. Maintenant, je me rends compte qu’il y a de l’espoir pour moi. » La pharmacienne était aussi très contente du résultat : « On ressent une telle satisfaction parce qu’on sait qu’on a opéré un changement, en donnant aux patients une information qu’ils ne recevraient pas normalement. » À ce stade, Anna a rencontré le Dr Thorne et d’autres membres de l’équipe de lutte contre l’arthrite – un physiothérapeute, l’ergothérapeute et un kinésiologue. Si l’on avait dépisté d’autres maladies chez elle, Anna aurait été adressée à l’une des autres cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre. Les patients qui présentent plusieurs maladies chroniques peuvent être renvoyés d’une clinique à l’autre. Il s’agit véritablement d’un guichet unique. Ici, même les spécialistes se déplacent pour voir les patients. Selon les besoins, ils travaillent sur place, dans les cliniques de Southlake. Forte d’un meilleur contrôle de sa maladie, Anna a été inscrite à un programme éducatif de trois semaines, afin d’acquérir la capacité de gérer son arthrite sur une base quotidienne. Elle s’est familiarisée avec ses médicaments, ses orthèses, les chaussures à porter, les ressources communautaires et les programmes d’exercice, le tai-chi par exemple, qui seraient appropriés à son état. Pour Anna, le cours était une véritable bénédiction. « Cette épreuve avait été un réveil brutal pour moi. La polyarthrite psoriasique sonnait le glas d’un rêve. J’ai cru que je ne pourrais jamais faire carrière dans l’enseignement, comme je l’avais espéré. Au PCA, ils s’y connaissent si bien; maintenant, je ne craindrai plus que mes os se désintègrent prématurément. On m’a dit que si l’on prend soin de soi, cela n’arrive pas, et l’on m’a appris à empêcher que cela se produise. » Ieva Fraser dit qu’Anna n’est pas la seule à faire ce genre de commentaires. Des données fondées sur les résultats cliniques pour les patients six mois après l’inscription au programme de trois semaines permettent de conclure qu’il y a des améliorations significatives chez tous les patients. À tel point que, aux nouveaux patients qui s’inscrivent au programme, Ieva peut affirmer avec certitude : « Si vous suivez ce régime thérapeutique à plus de 80 %, vous obtiendrez de bons résultats médicaux. Nous aurons raison de cette maladie. Si vous suivez le régime à un degré moindre, ce sera plus long et la maladie aura d’autant plus d’emprise. » Les patients dont les maladies chroniques entraînent des complications peuvent poursuivre leur cheminement vers l’autogestion après la phase initiale d’enseignement/de traitement de groupe, en suivant un atelier général de gestion des maladies chroniques. On offre plusieurs ateliers, dont chacun a lieu une fois par semaine pendant six semaines et met l’accent sur la 14 « Une personne, un dossier, une histoire » : le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket Le modèle de gestion des maladies chroniques de l’Ontario…, nous le vivons ici. Il s’agit en réalité de comprendre la perspective de chaque discipline sur la manière de sortir du cloisonnement pour aboutir à des soins multidisciplinaires, tout en maintenant l’intégrité du champ de pratique propre à chaque discipline. I E VA F R A S E R Ieva Fraser, devant des aides pour l’arthrite aujourd’hui rarement utilisées dans le cadre du programme de soin de l’arthrite capacité d’adaptation, la nutrition ou l’exercice. Chaque séance comporte un apprentissage par l’expérience et du travail à domicile, qui viennent ajouter aux acquis de la semaine précédente. Les patients peuvent ensuite passer à l’un des programmes communautaires d’autogestion, tels que ceux que Southlake a mis sur pied en partenariat avec les services des parcs et des loisirs de Newmarket. Après avoir suivi le programme éducatif et thérapeutique de trois semaines sur l’arthrite, Anna a reçu un plan de réadaptation auquel figuraient physiothérapie, étirements et natation. L’objectif était que, éventuellement, elle pourrait gérer son arthrite de façon autonome, à l’aide d’un programme de maintien dans la collectivité. D’un bout à l’autre du processus, Anna a eu accès aux services des membres de l’équipe des soins de santé, tous disposés à lui prêter soutien et assistance au besoin. Les fonctions des membres de l’équipe varient d’une clinique à l’autre, selon les besoins des patients; au programme contre l’arthrite, l’équipe comprend des rhumatologues, une diététiste, un kinésiologue, des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, des travailleurs sociaux et des pharmaciens. Anna a été étonnée de constater que tous les professionnels de la santé qui ont eu affaire à son dossier travaillaient effectivement ensemble, sous le même toit et dans la même salle. Comme le déclare Ieva Fraser : « Le partage d’un même espace est un outil critique, qui donne des occasions de remue-méninges entre spécialistes, stimule l’émergence de nouvelles idées et abaisse les fausses barrières entre spécialités. » « La confiance que l’équipe dégage, relate Anna, a changé bien des choses pour moi. J’ai senti qu’ils mettaient véritablement toutes leurs énergies à me guérir. » Le fait est, cependant, que le regroupement de disciplines différentes ne se fait pas toujours de façon intégrée. À Southlake, l’équipe travaille de manière informelle et coopérative. On y a élaboré des exercices de formation de l’équipe qui aident tous les professionnels à dispenser un type différent de soins de santé intégrés. Au début, il est arrivé que de simples différences dans les modes d’opération des diverses disciplines aient dressé des barrières à la communication. Par exemple, l’équipe du PCA a découvert que l’expression ‘médicalement stable’ avait une signification différente pour un médecin, un ergothérapeute et un physiothérapeute. Ils ont dû s’entendre sur la définition de formules neutres. Cependant, Ieva Fraser est d’avis que la création d’équipes multidisciplinaires, non hiérarchiques, facilite l’autogestion pour les patients. Ce type d’équipes optimise également le champ de pratique de chaque professionnel et en améliore l’efficience. 15 « Une personne, un dossier, une histoire » : le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket Anna W., une jeune femme active qu’on voit ici lors d’une randonnée, cinq mois avant de revenir chez elle du Japon dans une chaise roulante « La gestion des maladies chroniques n’a pas d’avenir si elle doit suivre le modèle des soins actifs. En soins actifs, on se déplace et on fait quelque chose pour le patient…, et ce n’est pas là ce qui s’appelle de l’autogestion. Les patients hospitalisés sont impuissants. Il nous est impossible d’utiliser ce modèle. L’autogestion et l’impuissance ne vont pas de pair. Les fournisseurs de soins de santé doivent opérer essentiellement en mode de transfert du savoir, de sorte que le patient puisse véritablement en venir à l’autogestion. « Auparavant, chaque fois que j’ai dû agir sur le plan de ma santé, commente Anna W., j’ignorais ce qui se passait. Après avoir suivi le PCA, j’ai senti que j’avais mon mot à dire sur ce qui constituait le meilleur traitement pour moi, du moins selon mes lumières. J’ai enfin appris tout ce que je voulais savoir sur ce qui ne tournait pas rond chez moi. J’avais à ma disposition toute une équipe de spécialistes qui travaillaient à ma guérison. Je ne sais pas ce qui me serait arrivé sans eux. » Une autre difficulté se posait à l’intégration des équipes : la nécessité de constituer pour chaque patient un dossier unique, qui satisfasse les exigences de toutes les disciplines. En général, on enseigne aux fournisseurs de soins de santé que, pour chaque patient, il faut tenir un dossier selon sa discipline. À Southlake, les membres de l’équipe ont relevé les principaux éléments d’information dont chaque discipline a besoin pour la prise des décisions cliniques. Ils ont ensuite créé un dossier unique, que tous consultent. Une personne, un dossier, une histoire. Les dossiers des patients atteints de maladies chroniques sont actuellement sur papier, mais le Centre régional de santé Southlake travaille actuellement à leur informatisation, de façon à améliorer le traitement des patients ayant plusieurs maladies chroniques. Cette opération permettra à tous les professionnels de la santé, quelle que soit la clinique, d’avoir accès aux notes prises par le médecin au sujet d’un patient. Cela rendra également possibles de meilleures communications avec le médecin de famille du patient. Toutes les données portées au dossier d’Anna au PCA, par exemple, sont partagées avec son médecin de famille. Auparavant, chaque fois que j’ai dû agir sur le plan de ma santé, commente Anna W., j’ignorais ce qui se passait. Après avoir suivi le PCA, j’ai senti que j’avais mon mot à dire sur ce qui constituait le meilleur traitement pour moi, du moins selon mes lumières. J’ai enfin appris tout ce que je voulais savoir sur ce qui ne tournait pas rond chez moi. J’avais à ma disposition toute une équipe de spécialistes qui travaillaient à ma guérison. ANNA W 16 « Une personne, un dossier, une histoire » : le modèle des cliniques de médecine et de maladies chroniques du Centre régional de santé Southlake à Newmarket Ce partage est de la plus haute importance pour la continuité des soins au patient une fois qu’il sera de retour dans la collectivité. « L’une des règles du système prescrit que les notes d’évaluation doivent être transmises au médecin de famille. Les médecins de famille sont des membres clés de l’équipe, selon Ieva Fraser. Nous leur transmettons régulièrement des renseignements détaillés au sujet de leurs patients. » Le succès remporté par le programme contre l’arthrite de Southlake a mené à la fusion d’autres cliniques de médecine et de maladies chroniques, lesquelles fonctionnent maintenant d’après les mêmes principes que le PCA. Le modèle de Southlake a eu comme aboutissement des patients heureux et un personnel plus satisfait. On y connaît désormais une rotation plus faible de fournisseurs de soins de santé et un taux très élevé de satisfaction professionnelle. Comme l’atteste le Dr Carter Thorne : « C’est la réussite de la constitution d’équipes qui a été si importante pour moi. Cela a entraîné de tels succès pour les patients que je ne peux plus les compter, pour tout vous dire! Nous les regardons passer en nous disant : regarde cette personne, c’est incroyable, les progrès qu’elle a réalisés! » Et les données confirment la réussite : le programme est non seulement rentable, mais il affiche des résultats médicaux remarquables. La recherche démontre que, si l’investissement en temps est considérable au début, au bout du compte, le temps consacré à chaque patient est moindre que selon le modèle individuel traditionnellement pratiqué, et les résultats sont meilleurs. Le modèle de Southlake en prévention et en gestion des maladies chroniques a abouti à une réduction prodigieuse des réadmissions à l’hôpital des patients arthritiques qui avaient suivi le PCA de trois semaines. Les réadmissions, qui étaient au nombre de 500 par an au début du programme, ont chuté, pour s’établir aujourd’hui à deux seulement, selon les dossiers administratifs de Southlake. Des patients tels qu’Anna W. portent le programme aux nues. Bien qu’elle ait encore des poussées de temps en temps, son attitude à l’égard de sa maladie s’est transformée. Elle s’est inscrite à la faculté des sciences de l’éducation, et ne se sert plus que rarement d’une canne ou de béquilles. « Je peux mener une vie tout à fait normale, à condition de prendre les mesures nécessaires. Et, maintenant, je sais comment. Je suis plus prudente, mais je ne dirais pas que je crains l’avenir. Plus maintenant. Je crois certainement que tous mes projets sont de nouveau possibles. » Pour de plus amples renseignements, prière de communiquer avec Jane Casey, directrice des programmes de médecine ainsi que des cliniques de médecine et de maladies chroniques, Centre régional de santé Southlake, à Newmarket : 905 895-4521, poste 2472; [email protected].