Le cygne noir
Transcription
Le cygne noir
Semaine 196 Le cygne noir Rien que la solitude amère, blême et vibrante Pour dans cette forêt d’ombres t’aimer, beau cygne noir. Rien que de feuilles jaunies et craquantes, lasses de rouler Pour te tenir compagnie, beau cygne, dans ta sombre mare. Le vent glisse sur tes eaux, hérisse tous tes maux Siffle entre les arbres qui se moquent de ta compagne Alors ton plumage abyssal en rosaces des ténèbres fleurit Et l’œil rond rouge sang brillant d’une fureur sans hargne La gorge déployée, fine flûte enchantée, les cieux tu défies. Par-delà cette route humide que plus personne n’emprunte Cet entrelacs de troncs, d’épines tristes, qui l’unique sentier digèrent Cloîtré par cette grille rouillée, verte de mousses grimpantes On t’a oublié, là, dans ton amer royaume d’eau et de terre. Les jours qui passent et qui seul toujours te laissent Glissent sur toi comme le vent et ses mots. Alors seul tu tournes dans ta mare, le cœur avide de tendresse Tu vas avec la vie, tu vas avec tes maux. Felipe