Haut fourneau
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Haut fourneau Conception et technologie par Maurice BURTEAUX Ingénieur de l’École Centrale de Paris Ancien Chef des hauts fourneaux de Longwy et Dunkerque 1. 1.1 1.2 2. 2.1 2.2 2.3 — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 6 6 7 7 7 7 7 7 8 9 9 9 9 10 10 10 10 11 11 11 11 3. 3.1 3.2 3.3 Aspects économiques............................................................................. Coût d’investissement d’un gros haut fourneau....................................... Coût de la réfection ..................................................................................... Prix de revient de la fonte et économies d’énergie .................................. — — — — 11 11 11 12 4. 4.1 4.2 Futur du haut fourneau .......................................................................... Évolution des dimensions........................................................................... Modifications possibles .............................................................................. 4.2.1 Utilisation massive d’électricité......................................................... 4.2.2 Haut fourneau à oxygène................................................................... Procédés alternatifs au haut fourneau....................................................... — — — — — — 12 12 12 12 13 13 2.6 2.7 2.8 4 - 1992 M 7 410 - 2 — 2 — 2 — 2 — 3 — 3 — 3 — 3 — 3 — 3 — 5 — 6 — 6 Annexes du haut fourneau .................................................................... Site ................................................................................................................ Préparation de la charge et chargement ................................................... Production de vent chaud ........................................................................... 2.3.1 Soufflante ............................................................................................ 2.3.2 Soufflante de secours......................................................................... 2.3.3 Conduite à vent froid.......................................................................... 2.3.4 Cowpers............................................................................................... 2.3.5 Réseau de vent chaud ........................................................................ Injection de charbon.................................................................................... Halle de coulée............................................................................................. 2.5.1 Trou de coulée..................................................................................... 2.5.2 Rigole principale ................................................................................. 2.5.3 Prétraitement de la fonte dans la halle de coulée............................ 2.5.4 Assainissement de la halle de coulée ............................................... Réseau de gaz .............................................................................................. Circuits d’eau ............................................................................................... Système de contrôle-commande et salle de contrôle .............................. 2.8.1 Conduite du haut fourneau................................................................ 2.8.2 Système de communication .............................................................. 2.8.3 Salle de contrôle ................................................................................. 2.4 2.5 M 7 410 Description et construction.................................................................. Profil interne................................................................................................. 1.1.1 Définition ............................................................................................. 1.1.2 Détermination du profil...................................................................... 1.1.3 Nombre de tuyères............................................................................. 1.1.4 Caractéristiques des gros hauts fourneaux européens................... Construction du haut fourneau .................................................................. 1.2.1 Structure.............................................................................................. 1.2.2 Blindage............................................................................................... 1.2.3 Garnissage réfractaire ........................................................................ 1.2.4 Système de refroidissement.............................................................. 1.2.5 Durée de la campagne ....................................................................... 1.2.6 Incidents de la paroi du haut fourneau............................................. 4.3 Pour en savoir plus........................................................................................... Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques Doc. M 7 410 M 7 410 − 1 HAUT FOURNEAU ______________________________________________________________________________________________________________________ e haut fourneau a montré, dans sa longue histoire, de grandes facultés d’adaptation et a supporté, par exemple, le remplacement du combustible initial, le charbon de bois, par le coke, puis la substitution de 20 à 35 % de ce dernier, enfourné en gros morceaux au gueulard, par l’injection aux tuyères de fioul, de gaz, ou de charbon en poudre. Par contre, le haut fourneau exige d’être alimenté en coke et en aggloméré de grande qualité (Haut fourneau. Théorie [M 7 400]), ce qui nécessite de construire une cokerie et une agglomération, d’où un investissement important qui oblige à l’installation d’une capacité importante (probablement 1 Mt par an) pour assurer la rentabilité. De plus, la production ne peut varier que par petits paliers (Haut fourneau. Exploitation [M 7 411]), faute de quoi, l’on risque d’endommager le haut fourneau. L 1. Description et construction 1.1 Profil interne 1.1.1 Définition Le profil du haut fourneau est constitué par le dessin et les dimensions intérieures du garnissage réfractaire neuf ; ce garnissage délimite en effet le volume métallurgique où s’élabore la fonte (figure 1). Il est difficile de préciser l’influence du profil sur les performances du haut fourneau ; mais des expériences malheureuses ont démontré la nécessité de choisir le profil avec soin [2]. 1.1.2 Détermination du profil Le nombre de dimensions à fixer est toujours plus grand que le nombre de relations que l’on peut écrire, faute de pouvoir quantifier l’effet du choix de telle hauteur ou de tel angle ; l’expérience est donc essentielle pour cette détermination. 1.1.2.1 Section droite du haut fourneau C’est un cercle, sauf dans certains creusets où le garnissage est plus épais dans la région du trou de coulée. 1.1.2.2 Volume utile ou interne Il est déterminé en fonction de la production visée, en estimant que l’on peut fabriquer environ 2 et jusqu’à 2,5 t de fonte par jour et par mètre cube de volume utile (Haut fourneau. Théorie [M 7 400]). 1.1.2.3 Diamètres — Le diamètre du creuset Dc est en relation avec le volume du fourneau comme le montre la figure 2. — Le diamètre du ventre D v est approximativement égal à 1,1Dc , ce qui est suffisamment grand pour que la pression des charges ne soit pas trop forte dans le ventre ; au-delà, l’angle d’étalages devient faible, ce qui gêne la descente des charges. — Le diamètre du gueulard Dg est choisi assez grand pour que la vitesse du gaz n’y dépasse pas 1,3 à 1,4 m/s ; par ailleurs, à cause de la ségrégation des matières (qui augmente quand Dg augmente) ainsi que de la difficulté de réaliser et de maintenir en état des cloches ou des goulottes très grandes, on limite la valeur de D g à environ 0,75Dc . M 7 410 − 2 Figure 1 – Profil du haut fourneau [1] 1.1.2.4 Hauteurs et angles ■ Dans le creuset, on maintient de la fonte liquide entre le trou de coulée et la sole, en plaçant celle-ci 1 à 2 m plus bas que celui-là ; la fonte protège la sole et le mur de l’érosion par le métal qui va vers le trou de coulée, et constitue un volant thermique. La hauteur entre le trou de coulée et les tuyères est voisine de 0,33Dc , ce qui est suffisant pour accumuler la fonte et le laitier produits entre deux coulées. Au-dessus des tuyères, on évite que les chapelles (ouvertures destinées à recevoir tympes (§ 1.1.3) et tuyères) soient pratiquées dans les étalages, en gardant une hauteur de cylindre de 0,5 m. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques ______________________________________________________________________________________________________________________ HAUT FOURNEAU 1.2 Construction du haut fourneau 1.2.1 Structure Le haut fourneau est construit sur un massif cylindrique de béton dont la charge est répartie sur le sol par des pieux ou un radier ; la contrainte sur le sol atteint 150 à 200 kPa. Vers le bas, l’étanchéité est faite par la tôle de fond, qui est soudée à la partie inférieure du blindage (figure 3). Ce dernier, en tôles d’acier soudées, forme l’enveloppe extérieure du haut fourneau et assure la stabilité et l’étanchéité de celui-ci. Le blindage se termine à sa partie supérieure par un dôme qui porte l’appareil de chargement. Le haut fourneau est autoportant quand le blindage est stable par sa seule structure, sinon, il s’appuie par des consoles sur la tour carrée. Cette charpente, construite dans tous les cas près du fourneau, porte la circulaire à vent, les passerelles, les sorties de gaz, la tête du monte-charge et divers équipements. 1.2.2 Blindage Figure 2 – Relation entre diamètre du creuset et volume utile du haut fourneau [2] ■ Dans les étalages, l’angle ε et la hauteur He sont liés par la relation tan ε = 2He /(Dv – Dc), d’où He = 0,05Dc tan ε. L’angle ε est choisi égal à environ 80o, pour tenir compte de la diminution de volume des matières ferrifères, sans cependant gêner la descente de la charge par une pente trop faible. La hauteur du ventre Hv est fixée à 2 ou 3 m, ce qui assure une transition suffisante entre les deux troncs de cône. Il subit des contraintes ayant pour origine la pression du gaz, la poussée de la charge et des réfractaires et, dans le creuset, la pression ferrostatique ; pour un gros haut fourneau, la pression résultante est de 1 MPa au fond du creuset, 0,5 MPa aux tuyères et 0,25 MPa au gueulard. On calcule l’épaisseur du blindage avec un coefficient de sécurité de 1,6 par rapport à la limite d’élasticité ; les contraintes sont vérifiées entre les trous par où passent les tubes du système de refroidissement et surtout à leur pourtour, où elles se concentrent pour atteindre une valeur parfois trois fois plus élevée que la valeur en partie courante. Quand le blindage s’échauffe, il subit une contrainte σ (article Haut fourneau. Exploitation [M 7 411]) qui croît comme l’épaisseur de la paroi e, qui est donc à minimiser. Par exemple : pour une tôle d’acier d’épaisseur e = 50 mm ayant une limite d’élasticité de 230 MPa, cette dernière est atteinte pour un flux thermique traversant la paroi de 480 MJ/(m 2 · h), niveau de flux que l’on constate localement quand le réfractaire est usé. ■ Dans la cuve, l’angle Φ et la hauteur H k sont liés par la relation tan Φ = 2H k /(Dv – Dg), d’où tan Φ = 5,71H k /Dc . La hauteur de la cuve doit être telle que le temps de séjour du gaz et des oxydes de fer y soit assez grand pour permettre un bon achèvement des réactions (article Haut fourneau. Théorie [M 7 400]), sans accroître inutilement la perte de charge du gaz ; H k varie peu avec le diamètre du creuset et est généralement de 16 à 18 m. La hauteur de la partie cylindrique du gueulard est d’environ 2 m, pour contenir une charge unitaire. Le dommage est toutefois limité par le fluage du métal qui relaxe les contraintes quand la température s’élève. La qualité de l’acier est choisie pour sa limite d’élasticité, mais aussi pour sa soudabilité, qui doit être bonne pour la mise en œuvre sur chantier en plein air, et pour les réparations en cas de fissuration. On utilise, de façon classique, l’acier pour chaudière A37 (Rm = 370 MPa) ou A42 (Re = 230 MPa ; Rm = 420 MPa), mais la recherche de meilleures performances a conduit à l’emploi d’aciers microalliés tels que l’Usiten 355HF (GTS Industries) (Re = 335 MPa ; Rm = 480 MPa ; carbone équivalent ≈ 0,4). 1.1.3 Nombre de tuyères L’épaisseur du blindage d’un gros haut fourneau est de 100 mm dans le creuset, de 85 mm dans les étalages et de 65 à 40 mm dans la cuve. (0) La régularité de descente de la charge est mieux assurée quand les zones de combustion des tuyères voisines sont contiguës ; pour cela, il faut que la distance entre les nez de tuyère soit de l’ordre du mètre, d’où 28 tuyères pour un creuset de 10 m de diamètre et 40 pour celui de 14 m. La tuyère est placée dans la tympe, pièce en cuivre, tronconique et creuse, refroidie à l’eau ; la tympe est calée dans la chapelle en acier moulé soudée au blindage (figure 14). 1.1.4 Caractéristiques des gros hauts fourneaux européens Elles sont rassemblées dans le tableau 1. 1.2.3 Garnissage réfractaire 1.2.3.1 Qualités recherchées Chargé de contenir les matières en cours de traitement et les produits élaborés, le garnissage subit des sollicitations diverses et variables selon la région considérée : — température (dilatations, ramollissement) ; — efforts mécaniques (chocs, érosion par la charge et le gaz) ; — efforts thermomécaniques (choc thermique, gradient de température) ; — corrosion chimique par le gaz (CO, H2O, alcalins), par le laitier (qui agit comme fondant) et la fonte (pénétration). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 410 − 3 HAUT FOURNEAU ______________________________________________________________________________________________________________________ Tableau 1 – Caractéristiques des gros hauts fourneaux européens [1] Hauts fourneaux Caractéristiques Dunkerque 4 Ijmuiden 7 Redcar 1 Volume total ...............................................................(m3) Volume utile ................................................................(m3) Dc ..................................................................................(m) Dv ..................................................................................(m) Dg ..................................................................................(m) 4 497 3 648 14 15,5 10,5 4 440 3 675 13 14,9 9,8 4 642 3 628 14 15,15 10,8 Distance de la sole au trou de coulée ........................(m) He ..................................................................................(m) ε .......................................................................................... Hv ..................................................................................(m) H k ..................................................................................(m) Φ ........................................................................................ Hg ..................................................................................(m) Nombre de tuyères .......................................................... Nombre de trous de coulée ............................................. 1,95 3,86 80o 43′ 2,8 15,4 81o 83′ 2,4 40 4 1,40 4,38 80o 30′ 2,81 19,44 83o 06′ 0,88 38 3 ≈2 3,1 ≈ 79o 50′ 3 18,1 80o 30′ ≈2 36 4 Schwelgern 1 4 708 3 596 13,6 15,8 10 ≈ 83o 2,6 4,04 2,5 14,6 81o 23′ 5,25 40 4 Tarente 5 4 335 3 309 14 15 9,8 2,7 3,7 82o 10′ 3 16,5 81o 10′ 1,2 36 4 Le matériau réfractaire doit être choisi sélectivement (figure 3) pour faire face à ces sollicitations ; sa conductivité thermique est particulièrement importante car : — toutes les sollicitations sont plus faibles à froid qu’à chaud et les produits bons conducteurs se refroidissent plus facilement que les autres ; — la résistance aux contraintes thermomécaniques R ′ (à l’origine de l’écaillage des briques), qui s’exprime par la relation suivante, est d’autant meilleure que λ est plus grand : λ ( 1 – ν ) σm R′ = --------------------------------Eα avec λ ν σm E α conductivité thermique, coefficient de Poisson, résistance à la compression, module d’élasticité, coefficient de dilatation linéique. 1.2.3.2 Garnissage du creuset Le matériau est essentiellement du carbone façonné en blocs de section carrée de 0,25 m2 et longs de 1 à 2,5 m. Le carbone est aisément refroidi à cause de sa conductivité [λ = 8 W/(m · K)]. À la pression qui règne dans le creuset des hauts fourneaux marchant à forte pression de vent, le carbone classique est pénétré par la fonte, cela a conduit à l’emploi de carbone microporeux qui se laisse difficilement pénétrer à cause de la dimension de ses pores (< 1 µm). L’épaisseur du garnissage est de 1,5 à 2 m pour le mur et de 2 à 3 m pour la sole ; cette épaisseur comprend, en face chaude, 0,5 à 1 m de matériau alumineux (70 % d’Al2O3) qui constitue la tasse céramique et évite au carbone d’être en permanence exposé à la température où se développent des contraintes thermiques et des dépôts d’alcalins, circonstances propices à la formation d’une zone fracturée (brittle layer) où le carbone se désagrège. 1.2.3.3 Garnissage des étalages, du ventre et de la moitié inférieure de la cuve Figure 3 – Garnissage réfractaire et refroidissement M 7 410 − 4 Ce sont les régions des plus grandes sollicitations à cause de la température, de la grande vitesse du gaz, des flux thermiques en paroi importants et très variables, de la présence de composés alcalins ; toutefois, les étalages sont souvent protégés par une couche précaire de laitier figé. Le matériau qui tend à s’imposer dans cette partie du haut fourneau est constitué d’un agrégat de SiC dans Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques ______________________________________________________________________________________________________________________ HAUT FOURNEAU un liant le sialon (solution solide d’Al 2 O 3 dans Si 3 N 4 ) de formule Si3Al3O3N5 . Ce produit a une bonne résistance à la corrosion par les alcalins et le laitier, une bonne résistance aux chocs thermiques (λ = 12 W/(m · K) à 1 000 oC) et une bonne résistance mécanique à froid et à chaud (45 Mpa à la flexion à 1 500 oC). Dans cette région, comme d’ailleurs jusqu’au gueulard, l’épaisseur du garnissage est d’environ 0,5 m. 1.2.3.4 Garnissage à mi-cuve La température est suffisante pour que se développent des agressions chimiques : attaque par CO et les alcalins ; les fluctuations thermiques sont parfois fortes ; on y installe un matériau alumineux : sillimanite (62 % d’Al2O3), ou à base de corindon (84 % d’Al2O3), moins coûteux que le SiC lié au sialon. 1.2.3.5 Garnissage dans le haut de cuve Le garnissage subit des chocs et de l’abrasion ; on y met un matériau dur comme le SiC lié à de l’argile, liaison suffisante en l’absence d’attaques chimiques ; étant donné l’usure de cette partie pendant les longues campagnes, on tend maintenant à y installer des plaques de refroidissement lisses, sans garnissage réfractaire. Dans le gueulard, aucune brique ne résiste à la violence des chocs : on coule un béton le long du blindage en le protégeant côté fourneau par des plaques de choc en acier moulé allié (1 % Mn, 2 % Ni, 1 % Cr ; dureté Brinnel 330 ; Rm = 1 100 MPa). 1.2.4 Système de refroidissement 1.2.4.1 Caractéristique Il aide le garnissage réfractaire à résister aux sollicitations, et protège le blindage contre un échauffement exagéré (figure 3). Le principe du refroidissement est de faire circuler un fluide (eau, air, fluide caloporteur) dans une enceinte étanche au contact du matériau réfractaire ou du blindage ; le contact est assuré par le damage d’un pisé conducteur entre le refroidissoir et la partie à refroidir. L’eau est le fluide le plus utilisé pour son faible coût et sa capacité thermique massique : 4,18 kJ/(kg · oC), contre 2,7 pour une huile minérale et 1 pour l’air à 20 oC (tableau 2). (0) — La double enveloppe, ou water-jacket, est constituée par une tôle de 20 mm installée parallèlement au blindage. L’eau circule dans l’espace libre entre les deux tôles. Le grand inconvénient de ce système est la difficulté de diriger l’eau dans une enceinte de grande surface et dont le cloisonnement est toujours approximatif. — Le tube de refroidissement doit être noyé dans un matériau conducteur pour être efficace ; il est surtout employé dans le sous-creuset. — La plaque de refroidissement, ou stave cooler (figure 4), est faite de tubes d’acier autour desquels a été coulée une plaque de fonte ; la plaque est installée contre la face interne du blindage et le garnissage réfractaire est maçonné contre elle. Ce système est très efficace par la bonne répartition de l’effet de refroidissement et par le grand débit d’eau qu’il autorise (50 à 60 m3/m2 de paroi du haut fourneau). La fonte résistant bien aux efforts mécaniques et à la corrosion, la plaque peut survivre longtemps après la disparition du garnissage réfractaire. — La boîte de refroidissement, en cuivre, est mise en place au milieu des assises de briques. On dessine son circuit d’eau (figure 5) de façon à donner une grande vitesse à l’eau. On emploie 25 m3 d’eau par mètre carré de paroi. La boîte, qui présente une surface horizontale importante, est un bon support pour les briques réfractaires. 1.2.4.3 Refroidissement d’un gros haut fourneau Le choix entre plaques et boîtes dépend de la façon dont sont appréciés le remplacement (plus facile pour les boîtes), l’effet de refroidissement (local pour les boîtes, de surface pour les plaques), le supportage des briques (meilleur pour les boîtes), la protection du blindage (meilleure pour les plaques), l’inconvénient pour l’écoulement de la charge des protubérances que constituent les boîtes quand le garnissage réfractaire est usé (tableau 3). 1.2.4.4 Les tuyères Elles sont refroidies par une double circulation d’eau : dans le nez et dans le corps. La vitesse de l’eau au nez doit être au moins égale à 16 m/s pour éviter la vaporisation quand la tuyère est touchée par de la fonte (figure 6). La pression de l’eau doit être sensiblement supérieure à celle du vent pour éviter l’explosion de la tuyère en cas de percée. Le cuivre utilisé est pur à 99,99 %, ce qui lui donne une conductivité thermique d’environ 350 W/(m · K). Tableau 2 – Influence de la température d’entrée et de la vitesse de l’eau sur la température de la paroi interne d’un tube soumis à un flux thermique de 209 MJ/(m2 · h) Vitesse de l’eau (m/s) 0,5 ......................................... 1 ............................................ 2 ............................................ Température de la paroi pour des températures d’entrée de l’eau de : 20 oC 35 oC 50 oC 40 30 25 52 43 40 68 60 53 Pour éviter les dépôts de tartre dans les enceintes où circule de l’eau, cette dernière est adoucie par passage sur des résines échangeuses d’ions, on lui ajoute ensuite du chromate de zinc pour la rendre non corrosive. 1.2.4.2 Modes de refroidissement — Le ruissellement consiste à faire couler une lame d’eau sur le blindage. Il n’assure que l’évacuation de flux faibles (50 à 80 MJ/(m2 · h)), sinon il y a des risques pour la tenue du blindage. Figure 4 – Plaque de refroidissement [3] Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 410 − 5 HAUT FOURNEAU ______________________________________________________________________________________________________________________ Figure 6 – Tuyères 1.2.6.2 Incidents du système de refroidissement Figure 5 – Boîte de refroidissement [3] (0) Tableau 3 – Refroidissement d’un gros haut fourneau Zone du haut fourneau Mode de refroidissement Fondation en béton ....... Sole du creuset.............. Tubes dans béton Tubes dans pisé Mur du creuset .............. Étalages, ventre et cuve ............................ Haut de cuve et dôme ... Ruissellement Plaques ou boîtes de refroidissement Ruissellement Eau 180 m3/ h Fluide Air 5,5 m3/s Eau ou fluide caloporteur 90 m3/h Eau 3 000 m3/ h Eau 4 000 m3/ h 1.2.5 Durée de la campagne La durée de la campagne dépasse actuellement dix ans [4] ; le HF3 de Kashima (Japon), par exemple, a produit 48 Mt en une campagne de 13 ans et 5 mois, et l’on compte atteindre 15 ans. L’allongement de la campagne a d’abord un intérêt économique (l’amortissement du coût de la réfection se fait sur un plus grand nombre de tonnes), mais aussi un intérêt pour le fonctionnement de l’usine sidérurgique, qui est moins souvent privée de ses hauts fourneaux. La durée de la campagne dépend beaucoup de la conception de l’appareil, mais aussi de la surveillance qu’on peut exercer sur lui, c’est-à-dire de l’équipement de mesures dont on dispose, et enfin du mode de conduite, comme le montre l’exemple du flux de gaz à la paroi (article Haut fourneau. Exploitation [M 7 411]). Enfin, des interventions judicieuses (§ 1.2.6) sont un moyen efficace pour faire une longue campagne. 1.2.6 Incidents de la paroi du haut fourneau 1.2.6.1 Usure des réfractaires Elle est, en général, progressive et lente (quelques millimètres par mois), mais un effondrement du garnissage peut se produire, par exemple, à la remise en route après un long arrêt. Le garnissage peut être consolidé, à partir de l’extérieur, par des injections de mortier, ou par l’intérieur, par projection de ciment, après vidage de la cuve par une descente de la charge (article Haut fourneau. Exploitation [M 7 411]). M 7 410 − 6 Ils sont à l’origine d’entrées d’eau, très néfastes au fonctionnement du haut fourneau ; il faut les détecter et les supprimer rapidement. La détection se fait par la surveillance des niveaux dans le ballon de mise en charge de chaque circuit, et par celle du rendement en hydrogène (article Haut fourneau. Théorie [M 7 400]) qui diminue quand il y a une entrée d’eau dans le haut fourneau. La recherche de la pièce percée se fait ensuite par des manœuvres des robinets d’alimentation ; on a grand intérêt à faciliter ces manœuvres à cause du grand nombre de circuits élémentaires à vérifier (120 pour les tuyères, 280 pour les plaques de refroidissement). La pièce percée est remplacée, immédiatement s’il s’agit d’une tuyère, plus tard, après fermeture de l’alimentation, s’il s’agit d’une boîte ; le remplacement d’une plaque, long et difficile, est une opération très exceptionnelle. 1.2.6.3 Incident de blindage C’est la fissuration qui se développe à la suite des cycles de contraintes thermiques. La réparation de la fissure peut être réalisée par soudage ; mais il est souvent préférable de laisser de la souplesse à la tôle en arrêtant la fissure par des trous percés au foret et en soudant un couvre-joint souple pour assurer l’étanchéité. 1.2.6.4 Percée de creuset Heureusement très rare est l’incident le plus grave à la fois à cause des problèmes de sécurité posés par le déversement de la fonte, et par la durée d’immobilisation du haut fourneau pour la réparation. L’utilisation des capteurs mis en place dans la paroi du creuset et le calcul permanent des flux thermiques locaux permettent de prévenir un tel incident. 2. Annexes du haut fourneau La description qui suit se rapporte à un fourneau de 14 m de diamètre de creuset, le principal exemple étant le haut fourneau HF4 de Dunkerque. 2.1 Site L’implantation d’un tel haut fourneau s’étend sur une surface d’au moins 100 000 m2, où l’on installe, outre le haut fourneau, les nombreuses annexes nécessaires à son fonctionnement, à la vie du personnel, à la lutte contre la pollution et à la récupération d’énergie. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques ______________________________________________________________________________________________________________________ HAUT FOURNEAU 2.2 Préparation de la charge et chargement Le stockage des matières minérales se fait dans des accumulateurs dont la capacité de 9 à 12 000 m3 (soit 20 à 30 heures de consommation) est divisée en 20 à 30 cases pour qu’on puisse y stocker, avec beaucoup de possibilités, de l’aggloméré, des boulettes, des additions et au moins deux types de minerai. Le coke est stocké dans 6 à 8 cases qui ont une capacité totale de 4 à 5 000 m 3, soit 10 à 15 heures de consommation. Extraites des accumulateurs par des extracteurs vibrants, les matières sont déversées sur des cribles dimensionnés pour avoir un très bon rendement de criblage. Chaque crible à coke peut traiter 210 t/ h sur une surface de 12 m2 ; on y élimine les fractions inférieures à 25 mm. Chaque crible à matières minérales peut traiter 240 t/ h sur une surface de 7 m2 ; la coupure se fait à 5 ou 6 mm. Après criblage, les fines sont expédiées vers l’agglomération par bandes transporteuses, et les matières à enfourner sont pesées soit dans des trémies sur pesons, soit par des bascules sur bande. La précision de mesure des deux types de bascule est de 0,2 %, ce qui garantit une pesée à moins de 0,5 % ; les bascules sur bande sont cependant plus difficiles à étalonner. Après pesage, le coke et les matières minérales sont dirigées par bandes transporteuses vers quatre trémies d’expédition et de contrôle, dont la capacité est un peu supérieure à celle du sas ou d’une trémie du gueulard, et qui sont installées au bas de la bande de chargement. Cette bande qui transporte les matières jusqu’au gueulard est un organe essentiel à la marche du haut fourneau ; elle fonctionne à faible vitesse (1,5 m/s) de façon à limiter son usure, sa capacité est de 2 000 t/ h et son inclinaison ne dépasse par 12o pour éviter le glissement des matières. Les trémies d’expédition, en stockant les matières au plus près possible du gueulard (≈ 260 m), contribuent à l’obtention de la capacité de chargement visée : c’est-à-dire pouvoir enfourner en 16 à 18 heures le coke et la mine nécessaires à la production d’une journée. Ce dispositif est cependant insuffisant et il faut prévoir, dans l’automatisme, une anticipation qui fait expédier les matières vers le gueulard avant que le sas ou la trémie destiné à les recevoir ne soit vide. Sur le système de bandes qui transporte le coke, on installe un dispositif de prélèvement qui permet de diriger un échantillon de coke vers une trémie, où une sonde à neutrons mesure son humidité. Cette mesure est employée pour calculer l’enfournement massique de coke sec. L’ensemble de l’installation sous les accumulateurs (extraction, criblage, pesée et bandes transporteuses) est dépoussiéré par l’aspiration de 700 000 m3/h d’air filtré avant rejet. Figure 7 – Caractéristique débit-pression d’une soufflante [5] 2.3.2 Soufflante de secours C’est une soufflante centrifuge actionnée par un moteur Diesel et qui démarre automatiquement et immédiatement en cas de panne de courant ; elle permet de maintenir un débit de 110 000 m3/h de vent vers le haut fourneau, ce qui évite l’arrêt imprévu et brutal, toujours craint à cause de ses conséquences possibles : mise en dépression du réseau de gaz, refoulement de laitier liquide dans les tuyères qu’il faut alors nettoyer. 2.3.3 Conduite à vent froid Elle amène le vent de la soufflante aux cowpers ; du fait de la forte compression : du « vent froid » qui est à environ 250 oC, il est intéressant de calorifuger la conduite pour limiter la perte de chaleur. L’injection de vapeur et l’enrichissement du vent en oxygène se font dans cette conduite, sur laquelle est branchée la snort-valve, vanne de décharge qui sert à l’opérateur pour les manœuvres rapides sur le vent : ralentissement, balancement. 2.3.4 Cowpers 2.3 Production de vent chaud 2.3.1 Soufflante C’est un compresseur axial puissant (20 à 60 MW) mû par un moteur électrique ou par une turbine à vapeur. Les aubages du stator sont orientables et, par leur rotation, on fait varier le débit de vent comprimé. Le nombre d’étages de compression est de 10 à 12 ; la vitesse est de 3 000 tr/min. La figure 7 montre le diagramme débit-pression d’une telle machine. Les pressions sont limitées vers le bas, par la choking line, en deçà de laquelle les ailettes vibrent, ce qui accélère leur vieillissement, et vers le haut, par la ligne au-delà de laquelle la machine se met à pomper ; la soufflante est protégée du pompage par la soupape de décharge qui s’ouvre quand la pression atteint la ligne d’antipompage. En marche normale il y a intérêt à fonctionner dans la plage de rendement maximal, d’où la nécessité de choisir une soufflante bien adaptée au régime débit-pression du haut fourneau ; si ce régime évolue, on peut parfois adapter la soufflante en réduisant le nombre d’étages. Ils servent à chauffer le vent en utilisant comme combustible principal le gaz de haut fourneau. Un cowper est constitué de deux cylindres de tôle, les puits de combustion et de ruchage, reliés entre eux, en partie haute, par la coupole (figure 8). Ces tôleries sont protégées par un appareillage de briques réfractaires, indépendant de la tôle pour permettre des dilatations sans contraintes : le manteau dans les parties verticales, et la voûte de la coupole. Le bas du puits de combustion est équipé du brûleur céramique et comporte la sortie de vent chaud. Le puits de ruchage est rempli de briques destinées à emmagasiner la chaleur sensible des fumées produites par le brûleur. Ces briques, ou ruches, de forme complexe, constituent des canaux verticaux où circulent les fumées et le vent. Les caractéristiques importantes des ruches sont : — leur surface spécifique d’échange (40 à 50 m2/m3) qui fixe les possibilités d’échange thermique entre les fluides et la brique ; — le diamètre hydraulique des trous (30 à 35 mm) qui fixe la perte de charge des fluides dans le ruchage ; — la masse spécifique du ruchage en place (environ 1,3 t /m3) dont la valeur détermine, en fonction de la hauteur, les risques de fluage pour les briques situées en dessous. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 410 − 7 HAUT FOURNEAU ______________________________________________________________________________________________________________________ Figure 8 – Cowper (HF4 de Dunkerque Sollac) Ces trois caractéristiques sont évidemment interdépendantes. Les briques de ruchage sont portées par une grille en fonte, elle-même supportée par des colonnes ; dans l’espace libre sous la grille débouchent les deux sorties de fumées et l’entrée de vent froid. Les compositions des produits réfractaires employés pour le ruchage sont indiquées sur la figure 8. On remarque que la partie haute, la plus chaude, est constituée (comme d’ailleurs la voûte et le manteau du puits de combustion) de briques de silice, qui est utilisée ici à cause de sa forte réfractarité (fusion au-dessus de 1 700 oC) ; la silice subissant vers 850 oC une transformation allotropique réversible accompagnée d’une variation de volume, le réchauffage et le refroidissement des cowpers doit se faire avec de grandes précautions pour éviter des dommages à la maçonnerie. Chaque cowper est alternativement au gaz, c’est-à-dire en période de chauffage du ruchage, et au vent, c’est-à-dire en période de réchauffage du vent. Le passage d’une période à l’autre s’effectue par la manœuvre des vannes installées sur les différentes entrées et sorties ; à cause de la différence de pression entre la période au gaz et la période au vent, la manœuvre des vannes principales est précédée de la manœuvre de petites vannes de compression et de décompression. Il faut au moins deux cowpers par haut fourneau, et il y en a réellement trois ou quatre. La température de flamme obtenue par la combustion du seul gaz de haut fourneau ne permet pas d’échauffer le vent à 1 200-1 250 oC, il faut donc soit enrichir le gaz de haut fourneau par du gaz de cokerie, soit, comme on le généralise maintenant pour les gros hauts fourneaux, préchauffer l’air de combustion et le gaz en récupérant la chaleur sensible des fumées. M 7 410 − 8 Avec le développement des moyens de mesure, le risque d’endommager les briques par surchauffe a beaucoup diminué. Le risque important, auquel reste soumis le cowper, est la corrosion intergranulaire de la tôle principalement dans la zone des soudures. Cette corrosion est le fait des produits nitrés issus d’oxydes NOx fabriqués au-delà de 1 500 oC pendant la période au gaz ; elle se développe quand la tôle est sous tension, pendant la période au vent. On lutte contre cette corrosion par l’emploi de tôle en acier à l’aluminium, par un recuit après soudage pour réduire les contraintes, par la mise en place sur la face interne de la tôle d’une feuille d’aluminium ou d’un produit plastique étanche. 2.3.5 Réseau de vent chaud Une conduite rectiligne amène le vent depuis les cowpers jusqu’à la conduite circulaire ; de là, le vent est distribué aux tuyères par les descentes de vent et les busillons (figure 14) ; des compensateurs à ondes autorisent la dilatation des descentes de vent et leur déplacement par rapport au haut fourneau. Les conduites de vent chaud sont garnies de plusieurs rouleaux de briques, réfractaires du côté chaud, isolantes le long de la tôlerie. La conduite rectiligne reçoit l’addition de vent froid qui permet le réglage de la température du vent, elle comporte une vanne d’arrêt, fermée pendant l’arrêt, et une cheminée de décharge pour évacuer le gaz qui refoule par les tuyères au moment de l’arrêt. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques ______________________________________________________________________________________________________________________ HAUT FOURNEAU 2.4 Injection de charbon Le broyeur à charbon fournit un charbon avec une humidité résiduelle d’environ 1 % et une granulométrie d’environ 80 % de particules de diamètre inférieur à 70 µm. Transporté pneumatiquement jusqu’à la tour à charbon, ce dernier y est stocké dans un silo de stockage ; il passe ensuite dans un silo de dosage, qui sert de sas entre l’amont où la pression est d’environ un bar et l’aval où la pression est supérieure à celle du vent aux tuyères. Le silo de distribution reçoit ensuite le charbon ; celui-ci en est extrait par autant de distributeurs alvéolaires qu’il y a de tuyères et expédié pneumatiquement vers la canne d’injection (figure 9). Pour une raison de symétrie, il est important que toutes les tuyères reçoivent la même quantité de charbon, d’où le rôle des distributeurs alvéolaires ou, de plus en plus souvent maintenant, pneumatiques. En fin de coulée, la machine à boucher vient se mettre en position sur le trou de coulée et y pousse la masse à boucher [7], sous une pression de 20 MPa. Les caractéristiques demandées à la masse qui sert à obturer le trou sont : la plasticité au moment du bouchage, le durcissement rapide quand elle est en place, la ténacité pour retenir la fonte jusqu’à la coulée suivante, la possibilité d’être percée par le taillant de la déboucheuse, et la résistance à l’usure par la fonte et à la corrosion par le laitier pendant la coulée. Une telle masse contient 30 à 40 % d’Al2O3 , 10 à 12 % de SiO2 , 10 à 12 % de SiC, 4 à 5 % de Si3N4 , 15 à 20 % de carbone, avec un liant qui peut être du goudron (de moins en moins utilisé à cause de la pollution), du brai ou des résines (quand on veut une prise très rapide) ; elle permet d’obtenir un bouchage de 3 à 3,5 m de longueur pour une consommation de masse à boucher de 0,5 kg/t de fonte. 2.5.2 Rigole principale 2.5 Halle de coulée Les hauts fourneaux qui ont au moins deux trous de coulée ont deux halles de coulée, afin de rendre indépendantes les rigoles à fonte et à laitier qui s’y trouvent (figure 10). L’ensemble des deux halles couvre environ 7 000 m2, et chaque halle dessert deux trous de coulée. Dans chaque halle, chacun des deux trous et ses rigoles sont alternativement en service ou en période de nettoyage. Elle recueille la fonte et le laitier à la sortie du trou de coulée, et doit être assez longue (13 à 18 m) pour une bonne séparation de la fonte et du laitier ; elle se termine par le siphon où les deux liquides se séparent par densité. La rigole à fonte conduit ensuite le métal vers une rigole basculante qui, par son inclinaison à droite ou à gauche, déverse la fonte dans une poche torpille de 250 à 450 t, placée sur l’une où l’autre des deux voies ferrées qui desservent le trou de coulée. La rigole à laitier dirige ce dernier vers une fosse à laitier ou vers une installation de granulation. 2.5.1 Trou de coulée Au moment de la coulée, le trou est débouché par une perforatrice montée sur un châssis pivotant, équipée d’une barre munie d’un taillant de 40 à 50 mm de diamètre ; elle doit pouvoir percer sur une longueur de 3,5 m un trou incliné de 10 à 12o vers le bas du creuset. Figure 9 – Injection de charbon [6] Figure 10 – Halles de coulée (HF4 Dunkerque) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 410 − 9 HAUT FOURNEAU ______________________________________________________________________________________________________________________ Quand les rigoles sont usées, on met en service le deuxième trou dans la même halle et, sur le chantier qui vient d’être abandonné, on fait la réfection des rigoles : nettoyage avec un engin mécanique, mise en place du nouveau revêtement par coulage, séchage puis cuisson du matériau. Le matériau utilisé pour le garnissage des rigoles est un pisé-béton [8] à base de silice et d’alumine (60 à 75 %) et de carbure de silicium (12 à 20 %) ; en surface, ce dernier composant réagit avec l’oxygène de l’air ou le FeO du laitier selon la réaction : SiC + O2 → SiO2 + C le dépôt de SiO2 + C formé colmate les pores du matériau et empêche la continuation de la corrosion par l’air ou le laitier. La composition chimique du pisé-béton varie selon la nature de la rigole (principale, à fonte ou à laitier) ; la consommation totale est d’environ 1 kg/t de fonte, dont la moitié pour la rigole principale, qui est la plus sollicitée. 2.5.3 Prétraitement de la fonte dans la halle de coulée Il est parfois pratiqué pour abaisser la teneur en silicium et en phosphore de la fonte ; on allège ainsi le travail de la conversion de la fonte en acier, ce qui en diminue le coût et accroît la capacité de l’aciérie. La figure 11 indique un schéma du procédé et un exemple des résultats obtenus. 2.5.4 Assainissement de la halle de coulée Il se fait par aspiration des poussières et des fumées autour des trous de coulée, au-dessus du siphon et des fosses où la fonte est versée dans la poche. Pour que l’aspiration soit efficace, il faut couvrir l’ensemble des rigoles et les fosses au-dessus des poches, cette couverture augmente de plus considérablement la sécurité sur le chantier de coulée. La capacité d’aspiration est de 700 000 m3/h pour chacune des halles. L’air traverse une filtration par sacs avant d’être rejeté ; on récupère 15 à 20 t de poussières par jour. 2.6 Réseau de gaz Le gaz est évacué du haut fourneau par quatre prises de gaz surmontées par 4 ou 6 purges (bleeders) qui sont à la fois des organes de sécurité s’ouvrant en cas de surpression dans le gueulard et le moyen d’aérer le gueulard lors des arrêts. Les prises de gaz sont ensuite réunies en une ou deux descentes de gaz qui aboutissent à l’installation d’épuration primaire. Celle-ci est composée d’un très gros bidon, le pot à poussières, ou mieux, de deux cyclones de 5 à 6 m de diamètre. Le gaz entre tangentiellement dans le cyclone et y perd ses grosses poussières par l’effet de la force centrifuge ; ce mouvement provoque une forte abrasion, et le cyclone doit être revêtu intérieurement de plaques anti-usure en carbure de silicium ou en alumine-zircone électrofondue. À la sortie du cyclone, le gaz contenant moins de 2,5 g/m3 de poussières est dirigé vers l’installation d’épuration secondaire qui, pour les hauts fourneaux marchant avec contre-pression, comprend habituellement un ou deux laveurs à venturi (tuyère laveuse, ou venturi scrubber ) où l’eau de lavage est injectée au col. L’épuration du gaz est provoquée par une détente de 0,3 bar dans le venturi, la teneur résiduelle en poussières est inférieure à 5 mg/m3. Dans des installations récentes, le laveur est remplacé par une épuration par sacs, et donc à sec, où la perte de charge n’est plus que de 2,5 kPa (25 mbar). Après l’épuration secondaire se trouve l’organe de réglage de la pression dans le gueulard (ou contre-pression). Ce réglage peut se faire par laminage du gaz dans un ensemble de conduites équipées de vannes régulatrices : la septum-valve, qui délivre le gaz dans le réseau général sous une pression de 5 kPa ; mais on peut aussi en profiter pour récupérer l’énergie de détente dans une turbine qui actionne un alternateur ; on récupère ainsi environ 9 MW (soit le tiers de la puissance de soufflage du haut fourneau) avec une turbine centripète ou 20 % de plus avec une turbine axiale. En fait (figure 12), on installe toujours une septum-valve en parallèle avec la turbine, pour continuer à régler la contre-pression en cas d’arrêt de cette dernière. 2.7 Circuits d’eau Leurs caractéristiques communes sont : — la recirculation, nécessaire à cause de l’importance des débits mis en œuvre, et pour ne pas perdre l’eau traitée ; — la sécurité de fonctionnement assurée par un groupe moto-pompe de secours à moteur Diesel ; — un système de réfrigération qui est soit un réfrigérant atmosphérique, soit un aéroréfrigérant à circulation d’air forcée, soit un réfrigérant à plaques dont le fluide primaire est de l’eau de mer ou de rivière. Le tableau 4 donne les caractéristiques des divers circuits d’eau. Figure 11 – Prétraitement dans la halle de coulée [9] Figure 12 – Installation d’une turbine de récupération [10] (0) M 7 410 − 10 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques ______________________________________________________________________________________________________________________ HAUT FOURNEAU Tableau 4 – Circuits d’eau d’un gros haut fourneau Circuit Plaques, boîtes de refroidissement ............... Tuyères et trou de coulée ............................... Vannes à vent chaud ....................................... Ruissellement du creuset ............................... Lavage du gaz .................................................. Primaire des échangeurs à plaques ............... Débit max. (m3/h) 4 000 1 320 600 2 100 2 200 3 000 Pression Pompes (MPa) électriques Diesel 0,32 0,63 0,5 0,22 0,57 0,13 4 2 2 4 2 2 1 2 1 2.8 Système de contrôle-commande et salle de contrôle 2.8.1 Conduite du haut fourneau Le système de contrôle-commande possède une architecture de niveaux. — Au niveau 0 se trouvent les capteurs (prises de mesures, repères de positionnement) et les actionneurs (moteurs, vérins...). — Au niveau 1 se trouvent les automates et les régulateurs. Les fonctions de régulation et d’automatisme peuvent être remplies par des postes d’acquisition et de commande qui reçoivent des informations logiques (position des organes) ou analogiques (résultats des mesures) et envoient des instructions aux organes (ordre de commande) ou aux régulateurs (valeur de réglage). Le tableau 5 indique le nombre d’entrées et de sorties traitées par un ensemble de 32 postes d’acquisition et de commande. Au niveau 1 se trouvent aussi deux calculateurs chargés de la coordination des automatismes du chargement. (0) Tableau 5 – Entrées et sorties du système de contrôle-commande Entrées analogiques......... 1 069 Sorties analogiques ......... 179 Entrées logiques ............... 2 971 Sorties logiques ............... 1 480 Entrées d’impulsions ....... 24 Total entrées + sorties = 5 723 — Le niveau 2 est le niveau de conduite, là sont les écrans et les claviers qui permettent à l’opérateur de recevoir des informations et de donner des instructions telles que la mise en marche d’une installation ou une valeur de réglage. — Le niveau 3 est constitué par un calculateur puissant chargé de traiter ce qui concerne le procédé : modèles divers, dont le MMHF, aides à la conduite, dont le Go-Stop, calcul simplifié du lit de fusion, optimisation de la chauffe des cowpers, surveillance du fonctionnement du gueulard... et de communiquer avec le calculateur de l’usine à fonte. 2.8.2 Système de communication Pour minimiser la longueur de câblage entre les postes d’acquisition et de commande et le niveau 0, il est intéressant de répartir les postes sur le site, au plus près des installations. La communication entre les 47 postes des niveaux 1 et 2 est faite par un bus rapide (2 Mbit /s) qui travaille sur une base de données d’une capacité de 16 000 points. La liaison entre le bus et le niveau 3 est réalisée par un frontal de communication. 1 Qualité de l’eau adoucie adoucie adoucie industrielle industrielle eau de mer Réfrigérant plaques ou aéroréfrigérant plaques ou aéroréfrigérant plaques ou aéroréfrigérant réfrigérant atmosphérique décanteur + aéroréfrigérant 2.8.3 Salle de contrôle Elle est le lieu de travail des opérateurs qui y ont à leur disposition les consoles (clavier + écran) des niveaux 2 et 3, une console ingénieur qui sert à la programmation des postes d’acquisition et de commande, et des consoles de traitement des défauts pour l’aide au dépannage. Un pupitre de commandes directes permet de faire les manœuvres d’urgence en cas de panne complète du système de contrôle-commande. 3. Aspects économiques 3.1 Coût d’investissement d’un gros haut fourneau Haut fourneau de 14 m de diamètre aux conditions économiques de 1991. Il n’y a qu’un projet de cette taille actuellement ; la fourchette du coût serait de 770 à 1 000 MDM, soit 2 600 à 3 400 MF. L’étendue de la fourchette est conforme au chiffrage d’un avant-projet sommaire. Par ailleurs, un coût d’installation (tableau 6) a été calculé, à partir du coût détaillé d’une réfection. On a estimé le pourcentage qui a été remplacé pour chaque équipement, ce qui a permis de calculer son coût total. Ce prix total est valable pour un haut fourneau équipé des annexes décrites ci-avant et capable de faire une campagne de 10 à 12 ans. Le coût à la tonne annuelle installée (investissement/ production annuelle) est de 3 100 MF/3,2 Mt de fonte, soit de 969 F.(0) Tableau 6 – Coût d’un gros haut fourneau (MF) Haut fourneau proprement dit ............................................ Chargement et gueulard ..................................................... Cowpers et réseau de vent chaud ...................................... Halle de coulée ..................................................................... Réseau de gaz et épuration ................................................. Alimentation en eau et circuits ........................................... Électricité et instrumentation .............................................. Charpentes et génie civil ..................................................... Auxiliaires, manutentions et voies ferrées ........................ Études, essais, imprévus ..................................................... Total ...................................................................................... 350 340 650 300 150 200 300 450 70 290 3 100 3.2 Coût de la réfection Le coût de la réfection peut répetition être estimé à 720-740 MF au 1/1/1988, soit environ 790 MF au 1/1/ 91 (Haut fourneau. Exploitation [M 7 411]), soit approximativement 25 % du prix d’un haut fourneau neuf. L’amortissement de ce coût sur une campagne de 10 ans, où l’on produit 32 Mt de fonte, revient à près de 25 F/ t de fonte. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 410 − 11 HAUT FOURNEAU ______________________________________________________________________________________________________________________ 3.3 Prix de revient de la fonte et économies d’énergie 4.2.1.1 Torche à plasma Le coût de l’enfournement, c’est-à-dire le coût des matières premières moins les rentrées par les récupérations (gaz, laitier, poussières), représente 83 % du prix de revient de la fonte, les 17 % restants étant les frais divers, dont essentiellement les frais de fabrication (tableau 7). (0) Tableau 7 – Structure du prix de revient de la fonte Enfournement Frais Matières minérales.............63 % Production de vent froid.... 19 % Combustibles......................49 % Frais de transformation ..... 61 % Récupérations (1) ............ – 12 % Frais généraux.................... 20 % (1) essentiellement le gaz. Toutes choses égales par ailleurs (en particulier à mise au mille de combustibles constante), la somme dépensée pour l’enfournement est proportionnelle à la production. Environ 40 % des frais sont fixes dans le temps, le reste (la plus grande part de l’énergie et des matières comme le pisé-béton) est également proportionnel à la production. L’énergie sous différentes formes (gaz pour le chauffage des cowpers, électricité pour la soufflante et les pompes...) constitue environ la moitié des frais (17/2 %) et, avec le gaz (10 %), la quasitotalité des récupérations ; si l’on ajoute les combustibles, on peut écrire que l’énergie totalise : 49 + 17/2 – 10 = 47,5 % du prix de revient. Cela montre l’intérêt que portent les exploitants aux économies d’énergie, qu’il s’agisse de diminuer la mise au mille de coke, de récupérer la chaleur sensible des fumées de cowpers et l’énergie du gaz de gueulard, ou qu’il s’agisse de mettre en œuvre des procédés plus complexes, comme la récupération de la chaleur du laitier que l’on essaye de faire par granulation à sec, voire d’améliorations de détail comme l’utilisation de l’eau en cascade dans deux ou trois circuits. Les conditions économiques locales, ou du moment, modulent évidemment les choix. Le plasma est un gaz ionisé qui a, de ce fait, une teneur en énergie très élevée (14 à 20 MJ/m3 contre 1,7 MJ/m3 dans le vent chaud à 1 200 oC) et dont les molécules dissociées ont une très grande cinétique de réaction. Le plasma est produit par application d’une forte puissance électrique dans une torche dont un modèle est représenté sur la figure 13. Les torches actuellement utilisées ont une puissance de 1 à 4 MW et un rendement propre de 80 à 85 %. Dans l’emploi au haut fourneau, on atteint un rendement global de 70 à 75 %, la torche étant installée sur le porte-vent au plus près de la tuyère où l’on injecte le plasma (figure 14). 4.2.1.2 Surchauffe du vent Une installation mise en place avec l’aide de l’IRSID fonctionne à la SFPO sur un haut fourneau à ferromanganèse de 400 t/ jour ; elle comprend 8 torches de 1,5 MW implantées sur 8 des 9 tuyères du fourneau. L’injection de 500 kWh/t de fonte permet d’augmenter la température du vent d’environ 330 oC et d’économiser ainsi 170 kg de coke par tonne de fonte. Figure 13 – Torche à plasma [12] 4. Futur du haut fourneau 4.1 Évolution des dimensions Entre 1965 et 1976 [2], le volume interne des plus gros appareils mis en service est passé de 2 000 à 5 000 m3 (HF2 d’Oïta et HF3 de Kashima) ; tous les hauts fourneaux mis en service depuis cette date, sauf le HF5 de Tcherepovetz en URSS (5 580 m3), ont un volume interne inférieur à 4 800 m3 (4 350 m3 de moyenne pour les plus de 4 000). Il y a donc eu un tassement indéniable dans l’évolution des dimensions du haut fourneau, et cela conduit à penser qu’une nouvelle croissance est peu envisageable ; les raisons en sont moins technologiques que conjoncturelles et d’organisation (à cause du manque de souplesse d’exploitation d’un haut fourneau hypergéant). Au-delà de l’avenir proche, il sera probablement fait appel, en partie, aux procédés alternatifs (§ 4.3) ; il paraît donc exclu de voir construire des hauts fourneaux significativement plus gros que les appareils actuels. 4.2 Modifications possibles 4.2.1 Utilisation massive d’électricité Figure 14 – Implantation d’une torche à plasma [12] Le lecteur pourra se reporter utilement au [Doc. M 7 410] à la référence [11]. M 7 410 − 12 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques ______________________________________________________________________________________________________________________ HAUT FOURNEAU 4.2.1.3 Injection de gaz réducteur aux tuyères Il s’agit du procédé Pirogas (du Centre de Recherches Métallurgiques de Liège) qui consiste, par exemple, à réformer du gaz naturel par CO2 ou par l’air, par passage de ce gaz dans une torche à plasma, et d’injecter dans la tuyère le produit du réformage. Des essais, faits sur un fourneau pilote de 0,5 m de diamètre, ont permis d’abaisser la consommation de coke à 105 kg par tonne de fonte en injectant, à 2 020 oC, du gaz composé de 49,4 % de CO + H 2 et de 47 % d’azote. La faisabilité du procédé a été démontrée par un essai sur une tuyère d’un haut fourneau de Seraing. 4.2.1.4 Injection massive de charbon L’élévation de la température du vent due à l’utilisation de la torche à plasma fait entrevoir la possibilité d’injecter massivement du charbon (au-delà de 200 kg/t ) parce que, d’une part, on peut maintenir la température de flamme à un niveau suffisamment élevé tout en supprimant la suroxygénation du vent, et que, d’autre part, la température atteinte provoque la volatilisation de plus de la moitié du charbon, et facilite donc sa combustion. L’utilisation de l’électricité permettant de plus de supprimer l’emploi de gaz riche pour le chauffage des cowpers, on peut envisager de substituer : (1 000 kg de charbon aux tuyères + 2 500 kWh + 1 000 MJ de gaz de haut fourneau) à (1 235 kg de coke + 1 500 MJ de gaz riche + 65 m3 d’oxygène). Des essais prometteurs ont été faits au HF1 de Lorfonte à Uckange. 4.2.1.5 Procédé PTM (Plasma Tuyère Minerai) de l’IRSID Il s’agit par ce procédé [13] d’augmenter significativement la production du haut fourneau, par une méthode souple. On se propose d’ajouter, à la production de fonte « normale », un supplément provenant de l’injection de minerai aux tuyères. L’oxyde de fer du minerai apporte de l’oxygène, ce qui permet de supprimer l’oxygène de suroxygénation, mais sa réduction demande de l’énergie qui est apportée par la torche à plasma. La figure 15 compare la tuyère classique et la tuyère PTM. La faisabilité de l’injection de minerai a été démontrée par un essai, sans emploi de torche, au HF2 de Dunkerque, à raison de 23 kg/t de minerai par tonne de fonte. 4.2.2 Haut fourneau à oxygène Le procédé développé par NKK a pour but l’injection massive de charbon dans un haut fourneau soufflé à l’oxygène pur. La disparition du ballast gazeux constitué par l’azote diminue la capacité d’échauffement du gaz et ne permet plus un réchauffage normal des matières dans la cuve ; on pallie cet inconvénient par l’injection à mi-cuve de gaz de gueulard à 1 000 oC. En injectant par tonne de fonte, aux tuyères, 300 kg de charbon avec 282 m3 d’oxygène et 45 m3 de gaz de gueulard et à mi-cuve 300 m3 de gaz, on atteint une consommation de coke de 250 kg. Le procédé a été testé dans un fourneau pilote de 3,9 m3 [14]. 4.3 Procédés alternatifs au haut fourneau Nota : le lecteur pourra consulter l’article Nouvelles possibilités dans l’élaboration de l’acier [M 7 550] dans le présent traité. Les rigidités de fonctionnement, citées dans l’introduction, ont conduit à imaginer des procédés capables de produire de la fonte liquide en employant des matières premières moins élaborées comme le charbon ou le minerai cru, dans des unités de capacité modeste en comparaison de celle du haut fourneau. Par exemple, une installation de 300 kt/an du procédé Corex, telle que celle en service chez ISCOR depuis 1988, coûte (prospectus 1990 VAI-Corex ) 250 US$ /t annuelle installée, alors que, d’après JO Edström [15], l’ensemble cokerie, agglomération et haut fourneau coûterait aux Figure 15 – Procédé PTM [13] conditions de 1990 environ 300 $/t annuelle (pour 1 Mt de fonte par an). Le prix de revient de la fonte du procédé Corex serait, d’après le même prospectus, de 130 US$ (amortissement compris), c’est-à-dire peu différent de celui de la fonte hématite du haut fourneau. Au vu de ces chiffres, il paraît bien que le futur de ce dernier se fera, au moins partiellement, dans des appareils nouveaux de fusion-réduction. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 410 − 13 P O U R Haut fourneau Conception et technologie par E N Maurice BURTEAUX Ingénieur de l’École Centrale de Paris Ancien Chef des hauts fourneaux de Longwy et Dunkerque Bibliographie Références de l’article [1] [2] [3] [4] [5] [6] [9] [10] [11] [12] [13] [14] BURTEAUX (M.) et JAGER (J.M.). – Emploi des pisés-bétons pour la réfection des chantiers de coulée du haut fourneau. Rev. de Métall., janv. 1985. CRAIG (J.) et autres. – Trends in the quality of hot metal in Europe. Congrès Européen du Haut Fourneau Aix-la-chapelle, sept. 1986. TATEMICHI (H.). – Saving energy on blast furnace. Congrès Européen du Haut Fourneau Aix-la-Chapelle, sept. 1986. MICHARD (J.A.) et autres. – Adaptation du haut fourneau à l’utilisation massive d’électricité. 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