Les pas perdus - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg

Transcription

Les pas perdus - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg
Les pas perdus
Cité de la Mer
Avril 2012 (date à déterminer) I Assemblée des honnêtes curieux I Théâtre musical
Ouverture de billetterie 3 mars
Tarif unique 7 €
Saison 2011.2012
Les pas perdus
Conception Alexandra Rübner.
Composition Das Klub.
Avec (distribution en cours) Alexandra Rübner, Stéphane Tamby, Pierre Gallon, Jérémie Lapeyre.
Dans le cadre de
Durée (en création)
En bref
Entre 1880 et 1959, la Gare Maritime de Cherbourg a accueilli près de 500 000 candidats à
l’immigration vers le Nouveau Monde, un demi-million d’anonymes, jeunes gens ou familles en
quête d’aventure ou d’une vie meilleure, sont ainsi venus d’Europe Centrale ou d’ailleurs, ont
séjourné à l’hôtel Atlantique au cœur de la ville, quelques jours ou quelques mois, dans l’attente
de l’embarquement.
Alexandra Rübner est née en Pologne en 1977, comme une grande partie des émigrants. Elle s’est
interrogée sur la place de cet événement dans l’imaginaire collectif de Cherbourg. L’écriture du
spectacle, en forme d’enquête théâtrale, fera œuvre de mémoire, sur les traces de ceux qui étaient
là, dans l’embrasure de la porte étroite vers le Nouveau Monde, mais qui, nous dit-elle, ne sont pas
perdus.
La note d’intention
Ce sont des bruits invisibles qui nous environnent, tout à coup. Ce sont des bruits de pas,
imperceptibles, de froissements de papiers, d'étoffes épaisses, des cliquetis de bagages, des
tampons qui s'abattent pesamment sur des identités sans noms... Et puis des voix, murmures
lointains, confus : une rumeur obscure qui monte, comme une houle, où l'on croit distinguer
vaguement tous les idiomes d'Europe. Ce sont des fantômes qui s'éveillent, des pas fantômes, des
voix fantômes, c'est la rumeur d'un Babel disparu qui s'exhale de la mémoire des murs : nous
sommes dans la salle des Pas Perdus de l'ancienne gare transatlantique maritime de Cherbourg.
Et cette mémoire devinée, ce n'est pas celle des passagers première classe aux cuirs souples et
aux tweeds cossus, c'est celle, infiniment anonyme, des émigrants d'Europe vers l'Amérique, cette
troisième classe du monde, qui rêve du Nouveau Monde. Souvenons-nous qu'entre 1920 et 1935,
Cherbourg fut le premier port de migration d'Europe, devant Hambourg, Southampton, et Liverpool :
entre 50.000 et 80.000 candidats à l'émigration américaine en transit attendent d'embarquer sur
les transatlantiques de la Cunard Line, White Star Line, ou de la Red Star Line. La plupart viennent
d'Europe Centrale --- Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne, Russie --- certains même de Turquie.
D'autres sont Italiens, Irlandais, Autrichiens, Allemands. Partir par choix, par nécessité, ou quand
tout à coup les deux ne font plus qu'un : fuir la faim, le chômage, l'antisémitisme --- l'émigration
juive représente alors un flux migratoire majeur, mais ce n'est pas, loin s'en faut, le seul --- le
communisme : les « Raisons du départ » sont multiples, complexes, liées autant aux destins
singuliers, qu'au grands coups portés au monde, par l'Histoire « avec sa grande hâche », selon le
mot de Perec. Or ce transit à Cherbourg dure souvent longtemps, parfois très longtemps : les
candidats à l'embarquement, sont soumis par les services de santé américains à des contrôles
d'hygiène très stricts ; la crainte de maladies contagieuses, et en particulier du typhus est
omniprésente. Cette politique de contrôle à la fois administratif et sanitaire implique des séjours
en quarantaine prolongés, à l'Hôtel Atlantique, édifié pour recevoir plus de 2000 migrants, qui se
partagent entre un « Quartier des Infectés », et un « Quartier des Désinfectés ». Certes ces images,
et ce vocabulaire laissent trop peu entrevoir l'élan d'espoir qui portait ces odyssées vers les
promesses de l'inconnu, vers une vie nouvelle : il faut cependant mesurer que cet étrange état de
transit était probablement la première étape sur un chemin de libération, et que beaucoup de vies
ont dû se re-construire sur cet exil fondateur. L'errance des migrants était aussi, n'en doutons pas,
une esp-errance. Enfin, il s'agit de comprendre que ces voyageurs ont séjourné à Cherbourg, qu'ils
ont fréquenté, regardé, arpenté la ville, et que la ville a eu en retour une histoire quotidienne avec
eux, une histoire plus ou moins longue, une histoire plus ou moins riche. Ils font pleinement partie
de la mémoire de la cité : mais quelles traces reste-t-il de cette mémoire ?
Telles sont les questions que j'aimerais poser, avec mon équipe artistique, en interrogeant à la fois
les archives de la ville, et peut-être encore des mémoires vivantes : des habitants qui se
souviennent, ou qui se souviennent de ceux qui se souvenaient. Rechercher les noms, nommer les
anonymes. Retrouver les histoires, les récits, les traces. Faire œuvre de mémoire assurément, est
une nécessité première. Evoquer les fantômes avec hospitalité. Mais aussi questionner
poétiquement la notion d'exil volontaire, et confronter témoignages et documents, aux poèmes de
l'Exil. Ces textes, dont certains inspireront les compositions musicales du groupe électromélancolique Das Klub, donneront à sentir l'exil comme un fait essentiellement intérieur : le
voyage est en dedans ; parcourir le monde, c'est se parcourir ; il est des exils sans voyage ; l'exil,
c'est dire l'exil. Plus que dans la distance, son essence est dans la parole. En ce sens, il est à la
fois rapt et construction, inquiétude et fondement, solitude et fraternité. Tous ceux qui errent ne
sont pas perdus.
A.R
LET'S DANCE....
A propos de Das Klub
Le groupe Das Klub se forme en 2008 autour d'une première création musicale dans le cadre
d'une forme théâtrale, Lost Generation, qui s'inspire de l'esprit du cabaret berlinois des années
trente. Les membres du groupe --- Alexandra Rübner (chant), Stéphane Tamby (composition, guitare
électrique), Jérémie Lapeyre (programmation, chant), Pierre Gallon (claviers) --- se sont rencontrés
dans le cadre de productions théâtrales et lyriques baroques, et ont rapidement partagé leur goût
pour d'autres univers esthétiques et musicaux : electro, post-rock, pop.
C'est autour de ces affinités communes, qu'ils ont décidé de fonder Das Klub, d'abord comme une
formation dont la vocation serait de créer une musique de théâtre, déployant à la fois des climats
sonores et émotionnels, et de véritables chansons, ou songs, comme aurait dit Brecht. Les
compositions aux accents post-rock et shoegaze de Stéphane Tamby, sont ainsi perturbées de
vibrations électro, et de samples fantomatiques, grâce aux programmations de Jérémie Lapeyre.
Pierre Gallon, au piano et aux synthétiseurs développe une émotion plus intimiste, et un ancrage
dans le style cabarétique. Enfin le choix de textes, proposés par Alexandra Rübner, offre au groupe
un parti pris formel : il s'agira d'interpréter librement des textes poétiques et littéraires, en les
mettant en résonance avec une composition musicale résolument pop. De cette confrontation,
sont nées les chansons Johnny, dont le texte est de Wystan Auden, ou Mon Âme, originellement
un poème de Maurice Maeterlinck, ou encore The Sphinx, écrit par Oscar Wilde.
Il n'est donc pas question dans le projet de Das Klub de mettre en musique des poèmes, mais
bien de s'emparer du poème, en le faisant trébucher d'un saut dansant de son mortifère piédestal,
pour l'emmener du côté de la musique populaire contemporaine. Et par là-même s'interroger sur la
véritable vie du poème, sur son rythme naturel, sur sa puissance d'étrangeté, sur l'invite
d'ébranlement qu'il adresse au corps autant qu'à l'âme. En somme, il s'agirait de désacraliser le
texte poétique pour retrouver sa force sacrée : celle qui fait qu'il change immédiatement, et
presque sans que l'intellect ne s'en mêle, la chimie de notre être intérieur. Exactement comme
opère pour ainsi dire magiquement une chanson populaire. Nous aimerions avec Das Klub donner
à sentir qu'un poème de Verlaine peut nous émouvoir avec autant d'évidence que le fait une
chanson des Smith, ou de The Cure. Ou pour le dire autrement, qu'une chanson de David Bowie, ou
un mix techno d'un DJ de Detroit ou de Berlin, peut nous atteindre aussi profondément qu'un
poème de T.S Eliot.
Si Das Klub a jusqu'à présent mis son travail au service de créations théâtrales dans lesquelles la
musique avait une notable présence, le groupe souhaite aujourd'hui, à côté de cette vocation
initiale, développer un projet musical autonome. En vue d'enrichir son répertoire original, et de se
produire en concert. Tel est l'élan qui animera nos prochains rendez-vous.
A.R
Autour de Les Pas Perdus
Riches heures
[Documentaire]
RECITS D’ELLIS ISLAND
de Georges Perec, réalisé par Robert Bober, 1980 (116’).
Date et lieu à confirmer I Entrée libre I En partenariat avec la bibliothèque Jacques Prévert.
De 1892 à 1924, près de seize millions d’émigrants en provenance d’Europe sont passés par Ellis
Island, un îlot de quelques hectares à quelques centaines de mètres de la statue de la Liberté, sur
lequel le Secrétariat d’Etat américain à l’immigration avait construit un centre d’accueil. Parce
qu’ils étaient directement concernés, bien que de manière différente, les deux auteurs de ce film
ont voulu décrire ce qui reste aujourd’hui de ce lieu.
Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-Octeville
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